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    Elle se dresse, élégante, sous les arbres du parc dont elle constitue l'une des fabriques, petite chapelle aux lignes pures qui fut consacrée en 1864.

     

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    Elle fut construite pour Alfred Caillebotte, demi-frère de Gustave, qui était prêtre et son nom est emblématique du charme bucolique de l'endroit.

     

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    Quand on s'approche, on imagine un ancien lieu de culte lunaire associé à une déesse mère parée de lierre, le « Gort » de la tradition celtique qui signifie « l'embrassement »  mais il apparaît surtout que la chapelle soit liée à la rivière et que le nom qu'elle porte soit le fruit d'un jeu d'écriture.

     

    A travers son nom, il faut « entendre » Notre-Dame de l'Yerres, rivière dont je vous ai parlé mais pour les personnes qui n'auraient pas lu mon premier article sur la propriété Caillebotte, voici ce que j'avais écrit :

     

    Cette rivière, en partie souterraine sur son cours supérieur, naît en Seine-et-Marne, à Courbon, près de l’étang de Guerlande. Elle « nourrit » les villages de Soignolles-en-Brie et de Brie-Comte-Robert, traverse le département de l’Essonne et rejoint la Seine à Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne. Sinueuse à son point de départ, elle se nourrit de sources et de rus pour franchir autant de communes rurales que d'espaces très urbanisés. Son principal affluent se nomme Le Réveillon.

     

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     Créature de nuages à sa surface...

     

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    Bijou d'architecture, Notre-Dame du Lierre (ou de l'Yerres) mêle dans sa structure des éléments de style roman comme les baies en plein-cintre et des formes élancées et ciselées de style gothique.

     

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    J'écrivais plus haut qu'elle avait été construite pour Alfred Caillebotte...

    Petite incursion dans l'histoire de la famille Caillebotte

     

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     Rising road (Route ascendante), 1881.

     

    Vous l'avez constaté en vous « promenant » à travers mes articles, Gustave Caillebotte n'était pas un artiste maudit. La réussite de son père, Martial Caillebotte, lui permit d'être un généreux mécène pour les peintres impressionnistes et de pouvoir contribuer à la constitution d'une collection d’œuvres emblématiques de l'Impressionnisme, au-delà de ses propres réalisations.

     

    Grâce à la fortune paternelle, Gustave créa ses tableaux dans un cadre privilégié et l'un de ses frères, nommé Martial comme le père providentiel, put donner libre cours à sa passion pour la photographie.

     

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     Martial (1853-1910) et Gustave (1848-1894). Collection particulière.

     

    Issu d’une famille très fortunée de la bourgeoisie du Second Empire, Martial père naquit à Domfront, dans l’Orne, le 8 avril 1799. Négociant en draps, il avait hérité en 1830 de l’affaire familiale qu'il fit prospérer en venant à Paris. Puissant industriel, il fut également juge au Tribunal de Commerce de la Seine et reçut la distinction de Chevalier de la Légion d'Honneur. A travers l’histoire de sa famille, c’est l'histoire de l'élaboration des fortunes dans le Paris haussmannien qui nous est révélée.

     

    Martial Caillebotte père eut plusieurs fils : Alfred (1834-1896), né d'un premier mariage, Max qui mourut à la naissance dans le cadre d'un second mariage et, fruits d'une troisième union : Gustave, le célèbre peintre, Martial qui devint photographe et René qui mourut à l'âge de vingt cinq ans.

     

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    Le jeune à la fenêtre, 1876. (Ce portrait rend hommage à René, disparu le 1er novembre 1876. Il est emblématique d'une veine de portraits, fascinants et énigmatiques, présentés de dos).

     

    Alfred fut ordonné prêtre en 1858 et il eut semble-t-il, tout au long de sa vie, de bonnes relations avec ses demi frères. Doté d'une grande spiritualité, il fut vicaire de l'église Saint-Jean-Baptiste de Belleville puis curé de la toute nouvelle église Saint-Georges-de-La-Villette et enfin abbé de la célèbre Notre-Dame-de-Lorette.

     

    La construction de la chapelle Notre-Dame du Lierre était une façon pour son père de « l'inclure » dans l'existence de la famille Caillebotte recomposée.

     

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     Photographie de Martial Caillebotte « montrant » Gustave en promenade avec sa chienne Bergère, sur la place du Carrousel. Collection particulière.

