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Chers amis, je vous souhaite de très belles fêtes de Pâques! Dans de nombreux endroits, Dame Nature est encore habillée de blanc mais les fleurs, ça et là, commencent à nous offrir leur palette multicolore.
Si vous êtes intéressés par le folklore de Pâques et l'histoire de cette fête aux origines fort complexes, vous pouvez lire ou relire mon article intitulé Mystères et Traditions de Pâques.
Que le lièvre messager des forces de reverdie fasse germer les graines de vos projets!
Et que ces quelques images titillent votre gourmandise...
Un bel oeuf élégant trouvé sur le net.
Des petits trésors destinés à affoler nos papilles...
Des cocottes rigolotes dans un univers « tout chocolat ».
Sur ces notes joyeuses et succulentes, je vous envoie mes pensées d'amitié et un bouquet de bisous aux couleurs du Printemps!
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Sir Lawrence Alma Tadema (1836-1912), Le retour des fleurs.
Un manteau de neige couvre plusieurs pays d'Europe, le Nord de la France grelotte entre deux giboulées mais je vous invite à glisser dans la chatoyante poésie des couleurs.
En livrée de soleil, ces vigoureuses jonquilles embellissent une petite place située à quelques pas de chez moi. En ce début de Printemps aux tonalités hivernales, elles m'ont donné envie de partager avec vous des rêveries d'artistes sur le thème de la reverdie.
Sir Lawrence Alma-Tadema (1836-1912): Les fleurs du Printemps.
Rousseur ardente d'une chevelure, alchimie de lumière et jeux d'ombre mystérieux... les jonquilles resplendissent dans leur écrin d'or en fusion.
Sir Alma-Tadema fut l'un des artistes les plus en vogue du XIXe siècle victorien. Ce passionné d'Antiquité gréco-romaine et d'archéologie égyptienne décrivit avec une minutie spectaculaire des scènes de la vie antique, juxtaposant des éléments réels et des éléments fantasmés.
Le Printemps, 1894.
Je ne peux contempler ces merveilleuses jonquilles sans ressentir la mélodie d'un poème, l'un des plus populaires de l'époque Romantique en Angleterre: « The Daffodils » de William Wordsworth (1770-1850).
Berthe Morisot (1841-1895): Jonquilles.
En 1804, sur les rives du lac de Ullswater, Wordsworth écrivit « The Daffodils » en se promenant avec sa soeur cadette, Dorothy. Publié en 1815, le poème devint l'une des œuvres majeures du mouvement « lakiste ». J'ai appris ce poème au collège et je ne l'ai jamais oublié.
Les Jonquilles (The Daffodils)
I wandered lonely as a cloud
That floats on high o'er vales and hills,
When all at once I saw a crowd,
A host of golden daffodils ;
Beside the lake, beneath the trees.
Fluttering and dancing in the breeze.
Continuous as the stars that shine
And twinkle on the milky way,
They stretched in never-ending line
Along the margin of a bay :
Ten thousand saw I at a glance,
Tossing their heads in sprightly dance.
The waves beside them danced ; but they
Out-did the sparkling waves in glee :
A poet could not but be gay,
In such a jocund company :
I gazed – and gazed – but little thought
What wealth the show to me had brought :
For oft, when on my couch I lie
In vacant or in pensive mood,
They flash upon that inward eye
Which is the bliss of solitude ;
And then my heart with pleasure fills,
And dances with the daffodils.
William Wordsworth
Première traduction
J'allais solitaire ainsi qu'un nuage
Qui plane au dessus des vaux et des monts,
Quand soudain, je vis en foule - ô mirage ! -
Des jonquilles d'or, une légion.
A côté du lac, sous les branches grises,
Flottant et dansant gaiement à la brise.
Serrées comme sont au ciel les étoiles
Que l'on voit scintiller sur la Voie Lactée,
Elles s'étendaient sans un intervalle
Le long du rivage, au creux d'une baie.
J'en vis d'un coup d'oeil des milliers, je pense,
Agitant leurs têtes en une folle danse.
