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Édition inspirée de Parures d'Automne et Atmosphères d'Automne, revue et augmentée...
Soufflée par la tempête, dans les feuilles crépitantes, je déambule à travers Paris. La lumière est un carrousel qui redessine à l'infini le ciel, la végétation et la pierre...
Sous les platanes féeriques
Drapé dans sa robe de sang
Flamboyant et fantomatique
L'automne danse avec le vent
Feuilles d'or mat qui caracolent
Entre les ombres mélangées
Passe une rouge farandole
Au sillage étrange et sucré...
Cendrine
Tapis et ronds de feuilles au pied des arbres composent des paysages oniriques.
Brindilles d'or parfumé...
Clarté du soir, source rêvée d'écriture pour les poètes qui papillonnent dans le Jardin du Luxembourg.
Bel automne secret, plénitude des sens...
La ravissante Bouche de la Vérité, de Jules Blanchard (1832-1916), sous les feuilles d'ambre pâle...
Un ciel de notes sucrées, dernières parures verdoyantes...
Alchimie de l'Automne
Le flamboiement des couleurs d'automne survient quand la chlorophylle disparaît. La production de ce pigment vert, dominant au printemps et en été, ralentit avec les changements de température et les modifications de la lumière. Entre l'arbre et les feuilles, la communication s'estompe. Un autre langage se développe, bien plus sauvage et intuitif...
Lignes de vie...
Une sorte de liège se forme à la base du pétiole (pédoncule) de chaque feuille. L'arbre plonge dans une douce léthargie, émulsion de vie et de mort entrelacées. La couleur verte s'efface, au profit de pigments plus résistants, les carotènes et les xanthophyllesqui engendrent des couleurs rutilantes, flamboyantes et dorées, jaunes et orangées.
Quand les feuilles sont gorgées de sucres, les somptueuses anthocyanines font leur apparition. Elles embrasent le feuillage des érables et la peau des pommes, créent le rouge sombre et bleuté des mûres et des myrtilles, la couleur pourpre du raisin...
Des sucres enchantés, des encres chatoyantes, les pigments d'automne dans leur splendeur renouvelée...
Précieuse
Mystique
Jungle métamorphosée...
Luges à lutins...
En robe de framboise, de mûre ou de cassis...
Petites flammes enfiévrées
Qui forment rondes sur les prés
Cercles filants sur le bitume
Mues de serpent et noeuds de brume...
Gourmandises suspendues...
Comme de célèbres petites fraises qui titillent nos souvenirs d'enfance...
La forêt en automne est un monde secret qui se révèle dans le chant des odeurs, le souffle des fougères, le crissement des feuilles et l'exaltation des sens...
Géants de grès dans la forêt de Fontainebleau.
Rochers moussus en automne, par John Atkinson Grimshaw(1836-1893), peintre victorien, admirateur du préraphaélisme.
Les champignons se dévoilent le long des chemins forestiers, sur les sentiers de féerie qui souvent se confondent avec les sillons de la réalité... Ainsi mon regard caresse, sous la verdeur de ce jeune houx, une éclosion mystérieuse et dorée.
Peut-être ont-ils poussé sous les souliers des lutins du bois?
A moins qu'une fée les ait tissés avec des larmes de miel et des fils de soie...
Créature des contes, la superbe amanite muscarine est indissociable des rituels chamaniques de l'automne. Mais mieux vaut ne pas tenter l'expérience sans en connaître les secrets et les dangers... Son chapeau rouge vif, parsemé de petites verrues blanches, est appelé chapeau de sorcière, trône ou tabouret de crapaud, champignon de fou, calice de lutin... On l'appelle aussi fausse oronge mais il porte bien d'autres noms...
Gorgé d'alcaloïdes aux propriétés hallucinatoires, il est utilisé pour ouvrir les portes du monde des esprits, communiquer avec les ancêtres, guérir certaines maladies et susciter des rêves prémonitoires. Les chamanes de Sibérie et d'Europe du Nord lui vouent, depuis des millénaires, un véritable culte.
D'après le folklore indo-européen, il aurait jailli au passage de Sleipnir, le cheval à huit pattes du dieu nordique Odin, poursuivi par les démons de l'orage. Quelques gouttes d'écume ensanglantée, tombant de la gueule du cheval fabuleux, auraient engendré ce champignon aux vertus magiques et divinatoires.
Odin chevauchant Sleipnir,1924, par Arthur Rackham (1867-1939), illustrateur britannique fasciné par le merveilleux.
Terre, écorces, branches, feuilles, textures qui s'animent entre lumière et ombre nous émerveillent avec leurs variations colorées.
