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    Chers aminautes, nous revoici au musée Grévin et vous pouvez lire ou relire ICI le premier chapitre de cette promenade.

     

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    L'histoire des portraits de cire du musée, associée à Arthur Meyer, Alfred Grévin et Gabriel Thomas, nous fait remonter le temps à travers une myriade de saynètes occidentales ou exotiques qui s'ancrent dans le Moyen Âge, l'époque Renaissance, l'Âge Baroque, le Romantisme... et nous fait aussi évoluer au rythme de notre monde contemporain, à la rencontre de personnalités vivantes. Il y en a réellement pour tous les goûts !

     

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    Comme plusieurs d'entre vous, je ne suis pas particulièrement sensible à la présence de « gens connus » mais j'ai tout de même photographié quelques habitants des lieux dont la superbe Marylin. Ce que j'ai surtout aimé au musée Grévin, c'est le Palais des Mirages, l'escalier de Gustave Rives, les décors magnifiques et je suis également très intéressée par l'histoire des personnages de cire.

     

    Une histoire foisonnante, liée à des artistes comme la célèbre Madame Tussaud et qui se réfère à un art ancien, en vogue à la Cour de France sous l'Ancien Régime : l'art de mouler le visage d'un défunt de sang royal.

     

    Si l'on veut appréhender au mieux ce qui a fait du musée Grévin l'un des plus célèbres lieux culturels au monde, il faut s'intéresser au destin artistique de Marie Tussaud, destin qui se mêle à celui d'un médecin, anatomiste et sculpteur sur cire franco-allemand, nommé Philippe Mathé-Curtz (1737-1794), dit Curtius.

     

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    Portrait de Curtius par Marie Tussaud, conservé au musée Carnavalet. Photo de Jospe CC BY-SA 3.0.

     

    En 1761, Curtius prit à son service comme femme de ménage Anne Made, une jeune veuve qui avait une fille, Marie Greshlotz, la future Madame Tussaud.

     

    La petite Marie appela Curtius « mon oncle » et celui-ci lui enseigna l’art du modelage ainsi que différentes considérations anatomiques. L'attention manifestée par Curtius permit à Marie de réaliser avec talent, en 1777, son premier visage de cire, celui du philosophe Voltaire. En 1778, elle conçut, avec autant de réussite, les portraits de Jean-Jacques Rousseau et de Benjamin Franklin.

     

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    Voltaire, par Marie Tussaud (photo Rue du Savoir.com)

     

    En 1765, Curtius avait créé à Paris un cabinet de portraits en cire et depuis le portrait qu'il avait fait de Madame du Barry, la maîtresse de Louis XV, le succès ne s'était pas démenti.

     

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    Portrait de Madame du Barry en Belle au Bois Dormant (photo trouvée sur marie-antoinette.forumactif.org)

     

    En 1776, il présenta au Palais-Royal (au numéro 17 de la galerie Montpensier, actuelle boutique du fabriquant de médailles Bacqueville, une autre histoire...) la dernière version de son exposition de figures, consacrée aux célébrités de son temps, et la foule parisienne se déplaça en masse. Six ans plus tard, boulevard du Temple, il ouvrit « la Caverne des Grands Voleurs » où il prit plaisir à exposer des brigands, des repris de justice et des scènes de crime qui préfiguraient ce qu'on a appelé La Chambre des Horreurs.

     

    Il moula les effigies de nombreux guillotinés et immortalisa les traits de révolutionnaires comme Robespierre et Marat. A ses côtés, Marie Greshlotz put réaliser des moulages des têtes de Louis XVI et de Marie-Antoinette.

     

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    Marie-Antoinette au musée de Londres, d'après le masque réalisé par Marie Tussaud. Je ne connais pas l'auteur de la photo.

     

    Pendant plusieurs années, Marie s'entendit bien avec le peuple et la noblesse mais, calomniée par un certain Jacques Dutruy, aide-exécuteur du bourreau Samson, elle fut arrêtée par les Révolutionnaires. Elle partagea alors la cellule de Joséphine de Beauharnais, future épouse de Napoléon.