Les vagues dansaient, pleines d'étincelles,
Mais se balançaient encor plus allègrement,
Pouvais-je rester, poète, auprès d'elles
Sans être gagné par leur engouement ?
L'oeil fixe, ébloui, je ne songeais guère
Au riche présent qui m'était offert :
Car si je repose, absent ou songeur,
Souvent leur vision, - ô béatitude ! -
Vient illuminer l'oeil intérieur
Qui fait le bonheur de la solitude,
Et mon coeur alors débordant, pétille
De plaisir et danse avec les jonquilles !
Deuxième traduction, signée Catherine Réault-Crosnier
J'errais solitaire comme un nuage
Qui flotte au-dessus des vallées et des monts,
Quand tout-à-coup je vis une nuée,
Une foule de jonquilles dorées ;
À côté du lac, sous les branches,
Battant des ailes et dansant dans la brise.
Drues comme les étoiles qui brillent
Et scintillent sur la Voie Lactée,
Elles s'étendaient en une ligne sans fin
Le long du rivage d'une baie :
J'en vis dix mille d'un coup d'œil,
Agitant la tête en une danse enjouée.
Les vagues dansaient à leurs côtés ; mais
Elles surpassaient les vagues étincelantes en allégresse :
Un poète ne pouvait qu'être gai,
En une telle compagnie :
Je les contemplais, les contemplais mais pensais peu
Au présent qu'elles m'apportaient :
Car souvent, quand je m'allonge dans mon lit,
L'esprit rêveur ou pensif,
Elles viennent illuminer ma vie intérieure
Qui est la béatitude de la solitude ;
Et mon cœur alors, s'emplit de plaisir
Et danse avec les jonquilles.
William Wordsworth écrivit, avec son ami Samuel Taylor Coleridge, les «Ballades lyriques»: un vibrant manifeste du Romantisme. Il chercha continuellement l'émotion dans l'écriture et entreprit de simplifier les tournures de phrase alambiquées qui étaient coutumières à son époque. Un séjour en France, en Touraine plus exactement, nourrit, dans le poème appelé « Le Prélude », sa nostalgie existentielle et son amour irrépressible de la nature.
Sir Frank Francis Bernard Dicksee (1853-1928): Jeune fille de Printemps.
Portrait d'Elsa
Cet artiste au style très précieux, issu d'une famille de peintres, aimait illustrer les récits légendaires et les drames historiques. Il réalisa aussi de nombreux portraits de mode.
Le jaune jonquille, saturé d'or et de lumière, était très en vogue chez différents artistes de la seconde moitié du XIXe siècle et du début du XXe siècle.
William Macgregor Paxton (1869-1941): Une élégante.
John Singer Sargent (1856-1925): Nature morte aux jonquilles.
Ce portraitiste américain renommé entretint des relations amicales avec les Impressionnistes et plus particulièrement avec Degas et Monet.
Henri Fantin-Latour (1836-1904): Jonquilles.
Ce passionné de musique, ami de Whitsler et de Dante Gabriel Rossetti, était fasciné par les maîtres italiens, flamands et français (Titien, Véronèse, Van Dyck, Watteau...). Il expérimenta l'art du portrait mais il connut la notoriété grâce à ses natures mortes où se conjuguent poésie de l'instant et étude approfondie des détails. Les sujets qu'il explore se lovent dans une lumière subtile qui attise les jeux d'ombre et de transparence.
Achille Théodore Cesbron (1849-1915): Les Jonquilles, 1er quart du 20e siècle, Nantes, musée des beaux-arts.
Ce maître des natures mortes, amoureux des roses, était apprécié pour la finesse de ses compositions florales. Il fonda, à la Porte d'Auteuil, une Académie des Arts de la Fleur et de la Plante où il fit dispenser des cours gratuits de dessin et de peinture floraux.
Charles Webster Hawthorne (1872-1930): Jonquilles.
Ce peintre érudit fonda en 1899 la Cape Cod School of Art, dans le Massachussetts, institut qui accueillit des talents comme Norman Rockwell.
George Hitchcock (1850-1913): La petite marchande de jonquilles.
