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    L'oeuvre est cocasse, poétique et teintée d'une énergie provocante. Ses couleurs respirent, sur un vieux mur, à l'angle de la rue des Archives et de la rue des Haudriettes (Souvenez-vous de la fontaine à la nymphe et de l'échelle patibulaire du Temple...).

     

    Signée Combas -Robert Combas- elle porte un nom qui interpelle : La femme lumière de l'homme.

     

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    Créateur fantasque, trublion inclassable, touche à tout facétieux, Robert Combas est né à Lyon, le 25 mai 1957. Il a grandi à Sète, dans l'Hérault et dès l'enfance, il s'est passionné pour la peinture et le dessin.

     

    En 1980, il obtient son diplôme national des Beaux Arts dans la ville de Saint-Étienne et il se fait remarquer par Bernard Ceysson, le directeur du musée municipal. Dans la foulée, il intéresse les marchands d'art Bruno Bischoberger et Daniel Templon et, en 1982, il débute une collaboration fructueuse avec le collectionneur et galeriste Yvon Lambert. Pendant plus d'une décennie, il expose en Europe et aux États-Unis, surtout à New York, dans la galerie du célèbre mécène et marchand d'art Léo Castelli.

     

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    Robert Combas, photographié en 2012 lors de l'exposition de ses œuvres à Lyon.

     

    Son inspiration volubile et subversive s'enracine dans la culture rock, la bande dessinée, les affiches publicitaires, le Pop Art, l'Art Brut et son nom est indissociable du mouvement pictural « Figuration Libre », baptisé ainsi par l'artiste Ben dans les années 1980.

     

    « La Figuration Libre c’est faire le plus possible, ce qu’on veut le plus personnellement, le plus librement... » R C.

     

    Fier de ses origines ouvrières, il a accompli dans sa jeunesse de nombreuses déambulations dans Barbès, ce qui lui a fait qualifier son travail de « Pop Art Arabe ». Il a « dévoré » tout ce qu'il voyait, les visages, les silhouettes, les ombres des passants, les vieux cartons, les morceaux de papier, les effets de matière sur les trottoirs, les lumières et les reliefs ambivalents des devantures. Nombre d'étudiants en art redoutent d'aborder son œuvre tant ses influences sont éclectiques voire qualifiées de « pantagruéliques » !

     

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    Elle... Œuvre exposée dans la Galerie Laurent Strouk.

     

    Fervent admirateur de Toulouse-Lautrec, de Jean Dubuffet, de Picasso et de Warhol, il est également fasciné par la calligraphie, les bestiaires médiévaux et les tableaux de maîtres comme Goya ou Vélasquez. Avide de réinterpréter la peinture classique, il fait parler, de façon très personnelle, toiles et murs et griffe en s'amusant, avec une énergie adolescente et une vigueur explosive, les émotions de ceux qui partent à l'abordage de ses créations.

     

    Souvent comparé à Keith Haring et à Jean-Michel Basquiat, il fascine et dérange à la fois le public et les historiens d'art, d'ailleurs les spécialistes n'y vont pas de main morte. Certains voient dans son œuvre des gribouillis vulgaires, des couleurs criardes, de la maladresse mal déguisée, fruit de l'action d'un imposteur. D'autres, qui le considèrent comme un nouveau Picasso, apprécient la vigueur de son trait, la puissance évocatrice des couleurs qu'il distille, son humour souvent féroce et le langage décalé qu'il déploie dans l'espace urbain. Vous l'avez donc compris, il n'y a pas de demi-mesure en ce qui le concerne et de toute manière, il aime que les avis sur son travail soient à ce point tranchés.

     

    Avant de vous montrer plus de détails de La femme lumière de l'homme, je vous invite à contempler certaines de ses influences. Je ne présenterai pas les incontournables Warhol et Picasso ainsi que Vélasquez et Goya. J'ai choisi ce que Combas préfère à travers les principales caractéristiques des œuvres de Ben, de Jean Dubuffet, de Keith Haring et de Jean-Michel Basquiat.

     

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    Ben (Né à Naples en 1935).

     

    Benjamin Vautier aime peindre des mots, écrire avec une énergie enfantine sur ce qui ressemble à un tableau noir d'écolier. Ses œuvres poétiques sont l'émanation de la Figuration Libre : « Tout est art et tout est possible en art »... « Je peux tout me permettre... » « J'écris donc je peins avec des mots »...

     

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    On retrouve nombre de ses phrases sur des supports publicitaires, des façades d'immeubles, du mobilier urbain etc... Certains ont évoqué l'aspect trop commercial de ses formules mais elles sont avant tout des propositions pour l'esprit. A celui qui les lit d'en faire ce qu'il veut !

