• image01.jpg

     

    Chers amis, je vous souhaite de très belles fêtes de Pâques! Dans de nombreux endroits, Dame Nature est encore habillée de blanc mais les fleurs, ça et là, commencent à nous offrir leur palette multicolore.

     

    image02.jpg

     

     

    image03.jpg

     

    Si vous êtes intéressés par le folklore de Pâques et l'histoire de cette fête aux origines fort complexes, vous pouvez lire ou relire mon article intitulé Mystères et Traditions de Pâques.

     

    image04.jpg

     

    image05.jpg

     

     

    image06.jpg

    Que le lièvre messager des forces de reverdie fasse germer les graines de vos projets!

    image07.jpg

     

     

    image08.jpg

     

     

    Et que ces quelques images titillent votre gourmandise...

     

    image09.jpg

    Un bel oeuf élégant trouvé sur le net.

     

    image10.jpg

    Des petits trésors destinés à affoler nos papilles...

     

    image11.jpg

    image12.jpg

    Des cocottes rigolotes dans un univers « tout chocolat ».

     

    image13a.jpg

     

    Sur ces notes joyeuses et succulentes, je vous envoie mes pensées d'amitié et un bouquet de bisous aux couleurs du Printemps!

     

    image14.jpg

     

    image15.jpg

    Plume

    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    68 commentaires
  • Image01.jpg

    « Tout l'Univers obéit à l'Amour;

                                                        Aimez, aimez, tout le reste n'est rien! » (Jean de la Fontaine)


    Image02.jpg

    Chaque année, à la mi-février, des rites d'amour et de très anciennes croyances fleurissent pour annoncer le réveil de la Nature, après le règne des sombres nuits d'hiver. Dans ce contexte, la date du 14 février est célébrée sous le patronage de Valentin, le saint des « fiancés, des jeunes filles et des garçons à marier » mais en dépit de son importante popularité, le personnage se pare d'une aura de mystère.

     

    Image03.jpg

     

    La légende de Saint-Valentin

    Plusieurs « Valentin » sont fêtés le 14 février, en France et dans d'autres pays, ce qui n'a pas manqué d'attirer l'attention des mythologues et des historiens. Une telle mise en lumière ayant généralement pour effet de «camoufler» un substrat de divinités pré-chrétiennes.

    On honore ainsi un prêtre de Rome nommé Valentin, un évêque de Terni en Italie, un évêque de Toro en Espagne, un confesseur du Puy-en-Velay et un martyr africain.


    Image04.jpg

    La légende de Saint-Valentin naquit sous le règne de l'empereur Claude II, dit le Gothique (214-270). En proie à certaines difficultés pour constituer ses légions, Claude fit interdire, en l'an 268, les fiançailles et les mariages sur l'ensemble du territoire qu'il dominait mais un prêtre nommé Valentin choisit de braver ses ordres et d'unir secrètement les jeunes couples. L'empereur le fit arrêter et condamner à mort par décapitation.

    Dans sa prison, Valentin rencontra Augustine, la fille de son geôlier, une jeune aveugle à qui il rendit la vue, grâce à des prières. Elle prit soin de lui et il lui adressa, avant son exécution, une lettre qu'il aurait signée «Ton Valentin».

     

    Image05.jpg

     

    Dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine, Valentin fut emprisonné pour avoir refusé de se prosterner devant les divinités de Rome. Il s'éprit de la fille de l'empereur Claude, une jeune aveugle qu'il s'efforça de guérir. L'empereur promit de se convertir si l'issue était heureuse mais Valentin subit tout de même le martyre. Il laissa à la demoiselle de son coeur un billet doux qui devint une « valentine ».

     

    Image06.jpg

     

    Les Lupercales romaines

    Cette belle et tragique histoire a été façonnée dans un but politique et religieux, celui de « gommer » le souvenir érotique des Lupercales, fêtes de la fertilité célébrées jadis à Rome, le 15 février.

    Les prêtres de Lupercus, le dieu loup de la fécondité, couraient dans la ville, vêtus de peaux de chèvre. Ils fouettaient, avec des lanières en cuir de chèvre, les femmes qui croisaient leur chemin, afin de stimuler leur pouvoir de fertilité. La course sauvage des Luperques avait pour but de purifier la cité, d'éloigner les démons et les épidémies et de repousser les êtres atteints de lycanthropie.

