• Pour la Carte de France des Paysages de CANELLE...

     

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     Je reviens avec plaisir en ces lieux où les images d'aujourd'hui se superposent avec celles d'autrefois.

     

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    Ce remarquable ouvrage, tout en courbes et en légèreté, enjambe la Seine entre le Louvre et l'Institut de France, temple de la connaissance dont la coupole dorée s'élance vers les nuages.

     

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    La Passerelle des Arts

     

    Le 15 mars 1801, la construction de cette audacieuse passerelle, premier pont métallique national, fut décidée par un décret de Bonaparte.

     

    Le 28 avril 1801, le projet fut présenté, au Conseil des Ponts et Chaussées, par l'ingénieur Louis-Alexandre de Cessart (1717-1806).

     

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    Le 25 juillet 1802, par un arrêté consulaire, la Compagnie des Trois-Ponts, gestionnaire du chantier, reçut l'ordre d'utiliser la fonte. Grâce à ce nouveau matériau plébiscité par l'industrie anglaise, l'ingénieur Jacques Vincent Lacroix de Dillon (1760-1807) réalisa une oeuvre résolument moderne entre le Pont-Neuf et le Pont-Royal.

     

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    Neuf arches en fonte soutenaient une plate-forme horizontale réservée aux piétons. Dès son inauguration, le 23 septembre 1803, la Passerelle des Arts devint une promenade à la mode. Le visiteur s'acquittait d'un droit de péage et découvrait le pont, conçu comme un jardin suspendu au-dessus des flots. Des bouquets parfumés, des arbustes verts, des plantes exotiques et des orangers en pots étaient répartis de part et d'autre des balustrades.

     

    Les amoureux et les passants pouvaient jouir de la plaisante atmosphère des lieux, grâce aux bancs, aux échoppes et aux bateleurs qui s'y trouvaient. Un glacier y avait établi ses quartiers. Au fil de la nuit, les rencontres et les discussions s'étiraient, dans un ballet de lanternes...

     

    Il faut toutefois préciser qu'on pouvait éviter de payer « un sou » et passer par le Pont-Neuf.

     

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    Le Premier Consul Bonaparte, par Jean-Auguste-Dominique Ingres, 1803.

     

    Malgré les inquiétudes énoncées par les célèbres architectes Percier et Fontaine, Bonaparte imposa le choix d'un pont métallique mais il regretta ensuite l'absence de monumentalité de l'ouvrage et craignit pour sa solidité.

     

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    De la Passerelle au Pont des Arts

     

    Après les ponts de Coalbrookdale et de Sunderdale en Angleterre, la Passerelle des Arts apparut comme un symbole de progrès industriel et de modernité. Elle unissait avec élégance les deux rives du fleuve et desservait le Port Saint-Nicolas.

     

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    Vue du Quai du Louvre et Port Saint-Nicolas au XVIIIe siècle, par Jean-Baptiste Lallemand (1716-1803). (Gallica)

     

    Le Port Saint-Nicolas se situait en aval de l'île de la Cité, alors que la plupart des ports de Paris se trouvaient en amont. La raison en était simple, les piles des ponts constituaient des obstacles dangereux pour le passage des bateaux. Le port recevait des denrées alimentaires et le foin destiné aux chevaux de la cavalerie royale. Il reliait la capitale à la ville de Rouen et fut en activité jusqu'en 1905.

     

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    Vue du quai Saint-Nicolas au pied de la Grande Galerie du Louvre, vers 1750, par Jean-Baptiste-Nicolas Raguenet (1715-1793).

     

    A partir de 1942, les vestiges du port furent aménagés en une agréable promenade qui offrait une vue imprenable sur la Passerelle des Arts. Mais la « dame de fonte » subit des bombardements qui la fragilisèrent et trois accidents fluviaux majeurs, en 1961, en 1973 et en 1979.

     

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    (Cette photographie appartient à la collection de Léonard Pitt, auteur de Promenades dans le Paris disparu.)

     

    Elle avait déjà perdu une arche, en 1852, lors de l'élargissement du Quai de Conti, mais après la collision d'une barge avec une de ses piles, en 1979, elle s'effondra sur près de soixante mètres. Détruite en 1981, elle fut remplacée, entre 1982 et 1984, par une copie en acier. L'architecte urbaniste Louis Gerald Arretche (1905-1991) réalisa la nouvelle passerelle, d'une longueur de 155 mètres, composée de sept arches symétriques en acier, élargies pour favoriser le passage des péniches et des bateaux mouches.

     

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    Les passes navigables se situent dans l'alignement de celles du Pont-Neuf.

     

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    (Le soleil estival s'amuse à faire danser les ombres sur la peau des façades.)

     

    Alors que le plancher du pont en azobé ou bois de fer, un bois d'Afrique imputrescible, résonne sous les pas, la Galerie du bord de l'eau révèle sa sublime scénographie.

     

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    Cette Grande Galerie fut construite, entre 1595 et 1610, sous le règne d'Henri IV, par Louis Métezeau (1560-1615) du côté est, et Jacques II Androuet du Cerceau (1550-1614) du côté ouest. Coupant l'enceinte de Charles V, elle permettait au roi d'accéder aux Tuileries depuis ses appartements du Louvre et se terminait par le Pavillon de Flore.

     

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    Le Cardinal de Richelieu y fit installer l'Imprimerie et la Monnaie Royale des Médailles, en 1640, mais elle accueillit surtout, jusqu'en 1806, des boutiques, des logements et des ateliers d'artistes.

     

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    De 1697 à 1777, les plans-reliefs ou maquettes des villes fortifiées du royaume y furent exposés.

     

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    La Grande Galerie par Hubert Robert, vers 1789.

     

    Le 10 août 1793, le Louvre devint le Muséum central des Arts. Il fut appelé Musée Napoléon en 1803 et plus communément « Palais des Arts » sous le Premier Empire.

     

    Entre 1861 et 1870, la partie occidentale de la galerie fut démolie puis reconstruite par Hector Lefuel (1810-1880) dans un style imitant celui de Louis Métezeau mais le bâtiment fut élargi pour accueillir la collection de carrosses et de voitures de Napoléon III, créer des appartements d'honneur et une salle pour la réunion des États.

     

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    Les pilastres, les guirlandes, les frontons et les fenêtres qui rythment la façade ont été recréés, dans un style composite, 250 ans après la mise en oeuvre du « Grand Dessein » d'Henri IV.

     

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    En tournant le dos à ce décor triomphal, il suffit d'emprunter le Pont des Arts pour rejoindre Quai de Conti, sur la rive gauche, l'Institut de France.

     

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    La fondation de ce monument appelé Collège Mazarin ou Collège des Quatre-Nations fut réclamée par Mazarin (1602-1661) dans son testament, en 1661, et financée par un legs de quatre millions de livres.

     

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    A partir de 1663, l'architecte Louis le Vau (1612-1670) déploya, en bordure de Seine, une somptueuse façade courbe flanquée de deux pavillons décorés de pots-à-feu.