     

    Elle allait être emmenée à la guillotine quand le peintre Jacques-Louis David réussit à intercéder en sa faveur. Il obtint in extremis du Tribunal Révolutionnaire qu’elle soit libérée pour créer les masques mortuaires des décapités. Elle eut donc l'opportunité de modeler les visages de Marie-Antoinette et de Robespierre. Elle réalisa aussi le masque mortuaire de Marat, dit « l’Ami du Peuple », assassiné dans son bain par Charlotte Corday.

     

    En 1791, après la mort de Curtius, Marie hérita la collection d’œuvres en cire de son mentor et en 1795, elle épousa un ingénieur civil nommé François Tussaud qui lui donna deux fils, Joseph et François. Sept ans plus tard, séparée de son mari, elle se rendit à Londres où elle entra dans la troupe de Paul Philidor, un magicien itinérant. Pendant des années, elle présenta, de ville en ville, des figures de cire au public puis, en 1835, elle parvint à ouvrir à Londres, à Baker Street (les fans de Sherlock Holmes apprécieront!) son propre musée sous le nom de Madame Tussaud.

     

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    Rédigeant ses Mémoires à partir de 1838, elle mourut paisiblement le 15 avril 1850 et son œuvre a perduré. A Londres, une plaque mortuaire en son honneur fut installée du côté droit de la nef de l’église Saint-Mary à Cadogan Street.

     

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    Image catherinepope.co.uk

     

    Outre le musée Grévin, Paris connut d'autres lieux associés à l'art des portraits de cire. En 1865, un professeur suédois nommé Schwartz ouvrit, dans le passage de l'Opéra (disparu), le musée Hartkoff, une galerie d'anatomie, d'ethnologie et de géologie dans laquelle il exposait des dissections de corps en cire et d'étranges écorchés et sur les Champs-Élysées, on trouvait une boutique grand-guignolesque appelée « Maison de la figure de cire ».

     

    Fasciné par l'utilisation documentaire des portraits de cire, Arthur Meyer a sollicité Alfred Grévin, voir à ce sujet le premier volet de cette promenade, et le financier Gabriel Thomas a complété l'équation.

     

    Le musée Grévin est rempli de « merveilles ». Nous l'avons vu avec l'escalier de marbre 1900, le Palais des Mirages et le Théâtre Italien. Découvrons à présent la magnifique Salle des Colonnes, de style baroque, lambrissée de bois de palissandre et sculptée d'or et de marbre.

     

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    Elle est conçue comme une sorte de théâtre avec de belles torchères, des petits balcons, une décoration très opulente, des chimères, des masques, des putti...

     

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    Elle est surmontée d'une coupole en mosaïque de Venise, de couleur bleue et or, qui donne l'impression d'évoluer sous un ciel rayonnant.

     

    En cheminant entre les colonnes, on découvre deux statues de cire pleines de charme : un faune et une faunesse, mes personnages préférés !

     

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    Outre son magnifique décor baroque, la Salle des Colonnes est réputée pour ses jeux de lumière qui séduisent les visiteurs. On y donne aussi des fêtes privées, des banquets d'affaires, des soirées dansantes etc...

     

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    Et maintenant, je vous propose de « saluer » certains habitants du musée...

     

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    Le rêveur Charlie Chaplin (16 avril 1889-25 décembre 1977)...

     

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    La styliste Chantal Thomass, née le 5 septembre 1947.

     

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    La Marquise de Pompadour (29 décembre 1721-15 avril 1764)... et ses innombrables escarpins, humour !

     

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    Orson Welles (6 mai 1915-10 octobre 1985) et Gérard Depardieu (né le 27 décembre 1948)

     

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    Salvador Dali (11 mai 1904-23 janvier 1989)

     

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    Pablo Picasso (25 octobre 1881-8 avril 1973)

     

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    Auguste Rodin (12 novembre 1840-17 novembre 1917)

     

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    Atelier de Rodin

     

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    Bernard Pivot (né le 5 mai 1935)

     

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    Amélie Nothomb (née le 13 août 1967)

     

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    Jean d'Ormesson (16 juin 1925-5 décembre 2017)

     

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    Jean-Paul Sartre (21 juin 1905-15 avril 1980) et Fabrice Luchini (né le 1er novembre 1951)

     

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    Comment choisit-on les nouveaux « pensionnaires » des lieux ? En ayant recours à l'Académie Grévin ?