     Lupercus était le protecteur des animaux à cornes, des troupeaux et des futures récoltes. On organisait en son nom une « loterie d'amour ». Les jeunes hommes tiraient au sort le nom de la jeune fille qui deviendrait leur « compagne des festivités » et sur laquelle ils veilleraient, l'espace d'une année.

     Image07.jpg

     

    En l'an 496, le pape Gélase Ier décida de contrer les survivances des Lupercales en instituant la Saint-Valentin. La fête romaine, tissée de coutumes païennes, disparut au profit de célébrations plus «convenables» mais il fallut attendre la fin du XVe siècle pour que, sur l'initiative du pape Alexandre VI, Valentin devienne le patron officiel des amoureux.

     

    Les amours des oiseaux


    Image08.jpg

    La Saint-Valentin est associée aux parades nuptiales des oiseaux qui commencent à s'accoupler et sont considérés comme les messagers du printemps. Au cours de leurs voltes amoureuses, ils se livrent à des jeux mêlés de chants qui stimulent l'éveil des puissances naturelles.

     

    Image09.jpg

     

    Ils accompagnaient dans l'Antiquité les Gamélies athéniennes, célébrations rituelles des noces de Zeus et d'Héra qui se déroulaient de la mi-janvier à la mi-février. On offrait à la déesse des oiseaux sacrés, d'un blanc immaculé, tandis que les fiancés échangeaient des voeux d'amour en buvant du vin dans des coupes en forme d'oiseaux.

     

    L'image des oiseaux a souvent été utilisée de manière symbolique pour représenter les élans de l'amour. Le verbe «oiseler», très employé au XVIIIe siècle, signifie d'ailleurs «faire l'amour».

     

    Image10.jpg

     

    Charles d'Orléans, le chantre de l'amour


    La tradition d'écrire des cartes de Saint-Valentin est étroitement liée à ce prince de France, neveu du roi Charles VI, qui naquit en 1394 et mourut en 1465. Charles Ier d'Orléans était le fils de Louis Ier, duc d'Orléans et de Valentine Visconti, fille du puissant duc de Milan, Jean Galéas Visconti.


    Image11.jpg

    Fait prisonnier à la bataille d'Azincourt, le 25 octobre 1415, il fut emmené en Angleterre et retenu captif à la Tour de Londres pendant vingt cinq années. Il sublima sa souffrance grâce à l'écriture de chansons, de ballades, de complaintes et de rondeaux. Il composa aussi des poésies en langue anglaise.


    Le thème de l'absence, la cruelle solitude alors que les oiseaux «apportent» le printemps, l'espoir qui veut survivre et l'amour ardent nous offrent un chant sublime, mêlé de fièvre et de noirceur. Le coeur à vif, le poète nous entraîne, avec les rougeoiements de sa plume, dans le cycle implacable et grandiose des saisons.

     

    Image12.jpg

     

    Le beau soleil, le jour Saint-Valentin


    Le beau soleil, le jour Saint-Valentin,

    Qui apportait sa chandelle allumée,

    N'a pas longtemps entra un bien matin

    Privéement en ma chambre fermée.

    Cette clarté qu'il avait apportée,

    Si m'éveilla du somme de Souci

    Ou j'avais toute la nuit dormi

    Sur le dur lit d'ennuyeuse pensée.


    Ce jour aussi, pour partir leur butin

    Les biens d'Amours, faisaient assemblée

    Tous les oiseaux qui, parlant leur latin,

    Criaient fort, demandant la livrée

    Que Nature leur avait ordonnée

    C'était d'un pair (1) comme chacun choisi

    Si ne me peux rendormir, pour leur cri,

    Sur le dur lit d'ennuyeuse pensée.

     

    Lors en mouillant de larmes mon coussin

    Je regrettai ma dure destinée,

    Disant: « Oiseaux, je vous vois en chemin

    De tout plaisir et joie désirée.

    Chacun de vous a pair qui lui agrée,

    Et point n'en ai, car Mort, qui m'a trahi,

    A pris mon pair dont en deuil je languis

    Sur le dur lit d'ennuyeuse pensée. »

     

    Envoi:

     

    Saint-Valentin choisissent cette année

    Ceux et celles de l'amoureux parti

    Seul me tiendrai de confort dégarni

    Sur le dur lit d'ennuyeuse pensée

     

    (1): « Pair » signifie compagne ou compagnon en français médiéval. Formé sur la même racine que le mot anglais « partner », il s'écrit aussi « per ».

     

    Image13.jpg

     

    Charles d'Orléans écrivit le rondel suivant pour sa jeune belle-soeur, Marguerite de Rohan.

