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Savourons des plaisirs poétiques en souhaitant une Très Bonne Fête à nos Mamans... J'adresse de douces pensées à celles qui rayonnent ici et à nos chères disparues, toujours présentes dans l'écrin du cœur...
Les Roses
« Le Printemps rayonnant, qui fait rire le jour
En montrant son beau front, vermeil comme l’aurore,
Naît, tressaille, fleurit, chante, et dans l’air sonore
Éveille les divins murmures de l’amour.
O Sylphes ingénus, vous voilà de retour!
De mille joyaux d’or la forêt se décore,
Et blanche, regardant les corolles éclore,
Titania folâtre au milieu de sa cour,
A travers l’éther pur dont elle fait sa proie,
Tandis que la lumière, éclatante de joie,
Frissonne dans la bleue immensité des cieux.
Beauté qui nous ravis avec tes molles poses,
Dis, n’est-ce pas qu’il est doux et délicieux
De plonger follement ta bouche dans les roses? »
Novembre 1888
Théodore de Banville, Dans la fournaise, 1892
Titania, dans le monde anglo-saxon, est la reine des fées et l'épouse d'Obéron, le roi du Petit Peuple. Ces deux-là s'aiment passionnément mais, dotés d'un caractère ombrageux et de grands pouvoirs magiques, ils se disputent souvent ! Ils se jouent des tours, se lancent des sortilèges puis se réconcilient, ce qui fait le bonheur des lutins et des fées.
Ils sont issus du Songe d'une Nuit d'Été de William Shakespeare (1564-1616).
Surnommé par ses amis « le poète du bonheur », Théodore de Banville excella dans l'art d'explorer les ressources profondément variées de la poésie française.
Éclectique dans l'âme, il écrivit une partition Romantique et Parnassienne, brodée de fièvre Symboliste et nous convie, dans chacune de ses œuvres, à un voyage en mots.
Poète, dramaturge, chroniqueur et critique littéraire, passionné d'Esthétisme, orfèvre et sculpteur de vers, Théodore de Banville nourrit une amitié profonde avec Théophile Gautier (1811-1872), Charles Baudelaire (1821-1867) et Victor Hugo (1802-1885).
L'une de ses créations les plus célèbres, la revue collective « Le Parnasse Contemporain » fut une révélation pour Arthur Rimbaud (1854-1891).
Tout jeune poète, Arthur Rimbaud envoya ses poèmes à Théodore de Banville qui l'encouragea à persévérer dans l'écriture et l'invita à habiter chez lui mais quelques temps plus tard, les relations se « compliquèrent » entre les deux hommes. Leurs visions artistiques entrèrent en « différence ».
Outre le Parnasse Contemporain et ses nombreux recueils de poésie, Théodore publia un Petit Traité de Poésie Française, en 1872, et un roman intitulé Marcelle Rabe. Il fut aussi l'éditeur, avec Charles Asselineau (1820-1874), de la Troisième édition des Fleurs du Mal de Baudelaire.
Mouvement poétique incontournable de la deuxième moitié du XIXe siècle, Le Parnasse émane directement du Parnasse Contemporain, revue, recueil et symphonie littéraire publiée, entre 1866 et 1876, par le grand éditeur Alphonse Lemerre.
Loin, très loin d'une vision esthétique « morale ou utile », Le Parnasse se fonde sur la beauté de « l'art pour l'art » comme le préconisait Théophile Gautier. Il exalte le travail du poète considéré comme un sculpteur de mots, un artisan d'une opiniâtreté dans faille, un ciseleur de mondes sur les reliefs imaginaires de la page blanche.
Le Poète est perçu comme un Alchimiste de la Matière Poétique et Le Parnasse se veut un hommage à cette activité subtile, sous l'égide des Muses...
Le Parnasse, fresque réalisée par Raffaello Sanzio dit Raphaël (1483-1520) de 1509 à 1511. Il s'agit de la « Maison de la Poésie » et du « Séjour des Poètes ».
Neuf Muses, filles de Mnémosyne, la Mémoire et de Zeus/Jupiter, le maître des Olympiens sont honorées comme des Déesses. Leurs voix mélodieuses résonnent dans les lieux élevés. Leur assemblée est présidée par le dieu Apollon. Les Grâces paraissent auprès d'elles ainsi que le dieu de l'Amour, des artistes, des sages et des philosophes.
Apollon et les Muses, 1826, par Heinrich Maria von Hess (1798–1863).
Belles, jeunes, brillantes, sensuelles, gardiennes de la Connaissance, inspiratrices des Arts, les Muses (Mnémosynides) ne se laissent pas défier sans réagir avec intensité. Elles sont à l'origine de la transformation des Sirènes, esprits de l'air sous leur forme initiale, en demoiselles des eaux. Les Sirènes, femmes ailées, leurs disputèrent le premier prix de chant auprès des Olympiens. Les Muses, opiniâtres, gagnèrent et les Sirènes perdirent leur plumage et furent obligées de s'exiler sur une île lointaine, à proximité des terrifiants Charybde et Scylla.
Quelques temps plus tard, neuf sœurs dotées de belles qualités artistiques, les Piérides, se mesurèrent aux Muses. Elles perdirent et se mirent en colère. En guise de punition pour avoir vilipendé les Muses, elles furent transformées en pies par les dieux. Condamnées à jacasser pour l'Éternité...
Les Muses, image Pinterest
De nombreuses fontaines et sources leurs sont consacrées, à l'instar de l'Hippocrène, source née d'un coup de sabot du cheval ailé Pégase, coursier merveilleux associé à l'Inspiration Poétique.
Visite de Minerve aux Muses par Joos de Momper le Jeune (1564-1635). Pégase et la source/fontaine Hippocrène apparaissent à droite.