     

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    Le bâtiment était destiné à accueillir soixante gentilshommes originaires des quatre provinces récemment annexées à la France, soit l'Alsace, l'Artois, le Roussillon et le Comté de Pignerol en Italie.

     

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    La Galerie du bord de l'eau, le Pont-Neuf et le Collège Mazarin en 1689, par Sébastien Leclerc (1637-1714). (Gallica)

     

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    En 1670, François d'Orbay (1634-1697) succéda à Le Vau. Il conçut le célèbre dôme circulaire couronné par une élégante lanterne.

     

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    En 1805, Napoléon y transféra l'Institut de France et ses cinq académies, dont la plus célèbre demeure l'Académie Française. La coupole, intérieurement de forme elliptique, abrite la salle où se réunissent les Sages.

     

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    Les académies sont l'Académie Française, l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, l'Académie des Sciences, l'Académie des Beaux-Arts et l'Académie des Sciences Morales et Politiques.

     

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    L'Institut abrite l'extraordinaire Bibliothèque Mazarine, la plus ancienne bibliothèque publique de France et, sous le dôme, la chapelle où trône le Tombeau de Mazarin, sculpté par Antoine Coysevox (1640-1720), Étienne le Hongre (1628-1690) et Jean-Baptiste Tuby (1635-1700).

     

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    Le charmant angelot tient les armes du Cardinal: le faisceau de licteur d'or lié d'argent et la hache, sans oublier les trois étoiles d'or qui ornent les reliures des ouvrages de la bibliothèque.

     

    Avant la construction du Collège Mazarin, la tour de Nesle s'élevait à l'emplacement de l'actuelle aile est.

     

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    Cette célèbre tour formait l'extrémité de l'enceinte de Philippe-Auguste et marquait l'entrée de Paris pour les bateliers qui remontaient la Seine. Dans l'obscurité, une lanterne, la première de « Lutèce », se balançait au bout d'une potence suspendue tout au sommet.

     

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    Sur cette gravure d'Israël Silvestre, on aperçoit la porte et la tour de Nesle au XVIIe siècle. A gauche, se dresse l'Hôtel de Nevers sur lequel fut édifié l'Hôtel des Monnaies. (La gravure vient du site du Musée Carnavalet.)

     

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    Sur celle-ci, la tour fait face à la Galerie du bord de l'eau.

     

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    La Tour de Nesle, par Pieter Bout (1658-1719).

     

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    En 1832, dans la pièce intitulée La Tour de Nesle, Alexandre Dumas Père ressuscita le personnage de Marguerite de Bourgogne, la « reine sanglante », emprisonnée pour avoir tué ses amants après des nuits passionnées. Le spectre de cette princesse capétienne, belle-fille de Philippe le Bel, fait revivre les « légendes noires » de Paris.

     

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    Mais il est temps de revenir vers le pont des Arts car je voudrais évoquer ce qui est devenu un véritable « phénomène » urbain:

     

    Les cadenas d'amour

     

    Je vous en avais déjà parlé mais depuis mon précédent article leur nombre a explosé...

     

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    Une année s'est écoulée entre ces deux photos.

     

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    Que font là tous ces cadenas? Y aurait-il une porte secrète, invisible et truffée de serrures à l'arrière de la balustrade? Le regard aimanté par ces morceaux de métal, je m'approche...

     

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    Il semblerait que, depuis l'année 2008, les amoureux de passage aient commencé à accrocher des « cadenas d'amour » ou « lovelocks » aux rambardes du pont. Ils gravent ou marquent au feutre leurs initiales et jettent les clefs dans la Seine ou les dissimulent dans Paris. Cette tradition pourrait être une émanation moderne de rites d'amour médiévaux qui utilisaient des serrures et des clefs.

     

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    Certains cadenas sont accrochés en haut des lampadaires.

     

    De mystérieuses disparitions

     

    La majorité des cadenas a été retirée, dans la nuit du 11 au 12 mai 2010, mais les services municipaux de Paris ont toujours démenti en être responsables et le mystère n'a pas encore été résolu.

     

    En juillet 2011, ce sont des pans entiers du grillage qui ont disparu sans attirer l'attention. La municipalité a dû installer de grandes planches de contreplaqué en attendant de fixer de nouveaux parapets ajourés.

     

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    Un cadenas à l'effigie de Ganesha, le dieu hindou de la sagesse, de l'intelligence, de l'illumination, de la richesse ou encore du succès...

     

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    A côté de ce cadenas ouvragé, on aperçoit des liens de tissu jaune. Ils font référence à une tradition née pendant la première Guerre du Golfe. Les femmes de militaires attachent un morceau de tissu jaune aux grilles d'une fenêtre ou d'un portail en attendant le retour de l'être aimé.

     

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    Cette « tradition » se répète sur le Pont de l'Archevêché, près de Notre-Dame et sur la Passerelle Léopold Sédar Senghor, face au Musée d'Orsay. J'en ai également photographié sur le Pont Alexandre III.

     

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    La quantité de cadenas est impressionnante!!!

     

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    On rencontre, dans cette forêt métallique, des morceaux de plastique noués et des feuilles de papier roulé, attachées à des cordelettes ou à des rubans colorés. Certains cadenas sont couverts de messages d'amour et d'amitié.

     

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    Cette « pratique rituelle », vraisemblablement apparue dans les années 1980 en Europe de l'Est, s'est propagée dans le reste de l'Europe au début du nouveau millénaire. Certains chroniqueurs font référence à un roman italien, J'ai envie de toi de Federico Moccia où les héros accrochent un cadenas marqué de leurs noms (luchetti d'amore) sur un lampadaire du Ponte Milvio, près de Rome, avant de lancer la clef dans le Tibre.

     

    La vogue des « cadenas d'amour » ne cesse de s'étendre, sur le Ponte Vecchio à Florence, à Venise, à Vérone, à Moscou sur les rambardes du Pont Luzhkov...

     

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    Au-dessus de l'eau, élément matriciel, les serments se figent et la quête de l'amour éternel se pare de superstition. Les clefs vont rejoindre les profondeurs de l'eau, se mêler à la mort et aux ombres aquatiques, là où le temps suspend sa respiration...

     

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    Depuis le pont des Arts, combien de serments et de clefs ont-ils déjà plongé dans le fleuve?

     

    Mon imagination caracole alors que je contemple les bateaux amarrés à proximité de cet ouvrage indissociable de la « mythologie amoureuse » de Paris.

     

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    Une vision des lieux par Edward Hopper, peintre « réaliste » américain, en 1907.

     

    Grâce à ses balustrades ajourées, le Pont des Arts offre une vue exceptionnelle sur la Seine et sert fréquemment de galerie d'exposition à ciel ouvert. Sa silhouette unique séduit le cinéma français et international, inspire les amoureux, les poètes, les peintres, les parfumeurs... Il permet de contempler la magnificence des quais, le Louvre et l'Institut de France et des monuments emblématiques de Paris comme la tour clocher de l'église Saint-Germain l'Auxerrois.

