• Pour la Carte de France des Paysages tenue par Claudine (Canelle)

     

    dition revue et augmentée de « Les beautés de Certes-Graveyron ». )

     

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    Je vous invite à cheminer, entre terre et eau, dans le Domaine de Certes-Graveyron, un espace naturel unique situé sur le delta de la Leyre. Cette escapade sur les bords du Bassin d'Arcachon a le parfum de l'amitié et des souvenirs. J'ai vécu en Gironde pendant de longues années et ma famille de coeur y est toujours installée.

     

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    Dans ce paysage magnifique, le ciel, la végétation et le vent s'entremêlent.

     

    Des Espaces Naturels Sensibles

     

    Depuis 1991, le Conseil Général de la Gironde gère et valorise ces lieux choisis en raison de leur patrimoine historique et de leur exceptionnelle biodiversité.

     

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     Dans l'immensité des prés salés, les vaches savourent l'herbe au goût iodé.

     

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    Pendant la deuxième moitié du XVIIIe siècle, le marquis de Civrac, seigneur local, fit mener d'importants travaux d'endiguement et transformer la plus grande partie des prés salés en marais salants. Depuis cette époque, les digues, constamment attaquées par les tempêtes et les fortes marées, sont étroitement surveillées. Leur entretien minutieux permet de protéger les terres et favorise l'accès au Sentier du Littoral.

     

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    Dans cette mosaïque de prairies humides, naturellement salées, un camaïeu de vert, de brun et de bleu nous attire vers des mondes enchantés...

     

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    Historique des lieux

     

    A l'époque médiévale, un tertre artificiel fut érigé sur le domaine de Certes afin de surveiller la circulation maritime du bassin d'Arcachon et à partir de 1768, dans un paysage de prés salés, de marais côtiers et de végétation herbacée, la saliculture se développa, grâce à François Aimery de Durfort, marquis de Civrac, seigneur de Lamothe, de Certes, de Comprian et baron d'Audenge (1724-1773). Les seigneurs locaux arboraient aussi un titre princier, celui de « Captal de Certes ».

     

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    Dispensé par le roi de payer l'impôt sur le sel, le marquis fit dresser de puissantes digues autour de l'île de Branne, située à proximité, et créer des marais salants, entre 1768 et 1773, le long du domaine de Certes. Mais suite aux récriminations des producteurs de sel charentais, son privilège d'exonération de redevance sur le sel fut aboli. François de Civrac termina sa vie ruiné par les travaux pharaoniques qu'il avait engagés et par son train de vie dispendieux à la Cour. Il résidait très souvent, en effet, au château de Versailles et dans son hôtel parisien.

     

    Les salines tombèrent peu à peu en désuétude, au profit des prés salés originaux, mais les modifications humaines se poursuivirent.

     

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    Les écluses croisées sur le bord du chemin témoignent de cette activité bien particulière. Elles sont plus que jamais les gardiennes du niveau des eaux en fonction des marées et des variations de la météorologie. Il en existe trente et une, réparties sur la totalité du domaine.

     

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    A partir de 1843, Ernest Valeton de Boissière (1811-1894), le fils de François Valeton Boissière, un négociant en vin du Quai des Chartrons, à Bordeaux, influa sur le destin de Certes. Il fit planter des pins et creuser des bassins pour la pisciculture.

     

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     Diplômé en 1830 de l'École Polytechnique, ce personnage atypique devint ingénieur géographe dans l'armée avant de quitter celle-ci vers 1832.

     En 1818, son père avait acquis une importante partie du Domaine de Certes auprès d'un certain Guillaume Darles, pharmacien bordelais. En 1837, il acheta de nouveaux terrains au parisien Augustin Walbreck.

     Dès 1843, Ernest de Boissière entreprit la transformation progressive des anciennes salines en réservoirs à poissons. Cette politique de grands travaux exprimait une vision humaniste de la société, fondée sur les théories de Charles Fourier.

     

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     Charles Fourier (1772-1837) envisageait une société composée de phalanstères, des bâtiments communautaires habités par des personnes qui décidaient de s'unir librement. Dans cette nouvelle société utopique, devaient fleurir les fermes, les potagers, les vergers et les viviers à poissons. L'Homme et la Nature pouvaient ainsi vivre en harmonie, éloignés de la notion de profit égoïste.

     Grand philanthrope, Ernest de Boissière concrétisa ces théories en fondant des écoles mixtes. Il semblerait d'ailleurs que le premier collège mixte de France ait été celui d'Audenge, une commune attenante au domaine. Il traversa l'Atlantique quelques années plus tard, en des temps troublés, pour créer une communauté idéale à Silkville, au Kansas.

     

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    Vue de Silkville en 1877.