     

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    Jean Dubuffet (1901-1985), Arbres portant un château de réminiscences, 1970, feutre sur papier.

     

    Le théoricien de l'Art Brut, passionné de formes spontanées qui s'enchevêtrent... Il a inventé l'expression « Art Brut » afin de désigner l’art créé par des non professionnels évoluant en dehors des « normes esthétiques convenues » et surtout qui se tiennent à l’écart des milieux artistiques.

     

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    Site domestique au fusil espadon, 1966. (Amusons-nous avec le titre!) Ici rien n'est limité, tout palpite, tout s'entrelace et la couleur explose comme les notes ludiques d'une partition musicale.

     

     

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    Keith Haring (1958-1990), Beginner.

     

    Né aux États-Unis, Haring a créé des bandes dessinées en compagnie de son père depuis sa plus tendre enfance. Il a fait ses études artistiques à New York et s'est fait remarquer en peignant dans le métro et dans les rues. Il a connu très vite le succès et est parti peindre ses petits personnages en mouvement constant sur les murs de nombreux pays : Angleterre, Japon, France (où il a réalisé une fresque pour les enfants malades de l'hôpital Necker), Allemagne, Italie, Brésil etc... L'énergie vitale manifestée à travers le choix des couleurs intenses, flashy, phosphorescentes qu'il utilise est une invitation à la danse du corps et de l'esprit.

     

     

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    Jean-Michel Basquiat (1960-1988).

     

    Artiste de génie dont la flamme, sous l'effet d'un torrent de coke et d'héroïne, s'est éteinte bien trop tôt.... Il a promené dans les rues de New York son talent marginal et s'est passionné pour une infinité de choses. Il n'est pas facile de « caractériser » son art mais, à l'instar de Robert Combas, il se laissait « emporter » par le feu dévorant des couleurs et faisait preuve d'une énergie débordante. L'une de ses phrases fétiches était « Je ne pense pas à l’art quand je travaille. J’essaie de penser à la vie. »

     

    Combas appréciait particulièrement les graffitis de la période SAMO, conçus dans la décennie 1970-1980 en réaction à l'art plus conventionnel du quartier de Soho. SAMO ou Same Old Shit...

     

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    Revenons à l’œuvre qui donne son titre à cet article...

     

    La femme lumière de l'homme est une commande de la Ville de Paris, installée en l'an 2000 au numéro 3 de la rue des Haudriettes. Elle a fait « s'étrangler » les féministes mais il faut y voir essentiellement une boutade, une provocation joyeuse, un jeu visuel. Passionné de calembours et de jeux de mots, Combas s'amuse à réinterpréter les légendes et les mythes et nous livre une vision libre et pleine de drôlerie du personnage de Don Quichotte et de sa Dulcinée, éclairante potiche... Elle rend aussi hommage à tous les rêveurs, au sens littéral du terme.

     

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    L'artiste veut nous faire rire autant que nous interpeller. J'adore sa signature !

     

    A son sujet, le philosophe Michel Onfray a écrit, dans « Transe est Connaissance » Un chaman nommé Combas, cat. Expo Robert Combas « Greatest Hits », Mac Lyon, Somogy 2012 : (…) Il se saisit de la matière des êtres comme de la matière du monde ou du cosmos. À pleines mains, en pétrissant, en poignassant, en malaxant, en triturant la peinture comme une force, une vitalité, une énergie en puissance dont il lui revient d’activer l’acte. Il est connecté directement sur cette force-là, en prise directe avec l’électricité de l’univers. Son style à nul autre pareil est celui d’un primitif de génie qui sculpte le temps et entasse des œuvres comme témoignage des figements de ces durées magnifiques. Ce chaman est le grand organisateur de fêtes chromatiques, le maître d’œuvre d’une religion panthéiste à laquelle puisent les grands vivants. Longue vie au chaman! »

     

    Sur le site du Grimaldi Forum de Monaco où une exposition lui a été consacrée, du 7 août au 11 septembre 2016, voici ce qu'on peut lire : « Son œuvre traite une multiplicité de sujets, son imaginaire se déploie sans limite. On peut tenter de décrire sa peinture par moult adjectifs sans pour cela réussir à la saisir complètement. Elle est libre, colorée, grotesque, drôle, sensuelle, sexuelle, violente, historique, protéiforme, énergique, énergétique, spontanée, mais aussi... plus intelligente et plus conceptuelle que ce que l’on peut croire à première vue… Lui-même aime à brouiller les pistes en définissant sa peinture ainsi : « Je fais du mal fait bien fait ».

