Le quartier de la Plaine Monceau naquit sur le territoire de la grande forêt de Rouvray, peuplée, disait-on, par des chênes légendaires. Après la création de plusieurs hameaux et de cultures, notamment des vignes, l'endroit devint « célèbre » grâce à la mise en œuvre du parc.
Même si son décor et son architecture originels ont été modifiés, il demeure certains vestiges et des « fragments d'atmosphère » de cette folie anglo-chinoise réalisée au 18e siècle par Louis Carrogis de Carmontelle pour le Duc de Chartres.
Le duc fit l'acquisition, en 1769, d'une parcelle en friche dans ce qu'on appelait alors « le village de Monceau ». Il chargea Carmontelle de concevoir une « folie », palais de fantaisie lové dans un parc élégant peuplé de « fabriques », des édicules ayant l'apparence de vestiges archéologiques.
De 1773 à 1778, la scénographie élaborée par Carmontelle réunissait des bâtiments pittoresques: un moulin à vent hollandais, un moulin à eau en ruines, une pyramide égyptienne, un obélisque, une colonnade corinthienne, un temple de Mars, une naumachie (dans la Rome ancienne, ce terme désignait le bassin dans lequel se tenait le spectacle d'une bataille navale), un carrousel chinois, des tentes tartares, un minaret, une tour gothique avec un pont-levis, une allée des tombeaux et même une petite île avec des moutons.
Les colonnes grecques
Le jardin de fantaisie du Duc de Chartres était un monde fantasmé, un parc à rêves où la Nature recomposée formait un théâtre avec l'Architecture.
En 1793, Thomas Blaikie, le créateur du Parc de Bagatelle, fit évoluer la « folie » de Carmontelle en jardin à l'anglaise articulé autour d'un réseau d'allées ombragées et comprenant un jardin d'hiver et une serre chaude.
En 1860, la Ville de Paris hérita du terrain et des vestiges de la « folie du Duc de Chartres ». Misant sur la spéculation immobilière, les frères Pereire acquirent plusieurs hectares du parc et se lancèrent, tout autour, dans une politique de lotissement. Les « hôtels Pereire » et les immeubles cossus fleurirent dans les rues attenantes. Simultanément, Gabriel Davioud et Adolphe Alphand donnèrent à ce qui restait du jardin son visage actuel et Napoléon III inaugura ce nouvel espace romantique en 1861.
Il suffit de franchir les grilles majestueuses conçues au 19e siècle par l'architecte Gabriel Davioud pour ressentir les différentes « ambiances ». Ici et là, des amoureux dans leur bulle, des lecteurs, des promeneurs en plein songe, des mariés, des joggeurs et des enfants qui s'ébattent jusqu'aux limites de leur imagination... Si chaque jardin est l'émanation de la vie, celui-ci est peut-être plus encore le carrefour des désirs, le territoire des gourmandises, la parenthèse indispensable pour se ressourcer.
La rotonde de l'entrée est l'une des barrières d'octroi qui appartenaient au Mur des Fermiers généraux. Ce pavillon qui borde l'actuel boulevard de Courcelles fut érigé en 1787 par l'architecte Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806).
Le Mur des Fermiers généraux était une barrière, édifiée autour de Paris, afin de combattre les activités de contrebande qui se multipliaient.
La Pyramide
Philippe d'Orléans, le Duc de Chartres, était le Grand Maître du Grand Orient de France. Il semble que des réunions secrètes et des rencontres à caractère initiatique se soient tenues à certains endroits du parc.
La pyramide, oeuvre d'éternité, évoque les anciens mondes et plusieurs rites associés à des pratiques maçonniques. Dans la salle aménagée à l'intérieur de celle-ci se trouvait une statue de la déesse Isis.
Au Printemps, de petits arbres aux pétales floconneux exhalent leurs parfums sucrés.
Autour du Parc Monceau s'étendent de grandes avenues et des rues spacieuses portant le nom de célèbres peintres du 17e siècle, comme les avenues Vélasquez, Ruysdaël etVan Dyck et les rues Rembrandt et Murillo.
Au 4, avenue Ruysdaël, on trouve un magnifique hôtel qui abrite le Conseil National de l'Ordre des Pharmaciens.
Les belles gouttières de l'Hôtel Gaillard
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Emile Gaillard, régent de la Banque de France et grand collectionneur d'art, décida de faire construire un hôtel particulier au centre de la Plaine Monceau afin de mettre en valeur ses collections. En 1878, il acheta un terrain face à l'hôtel du peintre Meissonier et chargea l'architecte Victor-Jules Février de réaliser la demeure de ses rêves.
Entre 1879 et 1884, ce dernier s'inspira des châteaux de Blois et de Gien pour édifier un petit palais de brique et de pierre dans le goût Renaissance.
En 1919, l'hôtel fut racheté pour devenir une succursale de la Banque de France.
Autour du parc se dressent le musée Cernuschi et le magnifique musée Nissim-de-Camondo mais en attendant d'écrire un article sur le sujet, je vous souhaite une excellente promenade!
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