     

    Le château de Certes

     

    Un premier château fut érigé vers 1350, sur une motte féodale, pendant la Guerre de Cent Ans. Il fut détruit en 1765.

     Entre 1766 et 1769, le marquis de Civrac fit édifier une demeure seigneuriale qui disparut en 1866. Ce « vieux château » se dressait sur une butte artificielle. Un moulin à eau était situé près de sa tour.

     

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    Carte datant de 1708.

     

    Ernest de Boissière fit raser cette construction et ériger à la place une élégante chartreuse, aux alentours de 1855. Il utilisa des matériaux issus des bâtiments démolis et notamment des modillons médiévaux.

     

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    (Parc des Landes de Gascogne.fr)

     

    Après sa mort, Camille Descas, le fils de Jean Descas, un célèbre négociant en vin de Bordeaux, fit moderniser la « maison Boissière » dans le style Second Empire. Il fit ériger des tourelles et un belvédère et agrémenter la demeure d'un décor « Art Nouveau », composé de faïences et de boiseries précieuses, mais le 14 novembre 2010, l'aile sud fut détruite par un incendie.

     Camille Descas et son frère Ferdinand favorisèrent l'essor de la pisciculture et de l'élevage dans les prés salés mais, après leur disparition, survint une période troublée au cours de laquelle le domaine partit en déliquescence.

     Le Conservatoire de l'Espace Littoral et des Rivages Lacustres (CELRL) acquit, à partir de 1984, cette mosaïque de zones humides pour assurer leur protection.

     

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    Le domaine est le paradis des oiseaux. Hérons, milans noirs, spatules blanches, gorges bleues, aigrettes, cormorans, mouettes, goélands, bernaches, canards, oies cendrées, cygnes et bien d'autres espèces évoluent dans ce sanctuaire aquatique, survolant l'immensité des prés salés.

     

    Les poissons qui entrent dans les bassins, grâce aux fortes marées du Bassin d'Arcachon, servent de nourriture aux plus gourmands, ce qui explique la présence de filets sur certains viviers.

     

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    Le délicat gorge bleue à miroir blanc, très rare en nos contrées et à protéger absolument. (Photo de Philip Friskorn pour le Calendrier de l'Oiseau en 2001.)

     

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     Monsieur Cygne a gentiment pris la pose au moment où nous passions.

     

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    L'énergie sauvage des marées et la volonté humaine ont modelé ce réseau d'écluses et de canaux où se reflètent les humeurs du ciel.

     

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    Les « bosses » sont des levées de terre qui séparent les bassins. Les eaux peu profondes y favorisent le développement des algues et des plantes aquatiques et dessinent des méandres bleu saphir.

     

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    Des bleus changeants...

     

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    Des moirures féeriques...

     

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    L'eau, territoire de rêves et de fécondité...

     

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    Au fil de notre marche, nous avons longé le joli port d'Audenge à marée basse. A l'extrémité du quai, se dresse la cabane bleue aux artistes où, de février à novembre, se déroulent des expositions. Les peintres, les sculpteurs et les écrivains y rencontrent le public dans un cadre qui se veut authentique.

     

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    La mélodie graphique des pontons...

     

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    De scintillantes écritures qui dansent au rythme des marées...

     

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    Le lieu est propice à de nombreuses activités: canoë kayak, randonnée, ramassage de coquillages, visite des tonnes (les cabanes de chasseurs), découverte de l'ostréiculture, balades à vélo sur les pistes cyclables autorisées (à ce propos, il est nécessaire de se renseigner dans les Offices de Tourisme d'Audenge et de Lanton).

     

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    Les silhouettes tourmentées des cotonniers qui jalonnent le chemin.

     

    Le baccharis ou faux cotonnier d'Amérique est une espèce invasive, dont les branches et les troncs composent en hiver une étrange forêt. Au printemps, les fruits ressemblent à de grandes aigrettes cotonneuses, répandues par le vent. En été et en automne, ses fleurs mellifères, appréciées des abeilles, donnent un miel biologique de caractère, vendu dans les épiceries locales.

     

    Les Cotonniers de Bassalane est un roman de Michèle Perrein (1929-2010), paru en 1984 aux éditions Grasset. Ce livre, qui reçut le Prix Interallié la même année, relate la vie à la grande époque de la pisciculture.

     

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    Nous abordons la « petite plage » qui fait les délices des baigneurs, à la bonne saison.

     

    Dans ce lieu, les cotonniers, les tamaris et les ronciers affrontent les colères du vent et servent de refuge à différents animaux.

     

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    Ce monde changeant offre une palette unique de formes et de couleurs, comme si le givre de la nuit avait griffé le ciel.

     

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    Je remercie mon amie Antoinette, son mari et sa maman de nous avoir guidés à travers ce paysage alchimique, né de la force du flux et du reflux, entre mer et marais...