     

    « A ce jour de Saint-Valentin

    Puis qu'êtes mon pair cette année,

    De bien heureuse destinée,

    Puissions-nous partir le butin!

     

    Menez à beau frère hutin

    Tant qu'ayez la pense levée

    A ce jour de Saint-Valentin. »

     

    Il rapporta la coutume de la Saint-Valentin en Touraine après sa libération d'Angleterre, en 1441, et la tradition des messages d'amour se répandit ensuite dans le reste du royaume et dans les cours européennes.

     

    Image14.jpg

     

    La vogue des « Valentines »


    Image15.jpg

    Au XIVe siècle, en Angleterre, il était courant d'écrire, le jour de la Saint-Valentin, des messages d'amour et d'amitié. Le poète et philosophe anglais Geoffrey Chaucer (1340-1400), auteur des Canterbury Tales (Les Contes de Cantorbéry) décrivit, en 1381, cette coutume dans le Parlement des Oiseaux (The Parliament of Fowles).

     

    Image16.jpg

     

    Image17.jpg

     

    Image18.jpg

     

    Chaucer relata, sous le patronage de Saint-Valentin, la cour empressée faite par le roi Richard II Plantagenêt à la princesse Anne de Bohême. Il initia par ses écrits la tradition des poèmes d'amour de la Saint-Valentin.

     

    Image19.jpg

     

    Le poète John Gower (1330-1408) réunit dans une de ses ballades les «trois monarques de l'amour»: Saint-Valentin, la Nature et l'Amour personnifié. Ces trois «Puissances» convoquent un «gouvernement d'oiseaux» qui choisissent leurs compagnes à l'occasion de la Saint-Valentin.

     

    Image20.jpg

     

    L'oeuvre de John Lydgate (1370?-1451?) s'inscrit dans la lignée de celles de Chaucer et de Gower. Dans Flower of Courtesy (lignes 10-14), le poète décrit l'origine des pratiques de la Saint-Valentin et invite les amoureux à célébrer avec fougue ce jour fatidique.

     

    « Awake, ye lovers, out of your slombringe,

    This glade morowe, in al the haste ye may;

    Some observaunce dothe unto this day,

    Your choyse ayen of herte to renewe,

    In confyrmyng for ever to be trewe. »

     

    Réveillez-vous, amants, de votre lourd sommeil,

    En ce joyeux matin, dépêchez, dépêchez ;

    Car la coutume veut qu’en ce jour,

    Le choix de votre cœur renouveliez,

    Et vous engagiez toujours fidèles à rester.

     

    Empreinte d'un charme raffiné, la poésie anglaise est à l'origine de nos cartes d'amour de la Saint-Valentin.

     

    Image21.jpg

     

    Dans la France du XVe siècle, les jeunes gens prirent l'habitude d'offrir à leur bien aimée des petits mots doux pour célébrer le retour du printemps mais il fallut attendre le XVIe siècle pour que les lettres d'amour soient joliment qualifiées de « valentines ».

     

    Image22.jpg

     

    Au XVIIIe et au XIXe siècles, de superbes valentines ornées de colombes, de coeurs, de roses et de Cupidons se répandirent dans l'Europe entière.

     

    Image23.jpg

     

    Image24.jpg

     

    Image25.jpg

     

    Image26.jpg

     

    Image27.jpg

     

    A l'époque victorienne (1840-1860), en Angleterre, elles furent imprégnées de parfums exquis et agrémentées de petits ornements de soie, de dentelle, de plumes, de rubans, de fleurs fraîches ou séchées.


    Image28.jpg

    Image29.jpg

    Esther Allen Howland (1828-1904), la fille d'un célèbre papetier américain, lança, vers 1850, la production en série des cartes de Saint-Valentin.


    Image30.jpg

    Conçues comme de précieuses broderies, ces cartes suscitèrent l'engouement des collectionneurs.

     

    Image31.jpg

     

    La chromolithographie, procédé d'impression en couleurs mis au point par le lithographe Godefroy Engelmann (1788-1839) en 1837, contribua également, tout au long du XIXe siècle, à la diffusion des images de la Saint-Valentin.


    Image32.jpg

    Image33.jpg

     

    Supertistions et coutumes de la Saint-Valentin


    Dans la France et l'Angleterre des XIVe et des XVe siècles, les jeunes filles choisissaient leur «Valentin», un cavalier courtois qui leur offrait des cadeaux et leur dispensait de galantes attentions.