     

    Restant proche de l'esprit original de création, celle-ci, présidée, depuis 2014, par Stéphane Bern et constituée de onze « sages » issus du monde des lettres et des médias, se réunit deux fois par an pour désigner les nouvelles personnalités du musée. On trouve parmi les membres de l'Académie Nikos Aliagas, Daniela Lumbroso, Eve Ruggieri, Gérard Holtz, William Leymergie, Laurent Boyer ou la romancière Christine Orban...

     

    Ensuite, il faut environ une quinzaine d'artistes pour faire vivre un personnage de cire et différents rendez-vous pendant près de six mois pour prendre les mesures, mouler les traits du visage dans la terre glaise avec une précision inouïe, y insuffler une énergie caractéristique de « l'esprit Grévin » etc...

     

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    Un travail impressionnant comme en témoigne l'effigie de Jean Reno !

     

    Les tenues d'époque sont conçues, d'après des documents historiques, dans les foisonnants ateliers de Grévin. Quant aux actuelles célébrités, elles donnent au musée une de leurs tenues préférées.

     

    Chaque détail (cernes, tâches, cicatrices...) fait l'objet de plusieurs heures d'attention. Les cheveux sont naturels, implantés un par un et on en compte jusqu'à 500 000 sur une seule tête ! Les couleurs des dents sont très précisément choisies et les yeux, de véritables prothèses en verre.

     

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    J'ai aimé la partie du musée consacrée aux pâtissiers, aux cuisiniers et décorée de citations sur l'art culinaire.

     

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    Pierre Hermé (né le 20 novembre 1961), l'alchimiste des macarons !

     

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    Le regretté Paul Bocuse (11 février 1926-20 janvier 2018)

     

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    (Je sais qu'il manque les accents circonflexes, je l'écris pour les puristes... mais je souscris pleinement à la citation !)

     

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    Un peu plus loin, c'est le pape François (né le 17 décembre 1936) qui nous attend, avec un franc sourire !

     

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    Je n'avais pas envie de photographier Nicolas Sarkozy, François Hollande, Donald Trump, Angela Merkel... alors j'ai passé mon chemin. J'ai aussi laissé de côté les sportifs et les chanteurs à la mode...

     

    J'ai préféré les personnages qui suivent...

     

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     Gaston Lagaffe, « né » le 28 février 1957 sous le crayon d'André Franquin, associé à Yvan Delporte dans Le journal de Spirou (n°985).

     

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    Le trop mignon Idéfix !

     

    Saviez-vous que le nom de ce facétieux petit chien blanc avait été choisi par les lecteurs du journal Pilote dans lequel étaient publiées les aventures d'Astérix et Obélix ? Idéfix est apparu dans l'album Le Tour de Gaule (5e album d'Astérix), « comme un gag » d'après Albert Uderzo. On ne devait pas le revoir dans les albums suivants mais les lecteurs ont tant apprécié ce petit chien (il attend devant la porte d'une charcuterie et suit les héros pour leur dérober l'os du jambon qu'ils ont acheté) qu'ils ont demandé avec force son retour. Il est donc devenu un personnage à part entière de la saga Astérix.

     

    Il a aussi sa propre série d'albums, publiée à partir de 1972, et qui n'a pas de lien avec les aventures d'Astérix et Obélix.

     

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    Le Petit Prince m'a charmée ! On se souvient forcément avec émotion de la lecture de ce magnifique conte philosophique né à New York en 1943, sous la plume d'Antoine de Saint-Exupéry...

     

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    Le musée regorge ensuite de saynètes historiques associées à la Révolution Française, aux Rois de France, à des personnages comme Nostradamus, Catherine de Médicis, Jeanne d'Arc ou la mythique Esmeralda du roman Notre-Dame de Paris.

     

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    Je n'ai pas pu prendre beaucoup de photos dans cette partie-là. C'était très sombre et j'avais déjà collecté tant d'images que mes batteries étaient presque hors service.

     

    Voici François Ier (12 septembre 1494-31 mars 1547).