     

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    Des espèces rares et menacées vivent dans ce milieu remarquable. Une prise de conscience de leur vulnérabilité est donc indispensable.

     

    La Cistude d'Europe (Emys orbicularis) est une petite tortue qui aime les eaux douces et saumâtres, âgée de deux millions d'années et en voie de disparition. Dotée d'une carapace sombre et un peu bombée, ornée de petits points jaunes, elle possède des pattes palmées, aux puissantes griffes, et une longue queue effilée. Elle arbore un plastron généralement jaune ou noir.

     

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    Elle ressemble à un beau galet brillant.

     

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    Elle aime les marais, les étangs, les lacs, les canaux et les tourbières. Elle se nourrit de végétaux (elle raffole des carottes) mais elle est aussi carnivore et nécrophage. Elle savoure des poissons, des crustacés, des amphibiens et des petits animaux morts.

     

    Dans les haies, les roselières et les prairies humides, vivent le vison d'Europe, nocturne et discret, la loutre joueuse, la genette farouche et la belette, agile, vorace et gourmande, sans oublier les ragondins, les musaraignes et les facétieux lapins sauvages.

     

    Le lézard vert aime profiter de la chaleur sur le bord des chemins. Pendant la période nuptiale, la gorge des mâles se pare d'une somptueuse couleur bleu turquoise.

     

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    (Photo Dinosoria.com)

     

    Les rainettes arboricoles se lovent dans les ronciers et les arbustes des haies: prunelliers, aubépines, églantiers...

     

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    Les chauve-souris, les papillons (paon de nuit) et les insectes (capricornes, lucanes cerf-volant...) abondent dans le domaine. Des « chasses au drap », organisées périodiquement par la Société Linnéenne de Bordeaux permettent de découvrir ces fascinantes créatures nocturnes.

     

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    Grand paon de nuit sur un tronc de tilleul. (Photo de Pierre-Jean Bernard sur e-fabre.com. )

     

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    La flore locale est aussi luxuriante que la faune. Roseaux, ajoncs, fraisiers, violettes et arums sauvages, jacinthe des bois, ancolie bleue, lavande de mer, pissenlits et boutons d'or composent une symphonie colorée et parfumée qui répond, à la saison propice, aux senteurs enivrantes des aubépines et des acacias en fleur.

     

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    La gestion des niveaux des eaux saumâtres doit être effectuée avec beaucoup de minutie.

     

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    Le clocher de l'église d'Audenge, dressé comme un phare dans le paysage.

     

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    Dans ce territoire où nous évoluons constamment à la lisière du conte et de la réalité, les formes se troublent et le jour et la nuit s'interpénètrent... Nos sens aiguisés s'enivrent du chant de l'eau et de la mystérieuse respiration de l'air...

     

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    Si vous en avez un jour l'occasion, je ne peux que vous inviter à découvrir ces merveilles, dans le plus grand respect de ce fragile écosystème, en permanente évolution, et dont la préservation est une absolue priorité.

     

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    Bibliographie

     

    C. BOUSQUET-BRESSOLIER, F. BOUSCAU et M.-J. PAJOT: Les aménagements du Bassin d'Arcachon au XVIIIe siècle. Mémoire du laboratoire de géomorphologie de l'École Pratique des Hautes Études, n°43. Dinard éditions, 1990, 224 p.

     

    M. HOUDART: Entre terre et mer, les 250 ans du littoral. IFREMER, mai 2003.

     

    F. VERGER: Marais et estuaires du littoral français. Paris: Belin éditions. 333p.

     

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    Plume

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    138 commentaires
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    Je vous invite à découvrir, dans la luxuriante campagne de l'Essonne, la Fête des plantes vivaces de Saint-Jean de Beauregard. Cet événement dédié aux amoureux des jardins s'est déroulé, du 21 au 23 septembre 2012, autour d'un élégant château, niché dans l'ancienne province du Hurepoix. Le prochain rendez-vous aura lieu les 12, 13 et14 avril 2013.

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    Je remercie Isa-Marie, du blog Grelinettes et Cassolettes, pour les invitations dont nous avons si joliment bénéficié.

    Si vous ne connaissez pas déjà Isa-Marie, vous pouvez lui rendre visite en cliquant sur ce lien. Son blog est un petit bijou de gourmandise et de créativité culinaire. Elle ouvre avec poésie les portes de sa bibliothèque et ses recettes sont toujours magnifiquement présentées...

    A l'occasion de cette nouvelle fête des jardins, elle propose de gagner des entrées alors si vous souhaitez connaître les modalités du jeu, il vous suffit de cliquer ici. Il reste encore quelques jours pour participer.