     

    « Dans l’infinie liberté de sa figuration, tel Picasso, Combas joue avec les visages et les corps. Ses tableaux sont un jeu de couleurs, de formes et de motifs, rappelant l’Art Brut de Jean Dubuffet. Il y intègre aussi bien des collages de magazine porno que des bas reliefs médiévaux, des personnages en relief, des tatoués, des scarifiés… Chaque œuvre révèle un monde en soi. Chacune raconte les passions humaines voire inhumaines. Apparue à la fin des années 70, sa peinture a eu d’emblée pour effet de bousculer les conceptions esthétiques de l’époque. Affranchi de tout mouvement, il est profondément libre et peintre… »

     

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    Tel Don Quichotte, il déambule, guidé par le souffle de l'inspiration, dans la forêt des thèmes qui lui sont chers : la femme, l'amour, la mythologie, la religion, la guerre, la musique, la littérature, les scènes de genre...

     

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    Et tandis que la vie s'écoule comme la cire d'une bougie, IL S'AMUSE, en lettres majuscules ! D'ailleurs ses toiles (vous le verrez dans un instant) sont agrémentées souvent d'une légende à la fois drôle et incisive.

     

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    Vous remarquerez le doigt d'honneur nuage, bien évidemment placé là de manière volontaire et pour que vous cerniez mieux encore la personnalité de cet artiste hors norme, voici ce qu'il écrit, sous son interprétation humoristique d'un célèbre tableau de l'École de Fontainebleau, peint vers 1594 par un artiste anonyme :

     

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    Gabrielle D’Estrées (favorite d'Henri IV) et l'une de ses sœurs (la duchesse de Villars).

     

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    Black Gabrielle, 1985

     

    « Black Gabrielle D’Estrées palpe les bouts de nichon de sa sœur Joséphine qui ne bronche pas étant frigide. Une armée de Louidjis triangulaires regardent la scène en bavant comme des obsédés du sexe faible. Black Gabrielle D’Estrées préfère toucher des nénés plutôt que de se farcir tous les Louidjis de la terre. Hier soir, elle s’est fait niquer par un totem primitif représentant une déesse particulièrement lesbienne. Depuis cette histoire elle vote pour le Mouvement de Libération des Femmes à clitoris à fermeture éclair. »

     

    Vous imaginez la mine réjouie de l'artiste qui aime écouter, dans ses expositions, ce qu'on dit de lui, que ce soit en sa faveur ou pour le « démonter » ! Comme certains d'entre vous vont me le demander, j'aime beaucoup ce qu'il fait. Son travail me donne le sourire (que j'ai facilement, il est vrai) et les créations d'un artiste, surtout contemporain, ne se résument pas à « j'aime », « j'aime pas ». Il y a toujours quelque chose d'intéressant à extraire d'une œuvre, peu importe ce que l'on en pense.

     

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    Trois grands personnages historiques français (De Gaulle, Saint-Louis ou Charlemagne, Napoléon), 1983.

     

    Ah j'adore le petit bonhomme phallus, quintessence du plaisir que prend l'artiste quand il peint ! Avec cette toile, ses détracteurs ont explosé de colère et demandé qu'il efface la créature en question... C'est fou comme certains ont l'esprit claquemuré dans de vaines bien-pensances ou pire, ne comprennent rien... L'artiste joue tout en nous rappelant que ces messieurs, grands personnages devant l'Histoire, brandissent leurs attributs à travers chacune de leurs décisions.

     

    Vous n'êtes pas obligés d'être des afficionados de l'art de Robert Combas. Il est « juste » un artiste incontournable de notre temps, un de ces grands artistes vivants qui promènent une joie « ogresque » de peindre et c'est pourquoi je voulais le présenter. Je ne me lancerai pas dans le débat « Est-il un nouveau Picasso ? » « Est-il un imposteur ? » « Est-il ceci ou cela ? » Rappelons-nous que l'Art se goûte avec ce qu'on a dans les tripes et que si certains artistes aiment égratigner le monde avec leurs créations, cela est bénéfique pour faire réfléchir et enrichir le regard de tous. Vive la liberté de l'art et vive la liberté d'apprécier une proposition artistique avec les complexités de sa sensibilité !

     

    Je vous souhaite de belles promenades à travers toutes les périodes de l'art, des plus anciennes aux plus contemporaines. Je lis souvent sur des blogs des propos résolument négatifs concernant l'art contemporain. Je trouve cela dommage et pour ma part, je montrerai tout ce qui m'intéresse même si ce n'est pas apprécié.

     

    Je pense bien à vous chers aminautes et je vous remercie de votre fidélité, gros bisous !