     

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    Il s'agit en réalité du beffroi néo-gothique de la Mairie du premier arrondissement, attenante à l'église. Ce beffroi, édifié en 1860 par Théodore Ballu, est doté d'un magnifique carillon.

     

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    Que vous soyez d'humeur romantique ou dilettante, épris de rêverie ou juste de passage, ne manquez pas d'apprécier l'atmosphère si « spéciale » qui émane de ce pont, entre deux mondes et à la croisée de mille sensibilités...

     

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    A l'entrée du pont, j'ai trouvé ce petit mot sensible et attachant...

     

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    Comme une île perdue

    dans un grand cimetière

    où tremblent suspendus

    des soleils éphémères

     

    Comme un rêve blessé

    qui refuse l'enfer

    et se met à danser

    dans le sang de l'hiver

     

    Les bateaux creusent l'onde

    en liens imaginaires

    sous les berges profondes

    aux âmes nourricières

     

    Je les sens chuchoter

    sur le pont des mystères

    où nos coeurs mélangés

    dévorent la lumière...

     

    Cendrine

     (Pont des Arts, 27 février 2012...)

     

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    Sources et Bibliographie

     

    Charles DUPLOMB: Histoire générale des ponts de Paris. 1911.

     

    Théophile LAVALLÉE: Histoire de Paris: depuis le temps des Gaulois jusqu'en 1850. Hetzel, 1852.

     

    Aubin L. MILLIN: Dictionnaire des beaux-arts. 1838.

     

    Gustave PESSARD: Nouveau dictionnaire historique de Paris. Lejay, 1904.

     

    L M TISSERAND: Topographie historique du Vieux Paris. Imprimerie impériale, 1866.

     

    Émission « Sur le Pont des Arts » de Marianne Durand-Lacaze.

     

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    Je vous laisse en compagnie de Georges Brassens et de ses mots magiques... Sur l'Pont des Arts...

    Plume

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    75 commentaires
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    Entre ombre et lumière, le Printemps compose, dans les squares et les jardins de Paris, une symphonie de couleurs chatoyantes et nous aimante vers une poésie de l'instant. Sous un ciel perlé de sortilèges, je vous invite à butiner les charmes de la capitale...

     

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    Bleu d'immensité où rêvent les grands platanes du Luxembourg.

     

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    Sérénade bleue...

     

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    Songes fugaces au souffle de Zéphyr...

     

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    Entre deux giboulées...

     

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    Un papillon m'a chuchoté que des gouttes de rosée, nées de la robe de la déesse Flora, avaient tissé ces délicates tulipes...

     

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    ...et que les nymphes de l'aurore y avaient versé des secrets de fécondité...

     

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    Crépitent au vent les belles aux jupons enflammés...

     

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    Palette soyeuse après l'averse...

     

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    Le Printemps métamorphose la ville. L'air sucré attise une fièvre voluptueuse.

     

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    Ce petit arbuste de la famille des Éricacées, appelé Pieris ou Andromède, nous offre sa blanche floraison mêlée de pousses rouge carmin.

     

    Je l'ai découvert sur le blog de Canelle et je l'ai retrouvé dans plusieurs jardins parisiens.

     

    Vivace et résistant, il est originaire de l'Est de l'Asie, des Caraïbes et du Nord Est de l'Amérique du Nord. Il fut introduit en 1870 dans les jardins de l'Ouest de l'Angleterre. On le rencontre dans les haies et les massifs de terre de bruyère qu'il partage avec les rhododendrons, les camélias et les azalées. Il se caractérise, d'avril à juin, par ses jolies grappes de fleurs blanches cireuses qui se teintent parfois de rose pâle. Son pollen est toxique.

     

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    Le nom « pieris » évoque la mythique Piérie, contrée des Neuf Muses dans la mythologie grecque.

     

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    Il s'agit probablement de la variété « Mountain Fire » ou « Forest Flame ».

    (Source: Plantencycles.com sur le site de la Société des Gens de Lettres.)

     

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    J'entre avec bonheur dans cette respiration verte...

     

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    Une vague de boutons veloutés, de pampilles odorantes, de dentelles rosées épouse le paysage.

     

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    Les pâquerettes nous offrent un mélange exquis de roses, de rouge et de blanc.

     

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    Romantique cultivar de la petite fleur blanche et dorée qui investit nos pelouses aux beaux jours, la pâquerette« pomponnette » est une bisannuelle de la famille des Astéracées. Elle se caractérise par des feuilles vert brillant disposées en rosette et de jolies efflorescences en forme de pompons chatoyants. Elle fleurit « timidement » en automne et se développe surtout de mars à mai. Elle décore les bordures, les massifs et les jardinières, garnit les corbeilles de baptême ou de fiançailles et permet de composer des petits bouquets élégants. Elle se marie fort bien avec les muscaris, les tulipes, les jacinthes et les narcisses.

     

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    (Photo Graines de Tortue.com)

     

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    Fleur de Pâques, la pâquerette illumine l'herbe des prés et symbolise la reverdie. Dans les temps anciens, elle était consacrée à Apollon Belenos, le seigneur du soleil.

     

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    Son étymologie dérive des mots « pasquis, pasquier » qui signifient « pâturage » en ancien français. Son nom latin, « bellis perennis », évoque la beauté éternelle, la douceur des sentiments, les liens d'amour et la protection de l'innocence.

     

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    Ses jolis boutons, ses feuilles et sa racine sont comestibles. Elle possède aussi des vertus médicinales. Elle est réputée soigner les inflammations de la bouche, de la gorge et des voies respiratoires, résorber les oedèmes et les entorses, nettoyer le sang, raffermir la peau, réduire l'hypertension, apaiser les maux de tête et cicatriser les plaies. Elle est souvent représentée dans la peinture du Moyen Âge et de la Renaissance.

     

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    La « pomponnette » blanche représente la pureté, la jeunesse et l'élégance. On la glisse dans un bouquet pour attirer la bonne fortune amoureuse.

     

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    Parée de rose « vénusien », elle symbolise la tendresse, la grâce enfantine mais aussi l'épanouissement des désirs.

     

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    Du rose pâle au rose dragée, du rose framboise au rose fuchsia, les fleurs printanières composent avec le vert des jeunes pousses une mélodie de douceur et de sensualité.

     

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    Rose fougueux des primevères né d'une alchimie entre le blanc virginal et le rouge passion...

     

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    Au printemps, les vieilles âmes dansent avec les fantômes de l'hiver et se fondent dans la terre, au creux des ombres, des pierres et des écorces.

     

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    Sur l'herbe luxuriante où s'éveillent les parfums, le chant de la sève devient émulsion de couleurs.

     

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    Une vague d'or serpente sous les arbres majestueux, semant des promesses de fécondité.

     

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    Le Printemps s'épanouit dans une atmosphère de sous-bois...