     

    Le «Valentin» accompagnait sa «Valentine» à la fête des Brandons, le premier dimanche de Carême. Les futurs couples échangeaient des présents et des baisers autour d'un grand feu puis le «Valentin» allait «brandonner» à travers les champs et les vignes. Par ce geste à caractère magique, (il brandissait un bâton autour duquel crépitait un brin de paille enflammé), il stimulait la croissance des futures récoltes et attirait la prospérité sur les familles et les champs.

     

    Image34.jpg

     

    Afin de voir en rêve leur futur amoureux, les jeunes filles cueillaient, après les douze coups de Minuit, le 14 février, cinq feuilles de laurier. Elles en épinglaient une à chaque extrémité de leur oreiller et plaçaient la cinquième au milieu. Puis elles récitaient sept fois la prière suivante avant de s'endormir: « Ô grand Saint-Valentin, protecteur de ceux qui s' aiment, fais que je puisse voir en mon dormant celui qui sera un ami fidèle et un merveilleux amant ».

     

    Image35.jpg

     

    Une vieille coutume préconise de porter des crocus jaunes ou des jonquilles dans les cheveux au lever du soleil pour attirer l'époux de ses rêves.

     

    Image36.jpg

     

    Un autre rituel d'amour consistait à frotter doucement la surface d'un miroir avec un tissu rouge avant d'ouvrir la fenêtre et d'allumer deux chandelles rouges. On étudiait ensuite les formes qui se dessinaient à la surface du miroir, les taches de lumière, les cristallisations et les effets de givre, afin de connaître les secrets d'un futur époux.

     

    Image37.jpg

     

    Pendant des siècles, dans le Kent, en Angleterre, les jeunes filles fabriquaient un «homme de houx» et les jeunes hommes une «demoiselle de lierre». Ce couple végétal, mêlé de fleurs roses et bleues, était promené dans les rues et symboliquement marié avant d'être brûlé, avec les cadeaux de sa dot. Les cendres recueillies étaient répandues dans les champs pour stimuler la croissance des jeunes pousses.

     

    A Anvers, en Belgique, les jeunes filles recevaient de la part de leurs admirateurs des effigies du Greef, un personnage en speculoos ou en massepain. Le nombre de figurines à croquer qu'elles obtenaient était proportionnel à l'affection qu'on leur portait.

     

    Image38.jpg

     

    La divination par les oiseaux


    Image39.jpg

     

    Oracles de l'amour et du printemps, médiateurs entre les hommes et les esprits de la Nature, les oiseaux sont dotés de capacités surnaturelles au moment de la Saint-Valentin. Ils dévoilent dans les rêves des renseignements précieux sur la future épouse ou le futur mari. Ils font croître les bourgeons en battant des ailes. La tradition préconise de faire un voeu en tenant une plume ramassée quelques instants après le lever du soleil.

     

    Image40.jpg

    Le messager de l'amour, 1885, par Marie Spartali Stillman (1844-1927), artiste préraphaélite.

     

    Le rouge-gorge qui sautille dans la rosée ou qui agite un brin d'herbe évoque un mariage avec un voyageur ou un marin.

     

    La présence d'un moineau au petit jour près de la chambre augure d'un mariage d'amour.

     

    Le chardonneret signale à la jeune fille qui l'aperçoit qu'elle fera la connaissance d'un riche parti.

     

    Un vol de cygnes présage d'un mariage heureux mais un merle posé sur l'appui de la fenêtre annonce la venue d'un beau parleur.

     

    Deux colombes qui s'embrassent sous le gage d'une union prospère et sans nuages.

     

    La vue d'une mésange signifie que les époux auront de nombreux enfants.

     

    Image41.jpg

     

    Les symboles de la Saint-Valentin


    Image42.jpg

    (Carte de 1910)

     

    Le coeur, siège de l'amour, de la vie et de l'âme, organe des fluides et de la circulation sanguine, est le motif magique par excellence...

     

    Image43.jpg

     

    Image44.jpg

     

    Le coeur percé d'une flèche évoque l'amour et la passion mais se présente aussi comme un symbole protecteur contre les dangers et les maléfices.

     

    Image45.jpg

     

    La rose rouge est un emblème de désir et de passion mais aussi un gage d'amour et de fidélité. La rose rose évoque la délicatesse des sentiments.

     

    Image46.jpg

    Chromolithographie ancienne de roses, 1894, par Francis Dubreuil et Madame Laurent Simons, trouvée sur le très joli site Roses anciennes en France.org.