    Plume

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    36 commentaires
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    Sur la place Colette, face à la Comédie-Française, une création de lumière et de feu cristallisé, signée Jean-Michel Othoniel, habille la bouche de métro Palais-Royal-Musée du Louvre.

     

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    Son charme insolite m'a déjà inspiré un article et donné envie d'entreprendre, en ce printemps 2013, un autre voyage d'écriture, agrémenté de nouvelles photos.

     

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    La composition du Kiosque des Noctambules est fascinante et singulière. Deux coupoles ajourées, serties de perles de verre de Murano, s'appuient sur d'étranges piliers en fonte d'aluminium. L'oeuvre dessine un huit, symbole de l'infini, d'harmonie et d'éternité. Elle se fond et se dévoile dans l'écrin de la ville, ravivant des rêveries enfantines à travers les formes fantastiques, les moirures et les reflets du verre.

     

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    Les yeux dans le ciel, les promeneurs se laissent happer par les rondeurs mystérieuses de ces bijoux géants.

     

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    Le travail de Jean-Michel Othoniel s'inscrit dans une volonté d'hommage au métropolitain de Paris dont les bouches d'entrée furent créées par Hector Guimard en 1900. Cette commande de la RATP, passée en 1997 et installée en 2000, a suscité une réécriture de l'esthétique des lieux.

     

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    Juillet 1900, dans la station Palais-Royal. (Collection AMTUIR/RATP).

     

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    Les entourages fantastiques des stations de métro Guimard témoignent de foisonnantes recherches structurelles et ornementales, tant décriées à leur époque.

     

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    Les formes issues de la Nature se déploient, avec poésie et panache, dans le paysage urbain.

     

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    Ainsi parée, la bouche de métro nous offre un point de vue différent, quasi féerique, parmi les sobres façades qui bordent la place Colette.

     

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    Émanation d'un monde où la Nature et l'Art se confrontent, s'enlacent et se recomposent, dans la frénésie du quotidien.

     

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    Deux personnages en verre soufflé, emblématiques du thème de la gémellité, se dressent au sommet des coupoles. Incarnations graciles de la lune et du soleil, ils règnent sur une gamme de couleurs qui oscillent entre le chaud et le froid.

     

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    Le soleil en totem...

     

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    ...et sa parèdre la lune qui se confond presque avec l'azur.

     

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    Incandescences au crépuscule...

     

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    Gouttes d'or cristallisé, perles rubis qui rayonnent sous les feuillages...

     

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    Ces joyaux translucides, nés du savoir-faire des souffleurs de verre vénitiens, dessinent, sur l'autre coupole, une palette au sillage turquoise et saphir.

     

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    Les anneaux de métal argenté qui bordent l'escalier évoquent des ronds dans l'eau, des orifices mystérieux, des cercles de rêve et de croissance...

     

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    Bagues martelées, « passages » incrustés de cabochons et de dragées de verre, miroirs féeriques où dansent les rayons du jour. Des cicatrices de lumière, dans l'éphémère...

     

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    Sculptures de verre qui, à l'opposé de la pratique habituelle consistant à rendre invisible le travail des souffleurs, portent des cicatrices et révèlent des bulles de matière. Jean-Michel Othoniel a délibérément choisi de créer ces « imperfections », de cabosser le verre afin d'en révéler, au-delà des camaïeux de blanc et de gris des monuments de la ville, la beauté d'une autre manière.

     

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    Un petit banc, lové dans la résille argentée, attend le rêveur de midi ou de minuit...

     

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    A propos de l'auteur

     

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    (Image actuart.org)

     

    Jean-Michel Othoniel est un artiste plasticien né en 1964 à Saint-Étienne. Après avoir obtenu son diplôme de l'École nationale supérieure d'arts de Paris-Cergy en 1988, il connaît un début de notoriété grâce à d'étonnantes sculptures en soufre (une substance qui évoque les transmutations de la matière et la souffrance, au coeur de toute chose...) Puis, à partir de 1993, il se met à explorer et à expérimenter les possibilités, les formes et les couleurs du verre, matériau alchimique.

     

    En 1996, il est accueilli comme artiste pensionnaire à la Villa Médicis à Rome.

     

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    (Image artfrance.org)

     

    Créateur, poète et scénographe de la lumière, il expose autour du monde des colliers géants, des pendeloques baroques, des mobiles et des noeuds constitués de perles de verre et de cristal.

     

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    Les Lacets bleus, 2008. (Galerie Emmanuel Perrotin)

     

    « Noeuds de Janus », « noeuds de Lacan », « lassos bicolores » ou « arborescences de rêve » qui expriment la beauté ambivalente du verre et composent la signature magistrale de l'artiste.

