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    Gracieux et mellifère, le tournesol évoque l'été, la chaleur fertile du soleil et pare les champs d'un voile d'or pulsatile. Appréciant aussi les jardins urbains où il déploie ses belles inflorescences jaune vif, il apparaît comme l'un des motifs floraux les plus prisés des artistes.

     

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    Originaire d'Amérique du Nord et d'Amérique centrale, Helianthus annuus appartient à la famille des Astéracées. Il porte des noms poétiques (girasole, grand héliotrope, soleil des jardins, couronne du soleil, graine de perroquet...) et sa floraison est généreuse de juillet à octobre. De manière élégante, si ce « fier soleil » suit la course de l'astre d'or, c'est parce qu'il est soumis à un phénomène d'héliotropisme : sa racine est pivotante et sa tige se courbe en fonction de la position du soleil. Le matin, ses bourgeons « regardent » vers l'est, le soir vers l’ouest et la nuit à nouveau vers l’est. A pleine maturité, quand les graines sont gorgées d'huile précieuse, les fleurs préfèrent rester tournées vers l'est.

     

    La légende du tournesol

     

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    Evelyn de Morgan (1855-1919), artiste anglaise préraphaélite, Clytie, 1893.

     

    Clytie, jeune nymphe aquatique, était la maîtresse d'Apollon, le dieu du soleil mais celui-ci jeta son dévolu sur Leucothoé, fille d'Orchamos, roi de Babylone.

    Le coeur brisé, Clytie, dénonça la liaison de Leucothoé et d'Apollon auprès d'Orchamos qui ordonna que Leucothoé soit enterrée vivante. Apollon essaya en vain de sauver sa bien-aimée et lui rendit hommage en versant sur sa sépulture une sorte de manne parfumée d'où naquit l'encens.

    Désespérée par la portée de son acte, Clytie passa ses jours et ses nuits sur un rocher, tournant fixement chaque matin son regard vers le char d'Apollon qui ne voulut jamais la revoir. Figée dans sa douleur, elle fut métamorphosée en tournesol.

     

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    Charles de La Fosse (1636-1716), Clytie changée en tournesol, 1688. Versailles, musée national du Château et de Trianon.

     

    En fonction des auteurs et des époques, Clytie et Leucothoé sont sœurs.

     

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    Harold F Kells (1904-1986), artiste canadien, Clytie, vers 1934, épreuve à la gélatine argentique, Musée des Beaux-Arts d'Ottawa.

     

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    Louis Welden Hawkins (1849-1910), peintre symboliste. Clytie, date inconnue.

     

    Dans le langage des fleurs, le tournesol est considéré comme un symbole de dévouement et d'extrême générosité du cœur. Offrir un tournesol dans un bouquet signifie : « Tu m'éblouis ! », « Je t'offre mon cœur ! », « Tu es mon soleil ! ».

     

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    Le tournesol est cultivé depuis près de 4000 ans au Mexique. Dans la civilisation Aztèque, il était considéré comme la force vitale du dieu du soleil, Huitzilopochtli. On extrayait du pollen et des pétales un pigment permettant de réaliser des peintures rituelles et lors de cérémonies à caractère solaire, les prêtresses arboraient des colliers faits de pétales de tournesol.

     

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    Diego Rivera (1886-1957), peintre muraliste mexicain. Tournesols, 1943.

     

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    Diego Rivera, Nu avec des tournesols, 1946.

     

    A partir des graines, on obtenait de l'huile, une farine et une sorte d'onguent réputé aphrodisiaque. Des remèdes à base de tournesol étaient également utilisés pour soigner les piqûres d'insectes et les morsures de serpents.

     

    Les Espagnols l'importèrent en Europe au cours du XVIe siècle.

     

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    En Chine, le tournesol devint l'un des symboles forts de la propagande maoïste. Mao se présentait comme le soleil dominant son peuple devenu un immense champ de tournesols tourné vers lui.

     

    En 2010, l'artiste chinois dissident Ai Weiwei a réalisé une installation sensorielle composée d'un parterre géant de graines de tournesol en porcelaine, dans l'immense hall de La Tate Modern de Londres. Les visiteurs ont marché sur 100 millions de graines et au bout de deux jours, en raison d'une poussière jugée potentiellement dangereuse, l'installation a dû être fermée. Là n'est pas le plus important. A travers l'exposition de ces graines, l'artiste a souhaité rappeler que les peuples sont trop souvent écrasés par leurs dirigeants et que la liberté d'expression est un bien commun non négociable.

     

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    Au Japon, le programme « Fukushima Sunflowers Foster Parent Project » consiste à planter de nombreux tournesols dans les régions touchées par la catastrophe car, d'après différentes études, le tournesol (himawari) peut absorber, en un laps de temps relativement court, d'importantes quantités de radioactivité.

     

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    Photo AFP/Kazuhiro Nogi

     

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    Chaque « tête » de tournesol est constituée de fleurettes tubulaires et couronnée de languettes radiales d'un jaune triomphant. L'énergie du soleil active celle de la fleur qui se change en huile gorgée de vitamine E.

     

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    L'huile de tournesol est considérée comme de l'or végétal. Ses vertus sont nombreuses. Gorgée d'acide gras linoléique (Oméga 6), elle agit comme un régulateur du système endocrinien, renforce le système immunitaire et favorise la croissance des cellules. Elle est également utilisée comme biocarburant et après son extraction, on obtient un tourteau destiné à l'alimentation animale.