     

    Image47.jpg

     

    Cupidon

     

    Image48.jpg

    (Fresque d'Annibal Carrache, au Palais Farnèse, 1595-1597).


    Incarnation antique de l'amour et du désir, Amour ou Cupidon, Eros en grec, est le fils d'Aphrodite, la déesse de l'amour et d'Arès, le dieu de la guerre. Cabotin, joueur, imprévisible et capricieux, il transperce les coeurs avec des flèches d'or ou d'argent. Son pouvoir est incommensurable. Il peut susciter l'amour aussi bien chez les hommes que chez les dieux.

     

    Image49.jpg

    Vénus et Cupidon, 1540-1545, par Agnolo di Cosimo dit Bronzino (1503-1572).

     

    Image50.jpg

     

    Redouté pour sa nature taquine et chaotique, il est souvent «puni» par sa mère mais il parvient toujours à s'échapper et à n'en faire qu'à sa tête...

     

    Image51.jpg

    Jeune fille se défendant contre l'amour, par William Bouguereau (1825-1905).

     

    Image52.jpg

    Cupidon à la rose

     

    Image53.jpg

    La Beauté couronnée par Cupidon

     

    Image54.jpg

    Cupidon adolescent

     

    Image55.jpg

     

    Image56.jpg

    L'Amour mouillé, 1891, toujours par William Bouguereau, au musée des Beaux-Arts de La Rochelle.

     

    De l'union de Cupidon et de la ravissante Psyché est née une fille appelée Volupté.

     

    Image57.jpg

    Amour et Psyché, enfants, 1890, par William Bouguereau.

     

    Psyché aux ailes de papillon dont les larmes et le sourire font renaître la rosée.

     

    Image58.jpg

     

    Image59.jpg

     

    Les mêmes, un peu plus âgés...

     

    Image60.jpg

     

    Psyché apparaît dans l'Âne d'Or ou Les Métamorphoses d'Apulée, célèbre philosophe antique né vers 123 ou 125 après J.-C. et mort aux environs de l'an 170.

     

    Image61.jpg

    Psyché,1904, par Guillaume Seignac

     

    Un roi grec de l'Antiquité avait trois filles dont Psyché, honorée pour sa resplendissante beauté. Les sujets du royaume se pressaient autour d'elle pour l'admirer et en oubliaient la dévotion qu'ils devaient à Vénus, la déesse de l'Amour.

     

    Ivre de jalousie, Vénus ordonna à Cupidon d'inspirer à Psyché de l'amour pour le plus laid et le plus méprisable des mortels.

     

    Cupidon s'envola pour exécuter les volontés de sa mère mais quand il aperçut Psyché, il fut tellement charmé par sa beauté qu'il se blessa avec l'une de ses flèches et tomba éperdument amoureux.

     

    Alors que ses sœurs épousaient de riches personnages, Psyché demeurait jeune fille. Le roi, fort contrarié, consulta un oracle qui lui ordonna de vêtir la princesse de noir et de l'abandonner au sommet d'une colline où une monstrueuse créature s'unirait à elle. Malgré son désespoir, le roi dut se résoudre à faire conduire sa fille adorée au lieu du sacrifice.

     

    Quand elle se retrouva seule, Psyché sentit qu'un souffle parfumé gonflait le tissu de sa funèbre robe. Zéphyr, le vent d'ouest, s'empara d'elle et la transporta jusqu'à une prairie verdoyante où elle s'endormit.

     

    Image62.jpg

    Psyché dans le jardin d'Eros,1904, par John William Waterhouse (1849-1917)

     

    Au matin, elle découvrit un palais somptueux, soutenu par des colonnes d'or et des voûtes d'ivoire et de bois de citronnier, décoré de bas-reliefs en argent et de mosaïques de perles et de diamants. Elle y pénétra, sous l'impulsion d'une voix mystérieuse qui l'invita à savourer des mets luxueux, à se glisser dans un bain délassant et à s'étendre, à la nuit tombée, sur un lit précieux où la rejoignit son époux...

     

    Image63.jpg

    Le bain de Psyché, 1879, par Frederick Leighton (1830-1896)

     

    Comblée après sa nuit de noces, Psyché connut des jours et des nuits de plaisirs intenses mais le souvenir de sa famille hantait son coeur et son esprit. Ému par son chagrin, son époux lui permit de rejoindre les siens quelques temps mais lui fit promettre de ne jamais chercher à contempler son visage.