     

    Une très belle relation unit Gustave à ses frères et plus particulièrement à Martial auprès de qui il donnait aisément libre cours à son inspiration.

     

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     Photo de Martial qui était aussi un remarquable pianiste.

     

    Gustave et Martial aimaient décrire chacun à leur manière les grandes modifications de leur temps et cette entité fascinante qu'était Paris en pleine mutation : les nouveaux squares et les jardins haussmanniens, les immeubles élégants, les infrastructures comme les gares, les ponts, les voies de communication... et bien évidemment les bords de rivières, les charmes secrets de l'eau, les loisirs aquatiques, les voiliers, les régates, le canotage... Ils aimaient aussi présenter leurs proches dans un cadre de vie plus intime.

     

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     Un balcon, boulevard Haussmann, 1880.

     

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     Les canotiers, 1877.

     

    Le 7 mai 1881, Gustave et Martial firent l'acquisition d'une parcelle au Petit Gennevilliers, au lieu-dit « L'île aux draps », proche du Cercle de voile de Paris, entre les ponts d'Argenteuil et de Colombes et s'y adonnèrent à leurs passions communes : philatélie, horticulture, yachting...

     

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     Le bateau jaune, 1891.

     

    En 1887, après le mariage de Martial avec Marie Minoret, mariage célébré par Alfred, Gustave racheta les parts que Martial possédait au Petit-Gennevilliers. Il fit agrandir la propriété et s'y installa définitivement pour y dessiner et construire des bateaux, y jouir des plaisirs de la voile et entretenir une collection florale dans de remarquables serres. Il y mourut hélas, encore jeune, d'une congestion cérébrale, mais ceci est une autre histoire...

     

    Les femmes furent aussi très importantes dans la famille Caillebotte. Il y eut notamment Léonie, sœur d'Alfred, qui mourut quand elle n'était qu'une petite fille et dont le souvenir hanta les jours de Martial Caillebotte père. Il y eut Céleste Daufresne, la matriarche, mère de Gustave, de Martial et de René et Marie Minoret qui eut deux enfants avec Martial : Geneviève et Jean.

     

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    Quatre femmes à Yerres, à l'ombre des orangers...

     

    Au premier plan dans la jolie robe bleue, on voit Marie Caillebotte, cousine de Gustave, puis dans un effet de perspective, l’artiste a représenté Marie Amanda Chaumont, sa tante, Madame Hue, une amie de la famille et enfin sa mère Céleste Daufresne, près du parterre de pélargoniums.

     

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     Une photographie de la famille Caillebotte déjeunant à proximité d'Aix.

     

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    Contempler la jolie chapelle Notre-Dame du Lierre m'a donné envie de vous parler de cette famille dont les membres furent des témoins privilégiés des évolutions de leur temps.

     

    Je compte publier des articles cet été alors je vous donne rendez-vous dans quelques jours pour d'autres « aventures » artistiques. En attendant, je vous fais de gros bisous, merci de votre fidélité !

     

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    J'ajoute ces roses... pour le blogueur Marc de Metz, pour sa famille et ses amis. Marc nous a quittés. J'avais échangé quelques pensées très gentilles avec lui. Nous nous connaissions peu mais j'avais conservé le souvenir d'un homme attentif aux autres et généreux. Je pense à mon amie Annick qui l'appréciait énormément. Je déteste sentir qu'une amie a de la peine...

     

    Lien vers le très bel article hommage qu'Annick lui a consacré...

     http://annick-amiens.eklablog.com/

    Plume

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    Chers aminautes, je vous invite à poursuivre notre exploration des fabriques de la propriété Caillebotte, à Yerres. Après l'histoire des lieux, l'étude du terme « fabrique » dans l'art des jardins et la contemplation du kiosque, de la glacière et de la chaumière normande, nous voici, devisant, devant l'exèdre.

     

    Dans l'antiquité gréco-romaine, l'exèdre était une composition architecturale destinée à former un espace de réunion. On y disposait des bancs en demi-cercle dans le but de favoriser la conversation.

     

    Dans plusieurs grandes villes de l'Antiquité, les exèdres étaient des monuments très sophistiqués, richement décorés de statues qui représentaient des dieux et des donateurs et elles étaient parfois intégrées dans les façades des bâtiments publics : thermes, hippodromes, forums...

     

    Les maisons patriciennes possédaient fréquemment une exèdre que l'on appelait « pièce de conversation », située le plus souvent face à la cour d'honneur ou « cour péristyle » de la demeure.