     

    L'huile de tournesol est pour les pays nordiques et la Russie (grande consommatrice) l'équivalent de l'huile d'olive dans le monde méditerranéen.

     

    A l'instar de l'huile de sésame, de l'huile de coco et d'autres huiles dotées de riches vertus, l'huile de tournesol est utilisée pour purifier la bouche en profondeur et se débarrasser des toxines pouvant altérer la santé des dents et nuire à l'équilibre de l'organisme. Il s'agit de la technique indienne du « oil pulling » dont je suis friande. Suivant des principes ayurvédiques, elle consiste à faire un bain de bouche à l'huile, chaque matin à jeun.

     

    Des substances actives issues de la tige entrent dans la composition de certains produits cosmétiques.

     

    Quant aux graines, délicieuses, elles sont consommées séchées, grillées ou encore germées. Au XVIIe siècle, on les torréfiait pour les utiliser comme substitut du café et du chocolat. Riches en sels minéraux (manganèse, cuivre, phosphore, zinc...), elles sont réputées fluidifier la circulation du sang.

     

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    Le Tournesol dans les Arts

     

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    Aimé des artistes, le tournesol déploie ses longues tiges et ses pétales charnus sur les balcons des immeubles Art Nouveau.

    Un bel immeuble Art Nouveau signé Georges Malo.

     

    On le retrouve fréquemment dans la Peinture et les Arts Décoratifs.

     

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    Anton Van Dyck (1599-1641), Autoportrait avec un tournesol, 1632-1633. Collection particulière.

     

    Installé à Londres au début des années 1630, l'artiste flamand devint Premier Peintre du roi Charles Ier d'Angleterre auquel il offrit son profond dévouement, symbolisé par la fleur de tournesol aux pétales d'or.

     

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    Van Dyck, Étude pour le portrait de Sir Kenelm Digby (1603-1665), philosophe anglais, 1633.

     

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    Pierre Mignard (1612-1695), La marquise Athénaïs de Montespan (1640-1707), 1670.

     

    Madame de Montespan était la maîtresse de Louis XIV depuis 1667. A cet égard, elle fut souvent représentée par Pierre Mignard, Premier Peintre du roi. L'élégant bouquet de fleurs de tournesol évoque ici les faveurs royales dont elle bénéficiait et le rayonnement de sa beauté sur les charmes de la Cour.

     

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    Carl Larsson (1853-1919), peintre, illustrateur et dessinateur suédois. La leçon avec les tournesols ou la première leçon, 1903.

     

    Fleur des champs, le tournesol est associé chez Larsson aux joies et aux souvenirs d'enfance. Il représente également la jeunesse du soleil.

     

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    Carl Larsson, Dix-huit ans, 1902.

     

    Dans la main de cette jeune fille vêtue de blanc, un brin rêveuse à l'orée de ses dix-huit ans, le tournesol devient un emblème de la fertilité de la terre. Incontournable élément des fêtes de l'été particulièrement célébrées dans le monde nordique.

     

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    Carl Larsson, Jeu de cache-cache.

     

    Les Tournesols de Vincent Van Gogh (1853-1890)

     

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    Vase avec douze tournesols, Arles, août 1888. Neue Pinakothek, Munich, Allemagne.

     

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    Vase avec quinze tournesols, Arles, août 1888. National Gallery, Londres.

     

    Il s'agit d'une suite de sept tableaux décrivant l'évolution des fleurs de tournesol, de l'étape de la floraison à celle du flétrissement. Le premier tableau de cette série a été peint pour Paul Gauguin afin de décorer sa chambre.

     

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    Vase avec trois tournesols, Arles, août 1888. Collection privée, États-Unis.

     

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    Vase avec quinze tournesols, Arles, janvier 1889. Musée Van Gogh, Amsterdam.

     

    Subtile évocation du temps qui passe et de la vie qui s'écoule...

     

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    Vase avec quinze tournesols, Arles, janvier 1889. Musée d'art Sompo, Tokyo.

     

    Le tournesol, tel une clepsydre végétale...

     

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    Vase avec douze tournesols, Arles, janvier 1889. Musée d'art de Philadelphie, États-Unis.

     

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    Vase avec cinq tournesols, Arles, août 1888. L’œuvre fut détruite le 6 août 1945 au cours d'un bombardement américain sur le Japon.

     

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    Les tournesols évoquent la formidable créativité de Van Gogh qui loua, en 1888, en Arles, une petite maison dont la façade était peinte en jaune.

     

    Couleur maîtresse, imprégnée de l'or solaire du Midi, le jaune se déploie sous son pinceau vers les oranges et les roux caramélisés et forme un cri primal et coloré, dardé vers l’œil du spectateur.

     

    En 1987, Yasuo Goto, magnat de l'assurance au Japon a fait l'acquisition d'un de ces tableaux pour la somme de 40,8 millions d'euros !!! Cela a inspiré, en 1991, au poète Jean Ferrat (1930-2010) une chanson, Les Tournesols, pleine de colère et d’écœurement face aux sommes indécentes circulant sur le marché de l'art, sachant que nombre d'artistes, à l'instar de Van Gogh, ont vécu dans la misère.