Les Neuf Muses sont :
Uranie « la savante » qui règne sur l’Astronomie et l’Astrologie.
Calliope, la spécialiste de l’éloquence et de la poésie héroïque, mère du poète Orphée.
Clio, suzeraine de l'Histoire, gardienne des grands événements et des mémoires ancestrales.
Thalie, « la vive », qui préside à la comédie et apporte la joie.
Melpomène, la reine de la tragédie, celle qui charme par ses vers héroïques.
Erato, suzeraine de la poésie passionnée, muse des vers ardents et de l'élégie.
Euterpe créatrice de la musique, reine des instruments à vents. Couronnée de fleurs, elle tient une flûte.
Polymnie, fondatrice de la poésie lyrique et de l’harmonie.
Terpsichore, maîtresse de la danse et de l'énergie flamboyante des mouvements.
Dans l'Antiquité, on les invoquait au début et à la fin de chaque chanson et on leur offrait des libations à base d’eau fraîche, de lait parfumé à la rose et de miel.
Théodore de Banville a célébré l'énergie créatrice des Muses à travers ses recueils poétiques aux noms évocateurs :
Améthystes, Dans la Fournaise, Le Sang de la Coupe, Les Cariatides, Les Exilés, Les Princesses, Odelettes, Odes Funambulesques, Rimes Dorées, Rondels, Sonnailles et Clochettes, Trente-Six Ballades Joyeuses...
La Muse
« La Muse est un oiseau, disait un maître ancien.
Auguste Vacquerie.
Près du ruisseau, sous la feuillée,
Menons la Muse émerveillée
Chanter avec le doux roseau,
Puisque la Muse est un oiseau.
Puisque la Muse est un oiseau,
Gardons que quelque damoiseau
N’apprenne ses chansons nouvelles
Pour aller les redire aux belles.
Un méchant aux plus fortes ailes
Tend mille pièges infidèles.
Gardons-la bien de son réseau,
Puisque la Muse est un oiseau.
Puisque la Muse est un oiseau,
Empêchons qu’un fatal ciseau
Ne la poursuive et ne s’engage
Dans les plumes de son corsage.
Mère, veillez bien sur la cage
Où la Muse rêve au bocage.
Veillez en tournant le fuseau,
Puisque la Muse est un oiseau. »
Avril 1844.
Théodore de Banville, Les Stalactites, 1846
Auguste Vacquerie (1819-1895) était un poète, un dramaturge, un photographe et un grand journaliste.
Les Muses au tombeau
« Près de la pierre close
Sous laquelle repose
Théophile Gautier,
(Non tout entier,
Car par son œuvre altière
Ce dompteur de matière
Est comme auparavant
Toujours vivant,)
Regardant cette tombe
De leurs yeux de colombe,
Les Muses vont pleurant
Et soupirant.
Toutes se plaignent : celle
Dont l'œil sombre étincelle
Et qui réveille encor
Le clairon d'or,
Celle que le délire
Effréné de la Lyre
Offre aux jeux arrogants
Des ouragans,
Celle qui rend docile
Un mètre de Sicile
Et tire du roseau
Des chants d'oiseau,
Celle qui, dans son rêve
Farouche, porte un glaive
Frissonnant sur son flanc
Taché de sang,
Et celle qui se joue
Et pour orner sa joue
Prend aux coteaux voisins
Les noirs raisins,
Et la plus intrépide,
La Nymphe au pied rapide,
Celle qui, sur les monts
Où nous l'aimons,
Par sa grâce savante,
Fait voir, chanson vivante,
Les rythmes clairs dansants
Et bondissants.
Oui, toutes se lamentent
Et pieusement chantent
Dans l'ombre où leur ami
S'est endormi.
Car il n'en est pas une
Qui n'ait eu la fortune
D'obtenir à son tour
Son fier amour ;
Pas une qu'en sa vie
Il n'ait prise et ravie
Par un chant immortel
Empli de ciel !
Ses pas foulaient ta cime,
Mont neigeux et sublime
Où nul Dieu sans effroi
Ne passe ; et toi,
Fontaine violette,
Il a vu, ce poète,
Errer dans tes ravins
Les chœurs divins !
Et toi, monstre qui passes
A travers les espaces,
Usant ton sabot sur
Les cieux d'azur,
Cheval aux ailes blanches
Comme les avalanches,
Tu prenais ton vol, l'œil
Ivre d'orgueil,
Quand sa main blanche et nue
T'empoignait sous la nue,
Ainsi que tu le veux,
Par les cheveux !
Mais, ô Déesses pures,
Ornez vos chevelures
De couronnes de fleurs,
Séchez vos pleurs !
Car le divin poète
Que votre voix regrette
Va sortir du tombeau
Joyeux et beau.
Les Odes qu'il fit naître
Lui redonneront l'être
A leur tour, et feront
Croître à son front
Victorieux de l'ombre,
L'illustre laurier sombre
Que rien ne peut faner
Ni profaner.
Toujours, parmi les hommes,
Sur la terre où nous sommes
Il restera vivant,
Maître savant
De l'Ode cadencée,
Et sa noble pensée
Que notre âge adora,
Joyeuse, aura
Pour voler sur les lèvres
Que brûleront les fièvres
De notre humanité
L'éternité ! »
Théodore de Banville
Recueil : Odelettes (1856).
Églé
« Sous le lourd fleuve d’or qui va le caressant,
Avec ses sombres yeux et sa bouche de rose,
Le visage d’Églé, fait pour l’apothéose,
Apparaît, comme au ciel un astre éblouissant.
Dans sa prunelle en feu rit le désir naissant,
Et du col au talon qui sur le sol se pose,
Sur le torse, où le lys a mis sa neige éclose,
La ligne glorieuse et tranquille descend.
