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    En ce 15 avril, je souffle avec bonheur et gourmandise mes quarante-trois bougies et je souhaite un Joyeux Anniversaire à mes ami(e)s béliers. (Merci à mon amie Vanessa pour cette ravissante carte et merci à « vous » qui m'avez envoyé tant de signes d'affection, de messages et de jolis présents.)

     

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    En ce jour spécial, j'ai envie de vous parler du Bélier, cet impulsif au grand coeur, un peu, beaucoup, passionnément rebelle et de laisser caracoler ma plume sur la page...

     

    Depuis l'enfance, je m'intéresse à l'Ésotérisme, à l'Occultisme, à l'Astrologie. Mes pensées sont posées sur le rebord de la fenêtre, toujours prêtes à s'envoler vers des mondes mystérieux. Je plonge avec délices dans les vieux grimoires et les forêts d'encyclopédies. Je me régale du contact avec le papier, l'odeur de l'encre et les reliures fanées par le temps.

     

    Je suis à la fois universitaire et autodidacte. Cette dualité aimée nourrit mes réalités alternatives et me permet de mieux supporter les contraintes d'une pathologie très douloureuse, aux allures de monstre dévorant. Alors quand je souffle chaque année mes bougies d'anniversaire, c'est un pas de plus qui me réjouit.

     

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    Emblème de force et de croissance solaire, le Bélier est un signe Cardinal. La particularité des signes Cardinaux (Bélier, Cancer, Balance, Capricorne) est de présider au début d’une saison et de marquer les solstices et les équinoxes. Le Bélier correspond à l’équinoxe de printemps. La Balance, opposé astrologique du Bélier, est associée à l’équinoxe d’automne. Le Cancer préside au retour du solstice d’été et le Capricorne, à celui du solstice d’hiver.

     

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    L'Homme anatomique, enluminure issue des Très Riches Heures du Duc de Berry, XVe siècle.

     

    Le Zodiaque se divise en signes Cardinaux, signes Fixes et signes Mutables.

     

    Les signes Cardinaux correspondent aux quatre saisons, aux éléments, aux points cardinaux et aux Vertus Cardinales (voir à ce propos mon article sur la Fontaine Saint-Michel).

     

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    Le Bélier (Force) s'éveille pour donner l'impulsion et faire jaillir les premières chaleurs du printemps. Gouverné par la planète Mars, il est le plus cardinal des signes Cardinaux.

     

    Le Cancer (Tempérance) marque l'influence croissante de l'eau, le pouvoir de la sève et du solstice d’été. La Balance (Justice) correspond à l'intensité croissante de l'air qui se manifeste à l'équinoxe d’automne. Le Capricorne (Prudence) représente le pouvoir secret de la terre, plongée dans un sommeil purificateur et fertile, à la période du solstice d’hiver.

     

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    Zodiaque du Livre des propriétés des choses, de Barthélémy l'Anglais (frère franciscain et encyclopédiste du XIIIe siècle), édition du XVe siècle.

     

    Les quatre signes Fixes (signes qui se situent au milieu d'une saison) sont le Taureau (milieu du printemps), le Lion (milieu de l'été), le Scorpion (milieu de l'automne) et le Verseau (milieu de l'hiver).

     

    Les quatre signes Mutables (signes venant conclure chaque saison) sont les Gémeaux (fin du printemps), la Vierge (fin de l'été), le Sagittaire (fin de l'automne) et les Poissons (fin de l'hiver).

     

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    Vitrail de la rose ouest de Notre-Dame de Paris (1220).

     

    Le Bélier se distingue, dans la ronde zodiacale, par son désir d'aventure, aussi bien réel que chimérique. Il est réputé tracer sa route et exprimer sans fléchir son caractère idéaliste et épicurien qui trouve un écho dans le signe de la Balance, son opposé astrologique.

     

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    Illustration de Joséphine Wall.

     

    Quand je parle « d'opposé », je ne parle pas de guerre entre les signes mais de position sur la roue zodiacale. Je suis Bélier ascendant Balance, avec la lune en Scorpion et j'ai des amis de chaque signe.

     

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    Illustration de Joséphine Wall.

     

    Fougueux, impétueux, passionné, émotif, hardi, gourmand, voluptueux mais aussi colérique et rebelle à l'ordre établi, un brin ou intensément provocateur même quand il n'en a pas l'air, le Bélier est appelé « le souffleur d'étincelle ».

     

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    Gravure de Sidney Hall (1788-1831) issue de l'ouvrage A Familiar Treatise on Astronomy, (Londres, 1825). Nous apercevons la Mouche Boréale, petite constellation formée de trois étoiles, aujourd'hui détachée de celle du Bélier.

     

    Signe des meneurs et des guerriers, initiateur né capable de régénérer ses forces rapidement, le Bélier a le sang vif. Il est aussi considéré comme enfantin. Les méchantes langues disent que sa conscience précède la conscience et qu'il agit forcément sans réfléchir. Ce n'est pas faux (rires) mais son énergie débordante et sa capacité d'action, même dans les situations les plus sombres, sont l'émanation de sa nature profonde, celle qui donne l'impulsion et fait bouger les rouages... Quant à la réflexion, elle est très intense, à des moments choisis, dans la tête d'un Bélier!

     

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    Portrait de femme coiffée de cornes de bélier dit la Bacchante, par Jean-Léon Gérôme (1824-1904).

     

    Les correspondances physiologiques du Bélier sont le crâne, les dents, la mâchoire, le cerveau, le visage et les yeux.

     

    La couleur du Bélier est le rouge (ma couleur préférée) et les pierres du Bélier sont le jaspe rouge, le rubis, la cornaline, l'hématite et dans une certaine mesure le quartz rose et l'améthyste. D'autres pierres, en fonction des ouvrages, lui sont associées.

     

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    Liber Astrologicae, 2e quart du XIIIe siècle.

     

    Le Bélier est celui qui marque le commencement du Zodiaque. Dans la mythologie grecque, un bélier à la toison d'or nommé Chrysomallos transporte un jeune garçon et sa soeur, Phrixos et Hellé, menacés par la jalousie de leur belle-mère, vers le royaume de Colchide.

     

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    Pendant le voyage, Hellé glisse et tombe dans la mer. Phrixos tente de lui venir en aide mais la jeune fille est aspirée par les flots. Le lieu de sa chute sera baptisé Hellespont. Dès qu'il parvient à destination, Phrixos sacrifie le bélier pour offrir sa toison à Aétès, le roi de Colchide. La toison est alors suspendue à un chêne sacré et gardée par un dragon.

     

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     Le héros Jason, chef des Argonautes, finit par la dérober au terme de rudes épreuves, grâce à la magicienne Médée. Ce cratère, daté du IVe siècle av. J.-C., décrit la présentation de la toison au roi Pélias de Thessalie. (Photo: Marie-Lan Nguyen, 2006.)

     

    Pour la petite histoire, mon mémoire de Maîtrise en Lettres Modernes et en Histoire de l'Art concernait l'étude du théâtre à machines (ancêtre des effets spéciaux) au XVIIe siècle et plus particulièrement la Conquête de la Toison d'Or de Pierre Corneille, pièce baroque à la mise en scène féerique, peuplée de divinités à l'esprit retors et fondée sur des changements de décors dignes d'un film à gros budget.

     

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    Gravure issue du De magnis conjunctionibus, (Des grandes conjonctions, 861-866, ouvrage d'astrologie judiciaire), édition de 1489. (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b260.)

     

    Habité par la puissance de ses instincts, le bélier symbolise la force génésique qui préside à la renaissance du cycle vital. Représentation cosmique de la puissance animale du feu, entité créatrice et destructrice, rebelle et chaotique, dévorante et généreuse, il est fait de fulgurance, d'énergie indomptable et de souffle embrasé. Sa nature est bouillonnante, volcanique, convulsive. Il est l'émanation du feu originel et, pour de nombreux peuples, un être fondateur. Plusieurs dieux ont un bélier pour attribut.

     

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    Bélier marin gardant la fontaine de Mars et Hygie, dans le 7e arrondissement de Paris.

     

    Le dieu mésopotamien Enki (Ea) était représenté par un bélier à queue de poisson, maître des eaux fraîches et de la connaissance, protecteur de la fécondité et gardien du passage entre l'hiver et le printemps.

     

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     Dans l'ancienne Égypte, le dieu Khnoum, maître de l'eau fraîche, arborait une tête de bélier. (Photo: culture.gouv.fr. Khnoum, entre 1200 et 1100 avant J.-C.).

     

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    Khnoum est celui qui crée, avec le limon du Nil, l'enfant à naître et son double (kâ). Pendant ce temps, la déesse grenouille Heqet ou la déesse Hathor aux cornes de vache, insuffle la vie dans le corps de l'être figurine, avec l'ânkh ou croix ansée. Khnoum façonne Dieux et Hommes sur son tour de potier. Il donne forme aux enfants et les place dans le sein de leur mère.

     

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    Le bélier Khnoum, Basse Époque, Musée du Louvre.

     

    Honoré en divers lieux de Haute-Égypte, Khnoum veille sur les sources du Nil, avec les déesses Anouket et Satet, et porte le titre de « Seigneur de la Cataracte ». Le bélier, son animal « magique », faisait l'objet d'attentions particulières tout au long de sa vie. Il était ensuite momifié. L'île d'Éléphantine, son sanctuaire principal, abrite une nécropole de béliers sacrés dont les sarcophages en bois sont décorés à la feuille d'or.

     

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    Statuette de Khnoum en pierre, Basse Époque (664-332 avant J.-C.), musée du Louvre (Crédit Photographique C. Décamps).

     

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     L'allée des Béliers à Karnak, consacrés à Amon-Rê, le Soleil créateur et guérisseur, protecteur des vivants et dieu guerrier qui apparaît doté d'une tête de bélier ou sous la forme d'un bélier aux cornes recourbées symbolisant son énergie fécondante.

     

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    Amon/Ammon a donné son nom aux ammonites, mystérieux animaux marins fossiles de la classe des mollusques céphalopodes. Considérées comme sacrées, les ammonites ou cornes d'Ammon (les peuples anciens croyaient qu'un serpent s'était enroulé autour d'une pierre et s'était fossilisé) étaient réputées susciter des visions prophétiques, guérir la fièvre et repousser les maléfices et les animaux venimeux. La Corne d'Ammon est aussi l'autre nom de l'hippocampe, une structure du cerveau qui joue un rôle central dans la mémoire et la navigation dans l'espace. (Photo Masur)

     

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    Des ammonites aux formes variées, par Ernst Haeckel (1834-1919), naturaliste allemand, 1904.

     

    A l'instar de la corne de bélier, l'ammonite est mouvement, onde et spirale. Elle symbolise l'élan vers la vie et la transmission des secrets enfouis. La corne spiralée, emblème solaire de force, de fécondité et de régénération, était vénérée par différents peuples, sur différents continents. Elle évoque, à l'instar du sang et du feu, une alchimie de vie, de mort et de fécondité.

     

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     Nous retrouvons ces formes spiralées sur le chaudron de Gundestrup, objet sacré datant du 2e siècle avant J.-C. et exhumé en 1891 dans une tourbière du Jutland, au Danemark. Le dieu celte Cernunnos aux bois de cerf, maître des animaux de la forêt, y apparaît assis dans une posture yogique. Il brandit un torque de la main droite et un serpent à tête de bélier de la main gauche.

     

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    Familier du dieu des saisons, de la chasse et de la prospérité, le serpent hybride peut apparaître comme la représentation du mariage de l'Eau et du Feu, une émanation de l'énergie vitale et de la puissance indomptable de la nature.

     

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     Thor, le dieu nordique de l'orage, crée la foudre avec son marteau Mjöllnir afin de combattre les géants, incarnation des forces du chaos. Il se déplace dans un char tiré par deux boucs béliers: Tanngnjost (Dents Grinçantes) et Tanngrisnir, (Dents Étincelantes).

     

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    Bélier de la fontaine Louvois, dans le 2e arrondissement de Paris.

     

    Dans la Grèce antique, Hermès, le messager des dieux, guide des voyageurs sur les routes et conducteur des âmes des morts (Hermès Psychopompe) était parfois représenté comme un porteur de bélier (Kriophoros).

     

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    Hermès Criophore, copie romaine d'un original grec du Ve siècle avant J.-C. (Rome, musée Barracco.)

     

    Hermès Criophore et Apollon Karneios, dieu solaire aux cornes de bélier, ont présidé à des rites pastoraux qui répondaient à une volonté purificatrice.

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    Statère d'argent à l'effigie d'Apollon Karneios, Ve siècle avant J.-C.

     

    Dans les mythes grecs, Hermès détourna une épizootie en portant un bélier sur ses épaules et Apollon repoussa, grâce à ses cornes spiralées, les bêtes sauvages, les miasmes et les créatures malfaisantes. Ces croyances méditerranéennes sont à l'origine de la représentation du Christ Bon Pasteur, le Christ qui porte un bélier, un mouton ou un agneau sur ses épaules.

     

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    Le Bon Pasteur, marbre du Vème siècle. Musée du Vatican, Rome. (Cliché FCL)

     

    Le monde chrétien fit une lecture négative du symbole du bélier, en raison de son caractère martial, de sa vive sexualité et de ses relations avec le paganisme. L'Agneau de Dieu (Agnus Dei) devint alors une variante « purifiée » du bélier, offert en sacrifice pour le salut des pêcheurs. Ainsi, dans la Genèse (22, 13), le bélier est substitué à Isaac au moment du sacrifice d'Abraham.

     

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    Agnus Dei photographié dans l'église Saint Ignatius à Chestnut Hill (Massachusetts), par John Workman.

     

    Animal solaire, fécond, sacrificiel, le bélier est celui qui transporte les prières et les voeux. Dans la Chine ancienne, il symbolisait, à l'instar de la licorne, la monture des Immortels et il apparut, en Inde, comme un véhicule magique pour certaines divinités.

