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Je vous invite à découvrir un lieu paisible et romantique... Un square qui fut créé en 1938, à la pointe orientale de l'Île Saint-Louis, pour rendre hommage au sculpteur animalier et aquarelliste Antoine-Louis Barye (1795-1875) dont la renommée est associée à des sculptures de grands fauves décorant de nombreux parcs et jardins de Paris.
Le square Barye se love derrière cette épaisse muraille de verdure. Dominant la Seine, il se situe à proximité du Quai Henri IV, du Pavillon de l'Arsenal, de la Caserne des Célestins, de l'Institut du Monde Arabe, du Pont Sully, du Jardin Tino Rossi ou encore du Jardin des Plantes.
Il se déploie là où s'étendaient les anciens jardins du couvent des Célestins, nécropole royale qui se situait entre l'actuel boulevard Henri IV et la rue du Petit-Musc.
Il forme un écrin de végétation luxuriante où s'épanouissent des paulownias, des cèdres du Liban, des ormes pleureurs, des robiniers faux acacias, des acacias de Constantinople, des ifs d’Irlande et un magnifique savonnier de Chine (que j'espère pouvoir photographier en pleine floraison).
Planté le 18 octobre 1993 par Rafic (ou Rafiq) Hariri, Premier Ministre du Liban, et Jacques Chirac alors Maire de Paris, ce cèdre majestueux symbolise l'amitié qui unit, depuis des décennies, la France et le Liban. (Rafic Hariri a été assassiné à Beyrouth le 14 février 2005.)
A l'extrémité du square, s'ouvre un balcon sur la Seine. On y bénéficie d'une vue imprenable sur le fleuve, ses berges, ses installations industrielles, ses péniches et l'eau y approfondit le bleu du ciel.
On aperçoit le pont d'Austerlitz, le ministère des Finances et les tours de la Bibliothèque François Mitterrand.
Avant le square
En 1352, les premiers Célestins s'installèrent dans l'ancien couvent des Carmes situé à proximité de l'Hôtel Saint-Pol ou Saint-Paul, résidence privilégiée du roi Charles V (1338-1380). Grâce aux largesses du souverain et à de nombreuses donations, le couvent se développa. Renommé pour son cloître aux cinquante colonnes corinthiennes, son église et sa chapelle de marbre, ses jardins luxuriants et ses riches terrains bordant la Seine, il formait un immense quadrilatère.
Nous apercevons, sur cette gravure, la statue de Charles V (1338-1380) et celle de la reine Jeanne de Bourbon (1338-1378) dressées sous un dais gothique. Elles encadrent l'effigie de Pierre de Morrone (1210-1296), ermite des Abruzzes, fondateur de l'Ordre des Célestins et élu pape sous le nom de Célestin V.
Le couvent des Célestins était la plus importante nécropole royale et princière après la basilique Saint-Denis. Il abritait d'illustres personnages à l'instar de Louis d'Orléans, frère du roi Charles VI, mais aussi l'un des fils de Philippe VI de Valois ou d'Anne de Bourgogne, la fille de Jean sans Peur. Le cœur du connétable Anne de Montmorency y fut également déposé.
(Photo Gérard Blot/Christian Jean pour la Réunion des Musées Nationaux.)
Germain Pilon (1537-1590) est l'auteur de ce monument destiné à accueillir les cœurs d’Henri II (1519-1559), de Catherine de Médicis (1519-1589), de François II (1544-1560) et de Charles IX (1550-1574).
Après avoir subi des déprédations pendant la Révolution, le couvent fut démantelé en 1790 mais le médiéviste Alexandre Lenoir (1761-1839), concepteur et conservateur du Musée des Monuments Français (ouvert en 1795), également administrateur des tombeaux de la basilique Saint-Denis sous le règne de Louis XVIII (1755-1824), parvint à retrouver et à collecter plusieurs pierres tombales.
Ce qui restait du couvent fut démoli et remplacé par une caserne, construite entre 1895 et 1901 par Jacques Hermant (1855-1930). Il s'agit de la Caserne des Célestins, affectée à l’État major de la Garde Républicaine mais là n'est pas notre sujet... Revenons au square...
Le monument à Antoine-Louis Barye
Ce monument de forme pyramidale et de facture néo-classique fut réalisé en 1894 par Laurent Marqueste (1848-1920), élève de François Jouffroy (1806-1882) et d'Alexandre Falguière (1831-1900). Grand Prix de Rome en 1871, Marqueste effectua des copies en marbre de deux allégories sculptées par Antoine Barye pour le pavillon Denon au Louvre: la Force protégeant le Travail et l'Ordre triomphant.
La Force
L'Ordre
Les statues originales furent commandées par Hector Lefuel (1810-1880) pour décorer le pavillon Denon au Louvre.
Le fondeur d'art Ferdinand Barbedienne (1810-1892) édita plusieurs bronzes à partir de ces statues, recherchées par les collectionneurs. Deux sont conservés à Baltimore dans le Maryland et deux se trouvent au musée des Beaux-Arts de Reims.