L'automne se révèle aussi au numéro 140 de l'avenue de Suffren,dans le 15e arrondissement de Paris. On y découvre une belle porte, à la fois sobre et délicatement ouvragée.
Pampres de vigne, feuilles et grappes qui ruissellent sont autant de symboles d'abondance avant la venue de l'hiver.
Peut-être avons-nous trouvé la demeure du dieu de l'automne mais chut, ce personnage mystérieux préfère sûrement garder l'anonymat!
La transformation du raisin en vin relève, à bien des égards, d'une opération « magique ». De « l'œuvre au rouge » à « l'élixir de longue vie des alchimistes », le jus extrait du raisin représente le sang de la terre, « sève » rouge indissociable du pouvoir poétique et mystique de l'automne.
Luxuriante allégorie de l'automne signée Alfons Mucha (1860-1939).
Vecteur d'ébriété, le vin fut surtout considéré, dans les civilisations anciennes, comme une boisson spirituelle, un breuvage intermédiaire entre le monde humain et celui des divinités.
L'Automne, par Jean-Bernard Restout(1732-1797).
Cadeau du Seigneur de l'Extase, Hermès le Vendangeur, il favorisait le passage à un état d'ivresse sacrée. Le vieil adage « In vino veritas » signifiait que le vin était utilisé pour démasquer les mensonges et briser les enchantements. Boisson initiatique, il permettait la révélation des choses cachées.
Le Roi boit, par Jacob Jordaens(1593-1678), vers 1640-1645, (Kunsthistorisches Museum, Vienne). Cette truculente épiphanie est l'un des thèmes favoris de l'artiste. Elle décrit une assemblée de personnages sémillants, une agape profane et sacrée dont les détails vulgaires (homme qui vomit sur le côté gauche de l'image) sont transcendés par la touche magistrale du peintre anversois.
Fruits d'automne (Réputée atténuer les effets de l'ivresse, la pêcheest, dans les natures mortes, très souvent associée au raisin. Elle est aussi un emblème de Vérité.)
Panier empli de pêches et de grappes de raisin, 1631, par Louise Moillon (1610-1696).
Consacré à Osiris dans l'ancienne Égypte et à Dionysos, le « deux fois né », dans la Grèce antique, le vin était voué par les Celtes au dieu de la mer, Manannan Mac Lir Morfessa, à Morgane la Fée et à la Morrigan, appelée la Grande Reine ou Reine des Fantômes.
Osiris le civilisateur, le seigneur de la vigne qui préside à la pesée de l'âme...
« Qu'Osiris ne fasse qu’un avec Dionysos, qui pourrait le savoir mieux que toi Cléa, toi la supérieure des Thyades de Delphes (prêtresses de Dionysos), qui fut consacrée par tes père et mère aux rites Osiriens? ». Plutarque(50-125 après J.C.): Traité sur Isis et Osiris.
La somptueuse Tombe de Sennefer ou « Tombe aux Vignes », à Thèbes (rive ouest). Sennefer était le Maire de la Cité du Sud, Intendant des jardins du temple d’Amon, sous le règne d’Aménophis II(1425-1401 av JC). (Image trouvée sur le site Passion égyptienne.)
En Égypte, la culture de la vigne est attestée depuis environ 3000 avant J.-C., sous le nom d'erpi.On appelait « yeux d'Horus »les raisins noirs aux grains brillants.
Célébration dionysiaque
Offert en libation sur les tombes, utilisé par les chamanes pour l'invocation des esprits, lié à la richesse matérielle et à la fertilité, le vin symbolise aussi le sang du Christ versé pour racheter les pêchés de l'humanité.
Sève de la terre et nectar universel, il apparaît comme la quintessence des pouvoirs de l'automne qui confronte, à travers ses métamorphoses, les énergies de mort et les forces de fécondité.
Morgane et la magie de l'automne (Je ne connais pas l'auteur...)
J'ai suivi le rire du vent
Mêlé de lumière et d'arômes
Au coeur d'un étrange royaume
Où pulsent les enchantements...
De lumière et de sang...
Une feuille rousse pour toi
Une feuille rouge pour moi
Une feuille orange et dorée
Pour y écrire nos secrets...
J'aime profondément l'automne. Contempler la métamorphose des paysages, les arbres nimbés de brume et le ciel tourmenté, sentir le froid qui monte, une tasse de chocolat chaud à la main... je prends cela comme un luxe, dans une époque où tout va tellement vite...
Allégorie de l'automne par Auguste Maillard (1864-1944).
Dans ce royaume de poésie, de réflexion et de mélancolie, la Nature est généreuse. Elle offre les pommes et les poires aux joues rebondies, le raisin voluptueux, les champignons, les noix, les châtaignes aux saveurs puissantes...