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    Saint-Louis (25 avril 1214-25 août 1270)

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    La Grande Peste ou Peste Noire de 1347

     

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    Le philosophe Denis Diderot (5 octobre 1713-31 juillet 1784)

     

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    Jean de la Fontaine (8 juillet 1621-13 avril 1695) dont j'ai beaucoup apprécié l'attitude et le regard intense et rêveur mais la photo est piquetée, désolée...

     

    Il est temps de partir alors j'espère que vous aurez pris comme moi, plaisir à visiter ou à revisiter ce lieu emblématique d'une certaine histoire de Paris.

     

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    Nous sortons par une porte située au milieu du passage Jouffroy.

     

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    Conçue par l'architecte François Lafaye, elle est dominée par une œuvre du sculpteur oublié Alexandre Barbieri, élève du sculpteur et peintre Albert Louis Edmond Chartier (1898-1992) qui travailla au musée Grévin pour Gabriel Thomas.

     

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    Elle réunit différents personnages de l'histoire de France comme Jeanne d’Arc, Louis XI, François Ier, Henri IV, Richelieu, Louis XIV, Napoléon Bonaparte.

     

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    Le musée Grévin est une aventure que j'ai beaucoup aimé partager avec vous et cela m'a amusée de suivre l'imposante main-enseigne dorée...

     

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    Merci de votre fidélité et gros bisous !

     

    J'ajoute un merci très tendre et passionné aux personnes qui m'apportent chaque jour une délicieuse amitié et qui se reconnaîtront. Je suis profondément heureuse des relations qui nous unissent, de manière privée et je veux vous embrasser très fort !

     

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    Plume

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    50 commentaires
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    Chers aminautes, avant les fêtes, je vous avais donné rendez-vous au musée Grévin, temple parisien des portraits de cire où résonne le souvenir d'attractions mystérieuses, comme l'envoûtant et superbe Palais des Mirages.

     

    Nous avions visité le passage Jouffroy, sur le boulevard Montmartre et le musée nous attendait... Si nous laissions un lutin de Janvier nous en conter l'histoire ?

     

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    Le musée Grévin naquit à l'initiative du journaliste Arthur Meyer (1844-1917), personnage mondain, complexe, controversé (il était royaliste, conservateur, juif et antidreyfusard...) qui désirait transcrire « en trois dimensions » les visages des invités de son journal, le quotidien « Le Gaulois ».

     

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    Arthur Meyer en 1914, photographe inconnu.

     

    Je conseille aux lecteurs intéressés par les détails de sa vie, indissociable de celle du Tout-Paris du Second Empire, la lecture du livre d'Odette Carasso, paru en 2003 et intitulé « Arthur Meyer, Directeur du Gaulois ».

     

    Pour la mise en œuvre de son pittoresque projet, Meyer sollicita le célèbre caricaturiste et costumier de théâtre, Alfred Grévin (1827-1892), auteur de l'album Les Parisiennes et de dessins savoureux parus dans « Le Charivari », « Le Gaulois » ou le Journal « Amusant ».

     

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    Un vaste bâtiment doté d'annexes destinées à accueillir les ateliers de sculpture et de moulage fut construit par l'architecte Eugène-Emile Esnault-Pelterie. Quant à Alfred Grévin, il s'investit corps et âme dans le projet et finit par supplanter Arthur Meyer.

     

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    Le jour de l'inauguration, le 5 juin 1882, on lisait dans le journal « Le Moniteur » : « le Tout-Paris se presse autour d'Alfred Grévin qui pose en plastronnant, debout, un crayon à la main, appuyé sur une console, le béret enfoncé sur la tête ».

     

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    Fines et pleines de fraîcheur, les œuvres d'Alfred Grévin étaient particulièrement recherchées. Vous apprécierez sûrement ce costume de Don Juan issu d'un projet de douze maquettes de costumes de mascarade en 1875. (Image Gallica.fr)

     

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    Le 29 août 1883, Grévin l'ambitieux fut nommé Directeur de la Société du Musée et la même année, Gabriel Thomas, un financier qui avait conçu la société d'exploitation de la Tour Eiffel et qui était aussi promoteur du théâtre des Champs-Élysées, s'investit dans l'affaire.