Ferdinand Barbedienne créa en 1839 un atelier prestigieux dans laquelle il fit reproduire en bronze et en taille réduite de nombreuses sculptures conservées dans les musées d'Europe. Animé par une volonté de « démocratiser » l'art, il favorisa une large diffusion de la connaissance du répertoire antique et contemporain. Il édita les oeuvres de plusieurs sculpteurs de son temps comme Emmanuel Fremiet, Antoine Barye, Georges Gardet, Henri Chapu, Pierre-Jules Mène...
Au sommet du monument, un groupe sculpté décrit le combat du héros Thésée et du centaure Biénor. Une énergie farouche, caractéristique de la manière romantique de Barye, émane de ces corps enchevêtrés.
Thésée tua Biénor pendant la bataille qui opposait les Centaures et les Lapithes. Dans Les Métamorphoses, le poète latin Ovide (43 avant J.-C.- 17 ou 18 après J.-C.) relate que « le fils d’Égée (...) sauta sur le gigantesque Biénor, dont la croupe jusque-là n’avait jamais porté que lui-même; il pressa ses côtes du genou; il tira en arrière sa chevelure, qu’il avait saisie de la main gauche, et avec le tronc noueux du chêne il fracassa son visage, son front menaçant et les dures parois de ses tempes. »
Ce groupe tumultueux fut fondu pendant l'Occupation allemande. L'ensemble sculpté que nous admirons actuellement est une fonte contemporaine, offerte par la fondation taïwanaise Chi Mei Culture, créée en 1977 autour d'un collectif de mécènes et de collectionneurs. Cette fondation possède une impressionnante collection d'objets d'art, de peintures et de sculptures.
Comme vous le constatez, sur cette photo datant de l'été 2013, le monument n'est pas complet car la sculpture intitulée le Lion au serpent -elle occupait l'avancée située entre le Travail et l'Ordre- a également disparu pendant l'Occupation.
Mais au cours de l'été 2014, une copie sponsorisée par la fondation Chi Mei Culture a été installée sur le socle vide. La voici, à la bonne position...
Le lion original apparaît sur ces anciennes cartes postales.
Le Lion au Serpent
Puissance et férocité, maîtrise du mouvement, quête de l'émotion extrême... cette œuvre est une expression remarquable de la fougue romantique d'Antoine-Louis Barye.
« Le lion en bronze de monsieur Barye est effrayant comme la nature. Quelle vigueur et quelle vérité ! Ce lion rugit ! » Alfred de Musset (1810-1857).
En vous souhaitant une excellente semaine, je vous invite à poursuivre, dans quelques jours, la suite de cet article consacré à Antoine-Louis Barye. Merci pour vos vœux et vos gentils messages, grosses bises et amicales pensées !
Cendrine
45 commentaires -
Ami(e)s lectrices, lecteurs,
La vieille année a perdu ses pétales et l'année qui éclot exhale de délicieux parfums.
Parmi les flammes des bougies, s'éveillent des fragrances d'orange, de mandarine et d'épices douces, poudrées de notes de vanille et de chocolat fondant... Alors laissons nos sens se régaler et partageons autant de bonheur que possible !
Je vous souhaite, ainsi qu'à tous ceux que vous aimez, une très belle année 2016 ! Puisse-t-elle apaiser les douleurs et les traumatismes de l'année écoulée et nous permettre d'imaginer des temps meilleurs, conscients de nos différences mais pleins de bonne volonté.
Je pense à vous, je vous remercie de votre fidélité et je vous présente tous mes vœux de santé, d'amour et de prospérité.
Je vous dis « à dans quelques jours, nous commencerons de nouvelles aventures ensemble ». Merci pour tout ce que vous m'avez apporté... et encore Bonne Année !!!
Cendrine
Hiver par Joséphine Wall
N'oubliez pas que vous pouvez « prendre » les images que je publie y compris mes photos signées. Le net est un lieu de partage ou du moins il est censé l'être. Vous avez été nombreux à me demander si vous pouviez récupérer les images de mon billet de Noël et la réponse est bien évidemment « oui ». Je ne bloque pas le clic droit de l'image. De toute façon cela ne sert à rien. Une personne qui « sait faire » récupère en deux secondes ce qui est prétendument verrouillé.
J'ai rappelé dans la marge de mon blog les règles élémentaires de savoir-vivre sous un jour légal mais du moment qu'on laisse une signature sur une photo ou qu'on précise le nom de l'auteur, ce n'est pas un vol mais la diffusion d'une image qu'on aime bien et ce n'est pas plus compliqué que ça.
Quelques décors photographiés devant l'Hôtel de Ville de Paris...
Les images qui suivent viennent de ma collection de cartes papier mais aussi de musées des arts et traditions populaires alors bonne cueillette ! Je sais que nombre d'entre vous sont friands de ces cartes anciennes. Je les adore aussi !
69 commentaires
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