Petit-fils de Roger Williams, le fondateur de l'État de Rhode Island, cet artiste américain exerça le métier de légiste à New-York jusqu'en 1879, année où il traversa l'Atlantique pour devenir l'élève des peintres académiques français Gustave Boulanger (1824-1888) et Jules-Joseph Lefebvre (1836-1911). Il suivit aussi les cours du peintre de marines Hendrik Willem Mesdag (1831-1915), à Düsseldorf et à La Hague.
George Hitchcock: Marchande de fleurs en Hollande.
Le Printemps rayonne à travers le réalisme de ses oeuvres et la vibration colorée de sa touche qui frôle la manière impressionniste. Il est connu pour ses grands champs de fleurs où pulse une lumière intense, celle du renouveau de la Nature.
Champ de fleurs
Champ de crocus au printemps
Le cottage aux jacinthes.
La maison est celle de l'artiste, un havre de charme et de sérénité situé aux Pays Bas, à Egmond Aan Zee, près d'Alkmaar, paysage lové dans une mer florale.
Le temps des fleurs
Le nid de cigognes
Les jacinthes
Champ de tulipes
Mariée hollandaise
George Hitchcock fut le premier Américain à recevoir en France la distinction de Chevalier de la Légion d'Honneur.
James Tissot (1836-1902): Le Bal 1878.
Ami intime de Degas, cet artiste complexe partagea sa vie entre Paris et Londres où il devint l'un des plus célèbres portraitistes de son époque. Les musées anglais abritent un grand nombre de ses œuvres.
L'héroïne du tableau arbore une somptueuse robe jaune jonquille. Fils d'un marchand de mode et d'une modiste, Tissot ne cessa d'accorder dans ses toiles la primauté aux vêtements et aux accessoires. Il aimait également mettre en scène ses personnages de manière « photographique ».
Roderick Henry Newman (1833-1918): Anémones et jonquilles, 1884.
Ce peintre américain, de sensibilité préraphaélite, était un aquarelliste renommé, fasciné par les arts du Moyen-âge et de la Renaissance florentine. Il accomplit de longs voyages à travers l'Europe, l'Égypte et le Japon.
A pas de givre, entre pétales soyeux et lumière sucrée, le Printemps investit doucement le paysage parisien.
Émile Vernon (1872-1919): Beauté de Printemps.
Aussi fines que les fleurs d'amandier et de cerisier, les robes des « héroïnes du printemps » sont un florilège de blancheur et de fièvre rosée.
Vincent Van Gogh (1853-1890): Branches d'amandier en fleurs, 1890.
Henry Ryland (1856-1924): La Primavera.
Une personnification préraphaélite du printemps, en robe d'opale, qui nous offre, sur fond de ciel bleu rosé, sa mélancolique sensibilité.
Jeune beauté
The captive's return, que l'on peut traduire par « le retour du printemps ».
Peintre renommé, illustrateur de livres féeriques et décorateur d'intérieur, Henry Ryland fut inspiré par les thèmes néo-classiques et le mouvement Préraphaélite.
Adrien Moreau (1843-1906): Sous les fleurs de cerisier.
Peintre de genre et d'histoire, il appréciait les sujets néogothiques, les scènes de noces, les bals et les mascarades. Il illustra avec finesse les œuvres de nos plus grands auteurs, dont celles de Balzac et de Voltaire. Dès la fin du XIXe siècle, les collectionneurs américains raffolèrent de ses œuvres.
Sir Frank Bernard Dicksee (1853-1928): L'offrande.
Cette œuvre victorienne, émanation d'un romantisme précieux, décrit l'offrande d'un gage d'amour lorsque refleurit le printemps.
Henrietta Rae Emma Radcliffe (1859-1928): Floraison.
Cette artiste victorienne, à la touche subtile, était connue pour son engagement féministe et ses prises de position marquées en faveur du vote des femmes.
Éclosion du printemps.
Les nymphes du printemps, 1913.
Les belles des tableaux aimantent le pouvoir des fleurs et se parent des attributs des déesses de la reverdie: Flore, Pomone, Aphrodite...