     

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    Image Grévin.fr

     

    Amateur d'art et collectionneur émérite, Gabriel Thomas, qui était aussi le cousin germain de la talentueuse Berthe Morisot (1841-1895), dota le musée de superbes décors et se porta acquéreur du Palais des Mirages, un spectacle son et lumières élaboré par Eugène Hénard (1849-1923), pour l'Exposition Universelle de 1900.

     

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    Les enfants de Gabriel Thomas, peints par Berthe Morisot en 1894. Le tableau est conservé au musée municipal de l'Évêché à Limoges.

     

    Le Palais des Mirages fusionna avec le Musée Grévin en 1906 et l'on y accède par un superbe escalier de marbre, construit en 1900 par l’architecte Gustave Rives (1858-1926).

     

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    Désolée pour le flou de certaines images à l'intérieur du musée, il m'a été impossible de faire mieux en raison des jeux de miroirs et des lumières changeantes. Mes photos vous donneront toutefois une idée de la magnificence des lieux.

     

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    Un escalier de style éclectique, caractéristique de la Belle-Époque.

     

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    L'escalier au décor luxuriant nous conduit au Palais des Mirages, le fameux spectacle son et lumières qui fut présenté au Trocadéro lors de l’Exposition Universelle de 1900, installé au musée Grévin en 1906 et rénové en 2006, sous le parrainage d'Arturo Brachetti.

     

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    Couleurs changeantes...

     

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    Vidéos et photos ne sont pas autorisées pendant le spectacle. Téléphones portables, caméras et appareils photographiques pourraient perturber la magie ambiante par des lumières parasites mais j'ai pu « saisir » quelques aspects de l'attraction avant son commencement.

     

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    Il s'agit de trois changements de décors rythmés par d'impressionnants jeux de lumières qui passent à travers des miroirs et multiplient l'espace à perte de vue. Pendant une durée de six minutes, le spectateur évolue d'un temple hindou à une jungle profonde, plutôt inquiétante et se retrouve, guidé par des papillons géants, vers un palais des Mille et une Nuits et une île paradisiaque.

     

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    L'illusion d'optique de ce kaléidoscope géant est juste remarquable. J'ai adoré ces instants de rêve et de magie visuels ainsi que la musique. Une réinterprétation fidèle à l'esprit de la création originale, signée Arturo Brachetti, Manu Katché et Bernard Szajner.

     

    Outre le Palais des Mirages, le musée Grévin a accueilli d'autres attractions tout aussi captivantes.

     

    Le 28 octobre 1892, un dessin animé, le premier dessin animé de l'histoire, appelé « Pauvre Pierrot » fut projeté devant le public, grâce au procédé complexe et ingénieux du Théâtre optique d'Émile Reynaud.

     

    Charles-Émile Reynaud (1844-1918) était un inventeur, photographe, professeur de sciences et réalisateur de « dessins animés », grâce aux procédés du Praxinoscope et du Théâtre Optique, qui fonctionnaient à partir de miroirs tournants.

     

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    Émile Reynaud projetant Pauvre Pierrot dans son Théâtre Optique (gravure de Louis Poyet)

     

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    Comme au XVIIIe siècle avec la magie des œuvres de Carmontelle, le public s'émerveillait devant ces prouesses esthétiques.

     

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    Le premier dessin animé s'intitulait donc « Pauvre Pierrot » et d'autres furent célèbres, à l'instar de « Autour d'une cabine » ou de « Clown et ses chiens ».

     

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    Personnages de « Autour d'une cabine ».

     

    Chaque image mouvante était peinte à la main mais Émile Reynaud, s'inquiétant de la proche concurrence du cinéma des frères Lumière, cherchait, à la manière d'un alchimiste, « le secret du cinéma en relief ». Il finit par y arriver mais la qualité de ses projections ne sut le satisfaire.

     

    Sous l'effet du désespoir, il jeta, en 1910, ses appareils et pellicules dans la Seine. Les seuls films que nous avons conservé de lui sont Autour d'une cabine et Pauvre Pierrot. Épuisé par ses travaux incessants, angoissé par la mobilisation de ses deux fils à la guerre, désargenté (il dut, pour acheter à manger, vendre le cuivre de plusieurs de ses appareils), il eut une bien triste fin de vie et mourut de congestion, le 9 janvier 1918.