     

    Ses sculptures en soufre sont imprégnées d'une poésie intense et dérangeante à laquelle je suis particulièrement sensible.

     

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    L'Hermaphrodite, 1993.

     

    Cet « autoportrait en creux », en soufre moulé et en coquilles d'escargot, suscite, à l'instar du matériau principal, attirance et répulsion. Né dans le ventre des volcans, le soufre est associé à différents jeux de mots poétiques: « sulfureux, souffreteux... ». Othoniel le sculpte et exploite à l'envi ses capacités de corrosion.

     

    La fascination pour les formes éphémères et fantasmagoriques hante la plupart de ses travaux et notamment ses Insuccès Photographiques (1987-1988).

     

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    (Galerie Perrotin.com)

     

    La poésie de l'oeuvre résulte de la rencontre d'éléments inattendus: soufre, plaque de lanterne magique, papillon, sable d'arène, peinture sous verre...

     

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     Dans les Femmes Intestines, Othoniel modèle et sublime un monde viscéral, grouillant, organique.

     

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     Le Collier-Cicatrice devient, à partir de 1997, un emblème de son art. Constitué de petites perles de verre rouge, il évoque le sang et les meurtrissures de la vie et rend hommage à son ami, l'artiste Félix Gonzales Torres (1957-1996). Ce dernier devint célèbre pour ses amas de bonbons, réflexions régressives et colorées sur la réalité (la guerre, la propagation des maladies) et les moments initiatiques de l'existence.

     

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    (Image shape-and-colour.com).

     

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    La thématique de l'oeil et de l'orifice est récurrente dans le travail d'Othoniel. Maître des métamorphoses, il oscille entre l'organique et le minéral, dans un monde empreint de sensualité et de sexualité, à travers les cercles de la mort et de la vie, symbolisés par des perles et des cabochons féeriques.

     

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    En 2003, la Fondation Cartier pour l'art contemporain a accueilli Crystal Palace, une exposition peuplée d'oeuvres monumentales en verre de Venise et en broderie d'or de Rochefort.

     

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    Le Bateau de Larmes, 2005. (Image artcontemporain.fr)

     

    Une composition dédiée au calvaire des boat-people, à la fragilité de leurs existences et à l'espoir d'un avenir, représenté par des gouttes de soleil et d'azur en suspension.

     

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    Mon lit, 2003. (Image artcontemporain.fr).

     

    Ce lit à baldaquin est serti dans une résille de métal argenté, rappelant celle du Kiosque des Noctambules. Des « perles enchantées » explorent les thèmes de la magie et de l'absence. Une cage entrouverte, l'entrée d'une grotte, une amande, une vulve...

     

    Un artiste alchimiste

     Jean-Michel Othoniel s'est illustré par ses recherches sur l'obsidienne, lave vitrifiée qui tapisse les entrailles des volcans et dont il a cherché à obtenir artificiellement la mystérieuse robe noire.

     

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    Vase aztèque, source essentielle d'inspiration. (Roches ornementales.com).

     

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    Contrepet d'obsidienne (Galerie Perrotin.com).

     

    Des orifices volcaniques aux orifices du corps, des miroirs divinatoires aux gouttes luisantes où la magie palpite, l'obsidienne devient, sous les doigts de l'artiste, une passerelle entre les mondes.

     

    Il a également utilisé, dans ses « utopies de création », le phosphore, la cire et le papier pour photo.

     

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    The Wishing Wall, 1995.

     

    Sur cet immense grattoir de phosphore, les visiteurs craquent une allumette en formulant un voeu et leurs désirs chuchotent dans les crépitements du feu.

     

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    (Image Koreatimes.co.kr)

     

    Le Petit Théâtre de Peau d'Âne

     

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    (Image trouvée sur le site « La Maison de Pierre Loti ».)

     

    Cette oeuvre de pure féerie exalte la passion d'Othoniel pour le verre, matériau de tous les possibles, tantôt poudre, cristal, liquide, solide, songe et réalité...

     

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    Dans un décor fantasmagorique, l'artiste a inséré des figurines retrouvées dans la maison de l'écrivain Pierre Loti (1850-1923) à Rochefort. Quatre dressoirs de bois laqué, appelés « Table du Monstrueux », « Table du Temps », « Table du Soleil » et « Table de la Lune », soutiennent des édicules en verre filé.

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    (Images: La Maison de Pierre Loti.)

     

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    Entre 1857 et 1862, Pierre Loti conçut, avec sa famille, un petit monde de rêves inspiré du conte Peau d'Âne de Charles Perrault. Il conserva dans des boîtes, à l'intérieur d'un coffre, ces personnages fabriqués par ses mains d'enfant et nourrit l'espoir qu'ils seraient préservés, bien au-delà de son époque.