     

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    Le château de Saint-Jean de Beauregard fut majoritairement construit entre 1610 et 1760. Il domine un parc magnifique, composé d'un jardin à la française, d'un jardin à l'anglaise et d'un potager remarquable, classé Monument Historique.


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    (Photographie trouvée sur le site Jardins de France.)

    Le potager du XVIIe siècle, clos de murs, est conçu sur le modèle d'un potager médiéval. Il se compose de quatre grands carrés délimités par des allées bordées de fleurs qui symbolisent les fleuves du Paradis. Ces allées convergent vers un bassin central, représentation de la Source de Vie.

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    (Jardins de France)

    Ce lieu remarquable fut recréé en 1984 par Muriel de Curel qui s'inspira du Potager du Roi à Versailles, élaboré en 1678 par La Quintinie. On y découvre, au gré des saisons, des fleurs luxuriantes, une collection d'arbres fruitiers taillés en espalier ou en palmette, de nombreuses variétés de pommes et de poires, des serres à raisin et une chambre de conservation des précieuses grappes.

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    (Tourisme-essonne.com)

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    Une douce pénombre règne dans la chambre de conservation des raisins. Les murs sont tapissés de meubles de bois qui accueillent des fioles remplies d'eau. Dans chacune d'elles, on plonge le sarment d'une grappe et on cautérise l'autre côté de la tige avec une pointe de cire. L'eau reste saine grâce à un petit morceau de charbon de bois et le raisin se conserve ainsi jusqu'à Noël.

    Ce procédé fut inventé en 1848 à Thomery, en Seine-et-Marne, où l'on produit, depuis des siècles, un succulent chasselas doré.

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    Le chasselas de Thomery


    Rose Charmeux (1819-1899) mit au point ce mode de conservation des grappes de raisin, après leur cueillette, dans des petites bouteilles remplies d'eau. Le procédé, fort ingénieux, fut breveté en 1877. Il permet de maintenir la fraîcheur du raisin jusqu'aux fêtes de Noël et parfois même jusqu'à Pâques.

     

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    Le potager est bordé par un saut-de-loup, fossé qui assure la limite du jardin en s'intégrant parfaitement dans le paysage. Les lieux se composent, autour du bassin central, de quatre carrés eux-mêmes divisés en quatre par des allées fleuries. On y trouve une collection de légumes rares, des plantes médicinales et de savoureuses cucurbitacées comme la Courge Galeuse d'Eysines.

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    (graines-bocquet.fr)

     

    Cette variété de courge, appelée aussi « potiron ou giraumon brodé galeux », est originaire d'Eysines, près de Bordeaux. Elle est reconnaissable aux gales sèches liégeuses qui parsèment sa peau rosée. Sa chair orangée, délicieusement sucrée, a des saveurs très fines. Vous pouvez lire ici l'article qu'Isa-Marie lui a consacré.

    Outre les crosnes, les vitelottes à la peau bleue, les insolites petits pois carrés etc, voici l'épinard fraise (chenopodium capitatum), un légume-fruit que j'adorerais planter dans mon jardin si j'en avais un!

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    Cette plante insolite, originaire d'Asie, produit des petites baies rouges, juteuses et acidulées, qui ressemblent à des fraises et dont le goût rappelle celui de la betterave. Les feuilles ont une saveur de noisette. Elles se dégustent cuites ou en salade.

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    A l'instar de cet iris délicat, les fleurs sont suzeraines dans le potager.

     

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    L'envoûtante rose de Noël ou hellébore noir.

     

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    Les clématites « beautiful bride » et leurs atours de dames blanches.


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    Rêveuse...


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    Le château connut de nombreuses transformations au cours des siècles mais il a conservé son corps de logis central et ses pavillons de style Louis XIII, son bel appareil de grès, ses élégantes toitures et ses hautes souches de cheminées.


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    Le domaine fut restauré aux alentours de 1880 par le comte de Caraman, ancêtre des actuels propriétaires.


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    A l'extrémité des communs se dresse un remarquable pigeonnier construit en 1680, un des plus grands d'Île de France.

     

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    Cet édifice imposant, classé Monument Historique depuis 1993, est tapissé de 4500 boulins, espaces aménagés pour accueillir des couples de pigeons.


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    Le potager fournissait de la viande, des oeufs et de la colombine, excrément utilisé comme engrais dans le potager.


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    Doté d'une impressionnante charpente et d'une double échelle pivotante, de douze mètres de hauteur, il apparaît comme une vigie dans le paysage et un élément représentatif de l'art de vivre dans les demeures aristocratiques du XVIIe siècle.

     

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    Sous les grands arbres crépitants, la pluie suscite une atmosphère propice à des flâneries imaginaires.


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    Mais qui suis-je?