     

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     Dans les Védas (textes hindouistes sacrés), il est associé à Agni, le dieu du feu aux deux visages. Il est aussi l'un des attributs d'Indra, le seigneur du ciel et la monture de Kuvera, divinité gardienne des plus grands trésors, ce qui rappelle le mythe de la Toison d’Or.

     

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    Pour les Yorubas, un peuple d'Afrique occidentale, le bélier est un animal royal au caractère fier, fiable et courageux. Il est aussi le symbole du dieu du tonnerre Schango, le porteur de hache. Le tonnerre est considéré comme le cri de l'animal, émanation de sa puissance fécondante et guerrière.

     

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     Ce pendentif en bronze, en forme de tête de bélier, décorait une robe cérémonielle de tissu rouge portée par l'Orufanran, chef militaire du royaume Yoruba. (Cote cliché: 98-007195. N° d’inventaire:73.1997.4.141. Crédit photographique:Jean-Gilles Berizzi. Paris, musée du quai Branly.)

     

    Plusieurs peuples d'Afrique vénèrent le Bélier Céleste, divinité agraire qui règne sur la fécondité. Ils le représentent juché au-dessus d'un épi de maïs, l'extrémité de sa queue se métamorphosant en une tête de serpent. Les Dogons croient que le Bélier Céleste porte une Calebasse, la matrice du soleil, entre ses cornes testicules et qu'il apporte les orages en se déplaçant au firmament. Il dispose d'un phallus dressé sur son front qui lui permet de féconder la calebasse et quand il urine, la terre des Hommes se gorge de pluie bienfaisante. Sa toison est faite de feuilles vertes ou de cuivre rouge.

     

    Après ce voyage à travers la symbolique du bélier et les légendes qui lui sont associées, je ne résiste pas au plaisir de vous montrer cet amour insolite né, fin 2011, entre un bélier et une biche au parc animalier de Kunming, dans la province du Yunnan, en Chine.

     

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     Changmao, le bélier blanc à « Longue Toison » et Chunzi, « la Pure » éprouvent une affection qui intrigue les gardiens et les spécialistes en comportement animalier. Ils s'accouplent plusieurs fois par jour, se câlinent et refusent de se quitter. Ils ont même été officiellement « mariés », le 14 février 2012.

     

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    Bélier gardien de l'hôtel de Sandreville dans le quartier du Marais.

     

    Animal mythique, le bélier a donné son nom à la machine de guerre qui permettait d'enfoncer les portes et les murs des villes et des monuments assiégés. Il est celui qui pénètre, de manière ambivalente, pour détruire et féconder car après le temps du chaos vient toujours le temps de la reconstruction et de la reverdie. Les vieux mondes s'écroulent et d'autres mondes voient le jour mais la mémoire de « ce qui fut » ne saurait disparaître.

     

    Ainsi, si sa constellation brille de manière assez discrète dans le ciel nocturne, c'est parce que la mythique Toison d'Or a retrouvé sa place au sommet du chêne sacré, dans le mystérieux royaume de Colchide, et qu'un dragon sommeille tout autour de l'arbre, comme le prétendent les traditions hermétiques...

     

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    Magnifique vase des Tuileries.

     

    Sur ces bonnes paroles, avec mes cornes vrombissantes (rires!) je vais déguster, en charmante compagnie, mon gâteau d'anniversaire et, à défaut de pouvoir partager une succulente part avec vous (ce que j'aurais bien aimé faire), je vous adresse mes amicales et facétieuses pensées!

     

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    Plume

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    72 commentaires
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    Le Premier Avril (édition revue et augmentée)

     

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    Plaisanteries, boutades et rencontres espiègles se multiplient, en ce jour qui lâche la bride aux esprits facétieux. Les poissons d'avril, les gourmandises et les déclarations d'amour sont à l'honneur.

     

    Des poissons chargés d'histoire...

     

    Émanation de traditions printanières et de très anciens rites de fertilité, le poisson nous séduit par sa riche symbolique et la délicieuse iconographie qui lui est associée. Il s'inscrit, tel un initiateur, au coeur des festivités qui marquent le renouvellement des forces vives de l'année.

     

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    Jusqu'au XVIe siècle, le début de l'année variait suivant les diocèses. A Lyon, l'année commençait le jour de Noël; à Vienne, c'était le 25 mars. Dans certaines régions, le jour de Pâques ouvrait les portes du calendrier et dans d'autres provinces, c'était le premier avril.

     

    Le roi Charles IX (1550-1574) décida de résoudre cette « complication » en fixant au premier janvier, dans l'ensemble de la France, le début de l'année civile. Le 9 août 1564, le tout jeune souverain signa, en présence de sa mère, la régente Catherine de Médicis, l'édit de Roussillon qui n'entra en vigueur qu'en 1567.

     

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    Portrait de Charles IX, 1561, par François Clouet (1505/15-1572).

     

    « Oyez braves gens, le premier janvier marque une fois pour toutes le début de l’année. »

     

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    En 1582, la mesure fut étendue à l'ensemble du monde catholique grâce à l'adoption du calendrier grégorien.

     

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    La tradition du poisson d'avril semble tirer ses origines du fameux édit de Roussillon, car, en souvenir des anciennes célébrations du premier avril, les gens continuèrent d'échanger des cadeaux, de préférence teintés de burlesque.

     

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    Mais un ouvrage comme le Dictionnaire de Trévoux (1704-1771), synthèse jésuite des dictionnaires français du XVIIe siècle, proposa une autre origine au poisson fatidique. Le Christ aurait été contraint, lors de son jugement, de se rendre d'un tribunal à un autre, sous une profusion de railleries. On aurait donc pris l'habitude de faire courir et de renvoyer, d’un endroit à un autre, le premier avril, les personnes dont on voulait se moquer.

     

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    De nos jours, les plaisantins accrochent un poisson en papier dans le dos de leurs victimes. Quand la farce est découverte, ils s'écrient « Poisson d'avril »!

     

    Entre amis, entre collègues et dans le cadre familial, les esprits taquins rivalisent de créativité et certains canulars, de plus ou moins grande ampleur, sont organisés dans les médias.

     

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    Les poissons d'avril dans le monde

     

    Depuis l'an 2000, le premier avril est aussi la Journée Internationale des Livres Comestibles. Cette célébration, conçue par Judith Hoffberg et Béatrice Coron, invite les bibliophiles à réaliser des gourmandises en forme de livre. Les amateurs photographient leurs créations et les publient sur le site du Edible Book Day.

     

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    Au Brésil, le premier avril est appelé « Jour du Mensonge ». Les enfants créent des poissons colorés avec du tissu et du papier et les adultes rivalisent d'ingéniosité pour élaborer le plus « gros » mensonge.

     

    Au Mexique, la coutume consiste à dérober provisoirement un objet appartenant à un ami. La « victime » recevra des friandises et un message lui révélant qu'il s'est fait piéger.

     

    Aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni, le jour des fous d'avril, April Fool's Day, ou All Fool's Day (Jour de tous les fous) apparaît comme une sorte de réminiscence de la Fête des Fous médiévale mais dans une version plus édulcorée.

     

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    (Charivari du Roman de Fauvel, miniature du XIVe siècle.)

     

    En Écosse, les farceurs oeuvrent jusqu'au 3 avril alors qu'en Espagne et en Amérique Latine, les traditions ludiques du premier avril se déroulent le 28 décembre, Jour des Saints-Innocents. En ce jour qui mêle le souvenir du massacre des enfants de Bethléem âgés de moins de deux ans par le roi Hérode et les festivités associées à l'antique Fête des Fous, les enfants accrochent un petit personnage en papier dans le dos des personnes qu'ils ont choisi de chahuter.

     

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    Dans de nombreux pays, le premier avril est l'occasion de rire, de manière plutôt débonnaire, aux dépens des personnes que l'on apprécie.

     

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    Les beautés d'avril

     

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    Enluminure du mois d'avril issue du manuscrit des Très Riches Heures du duc de Berry, XVe siècle.

     

    Le mois d'avril est une passerelle enchantée entre les deux parties de l'année. La saison sombre s'est éloignée. L'équinoxe de printemps a réveillé le pouvoir des fleurs. Les bourgeons, gorgés de force, cèdent la place aux couleurs les plus vives. La sève pulse sous l'écorce des arbres fruitiers et les animaux se départissent de leur pelage hivernal.

     

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    La Nature est en liesse même si avril est un mois capricieux, propice aux giboulées. Cette inconstance météorologique a donné lieu à de nombreux dictons et proverbes:

     

    « Fleurs d'Avril

    Ne tiennent qu'à un fil ».

     

    « Quand Avril en fureur se met

    Pas de pire mois dans l'année! »

     

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    « Il n'est si gentil mois d'avril

    Qui n'ait son chapeau de grésil. ».

     

    « La lune d'avril nouvel ne passe pas sans gel. »

     

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    « Avril entrant comme un agneau

    S'en retourne comme un taureau. »

     

    « Quand Mars se déguise en été

    Avril met ses habits fourrés. »

     

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    « Avril le doux, quand il se fâche, est le pire de tous! »

     

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    « Caprices d'Avril font tomber les fleurs et trembler les laboureurs. »

     

    Mais heureusement, rien n'arrête la reverdie... Les beautés parées de lumière affrontent, depuis la nuit des temps, les tempêtes et les fantômes de l'hiver qui parfois les bousculent avec leurs doigts givrés.

     

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    Sur la roue zodiacale, dansent, à cette période transitoire, des êtres magiques: le poisson, emblème lunaire et matriciel et le bélier, animal solaire, gorgé de force et de virilité.

     

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    Le poisson d'avril, messager de l'amour et du Printemps

     

    Si les canulars associés au premier avril sont toujours bien vivants, l'image du poisson était autrefois utilisée pour exprimer son ardeur amoureuse. Aux alentours de 1900, les cartes illustrées de poissons étaient très répandues. Le messager des forces printanières était accompagné d'angelots, d'enfants, de belles jeunes femmes ou de couples amoureux. Des vers romantiques et facétieux complétaient l'ensemble.

     

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    Ces cartes s'inscrivent dans la lignée de celles de la Saint-Valentin et du Premier Mai. Les amoureux y déclarent leur flamme avec espièglerie et sensibilité.

     

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    La vogue des cartes illustrées était l'occasion de célébrer, avec poésie, humour et tendresse, le cycle des saisons et le renouveau printanier.

     

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    Cette iconographie au charme suranné est truffée de symboles d'amour et de chance. Le fer à cheval est considéré depuis fort longtemps comme un porte-bonheur, indissociable des rituels amoureux. Des rubans roses ou rouges étaient glissés dans les trous de l'objet avant d'être offerts à la personne désirée. Si le contexte était favorable, ils pouvaient être dissimulés sous son matelas ou son oreiller.

     

    Les jeunes hommes frottaient des petits fers à cheval sur la lettre destinée à l'élue de leur coeur.

     

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    Protecteur du foyer contre les tempêtes et les forces malveillantes, le fer à cheval était placé, les pointes vers le haut, au-dessus des portes ou des cheminées. Réputé attirer l'amour et la prospérité, il était posé, les nuits de pleine lune, sur le rebord des fenêtres. Il accompagnait aussi les pêcheurs dans leurs activités.

     

    Depuis la plus lointaine antiquité, les roses symbolisent l'amour. Leur douce couleur rose-thé s'harmonise avec les nageoires et la queue des poissons.

     

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    Incarnation des forces printanières, le poisson d'avril met à l'honneur une magie populaire qui offre au monde de l'enfance une place privilégiée.

     

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    Le poisson peut être assimilé à la légendaire cigogne, bonne fée qui apporte les nourrissons dans les foyers.

     

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    Les cartes du premier avril étaient aussi agrémentées de messages d'amitié.

     

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    On vendait, dans les boutiques en vogue à la Belle Époque, des poissons en sucre, en chocolat et de jolies boîtes colorées en forme de poisson, remplies de gourmandises. Cette tradition a survécu à travers la « friture » de Pâques, florilège de chocolats en forme de créatures aquatiques.

     

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    Au cours des repas, on plaçait sur la table des petits objets imitant la nourriture afin d'amuser les convives et des boîtes miniatures en forme de poisson pour y loger quelque chose de précieux.

     

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     Belle enseigne pisciforme photographiée dans le quartier du Gros-Caillou. (7e arrondissement de Paris).

     

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    La symbolique du poisson

     

    Le poisson fraye et se love dans les eaux matricielles, les mondes mystérieux et les profondeurs de l'inconscient. Dans les religions anciennes, il était porteur d'un symbolisme lié à l'amour et à la fécondité.

     

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    Des poissons aux couleurs chatoyantes peuplaient les bassins des temples, les fontaines et les étangs sacrés.

     

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    Guillaume Rondelet (1507-1566), L'histoire ancienne des poissons, 1558.

     

    Des déesses mères à queue de poisson étaient célébrées au Proche-Orient, à l'instar de la déesse lunaire syrienne Atargatis, représentée avec une queue de sirène.

     

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    The Mermaid, par le peintre préraphaélite John William Waterhouse (1849-1917).

     

    Les premières sirènes ressemblaient à des Harpies. Leurs ailes d'oiseaux claquaient dans le vent comme les voiles des bateaux. D'après la légende, battues par les Muses dans un concours de chant, elles perdirent leurs plumes, utilisées pour tresser des couronnes.

     

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    Ulysse et les Sirènes, 1891, par J.W. Waterhouse.

     

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    Ulysse et les sirènes, par le peintre victorien Herbert James Draper (1863-1920).

     

    Le milieu marin a toujours suscité la fascination et l'effroi. Des auteurs comme Pline l'Ancien (23-79 après J.-C.) le qualifient de « mère des monstres » mais l'eau, si mortifère soit-elle, est habitée par des forces magiques et régénératrices.

     

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    The Land Baby, par le peintre préraphaélite John Collier (1850-1934).

     

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    Poisson volant, par le peintre victorien Herbert James Draper (1863-1920).