Toute troublée encor par le songe nocturne,
Églé lève ses bras comme des anses d’urne,
Et prend ses grands cheveux, mêlés par le sommeil.
Un frissonnant rayon de lumière glisse entre
Ses jeunes seins, baisant leur bout rose et vermeil,
Et met dans la clarté la blancheur de son ventre. »
Villa de Banville, 29 octobre 1884
Théodore de Banville, Dans la fournaise.
Dans la mythologie grecque, Églé ou Aeglé, est « la Brillante » et « l'éclat du feu ». Elle est l'une des trois Hespérides, filles du titan Hespérus, le frère d'Atlas qui porte le fardeau du monde. Elle a pour sœurs Érythie, « la Rouge » et Hesperaréthousa, « l'Aréthuse du Couchant ».
Théodore de Banville appartient à mon groupe de poètes préférés avec Charles Baudelaire, Théophile Gautier, Paul Éluard, Saint-John Perse, Louis Aragon, Albert Samain, Anna de Noailles, Aimé Césaire...
Je vous adresse mes meilleures pensées, chers aminautes et je réitère mes vœux de bonne fête pour les mamans... A très bientôt !
39 commentaires -
Un banc de marbre en demi-lune dans un jardin ensoleillé, peuplé de hautes herbes et de luxuriants iris.
Une fée parée d'ailes bleues de papillon vient offrir des fleurs à une jeune fille vêtue de blanc. Magie d'une rencontre... La fée, initiatrice en cette scène d'intimité, touche la tête de sa visiteuse dont le visage est éclairé par un radieux sourire.
La fée aux ailes de papillon est un être psychopompe, une messagère entre les mondes. Elle porte les rêves dans le palais de Somnus, le dieu antique des songes et des initiations qui s'élaborent au niveau de la psyché.
Psyché mythologique, délicieuse amante de Cupidon, le Désir, qui arbore des ailes de papillon...
Le Papillon est l'une des créatures les plus aimées du Bestiaire Symboliste et du Bestiaire Art Nouveau. A la fois fragile et doux, enivrant et ambivalent, emblème de vie et de mort, gardien des secrets et des métamorphoses... Double envoûtant de la femme qui connaît plusieurs transformations au cours de sa vie.
L’œuvre, tissée d'un charme Symboliste mêlé d'Art Nouveau, est signée du peintre parisien, dessinateur, graveur et affichiste Auguste Gorguet.
Artiste prolifique, Auguste François-Marie Gorguet (1862-1927) étudia à l'École des Beaux-Arts de Paris, sous la direction des maîtres Gustave Boulanger (1824-1888), Jean-Léon Gérôme (1824-1904), Léon Bonnat (1833-1922) et Aimé Morot (1850-1913). Son talent fut reconnu au Salon à partir de l'année 1885 et en 1892, il reçut une distinction dans les milieux artistiques de la ville de Chicago. La photographie ci-dessus a été prise en 1896.
Il fut un peintre décorateur qui réalisa sur une inspiration Symboliste, des plafonds, des panneaux, des huiles sur toile, une myriade d'affiches et de couvertures de magazines.
Le Symbolisme naquit le 18 Septembre 1886 sous la plume du poète Jean Moréas (15 avril 1856-30 avril 1910) qui publia dans Le Figaro un manifeste associé aux Arts Visuels, à la Musique et à la Littérature. Nourri d'un substrat poétique, onirique et mythologique, le Symbolisme s'inspirait du Préraphaélisme et des œuvres hermétiques et envoûtantes de William Blake (1757-1827). Il s'agit d'un mouvement européen.
Quant au Préraphaélisme, je vous en parle souvent... Les personnes intéressées pourront en retrouver la définition, assortie de détails esthétiques, dans mon article intitulé Les atmosphères enchantées de John Atkinson Grimshaw.
Allégorie de l'Hiver
Passionné de Littérature, Auguste Gorguet a illustré de nombreux ouvrages dont Le Lys Rouge d'Anatole France, plusieurs livres d'Alphonse Daudet (1840-1897) et de Victor Hugo (1802-1885) ainsi que Les Poèmes de Sapphô (poétesse brillante et sulfureuse, chanteuse et danseuse née vers 632 avant J-C à Mytilène, sur l’île de Lesbos...)
Les Compositions de Sapphô, 1897.
Il a donc conçu de nombreuses affiches pour le Théâtre et l'Opéra, il a aussi gravé des billets de banque et différents titres financiers comme des actions, des emprunts et des obligations.
La Symbolique du Théâtre
Portrait du romancier et dramaturge Georges Courteline (1858-1929).
Il a travaillé, entre 1914 et 1916, avec Pierre Carrier-Belleuse (1851-1932), peintre renommé et portraitiste des danseuses de l'Opéra, à l'élaboration du Panthéon de la Guerre, une immense peinture panoramique de forme circulaire. L’œuvre, inaugurée par Raymond Poincaré le 19 octobre 1918, se trouve aujourd'hui disséminée à travers le monde. Elle a nécessité lors de sa création la présence d'une vingtaine d'artistes et l'édification d'un bâtiment près de l'Hôtel des Invalides.
Le déjeuner des amoureux, 1890
Auguste Gorguet a réalisé des œuvres variées, délicatement colorées et emblématiques d'une certaine harmonie dans la façon de vivre et de ressentir son époque.
Il était fasciné par Isadora Duncan (1877-1927), danseuse et chorégraphe américaine, d'origine irlandaise par sa mère et écossaise par son père.
Cette « pionnière de la danse moderne » était l'incarnation faite femme d'une forme nouvelle de liberté. Héroïne féministe, artiste passionnée par la créativité de tous les aspects de l'être, elle se métamorphosait sur scène... Papillon, Libellule, Cygne... Elle avait adoré incarner une fée dans Le Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare.