     

    L'exèdre de la propriété Caillebotte, essentiellement décorative, est un hommage rendu à ces « possibilités » philosophiques d'autrefois.

     

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    Des piliers surmontés de têtes sculptées rayonnent autour d'une statue centrale : L'Enfant à l'oie qui domine une vasque. Cet enfant est considéré comme le fils d'Asclépios, le dieu grec de la médecine. Il est censé combattre la fièvre paludéenne représentée par l'oie mais j'y reviendrai tout à l'heure.

     

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    Les différentes têtes qui couronnent les piliers évoquent des personnages antiques : héros, dieux, philosophes mais elles ont été déplacées plusieurs fois et aucun document ne relate dans quel ordre elles se trouvaient à l'époque où la famille Caillebotte vivait dans la propriété. Aujourd'hui, nous pouvons reconnaître parmi elles...

     

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    Asclépios, dieu médecin, fils d'Apollon et de Coronis, princesse de Thessalie (terre de haute magie) dont le nom signifie « corneille ». Dans sa jeunesse, Asclépios fut initié aux sciences, à la littérature et à l'art par le centaure Chiron.

    La déesse Athéna lui fit don de deux fioles contenant le sang de la terrible Méduse. Ces fioles représentaient l'essence même de la médecine. Avec l'une d'elles, on obtenait un poison violent et avec l'autre, un puissant élixir de guérison.

     

    Au XIXe siècle, on pouvait admirer près d'Asclépios des bustes de Pomone et de Vertumne, divinités protectrices des fruits et des jardins. Ils ont hélas disparu.

     

    Il demeure le buste du philosophe Platon (-428/-348) qui rend hommage à l'esprit de discussion associé à la conception de l'exèdre.

     

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    Platon

     

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    A côté de Platon, un visage jeune et empreint de noblesse, longtemps assimilé à celui du dieu Vertumne, évoque Antinoüs (111-130 après J.-C.), favori infortuné de l'empereur Hadrien.

     

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    Si vous désirez approfondir vos connaissances au sujet d'Antinoüs et d'Hadrien, je vous conseille la lecture des articles de monsieur Richard Lejeune, sur son blog Égyptomusée.

     http://egyptomusee.over-blog.com/2016/09/les-devenirs-d-antinous-de-la-fiction-romanesque-a-la-realite-archeologique.html

     (Il y a plusieurs articles, il suffit de suivre les liens...)

     

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    Aux extrémités de l'exèdre, on aperçoit des vases qui sont des répliques de ceux réalisés par le sculpteur grec Sosibios d'Athènes vers l'an 50 avant J.-C.

     

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    Méconnu aujourd'hui, Sosibios travaillait à Rome à la fin de la République et bénéficiait d'une aura de succès dans les milieux aisés. Plusieurs originaux de ses œuvres se trouvent au Louvre.

     

    L'enfant à l'oie

     

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    Au cœur de la composition, il nous séduit par la « joliesse » de ses lignes et la puissance de ses mouvements. Nombre de promeneurs qui passent par là pensent qu'il joue or ce n'est pas le cas. Il serre le cou de l'oie et selon les interprétations, soit il combat la fièvre paludéenne soit il impose sa domination sur l'oie pour lui faire rejoindre ses congénères sacrées du Temple d'Asclépios.

     

    L’œuvre originale, en bronze, a été attribuée à Boéthos de Chalcédoine, sculpteur en activité vers l'an 200 avant J.-C. On en découvrit, en 1792, une copie antique en marbre sur la Via Appia, au sud de Rome, dans la Villa dite des Quintilii. En 1799, elle fit partie des saisies napoléoniennes et fut placée au Louvre, au Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines.

     

    Boéthos s'était inspiré d'une statuette citée dans Les Mimes du poète grec Hérondas qui vécut au IIIe siècle avant J.-C.

     

    Les Mimes étaient dans l'Antiquité des petites scènes comiques représentant des gens de condition modeste dans l'ordinaire de leur vie. La statuette évoquait un enfant étranglant une oie et favorisant par ce geste la guérison de ceux qui la touchaient.

     

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    Sur cette photo vous apercevez l'une des façades du Casin, bâtiment dont je vous ai parlé dans mon premier article consacré à la propriété Caillebotte. Les statues que l'on devine sont celles de Vénus et d'Apollon.