Vous prendrez bien un de mes petits muffins au sirop d'agave, au chocolat noir et aux myrtilles, pour célébrer les charmes de la saison...
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Un rêve m'a troublée, il est devenu poème...
Bal de Minuit à Notre-Dame
Flammes saignant dans ton regard
L'orage attise sa chaleur
Sous le ciel d'or et de brocart
Je danse au rythme des couleurs
La cathédrale en ses atours
Offre son parvis étoilé
Aux personnages de velours
A nos désirs ensorcelés
Happées dans cette bacchanale
Nos ombres se sont dévorées
La pleine lune cardinale
Tisse la moire des secrets
Vampires sous vos beaux visages
Lamies et serpentes voilées
Investissez ce paysage
De pierre et de cendres mêlées!
Voici la rose boréale
Torrent de feu cristallisé
Sous le spasme de ses pétales
Le chant du Diable s'est brisé...
Cendrine
L'oeil des songes, corolle de lumière en suspension...
La scène du bal des vampires dans le film Van Helsing, réalisé par Stephen Sommers, 2004.
Rouges étreintes mêlées d'or
Le feu et son rire haletant
Les particules de mon corps
Tremblent aux lèvres de l'instant...
Cendrine
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La forêt en automne, par Gustave Courbet (1819-1877).
Les couleurs automnales s'installent doucement dans le paysage et les Journées Européennes du Patrimoine refleurissent les 15 et 16 septembre 2012.
Cette 29ème édition, placée sous le signe des « Patrimoines Cachés », nous invite à explorer des cours secrètes, des jardins archéologiques, des galeries qui serpentent sous la terre, des forteresses dans les nuages... L'évocation de ces lieux insolites titille notre curiosité.
Vous pouvez retrouver le programme de ces journées exceptionnelles à l'adresse suivante:
www.journeesdupatrimoine.culture.fr
Ce voyage à travers le temps se décline en six grands thèmes:
Le patrimoine souterrain
Ouvrons les portes closes et empruntons des escaliers taillés dans la roche, à la recherche d'anciennes carrières et d'habitations troglodytes.
Les catacombes et les égouts de Paris nous confrontent à un monde mystérieux où la mort est scénographiée. Enfonçons-nous, dans un labyrinthe d'ossements, à plus de 20 mètres sous Paris, pour découvrir d'antiques carrières de gypse et d'immenses bancs calcaires datant du Lutécien (45 millions d'années).
Le patrimoine enfoui
La terre qui résonne sous nos pas célèbre l'art originel et la force irrépressible de création, le sacré qui palpite, entre flammes et ténèbres, sur les parois des grottes de la Préhistoire.
La Grotte Chauvet, en Ardèche. (Image trouvée sur le site du Ministère de la Culture).
Descendons dans des cryptes façonnées par la ferveur des Hommes et laissons nos pensées s'entrelacer avec les spires du temps.
L'église souterraine d'Aubeterre sur Dronne, en Charente, la plus haute église monolithe de France.
Une des pièces archéologiques conservées dans le square Georges Cain, (3e arrondissement de Paris), lieu intimiste accueillant des vestiges de l'histoire de Paris.
Des jardins archéologiques aux strates renaissants des villes, le passé ravivé ou mis en scène brillamment nous promet de remarquables découvertes.
Vous pourrez trouver à l'adresse suivante, www.grands-sites-archeologiques.culture.fr, un florilège de sites antiques et médiévaux d'exception.
Le patrimoine militaire
Du littoral atlantique à la frontière franco-allemande, les sombres vestiges des deux guerres mondiales du XXème siècle sont toujours présents, comme un sillon de poudre et de suie dans le paysage. Mais ces constructions déchues, mémoriaux de la souffrance des peuples, sont peu à peu dévorées par le sable et l'océan. Des associations se mobilisent pour les préserver et les visiteurs sont au rendez-vous.
Image trouvée sur RTL.fr.
Ainsi, bunkers et blockaus se voient investis d'une légitimité archéologique et bénéficient d'une attention nouvelle de la part des promeneurs et des autorités.
Vue sur les bunkers du Cap Ferret. (Image trouvée sur le site cestenfrance.net.)
Le patrimoine en hauteur
La sublime flèche de Notre-Dame de Paris.
Élevons notre regard vers les cimes célestes et contemplons le savoir-faire des bâtisseurs du patrimoine. La ferveur et la foi, la nécessité de se défendre, le désir de paraître et le sens de l'esthétique imprègnent ces oeuvres qui s'élancent vers l'infini.