     

    Au fil du temps, le musée Grévin et plusieurs cinémathèques ont rendu hommage à cet esprit novateur que certains appellent le Walt Disney français.

     

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    Les Pantomimes lumineuses, 1892, affiche de Jules Chéret (1836-1932). (Peintre, décorateur, lithographe et chromolithographe, Jules Chéret est considéré comme « le père de l'affiche moderne ».)

     

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    Les Pantomimes Lumineuses furent données dans ce qu'on appelait alors le Premier Cabinet Fantastique. Ce lieu, en activité de 1886 à 1900, fut construit à l'initiative de Gabriel Thomas, au premier étage du musée par l'architecte Gustave Rives, le concepteur de l'escalier qui nous accueille au début de la visite. Il s'agissait d'une salle de style néo-renaissance en bois sombre, truffée de décors gothiques et de diableries sculptées.

     

    Sur cette scène se produisirent de grands noms de la magie de l'époque comme le professeur Carmelli, le professeur Marga et aussi Georges Méliès.

     

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    Photo datant de septembre 1889, issue du catalogue du musée Grévin.

     

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    L'effigie du professeur Carmelli (1850-1919).

     

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    De 1885 à 1888, c'est Georges Méliès (1861-1938), le réalisateur du Voyage dans la Lune, qui se produisit comme magicien au Premier Cabinet Fantastique du musée Grévin. Sans l'association des Amis de Georges Méliès, créée en 1961, ses films auraient pu disparaître à jamais car, insatisfait, il en brûla lui-même une partie.

     

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    Georges Méliès, Projection à deux lanternes magiques.

     

    En 1888, il avait racheté le Théâtre Robert Houdin, situé 8, boulevard des Italiens, pour y créer de spectacles de prestidigitation et de grande illusion. Puis il découvrit le cinéma, devint spécialiste des trucages et projeta son premier film, le 5 avril 1896.

     

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    Une scène fantasmagorique issue de l'extraordinaire Voyage dans la Lune...

     

    Le Premier Cabinet Fantastique fut remplacé par un Deuxième Cabinet Fantastique que l'on nomme « Joli Théâtre » ou « Théâtre Italien ».

     

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    Vous avez bien sûr reconnu Franc Dubosc et Kad Merad, facétieux pensionnaires de la belle salle aux fauteuils rouges, inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 23 novembre 1964. Un article du Figaro, datant du 10 novembre 1901, vol. 47, n°314, p. 5, évoque l'endroit, construit à partir de 1900.

     

    « Sous peu de jours, en plein boulevard, en face des Variétés, s'ouvriront les portes d'un "joli théâtre". Très récemment construite dans le style Empire le plus pur, cette salle offrira à la curiosité des Parisiens plus ou moins blasés le coup d'oeil d'une véritable merveille, chef-d'oeuvre exquis du parisianisme le plus moderne. Ce théâtre, dont les destinées sont confiées au directeur de l'une de nos scènes de genre aujourd'hui des plus appréciées, nous avons nommé M. Abel Deval, le sympathique directeur de l'Athénée, aura nom de "Joli théâtre Grévin" et tiendra ses assises au 10, boulevard Montmartre, dans un local attenant au musée du même nom. Les spectacles y seront des plus variés, tous les jours, de 4 à 6 heures, matinées blanches, où pourront assister les jeunes filles ; le soir, spectacle des plus éclectiques, susceptible de satisfaire tous les goûts. On parle du 15 courant pour la soirée d'inauguration. » A. Mercklein, spécialiste des Spectacles & Concerts.

     

    Et vous apprécierez sûrement le magnifique rideau de scène, conçu par Jules Chéret.

     

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    Esprit joyeux de la Commedia dell'Arte, finesse colorée de la Belle-Époque, talent narratif du père des « Chérettes », surnommé par Manet le « Watteau des rues », dont je reparlerai dans un de mes prochains articles.

     

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    La scène est dominée par un relief appelé « Les Nuées », sculpté par Antoine Bourdelle (1861-1929) et que je n'ai pas réussi à bien photographier. Il était situé beaucoup trop haut pour le zoom de mon appareil photo et je devais composer avec la lumière... J'ai cherché sur le net et constaté que nombre de visiteurs du musée Grévin ne l'avaient pas non plus photographié.