     

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    Isaac Lazarus Israels (1865-1934), peintre néerlandais associé à l'Impressionnisme, Femme devant les tournesols de Van Gogh, 1917.

     

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    Claude Monet (1840-1926), Bouquet de soleils, 1881.

     

    A l'instar de Van Gogh, Monet aimait énormément les tournesols. A travers eux, sa touche happe la lumière tout en exhalant les couleurs comme autant de parfums.

     

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    Gustav Klimt (1862-1918), Le jardin aux tournesols, 1912.

     

    Artiste majeur de la Sécession Viennoise, sorte de cristallisation autrichienne de l'Art Nouveau fondée sur l'égalité entre les arts et luttant contre le Conservatisme, l'Historicisme et l'Éclectisme, Klimt peignait les fleurs comme des notes de musique ou des gemmes colorées.

     

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    Klimt, Tournesols

     

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    Piet Mondrian (1872-1944), Nature morte avec le tournesol, 1907.

     

    Les sept années qui suivirent virent le passage progressif du maître néerlandais à l'abstraction mais déjà les masses colorées de l’œuvre traduisent la force d'une touche qui fracasse la matière tout en annonçant un vocabulaire de lignes oscillatoires.

     

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    Egon Schiele (1890-1910), Tournesols expressionnistes, 1911. Vienne, Belvédère.

     

    Les fleurs, sur le chemin de la mort... Quelques touches de lumière éclatent dans la palette d'ombre où les tournesols égrènent le temps.

     

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    Bernard Buffet (1928-1999), Tournesols et melon, 1967.

     

    Densité des lignes d'encre qui rythment l’œuvre... Dans ce maillage, la couleur explose, attisant les feux des tournesols comme autant de blessures de lumière.

     

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    Edward Steichen (1879-1973), photographe, peintre et lithographe américain. Le Tournesol, 1920. National Gallery of Art, Washington.

     

    A travers cette vision ultra colorée, hallucinée, l'artiste nous séduit par son énergie ludique tout en explorant la dynamique du combat entre la lumière et les ombres.

     

    Je termine cette promenade solaire en compagnie du Professeur Tryphon Tournesol, né de l'imagination si fertile d'Hergé. Souvenons-nous des publicités des années 1970 pour la margarine Fruit d'Or.

     

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    Merci à tous ceux qui prennent si gentiment de mes nouvelles. Je tâche de garder la tête au-dessus des flots et c'est un combat de chaque instant. Je pense bien fort à vous. Je vous souhaite un très bel été. Gros bisous !

    Plume

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    38 commentaires
  • Chers aminautes, vous avez été nombreux à demander de mes nouvelles. Ne m'en veuillez pas de ne pas m'être manifestée plus tôt. Comme plusieurs d'entre vous l'ont deviné, j'ai subi plusieurs crises d'épilepsie (sept en treize jours dont trois très violentes) et je répare mes blessures (hématomes, ligaments tordus, problèmes de vue...). Je ne vous oublie pas. Comme vous le savez, l'opération tentée au printemps 2015 n'a pas fonctionné et je résiste à tout traitement à cause des particularités orphelines de mon système nerveux. Médecines douces et traitements alternatifs me soutiennent, heureusement, mais c'est surtout l'amour et l'amitié que je reçois qui me sont bénéfiques. Je vous remercie de vous inquiéter pour moi et je vous embrasse bien fort. Prenez soin de vous et de ceux que vous aimez. Gros bisous !

     

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    En ces temps sombres où toute forme de lumière est la bienvenue, je voulais vous offrir des soleils sur tige, des rudbeckias photographiés, au fil du temps, au gré de mes déplacements.

     

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    J'adore ces superbes marguerites d'automne, originaires d'Amériques du Nord, aux couleurs éclatantes et au cœur saillant, souvent corseté de velours noir. Les papillons et les abeilles les aiment beaucoup aussi.

     

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    Il existe plus d'une trentaine d'espèces de rudbeckias. Elles appartiennent à la famille des Astéracées ou Composées qui regroupent une infinité de plantes. Certaines sont dans ma pharmacopée et m'apportent beaucoup de soutien. Que ferais-je chaque mois sans l'armoise, l'achillée millefeuille, la camomille, le calendula, l'estragon, la pâquerette, la chicorée... ou encore la fameuse stévia ? Une encyclopédie n'y suffirait pas!

     

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    On prête au rudbeckia des vertus cicatrisantes et anti-inflammatoires, fort utiles en cas de rhume, de grippe ou de fatigue généralisée.

     

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    La palette magique des couleurs d'automne : jaune, or, cuivre, orange, rouge, marron, chocolat... est ainsi dévoilée...

     

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    ... et je ne me lasse pas de contempler ces jupons veloutés et ces cœurs poudrés de pollen légèrement boisé.

     

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    Rudbeckias Cherry Brandy (photographie du net).

     

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    L'échinacéa, très belle fleur parée de nombreuses vertus médicinales est une cousine du rudbeckia. Je l'utilise sous diverses formes pour prévenir les affections hivernales et me défendre quand l'épilepsie me met à plat car elle fonctionne très bien sur mon système immunitaire.

     

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    Avec ces rayons de soleil en pétales, je vous adresse de grosses bises et je vous souhaite un joli temps de l'Avent.

     

    A bientôt chers aminautes !