Flèches de cathédrales, clochers puissants, donjons orgueilleux, balcons élégants, galeries aériennes, décors profanes et sacrés composent un fascinant théâtre suspendu, entre limbes d'azur et terre. Ces journées patrimoniales nous encouragent à prendre de l'altitude pour appréhender les trésors ciselés dans la pierre.
Vue sur les tours de Notre-Dame depuis le square Viviani.
La tour astrologique où officiait Cosme Ruggieri, l'astrologue fétiche de Catherine de Médicis. Accolée à la Bourse de commerce, cette colonne dorique haute de 31 mètres nous remémore les bouleversements survenus autour de l'ancienne halle aux blés, érigée sur l'emplacement du palais de la reine. La halle devint Bourse officielle de marchandises puis Bourse de commerce, en 1889.
La tour de l'Hôtel des Postes, érigé de 1878 à 1886 par Julien Guadet, à proximité des Halles et réaménagé en 1930 et en 1960.
Les gracieux ornements de l'Opéra Garnier qui se dorent dans la lumière du soir.
Cours, coulisses et curiosités
Peut-être aurez-vous l'occasion de découvrir la Cour du Mûrier, ses élégantes arcades et sa fontaine octogonale, havre de romantisme situé dans l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, entre la rue Bonaparte et le Quai Malaquais.
Le grand mûrier de Chine fut planté par Alexandre Lenoir (1761-1839) dans la cour de l'ancien cloître du couvent des Petits-Augustins. Ce médiéviste amateur fut témoin de la destruction des tombeaux royaux de la basilique Saint-Denis, décrétée par la Convention, le 1er août 1793. Il s'employa à lutter contre le vandalisme révolutionnaire et parvint à soustraire de nombreuses oeuvres à la fureur populaire.
Son portrait par Jacques-Louis David, 1815-1817.
En 1795, il ouvrit au public le Musée des monuments français, qu'il administra pendant une trentaine d'années.
Son courage et sa ténacité nous permettent de contempler aujourd'hui des vestiges fondamentaux de notre histoire.
Aimer le patrimoine, c'est observer avec bonheur et respect les signes du temps qui passe. Ainsi, depuis 1885, à la Poste Centrale du Louvre, cette horloge signée Henry-Lepaute, horloger de Louis-Philippe et de Napoléon III, tisse la soie des minutes et des heures.
Réserves, archives et collections
Et n'oublions pas que le patrimoine se love au coeur des réserves des musées, sous forme de pièces exceptionnelles, trésors fragiles veillés par les restaurateurs et les conservateurs qui partagent volontiers leurs connaissances pendant ces journées si spéciales.
Les amoureux de Jean-Jacques Rousseau pourront ainsi déambuler dans les rues de Paris, en compagnie de comédiens costumés, écouter des airs composés par le philosophe, assister à des mises en scène de ses textes et admirer son célèbre herbier.
Jusqu'à la fin du mois de septembre, des reproductions de certaines planches seront visibles au Forum des Halles. L'herbier fut commencé en 1771 par Jean-Jacques Rousseau pour initier à la botanique Mademoiselle Delessert, la fille d’une de ses amies.
Cet ouvrage remarquable est la propriété du Musée Jean-Jacques Rousseau, à Montmorency.
L'herbier est visible dans son intégralité sur le site suivant : http://museejjrousseau.montmorency.fr
Je vous souhaite d'excellentes Journées du Patrimoine. Je ne rallumerai pas mon ordinateur avant la semaine prochaine mais je penserai bien à vous! Je vous remercie pour les nombreux messages que vous m'avez envoyés à l'occasion du premier anniversaire de mon blog. Ils m'ont beaucoup touchée...
Ne manquez pas de prêter l'oreille aux chuchotements de la gargouille si vous la rencontrez...
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Mon blog souffle sa première bougie!
Voilà déjà un an que je me réjouis d'écrire sur la toile!
Un an de découvertes, de rencontres et de partage avec vous, mes chers lecteurs et lectrices qui m'avez tant apporté et que je remercie, du fond du coeur!
Merci pour votre fidélité, votre soutien, votre gentillesse et votre sollicitude quant à mon état de santé...
J'aime retrouver, au fil des jours, vos petits mots, vos billets poétiques, vos traits d'humour et vos remarques pertinentes. Tout cela fait partie de mon grimoire...
Nous nous enrichissons les uns les autres et notre curiosité attise sa flamme à travers les méandres de la blogosphère.
J'ai décidé d'y ajouter ma pierre de touche après avoir visité, au cours de l'été 2011, une superbe exposition consacrée aux Mayas du Guatemala.
C'est ainsi que « Ma Plume Fée dans Paris » a vu le jour.
Si vous désirez lire ou relire cet article « originel », vous pourrez le trouver ici:
Or et Sang, les civilisations d'Amérique du Sud.