     

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    La délicate jonquille est l'une des fleurs fétiches de la saison nouvelle. Dans le langage floral, elle signifie « je vous désire » et symbolise l'affection partagée. Elle a inspiré de nombreux artistes au cours des siècles.

     

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    Dans mon article intitulé Une giboulée de couleurs, elle se butine à travers la peinture victorienne et la poésie romantique...

     

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    Jonquille d'or âme sucrée

    Au premier rire du soleil

    Attise l'or dans un baiser...

     

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    Dans le jardin mystérieux

    Les mots que j'aime sont en feu

    Ils ont de l'or dans les prunelles...

     

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    L'or ruisselle aussi sur ce petit pissenlit, né dans ma jardinière de menthe.

     

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    Du jaune au vert

    Je papillonne en ce jardin

    Jailli d'un rêve florentin...

     

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    Dans l'écrin du Luxembourg, loin des gelées et des frimas qui nous ont enveloppés, le printemps est luxuriance...

     

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    Aux Tuileries aussi...

     

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    ...règne l'art de la promenade...

     

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    Au Palais-Royal, brille la mélodie de l'eau...

     

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    qui trouve son écho dans les frêles narcisses... 

     

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    Sur les chemins buissonniers, le Printemps trace son sillage parfumé...

     

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    Il sème quelques beautés à l'entrée du RER...

     

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    et se poudre de rose en bas de ma rue...

     

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    Je vous souhaite une agréable semaine ensoleillée et je vous remercie, très chaleureusement, pour vos voeux d'anniversaire. J'ai beaucoup apprécié les messages déposés sur mon blog, les mails, les cartes postales et la myriade de petits cadeaux qui ont voltigé jusqu'à ma boîte aux lettres... Merci beaucoup!

     

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    Je souffle vers vous des pensées d'amitié...

     

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    Gaetano Bellei (1857-1922), The Masquerader

     

    Au premier souffle du Printemps

    Je caracole et je m'effeuille

    Un peu, beaucoup, passionnément?

    Oh oui surtout passionnément!

    Bélier je suis, j'aime le rouge

    Et les couleurs en liberté

    Je suis féline et femme enfant

    Je danse sur le corps du vent

    Mes émotions en giboulées

    Jaillissent aux lèvres de l'instant

    J'aime la nuit et ses secrets

    Jouir de la vie espièglement...

     

    Cendrine

     

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    En ce 15 avril, je souffle avec joie et gourmandise mes quarante-deux bougies...

     

    L'autre jour, je regardais des photos avec une amie. Amusée, elle a trouvé quelques similitudes entre mon sourire et celui de la jeune femme en rouge du portrait. Nous nous sommes alors imaginées, « héroïnes » d'un bal masqué, une petite fantaisie sans prétention...

     

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    Je lève mon verre rempli de frissons d'or et de bulles fruitées à celles et ceux qui fêtent leur anniversaire. Je vous embrasse bien affectueusement!

     

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  •  Un délicieux parfum de violette

     Georges Louis Picard (1857-1943), La vendeuse de violettes.

     Le printemps frissonne encore sous ses dentelles givrées mais, solitaire ou en bouquets, la délicate violette exhale, dans les jardins et les bois, ses effluves sucrés. Elle est une des premières fleurs qui apparaît au sortir de l'hiver et elle est appréciée, depuis l'Antiquité, pour ses vertus médicinales et son parfum envoûtant.

     

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    Vivace, elle apprécie l'atmosphère ombragée des jardins et des bois où elle forme des touffes à partir d'une souche centrale d'où rayonnent de longs stolons. Ses feuilles en forme de cœur ou de rein, pubescentes et longuement pétiolées, dessinent une rosette au ras du sol alors que ses fleurs violet sombre et parfois roses ou blanches s'étirent à l'extrémité des longues tiges. Elles éclosent généralement de mars à mai mais certaines variétés sont plus précoces ou plus tardives.

     

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    Connue depuis la plus haute Antiquité dans le Bassin Méditerranéen, la violette est originaire d'Europe, d'Asie et d'Afrique du Nord. De nos jours, elle est surtout cultivée dans le sud est de la France et la région de Toulouse. La violette et la pensée appartiennent toutes deux à l'espèce de la viola.

     

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    Blanche Odin (1865-1957), Panier de violettes.

     

    Noms populaires

     Fleur de Carême

    Violette de Mars

    Violette des haies

    Violette bleue

    Violette des chiens

    Violette à la couleuvre

    Violier commun

    Violetier

    Vioulétié

     

    Étymologie

     Violette vient du latin viola et du grec lon, désignant la couleur violette.

     

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    Naissance de la violette

     

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    La violette naquit du sang du dieu phrygien Attis dont la déesse aux lions, Cybèle/Agdistis, était passionnément amoureuse. Attis étant promis à Atta, la fille du roi de Pessinonte, Agdistis le frappa de folie. Attis erra par les forêts et les clairières avant de saisir son poignard pour s'émasculer. De son sang jaillit un tapis de violettes parfumées. Quand Atta l'eut retrouvé, elle mit fin à ses jours et leurs sangs mélangés engendrèrent d'autres violettes.

     

    A bien des égards, le mythe d'Attis se rapproche de celui d'Adonis dont le sang fit naître les anémones.

     

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    Adonis par James Northcote (1746-1831), artiste romantique anglais.

     

    La violette est également associée, dans la mythologie grecque, aux amours de Zeus et de Io. Zeus s'éprit de la nymphe Io mais Héra, la reine des dieux, nourrit une jalousie si vive que le seigneur de l'Olympe dut métamorphoser sa ravissante maîtresse en génisse blanche. Les larmes de Io se changèrent en violettes parfumées.

     

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    Ambrogio Figino (1540-1608), Io et Zeus.

     

    Consacrée à Vénus, la déesse de l'amour, la violette était placée dans les temples et les maisons sous forme de couronnes odorantes. D'après certains récits, Vénus céda aux avances de Vulcain, le dieu du feu, maître des forges olympiennes, qui s'était couronné de violettes...

     

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    John William Godward (1861-1922), Danseuse ionienne portant une couronne de violettes, 1902.



    Jeune femme couronnée de violettes, 1902.



    A l'équinoxe de printemps ou au solstice d'été, le parfum délicieux de la violette réveille les légendes et les traditions magiques du Petit Peuple. Elle est la fleur sacrée, annonciatrice du renouveau de la Nature...

     

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    Cicely Mary Barker (1895-1973), Flower Fairies

     

    Dans les croyances anglo-saxonnes, la violette apporte l'amour, la chance et la fécondité. Au moment d'Ostara, le sabbat de la lune de printemps, les anciennes traditions invitent à offrir à la reine des fées une petite écuelle de crème sucrée sur laquelle on aura semé quelques violettes. Mais si une violette fleurit en automne il ne faut pas la cueillir ou respirer son parfum car elle appartient aux « sombres mondes ». Il faut passer son chemin.