     

    Cendrine

    Plume

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    39 commentaires
  •  Un délicieux parfum de violette

     Georges Louis Picard (1857-1943), La vendeuse de violettes.

     Le printemps frissonne encore sous ses dentelles givrées mais, solitaire ou en bouquets, la délicate violette exhale, dans les jardins et les bois, ses effluves sucrés. Elle est une des premières fleurs qui apparaît au sortir de l'hiver et elle est appréciée, depuis l'Antiquité, pour ses vertus médicinales et son parfum envoûtant.

     

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    Vivace, elle apprécie l'atmosphère ombragée des jardins et des bois où elle forme des touffes à partir d'une souche centrale d'où rayonnent de longs stolons. Ses feuilles en forme de cœur ou de rein, pubescentes et longuement pétiolées, dessinent une rosette au ras du sol alors que ses fleurs violet sombre et parfois roses ou blanches s'étirent à l'extrémité des longues tiges. Elles éclosent généralement de mars à mai mais certaines variétés sont plus précoces ou plus tardives.

     

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    Connue depuis la plus haute Antiquité dans le Bassin Méditerranéen, la violette est originaire d'Europe, d'Asie et d'Afrique du Nord. De nos jours, elle est surtout cultivée dans le sud est de la France et la région de Toulouse. La violette et la pensée appartiennent toutes deux à l'espèce de la viola.

     

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    Blanche Odin (1865-1957), Panier de violettes.

     

    Noms populaires

     Fleur de Carême

    Violette de Mars

    Violette des haies

    Violette bleue

    Violette des chiens

    Violette à la couleuvre

    Violier commun

    Violetier

    Vioulétié

     

    Étymologie

     Violette vient du latin viola et du grec lon, désignant la couleur violette.

     

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    Naissance de la violette

     

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    La violette naquit du sang du dieu phrygien Attis dont la déesse aux lions, Cybèle/Agdistis, était passionnément amoureuse. Attis étant promis à Atta, la fille du roi de Pessinonte, Agdistis le frappa de folie. Attis erra par les forêts et les clairières avant de saisir son poignard pour s'émasculer. De son sang jaillit un tapis de violettes parfumées. Quand Atta l'eut retrouvé, elle mit fin à ses jours et leurs sangs mélangés engendrèrent d'autres violettes.

     

    A bien des égards, le mythe d'Attis se rapproche de celui d'Adonis dont le sang fit naître les anémones.

     

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    Adonis par James Northcote (1746-1831), artiste romantique anglais.

     

    La violette est également associée, dans la mythologie grecque, aux amours de Zeus et de Io. Zeus s'éprit de la nymphe Io mais Héra, la reine des dieux, nourrit une jalousie si vive que le seigneur de l'Olympe dut métamorphoser sa ravissante maîtresse en génisse blanche. Les larmes de Io se changèrent en violettes parfumées.

     

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    Ambrogio Figino (1540-1608), Io et Zeus.

     

    Consacrée à Vénus, la déesse de l'amour, la violette était placée dans les temples et les maisons sous forme de couronnes odorantes. D'après certains récits, Vénus céda aux avances de Vulcain, le dieu du feu, maître des forges olympiennes, qui s'était couronné de violettes...

     

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    John William Godward (1861-1922), Danseuse ionienne portant une couronne de violettes, 1902.



    Jeune femme couronnée de violettes, 1902.



    A l'équinoxe de printemps ou au solstice d'été, le parfum délicieux de la violette réveille les légendes et les traditions magiques du Petit Peuple. Elle est la fleur sacrée, annonciatrice du renouveau de la Nature...

     

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    Cicely Mary Barker (1895-1973), Flower Fairies

     

    Dans les croyances anglo-saxonnes, la violette apporte l'amour, la chance et la fécondité. Au moment d'Ostara, le sabbat de la lune de printemps, les anciennes traditions invitent à offrir à la reine des fées une petite écuelle de crème sucrée sur laquelle on aura semé quelques violettes. Mais si une violette fleurit en automne il ne faut pas la cueillir ou respirer son parfum car elle appartient aux « sombres mondes ». Il faut passer son chemin.

     

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    Pour les chrétiens, la violette est l'attribut de Santa Viola, honorée le 3 mai à Vérone et l'emblème de Sainte-Fina qui vécut au XIIIe siècle en Toscane, à San Gimignano. Fina mourut à l'âge de quinze ans, d'une maladie ulcéreuse, après avoir aidé les plus démunis. Les récits populaires rapportent que des violettes jaillirent autour d'elle au moment de sa mort.

     

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    Sainte-Fina par Benozzo Gozzoli (1420/1424-1497).

     

    Dans le langage des fleurs, la violette symbolise la modestie, la pudeur et la timidité car elle dissimule ses semences et s'autoféconde dans son écrin de feuilles.

     

    Quand elle est bleue, elle évoque la fidélité. Si elle est blanche elle représente le bonheur et la sérénité mais elle est avant tout un symbole d’amour secret.

     

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    Les poètes du Moyen Âge et de la Renaissance l'ont chantée. Théophraste, élève d'Aristote, considéré comme un des « pères de la botanique », a évoqué ses vertus.

