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    Spirit of the Night de John Atkinson Grimshaw, 1879.

     

    Beltane est une fête celte protohistorique, célébrée dans la nuit du 30 avril au premier mai. La tradition murmure qu'au cours de cette nuit sacrée, le voile séparant les humains et les créatures du Petit Peuple devient si ténu que nous pouvons communiquer avec les êtres magiques.

     

    Dans les pays anglo-saxons, dans plusieurs lieux de Bretagne et partout où s'exerce la spiritualité druidique et néo-païenne, Beltane est à l'honneur. J'ai tissé un poème à l'approche de cette nuit si particulière...

     

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    Fée de l'artiste préraphaélite Sophie Gengembre Anderson (1823-1903).

     

    Fée de Beltane

     

    Es-tu d'eau vive ou de nectar

    de mandragore ou de rosée

    dans les glacis de ton regard

    danse une écriture embrasée

     

    Une incantation de sirène

    nue et plus douce que la mort

    qui s'enracine dans mes veines

    me désaltère et me dévore

     

    Ta chevelure sur ma peau

    est une aurore qui ruisselle

    un élixir un feu nouveau

    un serpent bleu qui m'ensorcèle

     

    Montre-moi la lande perdue

    où le ciel nourrit ses chimères

    avec des nacres inconnues

    nées des abysses de la mer

     

    Les bois où les sombres pavots

    s'étoilent d'or sous les feuillages

    les roses mélangées sur l'eau

    happant la nuit dans leur sillage

     

    Le cerf aux ramures d'argent

    s'ébat dans la prairie sacrée

    buvons dans le calice blanc

    le suc étrange des secrets...

     

    Cendrine

     

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    Le ravissant compagnon rouge ou silène dioïque de Cicely Mary Barker (1895-1973), la créatrice des « Flowers Fairies ».

     

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    L'épilobe en épi, aux fleurs mellifères, que les fées transforment, d'après le folklore anglo-saxon, en de petites robes ravissantes.

     

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    Et maintenant, pour le plaisir des yeux et de l'esprit, des parures embaumées « cueillies » dans les squares et les rues de Paris...

     

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    Des fleurs sucrées dans le vent fou qui caracole...

     

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    Poésie, pureté et transcendance...

     

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    L'éphémère incarné...

     

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    Poudrées de senteurs exquises...

     

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    L'inspiration jaillit, telle une flamme, dans les squares de Paris.

     

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    Le tumulte de la ville s'apaise dans ces lieux privilégiés. Paris est une capitale verte, offrant des charmes bucoliques à qui veut s'en régaler.

     

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    Les fées préfèrent la nature sauvage mais ces nids de verdure sont sûrement visités par des représentants du Petit Peuple.

     

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    J'ai posé mon carnet et mon stylo dans le square Marcel Pagnol.

     

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    Ce bel endroit se déploie, depuis 1867, à quelques pas de l'église Saint-Augustin, dans le 8e arrondissement de Paris.

     

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    J'aime écrire, à l'ombre de ce monument, réalisé par Victor Baltard (1805-1874), le bâtisseur des anciennes Halles de Paris. Le square fut dessiné par l'ingénieur Jean-Charles Alphand (1817-1891), pendant les travaux du baron Haussmann.

     

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    Entre deux giboulées, le ciel m'a offert une scintillante palette...

     

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    Et le doux chuchotement de ma fée m'a emporté...

     

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    Une fée qui s'amusait dans les fleurs, dévoilant ses prunelles au creux de l'averse...

     

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    Muse sauvageonne, elle sautait si vite sur les pages de mon carnet

    que je devinais à peine, en clignant des paupières, son ombre veloutée.

     

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    Dans les frondaisons parfumées, elle s'est lovée, facétieuse parmi ses soeurs...

     

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    Mais avant la prochaine tempête, elle m'a guidée vers une délicieuse prairie en bordure de Seine.

     

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    Envolée cerise...

     

    Un semis de fleurs chuchotantes m'y attendait.

     

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    Des ballerines fruitées...

     

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    Des belles d'avril en pleine conversation...

     

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    Une voluptueuse flambée...

     

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    Les ambassadrices du Printemps...

     

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    Celles qui enveloppent nos coeurs...

     

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    L'élue...

     

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    et pour clore cette rêverie, la reine des fragrances...

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    En ce Printemps ressuscité, je vous propose un « safari artistique » dans l'un des quartiers les plus fréquentés mais aussi les plus méconnus de Paris, celui de la Madeleine.

     

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    Cherchant de « mystérieux » animaux de métal et de pierre, j'ai longé, en sortant de la gare Saint-Lazare, la façade ensoleillée du Printemps qui donne sur la rue du Havre.

     

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    Ce temple de la mode et de la décoration a conservé des éléments indissociables de sa splendeur historique.

     

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    Les statues des saisons, réalisées par Henri Chapu (1833-1891), ont retrouvé leur blancheur initiale, grâce aux travaux de restauration entrepris en 2011.

     

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    Admirons les coupoles somptuaires, surmontées de clochetons et couronnées de caducées, puis traversons la route pour rejoindre la rue Auber.

     

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    Au numéro 19, ce beau mascaron jaillit d'un enchevêtrement de feuilles et de branches de chêne.

     

    La rue des Mathurins est toute proche. Elle recèle un riche bestiaire sculpté, abrite de célèbres théâtres et préserve le souvenir des infortunés Louis XVI et Marie-Antoinette. Son histoire est des plus passionnantes.

     

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    Elle suit le tracé d'un vieux chemin qui traversait, au XIIIe siècle, les terrains de la ferme des Mathurins. Ancienne « rue Neuve-des-Mathurins », elle doit son nom aux moines de l'Ordre des Mathurins, appelé aussi Ordre de la Très Sainte Trinité pour la Rédemption des Captifs ou Ordre des Trinitaires.

     

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    Cet ordre, fondé en 1194 à Cerfroid, dans l'Aisne, par Saint-Jean de Matha et Saint-Félix de Valois rachetait les chrétiens prisonniers des pirates barbaresques. Les Mathurins, qualifiés de « Frères aux ânes » parce que leur règle ne les autorisait pas à monter à cheval, continuent d'apporter leur aide aux prisonniers.

     

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    Les terres agricoles des moines s'étendaient là où nous nous promenons aujourd'hui. Les plus vieux bâtiments de la rue ont disparu mais, au numéro 18, cette façade néo-mauresque est celle d'un ancien hammam.

     

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    Cet établissement de bains fut construit, en 1876, par Albert Duclos et William Klein.

     

    D'après le Guide du Baigneur, l'intérieur abritait « (...) une immense salle voûtée en plein cintre, éclairée par des étoiles de vitraux de couleur. » On y trouvait de magnifiques mosaïques de marbre, une salle de massage, un café-restaurant, un salon de coiffure et de pédicure, et une librairie. Le long d'une grande nef, des salons accueillaient les baigneurs sur de confortables divans. Certains jours, les dames empruntaient une entrée plus discrète, située au 47, boulevard Haussmann.

     

    L'engouement pour les bains exotiques évoquait la perspective de plaisirs hédonistes, l'influence des Mille et Une Nuits, rééditées plusieurs fois à la fin du XIXe siècle, et la vogue de l'éclectisme en architecture.

     

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    De grandes fenêtres aux arcs outrepassés sont insérées dans la maçonnerie polychrome.

     

    L'arc outrepassé désigne une variante de l'arc courant, dit en plein-cintre. Ses pointes accentuées, qui se rapprochent, lui donnent l'aspect d'un fer à cheval. Caractéristique de l'art hispano-mauresque, on le trouve aussi dans l'architecture préromane.

     

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    Le « Hammam Turc » de la rue des Mathurins a été détruit mais la façade a heureusement été conservée et restaurée.

     

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    En me dirigeant vers l'ouest, j'apprécie les façades rythmées par de belles ferronneries et les gracieux mascarons, baignés de soleil, entre deux giboulées.

     

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    De prestigieux hôtels particuliers, comme l'hôtel du marquis de Louvois ou le magnifique hôtel « Brongniart », etc... occupaient autrefois le vaste « clos des Mathurins » mais les bâtiments qui les ont remplacés nous offrent un répertoire décoratif de toute beauté.

     

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    Des agrafes sculptées ornées de coquilles, de palmettes et de masques fantastiques.

     

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    De belles avancées de pierre et de subtils jeux de transparence.