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    « Un jour futur, [...], ces successeurs inconnus, en furetant au fond des plus mystérieux placards, feront l'étonnante découverte de légions de petits personnages: nymphes, fées et génies, qui furent habillés par nos mains ». Pierre Loti, Le Roman d'un enfant, 1890.

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    Jean-Michel Othoniel nous livre la frêle et délicieuse poésie de cette oeuvre intime à travers une mise en scène qui célèbre, pour reprendre les mots de Pierre Loti, « l'homme né de l'enfant ».

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    (Photo iesanetwork.com)

     

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     Fantasmagorie au théâtre de la Coupe d'or, à Rochefort.

     

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    De l'autre côté du voile, le regard se déploie à travers de fines installations. La lumière et les ombres brillantes émanent de délicates bulles de verre baroques, comme suspendues hors du temps.

     

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    Kiosque miniature, pagode, petite gloriette, grotte romantique, bateau de larmes, palanquins de sucre d'orge... c'est tout un monde qui prend vie, sublimé par des gouttes de verre rouge qui font pulser la lumière.

     

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    La petite coupole rappelle la structure du Kiosque des Noctambules.

     

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    Bateau de larmes en quête d'espoir...

     

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    Que dirait Pierre Loti s'il voyait le soin apporté à la mise en scène et à la protection de ses figurines d'enfance?

     

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    Des broderies « aux couleurs du soleil, de la lune et du temps » complètent l'installation.

     

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    Cette mélodie artistique nous fait songer à l'émouvant Petit Cirque d'Alexander Calder (1898-1976).

     

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    Le Petit Cirque, 1926-1931.

     

    Inspirations régressives qui nous ramènent à nos passions d'enfance, fantasmagories si fragiles mais tellement essentielles.

     

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    Passionné par les transparences, les cristallisations et les écorchures du verre, Othoniel entretient, depuis de longues années, des liens professionnels et amicaux avec les verriers de Murano et notamment avec la verrerie Salviati d'où proviennent les joyaux colorés du Kiosque des Noctambules.

     

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    Le verre, à l'origine sable inanimé, devient matrice de vie et « résille de rêves ». Il « entre en osmose avec l'eau, la végétation, la lumière du soleil et de la lune. »

     

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    Kokoro, 2009, installation en verre rouge de Murano réalisée pour le Hara Museum Arc à Gunma, au Japon (Image artcontemporainchaquejour.lalibre.be) 

     

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    Le Belvédère de Caluire, 2011, verre de Murano, fonte d'aluminium, bois. (Image Projet Rives.fr).

     

    Cette oeuvre commandée par le « Grand Lyon », dans le cadre de l’aménagement des Rives de Saône, couronne de perles géantes l'ancienne écluse de Caluire. Face à l'île Barbe, peuplée de légendes druidiques, cette partition de poésie et de lumière réenchante les lieux. Sur la pointe de l'île, trois lanternes brillantes attendent le promeneur.

     

    Après ce voyage dans l'art sensuel et puissamment onirique de Jean-Michel Othoniel, revenons au Kiosque des Noctambules.

     

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    Le verre offre à l'artiste des possibilités infinies de création et de métamorphose de l'espace urbain.

     

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    L'escalier qui descend vers le métro Palais-Royal Musée du Louvre conduit les voyageurs à une sombre grotte où scintillent des amas de perles de verre, lovées dans des cavités transparentes et cerclées de métal.

     

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    La bouche de métro devient plus que jamais le lieu d'une quête vers une autre dimension, un passage initiatique, antre sous-marin décoré de hublots où se dévoilent des bijoux-coquillages et des galets chatoyants.

     

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    Les verriers de Murano ont développé des techniques qui imitent à merveille la texture et le scintillement des pierres précieuses, exploré les possibilités des cristaux, des émaux, des filigranes d'or et créé une impressionnante palette de couleurs et d'effets de matière.

     

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    Cire magique née dans les entrailles du feu, le verre est hanté par les visions de l'artiste qui le modèle au gré de ses désirs et de ses rêves.

     

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    En traversant la place Colette, je plonge mon regard dans ces bulles suspendues, coquilles de verre où pulsent les couleurs, à la rencontre des chocs thermiques volontaires qui étoilent la matière. Ils chuchotent que le « beau » est loin d'être caché dans la « perfection ». Des écorchures, des fracas et des fractures, tant de la vie que des matériaux, naît une écriture poétique, sensuelle et flamboyante du quotidien.

