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    Délicates et gracieuses, sensuelles et parfumées, les clochettes de muguet nous invitent à célébrer le renouveau de la nature, entre billets doux et délicieuses fragrances...

     

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    Je vous adresse mes voeux d'amour, de prospérité et de chance, symbolisés par ces cartes que j'ai collectées au Salon du Livre et des Papiers anciens, à l'Espace Champerret.

     

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    Le muguet: description et propriétés

    Plante vivace aux noms poétiques (Lis de Mai, Lis des vallées, Clochette des bois, Grelots, Grillets, Amourette, Gazon du Parnasse, Larmes de Notre-Dame...), le muguet se développe dans les bois clairs, sur les chemins dégagés et les pentes rocailleuses. Il se multiplie grâce à son rhizome traçant appelé « griffe » . Il est également cultivé pour ses ravissantes clochettes blanches au parfum enivrant dont le nom dérive de musc et de muscade. Ses fruits, très toxiques et de la grosseur d'un pois, deviennent rouges à maturité, en septembre ou en octobre.

     

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    La pharmacopée populaire connaît, depuis des siècles, les propriétés médicinales du muguet et sa richesse en convallatoxine, une substance apparentée à la digitaline qui possède une action sédative sur le coeur. L'infusion de fleurs, sucrée au miel, est toujours utilisée mais, en raison de sa toxicité, les conseils d'un thérapeute sont absolument nécessaires.

    Prisée comme du tabac, la poudre de fleurs, préalablement séchées dans un lieu ombragé, est réputée calmer les migraines d'origine nerveuse, dissiper les vertiges et libérer les sécrétions des voies nasales. Mais souvenez-vous que les propriétés cardiotoniques du muguet ne sont pas à prendre à la légère et que ses jolies baies rouges ne doivent pas être consommées. Il faut également veiller à ce que les enfants n'absorbent pas l'eau dans laquelle le muguet a trempé.

     

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    Au-delà de ses vertus « guérisseuses », cette petite plante aux clochettes lactescentes, aimée des fées et destinée à « chasser l'hiver », nous fait revivre des moments importants de l'histoire de France...

     

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    La tradition consistant à offrir du muguet, le premier mai, semble remonter à l'époque de Charles IX (1550-1574). En 1560, alors qu'il visitait la Drôme, le roi reçut un brin de muguet. Séduit par ce présent, il fit distribuer, à partir de 1561, des bouquets odorants aux dames de la Cour. Les seigneurs s'empressèrent de l'imiter en « muguetant », c'est à dire en « faisant les galants »...

     

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    Les bals du muguet fleurirent, à partir de la Renaissance. Les messieurs arboraient à la boutonnière de jolis brins parfumés.

     

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    Le premier mai 1895, le muguet fut associé à une romance parisienne. Le chansonnier Félix Mayol (1872-1941), auteur de la chanson « Viens poupoule », offrit, sur le quai de la gare Saint-Lazare, un bouquet de muguet à son amie Jenny Cook.

     

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    Quand il monta sur les planches du « Concert Parisien », sa jaquette était ornée de clochettes immaculées. Il connut un tel succès que le muguet devint son porte-bonheur attitré.

     

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    Le premier mai 1900, lors de festivités organisées par des couturiers parisiens, les clientes et les ouvrières reçurent des brins de muguet. Les couturières prirent ensuite l'habitude d'offrir, chaque premier mai, du muguet à leurs clientes.

     

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    Dans le Paris de la Belle Époque, les « fêtes du muguet » se multiplièrent et connurent un succès retentissant, lié à l'élection des « reines de Mai »: de jolies jeunes femmes vêtues de blanc, perçues comme les incarnations de Flore, la déesse du Printemps.

     

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    Flore, par Alfons Mucha (1860-1939).

     

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    Reines du muguet (Photo Delcampe)

     

    Emblème de reverdie et de féminité, le muguet est aussi, depuis 1921, l'emblème du Rugby Club de Toulon!

     

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    La journée de huit heures et la Fête du Travail

    Les clochettes de muguet sont associées, en dépit de leur douceur et de leur fragilité, à des luttes sociales majeures.

     

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    Le 1er mai 1884, au IVe congrès de l'American Federation of Labor, les principaux syndicats ouvriers des États-Unis se donnèrent deux ans pour imposer à leurs employeurs la journée de travail de huit heures.