George Hitchcock (1850-1913): Calypso, 1906.
Prêtresses du Féminin Sacré, elles célèbrent une flamme sauvage et douce, quintessence de vie et fluide opalescent qui régénère le cycle des saisons.
Arthur Hacker (1858-1919): Innocence.
Sous le pinceau de cet artiste préraphaélite, ces « dames blanches » évoluent dans un monde mouvant où les verts, les bleus et les ocres tintent comme des notes de musique, parsemées de gouttes solaires auxquelles répond le doré des passementeries.
Harry George Theaker (1873-1954): The anticipated letter.
Une danse ou un conciliabule magique dans un champ semé de fleurs...
George Henry Boughton (1834-1905): Idylle de printemps.
Un florilège de femmes fées, sensuelles incarnations de l'âme-souffle: l'énergie vitale du printemps.
Franz Xavier Winterhalter (1805-1873): Le Printemps.
Sir John Lavery (1856-1941), portraitiste irlandais: Printemps en fleurs.
John William Waterhouse (1849-1917): Flore assise, au regard insaisissable et pétri de mélancolie, nous attire à la croisée de l'hiver et du printemps.
John William Waterhouse: Ophélie parmi les fleurs. A l'orée d'un mystérieux territoire, la lumière cisèle, entre les ombres aquatiques, les broderies et les joyaux de sa robe.
Francis Coates Jones (1857-1932): Le Printemps.
Jeune femme arrangeant un bouquet de fleurs dans un vase.
Fleurs de printemps sur la fenêtre.
Ce peintre américain sillonna l'Europe, en compagnie de son frère, dans les années 1870-1880. Il travailla à Paris et en Bretagne, parmi les artistes de l'École de Pont-Aven, où il rencontra Paul Gauguin.
Albert Lynch (1851-1912): Fleurs fraîches du jardin.
Notre promenade s'achève sur cette caresse embaumée. En attendant de vous retrouver, je vous remercie de votre fidélité et je vous souhaite de cueillir les joies de l'instant...
Le Printemps est en marche...
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Attise mes rubans d'aurore
Touche la terre qui s'éveille
Rêveuse enfant les ombres d'or
Enfièvrent ta bouche vermeille
Ta peau d'opale au goût de fruit
Où la rose prend ses couleurs
Frissonne au baiser de la pluie
Qui tisse des miroirs aux fleurs
L'anémone aux sanglots de feu
Ensemence l'herbe des champs
Pétales pourpres capiteux
En farandole dans le vent
Soufflés sur les chênes des dieux
Les voluptés du paysage
Plus haut que les clochers frileux
Qui effilochent les nuages
Nymphe d'avril dans l'air soyeux
Tu brodes tes secrets arpèges
Sous les cerisiers mystérieux
Tu fais renaître ton cortège
Boutons givrés perles d'argent
Dans le vert écrin de la mousse
Les sortilèges du Printemps
Se lovent dans tes boucles rousses...
Cendrine
« C'est en croyant aux roses qu'on les fait éclore. » Anatole France (1844-1924).
Pour célébrer le retour du Printemps, je vous offre un florilège de beautés douces, au charme suranné, signées Émile Vernon (1872-1919).
Jeunes filles et femmes fleurs dont l'exquise sensualité est l'expression d'une Nature rayonnante.
Muses, nymphes, égéries radieuses ou fiancées de la saison nouvelle... Leur carnation opalescente frissonne au creux d'une palette d'ombres rose-thé.
Les peintures d'Émile Vernon ont souvent été considérées avec dédain, qualifiées de mièvres et de trop académiques, or elles sont caractéristiques d'une mode fleurie, fraîche et délicieuse, en vigueur aux alentours de 1900.
Jeune fille au bouquet de roses
Douceur et romantisme se manifestent dans le choix des coloris, la transparence et le mouvement des fines étoffes, la qualité des broderies et des parures, le soin apporté à la description des visages et des chevelures d'où émane un érotisme diffus.
Ces portraits élégants, fort appréciés en Angleterre et aux États-Unis, trouvent enfin leur place dans l'Histoire de l'Art, parmi les créations de la Belle-Époque.