     

    Dans la Grèce ancienne, le poisson était consacré à Aphrodite, la déesse de l'amour et de la beauté, née de l'écume de la mer.

     

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    La naissance de Vénus, vers 1485, par Sandro Botticelli (1445-1510).

     

    Dans la Rome antique, le premier avril, les femmes vénéraient la déesse Vénus Verticordia et la Fortune virile. Le poète latin Ovide (43 avant J.C.- 18 après J.-C.) relate que la statue vénusienne, dépouillée de ses bijoux et de ses diverses parures, était baignée et parfumée. Les prêtresses la paraient ensuite de colliers d'or et de roses fraîches.

     

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    Vénus Verticordia, 1868, par Dante Gabriel Rossetti (1828-1882), artiste préraphaélite.

     

    Ce portrait, dont il existe quatre versions, représente Vénus Verticordia, «celle qui change les cœurs», une des nombreuses épiclèses de la déesse de l’Amour. (Une épiclèse est une épithète accolée au nom d'une divinité.)

     

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    Alexa Wilding, l'un des modèles favoris de Rossetti, prêta ses traits à la déesse, beauté victorienne flamboyante, auréolée de papillons d'or et jaillissant d'un buisson de pivoines et de roses. Elle tient une flèche dans la main droite et une pomme dans la main gauche, fruit de connaissance et de sensualité évoquant le péché originel mais aussi le jugement de Pâris. La flèche est l'attribut de Cupidon, le dieu qui insuffle le désir.

     

    Le premier avril, les femmes romaines se lavaient dans de l'eau vive, énonçaient des voeux de fécondité et portaient des couronnes de myrte vert, arbuste sacré de la déesse. Elles offraient de l'encens à la Fortune Virile, qui devait les aider à dissimuler aux hommes les petits défauts de leur anatomie. Dans les temples, elles savouraient un breuvage mystique, mélange de lait, de miel et de suc de pavot. D'après les anciennes croyances, Vénus avait absorbé cet élixir lors de ses noces avec Vulcain, le dieu du feu et de la forge.

     

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    (Allégorie aquatique, place de la Concorde.)

     

    Le poisson, avatar et compagnon des déesses antiques, devint, dès le début de la chrétienté, un symbole du Christ.

     

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    Signe secret de reconnaissance des premiers chrétiens, le nom grec du Christ, ikhtus, peut être considéré comme un acronyme des mots: Iesos Khristos Théos Huios Sotèr soit « Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur ».

     

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    Dans les traditions d'avril et de Pâques, il est question de résurrection des forces naturelles et de pêche miraculeuse.

     

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    Les pêcheurs, décor du pavement de la basilique d'Aquilée, en Italie.

     

    Sur les murs des Catacombes, les lampes à huile, les poteries et les sarcophages paléochrétiens, le poisson représente le sacrement de l'Eucharistie, communion suprême du Christ avec ses disciples. Il évoque le passage et le cheminement des âmes vers l'au-delà.

     

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    Le calice au poisson, dans la Maison aux Poissons, à Ostie (le port de Rome).

     

    Le poisson figure, à côté du pain et du vin, sur la table de la Cène. Les premiers Pères de l'Église qualifiaient les croyants de pisciculi: « petits poissons » et appelaient les fonts baptismaux piscina: « le vivier, l'étang aux poissons ».

     

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     Gardien des connaissances mystérieuses, guide spirituel, symbole de chance et de fécondité, le poisson est un initiateur, célébré dans toutes les civilisations, en orient comme en occident.

     

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     En Chine, le poisson (yü) signifie le bonheur et l'abondance. Les mouvements de sa queue et de ses nageoires dans l'eau sont assimilés au plaisir sexuel. (Image extraite de mon article sur la Pagode Loo.)

     

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     Au Japon, on le considère comme un emblème de courage, de force et d'endurance. (Estampe d'Hiroshige (1797-1858), Mulet gris et camélia.)

     

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     Il conduit aussi les âmes bienheureuses à travers les mondes aquatiques, vers les Îles Fortunées, et protège l'Oeuf de la Vie qui fait renaître le Printemps.

     

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    Au numéro un de la rue Montmartre, dans le premier arrondissement de Paris, on aperçoit ce poisson sculpté dans le mur de l'église Saint-Eustache (1532-1640). Il domine une porte basse qui conduit à une petite crypte, l'actuelle sacristie.

     

    Il provient d'une ancienne chapelle, construite en 1213 grâce à Jean Alais, maître des joueurs de mystères qui prêta au roi Philippe Auguste une somme d'argent conséquente et reçut l'autorisation de prélever un denier sur chaque panier de poisson vendu aux Halles. Il se remboursa si bien qu'il put faire édifier une chapelle à Sainte-Agnès, là où se dresse aujourd'hui le choeur de l'édifice. Ainsi, le poisson fut une nouvelle fois un vecteur de chance et de prospérité.

     

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    Enracinés dans l'imaginaire collectif, les poissons d'avril sont les messagers des forces de reverdie et les protecteurs des anciennes croyances. Ils confrontent ceux qui en sont les « victimes » à une sorte de rite de passage. Ils frayent dans les eaux magiques, à la croisée des fluides de mort et de vie, et nous invitent à laisser papillonner notre imagination.

     

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    Je souhaite qu'Avril vous soit particulièrement favorable. Merci pour vos messages, je pense bien à vous!

     

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    Plume

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    93 commentaires
  •  (Édition revue et augmentée)

     

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    A la croisée de l'automne et de l'hiver, aux portes de l'Avent, refleurissent les roses de Sainte-Catherine.

     

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    Leurs couleurs vives et douces, au charme suranné, propagent, avec le frisson des premières neiges, les voeux d'amour et les rituels de bonne fortune. Ouvrons, près d'une tasse de chocolat aux épices, le grand livre des traditions populaires.

     

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    Brillante et cultivée, Catherine naquit en 290 dans la famille du roi Costus d'Alexandrie dont elle était probablement la fille.

     

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    Lors d'une fête donnée par l'empereur Maximien, elle convertit au christianisme, après un débat philosophique particulièrement ardu, cinquante sages païens. L'empereur voulut l'épouser mais elle ignora sa demande et fut condamnée à subir le martyre.

     

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    En l'an 307, on l'attacha à une roue munie de pointes mais, sous l'intensité de ses prières, la roue se brisa et les sinistres pointes aveuglèrent les bourreaux. L'empereur, ivre de colère, ordonna sa décapitation. Après sa mort, du lait jaillit de son corps supplicié et des anges apparurent pour la porter au sommet du Mont Sinaï où un couvent fut érigé en son honneur.

     

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    Sainte-Catherine d'Alexandrie peinte par Le Caravage (1571-1610) en 1598.

     

    De nombreuses corporations sont placées sous son patronage, à commencer par les fabricants de roues et les métiers pour lesquels on utilise la roue (les meuniers, les charretiers...) Elle est aussi la protectrice des théologiens, des orateurs, des étudiants, des philosophes, des notaires, des tailleurs, des fileuses, des modistes, des nourrices et des jeunes filles en quête d'un mari, en des temps où le célibat n'avait pas bonne presse, surtout pour une femme.

     

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    Il ne faut pas confondre Catherine d'Alexandrie avec Catherine de Sienne. Fille d'un teinturier, cette dernière refusa le mariage et choisit de vivre son célibat au sein de l'ordre des dominicains. Ses adeptes portaient le nom de Caterinati.

     

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    Sainte-Catherine de Sienne sculptée par Francesco Messina (1900-1995), pour le château Saint-Ange à Rome. (Photo Lalupa.)

     

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    Catherine d'Alexandrie, dans une niche de l'église Saint-Martin de Croix-Caluyau, dans le Nord-Pas-de-Calais. (Image Fraternité de Cambrai.)

     

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    Catherine d'Alexandrie, peinte par Artemisia Gentileschi (1593-1653) en 1620.

     

    Dans l'Allemagne médiévale, les filles dont le père exerçait un métier utilisant la roue étaient baptisées « Katharina ». D'après une chanson populaire, « toutes les filles de meuniers s'appellent Catherine et sont de riches filles à marier ».

     

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    « L'Amour est, nous dit-on, un petit dieu malin

    Pour lui les bonnets sautent par-dessus les moulins. »

     

    Les jeunes filles en quête d'un mari se plaçaient naturellement sous l'obédience de Catherine d'Alexandrie mais le terme « catherinette », associé à une jeune fille célibataire, âgée de 25 ans, ne fut attesté qu'en 1882.

     

    A partir des années 1920, sous l'impulsion des couturières et des créatrices de mode, la Sainte-Catherine connut un regain de popularité. Pour les élèves des écoles de mode, elle fut l'occasion de déployer leur savoir-faire et de confectionner des chapeaux extravagants et des tenues coquettes.

     

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    Dans le Larousse de 1948, la catherinette désigne une couturière ou une modiste encore célibataire à l'âge de 25 ans. On disait qu’une jeune fille venue coiffer Sainte-Catherine « se mariait à l’aiguille. »

     

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    Le 25 novembre était férié dans les ateliers de couture.

     

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    Au croisement de la rue de Sévigné et de la rue Saint Antoine, dans le 4e arrondissement de Paris, une statue de Sainte-Catherine tient la palme du martyre et de la reverdie. Vraisemblablement sculptée en 1896, au moment de la construction de l'immeuble attenant, cette statue fait référence au thème de la « maison à l'image », si fréquent dans les rues de la capitale au Moyen-âge.

     

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    A l'angle de la rue de Cléry et de la rue Poissonnière, dans le 2e arrondissement, une autre Catherine, aux lignes modernes et épurées, arbore le même attribut.

     

    Plusieurs générations de catherinettes se sont succédées dans le Sentier, quartier parisien traditionnellement associé à la confection. Les petites mains des ateliers offraient à la sainte des couronnes de fleurs et chaque jeune fille devait la coiffer avec son chapeau. Elles utilisaient pour l'occasion la grande échelle des pompiers, ce qui provoquait des scènes joyeuses et cocasses. Un jury désignait ensuite le chapeau le plus réussi.

     

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    Le cortège de la Sainte-Catherine, rue de Cléry, le 25 novembre 1937. (La photo, conservée au Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, porte le numéro Ph.1940.64.1. Réf. 00006533.)

     

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    La tradition de « coiffer Sainte-Catherine » s'est perpétuée dans les grands magasins et dans certaines entreprises, de préférence liées à la mode et au commerce. La recherche d'un mari n'est désormais plus prioritaire mais les catherinettes continuent d'arborer d'extravagants chapeaux, confectionnés avec humour par leurs collègues.

     

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    Reines d'un jour, elles se rassemblent et participent à de joyeux défilés. Autrefois, dans chaque quartier de Paris, des confréries de jeunes filles veillaient sur une statue de la sainte qu'elles paraient de fleurs, chaque 25 novembre, et d'une coiffe neuve, confectionnée avec le plus grand soin. Celles qui trouvaient un époux devaient, après un rituel d'offrande à leur divine patronne, quitter la sororité.

     

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    Catherine, dont le nom issu du grec « katharos » signifie « pureté », fut la seule sainte à qui l’Église attribua trois auréoles. La première, de couleur verte, symbolise la connaissance. La seconde, rouge sang, fait allusion au martyre et la troisième, d'un blanc immaculé, incarne la virginité.

     

    Au-delà du voile protecteur qu'elle tisse sur les jeunes filles, elle est associée à la liberté de croyance et à l'intégrité du corps.

     

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    Broderies et chapeaux

     

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    A l'origine, le chapeau de la catherinette était une ravissante charlotte brodée, aux bords froncés, une coiffe régionale ou une coiffe de mariée en dentelle ou en tulle.

     

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    Elle était agrémentée de noeuds verts et jaunes, de brins de fleurs d'oranger ou de fines fleurs blanches, symboles de lumière et de pureté.

     

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    (Crédit photographique: Agence ROL).

     

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    Sous l'impulsion des modistes, le chapeau devint l'expression d'une créativité bouillonnante se déclinant en deux couleurs symboliques: le jaune et le vert. Réputées incarner la foi et la connaissance, ces couleurs sont en réalité bien plus riches de sens.

     

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    (Photo trouvée sur mc-creations.mabulle.com)

     

    Gorgé d'or solaire, le jaune brille, avec force et sagesse dans la brume automnale, mais il fait aussi allusion aux dentelles jaunies et, par extension, à la « vieille fille » dont l'ombre plane sur toute catherinette. Le vert vient heureusement contrebalancer son pouvoir délétère.

     

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    Le vert, associé à la déesse Vénus, protectrice de l'amour et des voeux ardents, signifie l'espoir et la force de la nature en liesse, le printemps triomphant et la satisfaction des désirs.

     

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    Couleur du Green Man, le Feuillu, l'homme de la sylve qui s'unira, après les frimas hivernaux, à la déesse des fécondités printanières, et dont l'image s'est perpétuée, depuis des temps fort anciens, sur les chapiteaux des églises, les clefs de voûte, les stalles et les miséricordes.

     

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    Le vert nous entraîne dans sa ronde ambivalente... Couleur des fées et des fous dans l'Europe médiévale; liqueur ensorcelante qui jaillit des yeux de Lucifer, le porteur de lumière; émanation des voeux et des connaissances perpétuées par différentes confréries; couleur de tout ce qui est « changeant », de la jeunesse et de l'amour, de la fortune fluctuante...

     

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    Les Catherinettes revêtent donc les couleurs attribuées aux êtres instables et insaisissables dans le monde médiéval. Le jaune et le vert habillent ceux qui sont en marge, les initiés mystérieux qui échappent aux contraintes de la société et sont marqués par les dieux.