     

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    L'enfant à l'oie a été représenté sur un timbre datant de 1955 et vendu au profit de la Croix-Rouge. Ce timbre a été dessiné et gravé par Jules Piel, artiste spécialisé dans ce qu'on appelle « l'art des figurines postales ».

     

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    Bien connu des collectionneurs de timbres, d'enveloppes premier jour, de monnaies et de médailles commémorative, Jules Piel (1882-1978) a également dessiné des billets de banque et illustré des livres. Il a notamment réalisé de belles planches pour Les Lettres de mon moulin d'Alphonse Daudet et Le Cantique des Cantiques.

     

    Je ne saurais que trop vous conseiller, si vous passez par Yerres, d'aller voir cette remarquable exèdre qui nous parle de culture, d'art et de philosophie. Ses éléments ont été « reconstitués » (du moins une partie) en 1998, par l'atelier de moulage du musée du Louvre, à l'occasion du 150e anniversaire de la naissance de Gustave Caillebotte (1848-1894).

     

    A très bientôt, chers aminautes, pour la suite de cette promenade essonnienne. Prenez bien soin de vous en ces temps de fortes chaleurs. J'ai de grosses difficultés à me servir de mon ordinateur. Mes pages se « voilent », mon traitement de texte va à une vitesse de limaçon et les photos sont très difficiles à publier en dépit de leur poids et de leur taille considérablement diminués. Christophe a passé un temps fou à tenter de mettre cet article en ligne alors j'espère qu'il sera visible en entier... J'ai renoncé à y ajouter d'autres photos parce que ce n'était pas possible.

    Merci de votre fidélité, gros bisous !

     

    PS : Pour les amoureux des oiseaux...

     

    Les oies photogéniques qui se dandinent sur le blog de Véronique (les oies du parc du château de Rambouillet)

    http://www.laparisienneetsesphotos.com/les-oies-du-parc-du-chateau-de-rambouillet-a130519550

     

    Les bébés mésanges de Laure (Mon jardin du bonheur) qui prennent si joliment leur envol (les petits ont quitté le nid)

     http://laurefeerie.canalblog.com/archives/2017/06/20/35390905.html

     

    La famille cygne et les pigeons très amoureux qu'Annick a immortalisés avec son APN

     http://annick-amiens.eklablog.com/monsieur-et-madame-cygne-nous-presentent-leurs-petits-a130390858

     http://annick-amiens.eklablog.com/des-cygnes-aux-pigeons-a130415466 (attention, article classé X!!!)

     

     Un grand bol d'air marin avec le « voyage » de Zaza sur son île aux couleurs chatoyantes ! Il fait bon voler par là-bas pour se rafraîchir.

     http://zazarambette.fr/arrivee-a-bon-port/#more-6641

     

    La poésie « Saturnine » de Jill qui m'a enchantée

     http://jill-bill.eklablog.com/saturnine-a130530194

     

    La baignade de l'accenteur sur le blog de Shuki

     https://le-monde-de-shuki.blogspot.fr/2017/06/baignade-de-laccenteur.html

     

    La balade médiévale de Canelle avec de drôles d'oiseaux en armure...

    http://www.dinclo56.com/2017/06/fouras-et-les-medievales.html

     

    Les oiseaux de Charles Trénet sur le blog de Gérard (Paris à nu)

     http://www.paris-a-nu.fr/les-oiseaux-de-paris-charles-trenet-1938/

     

    Petit clin d’œil amical « à tire-d'ailes » à Linda et à Picasso

     http://ekla-de-nature.eklablog.com/asperule-odorante-a130462038

     

    Ainsi qu'à Mamie Lucette

     http://chezmamielucette.eklablog.com

     

     

     

    Chers aminautes, j'aime profondément ce que vous faites. Je ne fais pas de favoritisme, j'ai pris le thème avicole avec du premier et du second degré et si je vous ai oublié(s) ou si je n'ai pas vu vos billets du jour, j'en suis désolée...

     

     

     

    A très bientôt

     

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    En attendant de vous retrouver dans les allées verdoyantes de la Propriété Caillebotte, je veux vous offrir ces beautés corsetées de velours et de soie, photographiées dans la lumière d'or à côté de chez moi.