     

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    Pour les chrétiens, la violette est l'attribut de Santa Viola, honorée le 3 mai à Vérone et l'emblème de Sainte-Fina qui vécut au XIIIe siècle en Toscane, à San Gimignano. Fina mourut à l'âge de quinze ans, d'une maladie ulcéreuse, après avoir aidé les plus démunis. Les récits populaires rapportent que des violettes jaillirent autour d'elle au moment de sa mort.

     

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    Sainte-Fina par Benozzo Gozzoli (1420/1424-1497).

     

    Dans le langage des fleurs, la violette symbolise la modestie, la pudeur et la timidité car elle dissimule ses semences et s'autoféconde dans son écrin de feuilles.

     

    Quand elle est bleue, elle évoque la fidélité. Si elle est blanche elle représente le bonheur et la sérénité mais elle est avant tout un symbole d’amour secret.

     

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    Les poètes du Moyen Âge et de la Renaissance l'ont chantée. Théophraste, élève d'Aristote, considéré comme un des « pères de la botanique », a évoqué ses vertus.

     

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    Dans l'ancienne Athènes, des pommades et des tisanes à base de violette étaient réputées embellir et apaiser certaines inflammations de la peau . Dans la Rome antique, les violettes odorantes ou violettes de mars, tressées en couronnes, étaient destinées à apaiser les maux de tête et les effets de l'ivresse. On déposait aussi sur les tombes des bouquets de violettes que l'on associait à la mémoire des ancêtres.

     

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    Blanche Odin (1865-1957), Vase aux violettes.

     

    La violette entra naturellement dans les monastères et les jardins de simples du Moyen Age. Elle figure dans de nombreux traités de médecine et de botanique et dans La Flore de Basilius Besler (1561-1629), médecin, botaniste et pharmacien de Nuremberg, où de fines planches décrivent avec précision ses différentes variétés.

     

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    Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les aristocrates des cours européennes se parfumaient avec de la poudre de violette musquée. La violette occupa une place privilégiée dans le Potager du Roi à Versailles et fut dégustée sur les tables les plus prestigieuses. La Quintinie, le jardinier de Louis XIV, créait, avec plusieurs variétés de violettes, des compositions luxuriantes où se mêlaient le rose, le blanc et le bleu.

     

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    Napoléon Bonaparte fut appelé « Père la Violette » par ses soldats lors de son exil à l’île d’Elbe car il était censé « revenir avec les violettes », c’est-à-dire avec le printemps.

     

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    Sarkis Diranian (1854-1918), Élégante au bouquet de violettes.

     

    La passion de Napoléon pour les violettes naquit lors de sa rencontre avec Joséphine de Beauharnais. Elle lui offrit le petit bouquet de violettes qu’elle arborait à la ceinture ou près de son corsage.

     

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    Éléonore Escallier (1827-1888): Bouquet de violettes, 1856.

     

    D'après la tradition populaire, Napoléon cueillit des violettes sur la tombe de Joséphine et les conserva dans un médaillon jusqu’à sa mort.

     

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    Élisabeth Whitehead Violettes, vers 1900.

     

    L'impératrice Marie-Louise, seconde épouse de Napoléon 1er, devenue Duchesse de Parme après la chute de l’Empire en 1814, adorait la violette et en fit l'emblème de la ville.

     

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    Marie-Louise (1791-1847), fille de l'empereur d'Autriche et petite-nièce de Marie-Antoinette.

     

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    La violette cucullée est l’emblème floral de la province canadienne du Nouveau-Brunswick, officiellement créée le 16 août 1784.

     

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    En France, sous le Second Empire (1866), les Palmes académiques adoptèrent la couleur des violettes impériales.

     

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    «Violettes impériales» est le titre d’une opérette interprétée par Luis Mariano, d’abord sur la scène du théâtre Mogador puis au cinéma, en 1952, dans un film de Richard Pottier.

     

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    L'héroïne de cette fable musicale est Violetta, une danseuse gitane, vendeuse de violettes, qui s'éprend d'un comte et devient fleuriste à la cour de l'impératrice Eugénie de Montijo...

     

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    Théodore Chassériau (1819-1856), Mademoiselle Cabarrus, 1848, musée de Quimper.

     

    Sous le Second Empire et à la Belle-Époque, la violette s'imposa comme la fleur des élégantes. Les dames glissaient des petits bouquets ronds dans leur corsage ou piquaient des violettes sur leurs manchons de fourrure, agrémentant ainsi leurs toilettes d'une touche chic et parfumée. Des poésies de Shakespeare étaient parfois glissées à l'intérieur des bouquets.

     

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    Walter Crane (1845-1915), Shakespeare's Garden XI: Violette et Primevère.

     

    Ainsi ai-je réprimandé la violette précoce:

    «Suave friponne, où as-tu volé le parfum que tu exhales si ce n’est au souffle de mon amour? Cet éclat empourpré qui fait le teint de ta joue si douce, tu l’as outrageusement teinté aux veines de mon aimée. »

     

    (William Shakespeare, Sonnets XCIX)

     

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    Les « Violette » sont célébrées le 5 octobre, à la Sainte Fleur. Réputées fidèles et pures dans leurs sentiments, elles sont aussi qualifiées de « grandes amoureuses ».

     

    « L'amour est un bouquet de violettes » chantait Luis Mariano. Emblème du printemps naissant, la violette, sur les cartes de Saint-Valentin et de Bonne Année, attise les désirs ensommeillés, la chance et la prospérité.

     

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    Carte de 1905

     

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    La violette est devenue l'emblème de la ville de Toulouse où chantent les couleurs et les parfums. Confréries et coopératives de la ville rose, appelée aussi « cité des violettes », ont donné ses lettres de noblesse à cette fleur symbole de renouveau.

     

    Aux alentours de 1854, la violette de Parme fut introduite dans les jardins des maraîchers qui s'étendaient au nord de Toulouse. Cultivée en alternance avec les légumes, elle était vendue sur le Marché aux Violettes du quartier des Jacobins et dans les rues animées du centre ville.

     

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    La violette de Toulouse connut un âge d'or pendant la première moitié du XXe siècle. Elle fut exportée à travers toute l’Europe jusqu’en Russie. Il semble que l'hiver 1956 ait détruit une part conséquente des cultures et que les producteurs se soient raréfiés dans la deuxième partie du siècle mais en 1985, Adrien Roucolle, un ingénieur agronome, réussit à relancer la culture de la violette à Toulouse. Elle est aujourd'hui un produit régional incontournable, une manne sucrée qui se décline à travers une myriade de gourmandises...

     

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    Les violettes cristallisées, un de mes pêchés mignons!!!

     

    Des sucres enivrants...

     

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    Des liqueurs et des sirops... (Je ne fais pas de publicité, je vous fais partager mes coups de coeur gourmands...)

     

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    La violette nous fait pénétrer dans un univers de poésie culinaire... Elle se savoure en salade, en confiture, en gelée, sous forme de miel et de pâte gélifiée. Le vin de violettes est particulièrement capiteux.