     

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    Dans l'ancienne Athènes, des pommades et des tisanes à base de violette étaient réputées embellir et apaiser certaines inflammations de la peau . Dans la Rome antique, les violettes odorantes ou violettes de mars, tressées en couronnes, étaient destinées à apaiser les maux de tête et les effets de l'ivresse. On déposait aussi sur les tombes des bouquets de violettes que l'on associait à la mémoire des ancêtres.

     

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    Blanche Odin (1865-1957), Vase aux violettes.

     

    La violette entra naturellement dans les monastères et les jardins de simples du Moyen Age. Elle figure dans de nombreux traités de médecine et de botanique et dans La Flore de Basilius Besler (1561-1629), médecin, botaniste et pharmacien de Nuremberg, où de fines planches décrivent avec précision ses différentes variétés.

     

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    Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les aristocrates des cours européennes se parfumaient avec de la poudre de violette musquée. La violette occupa une place privilégiée dans le Potager du Roi à Versailles et fut dégustée sur les tables les plus prestigieuses. La Quintinie, le jardinier de Louis XIV, créait, avec plusieurs variétés de violettes, des compositions luxuriantes où se mêlaient le rose, le blanc et le bleu.

     

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    Napoléon Bonaparte fut appelé « Père la Violette » par ses soldats lors de son exil à l’île d’Elbe car il était censé « revenir avec les violettes », c’est-à-dire avec le printemps.

     

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    Sarkis Diranian (1854-1918), Élégante au bouquet de violettes.

     

    La passion de Napoléon pour les violettes naquit lors de sa rencontre avec Joséphine de Beauharnais. Elle lui offrit le petit bouquet de violettes qu’elle arborait à la ceinture ou près de son corsage.

     

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    Éléonore Escallier (1827-1888): Bouquet de violettes, 1856.

     

    D'après la tradition populaire, Napoléon cueillit des violettes sur la tombe de Joséphine et les conserva dans un médaillon jusqu’à sa mort.

     

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    Élisabeth Whitehead Violettes, vers 1900.

     

    L'impératrice Marie-Louise, seconde épouse de Napoléon 1er, devenue Duchesse de Parme après la chute de l’Empire en 1814, adorait la violette et en fit l'emblème de la ville.

     

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    Marie-Louise (1791-1847), fille de l'empereur d'Autriche et petite-nièce de Marie-Antoinette.

     

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    La violette cucullée est l’emblème floral de la province canadienne du Nouveau-Brunswick, officiellement créée le 16 août 1784.

     

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    En France, sous le Second Empire (1866), les Palmes académiques adoptèrent la couleur des violettes impériales.

     

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    «Violettes impériales» est le titre d’une opérette interprétée par Luis Mariano, d’abord sur la scène du théâtre Mogador puis au cinéma, en 1952, dans un film de Richard Pottier.

     

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    L'héroïne de cette fable musicale est Violetta, une danseuse gitane, vendeuse de violettes, qui s'éprend d'un comte et devient fleuriste à la cour de l'impératrice Eugénie de Montijo...

     

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    Théodore Chassériau (1819-1856), Mademoiselle Cabarrus, 1848, musée de Quimper.

     

    Sous le Second Empire et à la Belle-Époque, la violette s'imposa comme la fleur des élégantes. Les dames glissaient des petits bouquets ronds dans leur corsage ou piquaient des violettes sur leurs manchons de fourrure, agrémentant ainsi leurs toilettes d'une touche chic et parfumée. Des poésies de Shakespeare étaient parfois glissées à l'intérieur des bouquets.

     

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    Walter Crane (1845-1915), Shakespeare's Garden XI: Violette et Primevère.

     

    Ainsi ai-je réprimandé la violette précoce:

    «Suave friponne, où as-tu volé le parfum que tu exhales si ce n’est au souffle de mon amour? Cet éclat empourpré qui fait le teint de ta joue si douce, tu l’as outrageusement teinté aux veines de mon aimée. »

     

    (William Shakespeare, Sonnets XCIX)

     

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    Les « Violette » sont célébrées le 5 octobre, à la Sainte Fleur. Réputées fidèles et pures dans leurs sentiments, elles sont aussi qualifiées de « grandes amoureuses ».

     

    « L'amour est un bouquet de violettes » chantait Luis Mariano. Emblème du printemps naissant, la violette, sur les cartes de Saint-Valentin et de Bonne Année, attise les désirs ensommeillés, la chance et la prospérité.

     

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    Carte de 1905

     

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    La violette est devenue l'emblème de la ville de Toulouse où chantent les couleurs et les parfums. Confréries et coopératives de la ville rose, appelée aussi « cité des violettes », ont donné ses lettres de noblesse à cette fleur symbole de renouveau.

     

    Aux alentours de 1854, la violette de Parme fut introduite dans les jardins des maraîchers qui s'étendaient au nord de Toulouse. Cultivée en alternance avec les légumes, elle était vendue sur le Marché aux Violettes du quartier des Jacobins et dans les rues animées du centre ville.

     

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    La violette de Toulouse connut un âge d'or pendant la première moitié du XXe siècle. Elle fut exportée à travers toute l’Europe jusqu’en Russie. Il semble que l'hiver 1956 ait détruit une part conséquente des cultures et que les producteurs se soient raréfiés dans la deuxième partie du siècle mais en 1985, Adrien Roucolle, un ingénieur agronome, réussit à relancer la culture de la violette à Toulouse. Elle est aujourd'hui un produit régional incontournable, une manne sucrée qui se décline à travers une myriade de gourmandises...

