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    Jenny Nyström (1854-1946), L'Étoile de Noël.



    Ami(e)s lectrices, lecteurs,

    Mes pensées s'envolent vers vous, dans le scintillement des bougies, le souffle des légendes et les senteurs enlacées d'orange, de cannelle et de chocolat chaud.

    Que la magie de Noël rayonne dans vos foyers, sereine et généreuse aux portes de l'année nouvelle!

    Je vous remercie pour les moments de joie et de complicité que nous avons partagés, tout au long de l'année 2014, et je n'oublie pas les personnes seules et démunies en cette période de festivités. Puissent-elles connaître un peu de réconfort et d'apaisement !

     

    Je vous embrasse tendrement ainsi que vos proches, prenez soin de vous et à très bientôt dans nos bulles étoilées...



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    Illustration de Joséphine Wall.



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    Scène issue du film « A la croisée des mondes : La Boussole d'Or », 2007.

     

    La nuit du Solstice d'Hiver est une nuit magique, un passage entre les mondes célébré depuis des temps immémoriaux. Elle a métamorphosé les couleurs de l'automne pour créer sa propre féerie.

     

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    La Conteuse, 1906, par Édouard Jérôme Paupion (1854-1912). Photo RMN-Grand Palais, F. Vizzavona / D. Arnaudet.

     

    Jadis, on se réunissait devant l'âtre près de la tisseuse d'histoires, celle dont la pupille gauche révélait un croissant de lune énigmatique et dont le chant propageait le « vieux savoir » pour que la connaissance des récits fondateurs ne soit pas oubliée. Les émotions les plus vives naissaient dans la coupe de ses mots. Elle symbolisait l'âme de tout ce qui avait été et concentrait dans son regard le fascinant pouvoir des Parques. Elle contait les forêts légendaires, les fontaines, les mares et les sources enchantées, la force protectrice de la bûche de chêne, les arbres verts et le soleil en fusion dans le ciel glacé. Elle invoquait, dans les cendres du foyer, la Cailleach ou la « Vieille Épouse de Noël », mystérieuse déesse celtique associée à la chouette, emblème de sagesse et de clairvoyance...

     

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    Quand le vent glacé grondait à la cime des arbres, frappait aux fenêtres et s'engouffrait sous les toits, on savait, par les hypnotiques mouvements de ses lèvres, que les Grises chevauchaient, que Lucie la Blanche parcourait les chemins, sa couronne de lumière ouvrant l'obscurité, et que le Chasseur Sauvage menait son armée fantôme sous les nuages d'argent.

     

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    La Chasse Volante d'Odin, peinte en 1872 par le peintre norvégien Peter Nicolai Arbo (1831-1892).

     

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    La marche des lutins, par John Bauer (1882-1918), illustrateur suédois.

     

    Elle est devenue spectrale mais les braises de l'imagination rougeoient encore dans la mémoire de l'âtre. Sa magie chemine avec le Père Noël et les Dames de la Nuit (Holle, Holda, Berchta, Perchta, Aradia...), Grand-Père et Grand-Mère Hiver, les Rois Mages, la Sorcière Befana et toute une cour de personnages facétieux et fascinants.

     

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    Gustav Fjaestad (1868-1948), Paysage hivernal.

     

    Pour célébrer les charmes de la période, je vous invite au coeur des contrées glacées, dans le monde merveilleux de l'illustratrice suédoise Jenny Eugenia Nyström (1854-1946), sur les traces de la Chèvre de Yule, du Julenisse et du Tomte...

     

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    Dans les pays du Nord de l'Europe et les régions situées près du Cercle Polaire, de sympathiques petits lutins apportent traditionnellement les cadeaux.

     

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    Pendant la nuit du Solstice d'Hiver, la plus longue de l'année, on entend tinter des grelots enchantés dans l'air soyeux. Les lutins prennent place dans un traîneau conduit par des rennes ou des boucs ou chevauchent à travers la neige une chèvre sacrée, aux cornes recourbées, émanation des forces de fécondité.

     

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    Julbocken, (1912), par John Bauer (1882-1918).

     

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    Ils sont les avatars de l'Esprit du Foyer, le Lutin qui veille sur chaque habitation en échange de lait, de bière, de liqueur de myrtille ou d'airelle et de plaisirs sucrés.

     

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    Les illustrations de Jenny Nyström mettent en scène le Julenisse, personnage légendaire de la tradition suédoise,« héritier » du Nisse protecteur des fermes.

     

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    Le Julenisse est un pourvoyeur en cadeaux, à l'instar de la Chèvre de Noël (Julbock) à laquelle il s'est peu à peu substitué. Dans l'imagerie traditionnelle, il apporte les cadeaux et présente des traits caractéristiques d'un autre personnage incontournable : le Père Noël. Il peut prendre place dans un traîneau conduit par des rennes mais la chèvre l'accompagne le plus souvent dans sa tournée.

     

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    Dans les pays scandinaves, le Julbock est considéré comme l’un des plus anciens symboles de Noël. Ses origines sont pré-chrétiennes et marquent, dans le Zodiaque, la venue de la Lune du Capricorne.

     

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    John Bauer, Chèvre de Jul et Nisse.

     

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    Deux boucs conduisaient le char du dieu Thor, divinité nordique du tonnerre qui créait la foudre avec son marteau Mjöllnir pour combattre les géants, forces du chaos. Pour nos ancêtres, la pluie tombait en raison de violentes querelles entre les dieux. Les dieux de la guerre jetaient leurs chars contre les nuages ou s'affrontaient en se lançant des myriades d'éclairs.

     

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    Le dieu Thor, peint en 1872 par l'artiste suédois Marten Eskil Winge (1825-1896). On aperçoit ses deux puissantes montures : Tanngnjost « Dents Grinçantes » et Tanngnsnir « Dents étincelantes » qui seraient, d'après les légendes nordiques, les ancêtres des rennes du Père Noël.

     

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    Attributs de Thor/Donar, le maître de la météorologie, les boucs et les chèvres furent hélas associés au Diable et aux sorcières à l'époque chrétienne mais pour les populations rurales, les petites chèvres en paille, confectionnées au moment du solstice d'hiver, étaient dotées de vertus apotropaïques.

     

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    Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les croyances populaires faisaient état de boucs-croquemitaines qui se glissaient dans les maisons pour effrayer et punir les enfants turbulents, à l'instar du Père Fouettard ou de Krampus (voir mon article sur la Saint-Nicolas).

     

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    Julbock, par Connie Lindqvist (1950-2002).

     

    Au cours du XIXe siècle, le Julbock devint la créature chargée de distribuer les cadeaux (tout comme le lièvre d'Ostara distribue les oeufs de Pâques). Chaque enfant tressait son Julbock avec du blé séché car d'après la légende, pendant la nuit de Noël, la chèvre blanche et dorée voyageait dans les airs jusqu'au pays des cadeaux afin d'y quérir ce que l'enfant désirait.