     

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    Pendant plusieurs siècles, les « Catherinettes » désignèrent à Paris les religieuses augustines de l'Hôpital ou Hôtel-Dieu Sainte-Catherine situé dans la rue Saint-Denis. Ces Catherinettes étaient très aimées de la population parisienne. Les statuts de leur ordre imposaient l'hospitalité, les soins aux malades et l'inhumation en terre consacrée des personnes mortes en prison, noyées dans la Seine ou trouvées inanimées dans la rue. Elles apportèrent aussi leur aide aux jeunes filles livrées à la prostitution et créèrent des accueils pour les femmes venant de Province. Il s'agit du premier asile de nuit pour femmes, ancêtre de « l'Oeuvre de la protection de la jeune fille. »

     

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    Au cimetière des Innocents, la croix de Sainte-Catherine veillait sur un périmètre accueillant les défunts dont personne ne voulait.

     

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    Le folklore de la Sainte-Catherine

     

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    Dans la tradition populaire, Catherine est liée à de nombreuses pratiques de magie amoureuse. Les jeunes filles allumaient une bougie à la nuit tombée et soufflaient leurs désirs dans la flamme dansante, en murmurant le nom de la sainte.

     

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    Le fer à cheval, amulette gorgée de puissance lunaire, veillait au bon accomplissement de leurs voeux.

     

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    Les pensées, les roses et les trèfles à quatre feuilles sont autant d'émanations de la Bonne Fortune amoureuse.

     

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    On offrait jadis, de charmants petits bonnets brodés et destinés à favoriser la rencontre avec l'être aimé. Bonnets amulettes, réceptacles de prières et de superstitions, brimborions si fragiles qui ont traversé le temps, investis de tant d'espoirs et de rêves...

     

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    « Amener quelqu'un sous la coiffe » signifiait se marier.

     

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    La coiffe de Sainte-Catherine, renouvelée chaque année, symbolisait le renouvellement des saisons. Les bonnets qui décorent les cartes du jour sont investis de ce pouvoir calendaire et sacré.

     

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    Ils sont accompagnés de devises aux allures de comptines, incantations populaires que certaines prononçaient, sitôt la carte reçue, en direction d'une flamme, en serrant contre leur coeur une petite poupée de chiffon baptisée « Catherine ».

     

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    Le matin du 25 novembre, des groupes de jeunes filles se réunissaient. Chacune gravait son nom sur une bougie qui était ensuite fixée dans une coquille de noix. Les frêles esquifs scintillants étaient posés à la surface d'un récipient rempli d'eau. Ceux qui se frôlaient désignaient les jeunes filles qui seraient les premières à se marier.

     

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    On faisait aussi couler des gouttes de cire à la surface d'un miroir ou d'un bol rempli d'eau. Si la cire formait un anneau, cela signifiait qu'un mariage était proche.

     

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    Les jeunes filles enduisaient d'huile trois aiguilles bénies et les posaient à la surface d'une soucoupe remplie d'eau. Si l'une d'elles coulait dans les dix premières secondes, la perspective d'un mariage était fortement compromise.

     

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    Glisser dans sa poche un petit bonnet vert au lever du jour est réputé favoriser la chance amoureuse mais replier un parapluie humide multiplie les chances de « coiffer Sainte-Catherine » ou, pour les garçons, de « porter la crosse de Saint-Nicolas »!

     

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    Dans les chapelles consacrées à Sainte-Catherine, les jeunes filles âgées de 25 ans venaient piquer, dans la coiffe de la sainte, 25 épingles en faisant le voeu de trouver un époux. Jusqu'à leur trentième anniversaire, elles rajoutaient une épingle par an, si bien sûr elles n'avaient pas rencontré l'amour. Elles conservaient précieusement la trentième épingle, en espérant que la venue de l'âme soeur se concrétiserait le plus vite possible...

     

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    La fleur d'oranger, quintessence de fécondité et de prospérité, était offerte aux jeunes mariées, sous forme de couronnes parfumées.

     

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    En Provence, on présentait aux Catherinettes des petits bonnets et des objets en forme de coccinelle, insecte traditionnellement associé aux voeux d'amour et appelé « Catharinetto ».

     

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    La coccinelle, amie des jardiniers (image vente-coccinelles.fr)

     

    Si une jeune fille apercevait une coccinelle, elle faisait un voeu et regardait dans quelle direction l'insecte s'envolait. Un mari l'y attendrait peut-être...

     

    Fileuse des opportunités d'amour, Sainte-Catherine était aussi appelée « protectrice de la santé » dans plusieurs régions de France et de Belgique. Elle était invoquée, le jour de sa fête, pour soigner l'eczéma, appelé « roues de Sainte-Catherine ». Il fallait brûler un cierge en l'honneur de la sainte dans la première église devant laquelle on passait.

     

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    Sainte-Catherine et la roue de l'année

     

    D'après certaines légendes, le soir de sa fête, Catherine se déplace dans les airs, à cheval sur une roue dentée qui symbolise la roue de l'année.

     

    Gardienne des cycles calendaires, elle règne sur les mystères du Zodiaque et les secrets des éléments.

     

    Dame d'abondance, elle dépose sur le seuil des portes et le rebord des fenêtres des sucreries et des jouets pour les enfants sages, des fleurs et des talismans d'amour (petites poupées, coeurs de tissu, broches en bois ciselé), pour les jeunes filles désireuses de se marier.

     

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    La Fortune, par Guido Reni (1575-1642).

     

    Catherine est assimilée à Fortuna, la déesse de la chance, dotée de pouvoirs prophétiques et invoquée par les jeunes filles en quête d'un époux. Elle est représentée debout sur une sphère ou une roue. Elle brandit un gouvernail et une corne d'abondance (cornu copiae). Elle s'élève dans le vent et navigue dans le ciel diurne et nocturne. Au fil du temps, elle est devenue l'incarnation du destin favorable à certains hommes politiques mais elle a toujours été associée aux voeux et aux cycles de la féminité.

     

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    Fortuna, 1541, par Hans Sebald Beham (1500-1550).

     

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    La Roue de Fortune ou Roue du Destin.

     

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    La Roue de Fortune issue du Tarot des Imagiers du Moyen âge d'Oswald Wirth (1860-1943), mon tarot préféré...

     

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     Les anciens Gallois célébraient la déesse Arianrod ou « roue d'argent », navigatrice céleste à la barque de lune.

     

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    La Roue des Moires, les « Destinées »...

     

    Clotho file les jours et les évènements de la vie. Lachesis enroule le fil et détermine le sort de chacun. Atropos coupe avec ses ciseaux le fil de l'existence et libère le souffle vital de l'enveloppe corporelle.

     

    Catherine, la fileuse des voeux, revêt certains attributs des Moires antiques, des Parques et des Nornes, appelées aussi les Trois Fées.

     

    Dans certaines régions de France, le 25 novembre, les petites filles allaient frapper aux portes des villageois, guidées par une « reine Sainte-Catherine », adolescente tirée au sort par les trois femmes les plus âgées de la communauté. Vêtue de blanc, elle brandissait une petite quenouille (attribut des fées), décorée d'une pomme rouge. Les fillettes chantaient des chansons et recevaient des sucreries. Elles confectionnaient aussi des roses en tissu.

     

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    Dans certaines régions de France, comme la Haute-Saône et la Franche-Comté, les pâtissiers préparent, depuis des siècles, des cochons en pain d'épices qui symbolisent la prospérité. De grandes foires Sainte-Catherine se tenaient autrefois sur les principaux axes commerciaux. La fête de Sainte-Catherine coïncidait aussi avec l'achat du cochon que les paysans allaient engraisser pendant l'hiver.

     

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    Ces cochons en pain d'épices recouverts de chocolat ont un petit sifflet de bois à la place de la queue.

     

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    (Image Office de tourisme de Vesoul.)

     

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    On peut écrire son nom sur ces gourmandises porcines.

     

    Au Canada, on savoure la tire Sainte-Catherine, une sucrerie à base de mélasse, de sirop de maïs ou blé d'Inde, de beurre, de cassonade, de sucre blanc ou brun.

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    Une religieuse de Nouvelle-France nommée Marguerite Bourgeoys (1620-1700) en est la créatrice. Elle fonda la Congrégation de Notre-Dame de Montréal, ouvrit sa première école un 25 novembre et fit déguster aux petites amérindiennes dont elle s'occupait ces friandises brun doré.

     

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    Les jeunes filles à marier fabriquaient la tire pour l'offrir aux célibataires vivant près de chez elles. Aux États-Unis et au Canada anglais, ces gourmandises sont appelées « kisses ». Des baisers joyeusement sucrés dont la « fabrication » est encore plus aboutie quand elle se fait à deux... Chaque personne tire sur le mélange afin de lui donner une meilleure élasticité.

     

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    Il existe de nombreuses recettes familiales avec plus ou moins de variantes. On y rajoute parfois du chocolat.

     

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    Sainte-Catherine et la magie végétale

     

    « A la Sainte-Catherine tout bois prend racine... »

     

    Ce diction populaire, bien connu des jardiniers, désigne, à partir de la fin novembre, une période propice au bouturage des branches d'arbres. La saison est primordiale pour la multiplication de très nombreux arbres et arbustes, aussi bien ornementaux que fruitiers.

     

    Défunts et Ancêtres ont été honorés pendant le cycle de Samain-Halloween et la terre profonde fourmille de vie, octroyant à certains végétaux des pouvoirs protecteurs.

     

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    D'après les Archives Suisses des Traditions Populaires, (Tome XIII, 1909, p. 178), on choisit une rave le jour de la Sainte-Catherine. On coupe et on creuse la partie inférieure pour la remplir de terre et y semer des grains de blé puis on suspend la rave devant la fenêtre « qui s'ouvre à l'orient ». A la période de Noël, « la Catherine » ressemblera à une étrange poupée végétale, dotée d'une gaine de feuilles au bas du corps et d'une abondante chevelure verdoyante au-dessus. Protectrice du foyer, « la Catherine » sera nourrie avec un mélange de lait, d'eau de rose et de pluie.

     

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    La ronde des dictons

     

    Savourons quelques adages et devises issus des anciens almanachs et de la sagesse populaire...

     

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    « Sainte-Catherine en manteau blanc

    Apporte du froid pour longtemps. »

     

    « Sainte-Catherine vient toujours de blanc habillée.»

     

    « Pour la Sainte-Catherine fais de la farine

    Car pour Saint-André le blé sera gelé. »

     

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    « Quand au ciel Sainte-Catherine fait la moue

    Il faut patauger longtemps dans la boue. »

     

    « Sainte-Catherine, toute fille veut la fêter

    Mais point ne veut la coiffer. »

     

    Pour la Saint-Martin la neige est en chemin

    Pour la Sainte-Catherine elle est à la courtine... »

     

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    Je souhaite aux « Catherine » une excellente fête et je souffle à celles et ceux qui attendent l'être aimé mes pensées d'espoir et mes voeux de bonne fortune. Que la sagesse des Anciens leur soit favorable et que leurs rêves se réalisent!

     

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    Le 25 Novembre est aussi la Journée Internationale pour l'élimination de la violence faite aux femmes mais n'oublions pas que l'attention aux victimes et le refus des actes de barbarie s'imposent chaque jour.

     

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    Que virevoltent rêves et pensées au rythme des saisons!

     

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    Bibliographie

     BRIÈRE, Léon: L'hôpital de Sainte-Catherine en la rue Saint-Denis (1184-1790). Paris: Imprimerie Nationale, 1890, 88 p. in-8°.

     COURSAULT, René: Sainte-Catherine d'Alexandrie. Le mythe et la réalité. Maisonneuve et Larose.

     DUMAX, V: Sainte-Catherine, patronne des jeunes filles. 1883.

     HURTAUT, MAGNY: Dictionnaire historique de la ville de Paris. Genève: Minkoff, 1779, 4 volumes. Réédité en 1973.

     

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     Merci de votre fidélité, grosses bises!

     

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    Je vous offre cette rose d'automne photographiée sous la pluie, début novembre dans le Val d'Oise.

     

    Plume

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    118 commentaires
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    Ami(e)s lectrices, lecteurs, je réédite mon article intitulé "La mystérieuse nuit d'Halloween" après l'avoir agrémenté de cartes anciennes, de photos et d'illustrations issues de ma collection personnelle. Vous étiez nombreux en 2012 à apprécier ce voyage littéraire, folklorique et fantasmagorique. Je vous en remercie!

     

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    N'oubliez pas que vous pouvez lire cet exposé en plusieurs fois, en raison de sa taille « conséquente ». J'ai choisi de le publier ainsi (et non sous la forme de petits billets) car je n'aime pas couper le fil de ma pensée. La cohérence de mon travail ne serait pas la même si je le divisais en plusieurs morceaux.

     

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    La mystérieuse nuit d'Halloween

     

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    Des fêtes du calendrier à l'univers sauvage des contes, il n'y a souvent qu'un trait de plume, un frisson d'imaginaire, un chemin d'or et de brume qui s'aventure dans une étrange forêt...

     

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    L'année, dans les traditions païennes et chamaniques, prend la forme d'une roue ou d'une spirale d'énergie, rythmée par des jours et des nuits dits de « pouvoir ». Au seuil de ces « temps sacrés », les forces calendaires se régénèrent, appelant des rituels fondés sur la connaissance intime des cycles naturels. A travers eux, nous tissons nos expériences.

     

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    L'année celtique commence dans la nuit du 31 octobre lorsque s'ouvrent les portes de Samain, fête de l'entrée dans l'hiver, dont Halloween est la résurgence. Elle se divise en deux périodes: une période sombre qui s'écoule de Samain à Beltane, (du 31 octobre au 30 avril), et une période claire qui s'étend de Beltane à Samain, (du 30 avril au 31 octobre).

     

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    Célébrée dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, principalement aux États-Unis, au Canada et dans les pays anglo-saxons mais pas seulement, Halloween plonge ses racines complexes dans les croyances et la mythologie celtiques. Elle réveille aussi un code symbolique commun à plusieurs régions de France.

