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Le Poème du Mardi : Albert-Victor Samain, Le Soir
Je continue la tradition du Poème du Mardi, un rendez-vous que j'apprécie beaucoup, en souvenir de Lady Marianne, avec des pensées d'amitié...
J'aime les atmosphères changeantes, en différentes saisons, aussi ce poème m'a-t-il envoûtée. Le poète nous conte une vision mythologique du soir, territoire d'entre-deux qui happe les promeneurs dans la trame d'un jardin où, doucement, s'endorment les statues.
J'ai choisi pour illustrer ce texte des photos prises, sur des chemins de campagne et dans plusieurs jardins de Paris et d'Île de France, à la tombée du soir...
C’est un beau soir, couleur de rose et d’ambre clair
Le temple d’Adonis, en haut du promontoire,
Découpe sur fond d’or sa colonnade noire,
Et la première étoile a brillé sur la mer...
Pendant qu’un roseau pur module un lent accord
Là-bas, Pan, accoudé sur les monts se soulève
Pour voir danser pieds nus les nymphes sur la grève
Et des vaisseaux d’Asie embaument le vieux port...
Des femmes, épuisant tout bas l’heure incertaine
Causent, l’urne appuyée au bord de la fontaine,
Et des bœufs accouplés délaissent les sillons...
La nuit vient parfumée aux roses de Syrie
Et Diane au croissant clair ce soir en rêverie,
Au fond des grands bois noirs qu’argente un long rayon
Baise ineffablement les yeux d’Endymion.
Albert Samain (1858-1900) était un poète orfèvre, ciseleur de mots, sensible et élégant. Son art est lié au Symbolisme avec un sens de la composition très personnel.
Il naquit à Lille, dans une famille qui tenait un petit commerce de vins et de spiritueux. On le décrivait comme timide et doux, plutôt taciturne et avide de connaissances. Il perdit son père en 1868 et quand il eut 14 ans, il dut trouver un emploi pour aider sa famille. Il travailla comme saute-ruisseau chez un notaire (le saute-ruisseau était un jeune garçon chargé des courses dans une étude juridique) puis chez un courtier en sucre et dans une banque. Il fut autodidacte, passionné de belle langue française et aussi d'anglais et de grec.
Il vécut à Paris à partir de 1880 et devint « expéditionnaire au bureau de l’Enseignement à l’Hôtel de Ville. » Très proche de son frère et de sa mère qui mourut en 1889, il manifesta tout au long de sa vie une angoisse profonde face aux maladies. Personnage attachant au tempérament solitaire, il parvint à « forcer sa nature » pour fréquenter les cercles de poésie et frayer parmi les clubs littéraires à la mode.
Il admira profondément Baudelaire et en 1893, il publia un recueil intitulé « Au Jardin de l'Infante » qui fut salué par la critique.
Ses amis ne lui connurent aucune relation amoureuse. Il fut souvent triste et atteint de langueur mais il sut aussi s'émerveiller, s'éprendre des petits riens de la vie et ressentir de la joie devant la beauté des paysages et en lisant de la grande littérature.
En 1898, il publia « Aux flancs du vase »et deux ans après, il mourut. En raison de son caractère secret, il demeure une part très importante de zones d'ombre dans sa biographie...
Il évoque très joliment le Soir et les Amours de Diane/Séléné et Endymion qui composent un thème fort séduisant dans la mythologie. Amours sensuelles et fantasmagoriques qui dessinent, avec élégance et romantisme, la magie des instants changeants.
Séléné, la Lune, appelée aussi Diane, Artémis ou Méné, sœur d'Hélios/Apollon, le Soleil, est réputée faire venir le Soir en flottant dans les airs. Elle s'élève de l'Océan Primordial, superbement belle et parfois ailée, en fonction des auteurs de l'Antiquité. De ses vêtements émane une lumière précieuse que l'on voit luire au crépuscule.
Elle prend place dans un char de nacre et d'argent et de fiers destriers aux crinières brillantes composent son équipage.
Un soir, elle rencontre Endymion, un personnage qui se situe à la croisée de plusieurs légendes. L'une d'elles fait de lui un jeune prince qui s'endormit dans la forêt ou dans une grotte. Il apparaît aussi comme un berger doté d'une beauté sans pareille. Séléné s'éprit de lui, les choses se compliquèrent... Pour résumer, Endymion reste éternellement jeune en dormant d'un sommeil magique et Séléné vient chaque soir le visiter et le couvrir de sa lumière opalescente... Ainsi l'Humanité se prépare-t-elle au rêve et à la traversée du domaine de la Nuit...
Belles pensées pour vous, chers Aminautes ! Que le Soir vous envoûte de sa Magie...
« Le Tableau du Samedi : Robert Auer, Les Amants, issus de La Tentation de Saint-AntoineLe Tableau du Samedi : Frank Xavier Leyendecker, Colombine et Arlequin surpris par Pierrot... »
Tags : soir, jpg, poeme, selene, albert, Samain
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Commentaires
27mansfieldMercredi 4 Mars 2020 à 02:02De quoi frayer avec l'esprit d'un homme sensible qu 'on qualifierait aujourd'hui de haut potentiel ou d'autiste Asperger. Bref, la grâce à l'état pur!Répondrepetit coucou Cendrine avant le weekend,j'espère que tu vas bien,c'est la pluie chez nous il y a beaucoup d'eau ,vivement le beau temps,je te souhaite un très bon Vendredi,bises
Bonjour Cendrine,
un petit coucou pour te déposer cette jolie vue ..