     

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    Chèvre de Yule/Jul (Image Norgska.fr)

     

    Le Julbock fut ensuite « remplacé » par le Julenisse mais il demeure un personnage incontournable des festivités de Noël et il accompagne le petit lutin à bonnet rouge dans ses tournées.

     

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    Dans la Suède ancienne, les jeunes gens se rendaient de ferme en ferme pour chanter des chansons de quête sur le thème de la chèvre de Noël. L'un d'eux, considéré comme le porteur de l'Esprit de Noël, arborait un masque blanc et de grandes cornes. On offrait volontiers de la nourriture et des boissons traditionnelles à ces visiteurs facétieux.

     

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    Illustration de John Bauer, 1910.

     

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    Dans la ville de Gävle, en Suède, on peut admirer chaque année, depuis 1966, une chèvre de paille géante (13 mètres) qui reproduit, de manière contemporaine, la tradition du Julbock. Érigée à l'initiative de Stig Gavlén, un consultant en publicité, dans l'espoir d'attirer les visiteurs vers les commerces du quartier de Slottstorget, elle est devenue une véritable institution.

     

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    Chèvre de Gävle, photographiée le 21 décembre 2009 par Tony Nordin/Apeshaft.

     

    Chaque année, certains essayent de brûler cette version inattendue du Julbock traditionnel. Des paris sont lancés pour tenter de savoir si elle sera consumée avant Noël ou la Nouvelle Année. En 2006, les autorités locales ont décidé de la faire revêtir de matériaux ignifugés et de placer des caméras tout autour. Il est de plus en plus difficile de brûler la chèvre ou le bouc de Gävle mais des esprits zélés, périodiquement, y arrivent.

     

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    Le Tomte, variante du Julenisse, apparut, en 1881, sous une forme illustrée dans le magazine suédois Ny Illustrerad Tidning.

     

     

    «Le froid de la nuit de la mi-hiver est intense,

    les étoiles scintillent et frissonnent.

    Ils dorment tous dans la ferme isolée,

    profondément à l'heure de minuit.

    La lune glisse sur sa trajectoire silencieuse,

    la neige poudre de blanc brillant pins et sapins,

    la neige poudre de blanc brillant les toits des maisons.

    Seul le tomte, dans l'obscure nuit, est éveillé. »

    « Midvinternattens köld är hård,

    stjärnorna gnistrar och glimmar.

    Alla sover i enslig gård

    djupt under midnattstimma.

    Månen vandrar sin tysta ban,

    snön lyser vit på fur och gran,

    snön lyser vit på taken.

    Endast tomten är vaken. »

     

     

         (...)

    Viktor Rydberg (1828-1895), Tomten

     

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    Protecteur du foyer et pourvoyeur en nourriture et en cadeaux, le Tomte voyage à pied ou à dos de chèvre ou de cheval. Il aime tantôt la solitude, tantôt la compagnie de ses congénères et de certains animaux.

     

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    Les lutins s'affairent dans le paysage avec une vigueur facétieuse et la magie du Père Noël fait crépiter la nuit.

     

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    « Joulupukki », le nom finnois du Père Noël, vient de « Joulu » : « Noël » et de « Pukki », mot qui désigne le bouc et fait référence au « Nuuttipukki », un personnage mystérieux de l’ancienne Finlande qui se rendait de maison en maison, vêtu d'un costume de bouc. Il arborait de grandes cornes et un masque composé d'écorce de bouleau, l'arbre traditionnel des chamanes polaires et de la Déesse Blanche. On lui donnait de l'alcool et de la nourriture. Il distribuait des friandises aux enfants sages et des fagots tressés aux turbulents.

     

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    Le Père Noël vit en compagnie de son épouse, la Mère Noël (Joulumuori), des lutins (Joulutonttu) et des rennes, en Laponie finlandaise, à Korvatunturi, un mont de forme arrondie et doté, d'après la légende, de grandes oreilles qui lui permettent d'entendre ce que disent les enfants... Tout au long de l'année, avec la précieuse aide des lutins, il fabrique les cadeaux dans son atelier. A la date fatidique, il prend place dans un traîneau tiré par des rennes mais, à la différence du Santa Claus américain qui glisse dans les airs, il voyage par voie terrestre.

     

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    Arthur Rackham (1867-1939), Père Noël.

     

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    Profondément ancré dans le coeur et l'esprit des enfants et de ceux qui ont su préserver leur âme d'enfant, le Père Noël est l'émanation de traditions très anciennes dont l'origine se perd dans la nuit des temps. Figure païenne assumée que l'Église tenta vainement d'annihiler -allant même jusqu'à brûler son effigie devant la cathédrale de Dijon en 1951- il est le chantre des mystères du Solstice d'Hiver et prolonge les célébrations de la Saint-Nicolas...

     

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    « ...Saint Nicolas qui fut abolie dans plusieurs pays d'Europe après la Réforme (XVIe siècle) mais qui survécut, pendant des décennies, aux Pays-Bas. Au XVIIe siècle, les traditions néerlandaises s'implantèrent aux États-Unis lors des arrivées massives d'immigrants. Les Hollandais fondèrent la colonie de Nieuw Amsterdam qui devint New York en 1664 et le traditionnel Sinter Klaas néerlandais devint Santa Claus, le Père Noël, qui accomplit sa tournée dans la nuit du 24 décembre.

     

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    La marque Coca Cola modela son apparence et le fit connaître d'un large public mais elle n'a en aucun cas créé le débonnaire personnage à barbe blanche. Il faut se méfier de ce qu'on peut lire sur de nombreux sites qui interprètent très mal les récits de folklore et l'histoire des traditions populaires. » Extrait de mon article intitulé Saint-Nicolas, le messager de l'hiver.

     

    L'année prochaine, je vous ferai découvrir les mythes qui ont présidé à la création du Père Noël et les procédés inventés par les Puritains pour tenter de le faire disparaître, sans oublier les auteurs (Washington Irving, William Gilley, Charles Dickens...) et les illustrateurs (Clément Moore, Thomas Nast, Haddon Sundbloom...) qui ont modelé l'iconographie de ce personnage indissociable de la magie hivernale.

     

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    Je vous souhaite à nouveau de très belles fêtes. Amicalement vôtre et gros bisous !

    Plume

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    Quinze jours avant le Solstice d'Hiver, un personnage débonnaire et complexe, émanation des plus anciennes légendes et de rituels mystérieux, accomplit, dans certaines régions de France et dans plusieurs pays d'Europe et du monde, une distribution de friandises et de cadeaux. Très attendu par les enfants, il apporte la lumière de l'espérance et protège les innocents contre les forces de l'obscurité hivernale.

     

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    Saint-Nicolas naquit vers 270 après J.-C. dans la ville de Patare, en Asie Mineure. Sa mère s'appelait Anne, elle était la sœur de Nicolas l'ancien, archevêque de Myre, et son père, Euphémius, était un homme riche et très pieux. Il aurait accompli son premier miracle en se tenant debout dès sa naissance. Il fut évêque de Myre, ville située dans l'actuelle Turquie, et mourut le 6 décembre de l'année 310.