     

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    Au XIXe siècle, ayant survécu à la christianisation sur le Vieux Continent, les traditions de Samain furent transportées en Amérique du Nord par les Irlandais, les Écossais et les Gallois. Elles s'implantèrent dans le Nouveau Monde et s'adaptèrent, avec certaines contradictions, aux contraintes de cette terre en friche, creuset de populations variées et de religions multiples.

     

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    Les émigrants irlandais furent contraints par millions de quitter leur pays, en raison de la famine qui y sévissait. (Archives nationales canadiennes/C-3904).

     

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    Dans les ténèbres de Samain

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    Samain, qui signifie « réunion », désigne la nuit mystérieuse qui ouvrait les portes de l'année sombre. Appelée Samhain, Soween ou Oiche Shamhna: « la nuit de la fin de l'été » en Irlande, Samhuinn en Écosse, Samon ou Samonios en Gaule, elle rassemblait les tribus celtes autour de grands brasiers.

     

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    Elle se ranimait, cycliquement, dès que les puissances de l'obscurité déferlaient sur le monde humain. Très ancienne fête des récoltes émanant de rites agraires du Néolithique, elle célébrait, de manière étrange et flamboyante, l'entrée dans le monde hivernal.

     

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    Dans la pensée celtique, la nuit venait avant le jour. La lumière et la vie jaillissaient de profondes abysses sur lesquelles régnait un dieu des ténèbres nommé Orgos ou Dir Atir.

    Dans la Guerre des Gaules, VI, 18, Jules César relate que les Celtes « placent les anniversaires, les commencements des mois et des années de telle façon que le jour fait suite à la nuit ».

    Quand les Celtes s'implantèrent sur les territoires de l'Europe Centrale, ils associèrent aux croyances locales leurs conceptions religieuses. Ils divisèrent l'année en deux grandes périodes et en 12 mois lunaires de 28 jours. Un treizième mois intercalaire permettait la coïncidence des cycles lunaire et solaire et chaque mois « sélène » portait un nom particulier, réceptacle de magie et de mystère.

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    Le Calendrier de Coligny, grande table de bronze de la fin du IIe siècle après J.-C, fut retrouvé dans l'Ain, en novembre 1897.

    Ce calendrier luni-solaire couvre une période de cinq années et nous éclaire au sujet des connaissances astronomiques des Celtes et de leur conception si particulière du temps.

     

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    D'après les anciennes croyances, à l'orée de Samain, le voile entre le monde humain et le monde des esprits s'amoindrissait. Trois jours avant la nuit fatidique et trois jours après, les populations festoyaient autour de grands feux afin de bannir les créatures dangereuses qui hantaient l'obscurité mais certaines célébrations pouvaient s'étendre sur une durée de 31 jours.

     

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    Always, 2004, par Nene Tina Thomas.

    A la période de Samain, la communication avec le Sidh, l'Autre Monde de la tradition celtique, était favorisée. Intimement lié à la féerie, aux dieux et aux esprits, cet Autre Monde était accessible à des êtres qui portaient d'étranges marques de naissance, détenaient certains dons ou souffraient d'épilepsie. Les héros et les êtres au sang vif étaient aussi happés sur ces mystérieux chemins.

    Inversement, des êtres surnaturels et des créatures inquiétantes, venus du Sidh, pouvaient pénétrer dans le monde humain.

     

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    Sleepy Hollow, la Légende du Cavalier sans tête. Ce film fantastique de Tim Burton, avec Johnny Depp et Christopher Walken, date de 1999. Il s'inspire de la nouvelle de Washington Irving (1783-1859) intitulée La Légende de Sleepy Hollow.

     

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    L'excellente série Sleepy Hollow, actuellement en cours de diffusion aux États-Unis, décrit les aventures d'Ichabod Crane, historien et espion au service de Georges Washington, revenu à la vie au XXIe siècle afin de combattre le démon Moloch et les cavaliers de l'Apocalypse. Un programme fort réjouissant! Ichabod est assisté de la pétillante Abbie Mills, enquêtrice au service du shérif. Je regrette qu'il n'y ait pas davantage d'épisodes diffusés chaque semaine car je les dévore à la vitesse d'un carré de chocolat!

     

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    Après cette légère digression qui n'en est pas une (je souris), revenons à Samain. La première nuit de l'année celtique était accueillie avec la volonté de repousser les entités néfastes et d'attirer les faveurs des esprits en revêtant leur apparence par le biais de déguisements et de masques.

     

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    Mais la nuit n'abritait pas que des forces maléfiques. Des êtres bienveillants et protecteurs, d'une sagesse intemporelle, y cheminaient aussi.

     

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    Une Initiation Royale

    Dans la « Nuit-Jour » du 31 octobre, on investissait autrefois le Nouveau Roi de l'Année Hivernale. Celui-ci devait accomplir certaines épreuves dans un lieu sombre (réseau de galeries souterraines, caverne préhistorique, dolmen à couloir...) avant d'émerger dans la lumière purificatrice des flambeaux. Une fois « régénéré », il balayait un espace sacré avec un balai de bouleau (instrument magique consacré à la Déesse Blanche, maîtresse de la Lune, des esprits bienveillants, des sorcières et des chamanes.)

    Devenu maître des rituels et des festivités de Samain, il arborait une armure en écorce de bouleau et célébrait l'année nouvelle en compagnie des Ancêtres.

    A cet égard, il sacrifiait un porc, animal psychopompe, consacré à la Déesse Mère et au dieu Mercurius Moccus. Rôtie et arrosée d'hydromel, la chair de l'animal lui permettait d'entrer en communication avec les esprits protecteurs et tutélaires de son clan.

     

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    Les hostilités guerrières cessaient pendant cette période sacrée.

    Des incantations de protection étaient prononcées au-dessus des armes afin d'éloigner « la rouille de Samain », une substance qui corrodait les métaux et que l'on croyait née de la sorcellerie.

    Les prouesses viriles étaient récompensées. Les guerriers affrontaient les esprits du froid personnifiés par des mannequins d'écorce, couverts de terre et de cailloux, sous l'obédience d'une déesse protectrice, gardienne des forces calendaires.

     

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    Illustration d'Arthur Rackham (1867-1939).

    Les anciens peuples Germains et Scandinaves célébraient la Troisième Moisson, sous l'égide de Hel, la souveraine d'Helheim, royaume accueillant les défunts qui n'avaient pas trouvé la mort au combat.

     

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    Hel et ses frères, le loup Fenrir et le serpent de mer Jörmungand, 1905, par Émil Doepler (1855-1922).

    Fille de Loki, le dieu trickster de la mythologie nordique, et de la géante Angrboda, Hel ou Hela est l'une des hypostases de la déesse mère Freyja. L'image de cette déesse des profondeurs fut dévoyée par les clercs du Moyen âge qui la transformèrent en une harpie ivre de sang, au visage à demi décharné.

     

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    Naglfar, le navire de Hel, est construit avec les ongles des défunts. Dans les civilisations anciennes, l'utilisation des ongles et des dents évoquait le passage vers d'autres mondes. Dans plusieurs régions de France, (Berry, Yonne, Morvan, etc...) on enterrait des rognures d'ongles sous certains arbres pour obtenir la guérison d'une maladie, apaiser la fièvre ou rendre hommage aux défunts.

    Les Vikings érigèrent des tombes naviformes et donnèrent à certaines pierres levées une apparence de navire, en l'honneur de Hel.

     

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    Mégalithe d'Ale, en Suède (Photo Wikistrike.com)

     

    Coutumes populaires et magie de Samain

    Bien que considérées, par certains auteurs, comme des scories de l'Antiquité, les coutumes de Samain se sont perpétuées avec force dans l'Europe du Moyen-âge, de la Renaissance et bien au-delà.

     

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    Les femmes préparaient des soul cakes, « gâteaux d'âmes » ou « gâteaux pour les âmes ». Elles y dissimulaient une bague pour déterminer qui se marierait en premier; une figurine en terre cuite pour connaître l'identité de celle qui deviendrait mère dans l'année; une pièce de monnaie pour attirer les richesses; un petit morceau de bois destiné à honorer un proche défunt. Autrefois, les soulers, principalement des enfants et de pauvres hères, recevaient ces gâteaux et allaient chanter, de maison en maison, des prières pour les disparus.

     

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    La tradition des soul cakes est toujours vivace dans plusieurs régions d'Écosse, d'Irlande, de France, dans les comtés d'Angleterre et dans certains pays d'Europe de l'Est et d'Europe du Nord mais ces biscuits, qui célèbrent le All Souls'Day, « le jour de toutes les âmes », ressemblent davantage à des cookies.

     

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    Les âmes des personnes aimées viennent, pendant la nuit de Samain, se réchauffer au feu de l'âtre familier ou près des bougies allumées sur le rebord des fenêtres. Mais les spectres de personnes décédées de mort violente cherchent aussi à exercer leur vengeance...

     

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    La tradition préconise d'allumer la « chandelle des âmes » pour montrer aux défunts « débonnaires » la voie souhaitée et de placer autour des lits des fèves, des graines de fenouil et des brins de lavande pour éloigner les présences non désirées.

    On laisse également de la nourriture sur la table familiale, sur le seuil de la porte ou devant la cheminée, pour les esprits du lieu qui dansent à travers les flammes ou jaillissent de la terre glacée.

     

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    Il est fortement déconseillé de balayer après le coucher du soleil pendant les trois jours qui suivent le 31 octobre car, à cette période, le balai domestique détient le pouvoir d'absorber les esprits familiers, protecteurs du foyer. Seul le balai de sorcière, rituellement consacré à Aradia, dame lunaire des croisées de chemins et avatar de la sombre Hécate, pouvait être utilisé.

    On ne doit ni coudre, ni filer, ni laver le linge, de crainte que les couturières, les fileuses ou les lavandières de nuit (âmes errantes, damnées et carnassières) jettent des sorts aux vivants et sucent leur sang pendant le sommeil.

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    De nos jours, les anciens rituels se lovent dans les coutumes populaires. Les citrouilles ciselées, décorées avec de petites bougies et promenées dans les rues sont autant de visages protecteurs destinés à faire fuir les êtres maléfiques.

     

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    De Samain à Halloween

    Samain survécut, malgré l'évangélisation croissante, dans les rituels et les croyances des « gens de la terre ». Elle vogua sur des eaux tumultueuses, rejoignit les côtes américaines et se répandit dans les villes où elle s'affirma comme un carnaval des âmes, à la croisée de l'automne et de l'hiver.

     

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    Halloween et la Toussaint

    (Les photos qui illustrent mes différents chapitres ont été prises au cimetière du Père-Lachaise.)

     

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    L'église Catholique institua la fête de la Toussaint pour lutter contre les célébrations païennes d'Halloween mais elle échoua dans sa tentative d'annihilation des anciennes croyances.

     

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    La Toussaint, par le peintre naturaliste Jules Bastien-Lepage (1848-1884), tableau conservé au musée des Beaux-Arts de Budapest.

    Originaire d'Orient, la Toussaint signifiait la commémoration de tous les martyrs et fut initialement célébrée le premier dimanche après la Pentecôte.

    En 608, l'empereur byzantin Phocas céda au pape Boniface IV le Panthéon de Rome, temple païen dédié à tous les dieux, qui avait été saccagé par les barbares en 410. Le pape transforma les lieux en une église dédiée à la Vierge et aux saints martyrs et la tradition rapporte qu’il y fit transporter vingt huit chariots d’ossements saints collectés dans les cimetières et les catacombes de Rome. Le 13 Mai 609, jour de la dédicace de la nouvelle église, il institua la fête de la Toussaint, en l’honneur des saints martyrs, pour supplanter les Lemuria, fête romaine au cours de laquelle on honorait les Ancêtres.

     

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    En 835, Grégoire IV introduisit la Toussaint dans le calendrier liturgique à la date du premier novembre et l'empereur Louis le Pieux, fils de Charlemagne, instaura la fête dans tout l'empire carolingien, sur la requête du pape.

     

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    La Toussaint, 1886, par Émile Friant (1863-1932), tableau conservé au musée des Beaux-Arts de Nancy.

     

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    Fête de tous les saints, connus ou inconnus, la Toussaint précède la Fête des Morts, initiée le 2 novembre 998, par l'abbé Odilon de Cluny. Héritière des festivités de Samain et du culte romain des défunts et des dieux familiers, la Fête des Morts est souvent confondue avec la Toussaint.

     

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    Noms et Etymologie d'Halloween

    « Hall » est lié à la racine germanique « hel », qui a donné le mot anglais « hell » signifiant « enfer », mais ces termes ne doivent pas être interprétés dans un sens chrétien.

    Halloween, que l'on appelle aussi Hallowmas, est la contraction des termes suivants:

    « Hallowed Even » signifiant « Nuit Sacrée ».

    « Alls-Souls-Eve » signifiant « Veille de toutes les âmes ».

    « All Hallow's Eve ou Evening » signifiant « Veille de la Toussaint ».

     

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    Dans la nuit d'Halloween, la gourmandise, la joie et le partage s'entrelacent au coeur d'un étrange univers, celui des cauchemars nourris des peurs de l'enfance, cataclysmes émotionnels qui nous aident à grandir. Les peurs rôdent, personnifiées dans les ombres étranges, les bruits qui caracolent et les accessoires qui composent un autre nous-même, à la fois rebelle et monstrueux.

     

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    A l'instar des récits de veillée, elles favorisent la transmission des secrets et perpétuent une forme de connaissance orale traditionnelle qui nous prépare à affronter le monde de l'hiver.

     

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    Les peurs jaillissent mais dans la nuit « hantée » les flammes des bougies repoussent les créatures de l'obscurité. Crinières dansantes dont la chaleur ranime les feux d'antan, allumés à la limite des villages et des villes pour repousser ce qui venait des lieux sauvages, des terres inexplorées, peuplées de bêtes voraces et d'esprits tourmenteurs.