Elle portait de fines tuniques dites « à la grecque » et offrait à son public la possibilité de contempler des mouvements particulièrement inventifs. Passionnée d'art chorégraphique, elle lutta toute sa vie contre ce qu'elle appelait « le corps corseté ». Elle aimait être pieds nus, privilégiait l'improvisation et ce qu'elle considérait comme le langage intime du corps. Détestant le Puritanisme et le Conservatisme, elle pratiqua la « danse serpentine », d'inspiration dionysiaque et fut l'égérie d'une foule d'artistes et de grands personnages parmi lesquels on trouvait Georges Clémenceau, Auguste Rodin... et Auguste Gorguet qui nous concerne ici. Elle avait coutume de dire « Montrer son corps relève de l’art, le dissimuler est vulgaire. »
Elle connut une autre danseuse d'exception : Loïe Fuller, un fascinant personnage qui m'inspire l'écriture d'un article que je publierai dans quelques temps.
Isadora Duncan disparut de manière bien tragique. Dans la soirée du 14 septembre 1927, à Nice, vers le numéro 239 de la Promenade des Anglais, un morceau de son écharpe fut happé par une roue de son automobile... Elle mourut étranglée.
Étude de nu, inspirée d'Isadora Duncan.
Auguste Gorguet, Isadora
Andante Nocturne
Auguste Gorguet fut un professeur de dessin renommé et très aimé de ses élèves. Il ne cessa de mêler, au fil de sa vie, le merveilleux à la réalité, recherchant une énergie secrète à travers la femme, les fleurs, les éléments...
La jeune femme à l'iris et aux ombelles...
Le Jardin des Hespérides... Merveilleux jardin situé à l'Extrême-Occident, au bord de l'Océan, où coulaient des sources d'ambroisie destinées aux dieux. Un arbre fabuleux, porteur de « fruits d'or », s'y épanouissait, sous la garde d'un dragon à cent têtes, appelé Ladon et des gracieuses Hespérides.
L'orange ou « pomme d'or » est associée au mythe du Jardin des Hespérides. Je ne développe pas plus, j'ai un article à publier sur le sujet...
Le verger de Pomone, la déesse des fruits... J'ai aussi consacré un article à cette déesse et à son parèdre, le dieu Vertumne. Il s'agit d'une future publication. Je m'éclipse donc en vous laissant savourer avec les yeux ces fruits luxuriants.
En attendant de vous retrouver, merci pour vos petits mots pleins d'amitié. A bientôt, chers Aminautes !
18 commentaires -
Il était une fois des mots qui chantaient... Libres, ardents, bénévoles !
Des mots dessinés sur la page blanche pour concrétiser des Rêves d'enfants qui affrontent avec un courage infini de très graves maladies.
https://quichottine.fr/2019/05/metiers-improbables-la-couverture.html
Merci à Quichottine, généreuse fée de ce magnifique projet, pour ce qu'elle a accompli au fil des années!
Merci à Solyzaan, sensible illustratrice pour la couverture de ce livre nouveau-né.
Merci à celles et ceux qui ont semé des sourires et des graines d'inspiration et merci de m'avoir accueillie dans ce recueil, le sixième des Anthologies Éphémères, écrit et illustré bénévolement par 108 Auteurs.
Si vous voulez contribuer à donner du bonheur via l'association Rêves, vous pouvez cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder au bulletin de souscription.
https://quichottine.fr/2019/05/metiers-improbables-souscription.html
Vous pouvez également, si vous le désirez, faire de la publicité autour de vous pour ce projet plein d'Humanisme.
Vive l'Espoir, en notes rosées, avec ces petites pâquerettes pomponnettes que j'aime énormément !
Merci de votre fidélité, gros bisous et pensées pour ces Rêves d'Enfants...
20 commentaires -
Retour sur les bords du lac d'Enghien, entouré de nombreux bâtiments de style éclectique. Il y a quelques jours, je vous ai conté l'Histoire de la Ville et du Casino depuis la jetée ornée d'élégants lampadaires. Tout en suivant le mouvement de l'eau, nous allons poursuivre notre découverte des lieux.
Affiche illustrée par Raymond Tournon (1870-1919) pour les chemins de fer du Nord.
La réputation d'Enghien, ville cossue, s'est forgée autour de la beauté de ses eaux et des vertus médicinales qui leur ont été attribuées. Comme je vous le disais il y a quelques jours, en 1823, les eaux d’Enghien-les-Bains ont été associées à la guérison du roi Louis XVIII (1755-1824) qui souffrait d’un ulcère à la jambe. Grâce à la nouvelle qui s'est répandue très rapidement à l'époque, Enghien est devenu le lieu de villégiature à la mode, la station thermale où tout le monde voulait venir.
Après avoir évoqué Mistinguett, Arsène Lupin et Louis Blériot, le Navire-Casino, le Pavillon Chinois et bien d'autres choses encore..., nous continuons à longer le lac qui constitue une formidable réserve de biodiversité. Tout autour, l'architecture, pleine de charme, nous offre l'opportunité de contempler une myriade de styles : balnéaire, néo-classique, néo-gothique, néo-féodal, régionaliste, Second Empire, Art Nouveau...
Plusieurs de ces demeures se situent Avenue de Ceinture, dans une partie de la ville que je vous montrerai à travers ses détails au fil du temps.
Le lac possède une superficie de quarante-trois hectares. Il est peuplé d'oiseaux (cygnes, canards colverts, oies...) et abrite de nombreux poissons : gardons, carpes, rotengles, tanches, carassins, brochets, sandres, perches, poissons chats et aussi des anguilles et des écrevisses (attention, les écrevisses se raréfient, la pêche est réglementée...)
