Chers aminautes, nous revoici au musée Grévin et vous pouvez lire ou relire ICI le premier chapitre de cette promenade.
L'histoire des portraits de cire du musée, associée à Arthur Meyer, Alfred Grévin et Gabriel Thomas, nous fait remonter le temps à travers une myriade de saynètes occidentales ou exotiques qui s'ancrent dans le Moyen Âge, l'époque Renaissance, l'Âge Baroque, le Romantisme... et nous fait aussi évoluer au rythme de notre monde contemporain, à la rencontre de personnalités vivantes. Il y en a réellement pour tous les goûts !
Comme plusieurs d'entre vous, je ne suis pas particulièrement sensible à la présence de « gens connus » mais j'ai tout de même photographié quelques habitants des lieux dont la superbe Marylin. Ce que j'ai surtout aimé au musée Grévin, c'est le Palais des Mirages, l'escalier de Gustave Rives, les décors magnifiques et je suis également très intéressée par l'histoire des personnages de cire.
Une histoire foisonnante, liée à des artistes comme la célèbre Madame Tussaud et qui se réfère à un art ancien, en vogue à la Cour de France sous l'Ancien Régime : l'art de mouler le visage d'un défunt de sang royal.
Si l'on veut appréhender au mieux ce qui a fait du musée Grévin l'un des plus célèbres lieux culturels au monde, il faut s'intéresser au destin artistique de Marie Tussaud, destin qui se mêle à celui d'un médecin, anatomiste et sculpteur sur cire franco-allemand, nommé Philippe Mathé-Curtz (1737-1794), dit Curtius.
Portrait de Curtius par Marie Tussaud, conservé au musée Carnavalet. Photo de Jospe CC BY-SA 3.0.
En 1761, Curtius prit à son service comme femme de ménage Anne Made, une jeune veuve qui avait une fille, Marie Greshlotz, la future Madame Tussaud.
La petite Marie appela Curtius « mon oncle » et celui-ci lui enseigna l’art du modelage ainsi que différentes considérations anatomiques. L'attention manifestée par Curtius permit à Marie de réaliser avec talent, en 1777, son premier visage de cire, celui du philosophe Voltaire. En 1778, elle conçut, avec autant de réussite, les portraits de Jean-Jacques Rousseau et de Benjamin Franklin.
Voltaire, par Marie Tussaud (photo Rue du Savoir.com)
En 1765, Curtius avait créé à Paris un cabinet de portraits en cire et depuis le portrait qu'il avait fait de Madame du Barry, la maîtresse de Louis XV, le succès ne s'était pas démenti.
Portrait de Madame du Barry en Belle au Bois Dormant (photo trouvée sur marie-antoinette.forumactif.org)
En 1776, il présenta au Palais-Royal (au numéro 17 de la galerie Montpensier, actuelle boutique du fabriquant de médailles Bacqueville, une autre histoire...) la dernière version de son exposition de figures, consacrée aux célébrités de son temps, et la foule parisienne se déplaça en masse. Six ans plus tard, boulevard du Temple, il ouvrit « la Caverne des Grands Voleurs » où il prit plaisir à exposer des brigands, des repris de justice et des scènes de crime qui préfiguraient ce qu'on a appelé La Chambre des Horreurs.
Il moula les effigies de nombreux guillotinés et immortalisa les traits de révolutionnaires comme Robespierre et Marat. A ses côtés, Marie Greshlotz put réaliser des moulages des têtes de Louis XVI et de Marie-Antoinette.
Marie-Antoinette au musée de Londres, d'après le masque réalisé par Marie Tussaud. Je ne connais pas l'auteur de la photo.
Pendant plusieurs années, Marie s'entendit bien avec le peuple et la noblesse mais, calomniée par un certain Jacques Dutruy, aide-exécuteur du bourreau Samson, elle fut arrêtée par les Révolutionnaires. Elle partagea alors la cellule de Joséphine de Beauharnais, future épouse de Napoléon.
Elle allait être emmenée à la guillotine quand le peintre Jacques-Louis David réussit à intercéder en sa faveur. Il obtint in extremis du Tribunal Révolutionnaire qu’elle soit libérée pour créer les masques mortuaires des décapités. Elle eut donc l'opportunité de modeler les visages de Marie-Antoinette et de Robespierre. Elle réalisa aussi le masque mortuaire de Marat, dit « l’Ami du Peuple », assassiné dans son bain par Charlotte Corday.