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    Une gourmandise végétale qui ressemble à un petit bijou: le Physalis, originaire des Amériques et appartenant à la famille des Solanacées.

     

    De très nombreuses plantes, dites de « sorcières » et composant des herbiers vénéneux, sont issues de cette fascinante famille. Les Solanacées regroupent des espèces alimentaires comme la pomme de terre, la tomate ou l'aubergine, des espèces ornementales comme le pétunia et des espèces riches en alcaloïdes, utilisées et redoutées pour leurs effets psychotropes, comme la mythique mandragore, la ténébreuse morelle, la pomme épineuse (datura stramonium) appelée aussi tabac du Diable, la très dangereuse belladone ou encore le tabac...

     

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    Les noms du physalis témoignent de la variété de ses espèces (une centaine environ): Amour en cage, pomme d'amour, lanterne chinoise, lanterne japonaise, lanterne vénitienne, coquerelle, coqueret du Pérou, groseille du Cap, mirabelle de Corse, herbe à cloques, herbe aux lanternes, cerise de terre, cerise d'Hiver, cerise des Juifs...

     

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    Certaines espèces sont toxiques mais d'autres sont gorgées de bienfaits et appréciées tout autant pour leur beauté que pour leurs baies comestibles. Les connaisseurs auront plaisir à déguster ce délicieux petit fruit nature, en confiture, en gelée, en tarte, avec du gibier ou à l'accommoder avec du chocolat fondu...

     

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    Une baie qui ressemble à une grosse cerise ou à une petite tomate, riche en vitamines C, A et B et fort appréciée dans la pharmacopée traditionnelle pour ses propriétés fébrifuges, anti-rhumatismales, rafraîchissantes, diurétiques et laxatives... Les tribus amérindiennes consommaient ces fruits d'or et les offraient à leurs divinités lors de certains changements de lune.

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    Dame Nature, une artiste magnifiquement inspirée...

     

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    L'amour en cage: une sculpture de chocolat en forme de physalis, dentelle voluptueuse et chic qui laisse entrevoir une perle rouge comme la passion...

     

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    Dans l'écrin de l'automne, des collections de plantes rares, des fleurs luxuriantes et des ornements pour le jardin sont rassemblés.


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    J'ai eu un coup de coeur pour les gracieuses terres cuites d'Une Maison en Toscane.  Image43  

    Depuis 2005, Une Maison en Toscane propose une sélection très élégante de terres cuites réalisées à la main, d'après des techniques de fabrication transmises de génération en génération. Je ne suis pas sponsorisée pour écrire à leur sujet. Je ne fais qu'exprimer mon admiration pour un savoir-faire qui a traversé le temps.


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    Ces terracotta sont originaires d'Impruneta, une petite ville entourée de collines boisées, située dans la région du Chianti, près de Florence. Elles sont façonnées à la main à partir d'une argile bleue appelée « terra turchina ». Grâce à cette argile riche en oxyde de fer, en sulfate de cuivre et en sels de carbonate de calcium, la terracotta résiste au gel et aux intempéries. Ses délicates couleurs s'étendent du rose à l'orangé et se patinent fort joliment avec le temps.


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    La technique de la terracotta naquit au Moyen-âge, entre Sienne et Florence, et s'imposa dans le décor des églises et des palais de Toscane à la Renaissance.


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    D'après l'artiste florentin Lorenzo Ghiberti (1378 ou 1381-1455), « l'argile est mère de tous les arts ».

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    Ce bas-relief en terracotta vernie, attribué à Donatello (vers 1386-1466), représente la Création d'Ève.Il est conservé au musée de l'Oeuvre du Dôme de Florence.

    La terre cuite d'Impruneta fut utilisée pour la réalisation du Dôme de la Cathédrale de Florence. Cette coupole, oeuvre de l'architecte Filippo Brunelleschi (1377-1446), est une merveille de solidité, de légèreté et de plasticité.

     

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    (Carte postale)


    Les terracotta d'Une Maison en Toscane offrent les remarquables propriétés physico-chimiques des terres cuites d'Impruneta.

     

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    L'Homme Vert, le Feuillu ou Green Man, figure hybride représentée, depuis l'Antiquité, sur de nombreux monuments. Il est formé d'un visage humain, encerclé ou tissé de feuillages. Il expire parfois des branches verdoyantes et peut arborer des cornes de fécondité ou des noeuds de serpent.


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    Réminiscence d'une très ancienne divinité de la forêt, il est le maître des cycles de la Nature et le gardien des mythes et des légendes...


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    Au Printemps et à l'Automne, la Fête des Plantes Vivaces de Saint-Jean de Beauregard constitue un rendez-vous horticole de première importance. On chemine parmi les fleurs et les arbustes luxuriants, le regard happé par les ornements indispensables à l'embellissement d'un jardin.