Et voici un florilège en images des articles de l'année écoulée.
La Nature y occupe une place privilégiée, balayant les préjugés qui font de notre belle capitale un ogre de noirceur et de béton.
Se ressourcer parmi les fleurs à Paris
Le ciel de Paris n'est-il pas superbe à contempler?
Géographie intime du Parc Monceau
Le vieux platane du Parc Monceau
Merci à Christophe, mon meilleur ami depuis presque 20 ans et mon mari depuis bientôt 12 ans!
Dans ce Paris intimiste, des animaux de métal et de pierre, réels ou chimériques, composent un savoureux bestiaire.
Le Jardin des Grands Explorateurs
Cap sur l'Observatoire de Paris
De la fontaine Saint-Michel à Notre Dame de Paris
Le fabuleux bestiaire de la rue des Mathurins
A Paris, l'exotisme nous attend souvent au détour d'une rue...
Promenade dans la rue Rembrandt(La Pagode Loo).
L'insolite aussi, avec cet éléphant de verdure qui se dévoile à proximité du Parc Monceau.
Le charme de Paris est également sublimé par la beauté de ses fontaines.
Les ponts sont les veines nourricières de la cité. Chaque élément qui les compose s'inscrit avec élégance et fonctionnalité dans le paysage.
Les splendeurs du Pont Alexandre III
Paris est une arche où s'entrelacent les mystères du temps.
Flânerie dans la rue Georges Berger
Les âmes d'autrefois ont dessiné de fascinants visages dans la pierre.
Les gourmandises de la rue Cler
Le château « Gaillard » de la Plaine Monceau
J'aime aussi partager avec vous mes poésies, mes impressions artistiques, vous conter des histoires de fées et des récits de folklore...
Les Trésors de l'Orangerie: Chapitre II
Mystères et Traditions de Pâques
Bienvenue dans l'année du Dragon!
Paris ne cesse d'attiser mon désir d'écrire. Je serai donc ravie de vous retrouver au gré de mes rêveries, de mes recherches et de mon inspiration...
Les Trésors de l'Orangerie: Chapitre Un
Laissez-moi vous dire, une fois encore, avec une intense émotion: MERCI!
Et un merci spécial à mon amie Valérie qui m'a envoyé cette carte pour souhaiter un bon anniversaire à « Ma Plume Fée dans Paris ».
Bisous à toutes et à tous!
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Je vous invite à cheminer dans un théâtre à ciel ouvert où s'épanouit une forêt de candélabres baroques. La fantaisie est de mise dans cet univers raffiné où les couleurs fusionnent avec les reflets de l'eau et du ciel.
Il y a quelques mois, ce superbe ouvrage m'a inspiré un article mais j'ai souhaité en écrire un second, agrémenté de photos prises dans la belle lumière de l'été.
Le Pont Alexandre III se situe entre le 7e et le 8e arrondissement de Paris, dans l'axe somptuaire de l'esplanade des Invalides. Il fut construit à partir de 1897 et inauguré en même temps que l'Exposition Universelle de 1900.
Il dessine un arc très étiré qui chevauche la Seine sur une longueur de 107 mètres et conduit à deux prestigieux édifices: le Grand et le Petit Palais. L'ensemble mesure environ 160 mètres.
Les ingénieurs Jean Résal et Amédée Alby et les architectes Joseph Cassien-Bernard et Gaston Cousin orchestrèrent cette prouesse technique et artistique.
Sous la direction d'Alfred Picard, commissaire général de l'Exposition Universelle de 1900, et de Joseph Bouvard, directeur de l'architecture, ils élaborèrent un pont métallique très surbaissé, le premier du genre, lié à chaque rive par un viaduc de maçonnerie.
En raison de la très importante poussée horizontale, il fallut renforcer les berges de la Seine et répartir la charge entre les immenses fondations.
Le pont symbolise l'amitié franco-russe, initiée par le tsar Alexandre III, empereur de toutes les Russies, roi de Pologne et grand-duc de Finlande. Ce dernier signa en 1893 l'Alliance franco-russe avec le Président français Sadi Carnot et l'entente se poursuivit après la mort des deux hommes en 1894.
Nicolas II, le fils d'Alexandre III, posa la première pierre de l'ouvrage, le 7 octobre 1896, en compagnie du Président Félix Faure.
Le 14 avril 1900, le Président Émile Loubet ouvrit l'Exposition Universelle et inaugura le Pont Alexandre III, axe d'élégance reliant l'esplanade des Invalides à l'avenue Winston Churchill.
Quatre majestueux pylônes de 17 mètres de hauteur, couronnés par des statues dorées, se dressent aux extrémités de l'ouvrage.