     

    Je retourne à l'hôpital pour ajuster le nouveau traitement contre l'épilepsie que j'ai commencé il y a quelques jours et qui me « tourmente »... Mon cerveau s'est emballé, réaction première, je suis en suractivité mentale, je ne dors que deux heures par nuit et physiquement, les douleurs neurologiques sont optimales alors il faut que les choses s'apaisent, se calent et j'espère que cela m'apportera quelque chose de positif sur le long terme.

     

    Je dois prendre ce traitement à base de ciguë pendant une première phase de quatre mois. J'ai commencé mercredi et je me sens vraiment... très bizarre.

     

    Chaleur et lumière nous enveloppent, le solstice d'été approche à grands pas alors profitez bien, chers aminautes, des belles journées qui s'ouvrent devant vous. Je vous souhaite plein de belles choses et vous remercie de votre gentillesse et de votre fidélité, à bientôt !

     

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  • Je veux dédier cet article à Henri, un ami qui vient de nous quitter... Il allait fêter dans quelques mois ses 88 ans. Il aimait profondément la vie, le partage. Il écrivait de gracieux alexandrins et il était très cher à nos cœurs.

    Je continuerai de penser à toi, Henri et je présente mes condoléances les plus vives à ta famille et à tes amis. Tu m'écrivais de si gentilles choses, tu étais là, prenant plaisir à « savourer » mes promenades parisiennes et tu seras toujours avec moi. Repose en paix là où les poèmes brillent de mille feux. Les tiens nous ont enchantés pendant de longues années d'amitié alors un grand merci et de beaux sourires malgré notre peine...

     

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    Pour Henri...

     

    Retour à Yerres, dans le bel écrin de la Propriété Caillebotte, où de séduisants petits édifices appelés « fabriques » se dressent parmi la végétation.

     

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    Dans l'art des jardins, les fabriques désignent des constructions pittoresques évoquant l'architecture en vogue dans plusieurs pays. Pagodes, kiosques, pyramides, temples, tourelles, colonnes, ponts miniatures, chaumières... se sont multipliés, aux XVIIe et XVIIIe siècle, un peu partout en Europe, dans de nombreux parcs et jardins. Les fabriques furent créées en Angleterre vers les années 1750, « adoptées » dans la foulée en Allemagne et en Suède et très appréciées en France surtout à partir des années 1770. Elles symbolisent les étapes d'un voyage à travers les beautés du monde mais aussi les différents aspects d'un voyage intérieur.

     

    Cheminer, de fabrique en fabrique, en contemplant les couleurs changeantes des saisons, était considéré comme un art de vivre, une manière à la fois spirituelle et philosophique de communier avec les beautés de la Nature. Nature célébrée pour son mystère et sa force d'expansion et recomposée, de manière poétique, dans un espace élégant.

     

    Répandues dans la peinture de paysage, (nous pensons aux tableaux de peintres comme Claude Gellée dit Le Lorrain (1600-1682) ou Nicolas Poussin (1594-1665) ), les fabriques ont été « heureusement » conservées dans plusieurs lieux emblématiques de la capitale (Parc Monceau, Bagatelle...) et de la grande Île de France (Rambouillet, Désert de Retz, Méréville, Ermenonville...)

     

    Joliment restaurées, celles de la Propriété Caillebotte se laissent admirer au rythme de la marche et par le charme qui en émane, elles font allusion à celles des jardins anglais où s'équilibrent constructions à taille humaine et « volumes plantés » à l'enveloppante beauté.

     

     

    Le Kiosque oriental et la Glacière : deux fabriques qui n'en forment qu'une

     

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    Le Kiosque

     

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    Ce belvédère de conception romantique offrait jadis au visiteur la possibilité de considérer le paysage à partir d'un « nouveau » point de vue. Il est agrémenté d'un décor de style oriental : les panneaux sont encadrés de faux bambous et décorés de fleurs de lotus qui symbolisent la sagesse. Les vitraux sont ornés de griffons, en référence au Mont Griffon, point culminant d'Yerres (115 mètres) qui se situe dans l'axe visuel de l'édifice. On n'y accède plus mais ses portes se rouvriront peut-être...

     

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    La Glacière

     

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    Couverte d'une butte de terre surmontée du kiosque et profonde de sept mètres, elle fut construite, vers 1830, à l'initiative de Pierre-Frédéric Borrel, le concepteur du parc à l'anglaise avant l'implantation de la famille Caillebotte. On y entreposait la glace naturelle, entre des couches de paille, afin de conserver les aliments.

     

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    Sa porte d'accès est encadrée par un « enrochement de meulière » en forme de grotte.