     

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    Un banc secret où le temps ralentit sa course, dans le doux murmure de la pluie...


    Image63.jpgDe mystérieuses cucurbitacées...

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    Je vous laisse admirer le stand de Grelinette et Cassolettes et imaginer une myriade de recettes avec la chair goûteuse de ces « créatures » végétales.


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    Avant de clore le premier chapitre de cette promenade, je ne résiste pas au plaisir de vous offrir un bouquet de couleurs et de parfums.


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    Le Rudbeckia automn glory, épanoui de début août à la fin octobre. De séduisantes fleurs solaires qui résistent vaillamment aux premiers froids, aux parasites et aux maladies.


    Image71.jpg Un bassin romantique orné de dahlias.

    Le dahlia est originaire d'Amérique Centrale et plus exactement des hauts plateaux du Mexique et du Guatemala. Il en existe plus de 40000 variétés, de formes et de tailles très diverses.

    Image72.jpg Il était cultivé par les Mayas et les Aztèques qui le nommaient «acocotli», c'est à dire «canne à eau».


    Image73.jpg Les roses d'automne composent une palette nacrée, à l'éclat d'aurore et de vermeil.

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    Merveilleuse, fragile et perlée d'eau céleste...


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    Entre lune pâle et sorbet grenadine...


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    …s'épanouit une belle nommée Cassandre...


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    Des jupons embaumés qui chuchotent entre les feuilles malachite...


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    Le baiser d'une rose, sucrerie veloutée qui s'offre sans retenue aux passionnés de nature et d'art du jardin...

     Je vous invite à découvrir, tout au long de l'année ou pendant les Fêtes des Plantes Vivaces, les charmes de Saint-Jean de Beauregard. Je vous remercie pour vos nombreux messages et votre fidélité sans faille et je vous dis « à bientôt » pour la suite de cette promenade.


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    Je n'ai pas été, les jours derniers, aussi présente que je l'aurais souhaité mais j'ai beaucoup pensé à vous. A l'orée du Printemps, mes forces reviennent peu à peu, j'espère les conserver le plus longtemps possible. Je vous embrasse bien fort...


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    Je voudrais vous emmener sur la rive Est du Bassin d'Arcachon, dans un endroit mystérieux et magique, le Domaine de Certes-Graveyron. Juste avant de fêter 2012, cette escapade en terre girondine, aux portes de la mer, a été particulièrement ressourçante.

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    Dans ce paysage magnifique, doté d'un patrimoine et d'une biodiversité exceptionnels, le ciel, la végétation et le vent s'entremêlent. Savourer l'air gorgé d'embruns et de douceur sucrée, presque printanière, fut un bonheur indicible.

    Des Espaces Naturels Sensibles

    Depuis 1991, le Conseil Général de la Gironde gère et valorise ces lieux choisis en raison de leur richesse historique et biologique.

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    Dans les prés salés, les vaches apprécient le goût iodé de l'herbe.



    Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, le marquis de Civrac, seigneur local, fit mener d'importants travaux d'endiguement et transformer les prés salés en marais salants. Constamment attaquées par les tempêtes et les fortes marées, les digues sont étroitement surveillées. Leur entretien minutieux permet de protéger les terres et favorise l'accès au Sentier du Littoral.

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    Une mosaïque de prairies humides, naturellement salées. Un camaïeu de vert, d'argent et de bleu qui nous attire vers des contrées oniriques...

    Historique des lieux

    A l'époque médiévale, un tertre artificiel fut érigé sur le domaine de Certes afin de surveiller « la circulation maritime du bassin d'Arcachon ».

    A partir de 1768, dans un paysage de prés salés, de marais côtiers et de végétation herbacée, la saliculture se développa, grâce à François Emery de Durfort, marquis de Civrac, seigneur de Lamothe, de Certes, de Comprian et baron d'Audenge. Les seigneurs locaux arboraient également un titre princier, celui de « Captal de Certes ».

    Dispensé par le roi de payer l'impôt sur le sel, le marquis fit dresser de puissantes digues autour de l'île de Branne, située à proximité, et créer des marais salants, entre 1768 et 1773,  le long du domaine de Certes. Mais quand son privilège d'exonération de redevance sur le sel fut aboli, suite aux récriminations des producteurs de sel charentais, les ennuis s'accumulèrent. Il termina sa vie ruiné par les travaux pharaoniques qu'il avait engagés et par son train de vie dispendieux à la Cour, car il résidait le plus souvent au château de Versailles et dans son hôtel parisien.

    Les salines tombèrent peu à peu en désuétude, au profit des prés salés originaux, mais les modifications humaines se poursuivirent.