     

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    Une huile odorante et miraculeuse s'échappa de son sépulcre, déposé dans la cathédrale de Myre dont les Sarrasins s'emparèrent en 1087 mais des marchands italiens parvinrent à subtiliser ses reliques et à les emmener à Bari, dans les Pouilles où fut érigée une magnifique cathédrale en son honneur. Les rituels qui lui furent associés se propagèrent le long des voies fluviales et maritimes et furent principalement diffusés en France au retour des Croisades.

     

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    Le culte de Saint-Nicolas s'implanta en Lorraine aux alentours de l'an mil et devint « officiel » en 1477, après la victoire de René II sur Charles le Téméraire, à la bataille de Nancy. Il se mêla peu à peu, dans les contrées celtiques et germaniques, à des personnages locaux.

     

    Son patronage concerne une foule de métiers et d'activités: écoliers, enseignants, voyageurs et pèlerins, jeunes gens désireux de se marier, forgerons, cordonniers, brasseurs, tonneliers, marins, bateliers, pêcheurs, bouchers, apothicaires, ciriers, vitriers, prisonniers, notaires dans certaines régions, avocats à Paris. Il est aussi le saint patron de la Russie, de la Grèce, des villes d'Amsterdam, de Fribourg, de New York...

     

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    Au XVIe siècle, la Réforme de Luther s'efforça de remplacer Saint-Nicolas par l'enfant Jésus ou Christkindel mais Nicolas « survécut » et se confondit, au fil du temps, « avec des personnages locaux pour engendrer un personnage synthétique qui, sous l'influence américaine, deviendra plus tard le Père Noël », comme nous l'explique Bernard Coussée dans son passionnant ouvrage intitulé Saint-Nicolas: Histoire, mythe et légende.

     

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    En 1871, suite au Traité de Francfort, 20000 lorrains et alsaciens quittèrent leur terre natale et se répartirent à travers les différentes régions de France. Ils propagèrent la coutume du sapin de Noël, initiée en 1837 par la duchesse d'Orléans. La duchesse avait fait dresser un sapin aux Tuileries mais l'arbre vert était resté marginal hormis dans la noblesse et la bourgeoisie aisée.

     

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    Les migrants répandirent aussi le culte du vieillard débonnaire à barbe blanche, portant la crosse, la mitre et arborant un manteau rouge. Dans l'imagerie populaire, il est accompagné d'un âne soutenant un sac rempli de cadeaux et d'un alter ego réputé maléfique, le Père Fouettard, émanation de Krampus, un démon des anciens mondes.

     

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    Les miracles de Saint-Nicolas

     

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    Le Miracle de Saint-Nicolas, 1696, œuvre du peintre Louis Herluison, actif dans la deuxième moitié du XVIIe siècle.

     

    La légende de Saint-Nicolas relate une succession de miracles associés à des cycles d'abondance et de fécondité, comme en témoigne la Complainte des enfants au saloir.

     

    « Il était trois petits enfants,

    Qui s’en allaient glaner aux champs.

    Ils sont tant allés et venus

    Que le soir ils se sont perdus.

     

    Ils sont allés chez le boucher :

    « Boucher, voudrais-tu nous loger ? »

    « Entrez, entrez, petits enfants,

    Il y a d'la place assurément.

    Nous vous ferons fort bien souper.

     

    Ils n’étaient pas sitôt entrés

    que le boucher les a tués.

    Les a coupés en p'tits morceaux

    Mis au saloir comme pourceaux.

     

    Saint Nicolas au bout d'sept ans

    vint à passer dedans ce champ,

    alla frapper chez le boucher :

    « Boucher, voudrais-tu me loger ?»

     

    « Entrez, entrez Saint Nicolas.

    De la place, il n’en manque pas. »

    Il n’était pas sitôt entré,

    Qu’il a demandé à souper.

     

    « Voulez-vous un morceau d'jambon ? »

    « Je n’en veux pas, il n’est pas bon. »

    « Voulez-vous un morceau de veau ? »

    « Je n’en veux pas, il n’est pas beau.

     

    « Du p'tit salé je veux avoir

    qu’il y a sept ans est au saloir.»

    Quand le boucher entendit ça,

    bien vivement il se sauva.

     

    « Boucher, boucher, ne t’enfuis pas !

    Repens-toi, Dieu te pardonn’ra. »

    « Petits enfants qui dormez là,

    je suis le grand Saint-Nicolas.»

     

    Le grand Saint étendit trois doigts,

    et les enfants ressuscita.

    Le premier dit : « J’ai bien dormi.»

    Le second dit : « Et moi aussi.»

    « Je me croyais au paradis.»

    A ajouté le plus petit.

     

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    Vitrail de l'histoire de Saint-Nicolas, visible dans l'église de Joinville en Haute-Marne. Photo Vassil.

     

    Le plus fameux miracle de Saint-Nicolas fut donc de ressusciter les trois garçonnets que le boucher avait découpés et mis au saloir. Personnage vorace qui représente les forces obscures de la terre, le boucher est souvent évoqué dans les contes et les récits de veillée. Il se rapproche des esprits du sel qui accompagnent le saint dans les histoires populaires.

     

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    Saint-Nicolas entendit aussi les prières d'une femme qui s'était rendue à la messe en oubliant son enfant dans le bain. Quand elle regagna sa maison, l'enfant l'attendait, sain et sauf, dans une cuve d'eau placée sur le feu.

     

    Saint-Nicolas et les mystérieuses puissances de l'eau

     

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    Le long des voies navigables, Nicolas s'est substitué à Hnikar Odin, l'ancien dieu germanique des eaux. Je cite à nouveau Bernard Coussée : « Derrière la légende médiévale de Saint-Nicolas, on décèle des traditions pré-chrétiennes relatives à un démon des eaux. »

     

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    Georg Von Rosen (1843-1923), Odin the wanderer (Odin le vagabond), 1886.

     

    L'étymologie du nom « Nicolas » est particulièrement riche de sens. Nickes et nix signifient « génie des eaux » en allemand, ce qui fait de Nicolas, par différents aspects de sa légende, l'enfant de la Nisse, une créature mystérieuse et complexe, à la fois mère des eaux et croquemitaine aquatique.

     

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    La Nisse ou Nixe évolue dans les eaux profondes, troubles ou marécageuses et règne sur les tourbières enchantées. Cette ogresse protéiforme apprécie la chair des enfants qu'elle attire par le biais de métamorphoses humaines et animales. Elle engendre les Nisses ou Nixes, puissances liquides qui incarnent la férocité des eaux en période de crue ou de changement de saison.

     

    Mais dans le folklore du nord de l'Europe, le Nisse désigne un facétieux et bienveillant petit lutin qui distribue les cadeaux aux enfants, la nuit du solstice d'hiver.

     

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    Jenny Nyström (1854-1946), peintre et illustratrice suédoise de livres pour enfants, le Nisse ou Tomte.