Jeune beauté sous les orangers
Les Trois Grâces
Dans ses charmes rosés...
Émile Vernon étudia à l'école des Beaux-Arts de Tours où il reçut le premier prix de dessin en 1888. Il devint à Paris l'élève d’Auguste Truphème (1836-1898) et de William Bouguereau (1825-1905), dont les nus féminins, les compositions mythologiques et les décorations murales pour de prestigieux monuments, comme le Grand Théâtre de Bordeaux, suscitèrent autant la critique que l'engouement du public. En 1898, Vernon présenta ses oeuvres à l'exposition de l'école des Beaux Arts et des Arts décoratifs de Tours et jusqu'en 1913, il exposa régulièrement au Salon des Artistes Français.
En 1899, il réalisa des peintures pour le théâtre de Nevers et pour celui de Châtellerault (coupole et rideau de scène) sur le thème des Muses.
Ses portraits, ses paysages et ses peintures florales aux couleurs douces et aux atmosphères vaporeuses sont recherchés par les collectionneurs américains, canadiens et japonais. (Sources Larousse, Bénézit: Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, 14 vol. nouvelle édition 1999.).
La jeune fille aux coquelicots
Éveil de la sensualité, séduction drapée dans un écrin d'innocence, courbes qui se dévoilent et secret langage des fleurs... A certains égards, nous pouvons rapprocher les héroïnes de Vernon des portraits féminins de Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), célèbre peintre et dessinateur français du Siècle des Lumières.
La cruche cassée, 1771.
Mais les jeunes filles représentée par Greuze ont perdu leur virginité et doivent affronter le regard ambivalent de la société alors que les égéries de Vernon sont comme intouchables même si leur beauté est prête à être déflorée.
Jean-Baptiste Greuze, étude pour Psyché, 1786.
Émile Vernon, Lumière des étoiles
La Libellule
Jeune fille au clair de lune
« Il est d'étranges soirs où les fleurs ont une âme. » Albert Samain (1858-1900).
Beauté d'orient
La nymphe des eaux
Les chevelures et les bonnets des jeunes filles et des fillettes sont souvent décorés de cerises.
Gourmandise écarlate aux sucs voluptueux, la cerise est un fruit d'été gorgé des promesses du printemps.
La jeune fille aux cerises et à la colombe
Le chiot malicieux
Les oeillets
Jeune fille au jardin
Jeune fille à la robe rose
Jeune femme élégante avec une rose jaune
Une jeune femme avec un miroir
Une tasse de thé
Un doux moment
Jeune femme au teint de rose
Le Printemps se ranime, je vous souhaite de cueillir les charmes de l'instant!
Avec de gros bisous...
132 commentaires -
Pour la Carte de France des Paysages tenue par Claudine (Canelle)
Début mars, une printanière douceur régnait sur nos paysages. Aimantées par un soleil généreux, des fleurs délicates avaient jailli de terre. Bourgeons et petits fruits se doraient dans la lumière étincelante mais l'hiver n'avait pas dit son dernier mot...
J'ai photographié ces fins crocus, les premiers messagers du printemps, au Jardin des Plantes, le 4 mars 2013.
Avec les stigmates rouge sang du crocus sativus, on obtient le précieux safran, appelé « or rouge ».
Au pied des arbres, cette palette de couleurs douces annonçait la venue du printemps mais en l'espace de quelques jours, la neige a repris l'ascendant sur les forces de fécondité.
Comme aucun bus ne circulait et qu'espérer atteindre Paris en RER était purement illusoire, je me suis promenée autour de mon immeuble, à Sarcelles, dans le Val d'Oise.
Lundi 11 mars, la couleur du ciel témoignait, dès le réveil, d'une rude offensive du froid.
Une tempête de flocons avait métamorphosé la ville en un monde figé où les bruits se mêlaient tout doucement.
Quelques heures après la prise de cette image, la neige atteignait sur la chaussée une hauteur de vingt centimètres.