     

    Elle retrouva ses parents et ses sœurs mais celles-ci, étonnées de son bonheur, s'efforcèrent d'insinuer le doute en elle, en affirmant que, dans l'obscurité, elle s'unissait très certainement à un monstre.

     

    Image64.jpg

    Psyché et ses deux soeurs par Jean-Honoré Fragonard (1732-1806)

     

    La nuit qui suivit son retour au palais, Psyché s'approcha de son époux endormi pour l'éclairer de sa lampe. A son grand soulagement, elle distingua les traits du plus séduisant de tous les dieux mais alors qu'elle s'émerveillait de sa découverte, une goutte d'huile bouillante tomba sur l'épaule de Cupidon. Réveillé en sursaut, il reprocha à la jeune femme d'avoir trahi sa parole et disparut.

     

    Image65.jpg

    Psyché levant sa lampe pour contempler Cupidon endormi,1737-1739, peinture appartenant au Cycle de l'Histoire de Psyché, réalisée par Charles-Joseph Natoirepour l'Hôtel de Soubise à Paris.

     

    Désespérée, Psyché le chercha aux quatre coins de la terre et finit, de guerre lasse, par envoyer des prières à Vénus.

     

    Image66

    L'Amour quittant Psyché,par Carle Van Loo (1705-1765).

     

    Ravie de pouvoir se venger, Vénus fit de Psyché sa servante et lui imposa une série de travaux rudes et humiliants mais aucune tâche ne semblait impossible à la jeune femme tant son amour lui donnait du courage et de la persévérance.

     

    Un soir, Vénus mélangea du froment, de l'orge, du millet, des graines de pavot, des pois, des lentilles et des fèves et ordonna à Psyché de trier chaque sorte de graine. Psyché vit alors une myriade de fourmis venir à son aide. Ces «filles de la terre» plongèrent dans le monticule de graines et classèrent l'ensemble par petits tas. Quand Vénus découvrit le résultat, elle réagit avec fureur...

     

    Elle ordonna ensuite à Psyché de traverser un bois sacré, bordé par une rivière, à la recherche d'un troupeau de brebis à la toison dorée et de lui rapporter un flocon de leur précieuse laine. Mais alors que Psyché s'approchait du troupeau, un roseau lui chuchota que les brebis étaient enragées. Il lui conseilla d'attendre que le soleil soit moins haut dans le ciel et de rejoindre un bouquet d'arbres dominant la rivière. La laine d'or, portée par le vent, s'y attachait en grappes scintillantes.

     

    Psyché revint saine et sauve auprès de Vénus. Très mécontente, la déesse lui ordonna de se rendre au sommet d'une montagne où de remplir un petit flacon avec de l'eau venant d'une mystérieuse source.

     

    Psyché trouva la source mais quand elle voulut remplir le flacon, de grandes mâchoires de pierre la menacèrent. Apparut alors un aigle royal, oiseau tutélaire de Jupiter, le roi des dieux. Il prit le flacon entre ses serres et le remplit. Psyché réussit l'épreuve et, une fois encore, Vénus fut prise à son propre piège...

     

    La déesse ordonna ensuite à la jeune femme de descendre dans les Enfers et de collecter, auprès de Proserpine, un peu de beauté enchantée dans un coffret.

     

    Image67.jpg

    Psyché par Paul Alfred de Curzon(1820-1895)

     

    Convaincue de devoir mourir pour entreprendre ce voyage, Psyché monta tout en haut d'une tour mais alors qu'elle allait sauter dans le vide, une voix résonna à travers les pierres de la tour. Elle lui révéla l'existence d'un chemin permettant d'entrer et ressortir vivante des Enfers. Psyché traversa le Styx sur la barque du nocher Charon, envoûta le féroce chien Cerbère et reçut des mains de Proserpine la boîte qui contenait la beauté des déesses.

     

    Image68.jpg

    Psyché obtenant de Proserpine l'élixir de beauté,1735, par Charles-Joseph Natoire.


    Mais dès qu'elle fut sortie des Enfers, une irrépressible curiosité s'empara d'elle. Elle ouvrit la boîte et une vapeur sombre et bleutée s'en échappa. Elle sombra alors dans une léthargie proche de la mort.

     

    Image69.jpg

    Psyché ouvrant la boîte,1903, par John William Waterhouse.


    Cupidon, emprisonné par sa mère en raison de ses noces clandestines avec Psyché, ressentit le drame qui arrivait. Il parvint à se libérer de sa prison et se hâta de la rejoindre pour la ranimer sous ses baisers.