     

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    La «Violette» est aussi l’une des récompenses décernées par l’Académie poétique des Jeux floraux.

     

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    Et n'oublions pas qu'elle est appréciée depuis fort longtemps par la médecine populaire.

     

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    Albrecht Dürer (1471-1528), Violettes, vers 1500, aquarelle sur parchemin.



    « La première violette que tu trouveras au printemps, mange-la, et l'an devant, tu n'auras jamais la fièvre. » Ce proverbe normand fait allusion à la violette des haies que les anciens grimoires médicaux prescrivent à raison d'une pincée par tasse d'eau bouillante, sucrée au miel.



    Dans la Rome antique, l'usage voulait que les invités des banquets portent des couronnes de violettes tressées pour apaiser les migraines dues à l'ivresse. D'après un texte de l'École de Salerne:

    « Pour dissiper l'ivresse et chasser la migraine,

    La violette est souveraine

    D'une tête pesante elle ôte le fardeau,

    Et d'un rhume fâcheux délivre le cerveau. »



    L'abbé Sebastian Kneipp (1821-1897), incontournable personnalité de la médecine « non conventionnelle », recommandait les compresses imprégnées de décoction de fleurs de violette pour calmer les névralgies et la nervosité.



     

    Un délicieux parfum de violette

     

    L'infusion de fleurs séchées est indiquée contre les inflammations des voies respiratoires, le rhume, la bronchite et la toux quinteuse. Elle adoucit la peau et favorise la cicatrisation des petites plaies. Elle exerce sur l'intestin une action légèrement laxative. La décoction de racine est vomitive. La teinture homéopathique de plante fraîche est utilisée pour calmer les douleurs d'oreille et la toux quinteuse.



    Un délicieux parfum de violette

     

    Un parfum nommé désir

     

    Au XVIe siècle, la poudre de violette musquée était préconisée pour embellir la chevelure. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, elle était utilisée pour couvrir les odeurs corporelles et à l'époque victorienne, grâce à sa richesse en irone, un composé odorant d'une particulière intensité, la violette contribua à l'essor de la parfumerie.

     

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    Symbole de modestie et de discrétion, la violette émet pourtant des notes parfumées à la signature puissante que les parfumeurs utilisent pour créer des fragrances féminines aussi bien que masculines.

     

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    La violette dans les arts

     

    Représentée dans l'enluminure médiévale comme un symbole à la fois marial et courtois, la violette s'impose, à travers différents portraits comme un emblème d'innocence, d'humilité et d'exquise féminité.

     

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    Le Jardin de Paradis, peinture sur bois réalisée vers 1410.

     

    Dans l'hortus conclusus (jardin clos) de la Vierge Marie, la violette éclot près de la rose, de l'iris et du lys blanc. Elle décore aussi les marges, les initiales et les bordures des manuscrits.

     

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    Stephan Lochner (1400/1410-1451), la Madone à la violette, vers 1435-1440.

     

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    Luca Signorelli (vers 1445-1523), La Vierge Marie et l'enfant Jésus avec des saints, 1484. La violette se révèle au premier plan.

     

    Violette des humbles, manne embaumée qui se vendait à la criée ou au gré de la marche, dans les rues des grandes villes.

     

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    Ferdinand Pelez (1848-1913), Un martyr ou le marchand de violettes.

     

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    Stanislaw Wyspianski (1869-1907), la fille aux violettes.

     

    Pétales d'innocence qui se dévoilent sous la caresse du printemps...

     

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    Paul Peel (1860-1892), Portrait de Gloria Roberts, 1889.

     

    Violettes des dames, messagères des élégances et compagnes des rêveries.

     

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    Franz Xavier Winterhalter (1805-1873): L'impératrice Eugénie entourée de ses dames d'honneur, 1855.

     

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    L'impératrice arbore une couronne de violettes et tient un bouquet de violettes dans la main droite.

     

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    Edgar Maxence (1871-1954), Jeune fille au bouquet de violettes, musée des Beaux-Arts de Rennes.

     

    Ce peintre symboliste, originaire de Nantes, peut être rapproché des préraphaélites. Les racines de son art plongent dans le mythique passé de la Bretagne.

     

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    Henry Meynell Rheam (1859-1920), Violettes, 1904. Artiste préraphaélite.

     

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    Sir John Lavery (1856-1941), Portrait de Miss Julia Macguire.

     

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    Lilla Cabot Perry (1848-1933), une des premières artistes impressionnistes aux États-Unis. Portrait d'Alice Perry Grew au bouquet de violettes.

     

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    Eva Gonzalez(1849-1883), La Paresse ou l'Indolence, 1871-1872.

     

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    William Worcester Churchill (1858-1926), Le petit bouquet de violettes.

     

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    Édouard Manet (1832-1883), Berthe Morisot au bouquet de violettes, 1872.

     

    A la fin de l'année 1871, marqué par la guerre franco-prussienne et les évènements de la Commune, Manet retrouve son amie artiste et future belle-soeur Berthe Morisot (1841-1895).

    Il la représente vêtue de noir, telle une mystérieuse apparition, dans une oeuvre tout en ombre et en lumière. Ce portrait « aux noirs », comme l'appellent les historiens d'art, a été prêté à la Royal Academy of Arts de Londres, jusqu'au 14 avril 2013, pour l'exposition « Portraying Life ».

    L'écrivain Paul Valéry (1871-1945) disait: « Je ne mets rien dans l'oeuvre de Manet au-dessus d'un certain portrait de Berthe Morisot daté de 1872. »

     

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    Paul Chmaroff (1874-1950), Femme au bouquet de violettes.

     

    Liqueur de violettes au trouble et mystérieux sillage... Quand fleurs et tissu se confondent dans la transe des couleurs.

     

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    Giovanni Boldini (1842-1931), Luisa Casati avec un lévrier, 1908. Marquise, muse, mécène la Casati est un sacré personnage!

     

    Violette des âmes et des esprits accompagnant la mythique Ophélie dans sa dernière demeure, au fil de l'eau...

     

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    Sir John Everett Millais (1829-1896), Ophélia, 1851-1852.

     

    L'héroïne d'Hamlet arbore un collier de violettes en guise d'offrande funéraire.

     

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    Elles symbolisent aussi la pureté de son amour, dans la vie comme dans la mort.

     

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    Claude Monet(1840-1926), Portrait de Camille au bouquet de violettes.

     

    Camille Léonie Doncieux (1847-1879) était la première femme et le modèle favori de Monet. Elle a également posé pour Pierre-Auguste Renoir et Édouard Manet. Sur ce tableau, elle est déjà très malade et soignée par Alice Hoschedé, la maîtresse de Monet. Les violettes sont à nouveau investies d'une connotation funéraire.

     

    Mais n'oublions pas que leur merveilleux parfum dessine les chemins du rêve et de la fantaisie la plus vive.