Ils soutiennent des groupes sculptés qui représentent « la Renommée tenant Pégase. »
Pégase, le cheval ailé, naquit du sang de la gorgone Méduse, décapitée par le héros grec Persée. En frappant la terre d'un coup de sabot, il donna naissance à la source des Muses, appelée Hippocrène. Le héros Bellérophon le chevaucha pour décimer la Chimère, un monstre terrifiant.
Célébré par les poètes et représenté dans l'art depuis l'Antiquité, Pégase est l'émanation d'une ancienne divinité du ciel et des orages. Quand il galope dans les nuages, il engendre les éclairs et le tonnerre ou dissipe le temps troublé.
Lié à la symbolique des sources et des eaux vives, il apparaît aussi comme la résurgence d'un dieu chthonien. Il tisse l'énergie tellurique et établit, à l'instar des chamanes, une communication subtile entre les mondes. Son vol est interprété comme une allégorie de l'immortalité de l'âme.
Il fut métamorphosé en constellation par Zeus, le seigneur de l'Olympe. (Image Futura Sciences).
Invoqué par les poètes pour faire jaillir l'inspiration, il est le compagnon ou la monture de la Renommée.
Dans la Grèce ancienne, cette divinité ailée, fille de la déesse Gaïa, la Terre, était dotée d'une myriade d'yeux et de bouches et se présentait comme la messagère des dieux. Dans la Rome antique, elle devint une gracieuse jeune femme tenant une trompette.
La Renommée des Arts
Réalisée par Emmanuel Fremiet (1824-1910), sculpteur incontournable de la IIIe République, elle tient fièrement la bride de Pégase. Ses ailes de fée semblent pulser dans la lumière. Associée à la Victoire et à la Vertu, elle brandit parfois, en plus de la trompette, une corne d'abondance ou un rameau d'olivier.
La France de Charlemagne, oeuvre d'Alfred-Charles Lenoir, trône, appuyée sur des lions, à la base du pilier.
Elle tient dans la main gauche une pomme vermeille ou crucifère.
Ce globe surmonté d'une croix est un emblème de pouvoir terrestre, céleste et universel. Il évoque aussi l'abondance et la paix. Appelé Pomme d'Empire, il était le symbole de l'Empire Byzantin et du Saint-Empire romain germanique.
Ce fruit solaire, hypostase végétale de la Pierre Philosophale, est l'un des symboles de l'Art Royal ou Alchimie. Matrice de connaissance, ouvrant la voie vers l'immortalité, la pomme crucifère est le signe alchimique de la terre, fertile, guérisseuse et sage, associée au légendaire Nicolas Flamel.
Gardienne du lever de l'aurore, la pomme crucifère symbolise aussi le O, cercle de l'amour universel attribué à la déesse Vénus. Pour les hermétistes de la Renaissance, elle représentait une version stylisée de l'Ankh, la croix ansée égyptienne.
En tenant le globe crucifère, la France s'impose comme l'héritière légitime de la Rome antique. Elle évoque l'émergence d'une nouvelle ère et la victoire sur les forces obscures.
La Renommée de l'Agriculture
Elle fut réalisée par Gustave Michel, ainsi que la France Contemporaine ou Pacifique, située en dessous.
La Renommée porte des épis de blé et brandit une branche feuillue. L'arabesque de son bras accompagne le mouvement gracieux des ailes de Pégase. Dans les grimoires d'iconologie, elle est représentée avec une chaîne en or et un pendentif en forme de coeur.
Couronnée de feuilles de chêne, la France revêt une tenue finement parsemée de feuilles et de rinceaux. Son visage s'inspire de celui de la tsarine Alexandra Feodorovna.
La Renommée au Combat
Créée par Pierre Granet, elle souffle dans la trompette pour appeler les forces divines. Son bras droit levé reflète l'attitude de Pégase, cabré pour s'élancer dans les airs. On aperçoit la Toison d'Or à tête de bélier, emblème de conquête guerrière et de virilité.
Sur la colonne est appuyée la France de Louis XIV, sculptée par Laurent Honoré Marqueste.
La majestueuse allégorie soutient une petite Victoire dorée ou Niké. Cette déesse ailée, vêtue d’une longue robe drapée, tient une couronne de laurier et la palme du triomphe, offerte aux vainqueurs des compétitions sportives et des jeux du cirque. Elle est souvent représentée sur les trophées et les boucliers.
Admirez la finesse du bouclier fleurdelysé...
La Renommée de la Guerre
Réalisée par Clément Steiner, elle entraîne Pégase dans une charge héroïque.
La France Renaissante ou France de la Renaissance, sculptée par Jules-Félix Coutan, se situe en dessous.