    Cette idée naquit en Australie où les travailleurs avaient organisé, le 21 avril 1856, une manifestation en faveur de la journée de huit heures. Le succès fut si retentissant qu'il fut décidé de renouveler cette journée d'action tous les ans.

    Le 1er mai 1886, alors qu'une partie des travailleurs venait d'obtenir satisfaction, de nombreux ouvriers, lésés, firent grève pour forcer les patrons à accepter leurs revendications.

    Le 3 mai, à Chicago, trois grévistes de la société McCormick Harvester perdirent la vie au cours d'une manifestation et le lendemain soir, alors qu'une marche de protestation se dispersait à Haymarket Square, une bombe explosa, tuant quinze policiers.

     

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    La révolte de Haymarket Square (Chicago, 4 mai 1886).

     

    Trois syndicalistes furent condamnés à la prison à perpétuité et cinq autres trouvèrent la mort par pendaison, le 11 novembre 1886, en dépit du manque de solidité des preuves dont la justice disposait. Ils finirent par être réhabilités.

     

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    Les derniers mots du condamné August Spies sont lisibles sur une stèle du cimetière de Waldheim, à Chicago: «Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd'hui.»

     

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    Trois ans après le drame de Haymarket, le deuxième congrès de la IIe Internationale socialiste se réunit à Paris, au 42, rue Rochechouart, salle des Fantaisies Parisiennes, dans le contexte de l'Exposition Universelle et de la commémoration du centenaire de la Révolution française.

     

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    Les ouvriers défilèrent à partir du premier mai 1890, un triangle rouge à la boutonnière pour symboliser le partage de la journée en trois temps (temps de travail, temps de loisir et temps de sommeil).

     

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    Le 1er mai, lithographie de Jules Grandjouan (1875-1968) réalisée pour l'Assiette au beurre (1906), une revue illustrée, satirique et libertaire de la Belle Époque.

     

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    En 1891, à Fourmies, commune du nord de la France, la manifestation du premier mai s'acheva dans le sang, marquant un tournant essentiel dans l’histoire du mouvement ouvrier. Les forces de l'ordre, équipées des nouveaux fusils Lebel, tirèrent sur la foule. Elles tuèrent dix personnes et firent trente-cinq blessés. Une ouvrière de 18 ans nommée Maria Blondeau reçut une balle dans la tête à bout portant et devint le symbole de cette tragique journée.

     

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    La manifestation à Fourmies. (Image Fourmies info/archives.)

     

    Les autres victimes étaient Louise Hublet (vingt ans), Ernestine Diot (17 ans), Félicie Tonnelier (16 ans), Kléber Giloteaux (19 ans), Charles Leroy (20 ans), Emile Ségaux (30 ans), Gustave Pestiaux (14 ans), Emile Cornaille (11 ans) et Camille Latour (46 ans). Je conseille aux personnes intéressées par cette histoire de lire l'excellent ouvrage d'André Pierrard et Jean-Louis Chappat intitulé La fusillade de Fourmies, aux éditions Maxima.

     

    Dans le journal « l’Illustration » du 9 mai 1891, il est écrit: «C'est le fusil Lebel qui vient d'entrer en scène pour la première fois. Il ressort de ce nouveau fait à l'actif de la balle Lebel qu'elle peut très certainement traverser trois ou quatre personnes à la suite les uns des autres et les tuer.» Ce fusil équipera l’armée française jusqu’à la fin de la première guerre mondiale.

     

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    A la fin de l’année 1891, l'Internationale Socialiste renouvela le « caractère revendicatif et international du 1er mai », en hommage aux « martyrs de Fourmies ». Le 23 avril 1919, le Sénat Français ratifia la journée de 8 heures et le 7 juin 1936, la signature des accords de Matignon par Léon Blum permit d'obtenir « une augmentation des salaires de 7 à 15 %, la reconnaissance du droit syndical dans l’entreprise, l’élection des délégués ouvriers, la création de conventions collectives, la semaine de 40 heures et quinze jours de congés payés ».

     

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    Dans la Russie de 1920, le 1er mai fut chômé grâce à Lénine et en 1933, Hitler alla plus loin en rendant ce jour emblématique chômé et payé.