     

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    Jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, on éloignait les glacières des bâtiments que l'on présentait comme « nobles ». On les dissimulait derrière des bosquets (château royal de Marly) ou des murs (Versailles, Grand Trianon...). Purement utilitaires, on les plaçait surtout près des cuisines mais cela évolua à partir de la deuxième moitié du XVIIIe siècle.

     

    La glacière devint l'un des éléments majeurs du jardin dit « pittoresque ». On la recouvrit d'une butte de terre afin d'y installer un kiosque destiné à servir de point de mire. C'est la composition que l'on trouve à Yerres.

     

    La glacière fut considérée comme indispensable à l'esthétique des lieux. En 1750, l'architecte et décorateur de théâtre Jean-Nicolas Servandoni (1695-1766) construisit dans le parc du château de Gennevilliers, dans les Hauts de Seine, un ensemble remarquable qui hélas n'existe plus. Parmi les trésors de cette propriété construite à l'initiative du maréchal duc de Richelieu, petit neveu du célèbre Cardinal, un temple circulaire était consacré à la déesse Aurore.

     

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    Ce bâtiment belvédère, détruit au début du XXe siècle, était érigé au-dessus de la glacière. On y admirait des peintures de François Boucher (1703-1770) et notamment une représentation de l'Aurore et un Mercure doré.

     

     

    Dans les allées du mystérieux Désert de Retz, vaste jardin anglo-chinois juché sur les hauteurs de la forêt de Marly, se dresse, parmi des fabriques aux noms évocateurs : le Temple du dieu Pan, la Colonne détruite, la Tente Tartare..., une glacière pyramide. Cette glacière fut conçue pour rendre hommage aux charmes de l'Égypte antique.

     

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    (Photo de Lionel Allorge)

     

    Sa construction s'est élaborée sur trois niveaux. Elle se compose d'une cuve profonde de six mètres, d'un soubassement carré et de la partie pyramidale proprement dite. Avec sa porte d'accès orientée au nord et son élégante mise en scène, elle fut considérée comme une « métaphore de la perfection maçonnique ».

     

    A Yerres comme ailleurs, la glace était récoltée pendant l'hiver dans ce qu'on appelait un « canal à glace » soit un étang ou une mare situé(e) à proximité de la propriété. Dans la cuve maçonnée de la glacière, en forme de cône inversé, on plaçait la précieuse eau solidifiée que le personnel dévolu à cette importante tâche venait récupérer à la nuit tombée. Au-dessus des blocs de glace, sur un plancher supérieur, calé par des pierres imposantes, reposaient fruits, légumes et pièces de viande.

     

    Le commerce de la glace fut prospère dès l'Antiquité, la glace étant tout aussi indispensable pour rafraîchir aliments et boissons que pour soigner les fièvres et les inflammations. Dans les temples de la Grèce antique, on faisait fondre de la glace dans des petits bassins, dans un but divinatoire et dans la Rome ancienne, la glace était utilisée dans les thermes pour « nourrir » les frigidaria.

     

    Dans les parcs des châteaux, les puits à glace étaient particulièrement surveillés et plus encore en période de forte chaleur tant le prix de la glace, déjà élevé, pouvait augmenter.

     

    Pour la petite histoire, les premiers sorbets apparurent environ quatre siècles avant J.-C. en Italie. On mélangeait des fruits et du miel et on plaçait l'ensemble dans un récipient mis en contact avec de la glace. Cette gourmandise fut introduite à la cour de France par Catherine de Médicis (1519-1589) sous le règne de Henri II (1519-1559). Les glacières furent donc plus que jamais indispensables !

     

     

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    A Yerres, à quelques pas de l'ensemble constitué par le kiosque et la glacière, se dresse la Chaumière Normande.

     

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    Cette jolie construction était la réserve à outils de la propriété. On y entreposait entre autres les objets nécessaires à la récupération de la glace. Ses portes à croisillons de bois sont caractéristiques de l'architecture dite de montagne. Ses murs sont appareillés en pierres de meulière et son toit aux pentes fortement marquées était autrefois couvert de chaume.

     

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    Je vous donne rendez-vous bientôt, chers aminautes, afin de poursuivre cette promenade sous le beau soleil d'Île de France et d'apprécier la contemplation d'autres fabriques. En attendant, je vous souhaite un agréable week-end de Pentecôte, gros bisous !

    Plume

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