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    Edvard Munch (1863-1944), Le Cri, 1893.

     

    Ce texte, je l'écris à chaud, à 2h38 du matin, dans la nuit du 13 au 14 novembre 2015.

    Habitée par une colère noire, aussi épaisse que le sang et par une tristesse abyssale... Les mots ont-ils encore un sens ou un pouvoir en cet instant, je veux croire que oui même je n'en suis pas convaincue...

    Nauséeuse, je pense à ceux qui ont perdu un proche, luttent pour survivre à leurs blessures, ont assisté au carnage et resteront marqués à vie...

    Je pense à ceux dont l'existence a basculé dans un magma sombre et poisseux parce que des enfoirés, imbus de leur ignominie, sont venus dézinguer des innocents ou se faire exploser, mus par une bêtise crasse et une cruauté pathologique... La tempête a eu lieu et je me sens impuissante. Mon cœur et mon esprit sont écorchés vifs...

     

    Nous sommes en guerre. Aucun de nous ne peut se dire « je ne serai pas une cible » mais nous devons continuer d'avancer et nous battre, pour ce que nous sommes, pour notre mode de vie et ce qui compose notre identité métissée. Nous ne devons pas nous replier sur nous-mêmes et laisser des bonimenteurs ultra-nationalistes profiter de ce qui s'est passé pour chercher à obtenir le pouvoir. N'oublions pas que parmi les victimes se trouvent des personnes de confession musulmane qui ne voulaient rien d'autre que vivre en paix et que ces enfoirés d'assassins se réclamant de l'Islam pourraient tout aussi bien se réclamer d'autre chose.

     

    Nous avons eu nos fanatiques aussi. Ils portaient des croix et ils évangélisaient dans le sang, avec des lames bien aiguisées. Ils n'ont pas hésité, il y a des siècles, à détruire des villages entiers le long du Rhin (ce n'est qu'un exemple parmi d'autre et hélas pour ces crimes il n'y a aucun devoir de mémoire) parce qu'ils chassaient de prétendues sorcières. A cet effet, mettre à mort des centaines de femmes et de fillettes ne leur posait aucun souci. Je pourrais vous en citer des livres sur lesquels j'ai travaillé à ce sujet, dans le cadre de mes études ! Les faits historiques parlent d'eux-mêmes. Au XVIe siècle, dans certains villages de Rhénanie, il n'y avait plus, après leur passage, une femme ou une fillette vivante. Et si je vous disais ce qu'ils « s'amusaient » à faire dans de nombreux villages de France, vous vomiriez sur le champ... Ces fanatiques étaient chrétiens mais ils ne représentaient pas tous les chrétiens. C'est la même chose aujourd'hui, avec une autre religion.

     

    A chaque époque ses démons, ses fous furieux, ses inhumanités alors ne nous offrons pas en pâture à ceux qui ne veulent que semer le chaos. Vivons et ne nous divisons pas ! Les assassins de Daesh ont théorisé sur le fait de fracturer la société davantage, de monter les gens les uns contre les autres et d'accentuer les clivages... ne tombons pas dans le piège !

     

    J'habite à proximité de Stade de France. Nous y passons à chaque fois que nous prenons le RER et nous avons failli y être vendredi, à l'heure en question... Quant aux lieux visés dans Paris, ils nous sont tellement familiers... Il y a des noms et des visages que je n'oublierai jamais. Pour eux, continuons de vivre et accueillons cette fin d'année avec autant d'espoir que possible car l'espoir c'est ce qui reste au fond de la boîte de Pandore lorsque s'échappent les fléaux.

     

    Prenez bien soin de vous et de vos proches mes ami(e)s ! Ce sont des temps sombres mais nous avons bien plus de ressources qu'ils ne le pensent et nous continuerons à aimer la vie, notre vie parce que nos cœurs sont libres.

     

    A ceux qui ont payé le prix de ces attaques en série, j'adresse toute ma compassion, en lettres majuscules.

     

    J'adresse également mon soutien aux services de l'État, aux médecins urgentistes et au personnel soignant ainsi qu'à notre Président, à notre premier ministre et à tous les ministres et les fonctionnaires qui font ce qu'ils peuvent pour nous protéger. Ils ne sont pas des surhommes et s'il était facile de lutter contre la menace que nous subissons ça se saurait !

     

    De belles choses sont à souligner, comme l'attitude profondément altruiste de ceux qui ont ouvert leur porte aux personnes qui ne pouvaient pas rentrer chez elles et la démarche des chauffeurs de taxi qui ont ramené gratuitement des gens à leur domicile.

     

    Gardons foi en ceux que nous aimons !

     

    Je pense à vous... Je crois en nous...

     

    Cendrine

     

    Le Cri

    Plume

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