     

    Fils de la Nisse et saint thaumaturge, Nicolas est un médecin (du corps et de l'âme), c'est à dire un « mire » en ancien français. A la fois mage et guérisseur, il exerce un pouvoir sur l'élément liquide, matière ambivalente dans laquelle on se « mire », miroir des autres réalités lovées dans le monde humain.

     

    Il est honoré dans de nombreuses chapelles situées près de l'eau et dans les lieux où se concentrent les forces telluriques. Ses reliques y ont attiré pendant des siècles les pèlerins venus de toute l'Europe.

     

    C'est le cas de sa « phalange dextre bénissante » rapportée, à la fin du XIe siècle, après la Croisade, par le chevalier Albert de Varangéville (certains auteurs le nomment « Aubert ») à Saint-Nicolas-de-Port, en Meurthe-et-Moselle.

     

    En Vendée, où de nombreuses églises ont été construites sous son patronage, des processions se déroulent dans les petits villages et ont toujours « un rapport avec l'eau ».

     

    En Grèce, où il est le saint patron des bateliers, on trouve dans plusieurs chapelles des petits bateaux votifs qui lui sont dédiés. En France également, le long des côtes vendéennes et bretonnes (...) ou à l'intérieur des terres. Le musée de la marine possède certains de ces ex-voto(s).

    (Le nom masculin ex-voto était invariable en orthographe traditionnelle jusqu'en 1990, date à laquelle l'Académie Française a autorisé le « s » au pluriel. Ex-voto peut aussi s'écrire sans le trait d'union soit un exvoto, des exvotos. De nombreuses choses ont changé dans la langue française, qu'on soit d'accord on non, c'est l'Académie qui décide. Ensuite on choisit d'utiliser à sa convenance l'ancienne ou la nouvelle orthographe ou les deux. Il faut en conséquence faire attention quand on croit relever des erreurs dans un texte et avoir la certitude qu'il s'agit bien de fautes. La personne qui écrit a le droit de préférer la nouvelle orthographe à l'ancienne ou inversement. J'apprécie de mélanger les deux car la langue est évolutive, elle l'a toujours été. J'ai étudié pendant des années la Grammaire Historique et certaines évolutions coulent de source. Un jour, la nouvelle orthographe sera ancienne et ainsi de suite... Pour les personnes intéressées, l'ouvrage de Dominique Dupriez intitulé La nouvelle orthographe en pratique est excellent.)

     

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    Bateau ex-voto fabriqué au 18e siècle à Saint-Leu d'Esserent, dans l'Oise. Il fut appelé « le bon Saint-Nicolas » par un marin anonyme. Copyright musée de la Marine.

     

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    Saint-Nicolas et la magie des éléments

     

    A l'instar des gnomes, des nains et des lutins, Nicolas est associé aux trésors souterrains. Il est invoqué près des mines, des puits et des rivières où l'on découvre des paillettes aurifères. Les concrétions minérales étranges, souvent considérées dans le folklore comme l’œuvre du Diable (Old Nick), sont liées à sa mythologie; de même pour le sel (que l'on retrouve dans l'histoire du boucher), le cuivre et le nickel.

     

    Le nickel fut découvert en 1751 et placé sous l'obédience de Nicolas, maître des passages et des richesses enfouies. Nicolaus désigne aussi un lutin facétieux, gardien des mondes chthoniens et des chemins qui s'enfoncent vers les profondeurs de la terre où se forment les métaux.

     

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    Nicolas est un personnage magique, une sorte de Merlin voyageur dont les exploits s'enracinent dans les récits de veillée. Il peut « lever » le vent grâce à certaines incantations, changer les créatures animées en pierre, faire danser le feu sur l'eau, ouvrir les tumuli et briser les pierres scellées. Il est invoqué contre les tempêtes et les caprices de la météorologie. Son image et son nom ornent des bateaux miniatures qui font office de talismans. Il possède une clochette d'argent, instrument féerique, qui influe sur les cycles de la lune.

     

    Patron des apothicaires, il dénoue la fièvre et les maladies humides autant que la peur. Des médailles à l'effigie du saint étaient placées sur le front des enfants pour faire tomber la fièvre et apaiser les cauchemars et les terreurs nocturnes.

     

    Il est accompagné d'un Valet Noir et du Hans Trapp, à la fois lutin, ogre, elfe sombre et cyclope lié au monde de la houille, des carrières, des mines, des étangs et des tourbières.

     

    Avec le Père Fouettard, il se transforme en un mystérieux Janus qui règne sur les éléments et peut consoler, sauver, guérir, protéger mais aussi affoler et « tuer » de manière initiatique.

     

    Le Père Fouettard: double obscur de Saint-Nicolas

     

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    Ce personnage rude, au visage souvent noirci, qui porte une baguette ou des verges trempées dans le vinaigre est connu dans l'est de la France sous le nom de « Père Fouettard ». Vêtu d'un grand manteau et coiffé d’un capuchon ou d’une cagoule, il a de grosses bottes et réprimande les enfants qui n'ont pas été sages pendant l'année. On commença à parler de lui au XVIe siècle.

     

    D'après certaines légendes, il naquit à Metz en 1552, pendant le siège de la ville par les troupes de Charles Quint. Les messins auraient promené l'effigie de l'Empereur à travers les rues avant de la brûler et la dépouille noircie serait devenue, au fil du temps, cette inquiétante figure aux pouvoirs initiatiques, associée à la tournée de Saint-Nicolas.

     

    D'après d'autres récits, le Père Fouettard serait un Maure venu d'Espagne ou le boucher qui avait mis les trois petits enfants au saloir.

     

    Contraint d'expier sa faute en accompagnant Saint-Nicolas, il porte différents noms en fonction des pays qu'il visite.

     

    En Alsace, on l'appelle communément Hans Trapp.

     

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    Hans Trapp, 1953, photographie issue de l'almanach de Wintzenheim.

     

    En Belgique et aux Pays-Bas, on le nomme Zwarte Piet (Pierre le Noir) ; en Wallonie, Hanscroufe ou Jean le Bossu ; en Allemagne, Ruprecht ou Knecht Ruprecht mais aussi Pelznickel, Pelzruppert, Rasselbock, Pelzbock ou encore Bartel...

     

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    Knecht Ruprecht

     

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    Sur cette illustration du 19e siècle, Knecht Ruprecht suit le Christkindel (enfant de Noël) qui fut substitué par les théoriciens de la Réforme à Saint-Nicolas.

     

    En Suisse, il est appelé Schmutzli ou Hansmuff (Jean qui fait la moue) ; au Luxembourg, Housecker ; en Autriche, Krampus...

     

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    Krampus

     

    Le mot vient du haut-allemand « Krampen » qui signifie « griffes » ou « crochet ».

     

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    Dans les régions alpines, Krampus est une sorte de diable indissociable de Saint-Nicolas. Traditionnellement, les jeunes hommes se déguisent en Krampus pendant les deux premières semaines du mois de décembre et plus particulièrement dans la soirée du 5 décembre. Ils parcourent les rues en compagnie d'enfants qui agitent des chaînes et des cloches.