     

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    Les violettes cristallisées, un de mes pêchés mignons!!!

     

    Des sucres enivrants...

     

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    Des liqueurs et des sirops... (Je ne fais pas de publicité, je vous fais partager mes coups de coeur gourmands...)

     

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    La violette nous fait pénétrer dans un univers de poésie culinaire... Elle se savoure en salade, en confiture, en gelée, sous forme de miel et de pâte gélifiée. Le vin de violettes est particulièrement capiteux.

     

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    La «Violette» est aussi l’une des récompenses décernées par l’Académie poétique des Jeux floraux.

     

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    Et n'oublions pas qu'elle est appréciée depuis fort longtemps par la médecine populaire.

     

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    Albrecht Dürer (1471-1528), Violettes, vers 1500, aquarelle sur parchemin.



    « La première violette que tu trouveras au printemps, mange-la, et l'an devant, tu n'auras jamais la fièvre. » Ce proverbe normand fait allusion à la violette des haies que les anciens grimoires médicaux prescrivent à raison d'une pincée par tasse d'eau bouillante, sucrée au miel.



    Dans la Rome antique, l'usage voulait que les invités des banquets portent des couronnes de violettes tressées pour apaiser les migraines dues à l'ivresse. D'après un texte de l'École de Salerne:

    « Pour dissiper l'ivresse et chasser la migraine,

    La violette est souveraine

    D'une tête pesante elle ôte le fardeau,

    Et d'un rhume fâcheux délivre le cerveau. »



    L'abbé Sebastian Kneipp (1821-1897), incontournable personnalité de la médecine « non conventionnelle », recommandait les compresses imprégnées de décoction de fleurs de violette pour calmer les névralgies et la nervosité.



     

    Un délicieux parfum de violette

     

    L'infusion de fleurs séchées est indiquée contre les inflammations des voies respiratoires, le rhume, la bronchite et la toux quinteuse. Elle adoucit la peau et favorise la cicatrisation des petites plaies. Elle exerce sur l'intestin une action légèrement laxative. La décoction de racine est vomitive. La teinture homéopathique de plante fraîche est utilisée pour calmer les douleurs d'oreille et la toux quinteuse.



    Un délicieux parfum de violette

     

    Un parfum nommé désir

     

    Au XVIe siècle, la poudre de violette musquée était préconisée pour embellir la chevelure. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, elle était utilisée pour couvrir les odeurs corporelles et à l'époque victorienne, grâce à sa richesse en irone, un composé odorant d'une particulière intensité, la violette contribua à l'essor de la parfumerie.

     

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    Symbole de modestie et de discrétion, la violette émet pourtant des notes parfumées à la signature puissante que les parfumeurs utilisent pour créer des fragrances féminines aussi bien que masculines.

     

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    La violette dans les arts

     

    Représentée dans l'enluminure médiévale comme un symbole à la fois marial et courtois, la violette s'impose, à travers différents portraits comme un emblème d'innocence, d'humilité et d'exquise féminité.

     

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    Le Jardin de Paradis, peinture sur bois réalisée vers 1410.

     

    Dans l'hortus conclusus (jardin clos) de la Vierge Marie, la violette éclot près de la rose, de l'iris et du lys blanc. Elle décore aussi les marges, les initiales et les bordures des manuscrits.

     

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    Stephan Lochner (1400/1410-1451), la Madone à la violette, vers 1435-1440.

     

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    Luca Signorelli (vers 1445-1523), La Vierge Marie et l'enfant Jésus avec des saints, 1484. La violette se révèle au premier plan.

     

    Violette des humbles, manne embaumée qui se vendait à la criée ou au gré de la marche, dans les rues des grandes villes.

     

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    Ferdinand Pelez (1848-1913), Un martyr ou le marchand de violettes.

     

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    Stanislaw Wyspianski (1869-1907), la fille aux violettes.

     

    Pétales d'innocence qui se dévoilent sous la caresse du printemps...

     

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    Paul Peel (1860-1892), Portrait de Gloria Roberts, 1889.

     

    Violettes des dames, messagères des élégances et compagnes des rêveries.

     

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    Franz Xavier Winterhalter (1805-1873): L'impératrice Eugénie entourée de ses dames d'honneur, 1855.

     

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    L'impératrice arbore une couronne de violettes et tient un bouquet de violettes dans la main droite.

     

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    Edgar Maxence (1871-1954), Jeune fille au bouquet de violettes, musée des Beaux-Arts de Rennes.

     

    Ce peintre symboliste, originaire de Nantes, peut être rapproché des préraphaélites. Les racines de son art plongent dans le mythique passé de la Bretagne.

     

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    Henry Meynell Rheam (1859-1920), Violettes, 1904. Artiste préraphaélite.

     

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    Sir John Lavery (1856-1941), Portrait de Miss Julia Macguire.

     

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    Lilla Cabot Perry (1848-1933), une des premières artistes impressionnistes aux États-Unis. Portrait d'Alice Perry Grew au bouquet de violettes.

     

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    Eva Gonzalez(1849-1883), La Paresse ou l'Indolence, 1871-1872.

     

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    William Worcester Churchill (1858-1926), Le petit bouquet de violettes.