On ne peut pas en faire le tour complètement. Certaines parties sont fermées par des grilles à la circulation des véhicules et des piétons ou dévorées par une végétation qui empêche le passage mais la promenade est tout de même très étendue. Je vous montre différents « visages » de ce magnifique plan d'eau et ses couleurs changeantes.
C'est en contemplant les moires aquatiques, dans une partie plus intime de la ville (nous passons par les Jardins du Pont de la Muse et de la Presqu'île aux Fleurs), que je veux me plonger dans l'histoire du nom « Enghien ».
Aux origines du mot Enghien-les-Bains, on trouve une ville de Belgique : Enghien (Edingen), située dans le Comté de Hainaut, à 30 kilomètres de Bruxelles.
La famille des Princes de Condé possédait ce territoire grâce au mariage de Marie de Luxembourg (1462-1546), protectrice des arts et grande bâtisseuse, fille du Comte Pierre II de Luxembourg et de la puissante Marguerite de Savoie (1439-1483), avec François de Bourbon, Comte de Vendôme, ancêtre de la lignée des Condé.
L'aîné des Princes de Condé portait le titre de Duc d'Enghien mais les Condé voulurent se départir de cet héritage (pour la spéculation...) tout en conservant le nom, ce qui n'était pas compatible avec la loi française. Ils eurent alors recours à une solution acceptée par le roi Louis XIV : donner le nom d'Enghien à l'une de leurs meilleures terres de France, la terre de Montmorency.
Deux étangs existaient à cette époque là dans la région de Montmorency : L'Étang Neuf et l'Étang Vieux. Ces plans d'eau devinrent tous les deux Étangs d'Enghien.
Après la Révolution Française, Montmorency reprit son nom initial mais l'Étang Neuf continua d'être appelé « Étang d'Enghien ». La Ville d'Enghien, née officiellement vers 1850, est issue d'un regroupement de terres qui affleuraient vers le fameux étang, devenu lac aux propriétés thermales mondialement réputées.
Enghien-les-Bains et Enghien en Belgique sont jumelées depuis 1957.
Le blason d'Enghien-les-Bains est « d'azur aux trois fleurs de lys d'or, au bâton péri en bande de gueules, brisé en chef d'un lambel d'argent. »
Il s'agit des armes traditionnelles de la maison de Bourbon-Condé, ces mêmes armes que portait Louis-Antoine duc d'Enghien, le 21 mars 1804, lors de son exécution dans les fossés du château de Vincennes.
https://www.herodote.net/21_mars_1804-evenement-18040321.php
Le blason d'Enghien en Belgique est un « blasonné gironné de dix d'argent et de sable, chaque deuxième pièce étant chargée de trois croisettes recroisetées au pied fiché d'or. »
En héraldique, le terme « sable » signifie « noir » et le terme « gueules » signifie « rouge ».
Une histoire bien complexe que celle d'Enghien !
Profitons de cet élégant petit kiosque situé sur les berges du lac et dont je vous ai montré des détails un peu plus haut dans mon article...
La vue est très agréable et l'eau, comme le ciel, modifie souvent ses couleurs...
De l'autre côté du kiosque, il y a une zone plus sauvage que j'aime beaucoup et cet arbre chargé de lierre et de gui. Il me fascine avec son allure de créature de conte de fées et ses habitants aux ailes bruissantes...
Le lac d'Enghien est une mosaïque de territoires. Il est issu de la rencontre de plusieurs étangs, réserves piscicoles au Moyen Âge entre Montmorency et L'Isle-Adam (des lieux où je vous emmènerai au fil du temps...). Des levées de terre furent aménagées pour permettre le fonctionnement de plusieurs moulins à travers de vastes zones marécageuses. Ces zones avaient été explorées par les Romains, créateurs de la chaussée César, au premier siècle de notre ère.
La gestion des lieux est associée à un projet européen de recherche appelé Prolyphic. Ce projet, fondé sur l'étude de la prolifération des micro-algues, étudie le taux d'oxygène dans l'eau et différents facteurs comme la fluorométrie (ou spectroscopie de fluorescence), une étude des photons de lumière à travers les différentes molécules d'eau. Ces travaux sont essentiels pour connaître la qualité du milieu aquatique et pouvoir surseoir à une prolifération d'organismes dangereux.
C'est dans ce milieu particulièrement riche au niveau de la faune et de la flore que le père Louis Cotte découvrit, en 1766, les particularités médicinales des eaux locales, les plus sulfureuses de France.
Affiche de Léonce Burret (1866-1915), Imprimerie Bourgerie & Cie, 1897, Paris, Faubourg Saint Denis.
Enghien, Grand établissement thermal, 1906, illustration de H. Bertheteiny.
Gardienne des activités humaines sur le lac, la Société Nautique d’Enghien fut créée, le 29 septembre 1885, par des riverains qui avaient reçu, via la Société Anonyme des Eaux d’Enghien, des permis de pêche et de bateau pour une durée de 99 ans. Des activités de voile et d'aviron se multiplièrent depuis la base nautique située sur l’île aux Cygnes au milieu du grand plan d'eau.
Avant la création de la Société Nautique, il y eut des régates sur le lac et l'histoire locale fait état d'une fête orchestrée, le 9 septembre 1860, par le directeur des Beaux-Arts et du Musée du Louvre, Monsieur De Reiset qui venait d’être élu Maire. Il choisit de célébrer sa victoire en lançant une invitation « aux canotiers d’Asnières et des autres ports de Seine à venir se mesurer à l’aviron sur le lac. »
Vous apercevez sur la photo l'ancien Casino avec ses deux grandes tours et son navire ornemental. Un aspect de l'histoire d'Enghien que j'ai développé dans mon précédent article.
