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Par maplumefee le 31 Octobre 2011 à 00:42
J'ai toujours aimé la nuit, territoire des peurs et des merveilles...
Petite, je me lovais dans le noir. J'espérais, le cœur battant, surprendre mes jouets animés ou débusquer de mystérieuses créatures. Désormais, je célèbre Halloween, avatar moderne de la sombre et flamboyante Samain.
Du fond des âges, les terreurs « anciennes » jaillissent dès que la nuit s'approfondit. On redoute ce qui est sauvage. Dans ce contexte, Halloween est comme un miroir où se reflètent les cauchemars qui nous hantent.
Les coutumes fantasques, les charmes de sorcières, le fameux « trick or treat » (« tu payes ou tu as un sort! » ou « un bonbon ou un sort! ») sont un hymne à notre ambivalence, à cette frontière entre lumière et obscurité que nous transgressons périodiquement.
« Carnaval de l'Enfer » que certains voudraient proscrire, Halloween a dévoré les spectres de Samain. Par le biais du déguisement, ceux qui la fêtent se heurtent à leurs frayeurs intimes et à celles de la collectivité.
La Samain des Celtes marquait le début de l'année nouvelle autour d'un roi désigné pour régénérer les forces de son clan. Ses sujets, masqués, rendaient un culte aux ancêtres et allumaient de grands feux pour repousser les puissances de l'obscurité.
(Illustration ancienne, collection de Gabriella Oldham. Carte éditée en 1988 par Dover Publications.)
La croyance dans les esprits a résisté au rationalisme et aux dogmes des religions. Gorgée de sève païenne, Halloween est une nuit « hors du temps » où le voile qui sépare les mondes s'affine et tombe, révélant son cortège de hantises et de fascinations.
En habits de feu dans les ténèbres, elle ravive ce qu'on appelait autrefois les récits de veillée. La magie des contes s'incarne alors dans les travestissements et les émotions débridées.
(Illustration de Frances Brundage, collection de Gabriella Oldham. Carte éditée en 1988 par Dover Publications.)
Le soir du 31 octobre, cette fête baroque et populaire est célébrée dans le monde anglo-saxon mais en dépit de certaines réticences, elle séduit dans de nombreux pays. Le folklore d'Halloween émigra aux Etats-Unis avec les Irlandais, chassés par la grande famine des années 1846/1848, les Ecossais et les Gallois. Quelques décennies plus tard, Halloween fut proclamée fête nationale.
Notre Toussaint est un univers étrange où se mêlent de très lointaines traditions. L'hommage aux défunts rencontre le culte des esprits qui a survécu à travers les métamorphoses, les histoires d'horreur et les chandelles frissonnantes.
(Carte de la Mort extraite du Tarot d'Aleister Crowley (1875-1947) ou Livre de Thot. Les illustrations furent réalisées, dans un style surréaliste, par Lady Frieda Harris (1877-1962), adepte de la Confrérie de l'Astre d'Argent.)
(Illustratrice Ellen H. Clapsaddle, collection de Gabriella Oldham. Carte éditée en 1988 par Dover Publications.)
Avec leurs chapeaux pointus et leurs balais, les sorcières sont les principales figures de cette période fascinante. Honni ou galvaudé, leur savoir a traversé les époques et continue de susciter des « vocations ».
(A Jolly Hallowe'en, illustration venant de la collection de Gabriella Oldham. Carte éditée en 1988 par Dover Publications.)
Sorcière d'encre (par Antoinette Dao, artiste plasticienne).
Transformées en lanternes fantastiques, les citrouilles et les courges évoquent le passage entre ténèbres et clarté. Jadis offertes aux divinités, elles sont creusées, ciselées, dégustées, transfigurées par des bougies que l'on place à l'intérieur. Jack O'Lantern est un personnage emblématique de ce folklore ambivalent.
(Ho! For a Merry Hallowe'en, illustration venant de la collection de Gabriella Oldham. Carte éditée en 1988 par Dover Publications.)
Les pommes et les noix sont considérées comme sacrées. On les place sur les tombes en guise d'offrandes, aux points cardinaux, au pied des arbres, à la croisée de plusieurs chemins.
Les fantômes glissent le long des rues, attirés par les lumières des maisons et la chaleur des vivants. A l'orée du sommeil, on peut apercevoir leurs formes évanescentes.
(A Thrilling Hallowe'en, illustration venant de la collection de Gabriella Oldham. Carte éditée en 1988 par Dover Publications.)
Emportés par le flot de « All Hallow's Eve ou Even », la « veille de tous les saints », levons nos verres à ces « amis invisibles » qui voyagent près de nous. Allumons des bougies devant les fenêtres pour marquer la route des vieilles âmes puis revêtons l'apparence de ce qui nous terrorise et chevauchons, à bride abattue, vers des contrées de sombre féerie...
Joyeux Halloween!
(A Merry Hallowe'en, illustration venant de la collection de Gabriella Oldham. Carte éditée en 1988 par Dover Publications.)
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