La draperie qui l'entoure dessine un mouvement sensuel et mystérieux. Sa grande épée d'or scintille dans la lumière. Une petite statue se love contre son flanc gauche.
Les Génies des Eaux
L'enfant au poisson ou le génie au trident, sculpté par André Massoule. Il se dresse en amont, sur le parapet gauche du pont, comme une vigie suspendue entre le ciel et l'onde.
La fillette à la coquille, sculptée par Léopold Morice.
On la rencontre en amont, sur la rive droite du pont. Elle nous attire avec douceur vers les secrets de la mer qui chuchotent à son oreille.
L'enfant au poisson fantastique, sculpté par Léopold Morice. Il appartient au cortège de la belle Amphitrite, néréide et déesse marine, et se situe en aval, sur la rive droite du pont.
Messager de Poséidon, le dieu des océans qui s'éprit d'Amphitrite, le dauphin devint une constellation, en remerciement de ses bons et loyaux services.
La Néréide, sculptée par André Massoule.
Cette gracieuse figure, issue du cortège de Poséidon, se situe en aval, sur le parapet gauche du pont. Elle est l'une des cinquante filles de Nérée, dieu marin primitif, et de Doris, une océanide, gardienne des eaux de fécondité.
Le Bestiaire des lieux
Un monde luxuriant de créatures aquatiques s'offre à notre regard. Cet ensemble décoratif caractéristique de la Belle-Époque a survécu, avec le Grand et le Petit Palais, à l'Exposition Universelle de 1900.
Des poissons aux lignes ondoyantes, voluptueusement caressés par la lumière...
Les cadenas que l'on aperçoit sont laissés par des amoureux qui les considèrent comme des amulettes de bonheur et de chance. Le Pont des Arts, situé face au Louvre, est, à cet égard, particulièrement apprécié.
De belles grenouilles qui contemplent la Seine...
Symboles de vie et de résurrection, gardiennes des eaux et des âmes, elles incarnent la terre fécondée par la pluie. Elles aimantent par leur chant l'énergie lunaire et la force nourricière des nuages.
Le lézard, symbole de vigilance et de vivacité, émanation du feu créateur et de la terre féconde... Il évoque, par ses mues, les cycles calendaires et jaillit, selon certaines traditions, des reflets solaires mêlés à l'eau d'un puits, d'une fontaine ou d'une source sacrée.
Gardien des richesses matérielles et spirituelles, il accueille le promeneur au bord du fleuve.
Un dauphin fantastique appuyé sur des congélations, des guirlandes de coquillages et de flore aquatique, des oursins et des escargots de mer...
Symboles d'opulence et de fécondité, les coquillages sont les « enfants des dieux ». Jaillis du souffle de l'Océan primordial, ils sont bercés par les déesses de l'amour et de la fertilité. On peut entendre, en les frôlant, l'enivrante gamme des sons originels...
Ce délicat mascaron se love dans un songe gracieux...
Des sirènes et des rostres de navires décorent la partie basse des piliers.
Laissons-nous envahir par un chant mystérieux mais gare à ne pas passer par-dessus bord!
Sur chaque rive, un lion et un enfant, réalisés par Georges Gardet (rive gauche) et Jules Dalou (rive droite), ornent l'extrémité de la balustrade.
Les Candélabres
La fée lumière triomphe, avec poésie et magnificence, grâce aux trente deux candélabres répartis le long de la promenade. Vingt huit candélabres à trois branches et quatre candélabres à cinq branches composent, à fleur de ciel, une forêt de laiton et de cristal.
Ils rappellent ceux du Pont de la Trinité, à Saint-Pétersbourg, sur la Néva.
La première pierre de ce pont-levant fut posée, le 24 août 1897, en présence du président français Félix Faure, de l'empereur Nicolas II et de Jules Goüin, le président de la Société de construction des Batignolles, entrepreneur du Pont Alexandre III. Le Pont de la Trinité fut inauguré en 1903. (Image Structurae).
A l'entrée du Pont Alexandre III, des angelots, réalisés par le sculpteur Henri Désiré Gauquié, forment une ronde animée autour de ce candélabre à cinq branches.
Les trépieds des candélabres sont décorés de motifs en alliage cuivreux.
Les armes de la ville de Paris.
L'emblème de la puissante corporation des Nautes ou Hanse des Marchands de l'Eau qui administrait la municipalité au Moyen Âge: « Fluctuat nec mergitur », « Il flotte mais il ne sombre pas ».
L'aigle bicéphale de la Russie des tsars.
Le coq gaulois, emblème du soleil et de la France.