Plaisirs d'architecture autour du Lac d'Enghien
Image Port-Rhu.com
La Société Nautique d’Enghien est à l'origine de la formation de nombreux athlètes en voile et en aviron. Elle a obtenu des dizaines de titres de Champions de France et plusieurs titres de Champions du Monde, de Champions d'Europe et de Champions Olympiques.
Outre les performances sportives accomplies sur le lac d'Enghien, on aperçoit aux beaux jours des adeptes du pédalo et le long de la jetée promenade, chaque été, on peut flâner, savourer des glaces, prendre un bain de soleil...
J'ai encore nombre de photos et d'informations historiques à partager sur Enghien alors au fil du temps, nous continuerons à nous promener dans cette ville-lac pleine de charme...
Merci de votre fidélité, chers aminautes, je pense bien à vous !
28 commentaires -
Célébrons le renouveau de la Nature avec ces clochettes délicates, calices miniatures où le petit Peuple vient savourer l'ambroisie des Elfes et la manne des Fées... La Rosée de Lumière y tremble goutte à goutte !
Je vous adresse mes vœux d'Amour, d'Amitié, de Chance et de Prospérité !
En republiant un article que j'avais pris grand plaisir à écrire, agrémenté de nouvelles images qui se mêlent aux images déjà montrées.
Le Muguet: description et propriétés
Plante vivace aux noms poétiques (Lis de Mai, Lis des vallées, Clochette des bois, Grelots, Grillets, Amourette, Gazon du Parnasse, Larmes de Notre-Dame...), le muguet se développe dans les bois clairs, sur les chemins dégagés et les pentes rocailleuses. Il se multiplie grâce à son rhizome traçant appelé « griffe ». Il est également cultivé pour ses ravissantes clochettes blanches au parfum enivrant dont le nom dérive de musc et de muscade. Ses fruits, très toxiques et de la grosseur d'un pois, deviennent rouges à maturité, en septembre ou en octobre.
La pharmacopée populaire connaît, depuis des siècles, les propriétés médicinales du muguet et sa richesse en convallatoxine, une substance apparentée à la digitaline qui possède une action sédative sur le cœur. L'infusion de fleurs, sucrée au miel, est toujours utilisée mais, en raison de sa toxicité, les conseils d'un thérapeute sont absolument nécessaires.
Prisée comme du tabac, la poudre de fleurs, préalablement séchées dans un lieu ombragé, est réputée calmer les migraines d'origine nerveuse, dissiper les vertiges et libérer les sécrétions des voies nasales. Mais souvenez-vous que les propriétés cardiotoniques du muguet ne sont pas à prendre à la légère et que ses jolies baies rouges ne doivent pas être consommées. Il faut également veiller à ce que les enfants n'absorbent pas l'eau dans laquelle le muguet a trempé. ATTENTION DANGER !!!
Au-delà de ses vertus « guérisseuses », cette petite plante aux clochettes lactescentes, aimée des fées et destinée à « chasser l'hiver », nous fait revivre des moments importants de l'Histoire de France...
Petite boîte cœur en porcelaine de Limoges, image Pinterest.
La tradition consistant à offrir du muguet, le premier mai, semble remonter à l'époque de Charles IX (1550-1574). En 1560, alors qu'il visitait la Drôme, le roi reçut un brin de muguet. Séduit par ce présent, il fit distribuer, à partir de 1561, des bouquets odorants aux dames de la Cour. Les seigneurs s'empressèrent de l'imiter en « muguetant », c'est à dire en « faisant les galants »...
Les bals du muguet fleurirent, à partir de la Renaissance. Les messieurs arboraient à la boutonnière de jolis brins parfumés.
Le premier mai 1895, le muguet fut associé à une romance parisienne. Le chansonnier Félix Mayol (1872-1941), auteur de la chanson « Viens poupoule », offrit, sur le quai de la gare Saint-Lazare, un bouquet de muguet à son amie Jenny Cook.
Quand il monta sur les planches du « Concert Parisien », sa jaquette était ornée de clochettes immaculées. Il connut un tel succès que le muguet devint son porte-bonheur attitré.
Le premier mai 1900, lors de festivités organisées par des couturiers parisiens, les clientes et les ouvrières reçurent des brins de muguet. Les couturières prirent ensuite l'habitude d'offrir, chaque premier mai, du muguet à leurs clientes.
Dans le Paris de la Belle Époque, les « fêtes du muguet » se multiplièrent et connurent un succès retentissant, lié à l'élection des « reines de Mai »: de jolies jeunes femmes vêtues de blanc, perçues comme les incarnations de Flore, la déesse du Printemps.
Reines du muguet (Photo Delcampe)
Muguet en vogue dans les cours européennes et dans celle de la reine Victoria (1819-1901).
Ce tableau du peintre lithographe allemand Franz Xaver Winterhalter (1805-1873) décrit l'offrande par le duc de Wellington d'un cadeau à la reine Victoria, au prince Albert et au prince Arthur, dans une scène prévue pour ressembler à une Adoration des Mages. Le tableau fut commandé par la reine pour commémorer le 1er mai 1851, un jour doté d'une triple signification car il évoquait le premier anniversaire du prince Arthur, le quatre-vingt deuxième anniversaire du duc de Wellington, parrain du prince et la date d'ouverture de l'Exposition Universelle.
Le petit prince tient des brins de muguet et le Crystal Palace, fleuron de l'exposition, est visible en arrière-plan.
Emblème de reverdie et de féminité, le muguet est aussi, depuis 1921, l'emblème du Rugby Club de Toulon!