     

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    Édouard Manet (1832-1883), Berthe Morisot au bouquet de violettes, 1872.

     

    A la fin de l'année 1871, marqué par la guerre franco-prussienne et les évènements de la Commune, Manet retrouve son amie artiste et future belle-soeur Berthe Morisot (1841-1895).

    Il la représente vêtue de noir, telle une mystérieuse apparition, dans une oeuvre tout en ombre et en lumière. Ce portrait « aux noirs », comme l'appellent les historiens d'art, a été prêté à la Royal Academy of Arts de Londres, jusqu'au 14 avril 2013, pour l'exposition « Portraying Life ».

    L'écrivain Paul Valéry (1871-1945) disait: « Je ne mets rien dans l'oeuvre de Manet au-dessus d'un certain portrait de Berthe Morisot daté de 1872. »

     

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    Paul Chmaroff (1874-1950), Femme au bouquet de violettes.

     

    Liqueur de violettes au trouble et mystérieux sillage... Quand fleurs et tissu se confondent dans la transe des couleurs.

     

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    Giovanni Boldini (1842-1931), Luisa Casati avec un lévrier, 1908. Marquise, muse, mécène la Casati est un sacré personnage!

     

    Violette des âmes et des esprits accompagnant la mythique Ophélie dans sa dernière demeure, au fil de l'eau...

     

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    Sir John Everett Millais (1829-1896), Ophélia, 1851-1852.

     

    L'héroïne d'Hamlet arbore un collier de violettes en guise d'offrande funéraire.

     

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    Elles symbolisent aussi la pureté de son amour, dans la vie comme dans la mort.

     

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    Claude Monet(1840-1926), Portrait de Camille au bouquet de violettes.

     

    Camille Léonie Doncieux (1847-1879) était la première femme et le modèle favori de Monet. Elle a également posé pour Pierre-Auguste Renoir et Édouard Manet. Sur ce tableau, elle est déjà très malade et soignée par Alice Hoschedé, la maîtresse de Monet. Les violettes sont à nouveau investies d'une connotation funéraire.

     

    Mais n'oublions pas que leur merveilleux parfum dessine les chemins du rêve et de la fantaisie la plus vive.

     

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    René Magritte (1898-1967), La grande guerre, 1964.

     

    Surréalistes violettes au service d'une poésie de l'image capable de délier toute imagination...

     

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    Blanche Odin

     

    Les aquarellistes et les artistes de natures mortes ont admirablement saisi la beauté qui palpite dans ces bouquets de senteurs.

     

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    Antoine Vollon (1833-1900), Nature morte aux violettes.

     

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    Eugène Claude (1841-1922), Corbeille de bouquets de violettes.

     

    Profondément enracinée dans l'imaginaire des artistes, la violette nous offre une palette d'émotions délicieuses et nous invite à succomber à ses charmes veloutés. J'espère que cette promenade culturelle, gourmande et parfumée vous aura enivrés autant que moi...

     

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    Édouard Manet (1832-1883), Bouquet de violettes, 1872.

     

    Je vous remercie de votre fidélité, je vous embrasse!

     

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    Au rythme des saisons, Paris se dévoile, « habitée » par des êtres délicats, dans une symphonie de couleurs vivantes.

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    Vertige rosé

     

    Les fleurs ensorcèlent le quotidien et se révèlent les messagères de nos émotions et de nos désirs.

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      Les enchanteresses

     

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    Une rose épanouie mais secrète se dissimulant en douceur derrière ses feuilles luisantes.

     

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      Roses tournées vers le ciel de Châtelet.

     

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    Roses sous la pluie

     

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    De garance et de feu

     

    Dans le Quartier Latin, à une courte distance de la Seine, le Square Viviani-Montebello se love au pied de l'église Saint-Julien-le-Pauvre, face à la cathédrale Notre-Dame. Les roses y sont magnifiques mais c'est un très vieil arbre qui a rendu célèbre ce bel espace de verdure: un robinier faux-acacia, planté par le botaniste Jean Robin (1550-1629), au début du 17e siècle.

     

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    Beauté incarnat

     

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      Rouge passion

     

    Les roses: double symbole amoureux, érotique à l'envi et puissamment spirituel.

     

    Fleur11Un bouquet virginal

     

    Les fleurs sont partout. Elles nous accompagnent tout au long de nos existences, sublimant de leurs parfums les petits moments et les grands évènements.

     

     

    Fleur13Rêverie multicolore à la Tour Saint-Jacques.

     

     

    Fleur14Regard indiscret

     

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    Clochettes des contes

     

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    Ciel de fleurs... des flocons rose-thé jaillissent de l'écorce et de l'air entrelacés...

     

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    Glycine à la Tour Saint-Jacques... des torrents de senteurs...

     

     

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    La Nature dans la Ville.

     

     

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    Onde chatoyante au pied de l'Hôtel de Ville.

     

     

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    Tapis lactescent

     

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      Galantes à la brune, au Palais-Royal.

     

    Fleur24

      Les « élégantes »

     

     

    Le Jardin Naturel

     

    A proximité du cimetière du Père-Lachaise, la Nature reprend ses droits. Les fleurs et les herbes sauvages poussent à profusion. Un sous-bois peuplé d'oiseaux entoure une petite mare. Une prairie parfumée aimante les rayons du soleil.

     

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    Ombres et lumières sur l'étang.