     

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    Le 24 avril 1941, sur les recommandations de René Belin, un ancien dirigeant de l'aile socialiste de la CGT, le Maréchal Pétain qualifia le premier mai de « Fête du Travail et de la Concorde Sociale ».

     

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    En avril 1947, à l'initiative du député socialiste Daniel Mayer et du ministre communiste du Travail, Ambroise Croizat, le 1er Mai devint, dans les entreprises publiques et privées, un jour chômé et payé mais il n'est toujours pas assimilé à une fête légale.

     

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    Les symboles du premier mai

    En France, les manifestants du 1er mai défilèrent, à partir de 1890, avec le fameux triangle rouge « des trois temps » bien visible à la boutonnière. Ce triangle fut remplacé, en 1892, par une fleur d'aubépine suspendue à un ruban rouge, en l'honneur de Maria Blondeau, la jeune ouvrière de Fourmies, qui avait trouvé la mort en brandissant un bouquet d’aubépine. En 1895, le socialiste Paul Brousse invita, par le biais d'un concours, les travailleuses à choisir une fleur qui représenterait le « Mai » et c'est l’églantine qui fut choisie.

    Cette fleur traditionnelle du nord de la France, liée au souvenir de la Révolution française, fut remplacée par le muguet, en 1907 à Paris. Emblème du printemps francilien, le muguet était accroché à la boutonnière avec un ruban rouge, symbole du sang versé.

     

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    Après la Première Guerre mondiale, la presse encensa le muguet, aux dépens de la rouge églantine, et en 1941, sous le régime de Vichy, le muguet s'imposa.

     

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    La vente du muguet

     

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    Depuis les années 1930, une tolérance administrative autorise les particuliers à vendre, chaque 1er mai, des brins de muguet sans formalités, ni taxes mais cette tradition populaire se répandit surtout à partir de 1936. Elle semble trouver ses origines à Nantes où monsieur Aimé Delrue (1902-1961), droguiste et président du comité des fêtes de la ville, avait organisé « la Fête du Lait de Mai ».

     

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    Symbole de renouveau et de fécondité, le lait fraîchement tiré était associé à la blancheur immaculée des clochettes de muguet.

    Depuis 1936, chacun peut vendre du muguet, sans patente, mais il s'agit d'une tolérance que certains arrêtés, en fonction des communes, n'hésitent pas à réglementer.

     

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    Des larmes de Marie au sang de Saint-Léonard

    On appelle le muguet « larmes de Notre-Dame » car il aurait jailli des pleurs de la Vierge, versés au pied de la croix.

    D'autres légendes l'associent à Saint-Léonard, guerrier émérite et ami du roi Clovis, qui choisit de vivre en ermite au fond des bois. Un jour, sous un bouquet d'arbres sacrés, Léonard se heurta à un dragon contre lequel il reprit les armes. Le combat fut très violent. De chaque goutte de sang perdue par le saint fleurirent des brins de muguet. D'après certaines croyances, on entend parfois, lorsque le vent souffle, le bruit de cette lutte fantastique...

     

    Folklore et traditions

     

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    Comme toutes les fleurs à clochettes, le muguet est lié au Petit Peuple et aux déesses de l'amour et de la fécondité.

     

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    Cicely Mary Barker, Flower Fairies

     

    Avec la campanule, la digitale et le thym sauvage, le muguet est l'une des fleurs préférées des lutins et des fées qui viennent danser, en cercles opalescents, là où s'épanouissent les clochettes parfumées.

     

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    Titania, la reine des fées, couronnée de muguet, sous le pinceau aux accents préraphaélites de Sir Frank Bernard Dicksee (1853-1928).

     

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    D'après une légende allemande, le muguet serait sous la protection d'une Dame Blanche.

     

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    Idylle de printemps par George Henry Boughton (1834-1905).

     

    Fleur d'inspiration, le muguet est consacré à Apollon Belenos, dieu des arts et du soleil, qui couvrit en l'honneur des Muses, le Mont Parnasse de muguet, d'où l'appellation « Gazon de Parnasse ».

     

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    Dans le folklore européen, l'éclosion des fleurs de muguet constitue un signe bénéfique, annonciateur du retour des déesses du printemps. En fonction des croyances, on préfèrera les brins à douze ou à treize clochettes...