     

    Leurs costumes se composent de masques en bois, de peau de mouton et de cornes. Ces « démons » anciens et modernes ont pour fonction d'effrayer les passants et notamment les jeunes femmes, ce qui correspond à d'anciens rites de sexualité et de fécondité, à l'instar des Lupercales romaines.

     

    Ainsi, des processions d'hommes masqués et portant des bâtons, guidés par le « vieux Saint Nicolas » et son diable de valet entraient dans les maisons pour forcer les femmes et les jeunes filles à danser voire à se frotter contre eux.

     

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    Les cadeaux de Saint-Nicolas

     

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    Dans les régions les plus froides, alors que les nuits dévorent de plus en plus la lumière du jour, ce personnage incontournable du folklore de l'hiver est attendu par les enfants. Sa venue coïncide avec le tintement d'une clochette d'argent et trois coups frappés à la porte. Il apporte des fruits, des jouets, une myriade de gourmandises (dragées, bonbons, personnages en chocolat, en massepain, en pain d'épices, männeles, petites brioches en forme d'animaux, pièces en chocolat recouvertes de métal doré...) et bénit les enfants sages avec sa crosse. Comme il sait lire au plus profond des cœurs, on ne peut rien lui dissimuler.

     

    En France

     

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    Saint-Nicolas est très fêté dans l'Est et le Nord de la France où il est encore plus attendu que le Père Noël. Le Père Fouettard qui l'accompagne est vêtu de noir. Il a le visage maculé de suie et porte un fagot. Il menace les enfants les plus turbulents de recevoir des coups de verges trempées dans du vinaigre, de dormir sur des bouts de bois, de grelotter toute la nuit, d'avoir le visage et les mains couverts de suie ou d'être enfermés au fond de la hotte du saint pendant toute une année... Il leur distribue surtout une trique (une branche de son fagot) en guise d'avertissement.

     

    Les gestes d'aujourd'hui s'apparentent à ceux des enfants d'autrefois qui plaçaient des victuailles devant l'âtre sans oublier de laisser leurs chaussettes ou leurs souliers en évidence.

     

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    Pour l'âne ou la mule que chevauche Saint-Nicolas, les enfants préparent de la nourriture (foin, paille, grain, carottes, sucre) qu'ils déposent, le soir du 5 décembre, devant les portes ou dans les jardins. Le 6 décembre au matin, ils trouvent les friandises (bonbons, pain d'épices en forme de bonhomme, orange...) déposées par Nicolas lors de sa tournée ou la fameuse trique du Père Fouettard.

     

    En Alsace et en Lorraine, il frappe à la porte ou se glisse par la cheminée avec le Père Fouettard. Ils sont tous les deux de véritables « stars » dans les écoles mais ils visitent aussi les mairies, les hôpitaux, les maisons de retraite, les lieux associatifs...

     

    Les enfants se réjouissent de découvrir les jouets apportés par le saint mais ils n'oublient pas que le Père Fouettard est « armé » d'un martinet. Les plus sages savourent une myriade de gourmandises dont le traditionnel gâteau en pain d'épices à l'effigie du saint. Les turbulents se régalent aussi mais Saint-Nicolas leur remet une lettre qui énumère leurs polissonneries de l'année et le Père Fouettard fait mine de les emporter dans sa hotte.

     

    Parmi les friandises en vigueur, on trouve aussi des marrons glacés et des crottes de bique, bonbons de réglisse symbolisant les crottes de l'âne, initialement destinées aux enfants les plus agités.

     

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    « Saint-Nicolas, mon bon patron

    Apportez-moi des macarons

    Des coups de bâton

    Pour les garçons

    Des mirabelles

    Pour les demoiselles. » (Vieille chanson de Lorraine.)

     

    Tous les ans, à Nancy, le défilé de la Saint-Nicolas est une manifestation des plus joyeuses qui s'accompagne de parades et d'un feu d’artifice.

     

    A Saint-Nicolas-de-Port, où repose dans la basilique l'une des plus fameuses reliques du saint, (voir plus haut la référence au chevalier de Varangéville), est organisée une procession aux flambeaux.

     

    Saint-Nicolas défile aussi à Metz où sa parade carnavalesque est illustrée par un feu d'artifice et différents concerts de musique traditionnelle. Et n'oublions pas tous les petits villages (qu'on ne peut évidemment pas citer tant ils sont nombreux) qui préparent des processions en son honneur.

     

    Dans le Nord de la France, les Géants Traditionnels, émanations des forces ancestrales, dansent avec Saint-Nicolas et son cortège mystérieux.

     

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    En Belgique francophone, Saint-Nicolas se déplace sur un âne ou une mule en compagnie du Père Fouettard, appelé aussi Hanscroufe (avec ou sans le « e »), alors qu'en Belgique néerlandophone, Sinterklaas chevauche un cheval blanc. Il arrive d'Espagne, dans la nuit du 5 au 6 décembre, pour déposer, dans les chaussettes ou les souliers des enfants sages, des friandises (figurines en chocolat, en massepain, agrumes, fruits confits, spéculoos à son effigie...) et des petits cadeaux. Selon la tradition, les enfants laissent leurs souliers devant la cheminée ou la porte d'entrée avec du sucre, du lait et une carotte pour la fidèle monture ; un verre de lait, de vin, de bière ou de peket (eau-de-vie traditionnelle obtenue à partir de farine de céréales telles que l´orge maltée, le seigle, le maïs et l´avoine et aromatisée aux baies de genévrier) pour le saint.

     

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    Dans bien des pays, Saint-Nicolas est encore plus important que le Père Noël. Il vient vérifier, dans les écoles, si les enfants ont été sages et s'ils méritent de recevoir des cadeaux. Les enfants font des photos de classe en sa compagnie ou lui écrivent. Un service de la Poste reçoit les lettres et y répond.

     

    Une coutume proche de celle du calendrier de l'Avent invite les enfants à placer, chaque soir, pendant plusieurs semaines, une paire de chaussons ou de souliers devant la porte d'entrée ou la porte de leur chambre. Chaque matin, les « petits anges » y découvrent un cadeau ou une friandise : personnage en chocolat, figurine en massepain, guimauves, fruits confits, clémentine ou orange...

     

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    La Saint-Nicolas est aussi très fêtée dans les Universités de Belgique, de Suisse, du Luxembourg... où les friandises sont une institution. Les étudiants vont chahuter les lycéens et les collégiens à la sortie des cours et brandir des chopines aux feux rouges pour récupérer de l'argent dans le but de festoyer. Les beuveries sont légion, une amie belge rencontrée à la fac m'a raconté nombre de choses truculentes à ce sujet, sans omettre les débordements !

     

    Saint-Nicolas emprunte différents moyens de locomotion. Il voyage à dos de mule, d'âne, sur un cheval normal ou féerique (que l'on peut rapprocher de Sleipnir, la monture du dieu nordique Odin), sur un bateau, dans un carrosse et même en hélicoptère.

     

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    Odin et Sleipnir, 1901, par John Bauer (1882-1918), peintre et illustrateur suédois.