     

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    René Magritte (1898-1967), La grande guerre, 1964.

     

    Surréalistes violettes au service d'une poésie de l'image capable de délier toute imagination...

     

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    Blanche Odin

     

    Les aquarellistes et les artistes de natures mortes ont admirablement saisi la beauté qui palpite dans ces bouquets de senteurs.

     

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    Antoine Vollon (1833-1900), Nature morte aux violettes.

     

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    Eugène Claude (1841-1922), Corbeille de bouquets de violettes.

     

    Profondément enracinée dans l'imaginaire des artistes, la violette nous offre une palette d'émotions délicieuses et nous invite à succomber à ses charmes veloutés. J'espère que cette promenade culturelle, gourmande et parfumée vous aura enivrés autant que moi...

     

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    Édouard Manet (1832-1883), Bouquet de violettes, 1872.

     

    Je vous remercie de votre fidélité, je vous embrasse!

     

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  • Pour la Carte de France des Paysages tenue par Claudine (Canelle)

     

    dition revue et augmentée de « Les beautés de Certes-Graveyron ». )

     

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    Je vous invite à cheminer, entre terre et eau, dans le Domaine de Certes-Graveyron, un espace naturel unique situé sur le delta de la Leyre. Cette escapade sur les bords du Bassin d'Arcachon a le parfum de l'amitié et des souvenirs. J'ai vécu en Gironde pendant de longues années et ma famille de coeur y est toujours installée.

     

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    Dans ce paysage magnifique, le ciel, la végétation et le vent s'entremêlent.

     

    Des Espaces Naturels Sensibles

     

    Depuis 1991, le Conseil Général de la Gironde gère et valorise ces lieux choisis en raison de leur patrimoine historique et de leur exceptionnelle biodiversité.

     

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     Dans l'immensité des prés salés, les vaches savourent l'herbe au goût iodé.

     

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    Pendant la deuxième moitié du XVIIIe siècle, le marquis de Civrac, seigneur local, fit mener d'importants travaux d'endiguement et transformer la plus grande partie des prés salés en marais salants. Depuis cette époque, les digues, constamment attaquées par les tempêtes et les fortes marées, sont étroitement surveillées. Leur entretien minutieux permet de protéger les terres et favorise l'accès au Sentier du Littoral.

     

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    Dans cette mosaïque de prairies humides, naturellement salées, un camaïeu de vert, de brun et de bleu nous attire vers des mondes enchantés...

     

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    Historique des lieux

     

    A l'époque médiévale, un tertre artificiel fut érigé sur le domaine de Certes afin de surveiller la circulation maritime du bassin d'Arcachon et à partir de 1768, dans un paysage de prés salés, de marais côtiers et de végétation herbacée, la saliculture se développa, grâce à François Aimery de Durfort, marquis de Civrac, seigneur de Lamothe, de Certes, de Comprian et baron d'Audenge (1724-1773). Les seigneurs locaux arboraient aussi un titre princier, celui de « Captal de Certes ».

     

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    Dispensé par le roi de payer l'impôt sur le sel, le marquis fit dresser de puissantes digues autour de l'île de Branne, située à proximité, et créer des marais salants, entre 1768 et 1773, le long du domaine de Certes. Mais suite aux récriminations des producteurs de sel charentais, son privilège d'exonération de redevance sur le sel fut aboli. François de Civrac termina sa vie ruiné par les travaux pharaoniques qu'il avait engagés et par son train de vie dispendieux à la Cour. Il résidait très souvent, en effet, au château de Versailles et dans son hôtel parisien.

     

    Les salines tombèrent peu à peu en désuétude, au profit des prés salés originaux, mais les modifications humaines se poursuivirent.

     

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    Les écluses croisées sur le bord du chemin témoignent de cette activité bien particulière. Elles sont plus que jamais les gardiennes du niveau des eaux en fonction des marées et des variations de la météorologie. Il en existe trente et une, réparties sur la totalité du domaine.

     

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    A partir de 1843, Ernest Valeton de Boissière (1811-1894), le fils de François Valeton Boissière, un négociant en vin du Quai des Chartrons, à Bordeaux, influa sur le destin de Certes. Il fit planter des pins et creuser des bassins pour la pisciculture.

     

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     Diplômé en 1830 de l'École Polytechnique, ce personnage atypique devint ingénieur géographe dans l'armée avant de quitter celle-ci vers 1832.

     En 1818, son père avait acquis une importante partie du Domaine de Certes auprès d'un certain Guillaume Darles, pharmacien bordelais. En 1837, il acheta de nouveaux terrains au parisien Augustin Walbreck.

     Dès 1843, Ernest de Boissière entreprit la transformation progressive des anciennes salines en réservoirs à poissons. Cette politique de grands travaux exprimait une vision humaniste de la société, fondée sur les théories de Charles Fourier.

     

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     Charles Fourier (1772-1837) envisageait une société composée de phalanstères, des bâtiments communautaires habités par des personnes qui décidaient de s'unir librement. Dans cette nouvelle société utopique, devaient fleurir les fermes, les potagers, les vergers et les viviers à poissons. L'Homme et la Nature pouvaient ainsi vivre en harmonie, éloignés de la notion de profit égoïste.

     Grand philanthrope, Ernest de Boissière concrétisa ces théories en fondant des écoles mixtes. Il semblerait d'ailleurs que le premier collège mixte de France ait été celui d'Audenge, une commune attenante au domaine. Il traversa l'Atlantique quelques années plus tard, en des temps troublés, pour créer une communauté idéale à Silkville, au Kansas.

     

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    Vue de Silkville en 1877.

     

    Le château de Certes

     

    Un premier château fut érigé vers 1350, sur une motte féodale, pendant la Guerre de Cent Ans. Il fut détruit en 1765.

     Entre 1766 et 1769, le marquis de Civrac fit édifier une demeure seigneuriale qui disparut en 1866. Ce « vieux château » se dressait sur une butte artificielle. Un moulin à eau était situé près de sa tour.

     

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    Carte datant de 1708.

     

    Ernest de Boissière fit raser cette construction et ériger à la place une élégante chartreuse, aux alentours de 1855. Il utilisa des matériaux issus des bâtiments démolis et notamment des modillons médiévaux.

     

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    (Parc des Landes de Gascogne.fr)

     

    Après sa mort, Camille Descas, le fils de Jean Descas, un célèbre négociant en vin de Bordeaux, fit moderniser la « maison Boissière » dans le style Second Empire. Il fit ériger des tourelles et un belvédère et agrémenter la demeure d'un décor « Art Nouveau », composé de faïences et de boiseries précieuses, mais le 14 novembre 2010, l'aile sud fut détruite par un incendie.

     Camille Descas et son frère Ferdinand favorisèrent l'essor de la pisciculture et de l'élevage dans les prés salés mais, après leur disparition, survint une période troublée au cours de laquelle le domaine partit en déliquescence.