     

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    Dans le Vaudou et la magie des Caraïbes, le muguet est associé à l'invocation des esprits et aux trois planètes de puissance, de protection et de réalisation que sont le Soleil, Vénus et Mercure. Réduit en poudre et brûlé sur des charbons ardents, il est réputé favoriser la concrétisation des affaires matérielles.

     

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     Les druidesses faisaient brûler de l'encens de muguet pour accroître leurs capacités de clairvoyance.

     

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    Dans la tradition populaire, le muguet est considéré comme un porte-bonheur puissant que l'on adresse aux personnes aimées et qu'on laisse sécher pour obtenir la réalisation de ses voeux. Il s'offre après la nuit de Beltane, nuit sacrée pour les Celtes ouvrant les portes de « l'année claire » jusqu'au retour de « l'année sombre » à la période de Samain/Halloween.

     

    Dans des temps très anciens, c'était l'aubépine que l'on offrait pour célébrer le retour de Maïa, la déesse mère du printemps.

     

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    Si vous souhaitez vous plonger dans les coutumes entourant l'Arbre de Mai et caracoler en compagnie des fées de Beltane, je vous invite à lire mon article intitulé la Magie de Mai...

     

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     Généreuses clochettes signifiant l'amour, la passion, la fidélité et le bonheur partagé...

     

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     … ainsi que le souvenir et la pureté des sentiments...

     

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     Clochettes des fées soufflant vers vous mes pensées les plus douces...

     

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    Joyeux Premier Mai!

     

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    Bibliographie

    DUBOIS, Pierre: La Grande Encyclopédie des Fées. Hoebeke, 2008.

    DUBOIS-AUBIN, Hélène: L'esprit des fleurs: mythes, légendes et croyances. Le Coudray-Macouard: Cheminements, 2002.

    SEBILLOT, Paul-Yves: Le Folklore de France.

    SIKE, Yvonne de: Fêtes et croyances populaires en Europe. Bordas, 1994.

    VESCOLI, Michaël: Calendrier celtique. Actes Sud, 1996.

    Plume

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    Chers Aminautes, le Printemps s'est épanoui dans une symphonie de couleurs chatoyantes. La Nature nous offre une vague de boutons veloutés, de dentelles rosées, de pampilles odorantes et l'air sucré attise le désir de promenade. Avec ces différentes nuances, je veux vous souhaiter une belle semaine ensoleillée et vous remercier, très chaleureusement, pour vos vœux d'anniversaire. J'ai beaucoup apprécié les messages déposés sur mon blog, les mails, les cartes postales, les fleurs reçues et la myriade de petits cadeaux qui ont voltigé jusqu'à ma boîte aux lettres... Merci beaucoup!

     

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    Merci également d'avoir pris de mes nouvelles. Je suis encore secouée par les crises d'épilepsie survenues après la semaine de Pâques. Mes hématomes se résorbent, mes veines cicatrisent, j'ai moins de « black out » oculaires mais je sens que les prochaines crises ne vont pas tarder. J'ai -hélas- trop de pratique en ce domaine pour ne pas savoir quand le mal s'apprête à refaire surface... Nombre d'entre vous s'inquiètent pour moi et j'en suis très touchée. Vous m'avez témoigné votre amitié, je vous assure de la mienne et je vous adresse, avant d'écrire de nouveaux articles, un bouquet de pomponnettes... ces petites pâquerettes moutonnantes que j'aime tant !

     

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    Élégant cultivar de la petite fleur blanche et dorée qui investit nos pelouses aux beaux jours, la pâquerette« pomponnette » est une bisannuelle de la famille des Astéracées. Elle se caractérise par des feuilles vert vif disposées en rosette et de jolies efflorescences en forme de pompons chatoyants. Elle fleurit « timidement » en automne et se développe surtout de mars à mai. Elle décore les bordures, les massifs et les jardinières, garnit les corbeilles de baptême ou de fiançailles et permet de composer de séduisants bouquets. Elle se marie fort bien avec les muscaris, les tulipes, les jacinthes et les narcisses.

     

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    Je vous souhaite une agréable semaine ensoleillée. Prenez soin de vous. Gros bisous !

     

    Je reviens au rythme de mes possibilités...

    Plume

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