     

    Les percées haussmanniennes ont engendré une écriture nouvelle de l'espace urbain, fondée sur la théâtralité des façades situées aux angles des rues.

     

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    Après avoir traversé la rue Tronchet, qui conduit à l'église de la Madeleine, je me dirige vers le Théâtre des Mathurins.

     

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    La « Salle des Mathurins » fut inaugurée, le 10 octobre 1898, par la comédienne et chanteuse d'opérette Marguerite Deval, à l'emplacement d'une ancienne salle de concert.

     

    Appelé « Théâtre de Monsieur » en 1910 puis « Les Mathurins Nouveaux », le théâtre ferma ses portes en 1912. Il rouvrit en 1919, à l'initiative de Sacha Guitry qui y fit aménager un bar servant de galerie d'exposition et rebaptisa les lieux « Théâtre de Sacha Guitry ».

     

    En 1922, l'architecte Charles Siclis (1889-1942) agrandit le bâtiment et modifia sa décoration.

     

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    Jouant audacieusement avec les volumes, il élabora une façade « moderniste », plaquée sur les trois premiers niveaux d'un immeuble de rapport du XIXe siècle. Au-dessus de l'entrée, un balcon ciselé d'arabesques florales forme une avancée plastique devant trois petites baies surmontées de frontons triangulaires.

     

    Trois oculus marquent une césure créative entre la partie basse, occupée par le théâtre et les étages où se dévoile un grand bow-window.

     

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    Charles Siclis sera connu pour sa vision nouvelle de l'architecture et son désir de rupture avec les codes hérités de l'époque haussmannienne. Il concevra, entre autres, les théâtres Saint-Georges et Pigalle.

     

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    De 1927 à 1939, le Théâtre des Mathurins fut administré par Georges et Ludmilla Pitoëff dont les portraits ornent la façade.

     

    La pièce Dernier coup de ciseaux connaît actuellement un franc succès. Un meurtre est commis chaque soir et le public est invité à résoudre l'enquête.

     

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    Juste à côté, le Théâtre Michel fut fondé, en 1908, par Michel Mortier, un célèbre boulevardier.

     

    La crue de 1910 inonda ce théâtre à l'italienne mais, après les travaux de réfection, le public y applaudit les pièces des plus grands auteurs: Tristan Bernard, Georges Feydeau, Sacha Guitry, Colette, Jean Cocteau...

     

    En 1923, la comédienne comique Elvire Popesco se fit connaître dans Ma cousine de Varsovie, une pièce de Louis Verneuil.

     

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    Jean Poiret et Michel Serrault y connurent un début de célébrité dans Le train pour Venise, du même auteur.

     

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    (J'ai trouvé l'affiche sur le site www.regietheatrale.com. Si les propriétaires des droits me le demandent, je l'enlèverais.)

     

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    Le théâtre, construit sur les plans de l'architecte Bertin, présente une façade de style Napoléon III, caractéristique de la vogue de l'éclectisme. L'entrée est de style composite. Le fronton à l'antique, très sobre, repose sur des pilastres d'influence Renaissance.

     

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    Ce bel immeuble à pignons, de style flamand, se dresse au croisement de la rue des Mathurins et de la rue de l'Arcade. Ancien centre névralgique de la Compagnie des Wagons-Lits, il révèle une intéressante architecture de briques et un décor raffiné.

     

    Cette entreprise française d'origine belge fut créée en 1872 par Georges Nagelmackers qui s'inspira du modèle des trains de nuit, lancés par la Société du colonel Pullman aux États-Unis.

    Il fit réaliser en Europe les premières voitures-lits et les premières voitures-restaurant. En 1883, sur son initiative, le Grand Express d'Orient, futur Orient-Express, établit la liaison entre Paris et Constantinople.

     

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    Le monogramme aux deux lions devint le logo officiel de la « Compagnie Internationale des Wagons-Lits et des Grands Express Européens », en 1884.

     

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    On apercevait autrefois, sous la belle horloge, dans les jeux d'ombre et de lumière, le plan du Transsibérien, reliant Moscou à la Chine et au Japon, en passant par la Sibérie.

     

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    Ancien « chemin d'Argenteuil » puis « rue de Pologne », la rue de l'Arcade doit son nom à une ancienne arcade, construite en 1651 pour relier les jardins des Bénédictines de La Ville-l'Évêque, qui s'étendaient de part et d'autre de la route.

     

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    Ce passage, fut ouvert en 1839 par un entrepreneur, Monsieur Puteaux, sur l'emplacement du prieuré des Bénédictines de La Ville-l'Évêque. Croyant que la Gare de l'Ouest, actuelle Gare Saint-Lazare, serait édifiée entre la rue Tronchet et la rue de l'Arcade, Mr Puteaux espérait que l'entrée du passage attire de nombreux visiteurs mais la gare fut construite dans le quartier de l'Europe.

     

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    Le passage sombra dans l'oubli mais les promeneurs apprécient de redécouvrir son charme suranné et sa jolie verrière couvrant la moitié de l'espace.

     

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    Ancien passage Pasquier, il relie la rue de l'Arcade à la rue Pasquier qui rejoint la rue des Mathurins.

     

    Je vous conseille de lire, par ce lien, l'excellent article de Mr Jacques Brice, consacré au passage Puteaux, sur son blog intitulé Le Piéton de Paris.

     

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    Au croisement de la rue des Mathurins et de la rue Pasquier, se dresse un immeuble aux façades ondulantes, rythmées par de belles verrières et agrémentées d'un décor exotique.

     

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    La porte d'entrée finement travaillée.

     

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    Entre les rangées de fenêtres, des bas-reliefs représentent la faune luxuriante de l'ancien empire colonial français.

     

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    Cet immeuble de bureaux est l'ancien siège de la Société financière française et coloniale, construit en 1929 par les architectes Alexandre et Pierre Fournier.

     

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    Le sculpteur Georges Saupique (1889-1961) y élabora un programme iconographique de toute beauté.

     

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    Un crocodile, un éléphant, un chameau, un tigre, un serpent, un requin, une gazelle, des poissons et différents oiseaux composent un majestueux bestiaire.

     

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    Des matériaux précieux, (marbre de couleur, émaux de Venise et fines mosaïques), subliment ces motifs sculptés.

     

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    Georges-Laurent Saupique était un voyageur au long cours et un artiste passionné. Il explora les méandres de la vallée du Nil et étudia, pendant de longues années, l'anatomie et les comportements des animaux dans les jardins zoologiques d'Europe.

     

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    Il sculpta un des hauts-reliefs du Mémorial du Mont Valérien, décora le Palais de Chaillot, le paquebot Le Normandie et réalisa, sous la IVe République, un des bustes de notre Marianne nationale.

     

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    L'attitude de ce pêcheur de Terre-Neuve témoigne d'une répartition gracieuse et moderne des volumes dans l'espace.

     

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    L'immeuble est à contempler dans ses moindres détails. A la limite du toit, des oiseaux s'animent, dans des saynètes pittoresques.

     

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    Le talent de Georges Saupique s'accorda brillamment aux fantaisies et à la luxuriance du monde animal. Il réalisa, en 1925, avec un collectif d'artistes, une oeuvre monumentale appelée la Pergola de la Douce France, pour l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs.

     

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    L'Auroch est une pièce maîtresse au sein de ce monument néoceltique, acquis en 1934 par la ville d'Étampes.

     

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    La municipalité le fit d'abord installer dans le bois de Guinette, en contrebas du donjon médiéval appelé la Tour de Guinette. Il a été transféré, en 2005, dans le Square de la Douce France.

    L'ensemble s'inspire des alignements mégalithiques de l'ancienne Europe et nous fait voyager à travers la magie des légendes arthuriennes.

     

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    Le bestiaire Art Déco de Georges Saupique contemple le Square Louis XVI. Ce jardin, créé en 1865, sur l'ancien cimetière de la Madeleine, abrite la Chapelle Expiatoire.

     

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      Ce monument, de style néo-classique tardif, conçu en 1815 par l'architecte Pierre-François-Léonard Fontaine, se dresse là où Louis XVI et Marie-Antoinette furent inhumés en 1793.

     

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      L'ancien cimetière remplaça, en 1659, le potager des Bénédictines de La Ville-l'Évêque mais aujourd'hui, c'est une rangée de pierres tombales symboliques qui perpétuent le souvenir des gardes suisses tués, le 10 août 1792, lors de l'arrestation du roi aux Tuileries.