     

    Image70.jpg

    Psyché ranimée par le baiser de l'Amour, 1793, sculpture d'Antonio Canova (1757-1822) musée du Louvre.


    Psyché remit la boîte à Vénus pendant que Cupidon implorait Jupiter de lui accorder son soutien. Jupiter accepta et convoqua le Conseil des Dieux. Psyché y parut, dans l'éclat de sa beauté, et but, devant la divine assemblée, une coupe d'ambroisie qui lui offrit l'immortalité. Les noces de Psyché et de Cupidon furent officiellement célébrées et Vénus accepta sa belle-fille...

     Image71.jpg

    L'Amour et Psyché,par Louis Jean-François Lagrenée(1724-1805).

     

    Image72.jpg

    Psyché et l'Amour, 1798, par le Baron François Gérard (1770-1837), musée du Louvre.

     Psyché, incarnation des premières émotions de l'âme, l'âme-souffle qui s'éveille à l'amour...


    Image73.jpg Image74.jpg Image75.jpg

    Les pouvoirs de Valentin

    A l'instar de Cupidon, Valentin s'efforce de réunir les amoureux mais il veille aussi sur la bonne santé morale et physique des couples. Il fut jadis invoqué pour fortifier le coeur, apaiser de nombreux tourments, soigner les rhumatismes et les douleurs récurrentes, faire tomber la fièvre et purifier le sang. En Belgique, il est considéré comme un protecteur contre les blessures et les hernies.

    Dans la région d'Hurtigheim, en Alsace, on trouve dans certaines chapelles des statuettes de Saint-Valentin, réputées apaiser les rhumatismes. Les personnes souffrantes offrent au saint une poule noire.

    Depuis fort longtemps, Valentin est le protecteur des nourrissons contre la mort subite. Il repousse les maladies qui touchent les animaux, détruit la vermine et garde les cultures contre les caprices de la météorologie.

    Il repousse la sècheresse et règne sur le vent comme en témoigne un vieux dicton du Centre de la France:

    « Jour de Saint-Valentin

       Vent au moulin ».

     

    Dans le vieux Nice, on avait coutume de dire:

    « Danse à la Saint-Valentin

       Soleil sur le chemin ».

    Image76.jpg

    Image77.jpg

     

    Comme le fait remarquer Philippe Walter dans son ouvrage intitulé Mythologie chrétienne, Fêtes, rites et mythes du Moyen Âge, Valentin est un saint très mystérieux, fêté à la période du Carnaval et entretenant avec celle-ci des rapports très étroits. Il se présente comme la forme christianisée d'une vieille divinité pré-chrétienne « possédant la syllabe val dans son nom ou son surnom ». P.88. Sa décapitation s'inscrit, à l'instar de celle des géants de Carnaval, dans un cycle solaire et cosmique de mort et de renaissance.

    Image78.jpg

    Un village nommé Saint-Valentin

    Image79.jpg

    Au coeur du Berry, les « traditions valentines » ont fait renaître de ses cendres un charmant village, considéré, depuis plusieurs décennies, comme le fief des amoureux. La fête de la Saint-Valentin étant très appréciées au Japon, un jumelage a eu lieu entre le village français et le temple bouddhiste de Sakuto-Cho, en octobre 1997.

    Image80.jpg

    De nombreux couples viennent s'y marier et poser devant « le kiosque des amoureux » , érigé, par les Compagnons du Tour de France, en guise d'hommage à l'illustrateur Raymond Peynet.

    Image81.jpg

    Près du saule aux voeux, les visiteurs suspendent des feuilles en forme de coeur gravées de leurs noms, dans de grandes structures arborescentes de métal.

    L'emblème de la commune est le « coeur saignant » ou Coeur de Marie, de ravissantes fleurs bicolores qui dessinent des coeurs roses ornés d'une sorte de plumet blanc.

    Image82.jpg

    Les « Amoureux » de Peynet

    Image83.jpg

    Raymond Peynet (1908-1999) apprit les techniques du dessin publicitaire à l'École des Arts Appliqués à l'Industrie. Son diplôme lui fut remis par un des frères Lumière.

    Avec humour et sensibilité, il réalisa des étiquettes de parfums, des affiches, des encarts publicitaires, des dessins de presse et des décors de théâtre (notamment ceux du théâtre de la Huchette, dans le quartier Saint-Michel) mais il connut une célébrité mondiale avec ses «Amoureux», dédiés à son épouse et muse au nom prédestiné, Denise Damour.