En 1791, après la mort de Curtius, Marie hérita la collection d’œuvres en cire de son mentor et en 1795, elle épousa un ingénieur civil nommé François Tussaud qui lui donna deux fils, Joseph et François. Sept ans plus tard, séparée de son mari, elle se rendit à Londres où elle entra dans la troupe de Paul Philidor, un magicien itinérant. Pendant des années, elle présenta, de ville en ville, des figures de cire au public puis, en 1835, elle parvint à ouvrir à Londres, à Baker Street (les fans de Sherlock Holmes apprécieront!) son propre musée sous le nom de Madame Tussaud.
Rédigeant ses Mémoires à partir de 1838, elle mourut paisiblement le 15 avril 1850 et son œuvre a perduré. A Londres, une plaque mortuaire en son honneur fut installée du côté droit de la nef de l’église Saint-Mary à Cadogan Street.
Image catherinepope.co.uk
Outre le musée Grévin, Paris connut d'autres lieux associés à l'art des portraits de cire. En 1865, un professeur suédois nommé Schwartz ouvrit, dans le passage de l'Opéra (disparu), le musée Hartkoff, une galerie d'anatomie, d'ethnologie et de géologie dans laquelle il exposait des dissections de corps en cire et d'étranges écorchés et sur les Champs-Élysées, on trouvait une boutique grand-guignolesque appelée « Maison de la figure de cire ».
Fasciné par l'utilisation documentaire des portraits de cire, Arthur Meyer a sollicité Alfred Grévin, voir à ce sujet le premier volet de cette promenade, et le financier Gabriel Thomas a complété l'équation.
Le musée Grévin est rempli de « merveilles ». Nous l'avons vu avec l'escalier de marbre 1900, le Palais des Mirages et le Théâtre Italien. Découvrons à présent la magnifique Salle des Colonnes, de style baroque, lambrissée de bois de palissandre et sculptée d'or et de marbre.
Elle est conçue comme une sorte de théâtre avec de belles torchères, des petits balcons, une décoration très opulente, des chimères, des masques, des putti...
Elle est surmontée d'une coupole en mosaïque de Venise, de couleur bleue et or, qui donne l'impression d'évoluer sous un ciel rayonnant.
En cheminant entre les colonnes, on découvre deux statues de cire pleines de charme : un faune et une faunesse, mes personnages préférés !
Outre son magnifique décor baroque, la Salle des Colonnes est réputée pour ses jeux de lumière qui séduisent les visiteurs. On y donne aussi des fêtes privées, des banquets d'affaires, des soirées dansantes etc...
Et maintenant, je vous propose de « saluer » certains habitants du musée...
Le rêveur Charlie Chaplin (16 avril 1889-25 décembre 1977)...
La styliste Chantal Thomass, née le 5 septembre 1947.
La Marquise de Pompadour (29 décembre 1721-15 avril 1764)... et ses innombrables escarpins, humour !
Orson Welles (6 mai 1915-10 octobre 1985) et Gérard Depardieu (né le 27 décembre 1948)
Salvador Dali (11 mai 1904-23 janvier 1989)
Pablo Picasso (25 octobre 1881-8 avril 1973)
Auguste Rodin (12 novembre 1840-17 novembre 1917)
Atelier de Rodin
Bernard Pivot (né le 5 mai 1935)
Amélie Nothomb (née le 13 août 1967)
Jean d'Ormesson (16 juin 1925-5 décembre 2017)
Jean-Paul Sartre (21 juin 1905-15 avril 1980) et Fabrice Luchini (né le 1er novembre 1951)
Comment choisit-on les nouveaux « pensionnaires » des lieux ? En ayant recours à l'Académie Grévin ?
Restant proche de l'esprit original de création, celle-ci, présidée, depuis 2014, par Stéphane Bern et constituée de onze « sages » issus du monde des lettres et des médias, se réunit deux fois par an pour désigner les nouvelles personnalités du musée. On trouve parmi les membres de l'Académie Nikos Aliagas, Daniela Lumbroso, Eve Ruggieri, Gérard Holtz, William Leymergie, Laurent Boyer ou la romancière Christine Orban...
Ensuite, il faut environ une quinzaine d'artistes pour faire vivre un personnage de cire et différents rendez-vous pendant près de six mois pour prendre les mesures, mouler les traits du visage dans la terre glaise avec une précision inouïe, y insuffler une énergie caractéristique de « l'esprit Grévin » etc...
Un travail impressionnant comme en témoigne l'effigie de Jean Reno !
Les tenues d'époque sont conçues, d'après des documents historiques, dans les foisonnants ateliers de Grévin. Quant aux actuelles célébrités, elles donnent au musée une de leurs tenues préférées.