     

    (Je consacrerai, dans quelques temps, un article entier à l'histoire de la Chapelle et de son jardin. )

     

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    Je longe le square jusqu'au croisement de la rue des Mathurins et de la rue d'Anjou où s'élève l'ancienne Banque Coloniale, édifiée en 1927 par l'architecte Paul Farge. Une faune chimérique et exotique y côtoie des personnages de pure fantaisie.

     

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    Un masque d'inspiration khmère.

     

    La porte d'entrée est encadrée par deux dragons aux ailes déployées, traditionnellement considérés comme des gardiens de trésors. Leur présence était donc plutôt appropriée pour accueillir les visiteurs de l'ancienne banque...

     

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    De nos jours, le bâtiment, en travaux, accueille le siège de l'INAO, l'Institut National de l'Origine et de la Qualité, ancien Institut National des Appellations d'Origine.

     

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    Cet établissement public, placé sous la tutelle du Ministère de l'Agriculture, identifie l'origine des produits et décerne les labels officiels de qualité.

     

    L'AOC ou Appellation d'Origine Contrôlée, le Label Rouge, le label AB, signifiant « Agriculture Biologique » et bien d'autres encore.

     

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    D'étranges créatures soutiennent les balcons aux ferronneries ouvragées.

     

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    Ce bestiaire onirique nous attire vers de fabuleuses contrées.

     

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    Les magnifiques heurtoirs

     

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    Ces personnages mystérieux, dotés de corps puissants et de têtes de rapaces, représentent des divinités asiatiques.

     

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    Ma promenade s'achève, en compagnie de ces êtres chimériques, mais ce n'est que temporaire car j'ai photographié bien d'autres « façades animées », témoignant de l'intense créativité des artistes de Paris...

     

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    Bibliographie

     

    Jacques HILLAIRET: Connaissance du vieux Paris. 1956. Éditions Princesse, réédition, 1978.

     

    Adolphe JOANNE: Paris illustré. Paris: Hachette, 1863.

     

    Théophile LAVALLÉE: Histoire de Paris depuis le temps des Gaulois jusqu'en 1850.Paris: Hetzel, 1852.

     

    Jean-Marie PÉROUSE DE MONTCLOS: Le Guide du patrimoine. Paris: Hachette, 1994.

     

    Félix DE ROCHEGUDE: Promenades dans toutes les rues de Paris. Paris: Hachette, 1910.

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    (Le poème qui suit inaugure une nouvelle catégorie sur mon blog:

    « Poésie, contes et nouvelles ». Je me réjouis de la partager avec vous.)

     

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    Encre vénitienne

     

    Ombre de chat la nuit descend

    mêlée de feu dans la ruelle

    mue de soie fauve étincelant

    le long des fissures mortelles

     

    Comme un sortilège le vent

    par le labyrinthe des cours

    griffon de lune et d'océan

    insuffle la vie à rebours

     

    Dans les veines de la cité

    le masque au baiser de rubis

    serpente avec l'obscurité

    attisant l'or et la magie

     

    Fleurs de sommeil entrelacées

    le suc étrange des histoires

    perle aux cicatrices glacées

    des passerelles de mémoire

     

    Devine-moi mes doigts gantés

    lutinent les spectres des murs

    aiguisent ta voracité

    au festin de nos écritures...

     

    Cendrine

     

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    Pour le plaisir des yeux, ces quelques photos...

     

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    Chemins de traverse...

     

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    Derrière les fastes de Venise, les lambeaux de mondes oniriques contemplent le Grand Canal.

     

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    Masques et bergamasques... Au fil des ruelles, ces visages de fantaisie révèlent de nombreuses influences symboliques: culte des ancêtres, célébration du renouveau de la Nature et des changements de saison, goût du travestissement, désir d'habiter un personnage et de renverser l'ordre établi. Et si nous traversions le miroir vers notre double facétieux?

     

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     Luxe, parures et volupté...

     

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    Désirables fariboles...

     

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    Le gardien des secrets...

     

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    Au creux de la nuit, mon imagination s'enflamme. Il suffirait d'une pincée de poussière de fée pour que les personnages de la vitrine à trésors forment une farandole enchantée. Tendez l'oreille, le chat est un conteur...

     

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    Sillages mystérieux, ombres et lumières, subtils jeux géométriques...Venise est un théâtre dont les coulisses aimantent les rêveurs.

     

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    Dans ce carrefour de cultures et d'inspirations mêlées,

    palais et demeures patriciennes sont de mouvantes chimères.

     

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    Beauté, spiritualité, déliquescence...

     

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    Venise des contes et des ténèbres fantomatiques.

     

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    Le soleil a chassé les créatures de la nuit mais ce n'est qu'une trêve.

    Les spectres de Venise se lovent dans les moirures aquatiques, à fleur d'ombre et de pierre...

     

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    Venise est un corps, irrigué par ses canaux et ses venelles.

    Son âme est un miroir étrange, une féerie d'architecture qui se nourrit de mort et de fécondité.

     

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    Tentations d'écriture...

     

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    Suzeraine déchue et muse intemporelle...

     

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    C'est un dimanche spécial... Les fleurs sont reines en leurs parures sucrées. Entre soleil et giboulées, l'air vibre de parfums. Dans les jardins, règne une joyeuse effervescence. Les gourmands fouillent les buissons, retournent les arrosoirs, aventurent leurs doigts malicieux au fond des vasques et des pots. La chasse aux oeufs a commencé!

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    C'est une armée en marche à laquelle rien ne résiste. Elle est trop pressée d'en découdre avec des bataillons d'oeufs parés de couleurs vives, des légions de lapins jardiniers, des hordes de cocottes au ventre garni de friandises. La fête de Pâques est revenue et avec elle l'abondance et la magie.

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    Dans le calendrier chrétien, Pâques est une fête maîtresse dont la date, une fois fixée, détermine celles d'autres fêtes religieuses comme la Pentecôte, l'Ascension et l'Assomption. En l'an 325 après J.-C, le Concile de Nicée décida que Pâques serait célébrée le premier dimanche qui suivrait la pleine lune de l'équinoxe de printemps, se démarquant ainsi de la Pâque juive. Selon les règles du calendrier lunaire, Pâques varie alors, chaque année, du 22 mars au 25 avril.

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    Mais sous sa forme chrétienne, la fête de Pâques demeure l'héritière des cérémonies de l'Europe païenne au sein desquelles  l'oeuf tenait une place de première importance.

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    Aux origines de Pâques, les fêtes antiques du Printemps.

    L'avènement des forces printanières signifiait, pour les anciennes civilisations, une période de purification et de communication avec les forces de la Nature et les divinités qui président au renouveau de la végétation.

    Les populations espéraient un équilibre harmonieux entre la pluie et le soleil, pour obtenir d'abondantes récoltes. Le souvenir de certaines fêtes est parvenu jusqu'à nous, perpétué oralement ou préservé de l'oubli grâce à des auteurs anciens comme Pline le Jeune, Hérodote, Plutarque ou Juvénal.

    Les fêtes en l'honneur de Perséphone, la déesse grecque du Printemps.

    Dans la Grèce ancienne, le renouveau de la Nature était lié au retour sur la terre de Perséphone, la fille de Déméter, déesse des moissons.

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    Le rapt de Perséphone, plâtre peint, réalisé par Augustin Pajou, 1761-1770.


    Perséphone se promenait parmi les fleurs, en compagnie de ses nymphes, quand elle aperçut un narcisse, dans un vallon ombragé. Quand elle le cueillit, un terrible fracas ébranla la terre. Hadès, le dieu des Enfers, jaillit des abysses sur un char ténébreux. Séduit par la beauté de Perséphone, il l'enleva pour la conduire vers le royaume des Ombres. Au début de sa captivité, Perséphone ne voulut absorber aucune nourriture mais la faim eut raison de sa volonté. Elle mangea quelques pépins de grenade et dut résider dans le monde des morts.

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    Perséphone par Dante Gabriel Rossetti, en 1874.


    Pendant neuf jours et neuf nuits, Déméter chercha sa fille partout. Quand elle la retrouva dans le palais d'Hadès, ce dernier refusa de la laisser partir. La déesse, en proie au chagrin, se désintéressa de la Nature qui perdit sa vigueur. Les feuilles des arbres se racornirent et un brusque hiver supplanta l'été. Zeus, le roi des dieux, décida alors que Perséphone passerait six mois de l'année en compagnie de sa mère, à la surface de la terre, et les six autres mois dans le royaume de son époux.