     

    Bibliographie

     Laurent BOUDIER: Le Kiosque des Noctambules: Une oeuvre de Jean-Michel Othoniel, station Palais Royal-Musée du Louvre. Paris: Flohic, 2000.

     Édith DOOVE: Jean-Michel Othoniel. Colliers. Deurle: Museum Dhondt-Dhaenens, 2001.

     Catherine GRENIER: Othoniel. Paris: Centre Pompidou, 2010.

     Jean-Michel OTHONIEL et Marie DESPLECHIN: Mon petit théâtre de Peau d'Âne. Paris: Éditions courtes et longues, 2011.

     Catalogue de My Way, sa première rétrospective, qui s'est déroulée en 2011 au Centre Pompidou.

     

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    (Image Centre Pompidou).

     

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    Plume

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    Sur la Place Colette, face à la Comédie-Française, une oeuvre d'art insolite, création poétique de Jean-Michel Othoniel, habille la bouche de métro Palais-Royal-Musée du Louvre.

     

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    Le Kiosque des Noctambules est la rencontre de deux coupoles ajourées, serties de perles de verre de Murano, qui reposent sur d'étranges piliers en fonte d'aluminium.

     

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    La composition est singulière et fascinante. Elle se fond et se dévoile dans le paysage urbain, ranimant, à travers les incandescences du verre, des souvenirs d'enfance et d'adolescence.

     

    Comme des colliers suspendus qu'une princesse géante aurait confiés au regard des passants, elle nous offre ses rondeurs et sa rêveuse plasticité.

     

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    Sous la pluie, les ornements colorés se fondent dans une lumière assourdie.

     

    Le travail de Jean-Michel Othoniel s'inscrit dans une volonté d'hommage au métropolitain de Paris, dont les bouches d'entrée furent créées par Hector Guimard en 1900. Cette commande de la RATP a suscité une réécriture de l'esthétique des lieux.

     

    Parmi les sobres et classiques façades qui l'entourent, l'oeuvre nous ouvre les portes d'un monde onirique où la Nature et l'Art s'attirent, se mêlent et se recomposent.

     

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    Deux petits personnages en verre soufflé, emblématiques du thème de la gémellité, se dressent au sommet des coupoles. Incarnations fragiles de la lune et du soleil, ils règnent sur un monde de couleurs qui oscillent entre le chaud et le froid.

     

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    Le rouge, l'ambre et l'or de la lumière diurne.

     

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    Des guirlandes de perles translucides, braises poétiques, nées sous les doigts des souffleurs de verre vénitiens, inventent une palette lunaire.

     

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    Quand jour et nuit s'entrelacent...

     

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    Ces anneaux de métal argenté évoquent des ronds dans l'eau, des cercles mystérieux, incrustés de disques et de dragées de verre.

     

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    Des bagues martelées, des miroirs féeriques où  la lumière danse avant de s'engouffrer dans les hypnotiques prunelles de verre. Des cicatrices de lumière, dans l'éphémère...

     

     

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    Un petit banc, lové dans la résille argentée, attend le rêveur de midi ou de minuit...

     

    A propos de l'auteur

     

    Artiste plasticien, Jean-Michel Othoniel est né en 1964 à Saint-Etienne. Il a obtenu son diplôme de l'École nationale supérieure d'arts de Paris-Cergy en 1988. Il acquiert une notoriété grâce à d'étonnantes sculptures en soufre (substance qui évoque les transmutations de la matière et la souffrance, au coeur de toute chose...) Puis, à partir de 1993, il explore et expérimente les possibilités, les formes et les couleurs du verre, matériau alchimique.

     

    En 1996, il est accueilli comme artiste pensionnaire à la Villa Médicis à Rome.

     

    Créateur, poète et scénographe de la lumière, il expose des colliers géants, des pendeloques, des mobiles et des noeuds constitués de perles de verre et de cristal.

     

    Le Collier-Cicatrice est, à partir de 1997, un emblème de son art. Constitué de petites perles de verre rouge, il évoque le sang et les scarifications de la vie et rend hommage à l'artiste Félix Gonzales Torres (1957-1996). Ce dernier, mort du sida, devint célèbre pour ses amas de bonbons qui étaient autant de réflexions sur la réalité (la guerre, la propagation des maladies) et les moments initiatiques de la vie.

     

    Jean-Michel Othoniel réalise des portraits photographiques de passants qui portent, lors de l'Europride, ce collier chargé d'émotions, créé en mille exemplaires.

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    En 2011, sa première rétrospective, appelée My Way, s'est déroulée au Centre Pompidou. Une poésie intense, fascinante et dérangeante, imprègne ses réalisations.