Il va faire beau aujourd'hui.. Bonne journée, gros bisous
Bonjour Cendrine,
Un petit coucou du fond de ma nuit ... Impossible de dormir, je me suis fait un lait chaud on verra bien.
J'espère que toi à cette heure tu dois être dans les bras de Morphée ...
Je t'embrasse bien fort, Véronique
Cendrine , mon Amie
Oui, l'humanité se prépare ainsi au rêve et à la traversée de la Nuit …
Lorsque les dernières lueurs se posent sur l'horizon pour se tisser à la nuit , l'instant semble hors du temps . Tout se fige , plus un bruit , les plus histoires d'amour naissent , la volupté s'empare des amoureux . L'astre du jour disparaît lentement tandis que l'astre de la nuit devient tout à coup plus brillant à mesure qu'il se réveille . Dans cette pénombre , chaque chose se découpe à l'encre de Chine . Les déesses séduisent les dieux . Leur voile s'envole , dénudant leur corps aux yeux de ceux qui les désirent . L'amour nait aux confins de la réalité , de l'immortalité, , du firmament . Apparait alors Vénus, guide céleste depuis la nuit des temps .
Lire ce poème d' Albert Samain me ramène bien des années en arrière . J'étais au lycée . Notre professeur de français nous emmena un jour à Lille . Nous avons marché dans les pas de ce poète méconnu et pourtant , sa sensibilité se devait être reconnue . Nous sommes allés devant le 75, rue de Paris où il naquit, devenu depuis rue Pierre Mauroy . Naitre rue de Paris , Paris, qui sera sa dernière demeure . L'on ne peut que croire qu'au destin . Puis, nous avons rencontré une classe de première du Lycée Faidherbe où Samain avait été lui-même lycéen . Nous avons échangé autour de "Au jardin de l'Infante" et dans ces lieux où rien n'a vraiment changé , tout avait une autre connotation .
Je t'embrasse ma Petite Fée .
Bonjour Cendrine,
je suis contente que tu ai aimé mon article sur la marquise de Sévigné..
Bonne journée, gros bisous
La personnalité de ce poète que tu décris, solitaire, introverti, dont on connaît peu de choses, donne à son oeuvre une dimension supplémentaire.
bisous
Bonjour Cendrine,
un petit peu de mimosa pour t'apporter les senteurs de la Provence..
Bonne journée, bons baisers
Bonjour Cendrine,
Merci pour ce poème aux mystérieuses langueurs romantiques..
Tes photos lui font un apaisant écrin au silence propice à la rêverie..
En te souhaitant une journée tout aussi enchanteresse..
Bisous
M.
17timiloMercredi 26 Février 2020 à 06:08Magnifique poème, on s'y croirait , quelle belle écriture !
Douce journée Cendrine
Bisous
timilo
Ton billet est envoûtant !!!
Un poète secret et plutôt méconnu
Tes illustrations superbes
Bon rétablissement à ton mari
Merci encore pour tes petites douceurs félines déposées sur mon blog qui me font immensément plaisir...
Bisous ma chère Cendrine
Un très bon choix, ce poème, Cendrine !!!
Tes photos sont magnifiques !!!
Doux après-midi de ce mardi,
Gros bisous♥
illustration et poème sont superbe. Quand aux explications qui complètes....très complètes justement. Bravo. Bisous
Bonjour Cendrine,
Un poème d'un auteur que j'aime beaucoup. Tu as toujours d'excellents choix et des articles bien documentés.
J'aime beaucoup tes photos aussi ...
Je te souhaite une très bonne journée, prends soin de toi, je t'embrasse, Véronique
coucou Cendrine superbes photos et très beau poème,j'espère que tu vas bien, Hier il faisait un plein soleil aujourd'hui il pleut,je te souhaite un très bon Mardi,bises
un beau poéme et un article intéressant
j aime bien lire la vie ou des poétes ou des peintres , c'est toujours enrichissant , il y à souvent des légendes autour d 'un poéme
comme tu le raconte aujourdhui
vbelles photos aussi pour illustrer ton article
je te souhaite une trés belle journée
bises CENDRINE
KENAVO
Bonjour Cendrine,
quel beau poème d'Albert Samain et tes photos sont magnifiques..
Je suis contente que mon article sur Périgueux te rappelle de bons souvenirs..
Bon mardi gras, n'oublies pas de faire des crêpes, gros bisous
Une très belle vision mythologique du soir, je connais un peu cet auteur, sans plus, merci Cendrine, bon mardi à toi, bises jill
Coucou ma Cendrine.
Tu as choisi un très beau poème magnifiquement illustré. Tes photos sont très belles et tout comme toi j'aime ce moment de la journée, où l'astre solaire décline pour laisser la nuit arriver.
Bises et bon mardi à vous deux les amis
Coucou Cendrine, Je comprend que ce poème t'ai enchantée, il est très beau. Tes photos sont magnifiques et tu as eu ton amie la Pie ♥ j'en ai deux qui viennent souvent au jardin je pense à toi quand je les vois. Douce journée à vous deux et de gros bisous à vous partager
Quand je viens te rendre visite
Je repars avec en plus le bonheur d'avoir appris QQ chose
Joli billet poétique aussi
@ ma façon chez moi j'ai fait un clin d'oeil à la poésie du mardi
Bien humblement
Naïvement
Je te remercie d'être venue me lire
Bisous
Bonne journée
3Richard LEJEUNEMardi 25 Février 2020 à 07:03Beau poème ; beau cours d'Histoire littéraire.
Merci Cendrine.
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Mardi 3 Mars 2020 à 21:55
Merci beaucoup Richard, vos visites me font toujours très plaisir
Belles pensées pour vous, amitiés!
Cendrine
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