    La fête de Pomone, la déesse des fruits.

    Les habitants de la Rome antique vénéraient Pomone, la protectrice des fruits, auprès des premiers arbres en fleurs. Ils plantaient dans la terre des rameaux d'olivier ornés de petites tresses de laine colorées. Ils y accrochaient des fruits et des friandises au miel, en offrande aux esprits de la Nature.

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    Vertumne et Pomone, par Jean-Baptiste Lemoyne, 1760.


    Pomone était courtisée par plusieurs dieux champêtres mais elle ne leur accordait aucune attention. Vertumne, le dieu des saisons et des vergers, qui en était éperdument amoureux, se déguisa en vieille femme pour l'approcher. Sous les frondaisons parfumées, il lui présenta un orme enlacé par un cep de vigne et lui révéla sa véritable nature. Pomone fut aussitôt séduite.

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    La belle Pomone veille sur les rameaux
    chargés de fruits abondants et sur le jardin des Tuileries...


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    Vertumne est un maître des métamorphoses. D'après le poète Ovide,
    il aurait « romanisé » Pomone, déesse étrusque et ombrienne, en l'épousant.



    Satios, la fête celte des semailles.

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    Le bonheur, par le peintre écossais symboliste John Duncan Fergusson (1874-1961)


    Aux alentours du 21 mars, les tribus celtes célébraient l'arrivée du Printemps en allumant des feux rituels dans les champs, les clairières et au bord des cours d'eau. La nuit précédant l'équinoxe, les hommes et les femmes promenaient des torches flamboyantes sur les crêtes des collines pour disperser les fantômes de l'hiver. Ils priaient la Déesse et le Dieu Soleil qui chassent les tempêtes et réchauffent les jeunes pousses.

    Certains instruments de musique étaient utilisés à cette occasion. Les grappes de clochettes réveillaient par la magie du son les forces de la Nature. Un aspect de ce rituel a survécu dans la tradition chrétienne consistant à sonner les cloches à toute volée, après leur retour de Rome.

    Ostara, la fête germanique du Printemps.

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    Ostara, the sabbat with the rabbit,  oeuvre de Mickie Mueller,
    une remarquable illustratrice dont vous pouvez retrouver l'univers par ce lien


    La déesse Ostara a donné son nom à la fête de l'équinoxe de printemps. Pour honorer la mère et la fiancée du printemps, des combats symboliques étaient organisés, simulant la lutte de l'hiver finissant et des forces de reverdie. Les prêtresses plaçaient des oeufs dans des barques miniatures glissant au fil de l'eau, enfouissaient des oeufs et des figurines d'écorce dans la terre et jetaient des oeufs décorés dans les brasiers rituels.

    Le Lièvre d'Ostara

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    Le lièvre est l'animal fétiche d'Ostara et de son équivalent anglo-saxon, la déesse Eostre. À la période de Pâques, il est honoré en Alsace, dans les Vosges, en Allemagne et en Angleterre sous le nom d'Osterhase. Gardien des oeufs de la lune prêts à éclore ou géniteur de ces précieux talismans de fécondité, il est représenté, depuis l'Antiquité, sur une profusion de stèles, de statues, de moules à pâtisserie, etc...

    Animal ambivalent, le lièvre suscitait la méfiance dans la Grèce antique et symbolisait la fécondité dans la Rome ancienne où sa viande était réputée aphrodisiaque. Il incarnait paradoxalement la luxure et la vertu, sa morphologie lui permettant de détaler face aux tentations.

    Le lièvre de Pâques est le messager du printemps. Pendant la semaine sainte, les enfants lui préparent un nid douillet, tapissé d'herbes et de fleurs, dans un endroit gardé secret. D'après la légende, la déesse Ostara envoya un coq à ses trousses pour qu'il ponde des oeufs incandescents.

    C'est à cette période que le Christ crucifié revient à la vie, émergeant de son tombeau comme un dieu de la végétation.

    Une semaine avant Pâques, le dimanche des Rameaux ou Pâques Fleuries.

    Les festivités des Rameaux sont un mélange complexe de liturgie chrétienne et de coutumes populaires. Avant d'être consacrés au Christ, les rameaux verts étaient dédiés à Apollon, le dieu grec de la lumière et des arts, à la déesse Ostara et aux esprits des fleurs et des fruits.

    L'eirésioné était une branche d'olivier, plus rarement de laurier, ornée de rubans de laine blancs et rouges, de fruits secs et de pain trempé dans le vin, le miel et l'huile. Cette branche, consacrée au dieu Apollon, était suspendue pendant un an aux portes des maisons pour que les habitants ne manquent pas de nourriture.

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    Les premières bénédictions des palmes et des rameaux se déroulèrent en Orient au Ve siècle et en Occident, deux siècles plus tard. Ces bénédictions s'accompagnaient de processions solennelles destinées à rappeler la marche du Christ vers Jérusalem.

    Jésus approchait de la Ville Sainte quand une foule joyeuse se pressa au devant de lui en agitant des branches de palmier. Traditionnellement, on apportait des palmes au Temple à l'occasion de la Fête des Tabernacles. On les déposait sur les autels avec des citrons et des cédrats. Quand Jésus pénétra dans Jérusalem, il se rendit au Temple, suivi par une forêt de palmes et il chassa les marchands qui s'y trouvaient en prononçant ces paroles : « De la maison de mon Père, vous avez fait une caverne de voleurs ».

    La distribution de rameaux bénits pendant les offices, les processions, la fermeture et la réouverture des portes des églises sont autant de rituels attachés au jour de Pâques Fleuries ou Dimanche Hosannier, du nom de « l'Hosanna in excelsis » : chant qui rappelle celui des disciples du Christ et des habitants de Jérusalem venus à sa rencontre.

    Les rameaux décorés symbolisent la reverdie. Ils étaient autrefois prélevés sur des haies de buis sacré. Dans le Berry, on associait au buis des branches de laurier, d'aubépine et de noisetier puis des fleurs roses pour honorer les déesses et les fées. En Alsace, on préférait le houx, le coudrier, le sapin et le sureau.

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    Dans la plupart des régions de France, on accrochait aux rameaux fleuris des grappes de bonbons, des fruits confits, des oranges et des petites croix de paille tressées. Ces décorations rappelaient celles qui accompagnaient les disciples du Christ : des agrumes dont la couleur dorée éclatait comme le soleil à travers la végétation.

    On réalisait aussi en pâte à gâteau, en pain d'épices ou en cire de petits hommes debout ou chevauchant des chevaux ou des coqs. Ces marmousets pouvaient être cavaliers ou piétons, brandir des cruches en sucre d'orge, des paniers d'osier, des gâteaux en forme de couronnes. En Savoie, ils étaient accrochés à des chapelets de châtaignes. En Provence, on les attachait à des roseaux.

    Les utilisations magiques des rameaux

    Dans la pensée populaire, les rameaux bénits détruisent le mal. Cloués aux portes des maisons, ils repoussent les fantômes et la foudre, empêchent les sorcières de nuire et attirent la prospérité.

    Ils décoraient autrefois les bornes des chemins, les croix de cimetières et les carrefours. Les Croix Hosannières ou porte-buis bénit protégeaient les pèlerins et les voyageurs contre les loups-garous et les fées maléfiques.

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    La Croix Hosannière de Veules-les-Roses en Seine-Maritime.
    L'hosanne est le nom donné au buis sacré qui orne ces croix-ossuaires
    où convergent de nombreuses lignes telluriques.


    Les traditions de la Semaine Sainte.

    Les jours précédant Pâques s'inscrivent dans un cycle complexe où se rencontrent liturgie chrétienne et rituels païens.

    Le Jeudi Saint

    Dans les églises, c'est le jour du grand nettoyage. Les bénitiers sont lavés et parfumés d'herbes aromatiques.

    Institué par le pape Léon II en 682, il était appelé « Jeudi Vert » ou « Jour des neuf légumes qui purgent le corps ». Ces neuf légumes (épinards, persil, ciboulette, cerfeuil, oseille, achillée millefeuille, orties, choux, poireaux) purifiaient l'organisme avant le repas dominical.

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    D'après la légende, les cloches entament ce jour-là leur voyage vers Rome. Elles sonnent à toute volée au début de la messe et s'envolent jusqu'au Vatican. Elles déjeunent avec le Pape et les cardinaux, reçoivent la bénédiction papale et collectent des oeufs dans les jardins.