     

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    Impossible de faire mieux... Il aurait fallu pouvoir se hisser au niveau du balcon supérieur, snif ! Je voulais « vraiment voir » cette œuvre de Bourdelle et je n'ai pas pu mais heureusement, j'ai pu apprécier le rideau de scène de Chéret et de jolis ornements du théâtre.

     

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    Je vous donne rendez-vous dans quelques jours afin de continuer cette visite car le musée Grévin nous réserve encore bien des surprises...

     

    Le lieu est surtout connu aujourd'hui pour ses portraits de cire qui représentent plusieurs centaines de personnages célèbres dans différents domaines. Nous nous intéresserons donc à l'histoire de leur conception et aux liens qui unissent le musée Grévin et l'antre londonien de Madame Tussaud. A très bientôt, chers aminautes ! Je vous laisse en compagnie d'Anne Roumanoff et de Kev Adams qui prennent la pose devant le rideau de Jules Chéret. Merci de votre fidélité et gros bisous...

     

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    Plume

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  •  A l'ombre de la Tour Eiffel, ce bâtiment élaboré par l'architecte Jean Nouvel vient de fêter ses cinq ans. Projet cher à Jacques Chirac, consacré aux Arts et aux Civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques, il contemple la Seine et se dévoile à travers la végétation, le verre et le bois. Son ossature est la rencontre, sur pilotis, de structures unies par des passerelles.

    1-CendetParisMurveget

    La façade « verte » du musée.

     

    2-CendetParisjardinparoiverre

    La palissade de verre.

     

    3-CendetParisBoit1Boîtes et pilotis.4-CendetParisBoit2

     

    5-CendetParisOmbresAngJeux de formes et de matières...pour Antoinette!

     

    Le musée se love dans un jardin luxuriant, peau végétale qui accueille le visiteur. Conçu par le paysagiste Gilles Clément, cet espace secret est composé d'herbes hautes et de sentiers, de petites collines et de bassins chatoyants. On y rêve, on y flâne, on s'y restaure. Des concerts, des conférences et des spectacles se succèdent dans le théâtre ouvert.

     

    6-CendetParisjardinchemin

    7-CendetParisjardincarrefour

     

     

    8-CendetParisjardinroulotteUn petit air bohème pour savourer l'été...

     

    9-CendetParisCafeUn café et quelques douceurs?

     

    10-CendetParismaraishabitantsLes petits habitants du jardin...

     

     

    A l'intérieur, tout stimule notre âme d'explorateur...

    La « rampe »: un chemin qui serpente en spirale depuis l'entrée et nous emmène vers les collections.

    Les immenses totems originaires des Amériques, les masques et les tapas océaniens, les fétiches africains, les peintures aborigènes, les somptueuses tentures et les costumes d'Asie, l'extravagante Diablada d'Oruro, une danse traditionnelle des Andes...

     

     

    11-CendetParisTambours Tambour Drum (Côte d'Ivoire, fin du 19e siècle).

     

    12-CendetParisTotem   13-CendetParisTotem

      Le Totem du Mât de l'Ours (Canada, Colombie Britannique, vers 1880, bois de cèdre).

     

    14-CendetParisdiablada   15-CendetParisOurspeluche

      Personnages de la Diablada d'Oruro (Diable, Diablesse et Ours).

     

     

    Des installations multimédias et des bornes de consultation permettent de visionner de nombreux films d'archéologie et d'anthropologie.

     

    Dans le Salon de lecture Jacques Kerchache et dans la Médiathèque, chacun peut donner libre cours à son envie d'apprendre et poursuivre son voyage à travers une riche documentation.

     

    Dans la Librairie, on trouve une sélection fort alléchante de livres, de revues, de cartes, d'affiches, de CD, de DVD, de tissus, de jouets et de petits objets. En levant les yeux, on peut contempler de belles peintures aborigènes.

     

     

    16-CendetParisjardinbatMusée, jardin, forêt...

     

     

    17-CendetParisRoseauxRoseaux et reflets...

     

     

    18-CendetParisTourEiffel La Tour Eiffel, en venant du musée...

     

    Référencement sur http://www.etoile-blog.com

    Plume4

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