La journée de huit heures et la Fête du Travail
Les clochettes de muguet sont associées, en dépit de leur douceur et de leur fragilité, à des luttes sociales majeures.
Le 1er mai 1884, au IVe congrès de l'American Federation of Labor, les principaux syndicats ouvriers des États-Unis se donnèrent deux ans pour imposer à leurs employeurs la journée de travail de huit heures.
Cette idée naquit en Australie où les travailleurs avaient organisé, le 21 avril 1856, une manifestation en faveur de la journée de huit heures. Le succès fut si retentissant qu'il fut décidé de renouveler cette journée d'action tous les ans.
Le 1er mai 1886, alors qu'une partie des travailleurs venait d'obtenir satisfaction, de nombreux ouvriers, lésés, firent grève pour forcer les patrons à accepter leurs revendications.
Le 3 mai, à Chicago, trois grévistes de la société McCormick Harvester perdirent la vie au cours d'une manifestation et le lendemain soir, alors qu'une marche de protestation se dispersait à Haymarket Square, une bombe explosa, tuant quinze policiers.
La révolte de Haymarket Square (Chicago, 4 mai 1886).
Trois syndicalistes furent condamnés à la prison à perpétuité et cinq autres trouvèrent la mort par pendaison, le 11 novembre 1886, en dépit du manque de solidité des preuves dont la justice disposait. Ils finirent par être réhabilités.
Les derniers mots du condamné August Spies sont lisibles sur une stèle du cimetière de Waldheim, à Chicago: «Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd'hui.»
Trois ans après le drame de Haymarket, le deuxième congrès de la IIe Internationale socialiste se réunit à Paris, au 42, rue Rochechouart, salle des Fantaisies Parisiennes, dans le contexte de l'Exposition Universelle et de la commémoration du centenaire de la Révolution française.
Les ouvriers défilèrent à partir du premier mai 1890, un triangle rouge à la boutonnière pour symboliser le partage de la journée en trois temps (temps de travail, temps de loisir et temps de sommeil).
Le 1er mai, lithographie de Jules Grandjouan (1875-1968) réalisée pour l'Assiette au beurre (1906), une revue illustrée, satirique et libertaire de la Belle Époque.
Une guirlande pour le Premier Mai, 1895, par Walter Crane (1845-1915).
En 1891, à Fourmies, commune du nord de la France, la manifestation du premier mai s'acheva dans le sang, marquant un tournant essentiel dans l’histoire du mouvement ouvrier. Les forces de l'ordre, équipées des nouveaux fusils Lebel, tirèrent sur la foule. Elles tuèrent dix personnes et firent trente-cinq blessés. Une ouvrière de 18 ans nommée Maria Blondeau reçut une balle dans la tête à bout portant et devint le symbole de cette tragique journée.
La manifestation à Fourmies. (Image Fourmies info/archives.)
Les autres victimes étaient Louise Hublet (vingt ans), Ernestine Diot (17 ans), Félicie Tonnelier (16 ans), Kléber Giloteaux (19 ans), Charles Leroy (20 ans), Emile Ségaux (30 ans), Gustave Pestiaux (14 ans), Emile Cornaille (11 ans) et Camille Latour (46 ans). Je conseille aux personnes intéressées par cette histoire de lire l'excellent ouvrage d'André Pierrard et Jean-Louis Chappat intitulé La fusillade de Fourmies, aux éditions Maxima.
Dans le journal « l’Illustration » du 9 mai 1891, il est écrit: «C'est le fusil Lebel qui vient d'entrer en scène pour la première fois. Il ressort de ce nouveau fait à l'actif de la balle Lebel qu'elle peut très certainement traverser trois ou quatre personnes à la suite les uns des autres et les tuer.» Ce fusil équipera l’armée française jusqu’à la fin de la première guerre mondiale.
Fourmies, Funérailles des Victimes
A la fin de l’année 1891, l'Internationale Socialiste renouvela le « caractère revendicatif et international du 1er mai », en hommage aux « martyrs de Fourmies ». Le 23 avril 1919, le Sénat Français ratifia la journée de 8 heures et le 7 juin 1936, la signature des accords de Matignon par Léon Blum permit d'obtenir « une augmentation des salaires de 7 à 15 %, la reconnaissance du droit syndical dans l’entreprise, l’élection des délégués ouvriers, la création de conventions collectives, la semaine de 40 heures et quinze jours de congés payés ».
Dans la Russie de 1920, le 1er mai fut chômé grâce à Lénine et en 1933, Hitler alla plus loin en rendant ce jour emblématique chômé et payé.
Affiche de Nikolaï Kitchenguine pour le 1er mai 1920.
Le 24 avril 1941, sur les recommandations de René Belin, un ancien dirigeant de l'aile socialiste de la CGT, le Maréchal Pétain qualifia le premier mai de « Fête du Travail et de la Concorde Sociale ».
1er Mai 1941
En avril 1947, à l'initiative du député socialiste Daniel Mayer et du ministre communiste du Travail, Ambroise Croizat, le 1er Mai devint, dans les entreprises publiques et privées, un jour chômé et payé...
1er mai 1947, discours de Maurice Thorez, secrétaire général du PCF, Place de la Concorde à Paris.
Les Symboles du Premier Mai
En France, les manifestants du 1er mai défilèrent, à partir de 1890, avec le fameux triangle rouge « des trois temps » bien visible à la boutonnière. Ce triangle fut remplacé, en 1892, par une fleur d'aubépine suspendue à un ruban rouge, en l'honneur de Maria Blondeau, la jeune ouvrière de Fourmies, qui avait trouvé la mort en brandissant un bouquet d’aubépine. En 1895, le socialiste Paul Brousse invita, par le biais d'un concours, les travailleuses à choisir une fleur qui représenterait le « Mai » et c'est l’églantine qui fut choisie.