     

    Les cloches devaient rester muettes, du Jeudi-Saint au dimanche de Pâques, pour respecter le temps écoulé entre la mort du Christ et sa résurrection. Si l'interdit était bravé, des catastrophes surviendraient (tempêtes de grêle sur les futures récoltes, eau des puits empoisonnée, invasion d'insectes maléfiques...).

     

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    Dionysos assis sur une panthère, mosaïque du IVe siècle.

     

    Dans l'Antiquité, le dieu égyptien Osiris, les dieux phrygiens Attis et Adonis et le dieu grec Dionysos étaient honorés en fonction d'un cycle de vie, de mort et de résurrection. Ensevelis dans le sommeil glacé de l'hiver, ces dieux ressuscitaient pour faire croître la végétation. Au cours des rituels qui leur étaient consacrés, des phases de silence marquaient l'instant de leur mort/sommeil avant que des chants de joie et une musique vigoureuse saluent leur retour à la vie.

     

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    Le réveil d'Adonis, par John William Waterhouse, 1899.

     

    Le Vendredi Saint

     

    Il est traditionnellement consacré à la décoration des oeufs. Autrefois, les jeunes filles confectionnaient des « oeufs d'amour ».

     

    Elles récoltaient les oeufs, pieds nus dans la rosée du matin, les teignaient de rose marbré de rouge et les couvraient de voeux et d'inscriptions « Par amour et par fidélité. », « Que la force de mon amour te lie à moi. » « Deviens, de mon vivant, celui dont j'ai rêvé en mon dormant. » Puis elles les cachaient dans des coffrets jusqu'au lundi de Pâques et les offraient à leurs amoureux.

     

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    Les oeufs blancs et décorés de fleurs sauvages évoquent les cycles de la lune.

     

    Les oeufs du Vendredi-Saint étaient réputés imputrescibles. Conservés sur les manteaux de cheminée, ils offraient une protection contre la foudre, les morsures de serpents, les accidents, les chutes et diverses maladies.

     

    Si on leur chuchotait certaines paroles avant la messe de Pâques et si on les faisait tourner sur eux-mêmes durant l'office, ils pouvaient détecter les sorcières.

     

    Leur pouvoir magique et protecteur était amplifié par les couleurs et les motifs qu'ils arboraient. Teints en rouge, en violet ou en bleu, ornés d'arabesques, de triskèles, d'arbres stylisés, de soleils, de petits hommes dansants ou de fleurs printanières, ils éloignaient les maléfices, les fantômes et les tempêtes; ils attiraient la chance et la prospérité.

     

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    A Luzy, dans la Nièvre, la coutume prétendait que si on conservait pendant cent ans un oeuf pondu le Vendredi-Saint, son jaune deviendrait un fabuleux diamant.

     

    Le Samedi Saint

     

    On bénissait autrefois les maisons en posant sur les tables des assiettes et des plats remplis de sel. Les femmes dessinaient dans le sel des symboles solaires et lunaires et des petites croix à l'aide d'un bâton couvert de cire. Elles disposaient, autour des récipients, des crucifix, des images saintes, des chandeliers et des bouquets de fleurs.

     

    Le prêtre se déplaçait de maison en maison, accompagné par deux enfants de choeur. Il bénissait le seuil des portes en les aspergeant d'eau et de sel et recevait des oeufs en remerciement. (Certaines sorcières « marquaient » à cette occasion le seuil des portes avec du sang de coq noir.).

     

    Au Moyen-âge, en Angleterre, la veille de Pâques, les hommes et les jeunes garçons érigeaient de grands bûchers dans les champs. Ils y brûlaient Judas sous la forme d'un mannequin en paille. Les cendres restantes étaient jetées à l'eau.

     

    L'eau des bénitiers était investie de grands pouvoirs. Répandue sur le toit des maisons, elle éloignait les tempêtes et dissipait les sortilèges. Versée dans les champs, elle favorisait l'essor des cultures. Elle était réputée soigner les morsures de serpent, les problèmes oculaires et favoriser le bonheur conjugal.

     

    Le Dimanche de Pâques

     

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    Les Oeufs du Printemps

     

    Au commencement était l'oeuf, promesse de résurrection, que l'on plaçait dans les tombes pour accompagner l'âme des défunts vers un nouveau séjour.

     

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    De l'oeuf naît et renaît la vie, quête incessante... Pondu par le lièvre d'Ostara ou matrice de son pouvoir, il signifie que des êtres nouveaux vont briser leur coquille.

     

    L'oeuf cosmos

     

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    D'après un mythe égyptien, au commencement de toutes choses n'étaient que les ténèbres et les eaux stagnantes. Alors Thot, le dieu à tête d'ibis ou de babouin, maître de la lune et de l'écriture, façonna un oeuf immense, couleur d'opale. Il le déposa sur un tertre magique où il fut couvé par l'ogdoade, un groupe de huit divinités représentant les forces primordiales.

     

    Thot souffla sur l'oeuf pour briser sa coquille et naquit , le dieu du soleil, qui dissipa les ténèbres et les eaux, faisant jaillir la vie.

     

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    Ilmatar, par Robert Wilhelm Ekman, illustrateur de poèmes populaires, 1860.

     

    Il était une fois, dans le Kalevala (le livre sacré des Finlandais), une déesse nommée Ilmatar qui sommeillait au fond de la mer. Brusquement, sous l'effet d'un rêve, la déesse bougea. Un de ses genoux émergea de l'eau. Intrigué et séduit par ce rocher nouveau, le seigneur de l'air, un canard, y déposa un oeuf d'or. La déesse frissonna et la coquille se brisa.

     

    « Tous les morceaux se transformèrent

    en choses bonnes et utiles:

    le bas de la coque de l'oeuf forma le firmament sublime,

    le dessus de la partie jaune

    devint le soleil rayonnant

    le dessus de la partie blanche

    fut au ciel la lune luisante,

    tout débris taché de la coque

    fut une étoile au firmament,

    tout morceau foncé de la coque

    devint un nuage de l'air.

    Le temps avança désormais... »

     

    Les oeufs rouges de Pâques

     

    Dans de nombreux pays, la coutume veut que l'on teigne les oeufs en rouge pour célébrer Pâques. Rouge de la vie, couleur du sang, de la passion amoureuse, de la purification des maléfices et de la rédemption des pêchés.

     

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    Dans la Perse antique, il existait une fête du printemps, appelée « fête des oeufs rouges ».

     

    Dans le folklore celtique, le serpent de mer, à la fois géniteur de vie et destructeur de mondes, pondait, la nuit de l'équinoxe, un oeuf rouge au creux d'un rocher. L'oeuf magique rayonnait comme un soleil incandescent.

     

    Dans la symbolique chrétienne, les oeufs du Jeudi-Saint, décorés en rouge et « chassés » le dimanche après la messe pascale, évoquent le sang du Christ versé pour la rémission des pêchés.

     

    L'oeuf rouge de Marie-Madeleine

     

    Dans une église orthodoxe, située sur le Mont des Oliviers à Jérusalem, un tableau relate l'offrande d'un oeuf rouge à l'empereur Tibère, par Marie-Madeleine.

     

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    Marie-Madeleine demanda à Tibère de réhabiliter la mémoire du Christ. En signe de déférence, elle lui donna le seul oeuf qu'elle possédait. L'empereur la mit alors au défi. Il ne trancherait en sa faveur que si l'oeuf se teintait de rouge. Elle pria et le miracle se produisit!

     

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    La matrice de l'oeuf est le réceptacle du mystère de la vie. Autrefois, le jour de Pâques, les parrains et les marraines offraient à leurs filleuls des oeufs, symboles de joie, de richesse et de sécurité familiale, sur un lit de paille tressé.

     

    Après le repas dominical, les facétieux de tous âges se livraient à des jeux folkloriques comme la toquette et les roulées.

     

    Les roulées étaient une sorte de jeu de boules, consistant à lancer, sur un plan incliné, des oeufs durs, colorés en rouge ou en bleu. Le possesseur du coquart, (l'oeuf resté intact), dégustait les oeufs cassés.

     

    Pour jouer à la toquette, on fermait le poing sur un oeuf dur, ne laissant dépasser qu'une petite partie de la coquille, le but étant de faire « toquer » son oeuf contre un autre. Le perdant payait sa tournée de boissons!

     

    Les couleurs des oeufs de Pâques

     

    La couleur la plus répandue est le rouge, couleur du sang et de la vie, qui appelle la protection magique et repousse les démons. On obtient un magnifique rouge cardinal en faisant cuire à feu doux des oeufs dans du vinaigre avec des rouelles d'oignon.