     

    Aux Pays-Bas

     

    Dans le folklore néerlandais, Saint-Nicolas alias Sinterklaas ou Sinterclaas chevauche un cheval blanc et distribue les cadeaux dans la nuit du 5 au 6 décembre.

     

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    Une quinzaine de jours avant sa fête, il traverse la mer sur un bateau à vapeur appelé « pakjesboot » (le bateau des petits paquets). Zwarte Piet (Pierre le Noir), serviteur à la peau noire arborant des vêtements colorés, l'accompagne dans sa tournée de quête. Ils sont parfois rejoints par des assistants lutins qui multiplient les facéties. Ils apportent dans les foyers des betteraves à sucre et du charbon pour propager la chaleur et la prospérité et cachent les cadeaux dans les maisons ou dans les jardins. Des poèmes aux allures de boutades y sont souvent accrochés. La soirée du 5 décembre est d'ailleurs appelée « Pakjesavond » ou soirée des paquets-surprises.

     

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    Zwarte Piet fut introduit en 1845 dans un récit intitulé Saint-Nicolas et son serviteur, écrit par un maître d’école néerlandais nommé Jan Schenkman. Illustration du XIXe siècle.

     

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    En Allemagne, Niklaus descend des étendues célestes dans une luge remplie de friandises et de cadeaux. Accompagné de Knecht Ruprecht, la version germanique du Père Fouettard, il dépose, dans la nuit du 5 au 6 décembre, du chocolat, des fruits (mandarines, pommes, oranges, noix, noisettes) et des petits objets en bois dans les chaussures des enfants. Dans certaines régions (Hanovre, Westphalie), il ressemble à un lutin. On le nomme Klas ou Bullerklas.

     

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    En Autriche, Saint-Nicolas (Nikolo ou Niglo dans les régions de l’Est et Santaklos ou Klos dans le reste du pays) mène des défilés, le soir du 5 décembre, accompagné de créatures issues des enfers et du mystérieux diable noir nommé Krampus que j'ai présenté plus haut.

     

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    Carte postale, 1901.

     

    Il demande aux enfants de réciter des comptines et/ou des prières et leur offre des cadeaux, des friandises et des fruits : clémentines, pommes, oranges, noix. Si les enfants ne savent pas quoi dire, Krampus et ses serviteurs démoniaques font mine de les conduire aux enfers en les plaçant dans une hotte maléfique, le Buckelkraxen.

     

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    Pendant la parade, les serviteurs de Krampus, figures carnavalesques reconnaissables à leurs vêtements de fourrure décorés de grelots, leurs fagots, leurs cornes et leurs masques d'effroi, poursuivent rituellement la foule en agitant des bâtons et des chaînes.

     

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    Cette image appartient à la collection de Charles Fréger, photographe français auteur d'un magnifique ouvrage qui s'intitule Wilder Mann ou la figure du Sauvage. Krampus et ses avatars mystérieux l'ont particulièrement inspiré. Voici l'adresse de son site : http://www.charlesfreger.com

     

    Dans certaines régions d'Autriche, de mystérieux personnages appelés Schabs, vêtus de costumes de paille décorés de grelots et portant de longues antennes sur la tête se livrent, armés de fouets, à des jeux rituels. Les claquements du fouet ont pour fonction de repousser les démons de l'hiver.

     

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    Le Saint-Nicolas luxembourgeois, alias Kleeschen, arrive en bateau ou dans un carrosse tiré par des chevaux blancs. Il est accompagné du Housecker (Père Fouettard), un petit homme qui ne montre pas son visage. Il porte un vêtement gris ou noir à capuche d'où émergent parfois des cornes. Il transporte une hotte ou un sac rempli de brindilles crépitantes, les « ruten » dont il « honore » les enfants turbulents. Deux semaines avant le 6 décembre, les enfants déposent, avant d'aller se coucher, un de leurs chaussons devant la porte d'entrée. S’ils ont été sages, une gourmandise les récompensera au matin et s’ils se sont mal comportés, ils ne pourront échapper à la brindille.

     

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    En Suisse

     

    Saint-Nicolas est très aimé en Suisse et célébré, dans plusieurs cantons, par des défilés nocturnes. Les Iffeltrager portent de grosses lampes en forme de mitres, ils mènent les défilés et guident les participants qui agitent des grelots et des cloches. Ils se réunissent autour d'un « souffleur de cor » et de personnages qui arborent des masques lumineux.

     

    Les Klaüse portent des aubes blanches et soutiennent des mitres de taille impressionnante, ornées de figures découpées d'où émane un éclairage traditionnel.

     

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    Image trouvée sur le site MySwitzerland.com

     

    Dans ces processions joyeuses, on rencontre parfois des Silvesterklaüse ou « Nicolas de la Saint-Sylvestre », incarnations d'anciens esprits feuillus qui sont des messagers entre les mondes et composent la cour du Green Man, seigneur de la végétation.

     

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    Wilder Mann par Charles Fréger

     

    Leurs costumes sont agrémentés de matières végétales : brindilles, mousses, pommes de pin, glands, feuilles et baies de houx, champignons, aiguilles de pin, arabesques de lierre...

     

    A travers ces personnages énigmatiques et ces rituels variés, nous ressentons la complexité d'une fête qui s'enracine au plus profond des âges et que Saint-Nicolas, l'initiateur, a fait parvenir jusqu'à nous. Il « accepte » donc volontiers que les parents l'utilisent comme une autorité sacrée.

     

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    Les parents dressent, pendant l'année, une liste comprenant les bonnes et les mauvaises actions de leurs enfants et font venir, en décembre, Nicolas et son alter ego sombre chez eux. Nicolas distribue les cadeaux, les fruits et les friandises que les parents ont préparé. Il fait promettre aux garnements de bien travailler à l'école et de s'améliorer dans tous les domaines.

     

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    La Saint Nicolas fut abolie dans plusieurs pays d'Europe après la Réforme (XVIe siècle) mais elle survécut aux Pays-Bas pendant des décennies. Au XVIIe siècle, les traditions néerlandaises s'implantèrent aux États-Unis lors des arrivées massives d'immigrants. Les Hollandais fondèrent la colonie de Nieuw Amsterdam qui devint New York en 1664 et le traditionnel Sinter Klaas néerlandais devint Santa Claus, le Père Noël, qui accomplit sa tournée dans la nuit du 24 décembre.

     

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    La marque Coca Cola modela son apparence et le fit connaître d'un large public mais elle n'a en aucun cas créé le débonnaire personnage à barbe blanche. Il faut se méfier de ce qu'on peut lire sur de nombreux sites qui interprètent très mal les récits de folklore et l'histoire des traditions populaires.

     

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    Saint-Nicolas est un être mystérieux qui chevauche, dans de nombreux récits, un cheval blanc féerique et apporte, de maison en maison, des cadeaux, des fruits, des petits cochons en massepain, des figurines en chocolat, en spéculoos et en pain d'épices. Son bestiaire magique est constitué de porcs, de cerfs, de coqs, de lièvres, de chevaux et de poules, animaux pâtissiers substitués aux animaux autrefois sacrifiés pour apaiser la faim des créatures hivernales.