Une atmosphère un peu inquiétante enveloppait les lieux. L'air crépitait, gorgé de murmures étranges et de chants d'oiseaux assourdis. Le quartier semblait vidé de ses habitants.
Dame Pie, sur son arbre perché, dominait le paysage, minuscule dans les hauteurs...
L'avenue du 8 mai 1945, lieu de passage de notre futur tramway. D'habitude, les embouteillages y sont impressionnants.
L'avenue forme l'axe de communication principal de la ville moderne. Elle est bordée par de nombreux immeubles de bureau et d'habitation. On aperçoit les Labourdettes, grandes tours des années soixante.
Le vent redoublait d'intensité. Je ne me suis pas aventurée plus loin.
Les doigts gourds, les joues cramoisies, je suis revenue en direction de mon immeuble devant lequel s'étaient formées des vagues d'une blancheur immaculée.
J'ai salué, comme à l'accoutumée, le vénérable houx qui se dresse à l'entrée de ma résidence.
Le voici, photographié au tout début de la tempête. Je le contemple plusieurs fois par jour depuis la fenêtre de mon salon et je le considère comme un ami, un ami qui a failli disparaître il y a des années...
En 2004, lors d'une campagne de travaux effectuée sur les parties communes et les espaces verts du quartier, il fut décidé que la végétation locale serait modifiée. J'ai vu avec angoisse disparaître les bosquets et les buissons familiers jusqu'à ce qu'il ne reste plus que ce houx, mon ami houx dressé au milieu d'un océan de terre retournée! Un matin, quelqu'un s'est approché de lui, une tronçonneuse à la main et je me suis précipitée pour essayer de le sauver.
Quand je suis arrivée en bas, le paysagiste qui dirigeait les travaux venait de suspendre l'intention meurtrière de son employé. Il a fait le tour de l'arbre, observé la qualité de ses feuilles et la vigueur de son écorce. Je l'ai entendu dire à son équipe combien il était rare de trouver, dans les méandres d'une cité, un ilex d'une taille aussi développée. Il a également choisi de planter des houx dans la moitié de la rue.
Les houx constituent des abris privilégiés pour les moineaux. Ils s'y lovent en grand nombre et nous donnent la sérénade dès que le temps le permet!
Les jolies baies rouges, appelées cerises du merle ou cerises du bouvreuil, sont très appréciées par les oiseaux.
Les lutins des légendes celtes et nordiques les récoltent pour confectionner des colliers d'invisibilité.
Devant chaque entrée d'immeuble, les houx forment des carrés verdoyants dans lesquels s'épanouissent des weigelias.
A la fin du printemps, ces arbustes à la floraison abondante nous offrent une myriade de fleurs en clochettes qui peuvent être blanches, roses ou rouges (variété Lucifer).
Mars est le premier mois du printemps météorologique. Le pouvoir de la végétation s'éveille autour de nous mais la variabilité du temps est extrême. Les plus vives périodes de temps froid, associées à ce mois capricieux, sont appelées « hiver de l'épine noire » car elles coïncident avec la floraison du prunellier sauvage.
Les anciens almanachs regorgent de dictons concernant le mois de Mars. Le regard aimanté par cette neige crépitante, je me suis laissée imprégner par la sagesse et la poésie des mots d'antan.
« Mars avec ses marteaux
Vient frapper à nos portes. »
« Veaux de Mars et biquets d'Avril. »
« Marteaux », « veaux » et « biquets » désignent les giboulées.