     

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    L'Hermaphrodite, 1993.

     

    Cet « autoportrait en creux », en soufre moulé et en coquilles d'escargot, suscite, à l'instar du matériau principal, attirance et répulsion. Né dans le ventre des volcans, le soufre est associé à différents jeux de mots poétiques: « sulfureux, souffreteux... ». Othoniel le sculpte et exploite ses capacités de corrosion.

     

    Le thème de la décomposition hante plusieurs de ses travaux et notamment ses Insuccès Photographiques (1987-1988).

     

    Dans les Femmes Intestines, il modèle et sublime un monde viscéral, grouillant, organique.

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    La thématique de l'oeil et de l'orifice (anal et génital) est récurrente. Maître des métamorphoses, il oscille entre l'organique et le minéral, dans un monde empreint de sensualité et de sexualité, à travers les cercles de la mort et de la vie, symbolisés par des gouttes d'ombre et de lumière.

     

     

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    Le Bateau de Larmes 2004

     

    Une oeuvre ambivalente, dédiée au calvaire des boat-people, à la fragilité de leurs existences et peut-être à l'espoir d'un avenir, transfiguré par des gouttes de soleil et de ciel.

     

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    Mon lit, 2003

     

    Un lit à baldaquin est serti dans une résille de métal argenté, rappelant celle du Kiosque des Noctambules. Des « perles enchantées » explorent les thèmes de la magie et de l'absence. Une cage entrouverte, l'entrée d'une grotte, une amande, une vulve...

     

    Othoniel s'est également illustré par ses recherches sur l'obsidienne, lave vitrifiée qu'il a extirpée des entrailles des volcans et cherché à obtenir artificiellement. Le noir mystérieux de sa robe est une révélation pour ce « Peter Pan de l'art ». Des orifices volcaniques aux orifices du corps, des miroirs de divination aztèques et mayas aux gouttes figées où se lovent les âmes, l'obsidienne est une passerelle entre les mondes.

     

    Il a utilisé le phosphore, la cire et le papier pour photo. The Wishing Wall, réalisé en 1995, est un immense grattoir de phosphore sur lequel les visiteurs craquent une allumette en formulant un voeu.

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    Dans le Petit Théâtre de Peau d'Âne, il insère, au coeur d'un décor fantasmagorique, des marionnettes trouvées dans la maison de l'écrivain Pierre Loti. Sur quatre tables (la Table du Monstrueux, la Table du Temps, la Table du Soleil, la Table de la Lune) reposent des petits édicules sous verre où se nichent des figurines.

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    Passionné par le feu liquide, les cristallisations et les écorchures du verre, il tisse des liens profonds avec les verriers de Murano et la verrerie Salviati d'où proviennent les joyaux colorés du Kiosque des Noctambules.

     

    L'escalier de la station mène à une sombre grotte dans laquelle scintillent des amas de perles de verre, lovées dans des cavités transparentes et cerclées de métal dont le travail rappelle des techniques propres à l'Art Nouveau.

     

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    L'artiste dissipe les frontières de la réalité et nous livre une écriture baroque du monde. La bouche de métro devient un passage initiatique, un antre sous-marin décoré de hublots qui dévoilent des bijoux-coquillages et des galets chatoyants.

     

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    Le voyageur pénètre dans un souterrain mystérieux qui, tel un château de contes, recèle des trésors ensevelis et tentateurs.

     

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    Les verriers de Murano ont développé des techniques qui imitent la texture et le scintillement des pierres précieuses, exploré les possibilités des cristaux, des émaux, des filigranes d'or et créé une impressionnante palette de couleurs et d'effets de matières.

     

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    Le verre est une cire magique. Né dans les entrailles du feu, il est hanté par les visions de l'artiste qui le modèle au fil de ses cauchemars et de ses rêves...

     

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    Le 14 février 2011, un timbre d'une valeur de 1,40 euros, à l'effigie du Kiosque des Noctambules, a été édité dans la série « l'art dans la ville ».

    Image21 tous droits réservés

     

    Bibliographie

     

    Laurent BOUDIER: Le Kiosque des Noctambules: Une oeuvre de Jean-Michel Othoniel, station Palais Royal-Musée du Louvre. Paris: Flohic, 2000.

     

    Édith DOOVE: Jean-Michel Othoniel. Colliers.Deurle: Museum Dhondt-Dhaenens, 2001.

     

    Catherine GRENIER: Othoniel. Paris: Centre Pompidou, 2010.

     

    Jean-Michel OTHONIEL et Marie DESPLECHIN: Mon petit théâtre de Peau d'Âne. Paris: Éditions courtes et longues, 2011.

     

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