Chaque détail (cernes, tâches, cicatrices...) fait l'objet de plusieurs heures d'attention. Les cheveux sont naturels, implantés un par un et on en compte jusqu'à 500 000 sur une seule tête ! Les couleurs des dents sont très précisément choisies et les yeux, de véritables prothèses en verre.
J'ai aimé la partie du musée consacrée aux pâtissiers, aux cuisiniers et décorée de citations sur l'art culinaire.
Pierre Hermé (né le 20 novembre 1961), l'alchimiste des macarons !
Le regretté Paul Bocuse (11 février 1926-20 janvier 2018)
(Je sais qu'il manque les accents circonflexes, je l'écris pour les puristes... mais je souscris pleinement à la citation !)
Un peu plus loin, c'est le pape François (né le 17 décembre 1936) qui nous attend, avec un franc sourire !
Je n'avais pas envie de photographier Nicolas Sarkozy, François Hollande, Donald Trump, Angela Merkel... alors j'ai passé mon chemin. J'ai aussi laissé de côté les sportifs et les chanteurs à la mode...
J'ai préféré les personnages qui suivent...
Gaston Lagaffe, « né » le 28 février 1957 sous le crayon d'André Franquin, associé à Yvan Delporte dans Le journal de Spirou (n°985).
Le trop mignon Idéfix !
Saviez-vous que le nom de ce facétieux petit chien blanc avait été choisi par les lecteurs du journal Pilote dans lequel étaient publiées les aventures d'Astérix et Obélix ? Idéfix est apparu dans l'album Le Tour de Gaule (5e album d'Astérix), « comme un gag » d'après Albert Uderzo. On ne devait pas le revoir dans les albums suivants mais les lecteurs ont tant apprécié ce petit chien (il attend devant la porte d'une charcuterie et suit les héros pour leur dérober l'os du jambon qu'ils ont acheté) qu'ils ont demandé avec force son retour. Il est donc devenu un personnage à part entière de la saga Astérix.
Il a aussi sa propre série d'albums, publiée à partir de 1972, et qui n'a pas de lien avec les aventures d'Astérix et Obélix.
Le Petit Prince m'a charmée ! On se souvient forcément avec émotion de la lecture de ce magnifique conte philosophique né à New York en 1943, sous la plume d'Antoine de Saint-Exupéry...
Le musée regorge ensuite de saynètes historiques associées à la Révolution Française, aux Rois de France, à des personnages comme Nostradamus, Catherine de Médicis, Jeanne d'Arc ou la mythique Esmeralda du roman Notre-Dame de Paris.
Je n'ai pas pu prendre beaucoup de photos dans cette partie-là. C'était très sombre et j'avais déjà collecté tant d'images que mes batteries étaient presque hors service.
Voici François Ier (12 septembre 1494-31 mars 1547).
Saint-Louis (25 avril 1214-25 août 1270)
La Grande Peste ou Peste Noire de 1347
Le philosophe Denis Diderot (5 octobre 1713-31 juillet 1784)
Jean de la Fontaine (8 juillet 1621-13 avril 1695) dont j'ai beaucoup apprécié l'attitude et le regard intense et rêveur mais la photo est piquetée, désolée...
Il est temps de partir alors j'espère que vous aurez pris comme moi, plaisir à visiter ou à revisiter ce lieu emblématique d'une certaine histoire de Paris.
Nous sortons par une porte située au milieu du passage Jouffroy.
Conçue par l'architecte François Lafaye, elle est dominée par une œuvre du sculpteur oublié Alexandre Barbieri, élève du sculpteur et peintre Albert Louis Edmond Chartier (1898-1992) qui travailla au musée Grévin pour Gabriel Thomas.
Elle réunit différents personnages de l'histoire de France comme Jeanne d’Arc, Louis XI, François Ier, Henri IV, Richelieu, Louis XIV, Napoléon Bonaparte.
Le musée Grévin est une aventure que j'ai beaucoup aimé partager avec vous et cela m'a amusée de suivre l'imposante main-enseigne dorée...
Merci de votre fidélité et gros bisous !
J'ajoute un merci très tendre et passionné aux personnes qui m'apportent chaque jour une délicieuse amitié et qui se reconnaîtront. Je suis profondément heureuse des relations qui nous unissent, de manière privée et je veux vous embrasser très fort !
coucou ! ben oui, me revoilà ... je parcours ton mon retard et Dieu sait si j'en ai !
un grand regret pour moi ce musée, je n'ai jamais pris le temps de le visiter lorsque j'habitais Paris .
je continue ma balade .. bisous