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    Les écluses croisées sur le bord du chemin en témoignent. Elles sont plus que jamais les gardiennes du niveau des eaux en fonction des marées et des variations de la météorologie. Il en existe 31, réparties sur la totalité du Domaine.


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    A partir de 1843, Ernest Valeton de Boissière (1811-1894), le fils de François Valeton Boissière, un négociant en vin du Quai des Chartrons, à Bordeaux, influa sur le destin de Certes. Il fit planter des pins et creuser des bassins pour la pisciculture.

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    Diplômé en 1830 de l'École Polytechnique, ce personnage atypique devint ingénieur géographe dans l'armée avant de quitter celle-ci vers 1832.

    En 1818, son père avait acquis une importante partie du Domaine de Certes auprès d'un certain Guillaume Darles, pharmacien bordelais. En 1837, il acheta de nouveaux terrains au parisien Augustin Walbreck.

    Dès 1843, Ernest de Boissière entreprit la transformation progressive des anciennes salines en réservoirs à poissons. Cette politique de grands travaux exprimait une vision humaniste de la société, fondée sur les théories de Charles Fourier.

    Charles Fourier (1772-1937) envisageait une société composée de phalanstères, des bâtiments communautaires habités par des personnes qui décidaient de s'unir librement. Dans cette nouvelle société utopique, devaient fleurir les fermes, les potagers, les vergers et les viviers à poissons. L'Homme et la Nature pouvaient ainsi vivre en harmonie, éloignés de la notion de profit égoïste.

    Grand philanthrope, Ernest de Boissière concrétisa ces théories en fondant des écoles mixtes. Il semblerait d'ailleurs que le premier collège mixte de France ait été celui d'Audenge, une commune attenante au domaine. Il traversa l'Atlantique quelques années plus tard, en des temps troublés, pour créer une communauté idéale à Silkville, au Kansas.

    Le château de Certes

    Un premier château fut érigé vers 1350, sur une motte féodale, pendant la Guerre de Cent Ans. Il fut détruit en 1765.

    Entre 1766 et 1769, le marquis de Civrac fit édifier une demeure seigneuriale qui disparut en 1866. Ce « vieux château » se dressait sur une butte artificielle. Un moulin à eau était situé près de sa tour.

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    Carte datant de 1708.



    Ernest de Boissière fit raser cette construction et ériger à la place une élégante chartreuse, aux alentours de 1855. Il utilisa des matériaux issus des bâtiments démolis et notamment des modillons médiévaux.

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    Après sa mort, Camille Descas, le fils de Jean Descas, un célèbre négociant en vin de Bordeaux, fit moderniser la « maison Boissière » dans le style Second Empire. Il fit ériger des tourelles et un belvédère et agrémenter la demeure d'un décor « Art Nouveau », composé de faïences et de boiseries précieuses, mais le 14 novembre 2010, l'aile sud fut détruite par un incendie.

    Camille Descas et son frère Ferdinand favorisèrent l'essor de la pisciculture et de l'élevage dans les prés salés mais, après leur disparition, survint une période troublée au cours de laquelle le domaine partit en déliquescence.

    Le Conservatoire de l'Espace Littoral et des Rivages Lacustres (CELRL) acquit, à partir de 1984, cette mosaïque de zones humides pour assurer leur protection.

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    Le Domaine de Certes-Graveyron offre une harmonieuse variété d'oiseaux. Hérons, milans noirs, spatules blanches, aigrettes, cormorans, mouettes, goélands, bernaches, canards, oies cendrées, cygnes et bien d'autres évoluent dans ce paradis aquatique, survolant l'immensité des prés salés.

    Les poissons qui entrent dans les bassins, grâce aux fortes marées du Bassin d'Arcachon servent de nourriture aux plus gourmands, ce qui explique la présence de filets sur certains viviers.

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    Ce beau cygne a gentiment pris la pose au moment où nous passions.



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    L'énergie sauvage des marées et la volonté humaine ont modelé ce réseau d'écluses et de canaux où se reflètent les humeurs du ciel.

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    Les « bosses » sont des levées de terre qui séparent les bassins. Les eaux peu profondes y favorisent le développement des algues et des plantes aquatiques et dessinent des méandres bleu saphir.

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    Au fil de notre marche, nous avons longé le joli port d'Audenge à marée basse. A l'extrémité du quai, se dresse la cabane bleue aux artistes où, de février à novembre, se déroulent des expositions. Les peintres, les sculpteurs et les écrivains y rencontrent le public dans un cadre qui se veut authentique.

     


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    La mélodie graphique des pontons, un monde fascinant de force et de fragilité...



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    Des écritures scintillantes qui se métamorphosent au rythme des marées...