« Mars le fou
Mars n'a pas deux jours pareils. »
« Mars bon ou méchant,
Ton boeuf à l'herbe, ton chien dedans. »
« Fleur marsière
Ne tient guère. »
« Neige de mars brûle le bourgeon
Quand il gèle en mars, il gèle autant en mai. »
« Des fleurs qui s'ouvrent en mars
On n'en a que le regard. »
« Soit au début, soit à la fin
Mars nous montre son venin. »
« Au mois de mars, vent fou et pluie,
Que chacun veille bien sur lui! »
« Pluie de mars grandit l'herbette
Et souvent annonce disette. »
« Si mars commence en courroux,
Il finira tout doux, tout doux. »
« En mars quand il fait beau
Prends ton manteau. »
« Le soleil de mars
Donne des rhumes tenaces. »
« Quand mars se déguise en été
Avril prend ses habits fourrés. »
« Pluie de Mars n'engraisse ni oie ni jars. »
« Mars est capable
De tuer les bêtes à l'étable. »
« Neige de mars vaut un parc (fumier). »
« Mars martèle, Avril coutelle. »
« Autant de gelées en mars,
Autant de rosées en avril. »
« Brouillard en mars, gelée en mai. »
« Poussière de mars, poussière d'or. »
« Mars venteux
Vergers pommeux »
« Quand le mois de mars est poussiéreux,
Le bouvier devient orgueilleux. »
« A mars poudreux,
Avril pluvieux. »
« Ce que Mars couve on le sait toujours
Après son trente et unième jour. »
« Mars gris, Avril pluvieux
Font l'an fertile et plantureux. »
« Hâles de Mars, rosées de Mai
Emplissent le grenier. »
« Mars pluvieux
An disetteux »
« Si le seigle est sans épis,
Au mois de mars c'est tant pis! »
La pluie qui retarde les cultures de Printemps et diminue leur rendement est réputée malfaisante mais contrairement au paysan, le vigneron se réjouit quand il pleut en mars car la pluie éloigne la gelée et favorise la santé de la vigne.
« Quand Mars mouillera
Boire du vin tu récolteras. »
La pluie est également bénéfique pour le lin et le chanvre.
« Quand Mars bien mouillé sera
Bien du lin se récoltera. »
« Plus les rivières s'enflent en mars,
Plus les chennevières croissent. »
« S'il gèle à Notre-Dame de Mars (25 mars)
Chaque mois en aura sa part. »
« Le foin manquera et le lait sera rare
S'il tonne avant Notre-Dame de Mars. »
« A Notre-Dame de Mars
A bas les veillées. »
Le cycle folklorique des veillées qui commençait, vers le 31 octobre, à la période de Samain/Halloween, s'achève au moment de l'équinoxe de Printemps, Ostara, célébré aux alentours du 21 mars. Les créatures hivernales qui tissaient la peur dans l'esprit de nos ancêtres retournent dans les mondes obscurs. Le Printemps attise la sève et vient colorer la Nature.
« Le 25 mars, le compagnon
Rend la chandelle au patron. »
Ce dicton signifie que l'on peut désormais se coucher sans allumer de bougie. Les êtres dangereux qui hantent l'imaginaire des populations fondent comme neige au soleil.
Vert et blanc, les couleurs de l'Autre Monde, de la magie pure et de la Dame des Forêts dans les croyances celtiques.
A l'orée du Printemps, je vous offre cette fleur de cire et cette flamme aux lèvres d'or.
Délicates fantaisies nées sous les doigts de Christophe... Nous partageons la même passion pour les bougies.
Je remercie tous ceux qui m'ont suivie sur mon nouveau blog. Je vous adresse, avec cette rose des neiges, mes pensées les plus douces.
Je souhaite aussi le meilleur des rétablissements aux ami(e)s qui ont glissé sur le verglas ces jours derniers. J'espère que ceux qui se sont fait très mal s'en remettront le plus rapidement possible...
Avec mon amitié!
112 commentaires -
Fidèles lectrices et lecteurs, chers amis,
Je suis ravie de vous accueillir sur mon nouveau blog.
Dans cet écrin où les pensées fusionnent avec les émotions, la vie danse au rythme de la créativité et du partage.
Vous m'avez accompagnée à travers mes promenades parisiennes, pendant un an et demi, et l'aventure va se poursuivre, entre flâneries historiques, notes fleuries et rêveries poétiques...
Je me réjouis d'explorer, au gré de mon inspiration, des bulles de nature dans la ville et de vous faire découvrir ou redécouvrir les monuments de la capitale.
Je vous remercie, de tout coeur, pour les moments que nous avons partagés et je vous dis « à très bientôt » pour de nouveaux articles.
Avec mon amitié!
Cendrine
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