Maria Blondeau
Cette fleur traditionnelle du nord de la France, liée au souvenir de la Révolution française, fut remplacée par le muguet, en 1907 à Paris. Emblème du printemps francilien, le muguet était accroché à la boutonnière avec un ruban rouge, symbole du sang versé.
Après la Première Guerre mondiale, la presse encensa le muguet, aux dépens de la rouge églantine, et en 1941, sous le régime de Vichy, le muguet s'imposa.
La vente du muguet
Elena Salnikova, la jeune vendeuse de muguet
Depuis les années 1930, une tolérance administrative autorise les particuliers à vendre, chaque 1er mai, des brins de muguet sans formalités, ni taxes mais cette tradition populaire se répandit surtout à partir de 1936. Elle semble trouver ses origines à Nantes où monsieur Aimé Delrue (1902-1961), droguiste et président du comité des fêtes de la ville, avait organisé « la Fête du Lait de Mai ».
Symbole de renouveau et de fécondité, le lait fraîchement tiré était associé à la blancheur immaculée des clochettes de muguet.
Zubkov Fedor, Les Anges de Mai
Depuis 1936, chacun peut vendre du muguet, sans patente, mais il s'agit d'une tolérance que certains arrêtés, en fonction des communes, n'hésitent pas à réglementer.
Robert Doisneau (1912-1994), Le 1er mai 1950 à Paris, Place Victor Basch.
Robert Doisneau, 1er mai 1969, La vendeuse de muguet.
Robert Doisneau, Le Muguet du Métro, 1953, MOMA © 2018 Robert Doisneau, courtesy Bruce Silverstein.
Des larmes de Marie au sang de Saint-Léonard
On appelle le muguet « larmes de Notre-Dame » car il aurait jailli des pleurs de la Vierge, versés au pied de la croix.
D'autres légendes l'associent à Saint-Léonard, guerrier et ami du roi Clovis, qui choisit de vivre en ermite au fond des bois. Un jour, sous un bouquet d'arbres sacrés, Léonard se heurta à un dragon contre lequel il reprit les armes. Le combat fut très violent. De chaque goutte de sang perdue par le saint fleurirent des brins de muguet. D'après certaines croyances, on entend parfois, quand le vent souffle, le bruit de cette lutte fantastique...
Émile Gallé (1846-1904), vase au muguet, marqueterie sur verre, vers 1898-1900.
Pablo Picasso (1881-1973), Brin de muguet (pousse verte)
Folklore et Traditions
Comme toutes les fleurs à clochettes, le muguet est lié au Petit Peuple et aux déesses de l'amour et de la fécondité.
Cicely Mary Barker (1895-1973), Flower Fairies
Avec la campanule, la digitale et le thym sauvage, le muguet est l'une des fleurs préférées des lutins et des fées qui viennent danser, en cercles opalescents, là où s'épanouissent les clochettes parfumées.
Titania, la reine des fées, couronnée de muguet, sous le pinceau aux accents préraphaélites de Sir Frank Bernard Dicksee (1853-1928).
D'après une légende allemande, le muguet serait sous la protection d'une Dame Blanche.
Idylle de printemps par George Henry Boughton (1834-1905).
Fleur d'inspiration, le muguet est consacré à Apollon Belenos, dieu des Arts et du Soleil, qui couvrit en l'honneur des Muses, le Mont Parnasse de clochettes nacrées, d'où l'appellation « Gazon de Parnasse ».
Jugend, 1897, illustration d'Adolf Höfer (1869-1927) pour un journal munichois.
Dans le folklore européen, l'éclosion des fleurs de muguet constitue un signe bénéfique, annonciateur du retour des déesses du printemps. En fonction des croyances, on pourra préférer les brins à douze ou à treize clochettes...
Anne Cotterill (1933-2010), Lily of the Valley.
Dans le Vaudou et la magie des Caraïbes, le muguet est associé à l'invocation des esprits et aux trois planètes de puissance, de protection et de réalisation que sont le Soleil, Vénus et Mercure. Réduit en poudre et brûlé sur des charbons ardents, il est réputé favoriser la concrétisation des affaires matérielles.
Les druidesses faisaient brûler de l'encens de muguet pour accroître leurs capacités de clairvoyance.
Dans la tradition populaire, le muguet est considéré comme un porte-bonheur puissant que l'on adresse aux personnes aimées et qu'on laisse sécher pour obtenir la réalisation de ses vœux. Il s'offre après la nuit de Beltane, nuit sacrée pour les Celtes ouvrant les portes de « l'année claire » jusqu'au retour de « l'année sombre » à la période de Samain/Halloween.
Dans des temps très anciens, c'était l'aubépine que l'on offrait pour célébrer le retour de Maïa, la déesse mère du printemps.
Si vous souhaitez vous plonger dans les coutumes entourant l'Arbre de Mai et caracoler en compagnie des fées de Beltane, je vous invite à lire mon article intitulé la Magie de Mai...
Généreuses clochettes signifiant l'amour, la passion, la fidélité et le bonheur partagé...
...ainsi que le souvenir et la pureté des sentiments...
Joyeux Premier Mai!
Image Pinterest
Bibliographie
DUBOIS, Pierre: La Grande Encyclopédie des Fées. Hoebeke, 2008.
DUBOIS-AUBIN, Hélène: L'esprit des fleurs: mythes, légendes et croyances. Le Coudray-Macouard: Cheminements, 2002.
SEBILLOT, Paul-Yves: Le Folklore de France.
SIKE, Yvonne de: Fêtes et croyances populaires en Europe. Bordas, 1994.
VESCOLI, Michaël: Calendrier celtique. Actes Sud, 1996.
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