     

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    Symphonie de plantes aquatiques.

     

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      Miroir de fées

     

    Entre le ciel et l'eau, ce sont d'autres promenades qui nous appellent...

     

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    Velours érubescent dans le jardin du Petit-Palais

     

    En attendant les prochaines ivresses bucoliques, respirons ces beautés qui palpitent dans la jungle urbaine, explorons leurs territoires et laissons-les nous capturer...


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    S'il est une plante qui m'a souvent happée vers des contrées imaginaires, c'est bien la digitale, à la fois sorcière et fée.

    Cette belle vénéneuse se laisse admirer dans les grimoires, sur le bord des chemins et aussi dans les rues de Paris. Je l'ai d'abord croisée près de l'Hôtel de Sens, dans le quartier du Marais.

     

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    Je l'ai ensuite retrouvée dans le jardin qui se love au pied de la Tour Saint-Jacques.

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    La digitale pourprée (digitalis purpurea) appartient à la famille des Scrofulariacées. Son nom vient du latin « digitus » qui signifie doigt. Ses grandes hampes florales peuvent atteindre 160 cm. Ses larges feuilles ovales dessinent une rosette duveteuse à leur base. Ses fleurs sont des calices pourpre rosé, constellés de traces blanches, rouges ou violacées à l'intérieur. Elle aime les bords de routes, les clairières, les vieilles forêts de conifères et fleurit de juin à septembre.

     

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    Ses noms poétiques titillent l'imagination...

     

    • Gant de sorcière
    • Gant de fée
    • Gant de bergère
    • Gantelet
    • Queue de loup
    • Herbe aux loups
    • Witches thimble: dé à coudre des sorcières
    • Purple foxglove: gant pourpre du renard
    • Foxes glofa: gant du renard
    • Gloves of our Lady: les gants de Notre-Dame
    • Dead man's bell: les cloches de l'homme mort
    • Bloody finger: le doigt ensanglanté
    • Fingerhut: chapeau de doigt

     

    Jusqu'au XVIe siècle, la digitale était appelée « damoyselle » ou « simbalaria », comme en témoignent les herbiers anciens.

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    Cette planche est extraite de l'Histoire des plantes d'Europe de Poiret, (1825-1829). L'ouvrage en question est conservé à la Bibliothèque de la société nationale d'horticulture de France, à Paris.

     

    Ses feuilles sont gorgées de principes actifs toxiques qui agissent sur les muscles du cœur. Au XIIIe siècle, un remède à base de digitale était utilisé pour soigner les ulcères et les lésions de la peau.

     

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    Enluminure extraite des Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Ce superbe manuscrit fut illustré par le peintre Jean Bourdichon.

     

     

    D'après les anciennes croyances, les lutins ont trempé leurs doigts dans la rosée de Minuit ou dans le suc de certaines baies et dessiné des mouchetures à l'intérieur des calices soyeux. Ces empreintes digitales (!) composent une écriture magique que les sorcières peuvent interpréter.

     

    Le Petit Peuple apprécie particulièrement la digitale. Les lutins et les fées transforment les clochettes en moufles ou en bonnets chatoyants. Au crépuscule ou à l'aurore, ils dansent en rondes facétieuses autour des hampes colorées.

     

    En Angleterre, si on suspend une digitale à la porte d'une habitation, les fées l'interprètent comme une invitation à entrer.

     

    Gorgée de rosée, la digitale est dotée de pouvoirs très puissants. Elle peut réveiller des créatures magiques et des dragons endormis sous des collines et de vieux châteaux.

     

    Avec le suc de la digitale, les sorcières concoctaient des potions de sommeil et de mort qui faisaient voyager l'esprit vers des territoires de pure magie. Dans l'ancienne Angleterre, où le Wort Cunning désignait l'art d'utiliser les propriétés secrètes des herbes, la digitale était considérée comme une des plantes fétiches de la pharmacopée traditionnelle.

     

    Dans nos campagnes, il faut se méfier de la redoutable « broche de mort » qui consiste à percer des fleurs de digitale avec sept épines noires. Ce maléfice est considéré comme un des plus dangereux.

     

     

    De la digitale à la digitaline

     

    William Withering, (1741-1799) médecin et botaniste anglais, « découvrit » les propriétés cardiotoniques de la digitale en 1785. Il écrivit An account of the foxglove and some of its medical uses. S'intéressant à des remèdes « populaires » utilisés par des guérisseuses, il rencontra une "sorcière" qui utilisait une potion à base de digitale contre les problèmes cardiaques. Il put obtenir la recette, étudier ses composants et travailler sur les différentes substances que contenait la digitale. La digitaline fut isolée, en 1868, par le pharmacien et chimiste Claude-Adolphe Nativelle.

     

    Dans le tumulte de la ville, laissons la magie nous entraîner sur les terres du Petit Peuple, dans la beauté des fleurs et leur étrangeté fascinante. Mais, ayant vu quelqu'un déterrer discrètement un pied de digitale, il va sans dire qu'il ne faut pas tenter de fabriquer soi-même potions et onguents. Pour les personnes qui aimeraient contempler la « damoyselle » dans leur jardin, on peut la trouver, sous forme de mottes maraîchères, ou semer ses graines, dans un sol de préférence acide ou siliceux, de l'automne à la fin du printemps.

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