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    Le lieu est propice à de nombreuses activités: canoë kayak, randonnée, ramassage de coquillages, visite des tonnes (les cabanes de chasseurs), découverte de l'ostréiculture, balades à vélo sur les pistes cyclables autorisées (à ce propos, il est nécessaire de se renseigner dans les Offices de Tourisme d'Audenge et de Lanton).

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    Les silhouettes tourmentées des cotonniers qui jalonnent le chemin.



    Le baccharis ou faux cotonnier d'Amérique est une espèce invasive, dont les branches et les troncs composent en hiver une étrange forêt. Au printemps, les fruits ressemblent à de grandes aigrettes cotonneuses, répandues par le vent. En été et en automne, ses fleurs mellifères, appréciées des abeilles, donnent un miel de caractère, vendu dans les épiceries locales et bio.

    Les Cotonniers de Bassalane est un roman de Michèle Perrein (1929-2010), paru en 1984 aux éditions Grasset. Ce livre, qui reçut le Prix Interallié la même année, relate la vie à la grande époque de la pisciculture.

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    Nous abordons à présent la « petite plage » qui fait les délices des baigneurs, à la bonne saison.

    Dans ce lieu, les cotonniers, les tamaris et les ronciers affrontent les colères du vent et servent de refuge à différents animaux.

     


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    Ce monde changeant offre une palette unique de formes et de couleurs, comme si le givre de la nuit avait griffé le ciel.

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    Je remercie mon amie Antoinette, son mari et sa maman de nous avoir guidés à travers ce paysage alchimique, né de la force du flux et du reflux, entre mer et marais...


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    Des espèces rares et menacées vivent dans ce milieu remarquable. Une prise de conscience de leur vulnérabilité est donc indispensable.

    La Cistude d'Europe (Emys orbicularis) est une petite tortue qui aime les eaux douces et saumâtres, âgée de deux millions d'années et en voie de disparition. Dotée d'une carapace sombre et un peu bombée, ornée de petits points jaunes, elle possède des pattes palmées, aux puissantes griffes, et une longue queue effilée. Elle arbore un plastron généralement jaune ou noir.

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    Elle ressemble à un beau galet brillant.

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    Elle aime les marais, les étangs, les lacs, les canaux et les tourbières. Elle se nourrit de végétaux (elle raffole des carottes) mais elle est aussi carnivore et nécrophage. Elle savoure des poissons, des crustacés, des amphibiens et des petits animaux morts.

    Dans les haies, les roselières et les prairies humides, vivent aussi le vison d'Europe, nocturne et discret, la loutre joueuse, la genette farouche et la belette, agile, vorace et gourmande, sans oublier les ragondins, les musaraignes et les facétieux lapins sauvages.

    Le lézard vert aime profiter de la chaleur sur le bord des chemins. Pendant la période nuptiale, la gorge des mâles se pare d'une somptueuse couleur turquoise.

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    Les rainettes arboricoles se lovent dans les ronciers et les arbustes des haies: prunelliers, aubépines, églantiers...

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    Les chauve-souris, les papillons (paon de nuit) et les insectes (capricornes, lucanes cerf-volant...) abondent dans le domaine. Des « chasses au drap », organisées périodiquement par la Société Linnéenne de Bordeaux permettent de découvrir ces fascinantes créatures nocturnes.

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    La flore locale est aussi luxuriante que la faune. Roseaux, ajoncs, salicornes, fraisiers, violettes et arums sauvages, jacinthe des bois, lavande de mer, pissenlits et boutons d'or composent une symphonie colorée et parfumée qui répond, à la saison propice, aux senteurs enivrantes des aubépines et des acacias en fleur.

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    La beauté des eaux saumâtres dont la gestion des niveaux doit être effectuée avec beaucoup de minutie.

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    Le clocher de l'église d'Audenge, comme un phare dans le paysage...


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    Une vie luxuriante palpite dans les eaux mêlées.


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    Dans ce territoire, nous évoluons constamment à la lisière du conte et de la réalité. Quand les formes se troublent, quand le jour et la nuit s'interpénètrent, nos sens aiguisés s'enivrent du chant de l'eau et de la respiration de l'air.

    Si vous en avez un jour l'occasion, je ne peux que vous inviter à découvrir ces merveilles, dans le plus grand respect de ce fragile écosystème, en évolution permanente, dont la préservation est une absolue priorité.


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    Bibliographie

    C. BOUSQUET-BRESSOLIER, F. BOUSCAU et M.-J. PAJOT: Les aménagements du Bassin d'Arcachon au XVIIIe siècle. Mémoire du laboratoire de géomorphologie de l'École Pratique des Hautes Études, n°43. Dinard éditions, 1990, 224 p.

    M. HOUDART: Entre terre et mer, les 250 ans du littoral. IFREMER, mai 2003.

    F. VERGER: Marais et estuaires du littoral français. Paris: Belin éditions. 333p.


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