     

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    Dans les pays anglo-saxons, les enfants et les adultes, costumés et masqués, défilent dans les rues en brandissant des lanternes, des balais de sorcière et différents objets magiques. Les enfants frappent aux portes des maisons et prononcent la phrase consacrée « Trick or Treat » qui signifie « un bonbon ou un sort » ou « tu payes ou tu as un sort! » Messagers ludiques du monde des esprits, ils reçoivent des sucreries et de l'argent dans un sac ou un petit chaudron.

     

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    Des citrouilles évidées et sculptées, garnies de bougies, défient l'obscurité de la nuit.

     

    Fruits-visages et lampes d'Halloween

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    Traditionnellement, les lampes d'Halloween étaient creusées dans de gros légumes que l'on ramassait vers l'équinoxe d'automne, aux alentours du 21 septembre. Racines, rhizomes et tubercules étaient transformés en lanternes flamboyantes pour repousser les démons tapis dans le noir.

     

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    Pour conjurer le mauvais sort, les têtes lumineuses étaient placées à la croisée de plusieurs chemins (lieux associés aux apparitions du Diable et aux rituels des sorcières), à l'entrée des cimetières ou devant les bâtiments en ruines, repaires de rôdeurs maléfiques...

     

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    La tradition des Rommelbootzen ou « têtes de mort de la Toussaint » existe toujours en Lorraine et en Moselle. De grosses betteraves creusées, ciselées en forme de visages grotesques sont illuminées par de petites bougies. Elles sont ensuite placées aux croisées de chemins, au pied des calvaires et sur le rebord des fenêtres. La coutume veut que les sculpteurs de betteraves y « transfèrent » un peu de leur âme.

     

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    (Affiche du festival des « Betteraves Grimaçantes » qui se déroule au château Saint Sixte de Freistroff, près de Bouzonville en Moselle, du 27 au 31 octobre 2013.)

    Les racines relient le monde des profondeurs, celui de la mort nourricière et des esprits chthoniens, au monde de la surface où évoluent les vivants. Dans le folklore du nord de l'Europe, certaines racines sont « habitées » par de mystérieux esprits dont il faut se concilier les faveurs. Les légendes allemandes font référence à Rübezahl, le « compteur de navets » que l'on appelle aussi « Maître Jean », « Seigneur Jean » ou « Sire Jean ».

    En Wallonie, ce sont les Lumerottes ou Grinche-Dents qui ont la cote auprès du public et surtout des enfants. Ils creusent des betteraves fourragères, appelées « racines d'abondance », et placent à l'intérieur de petites bougies. Ils accrochent chaque betterave à un fil et suspendent le fil à un bâton. Ils vont collecter des bonbons en faisant danser ces lumières étincelantes.

     

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    Le 11 Novembre, dans le Pas-de-Calais, pour célébrer la Saint-Martin, des adultes et des enfants, réunis en joyeuses processions, tiennent des lanternes fantastiques constituées de courges, de betteraves, de potirons ou de pommes de terre. Ces masques végétaux, éclairés par des bougies, ravivent la tradition des Têtes flamboyantes qui marquaient la fin des travaux agricoles (fête des guénels).

    En Écosse, les enfants promènent une neepy candle, visage brasillant creusé dans un gros rutabaga (neep), destiné à chasser les êtres malveillants et à stimuler la venue des fées protectrices.

     

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    Qui peut dire qu'Halloween est purement américaine et n'a aucun lien avec « nous » alors que nous sommes en présence d'un fonds culturel commun qui a traversé les âges et s'est profondément enraciné dans l'inconscient collectif?

     

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    Les Citrouilles Indiennes: Quand les Irlandais, victimes de la famine, s'expatrièrent en masse vers les États-Unis, leurs croyances trouvèrent un écho dans celles des Amérindiens. Ces derniers célébraient l'arrivée des jours sombres et le retour sur la terre des âmes des défunts, venues donner du courage et de la force aux vivants.

     

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    (Photographie trouvée sur le net)

    Originaires d'Amérique, les grosses citrouilles oranges (pumpkin), se développent sur des lianes luxuriantes. Leur peau épaisse se partage en quartiers. Leurs grandes feuilles vert vif forment des vrilles décoratives. Leurs fleurs jaune d'or en forme d'entonnoir se forment à la fin du printemps. Gorgées de graines au moment d'Halloween, elles évoquent la mort et la fécondité, la connaissance et les liens subtils entre les mondes. Leurs graines rissolées sont des trésors de vitamines et d'énergie.

    Dans certaines tombes mayas, on a retrouvé des citrouilles fossilisées, âgées de plus de 6500 ans.

     

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    Le potiron vient aussi des Amériques. Ce beau fruit se distingue par ses couleurs variées, du rouge vif au vert foncé en passant par l'orange lumineux. Sa chair appétissante excite les papilles et stimule l'imagination des gourmands. Sa chair est moins filandreuse et plus sucrée que celle de la citrouille.

     

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    Courges musquées, butternut ou spaghetti, giraumons, potimarrons, pâtissons... le monde des cucurbitacées nous régale de ses saveurs. Avec leurs couleurs solaires et leurs étranges silhouettes, ces « merveilles végétales » sont les emblèmes d'Halloween.

     

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    La légende de Jack O'Lantern

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    Jack était un fermier irlandais, buveur impénitent qui écumait les pubs et les auberges de son petit village. Une nuit d'Halloween, il déambulait dans les rues en quête d'une âme désireuse de lui offrir à boire quand il aperçut un jeune homme élégant, dressé à la croisée de plusieurs chemins. Il l'interpella et l'inconnu se transforma en pièce luisante qui roula sur le sol. Jack ramassa la pièce et se précipita vers la première taverne venue. Il avait conclu sans le savoir un pacte avec le Diable mais comme sa bourse était protégée par une serrure en forme de croix, Satan dut lui accorder une année supplémentaire de vie, en toute tranquillité.

    Ce délai écoulé, le Diable vint chercher Jack mais ce dernier parvint à le berner en le faisant grimper dans un arbre. Incapable d'en redescendre, Satan dut accepter que Jack ne soit jamais emporté en Enfer.

    Quand Jack mourut, les portes du Paradis se refermèrent devant lui en raison de ses nombreux pêchés. Il devint une âme errante, s'éclairant dans l'obscurité avec un gros navet qu'il avait rempli d'un peu de braise, subtilisée aux abords de l'Enfer.

    A chaque nuit d'Halloween, on peut le rencontrer, solitaire sur les vieilles voies ténébreuses, une énorme citrouille sur le dos...

     

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    Dans la nuit « entre les temps » vont les moissonneurs d'âmes, les charrettes, les carrosses et les barques de mort. Présente sous une multitude de formes, dans les légendes celtiques, la mort est initiatique et nourricière. Elle attend le roi et ses guerriers au creux d'un chaudron magique, puits ouvert sur le monde d'en bas, espace temps d'épreuves et de dangers qui régénèrent l'impétrant et renouvèlent les forces de la communauté. Entre Halloween et la Toussaint, la mort creuse ses inéluctables sillons.

     

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    La Faucheuse traversant les voiles de la nuit. (Carte de la Mort extraite du Tarot d'Aleister Crowley (1875-1947) ou Livre de Thot. Les illustrations ont été réalisées, dans un style surréaliste, par Lady Frieda Harris (1877-1962), adepte de la Confrérie de l'Astre d'Argent.)

     

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    (La Déesse à la Pomme, image issue du Tarot de Merlin, créé par R.J. Stewart et illustré par Miranda Gray).

    Tantôt féminine, tantôt masculine, la mort étend son ombre sur le paysage, telle un manteau glacé. Les devises qui l'accompagnent nous enseignent que nul ne peut se soustraire à sa loi.

     

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    Contrairement aux apparences, la Mort du Tarot n'est pas une lame funeste. Elle est associée au changement, à la transformation positive, au renouveau de l'existence après une difficile période.

     

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    La Mort à la faux, gravure de Michelet, début du XXe siècle.

    En Bretagne, le maître de la mort est l'Ankou, dont le nom signifie « trépas ». Dans chaque paroisse, le rôle de collecteur d'âmes échoit au dernier défunt de l'année. Il revêt plusieurs apparences: squelette drapé dans un linceul ou une cape noire, grand homme émacié, aux longs cheveux blancs, coiffé d'un imposant chapeau de feutre. Le tranchant de sa lame est tourné vers l'extérieur, dans le sens contraire à celui de la faux des moissonneurs. Il aiguise ce redoutable instrument en le frottant sur un os humain. Il tient parfois une lance ou une flèche et se déplace, de nuit, dans une charrette invisible aux roues de fer, le Karrik an Ankou, qui grince horriblement. En fonction des paroisses, la description de son équipage subit certaines variantes.

    Deux chevaux blancs, l'un vigoureux, l'autre squelettique, tirent la charrette funeste. Deux valets mystérieux assistent l'Ankou. Le premier tient la bride du cheval de tête. Le second ouvre portes et barrières et place dans la charrette les morts fauchés par son maître.

     

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    Il emporte aussi les morts dans sa Barque ou son Bateau de Nuit, (Bag Noz), à l'instar du nocher Charon qui faisait « passer » les âmes, sur le sombre Styx antique.

     

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    La nuit de la Toussaint, dans certaines clairières, l'Ankou et les défunts de l'année viennent festoyer sous le ciel ténébreux. Les vivants dressent de grandes tables, tendues de noir, et garnies de bougies. Ils déposent des crêpes, des pommes, des châtaignes bouillies, du lait caillé et du cidre. Après le festin de l'Ankou, les âmes s'évanouissent dans les airs au premier chant du coq.

     

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    Dans la forêt de Huelgoat, au coeur des monts d'Arrée, l'Ankou tient sa cour, dans un château fantastique, éclairé par des milliers de chandelles. Chacune d'elles représente une vie humaine. Quand l'Ankou éteint d'un souffle une de ces chandelles, la personne expire.

    Anken, le chagrin et Ankoun, l'oubli sont des avatars de l'Ankou. Ils battent la campagne, la nuit de la Toussaint, une lanterne spectrale à la main.

     

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    Le Bateau de l'Ankou est accompagné d'une flottille de barques, chargées des âmes collectées dans l'année. Pendant la nuit de la Toussaint, les pêcheurs peuvent être réveillés par trois coups sourds frappés à leur porte. Ils ne sauraient opposer un refus à la main invisible venue les extirper du sommeil et se rendent sur le rivage pour guider, dans la brume, ces barques psychopompes.

     

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    En Corse, le Cortège des Ombres suit les vieilles voies, les chemins qui traversent l'île, rythmés par les statues-menhirs et le chant âpre des légendes. De même que l'on cache avec un drap les miroirs à chaque décès pour éviter que l'esprit du défunt reste prisonnier de son reflet, on couvre les miroirs pendant la nuit de la Toussaint. Gare aux fantômes blancs qui hantent les routes! S'ils glissent un cierge dans votre main ou dans votre poche, vous risquez de vous transformer en sorcier (mazzeru, stregu...).

    Le Mazzerisme, passionnant ensemble de rituels et de croyances, s'étudie pendant de longues années et ne se résume pas en quelques lignes mais celles qui suivent sont remarquables...

    « Un mazzeru, sorte de devin, c'est celui qui pressent, qui devine, qui voit, qui dit et dont les rêves se réalisent. Cet homme, c'est le rêve pétri dans la chair et le sang, c'est en quelque sorte l'incarnation de l'inconscient collectif. Son corps, c'est la terre où dorment les ancêtres. Son sang, c'est l'eau des sources d'où jaillit la vie avec la mort. En lui se confondent dans l'infini intérieur: U Locu (la terre, le lieu) et U Populu (Le Peuple). Car le rapport qui existe entre le peuple corse et le territoire de l'île de Corse, c'est une chose très simple: l'humain. » Roccu Multedo: Le Mazzerisme: un Chamanisme corse.

     

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    Le mazzeru revêt les pouvoirs de l'Ankou. Il peut nommer la mort...

    Mascarella: la petite sorcière; Falcina ou Falciola: la petite porteuse de faux; Pediniella: la Pieds Noirs; Pedanella: la Pieds Légers; Morte Niella: la mort noire; Bianchinetta: Blanchette... La mort revêt bien d'autres noms dans les prières magiques mais ils ne peuvent être dévoilés, ils sont transmis.

     

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    En Normandie, la Charrette des Morts était particulièrement redoutée à la Toussaint. Tirée par des boeufs noirs ou des chevaux blancs, elle promenait un cercueil enveloppé d'un linceul et entouré de cierges à la clarté frémissante. Elle sillonnait les vieux chemins, fauchant  les voyageurs égarés mais elle ne pouvait franchir les champs qui avaient été bénis. Les voix des morts de l'année résonnaient à travers le grincement de ses roues.

     

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    En Provence, on craignait le Carrosse de la Mort, ténébreux équipage guidé par quatre chevaux noirs ou par des chevaux invisibles. Si on regardait à l'intérieur, on apercevait des silhouettes spectrales, vêtues de noir.

     

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    Dans les Côtes-du-Nord, le Diable conduisait la Charrette des Ombres. L'attelage était constitué de douze cochons et d'oiseaux de nuit.

    Dans le Marais Poitevin, la Barque des Défunts, couverte d'un drap mortuaire, sillonnait les canaux silencieux, guidée par un mystérieux fantôme appelé le Tousseu.

     

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    Chaque région de France possède ses funèbres équipages...

     

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    Sorcières et Petit Peuple d'Halloween

    Aux antipodes de ces sombres manifestations, les sorcières d'Halloween n'apportent pas la mort mais la protection aux enfants auprès desquels elles jouent le rôle d'initiatrices. Dans l'imagerie populaire d'Halloween, elles transmettent leurs secrets avec bienveillance.

     

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    La silhouette de la sorcière se découpe sur le disque lunaire. Elle chevauche son balai, véhicule entre les mondes, emblème de protection et de purification du foyer. Son chat noir l'accompagne. Offrandes à la nuit et symboles de connaissance, deux pommes rouges, posées sur le rebord de la fenêtre, établissent un lien entre la chambre des fillettes et le ciel enchanté, voie des mystères et des sortilèges.