     Le Conservatoire de l'Espace Littoral et des Rivages Lacustres (CELRL) acquit, à partir de 1984, cette mosaïque de zones humides pour assurer leur protection.

     

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    Le domaine est le paradis des oiseaux. Hérons, milans noirs, spatules blanches, gorges bleues, aigrettes, cormorans, mouettes, goélands, bernaches, canards, oies cendrées, cygnes et bien d'autres espèces évoluent dans ce sanctuaire aquatique, survolant l'immensité des prés salés.

     

    Les poissons qui entrent dans les bassins, grâce aux fortes marées du Bassin d'Arcachon, servent de nourriture aux plus gourmands, ce qui explique la présence de filets sur certains viviers.

     

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    Le délicat gorge bleue à miroir blanc, très rare en nos contrées et à protéger absolument. (Photo de Philip Friskorn pour le Calendrier de l'Oiseau en 2001.)

     

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     Monsieur Cygne a gentiment pris la pose au moment où nous passions.

     

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    L'énergie sauvage des marées et la volonté humaine ont modelé ce réseau d'écluses et de canaux où se reflètent les humeurs du ciel.

     

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    Les « bosses » sont des levées de terre qui séparent les bassins. Les eaux peu profondes y favorisent le développement des algues et des plantes aquatiques et dessinent des méandres bleu saphir.

     

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    Des bleus changeants...

     

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    Des moirures féeriques...

     

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    L'eau, territoire de rêves et de fécondité...

     

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    Au fil de notre marche, nous avons longé le joli port d'Audenge à marée basse. A l'extrémité du quai, se dresse la cabane bleue aux artistes où, de février à novembre, se déroulent des expositions. Les peintres, les sculpteurs et les écrivains y rencontrent le public dans un cadre qui se veut authentique.

     

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    La mélodie graphique des pontons...

     

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    De scintillantes écritures qui dansent au rythme des marées...

     

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    Le lieu est propice à de nombreuses activités: canoë kayak, randonnée, ramassage de coquillages, visite des tonnes (les cabanes de chasseurs), découverte de l'ostréiculture, balades à vélo sur les pistes cyclables autorisées (à ce propos, il est nécessaire de se renseigner dans les Offices de Tourisme d'Audenge et de Lanton).

     

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    Les silhouettes tourmentées des cotonniers qui jalonnent le chemin.

     

    Le baccharis ou faux cotonnier d'Amérique est une espèce invasive, dont les branches et les troncs composent en hiver une étrange forêt. Au printemps, les fruits ressemblent à de grandes aigrettes cotonneuses, répandues par le vent. En été et en automne, ses fleurs mellifères, appréciées des abeilles, donnent un miel biologique de caractère, vendu dans les épiceries locales.

     

    Les Cotonniers de Bassalane est un roman de Michèle Perrein (1929-2010), paru en 1984 aux éditions Grasset. Ce livre, qui reçut le Prix Interallié la même année, relate la vie à la grande époque de la pisciculture.

     

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    Nous abordons la « petite plage » qui fait les délices des baigneurs, à la bonne saison.

     

    Dans ce lieu, les cotonniers, les tamaris et les ronciers affrontent les colères du vent et servent de refuge à différents animaux.

     

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    Ce monde changeant offre une palette unique de formes et de couleurs, comme si le givre de la nuit avait griffé le ciel.

     

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    Je remercie mon amie Antoinette, son mari et sa maman de nous avoir guidés à travers ce paysage alchimique, né de la force du flux et du reflux, entre mer et marais...

     

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    Des espèces rares et menacées vivent dans ce milieu remarquable. Une prise de conscience de leur vulnérabilité est donc indispensable.

     

    La Cistude d'Europe (Emys orbicularis) est une petite tortue qui aime les eaux douces et saumâtres, âgée de deux millions d'années et en voie de disparition. Dotée d'une carapace sombre et un peu bombée, ornée de petits points jaunes, elle possède des pattes palmées, aux puissantes griffes, et une longue queue effilée. Elle arbore un plastron généralement jaune ou noir.

     

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    Elle ressemble à un beau galet brillant.

     

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    Elle aime les marais, les étangs, les lacs, les canaux et les tourbières. Elle se nourrit de végétaux (elle raffole des carottes) mais elle est aussi carnivore et nécrophage. Elle savoure des poissons, des crustacés, des amphibiens et des petits animaux morts.

     

    Dans les haies, les roselières et les prairies humides, vivent le vison d'Europe, nocturne et discret, la loutre joueuse, la genette farouche et la belette, agile, vorace et gourmande, sans oublier les ragondins, les musaraignes et les facétieux lapins sauvages.

     

    Le lézard vert aime profiter de la chaleur sur le bord des chemins. Pendant la période nuptiale, la gorge des mâles se pare d'une somptueuse couleur bleu turquoise.

     

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    (Photo Dinosoria.com)

     

    Les rainettes arboricoles se lovent dans les ronciers et les arbustes des haies: prunelliers, aubépines, églantiers...

     

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    Les chauve-souris, les papillons (paon de nuit) et les insectes (capricornes, lucanes cerf-volant...) abondent dans le domaine. Des « chasses au drap », organisées périodiquement par la Société Linnéenne de Bordeaux permettent de découvrir ces fascinantes créatures nocturnes.

     

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    Grand paon de nuit sur un tronc de tilleul. (Photo de Pierre-Jean Bernard sur e-fabre.com. )

     

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    La flore locale est aussi luxuriante que la faune. Roseaux, ajoncs, fraisiers, violettes et arums sauvages, jacinthe des bois, ancolie bleue, lavande de mer, pissenlits et boutons d'or composent une symphonie colorée et parfumée qui répond, à la saison propice, aux senteurs enivrantes des aubépines et des acacias en fleur.

     

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    La gestion des niveaux des eaux saumâtres doit être effectuée avec beaucoup de minutie.

     

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    Le clocher de l'église d'Audenge, dressé comme un phare dans le paysage.

     

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    Dans ce territoire où nous évoluons constamment à la lisière du conte et de la réalité, les formes se troublent et le jour et la nuit s'interpénètrent... Nos sens aiguisés s'enivrent du chant de l'eau et de la mystérieuse respiration de l'air...

     

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    Si vous en avez un jour l'occasion, je ne peux que vous inviter à découvrir ces merveilles, dans le plus grand respect de ce fragile écosystème, en permanente évolution, et dont la préservation est une absolue priorité.

     

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    Bibliographie

     

    C. BOUSQUET-BRESSOLIER, F. BOUSCAU et M.-J. PAJOT: Les aménagements du Bassin d'Arcachon au XVIIIe siècle. Mémoire du laboratoire de géomorphologie de l'École Pratique des Hautes Études, n°43. Dinard éditions, 1990, 224 p.

     

    M. HOUDART: Entre terre et mer, les 250 ans du littoral. IFREMER, mai 2003.

     

    F. VERGER: Marais et estuaires du littoral français. Paris: Belin éditions. 333p.

     

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    Plume

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