     

    Pour la petite histoire, en Vendée on disait aux enfants que les oeufs étaient rouges parce qu'ils avaient « vu » à Rome les cardinaux dans leurs grandes robes rouges.

     

    Avec le marc de café ou l'écorce de chêne, on obtiendra des oeufs bruns que l'on pourra glacer avec un peu de sucre. Les épluchures de radis donneront de jolis oeufs rose pâle et le suc de betterave rouge des oeufs d'un rose soutenu presque violacé. Les anémones pulsatilles, le jus de myrtilles et les baies de sureau teinteront les oeufs en mauve, la racine d'ortie en vert jaunâtre, les feuilles d'artichaut, de lierre ou d'épinard seront à l'origine d'un vert franc.

     

    Les oeufs magiques d'Ukraine

     

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    Un rituel très ancien appelé Pyssanki ou Pyssanka, était effectué, en Ukraine, vers l'équinoxe de printemps, par une femme âgée. Avec une pointe fine, elle dessinait sur un oeuf des formes dentelées à la cire d'abeille puis elle trempait l'oeuf dans un récipient rempli de colorant dilué. La cire fondait et la femme reprenait l'oeuf pour en redessiner les motifs avant de le plonger dans un bain plus foncé. Pendant qu'elle accomplissait le rituel, des femmes plus jeunes récitaient des prières mêlées d'incantations. Les oeufs étaient conservés jusqu'à l'année suivante.

     

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    Le musée des oeufs de Pâques à Kolomiya en Transcarpatie.

     

    Des oeufs chargés d'histoire...

     

    Autrefois, quand l'année commençait, aux alentours de Pâques, les oeufs « pâquerets » symbolisaient « officiellement » le réveil des forces calendaires. Avec l'édit de Roussillon promulgué, le 9 août 1564, sous le règne de Charles IX, l'année débuta le premier janvier mais l'oeuf, aussi gourmand que mystique, continua d'être échangé comme cadeau majeur.

     

    Associé aux différentes théogonies, l'oeuf connut, dans toutes les couches sociales, une importance historique.

     

    Au Moyen-âge, à Paris, les clercs et les étudiants chantaient l'office des Laudes sur le parvis de Notre-Dame. Ils formaient ensuite un joyeux cortège et parcouraient les rues afin de quêter les oeufs pour le festin pascal.

     

    Dans les campagnes de France, les enfants et les jeunes gens quêtaient les oeufs, de maison en maison, en égrenant des comptines à caractère magique ou des chants licencieux.

     

    Jusqu'à la Révolution Française, pendant la semaine de Pâques, les officiers de bouche parcouraient l'Ile de France pour y collecter les plus gros oeufs. Une fois dorés et bénis, le roi les offrait, en personne, aux gens de sa maison.

     

    Les oeufs précieux

     

    Les oeufs-bijoux naquirent en Russie à la fin du XVIIIe siècle mais traditionnellement, le roi de France faisait distribuer des oeufs d'apparat à la Cour, entre le XVIe et le XVIIIe siècle.

     

    En Angleterre, on trouvait des oeufs couverts d'or et incrustés de pierres précieuses dès le XIIIe siècle.

     

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    Une des superbes créations du joaillier Pierre-Karl Fabergé (1846-1920).

     

    Les oeufs gourmands

     

    Vers les années 1890, apparurent les oeufs en sucre coloré et vers 1900, les oeufs en chocolat, en porcelaine et en carton doré, parfois garnis d'une surprise en pâte d'amandes ou en sucre candi.

     

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    De nos jours, les douceurs pascales continuent d'enchanter les gourmands de tous âges...

     

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    Cloches et Carillons

     

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    Médiatrices entre le monde humain et les contrées divines, les cloches rythmaient jadis, de leur timbre mélodieux, la vie des villes et des villages. Le vocable latin « campana » dérivait du nom « Campanie », une région opulente d'Italie méridionale célèbre par sa production d'ustensiles en bronze. On y réalisait des vases d'airain de forme retournée qui semblent être à l'origine des cloches.

     

    Les Gaulois faisaient usage de la simandre, un instrument constitué d'une planche de bois munie de percussions. Des siècles plus tard, les monastères et les églises paroissiales usèrent du terme « signum » pour désigner la cloche ou la clochette cérémoniales, créant le « signal » nécessaire à la convocation des fidèles.

     

    En Grèce et en Roumanie, la simandre est investie, à la période de Pâques, de pouvoirs protecteurs contre les forces démoniaques.

     

    La fonction purificatrice du son

     

    Depuis toujours, les hommes ont opposé aux êtres maléfiques une résistance par le son. Dans les monastères, des clochettes en or, en argent, en cuivre ou en fer, répondant au joli nom de « tintinnabula », étaient suspendues à des montants de bois. On les frappait avec des marteaux miniatures nommés clipotiaux et leur sonorité cristalline dissipait les énergies malfaisantes.

     

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    Les cloches rythmaient l'existence humaine, prévenaient le peuple en cas d'invasion ou d'épidémie, annonçaient les fêtes, les évènements graves (bourdon) et les incendies (tocsin).

     

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    La croyance populaire prétendait qu'elles chassaient les tempêtes, les esprits infernaux et les sorcières.

     

    Les voyageurs égarés dans la baie du Mont Saint-Michel percevaient avec soulagement la voix grave de la « cloche des brouillards ». Depuis le Moyen-âge, l'imposante dame de bronze rassure et protège les randonneurs et les pèlerins, les pêcheurs surpris par les brumes et les vagues montantes.

     

    En sonnant l'Angélus, les cloches éloignaient les démons de l'air, les fées maléfiques et les esprits tourmenteurs.

     

    Bien que le langage mystérieux des « semeuses de prodiges » soit souvent voilé par le bruit quotidien, le temps des légendes n'est pas encore révolu...

     

    Les animaux magiques

     

    En Alsace, dans les Vosges et les régions du Rhin, c'est le lièvre de Pâques ou Osterhase qui apporte les oeufs dans les jardins. Le jour de Pâques, ce lièvre réputé sorcier est souvent doué de parole.

     

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    Les immigrants allemands ont introduit en Pennsylvanie au XVIIIe siècle la vogue de ce lièvre magique. Au XVIe siècle, dans la littérature germanique, le lièvre de Pâquesétait un pourvoyeur en cadeaux. Il récompensait les enfants sages en leur offrant des oeufs peints et des friandises.

     

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    Dans la mythologie chinoise, le lièvre herboriste se love au creux de l'astre lunaire. Dans les pays anglo-saxons, il cueille les fleurs sauvages et prépare des élixirs guérisseurs. Cet animal qui naît les yeux ouverts est considéré comme un initiateur. Avatar et familier d'Ostara, il est également associé au dieu égyptien Osiris, seigneur de la résurrection des morts.

     

     

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    Le Coq de Pâques pond des oeufs couleur de ciel et de soleil, les cocognes.

     

    Cet oiseau totem trône à la pointe des clochers, dominant les paysages comme une vigie céleste. Girouette scintillante de rosée que le souffle du vent fait danser ou oiseau dardant son cri vers l'aube, il est celui qui préside à la résurrection du jour.

     

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    Dans la Gaule celtique, le coq était consacré à Lug/Mercure, le dieu des routes et des chemins, créateur des arts. La racine du nom Lug signifie « lumière ».

     

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    Sur des plats d'argent ou des stèles de pierre, il accompagne le Mercure gaulois et sa parèdre Rosmerta, déesse de la fécondité.

     

    Dans la Grèce ancienne, des troupeaux de coqs sacrés vivaient dans les sanctuaires du dieu de la médecine. Asclépios associait les pouvoirs de la lumière, de l'hypnose et les vertus des plantes pour guérir les maladies et, d'après la croyance, le coq décelait l'emplacement des meilleures plantes médicinales. Son regard hypnotisait les malades et guérissait les problèmes oculaires.

     

    Il apaisait aussi les douleurs dentaires, calmait la fièvre et faisait cicatriser les blessures avec son sang.

     

    Autrefois, le jour de Pâques, les mères priaient le dieu coq pour qu'il accorde une santé de fer à leurs enfants.

     

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    Oracle des dieux, il ressuscite l'aurore après la nuit. Le matin de Pâques, on observait les couleurs de son plumage et on écoutait son chant avec une attention toute particulière.