     

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    La sorcière, maîtresse des animaux ténébreux, survole la campagne. Ses familiers (chat noir, chauve-souris, chouette) l'assistent dans ses déplacements. On aperçoit sur l'image la dernière gerbe de la moisson appelée « Part des Esprits ». Considérée comme tabou, elle ne doit pas être touchée.

     

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    Le Petit Peuple jaillit du Sidh et s'élance sur des montures inspirées de l'imagerie victorienne: la chouette et la chauve-souris.

     

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    Les fées soufflent des pétales de rêve...

     

    Voeux et pratiques divinatoires d'Halloween

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    A Halloween, les bougies sont investies de grands pouvoirs. Leurs clartés mouvantes sont associées à des rituels de magie amoureuse. Il est ainsi recommandé de se placer devant un miroir, ovale de préférence, et de brandir une chandelle en s'adressant aux esprits de la nuit.

     

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    Intermédiaire entre le monde humain et celui des esprits, le miroir dévoile, dans la trame de son oeil magique, le visage d'un futur époux.

     

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    Les voeux d'amour et de chance fleurissent à la période d'Halloween. Ils sont associés à certains végétaux, comme la citrouille, gorgée de graines généreuses, et se lovent dans les pommes rouges, fruits fétiches des sorcières.

     

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    « Bobbing the apple » consiste à saisir avec les dents une pomme suspendue à un fil ou plongée au fond d'un baquet d'eau.

    Une variante, le snapdragon est un jeu permettant d'attraper des raisins ou des petits fruits dans du cognac flambé, jeu qui s'adresse, bien évidemment, aux adultes.

     

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    Doux apartés pour les petits et les grands...

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    La nuit d'Halloween est propice à l'amour. On l'appelle Nutcrack Night, nuit du casse-noisettes ou de la pomme croquante.

     

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    Après avoir attrapé une pomme rouge en faisant un voeu, les jeunes filles posaient deux noix sur le bord de l'âtre. Une noix portait le nom de l'être aimé; sur l'autre était gravé le nom de la jeune fille. Si les noix émettaient une clarté brillante en se consumant doucement, cela signifiait la sincérité de l'amour. Si les noix crépitaient violemment, l'infidélité menaçait le couple. Si les noix s'enflammaient en même temps, les amants seraient unis pour la vie.

     

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    En cette nuit particulière, on cherche aussi à se concilier la Fortune. A cet égard, on consomme certains plats traditionnels comme le Barmbrack (báirín breac) en Irlande. Dans ce gâteau aux fruits, on place, avant la cuisson, des petits objets investis d'une valeur oraculaire. Un petit pois signifie l'infortune amoureuse; un minuscule bâton, un mariage malheureux; un bout de tissu, la malchance; une pièce, la bonne fortune; un anneau, la rencontre du véritable amour et peut-être un mariage dans l'année...

    Le Colcannon est un plat à base de pommes de terre et de chou dans lequel on cache également certains objets. Une pièce de monnaie pour la richesse, une bague pour l'annonce d'un mariage en vue, une poupée de porcelaine pour la venue d'un enfant.

     

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    La Candy ou Toffee Apple, pomme bonbon inventée au début du XXe siècle, dans le New Jersey, par le confiseur William W. Kells est la gourmandise d'Halloween par excellence. Son rouge écarlate flamboyant attise l'amour et la chance.

     

    A nos chers disparus!

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    Cimetière du Père-Lachaise, été 2012.

    Autrefois, pour célébrer la Toussaint, les parents offraient aux enfants des colliers gourmands, constitués de pommes rouges et de châtaignes bouillies. Les enfants en profitaient pour se régaler sur la route du cimetière. La pomme rouge a décidément la cote!

    Les jeunes gens accomplissaient, comme à Noël et à Pâques, des tournées de quête. Ils chantaient devant les maisons et collectaient de la nourriture, du vin et des friandises. Les plus intrépides grimpaient au sommet des clochers et sonnaient les cloches à toute volée.

    Les vivants et les morts entretenaient des liens étroits, au-delà de tout dogme religieux.

     

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    D'après la croyance populaire, les défunts défilaient sur les chemins, à la lisière des bois et des champs. Ils se réunissaient dans les cimetières et dans certaines églises, près des tombes moussues, pour écouter le sermon d'un prêtre fantôme.

     

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    Ils regagnaient ensuite leur foyer, l'espace d'une nuit. Ils trouvaient un feu vif dans la cheminée, la table dressée pour eux et, sur le rebord des fenêtres, des mets investis d'un caractère sacré: lait et pain nourriciers, eau purificatrice, châtaignes à la robe mordorée, pommes de mort et de fécondité.

    Un des rituels domestiques les plus répandus consistait à examiner, à l'aube, les cendres du foyer et à interpréter les traces que l'on y voyait. Ces mystérieux messages révélaient des secrets divinatoires.

     

    Certains gâteaux sont directement associés au folklore de la Toussaint. J'ai dû faire un choix parmi de nombreuses gourmandises...

     

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    (Photo recettes-corses.fr)

    En Corse, les bastelle sont des chaussons circulaires fourrés avec des blettes, des oignons, de la courge, (parfois des pommes de terre) et du brocciu, le fameux fromage de brebis, dont la recette aurait été transmise aux Hommes par l'Ogre, Orcus, avatar de l'Orgos celte auquel je faisais allusion au début de mon article. Les sciacce (fougasse) leur ressemblent mais ils sont parsemés de raisins secs.

    D'après la légende, quand un cavalier passa près de l'arca, la sépulture commune du village, il perçut les voix de ses ancêtres qui se plaignaient de la frugalité de leur repas. Il promit alors que chaque année les pauvres et les familles du village recevraient une fougasse bien garnie.

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    La Salviata est un gâteau en forme de S, traditionnellement parfumé à la sauge et à la liqueur d'anis. On le trouve, de nos jours, aromatisé au citron et couvert d'une pellicule de sucre.

     

    La niflette de Provins, en Seine et Marne, est à l'honneur au moment de la Toussaint.

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    L'origine de ces gâteaux feuilletés, garnis de crème pâtissière et désormais agrémentés de fleur d'oranger, remonte au Moyen âge. D'après la légende, un boulanger s'émut de trouver une fillette en sanglots sur la tombe de sa grand-mère. Il lui prépara un petit gâteau rond et le lui offrit en disant « ne flete », « ne pleure pas ».

    Le premier novembre, on apportait des niflettes à « ceux qui reniflent », l'autre nom des orphelins.

    Les habitants de la cité des Comtes de Champagne peuvent déguster des niflettes une quinzaine de jours avant la Toussaint et jusqu'au dimanche suivant le 11 novembre. Elles se vendent, pour le plus grand plaisir des gourmands, « treize à la douzaine »!

     

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    (Visage anonyme rencontré à travers les méandres du Père Lachaise.)

     

    Une autre version de la Toussaint: le Jour des Morts dans le monde amérindien.

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    (Image Wikimedia Commons)

    Au Mexique, le Jour des Morts (Dia de los Muertos) est une résurgence, haute en couleurs, d'une fête précolombienne inscrite, depuis 2003, au Patrimoine Culturel Immatériel de l'Humanité.

    S'inspirant d'une très ancienne célébration aztèque, pendant laquelle les familles festoyaient en l'honneur des défunts, les Espagnols ont institué le Jour des Morts à la date de la Toussaint. A l'origine, les morts étaient honorés entre juillet et août, sous l'égide de Mictecacihuatl, la Dame de la Mort, épouse de Mictlantecuhtli, Seigneur du Mictlan, le lieu le plus profond de l'Inframonde. Deux fêtes, séparées d'une vingtaine de jours, avaient lieu. La première, Miccaihuitontli, était consacrée aux enfants; la seconde, Hueymiccalhuitl, concernait les adultes.

    Les festivités du Jour des Morts se déroulent sur plusieurs jours. Le 31 octobre, chacun attend les Angelitos, les âmes des enfants, aimantés par les lanternes accrochées aux portes des maisons. Entre la porte et l'autel domestique, des chemins magiques sont dessinés avec des pétales de fleurs blanches.

     

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                                                               (Photo sites.psu.edu. Spanish culture.)

    Dans la nuit du 1er au 2 novembre, les fleurs blanches sont remplacées par des fleurs jaune vif provenant d'une fleur sacrée, la rose d'Inde (Tagetes erecta).

     

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    Dotée d'une belle couleur solaire, la calendura ou zempaxuchilt est utilisée depuis l'époque précolombienne pour honorer les défunts. On extrait de ses pétales un pigment intense qui colore les aliments et possède des vertus médicinales.

    Après avoir nettoyé les tombes, les habitants des villes et des villages offrent aux défunts de la nourriture, de la tequila, des roses d'Inde et des crânes en sucre.

     

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    Ces petits crânes gourmands ou calaveras sont considérés comme des amulettes de chance et de bonne fortune. On partage des sucreries colorées vives et le pain des morts (pan de muertos), sorte de brioche fourrée aux fruits confits et saupoudrée de sucre, ornée de dessins d'os.

     

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    Les chemins qui mènent aux cimetières sont décorés de bougies et de fleurs, afin de guider les défunts vers les tombes où les attendent leurs plats préférés, des poupées végétales et de la résine de copal en train de brûler.

    Le 3 novembre, les familles partagent le festin des morts. La communion avec les défunts s'effectue par le biais de la nourriture.

    Ce fonds magique et folklorique se retrouve au Japon et en Chine avec O-Bon et la Fête des Fantômes.

     

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    En Europe, les tombes se parent, grâce aux chrysanthèmes, de couleurs chatoyantes. La « fleur d'or » a remplacé les bougies que l'on allumait autrefois sur les tombes.

     

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    A l'instar de la marguerite, le chrysanthème appartient à la famille des Astéracées (Composées). D'origine asiatique, il fut introduit en Europe, vers 1753, par le naturaliste suédois Carl Von Linné. Petits soleils moutonnants, réputés résister au gel, les fleurs de chrysanthème ont investi les tombes des soldats, après l'Armistice de 1918.

     

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    Vénéré en Extrême-Orient, le chrysanthème est le symbole de l'automne. Il inspire le bonheur et la paix, il attire la bienveillance. Il était arboré par les guerriers au coeur noble. Cultivé dans la Chine ancienne depuis le XVe siècle avant J.-C, il était considéré comme un réceptacle d'énergie vitale. Apparu au Japon au VIIIe siècle après J-C, il devint un emblème impérial au XIIIe siècle.

     

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    Le chrysanthème de l'empereur, fleur de vie à 16 pétales doubles, décorant les portes du sanctuaire Shintô Yasukuni de Tokyo. L'Ordre du Chrysanthème fut fondé en 1876.

     

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    Le neuvième jour du neuvième mois de l'année est consacré aux poupées de chrysanthème.

    (Photo maisonarts.forumgratuit.org)

     

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    Le chrysanthème fleurit sur de nombreux bâtiments, sur les vêtements d'apparat, les bols à thé, les éléments de parure...

     

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    Symbole de vie, de renouveau, de changement de saison, offert à l'occasion de la fête des mères, il est très apprécié, non seulement au Japon mais aussi en Australie et aux États-Unis alors qu'en Europe, c'est à la mort qu'on l'associe.

     

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    L'humain a toujours éprouvé le besoin de célébrer les défunts. A Halloween, dans « le temps entre les temps », nous établissons un lien privilégié avec « ceux qui ne sont plus » en les honorant de manière joyeuse. Nous nous confrontons à l'idée de notre mort en acceptant le fait qu'elle est inéluctable. Nous formulons des voeux d'amour et de bonne fortune car les esprits bienveillants évoluent autour de nous. Nous effrayons nos peurs en revêtant leurs attributs et nous communiquons avec l'invisible.

     

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    Avant de refermer les pages de mon grimoire, je lève mon verre de cidre, boisson fétiche de Samain, à nos chers disparus, aux forces de la nuit, aux « amis invisibles » qui voyagent si près de nous... Mon esprit s'envole où dansent les vieilles âmes, où chuchotent les arbres gardiens des sylves légendaires, vers les anciennes sépultures et les mégalithes aux noms évocateurs « Maison de l'Ogre », « Quenouille de la Sorcière », « Pierre à Marotte des Lutins », « Table du Festin des Fées »...

    Je vous souhaite un très Joyeux Halloween!

     

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    Bibliographie

    Actes du colloque sur La Mort en Corse et dans les Sociétés Méditerranéennes, Bonifacio, mars 1976.

    DE BECQUE, Maurice: Ankou, Légendes Bretonnes. 1921.

    LE BRAZ, Anatole: La Légende de la mort chez les Bretons amoricains. Paris, 1922-1923.

    MARKALE, Jean: Halloween: histoire et traditions. Imago Editions, 2000.

    PREAUD, Maxime: Les Sorcières Catalogue d'exposition. Paris, 16 Janvier-20 Avril 1973, B.N. Paris: Bibliothèque Nationale, 1973.

    RONECKER, Jean-Paul: Halloween. Puiseaux: Pardès, 2000.

    VALENCE, Marie de: S comme sorcière. Vallon-en-Sully: Cercle Beltane, 2000.

    WARGNY, Guy de: La France des sorciers. Saint-Pierre-lès-Nemours: EUREDIF, 1980.

     

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    Plume

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    120 commentaires
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    Délicates et gracieuses, sensuelles et parfumées, les clochettes de muguet nous invitent à célébrer le renouveau de la nature, entre billets doux et délicieuses fragrances...

     

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    Je vous adresse mes voeux d'amour, de prospérité et de chance, symbolisés par ces cartes que j'ai collectées au Salon du Livre et des Papiers anciens, à l'Espace Champerret.