     

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    Image Saveurs croisées.com

     

    Les gourmandises à son effigie sont associés à des sapins, des étoiles, des coeurs, des lunes et des soleils et témoignent de l'importance de son culte populaire.

     

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    Ces « douceurs » s'accompagnent irrémédiablement de cadeaux à rebours, délivrés, comme nous l'avons vu précédemment, par un alter ego « démoniaque », héritier de l'Orgos celtique, sorte d'Ogre primordial et gardien de la porte des Enfers qui est un écho du roi de Samain/Halloween (comme je l'ai déjà évoqué, le folklore de Samain/Halloween est intimement lié à celui de la Saint-Nicolas, de Noël et de la Saint-Sylvestre. Les portes s'ouvrent entre les mondes et des êtres mystérieux, ambivalents, initiatiques font irruption dans l'espace-temps humain...)

     

    Cet Orgos aux cornes de bouc-démon est celui qui réprimande, de manière initiatique, et la face plutonienne du Nicolas qui distribue les cadeaux. On oscille donc constamment entre deux êtres, l'un débonnaire, rassurant et protecteur et l'autre au visage couleur de suie qui émane des mondes chthoniens, des profondeurs de l'inconscient, des peurs inhérentes au monde de la nuit.

     

    Nicolas et son valet noir

     

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    Il existe autour du Valet Noir de Saint-Nicolas une polémique qui reflète une problématique de notre époque, celle qui consiste à dévoyer le sens des symboles et à vouloir les inscrire à tout prix dans la modernité, avec ce que cela comporte d'inapproprié. Certains voudraient faire interdire la Saint-Nicolas sous prétexte que le voyageur à barbe blanche serait raciste. C'est un débat dans lequel je n'ai pas envie de m'attarder tant je le trouve absurde. Autant je m'insurge contre l'ignominie de certains propos et attitudes racistes et délétères dans un monde qui aurait bien besoin d'apaisement, autant je ne comprends pas cette lecture restrictive et cette condamnation à tout crin des symboles anciens. Les personnages « noirs » sont des initiateurs. Ils sont associés aux secrets des mondes légendaires et gardent les portes qui mènent à de mystérieuses réalités. Qui plus est, les assistants de Saint-Nicolas passent souvent par la cheminée et sont couverts de suie. Les caricatures sont ce qu'elles sont, pas toujours très « heureuses », mais vouloir changer le sens des symboles est pure ineptie... Certains ont essayé mais ces modifications n'ont pas été bien perçues par les enfants et leurs parents, comme en ont témoigné différents journaux et sites de presse locale.

     

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    Saint-Nicolas, la fête des jeunes hommes célibataires

     

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    Autrefois, à la Saint-Nicolas, les jeunes filles qui avaient coiffé Sainte-Catherine offraient aux garçons célibataires des bonnets décorés, des bouquets de fleurs naturelles ou artificielles, des souhaits brodés sur des petits morceaux de tissu, une écharpe, une cravate ou une pipe. Le dimanche suivant la Saint-Nicolas, des bals pour célibataires étaient organisés.

     

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    Comme la Sainte-Catherine, la Saint-Nicolas est propice à la réalisation des vœux d'amour. Les saints et les saintes du cycle de l'Avent sont associés à la magie populaire amoureuse et reçoivent, à l'instar des divinités du paganisme, les prières et les vœux destinés à rencontrer l'âme sœur... ou pas !

     

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    (Elle m'a fait bien rire cette carte qui détourne le thème des trois petits garçons enlevés par le boucher...)

     

    D'après une ancienne légende, un homme avait trois filles en âge de se marier mais en raison de son extrême pauvreté il ne pouvait assumer le paiement de leur dot. Les jeunes filles furent alors contraintes de se prostituer. Le matin de leur départ vers leur sombre destinée, le père découvrit une bourse remplie d'or, de provenance mystérieuse, qui lui permit de nourrir sa famille et de payer la dot de la fille aînée. Le lendemain, l'apparition d'une seconde bourse lui permit d'honorer la dot de sa deuxième fille. Le troisième jour, il surprit Saint-Nicolas qui déposait l'argent près de la cheminée. Le saint lui demanda de ne rien dévoiler mais le père ne put garder le secret. Les prières à Nicolas se multiplièrent, les jeunes filles se marièrent et la famille fut heureuse.

     

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    Saint-Nicolas unit les cœurs et les corps. Il est considéré comme un saint phallique dans de nombreuses régions de France. Plusieurs « rochers Saint-Nicolas » répartis le long des vieilles voies telluriques étaient réputés favoriser la fécondité. Les femmes y accomplissaient des rituels de frottement et de glissade. Les couples s'y rendaient (et s'y rendent encore) pour y faire l'amour en fonction des phases de la lune.

     

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    Dictons et proverbes de la Saint-Nicolas

     

    Ils sont la plupart du temps associés au mariage et à la météorologie.

     

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    Saint Nicolas marie les filles avec les gars.

     

    Patron des filles, saint Nicolas,

    Mariez-nous, ne tardez pas.

     

    Saint Nicolas fait les bons mariages,

    Guérit de la fièvre et de la rage.

     

    A la Saint-Nicolas, les jours sont les plus bas.

     

    L'hiver est souvent là, à la Saint-Nicolas.

     

    Neige à la Saint Nicolas donne froid pour trois mois.

     

    Nouvelle lune à la Saint Nicolas, dans les champs c'est du verglas.

     

    Le jour de Saint-Nicolas

    De décembre est le moins froid

    Mais si Nicolas plume ses oies (neige)

    L'hiver est bien là.

     

    Si le ciel rougeoie au coucher du soleil, saint Nicolas cuit ses gâteaux.

     

    S'il neige à la Saint-Nicolas, beaucoup de neige en hiver tombera.

     

    Pluie à la Saint-Nicolas, le vignoble gèlera.

     

    De la sève après la Saint-Nicolas, un hiver sans force viendra.

     

    De la pluie à la Saint-Nicolas, un hiver sévère et cruel viendra.

     

    L'hiver serait-il outremer, Vient à Saint-Nicolas parler.

     

    On invoque Saint-Nicolas pour attirer l'amour, la chance, la prospérité, pour repousser les forces de la nuit mais aussi pour conjurer le désespoir, comme en témoigne la Légende du Sire de Réchicourt

     

    Emprisonné par les Sarrasins en Turquie alors qu'il se rendait en Palestine pour prendre part aux Croisades, le seigneur de Réchicourt se morfondait dans sa prison, persuadé que ses proches l'avaient oublié. Chaque soir, pendant des années, il pria Saint-Nicolas et un cinq décembre, au milieu de la nuit, il fut brusquement réveillé. Il grelottait dans ses haillons et s'aperçut qu'il ne se trouvait plus dans son sinistre cachot mais devant l’entrée de l’église de Saint-Nicolas-de-Port, en Lorraine. Saint-Nicolas fut ensuite considéré comme le patron des prisonniers.