Symbole du dieu Hermès dans l'Antiquité, il annonce avec fierté le lever de l'aurore. Il chante au point du jour, annonçant l'achèvement de l'Oeuvre Alchimique. Il est « l'Helios ixis », « celui qui arrive au soleil », gardien de l'Élixir, « l'eau d'or » ou « or de l'aura », né dans l'athanor de la Nuit...
Le R et le F entrelacés de la République Française, sur un fond luxuriant de feuilles de chêne.
De superbes vases se dressent au bord des escaliers.
De part et d'autre du pont, des Nymphes monumentales ont été réalisées par Georges Récipon, l'auteur des Quadriges du Grand Palais tout proche. On trouve en aval les Nymphes de la Seine et en amont, celles de la Néva, fleuve russe mythique.
L'ossature du pont se compose de puissants arcs d'acier et d'une forêt de poutrelles.
Élaboré dans les Usines du Creusot, le pont fut mis en place à partir d'éléments préfabriqués, ce qui constituait un procédé novateur pour l'époque. Il fallut une autorisation spéciale pour l'utilisation de l'acier, encore réservé aux constructions militaires.
Cette porte ouvragée est celle du Showcase, une boîte de nuit située côté rive droite, dans les contreforts du pont. Aménagée dans un hangar à bateaux désaffecté, elle accueille, depuis fin 2006, des concerts et des enregistrements d'émissions télévisées.
Au crépuscule...
Tel un monde enchanté, peuplé de créatures mythologiques, le Pont Alexandre III nous dévoile sa riche iconographie consacrée au thème de la mer. Il nous invite à contempler la Seine où scintille l'âme de Paris. Depuis le dôme doré des Invalides, la perspective qui le traverse nous conduit vers les Champs-Élysées, contrée des héros antiques. Sa beauté romantique conjugue le souffle des légendes et les splendeurs théâtralisées d'une époque d'intenses bouleversements. Il incarne une féerie suspendue, entre ciel et eau, qui se mêle aux innovations techniques, caractéristiques d'une nouvelle ère.
Personnalités associées à la création du Pont Alexandre III
Le Tsar Alexandre III (1845-1894).
Le Président français Sadi Carnot (1837-1894). Portrait réalisé par Théobald Chartrain.
Le Tsar Nicolas II (1868-1918).
Le Président Félix Faure (1841-1899).
Le Président Émile Loubet (1838-1929).
Alfred Picard (1844-1913): Ingénieur, administrateur public, polytechnicien, il fut aussi Ministre de la Marine et occupa de nombreux postes . Il dirigea d'importants travaux dans les domaines militaire et ferroviaire. Il fut le Commissaire Général de l'Exposition Universelle de 1900.
Joseph Bouvard (1840-1920): De 1897 à 1911, il dirigea les services d'Architecture, des Promenades, des Plantations, de la Voirie et du Plan de la Ville de Paris. Il organisa de nombreuses fêtes et des expositions publiques, comme les Expositions Universelles de 1889 et de 1900.
Jean Résal (1854-1919): Ingénieur.
Amédée Alby (1862-1942): Ingénieur.
Joseph Cassien-Bernard (1848-1926): architecte, élève de Charles Garnier (1825-1898), le constructeur de l'Opéra qui porte son nom.
Gaston Cousin : architecte.
Emmanuel Fremiet (1824-1910): sculpteur.
Alfred-Charles Lenoir (1850-1920): sculpteur.
Gustave Michel (1851-1924): sculpteur.
Pierre Granet (1843-1910): sculpteur.
Laurent Honoré Marqueste (1848-1920): sculpteur.
Clément Steiner (1853-1899): sculpteur.
Jules-Félix Coutan (1848-1939): sculpteur.
André Massoule(1851-1901): sculpteur.
Léopold Morice(1846-1920): sculpteur.
Henri Désiré Gauquié (1858-1927): sculpteur.
Georges Récipon (1860-1920): sculpteur.
Georges Gardet (1863-1939): Sculpteur animalier, il fut l'élève d'Emmanuel Fremiet.
Aimé-Jules Dalou (1838-1902).
Bibliographie
Emmanuel BÉNÉZIT: Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs.Édition de 1999. 14 volumes.
Marc GAILLARD: Quais et Ponts de Paris. Amiens: Martelle, 1996.
Félix LAZARE: Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments. Paris: Vindun, 1844-1849.
Gustave PASSARD: Nouveau Dictionnaire Historique de Paris. 1904.
Félix DE ROCHEGUDE: Promenades dans toutes les rues de Paris. Paris: Hachette, 1910.
Paul VIAL: L'Europe et le Monde de 1848 à 1914. Paris: Éditions de Gigord, 1968.
Au-delà des miroitements de la Seine, vibre la splendide verrière du Grand Palais...
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