     

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    Le muguet: description et propriétés

    Plante vivace aux noms poétiques (Lis de Mai, Lis des vallées, Clochette des bois, Grelots, Grillets, Amourette, Gazon du Parnasse, Larmes de Notre-Dame...), le muguet se développe dans les bois clairs, sur les chemins dégagés et les pentes rocailleuses. Il se multiplie grâce à son rhizome traçant appelé « griffe » . Il est également cultivé pour ses ravissantes clochettes blanches au parfum enivrant dont le nom dérive de musc et de muscade. Ses fruits, très toxiques et de la grosseur d'un pois, deviennent rouges à maturité, en septembre ou en octobre.

     

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    La pharmacopée populaire connaît, depuis des siècles, les propriétés médicinales du muguet et sa richesse en convallatoxine, une substance apparentée à la digitaline qui possède une action sédative sur le coeur. L'infusion de fleurs, sucrée au miel, est toujours utilisée mais, en raison de sa toxicité, les conseils d'un thérapeute sont absolument nécessaires.

    Prisée comme du tabac, la poudre de fleurs, préalablement séchées dans un lieu ombragé, est réputée calmer les migraines d'origine nerveuse, dissiper les vertiges et libérer les sécrétions des voies nasales. Mais souvenez-vous que les propriétés cardiotoniques du muguet ne sont pas à prendre à la légère et que ses jolies baies rouges ne doivent pas être consommées. Il faut également veiller à ce que les enfants n'absorbent pas l'eau dans laquelle le muguet a trempé.

     

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    Au-delà de ses vertus « guérisseuses », cette petite plante aux clochettes lactescentes, aimée des fées et destinée à « chasser l'hiver », nous fait revivre des moments importants de l'histoire de France...

     

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    La tradition consistant à offrir du muguet, le premier mai, semble remonter à l'époque de Charles IX (1550-1574). En 1560, alors qu'il visitait la Drôme, le roi reçut un brin de muguet. Séduit par ce présent, il fit distribuer, à partir de 1561, des bouquets odorants aux dames de la Cour. Les seigneurs s'empressèrent de l'imiter en « muguetant », c'est à dire en « faisant les galants »...

     

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    Les bals du muguet fleurirent, à partir de la Renaissance. Les messieurs arboraient à la boutonnière de jolis brins parfumés.

     

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    Le premier mai 1895, le muguet fut associé à une romance parisienne. Le chansonnier Félix Mayol (1872-1941), auteur de la chanson « Viens poupoule », offrit, sur le quai de la gare Saint-Lazare, un bouquet de muguet à son amie Jenny Cook.

     

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    Quand il monta sur les planches du « Concert Parisien », sa jaquette était ornée de clochettes immaculées. Il connut un tel succès que le muguet devint son porte-bonheur attitré.

     

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    Le premier mai 1900, lors de festivités organisées par des couturiers parisiens, les clientes et les ouvrières reçurent des brins de muguet. Les couturières prirent ensuite l'habitude d'offrir, chaque premier mai, du muguet à leurs clientes.

     

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    Dans le Paris de la Belle Époque, les « fêtes du muguet » se multiplièrent et connurent un succès retentissant, lié à l'élection des « reines de Mai »: de jolies jeunes femmes vêtues de blanc, perçues comme les incarnations de Flore, la déesse du Printemps.

     

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    Flore, par Alfons Mucha (1860-1939).

     

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    Reines du muguet (Photo Delcampe)

     

    Emblème de reverdie et de féminité, le muguet est aussi, depuis 1921, l'emblème du Rugby Club de Toulon!

     

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    La journée de huit heures et la Fête du Travail

    Les clochettes de muguet sont associées, en dépit de leur douceur et de leur fragilité, à des luttes sociales majeures.

     

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    Le 1er mai 1884, au IVe congrès de l'American Federation of Labor, les principaux syndicats ouvriers des États-Unis se donnèrent deux ans pour imposer à leurs employeurs la journée de travail de huit heures.

    Cette idée naquit en Australie où les travailleurs avaient organisé, le 21 avril 1856, une manifestation en faveur de la journée de huit heures. Le succès fut si retentissant qu'il fut décidé de renouveler cette journée d'action tous les ans.

    Le 1er mai 1886, alors qu'une partie des travailleurs venait d'obtenir satisfaction, de nombreux ouvriers, lésés, firent grève pour forcer les patrons à accepter leurs revendications.

    Le 3 mai, à Chicago, trois grévistes de la société McCormick Harvester perdirent la vie au cours d'une manifestation et le lendemain soir, alors qu'une marche de protestation se dispersait à Haymarket Square, une bombe explosa, tuant quinze policiers.

     

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    La révolte de Haymarket Square (Chicago, 4 mai 1886).

     

    Trois syndicalistes furent condamnés à la prison à perpétuité et cinq autres trouvèrent la mort par pendaison, le 11 novembre 1886, en dépit du manque de solidité des preuves dont la justice disposait. Ils finirent par être réhabilités.

     

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    Les derniers mots du condamné August Spies sont lisibles sur une stèle du cimetière de Waldheim, à Chicago: «Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd'hui.»

     

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    Trois ans après le drame de Haymarket, le deuxième congrès de la IIe Internationale socialiste se réunit à Paris, au 42, rue Rochechouart, salle des Fantaisies Parisiennes, dans le contexte de l'Exposition Universelle et de la commémoration du centenaire de la Révolution française.

     

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    Les ouvriers défilèrent à partir du premier mai 1890, un triangle rouge à la boutonnière pour symboliser le partage de la journée en trois temps (temps de travail, temps de loisir et temps de sommeil).

     

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    Le 1er mai, lithographie de Jules Grandjouan (1875-1968) réalisée pour l'Assiette au beurre (1906), une revue illustrée, satirique et libertaire de la Belle Époque.

     

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    En 1891, à Fourmies, commune du nord de la France, la manifestation du premier mai s'acheva dans le sang, marquant un tournant essentiel dans l’histoire du mouvement ouvrier. Les forces de l'ordre, équipées des nouveaux fusils Lebel, tirèrent sur la foule. Elles tuèrent dix personnes et firent trente-cinq blessés. Une ouvrière de 18 ans nommée Maria Blondeau reçut une balle dans la tête à bout portant et devint le symbole de cette tragique journée.

     

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    La manifestation à Fourmies. (Image Fourmies info/archives.)

     

    Les autres victimes étaient Louise Hublet (vingt ans), Ernestine Diot (17 ans), Félicie Tonnelier (16 ans), Kléber Giloteaux (19 ans), Charles Leroy (20 ans), Emile Ségaux (30 ans), Gustave Pestiaux (14 ans), Emile Cornaille (11 ans) et Camille Latour (46 ans). Je conseille aux personnes intéressées par cette histoire de lire l'excellent ouvrage d'André Pierrard et Jean-Louis Chappat intitulé La fusillade de Fourmies, aux éditions Maxima.

     

    Dans le journal « l’Illustration » du 9 mai 1891, il est écrit: «C'est le fusil Lebel qui vient d'entrer en scène pour la première fois. Il ressort de ce nouveau fait à l'actif de la balle Lebel qu'elle peut très certainement traverser trois ou quatre personnes à la suite les uns des autres et les tuer.» Ce fusil équipera l’armée française jusqu’à la fin de la première guerre mondiale.

     

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    A la fin de l’année 1891, l'Internationale Socialiste renouvela le « caractère revendicatif et international du 1er mai », en hommage aux « martyrs de Fourmies ». Le 23 avril 1919, le Sénat Français ratifia la journée de 8 heures et le 7 juin 1936, la signature des accords de Matignon par Léon Blum permit d'obtenir « une augmentation des salaires de 7 à 15 %, la reconnaissance du droit syndical dans l’entreprise, l’élection des délégués ouvriers, la création de conventions collectives, la semaine de 40 heures et quinze jours de congés payés ».

     

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    Dans la Russie de 1920, le 1er mai fut chômé grâce à Lénine et en 1933, Hitler alla plus loin en rendant ce jour emblématique chômé et payé.

     

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    Le 24 avril 1941, sur les recommandations de René Belin, un ancien dirigeant de l'aile socialiste de la CGT, le Maréchal Pétain qualifia le premier mai de « Fête du Travail et de la Concorde Sociale ».

     

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    En avril 1947, à l'initiative du député socialiste Daniel Mayer et du ministre communiste du Travail, Ambroise Croizat, le 1er Mai devint, dans les entreprises publiques et privées, un jour chômé et payé mais il n'est toujours pas assimilé à une fête légale.

     

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    Les symboles du premier mai

    En France, les manifestants du 1er mai défilèrent, à partir de 1890, avec le fameux triangle rouge « des trois temps » bien visible à la boutonnière. Ce triangle fut remplacé, en 1892, par une fleur d'aubépine suspendue à un ruban rouge, en l'honneur de Maria Blondeau, la jeune ouvrière de Fourmies, qui avait trouvé la mort en brandissant un bouquet d’aubépine. En 1895, le socialiste Paul Brousse invita, par le biais d'un concours, les travailleuses à choisir une fleur qui représenterait le « Mai » et c'est l’églantine qui fut choisie.

    Cette fleur traditionnelle du nord de la France, liée au souvenir de la Révolution française, fut remplacée par le muguet, en 1907 à Paris. Emblème du printemps francilien, le muguet était accroché à la boutonnière avec un ruban rouge, symbole du sang versé.

     

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    Après la Première Guerre mondiale, la presse encensa le muguet, aux dépens de la rouge églantine, et en 1941, sous le régime de Vichy, le muguet s'imposa.

     

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    La vente du muguet

     

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    Depuis les années 1930, une tolérance administrative autorise les particuliers à vendre, chaque 1er mai, des brins de muguet sans formalités, ni taxes mais cette tradition populaire se répandit surtout à partir de 1936. Elle semble trouver ses origines à Nantes où monsieur Aimé Delrue (1902-1961), droguiste et président du comité des fêtes de la ville, avait organisé « la Fête du Lait de Mai ».

     

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    Symbole de renouveau et de fécondité, le lait fraîchement tiré était associé à la blancheur immaculée des clochettes de muguet.

    Depuis 1936, chacun peut vendre du muguet, sans patente, mais il s'agit d'une tolérance que certains arrêtés, en fonction des communes, n'hésitent pas à réglementer.

     

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    Des larmes de Marie au sang de Saint-Léonard

    On appelle le muguet « larmes de Notre-Dame » car il aurait jailli des pleurs de la Vierge, versés au pied de la croix.

    D'autres légendes l'associent à Saint-Léonard, guerrier émérite et ami du roi Clovis, qui choisit de vivre en ermite au fond des bois. Un jour, sous un bouquet d'arbres sacrés, Léonard se heurta à un dragon contre lequel il reprit les armes. Le combat fut très violent. De chaque goutte de sang perdue par le saint fleurirent des brins de muguet. D'après certaines croyances, on entend parfois, lorsque le vent souffle, le bruit de cette lutte fantastique...

     

    Folklore et traditions

     

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    Comme toutes les fleurs à clochettes, le muguet est lié au Petit Peuple et aux déesses de l'amour et de la fécondité.

     

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    Cicely Mary Barker, Flower Fairies

     

    Avec la campanule, la digitale et le thym sauvage, le muguet est l'une des fleurs préférées des lutins et des fées qui viennent danser, en cercles opalescents, là où s'épanouissent les clochettes parfumées.

     

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    Titania, la reine des fées, couronnée de muguet, sous le pinceau aux accents préraphaélites de Sir Frank Bernard Dicksee (1853-1928).

     

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    D'après une légende allemande, le muguet serait sous la protection d'une Dame Blanche.

     

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    Idylle de printemps par George Henry Boughton (1834-1905).

     

    Fleur d'inspiration, le muguet est consacré à Apollon Belenos, dieu des arts et du soleil, qui couvrit en l'honneur des Muses, le Mont Parnasse de muguet, d'où l'appellation « Gazon de Parnasse ».

     

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    Dans le folklore européen, l'éclosion des fleurs de muguet constitue un signe bénéfique, annonciateur du retour des déesses du printemps. En fonction des croyances, on préfèrera les brins à douze ou à treize clochettes...

     

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    Dans le Vaudou et la magie des Caraïbes, le muguet est associé à l'invocation des esprits et aux trois planètes de puissance, de protection et de réalisation que sont le Soleil, Vénus et Mercure. Réduit en poudre et brûlé sur des charbons ardents, il est réputé favoriser la concrétisation des affaires matérielles.

     

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     Les druidesses faisaient brûler de l'encens de muguet pour accroître leurs capacités de clairvoyance.

     

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    Dans la tradition populaire, le muguet est considéré comme un porte-bonheur puissant que l'on adresse aux personnes aimées et qu'on laisse sécher pour obtenir la réalisation de ses voeux. Il s'offre après la nuit de Beltane, nuit sacrée pour les Celtes ouvrant les portes de « l'année claire » jusqu'au retour de « l'année sombre » à la période de Samain/Halloween.

     

    Dans des temps très anciens, c'était l'aubépine que l'on offrait pour célébrer le retour de Maïa, la déesse mère du printemps.

     

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    Si vous souhaitez vous plonger dans les coutumes entourant l'Arbre de Mai et caracoler en compagnie des fées de Beltane, je vous invite à lire mon article intitulé la Magie de Mai...

     

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     Généreuses clochettes signifiant l'amour, la passion, la fidélité et le bonheur partagé...

     

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     … ainsi que le souvenir et la pureté des sentiments...

     

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     Clochettes des fées soufflant vers vous mes pensées les plus douces...

     

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    Joyeux Premier Mai!

     

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    Bibliographie

    DUBOIS, Pierre: La Grande Encyclopédie des Fées. Hoebeke, 2008.

    DUBOIS-AUBIN, Hélène: L'esprit des fleurs: mythes, légendes et croyances. Le Coudray-Macouard: Cheminements, 2002.

    SEBILLOT, Paul-Yves: Le Folklore de France.

    SIKE, Yvonne de: Fêtes et croyances populaires en Europe. Bordas, 1994.

    VESCOLI, Michaël: Calendrier celtique. Actes Sud, 1996.

    Plume

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