     

    D'après la croyance populaire, il repousse les attaques du démon mais il possède aussi un double monstrueux: le basilic.

     

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    Né, selon les bestiaires du Moyen Age, d'un oeuf de coq couvé par un crapaud, cet être maléfique, dont le nom signifie « petit roi », est doté d'une tête et d'ergots de coq, d'une queue de serpent formant une sorte de dard et d'une paire d'ailes de dragon ou de chauve-souris. De nombreux basilics figurent sur les chapiteaux des églises et des abbayes romanes.

     

    Il darde sur ses proies un regard meurtrier et, pour le détruire, il faut lui renvoyer son image à l'aide d'un miroir.

     

    Mais la magie de Pâques éloigne les êtres monstrueux et réveille des figures protectrices, gorgées de sève païenne. Le lièvre et le coq, ainsi que nous l'avons vu, et bien d'autres animaux constituent un savoureux bestiaire, lié à la distribution des oeufs.

     

    Dans le Tyrol, une poule fée pond les oeufs colorés au pied de l'arc-en-ciel et les dissimule autour des maisons. En Westphalie, un renard découvre des oeufs dans la forêt. Il les roule dans la rosée et les amène dans les jardins. En Suisse, les nids des coucous recèlent des oeufs colorés qui portent bonheur. En Thuringe, le matin de Pâques, une cigogne perchée sur le clocher de l'église distribue des oeufs couleur de soleil. Pendant ce temps, une autre cigogne cache des oeufs en chocolat dans les jardins avec la complicité des...papillons.

     

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    L'agneau de Pâques, symbole de douceur et d'innocence.

     

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    L'osterlammele ou agneau pascal immaculé est une pâtisserie traditionnelle alsacienne qui se lovait jadis dans un nid de paille. Ces agneaux couverts de sucre glace et agrémentés d'un petit étendard multicolore, font les délices des gourmands depuis le Moyen-âge.

     

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    Les chats de Pâques symbolisent l'esprit des futures moissons.

     

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    Mais après ce voyage dans la symbolique et les traditions de Pâques, il est bien temps de se régaler, non?!

     

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    Sous leurs décorations chatoyantes, les oeufs sont les symboles du mystère de la vie, ce mystère dont l'enfant est l'emblème. Le folklore de Pâques est peuplé de récits initiatiques où les messagers d'une époque païenne viennent, sous la forme d'animaux fées, offrir des cadeaux et des connaissances aux humains.

     

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    L'oeuf se pare de vertus miraculeuses liées à la résurrection du Christ dont un des symboles animaliers n'est autre que le phénix, oiseau fabuleux qui renaît de ses cendres en prenant la forme d'un oeuf pour s'élever vers le soleil.

     

    Post Scriptum

     

    L'article que vous venez de lire est une petite partie d'un livre que j'ai écrit il y a quelques années. Passionnée par le folklore et les traditions populaires, j'ai pu, grâce aux accréditations dont je disposais pendant ma thèse d'Histoire de l'Art, explorer les arcanes de la Bibliothèque Nationale de France. J'y ai exhumé des trésors: cahiers d'ethnologie du XIXe siècle, grimoires de la fin du Moyen-âge, dessins d'animaux et d'arbres de Pâques datant du XVIIe siècle...

    Je ne peux exposer ici l'intégralité de ces recherches car mon ouvrage fait environ trois cents pages...

    Il a sommeillé dans un tiroir pendant plusieurs années, en raison de problèmes de santé mais en ce printemps 2012, je l'ai redécouvert avec émotion et j'espère le mener à son terme, pour l'année prochaine, qui sait!

    Je voulais partager avec vous certaines de ces traditions et j'ai donc sélectionné celles qui me semblaient être les plus représentatives de « l'esprit de Pâques ».

     

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    Je vous souhaite de Joyeuses et Gourmandes Pâques!

     

    Image52b.jpg Cette note colorée est l'oeuvre de Christophe, mon mari, passionné de bougies. Il m'a offert ces oeufs et ces fleurs de cire, façonnés avec amour. Il utilise de la cire purement végétale et des colorants naturels...


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    (Collection personnelle)

     

    Plaisanteries, boutades et rencontres espiègles refleurissent, en ce jour qui lâche la bride aux esprits facétieux. Les poissons d'avril et leur délicieuse iconographie sont à l'honneur!

     

    Des poissons chargés d'histoire...

     

    Émanation de rites printaniers et de traditions anciennes, la symbolique des poissons est associée au cycle des saisons et aux festivités qui marquaient le renouvellement de l'année.

     

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    Jusqu'au XVIe siècle, le début de l'année variait suivant les diocèses. A Lyon, elle commençait le jour de Noël; à Vienne, c'était le 25 mars. Dans certaines régions, le jour de Pâques ouvrait les portes du calendrier et dans d'autres provinces, c'était le premier avril.

     

    Le roi Charles IX (1550-1574) décida de résoudre cette « complication » en fixant au premier janvier, dans l'ensemble de la France, le début de l'année civile. Le 9 août 1564, il signa l'édit de Roussillon qui n'entra en vigueur qu'en 1567.

     

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    (Portrait de Charles IX (1550-1574), par François Clouet. Cet être complexe, halluciné, en proie à des pulsions morbides et responsable du massacre de la Saint-Barthélémy, était le fils d'Henri II et de Catherine de Médicis. )

     

    En 1622, la mesure fut étendue à l'ensemble du monde catholique grâce à l'adoption du calendrier grégorien.

     

    La tradition du poisson d'avril semble tirer ses origines de ce fameux édit, car en souvenir des anciennes célébrations, les gens continuèrent d'échanger des cadeaux, de préférence teintés de burlesque.

     

    De nos jours, les enfants et les plaisantins accrochent un poisson de papier dans le dos des personnes dont ils veulent se « moquer ». Et lorsque la plaisanterie est découverte, ils s'écrient « Poisson d'avril »!

     

    Entre amis, entre collègues ou dans le cadre familial, les esprits taquins aiment s'illustrer et certains canulars, de plus ou moins grande ampleur, se déroulent dans les médias.

     

    Les poissons d'avril dans le monde

     

    Le premier avril est la Journée Internationale des Livres Comestibles. Depuis l'an 2000, cette célébration, conçue par Judith Hoffberg et Béatrice Coron, invite les gourmands à réaliser des créations culinaires en forme de livre ou ayant un rapport avec l'écriture. Les amateurs photographient leurs créations et les publient sur le site du Edible Book Day.

     

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    Au Brésil, le premier avril est appelé « Jour du Mensonge ». Les enfants créent des poissons colorés avec du tissu et du papier et les adultes rivalisent d'ingéniosité pour élaborer le plus « gros » mensonge.

     

    Au Mexique, la coutume consiste à dérober provisoirement un objet appartenant à un ami. La « victime » recevra des friandises et un message lui révélant qu'il s'est fait piéger.

     

    Aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni, le jour des fous d'avril, April Fool's Day, ou All Fool's Day (Jour de tous les fous) apparaît comme une sorte de réminiscence de la fête des fous médiévale mais dans une version plus édulcorée.

     

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    En Écosse, les farceurs oeuvrent aussi le 2 avril!

     

    En Espagne, c'est le 28 décembre, jour des Saints-Innocents, que les enfants accrochent un petit bonhomme de papier dans le dos de personnes choisies.

     

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    Dans de nombreux pays, le premier avril est l'occasion de se gausser, de manière plutôt débonnaire, des personnes que l'on apprécie.

     

    Les beautés d'avril

     

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    Enluminure du mois d'avril issue des Très Riches Heures du duc de Berry, XVe siècle.

     

    Le mois d'avril est une passerelle enchantée. L'hiver s'est éloigné. L'équinoxe de printemps a réveillé le pouvoir des fleurs. Les bourgeons, gorgés de force, cèdent la place aux couleurs les plus vives. La sève pulse sous l'écorce des arbres fruitiers et les animaux se départissent de leur pelage hivernal.

     

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    La Nature est en liesse même si avril est aussi un mois capricieux, rythmé par de redoutables giboulées. Cette inconstance météorologique a donné lieu à plusieurs dictons et proverbes:

     

    « Fleurs d'Avril

    Ne tiennent qu'à un fil ».

     

    « Quand Avril en fureur se met

    Pas de pire mois dans l'année! »

     

    « Il n'est si gentil mois d'avril

    Qui n'ait son chapeau de grésil. »

     

    Heureusement, rien n'arrête la reverdie... Les délicates beautés en robes de lumière affrontent, depuis la nuit des temps, les tempêtes et les fantômes de l'hiver qui viennent parfois les caresser, avec leurs doigts de givre.