     

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    Les friandises de la Saint Nicolas

     

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    Image du net

     

    Les facétieux männeles, incarnations gourmandes des esprits du froid... Ces petits hommes de pâte fine épicée ou briochés aux yeux de sucre, de raisin ou de chocolat sont aussi des objets rituels, réputés chasser les démons, faire tourner la chance favorablement, éparpiller les ombres et les peines de l'hiver...

     

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    Image trouvée sur bloc.com (si elle « appartient » à une personne qui désire que je la retire, je le ferais).

     

    Spéculoos moulés

     

    La tradition qui consiste à les offrir est indissociable des festivités de la Saint-Nicolas. Des moules sont d'ailleurs fabriqués pour la circonstance.

     

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    Pour contempler et commander de jolis moules, vous pouvez vous rendre sur le site Arts et Sculpture, je le précise car plusieurs amies m'ont demandé si je connaissais un endroit. Je ne suis pas « intéressée », j'ai trouvé ce lieu en passant...

     

    L’étymologie du nom « spéculoos » est discutée par les spécialistes. Certains pensent qu'il est issu du latin « species » signifiant « épices » ou de «spéculum » qui désigne le miroir. Le spéculoos pourrait alors représenter le reflet d’un personnage dans un miroir. Pour d’autres, spéculoos dérive de « speculator » : l'évêque. Il existe aussi un gâteau hollandais, le « spéculaas », datant du 17ème siècle et contenant beaucoup d'épices.

     

    Les spéculoos sont une alchimie de farine, d'eau ou de lait, de cassonade (on utilise aussi de la vergeoise, de la mélasse voire du miel), de beurre doux, de levure chimique et d'épices (cannelle, gingembre, quatre épices, cardamome et anis). A chacun d'exprimer sa gourmandise et sa créativité.

     

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    Banketletter, photographie trouvée sur le site de la pâtisserie Kwekkeboom (Amsterdam).

     

    Les Banketletters sont des rouleaux de pâte feuilletée, fourrés avec de la crème d'amandes et façonnés en forme de lettres. Ils constituent un incontournable alphabet gourmand comme en témoigne le tableau ci-dessous.

     

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    Nature morte aux lettres feuilletées, 1615, par Peter Binoit (1589-1632). Museum Amstelkring. Photo C. Myers.

     

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    Les petites poupées ou figurines en pain d'épices appelées « taai-taai pop » sont très prisées aux Pays-Bas. Image Bankeletters.nl.

     

    Les gourmandises de la Saint-Nicolas sont nombreuses et variées : on savoure des pepernoten ou « noix de poivre » (petits biscuits ronds constitués d'une pâte à base d'épices, de la taille d'une noix), des strooiged ou « bonbons pour jeter » (on les lance sur les gens pour leur porter chance), des figurines à l'effigie du saint en chocolat, spéculoos, sucre, pain d'épices, massepain..., des animaux en sucre ou en pâte d'amandes (les plus répandus sont les petits cochons roses, réputés apporter la chance et la prospérité), des lettres et des mots en chocolat héritiers des « banketletters », des pièces en chocolat recouvertes de métal doré, du chocolat chaud aux épices et/ou à la Chantilly...

     

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    Sources et Bibliographie

     

    COUSSÉE, Bernard : Histoire, mythe et légende. CEM éditions, 1999.

     

    LECOUTEUX, Claude : Introduction à l'étude du merveilleux médiéval. Études germaniques, 1981.

    -Nicchus-Nix. Euphorion, 1984, pp. 280-288.

     

    LEMPEREUR, Françoise : « À la rencontre des Sylvesterklaüse » dans Tradition wallonne, revue annuelle de la Commission royale belge de Folklore, t. 3, 1986, pp. 113-124.

     

    LEVI-STRAUSS, Claude : « Le Père Noël supplicié » dans Les Temps modernes, 7e année, n° 77, mars 1952.

     

    MATZEN, Raymond : Proverbes et dictons d'Alsace. Rivages, 1987.

     

    MÉCHIN, Colette : Saint Nicolas. Fêtes et traditions populaires d'hier et d'aujourd'hui. Paris : Berger-Levrault, 1978.

     

    REY-FLAUD, Henri : Le Charivari. Les rituels fondamentaux de la sexualité. Paris : Payot, 1985.

     

    REVELARD, Michel : Fêtes et traditions masquées d'Autriche. Binche, Musée international du Carnaval et du Masque, 1987.

     

    TROXLER, H.J. : Proverbes d'Alsace. Éditions du Bastberg, 1977.

     

    VAN GENNEP, Arnold : Manuel de folklore français contemporain. Paris : Picard, 1947. 4 volumes.

     

    WALTER, Philippe : Mythologie chrétienne, fêtes, rites et mythes du Moyen Âge. Éditions Imago, 2003/2005.

    -La Mémoire du temps : fêtes et calendriers de Chrétien de Troyes à La Mort Artu. Paris, 1989.

     

    Image071.jpg

     

    Amusons-nous, pour finir, avec cette chanson de Jacques Dutronc que j'adore...

     

    La Fille Du Père Noël (ou quand le Père Noël et Saint-Nicolas se confondent...)

     

    « Je l'ai trouvée au

    petit matin

    Toute nue dans mes grands souliers

    Placés devant la cheminée

    Pas besoin de vous faire un dessin

     

    De battr' mon coeur s'est arrêté

    Sur le lit j'ai jeté mon fouet

    Tout contre elle je me suis penché

    Et sa beauté m'a rendu muet

     

    Fatigué j'ai la gueule de bois

    Toute la nuit j'avais aidé mon père

    Dans le feu j'ai remis du bois

    Dans la ch'minée y avait pas son père

     

    C'était la fille du Père Noël

    J'étais le fils du Père Fouettard

    Elle s'appelait Marie Noël

    Je m'appelais Jean Balthazar

     

    Je prends la fille dans mes bras

    Elle me dit mais non Balthazar

    Ne fais donc pas le fier à bras

    Je suis tombée là par hasard

     

    Toute la nuit j'avais fouetté

    A tour de bras les gens méchants

    Toute la nuit elle avait donné

    Des cadeaux à tous les enfants

     

    C'était la fille du Père Noël

    J'étais le fils du Père Fouettard

    Elle s'appelait Marie Noël

    Je m'appelais Jean Balthazar

     

    Descendue chez moi par erreur

    Elle était là dans mes souliers

    Et comm' je ne pouvais prendre son coeur

    Je l'ai remise sur le palier

     

    C'était la fille du Père Noël

    J'étais le fils du Père Fouettard

    Et elle m'a dit d'une voix d'crécelle

    Bye bye au hasard Balthazar

     

    C'était la fille du Père Noël

    J'étais le fils du Père Fouettard

    Elle s'appelait Marie Noël

    Je m'appelais Jean Balthazar... »

     

     

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    Je vous souhaite de belles fêtes, merci de votre fidélité, amicalement vôtre !

     

    Plume

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