     

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    Sur la roue zodiacale, dansent, à cette période transitoire, des êtres magiques: le poisson, emblème lunaire et le bélier, animal solaire.

     

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    Le poisson d'avril, messager de l'amour et du Printemps

     

    Si les canulars associés au premier avril sont toujours bien vivants, l'image du poisson était autrefois utilisée pour exprimer son amour. Aux alentours de 1900, les cartes illustrées de poissons étaient très répandues. Le messager des forces printanières était accompagné d'angelots, d'enfants, de belles jeunes femmes ou de couples amoureux. Des vers romantiques complétaient l'ensemble.

     

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    Ces cartes s'inscrivent dans la lignée de celles de la Saint-Valentin et du premier Mai. Les amoureux déclaraient leur flamme avec espièglerie et sensibilité.

     

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    La vogue des cartes illustrées était l'occasion de célébrer, de manière poétique, le cycle des saisons et le renouveau printanier.

     

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    Cette iconographie au charme suranné, est truffée de symboles d'amour et de chance. Le fer à cheval est considéré depuis fort longtemps comme un porte-bonheur et utilisé pendant les rituels amoureux. Des rubans roses ou rouges étaient glissés dans les petits trous de l'objet avant d'être offerts à la personne désirée. Si le contexte était favorable, ils pouvaient être dissimulés sous son matelas ou son oreiller.

    Les jeunes hommes frottaient parfois des petits fers à cheval sur la lettre qu'ils destinaient à l'élue de leur coeur.

     

    Protecteur du foyer contre les tempêtes et les forces malveillantes, le fer à cheval était placé, à cet effet, les pointes vers le haut, au-dessus des portes ou des cheminées. Réputé attirer l'amour et la prospérité, il était posé, les nuits de pleine lune, sur le rebord des fenêtres. Il accompagnait aussi les pêcheurs dans leurs activités.

     

    Depuis la plus lointaine antiquité, les roses symbolisent l'amour. Leur douce couleur rose-thé s'harmonise délicatement avec les nageoires de ces poissons Cupidons.

     

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    (Plusieurs cartes sont issues de ma collection personnelle. J'ai trouvé les autres sur le net et plus particulièrement sur le très beau site de Colombes Philatélie).

     

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    Incarnation des forces printanières, le poisson d'avril met à l'honneur une magie populaire qui offre au monde de l'enfance une place privilégiée.

     

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    Sur certaines cartes, le poisson est assimilé à la légendaire cigogne qui apporte les nourrissons dans les foyers.

     

    Les cartes du premier avril étaient aussi agrémentées de messages d'amitié.

     

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    On vendait, dans les boutiques de la Belle-Époque, des poissons en sucre, en chocolat et de jolies boîtes colorées, en forme de poisson, remplies de gourmandises. Cette tradition a survécu à travers la « friture » de Pâques, de succulents chocolats en forme de créatures aquatiques.

     

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    Je vais avoir bien du mal à résister...

     

    Au cours des repas, on plaçait à table des petits objets imitant la nourriture afin d'amuser les convives et des boîtes miniatures en forme de poisson pour y loger quelque chose de précieux.

     

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    Une belle enseigne pisciforme dans le quartier du Gros-Caillou. (7e arrondissement de Paris).

     

    La symbolique du poisson

     

    Le poisson se love dans les eaux matricielles qui symbolisent aussi les profondeurs de l'inconscient. Il est intimement lié aux forces vitales et à la notion de fécondité. Pour les anciennes religions, le poisson était associé aux déesses mères qui règnent sur l'amour et la fertilité. Dans les temples, des poissons aux couleurs chatoyantes peuplaient les étangs, les fontaines et les bassins sacrés.

     

    Des déesses à queue de poisson étaient célébrées au Proche-Orient. La déesse assyrienne Atargatis était représentée avec une queue de sirène.

     

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    The Mermaid, par le peintre préraphaélite John William Waterhouse (1849-1917).

     

    Les premières sirènes ressemblaient à des Harpies. Leurs ailes d'oiseaux claquaient dans le vent comme les voiles des bateaux. D'après la légende, battues par les Muses dans un concours de chant, elles perdirent leurs plumes, utilisées pour tresser des couronnes.

     

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    Ulysse et les Sirènes, 1891, par J.W. Waterhouse.

     

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    Ulysse et les sirènes, par le peintre victorien Herbert James Draper(1863-1920).

     

    Les Sirènes

    Leurs chants étranges, ravissants
    écorchent la lune et le vent
    aimantent sur la mer épaisse
    les marins vers le sombre Hadès

    ****

    Fileuses d'or et d'ossements
    l'écume a des lèvres de sang
    dans les prairies d'ondes nacrées
    entre leurs doigts entrelacés

    ****

    Reines dans la nasse des eaux
    leurs chevelures de coraux
    tissent les songes matriciels
    et les anémones de ciel

    ****

    Ourlés de feu les élixirs
    perlant de leurs yeux de vampires
    enivrent les âmes de moire
    qui s'embrasent dans leurs miroirs...

    (Cendrine)

     

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    The Land Baby, par le peintre préraphaélite John Collier(1850-1934).

     

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    Poisson volant, par H J Draper.

     

    Dans la Grèce ancienne, le poisson était associé à Aphrodite, née de l'écume de la mer...

     

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    La naissance de Vénus, vers 1485, par Sandro Botticelli.

     

    Dans la Rome antique, le premier avril, les femmes vénéraient la déesse Vénus Verticordia et la Fortune virile. Le poète latin Ovide relate que la statue de la déesse, dépouillée de ses bijoux et de ses diverses parures, était baignée et parfumée. Les prêtresses l'ornaient ensuite de colliers d'or et de roses fraîches.

     

    Les femmes se lavaient dans de l'eau vive, énonçaient des voeux de fécondité, et portaient des couronnes de myrte vert, arbuste sacré de la déesse. Elles offraient de l'encens à la Fortune Virile, qui devait les aider à dissimuler aux hommes les petits défauts de leur anatomie. Dans les temples, elles savouraient un breuvage mystique, mélange de lait, de miel et de suc de pavot. D'après les anciennes croyances, Vénus avait absorbé cet élixir lors de ses noces avec Vulcain, le dieu du feu et de la forge.

     

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    A l'époque chrétienne, le poisson devint un symbole du Christ. Son nom en grec, ichtus/ichtys, correspondait à l'acrostiche formé à partir des premières lettres de la locution: Iesos Khristos Theou Uios Soter soit « Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur ». Cet acrostiche servit de signe de ralliement secret aux chrétiens.

     

    Dans les traditions d'avril et de Pâques, il est question de résurrection des forces naturelles et de pêche miraculeuse.

     

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    Les pêcheurs, décor du pavement de la basilique d'Aquilée, en Italie.

     

    Sur les murs des Catacombes et les sarcophages paléochrétiens, le poisson représente le sacrement de l'Eucharistie, communion suprême du Christ avec ses disciples. Il évoque le passage et le cheminement des âmes vers l'au-delà.

     

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    Le calice au poisson, dans la Maison aux Poissons, à Ostie (le port de Rome).

     

    Le bassin qui contient l'eau du baptême est appelé piscina, « l'étang aux poissons ».

     

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    Au numéro un de la rue Montmartre, dans le premier arrondissement de Paris, on aperçoit ce poisson sculpté dans le mur de l'église Saint-Eustache (1532-1640). Il domine une porte basse qui conduit à une petite crypte, l'actuelle sacristie.

     

    Il provient d'une ancienne chapelle, construite en 1213 grâce à Jean Alais, le chef des joueurs de mystères. Il prêta au roi Philippe Auguste une somme d'argent conséquente et reçut l'autorisation de prélever un denier sur chaque panier de poisson vendu aux Halles. Il se remboursa si bien qu'il put faire édifier une chapelle à Sainte-Agnès, là où se dresse aujourd'hui le choeur de l'édifice.

     

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    Les poissons d'avril sont les messagers du Printemps et les gardiens des anciennes croyances. Enracinés dans l'imaginaire collectif, ils confrontent ceux qui en sont les « victimes » à une sorte de rite de passage. Ils frayent dans les eaux magiques, à la croisée des fluides de mort et de vie et nous invitent à laisser caracoler notre imagination...

     

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