    Image84.jpg

     Ces personnages délicats, nés sous le kiosque à musique de Valence, dans la Drôme, ont séduit un public considérable, à travers une profusion de livres et d'objets (écharpes, porcelaines fines, médailles, poupées, statues...). En 1942, Raymond Peynet écrivit à leur sujet: « Assis sur un banc, j'ai dessiné le kiosque qui se trouvait devant moi, avec un petit violoniste qui jouait tout seul sous l'estrade et une petite femme qui l'écoutait et l'attendait. On voyait aussi les musiciens qui, ayant rangé leurs instruments dans leurs étuis, s'en allaient dans le parc de Valence ».

     Image85.jpg

    Image86.jpg

     

    Les Amoureux ont traversé les époques sans prendre une ride. Depuis l'époque de leur publication par Max Favalelli, dans le périodique Ric et Rac, leurs vêtements se sont adaptés aux évolutions de la mode et à la ronde des saisons. Ils sont accompagnés de symboles d'amour incontournables: le coeur, les roses, les angelots et les oiseaux.

     

    Image87.jpg

    Ils ont inspiré des chansons comme «Les bancs publics», créée par Georges Brassens et «Les amoureux de papier», composée par Charles Aznavouret chantée par Marcel Amont.

     

    Une de leurs statues se dresse à Hiroshima, au Japon, face au Mémorial de la Bombe Atomique.

    Image88.jpg

     

    Peynet peignit aussi des tissus et décora des ouvrages de Jean Anouilh, d'Alfred de Musset et d'Eugène Labiche, comme Le voyage de Monsieur Perrichonen 1939. Les amoureux de ses oeuvres pourront visiter quatre musées dans le monde qui lui sont consacrés: deux en France (Antibes et Brassac-les-Mines) et deux au Japon (Karuisawa et Mimasaka).


    Une longue tradition de cadeaux

    Dans l'ancienne Europe, à la mi-février, les rituels d'amour étaient accompagnés par des cadeaux: petites sculptures réalisées dans du bois d'arbres fruitiers, couronnes et bracelets de fleurs, coeurs et figurines de cire, moules à gâteaux, chansons, poèmes... A partir de la Renaissance et surtout au XVIIIe siècle, les gants, les bas, les éventails et les rubans décorés de perles, de plumes et de petits bijoux firent fureur. Les bouquets de fleurs, les cartes et le chocolat furent très appréciés à partir du XIXe siècle.

    Image89.jpg

     

    Chacun est libre de croire que la Saint-Valentin n'est qu'une fête commerciale, peuplée d'ornements kitsch et de babioles sucrées or cette fête s'enracine profondément dans notre folklore et les plus jolies attentions n'ont pas besoin d'être assorties d'une valeur marchande.

    En Italie, on offre des chocolats recouverts de noisettes appelés Baci Perugina qui contiennent des billets doux.

    Aux États-Unis, au Canada et au Japon, la Saint-Valentin est l'occasion d'exprimer son amour mais aussi de présenter ses voeux d'amitié. Les écoliers américains fabriquent des cartes qu'ils distribuent à leurs camarades, à leur institutrice, aux membres de leur famille et aux personnes qu'ils apprécient. Ils s'offrent aussi des petits sachets de graines qu'ils sèmeront pour célébrer le retour du printemps.

     A la Saint-Valentin fleurissent d'exquises gourmandises qui enfièvreront les papilles, à l'instar de ces petits trésors...

    Image90.jpg

    (www.lecacaotier.com)

     

    Image91.jpg

     

    Image92.jpg

    La Maison du Chocolat...

     

    Image93.jpg

     

    Bien loin des lieux communs et du dédain que certains manifestent à son égard, la Saint-Valentin est une broderie de traditions passionnantes et complexes qui ne demandent qu'à être explorées. Je vous souhaite d'agréables moments de partage et de découverte ainsi que les opportunités d'exprimer votre amour, votre fantaisie et votre créativité, pas seulement l'espace d'une journée mais tout au long de l'année...

     

    Image94.jpg

     

    Joyeuse Saint-Valentin!

     

    Image95.jpg

    Image96.jpg

    Bibliographie

    Constant BEAUFILS: Étude sur la vie et les poésies de Charles d'Orléans.Paris: A. Durand, 1861.Henri DONTENVILLE: Mythologie française. Paris: Payot, 1973.

    Claude GAIGNEBET: Le Carnaval. Paris: Payot, 1974.

    Arnold VAN GENNEP: Manuel de folklore français contemporain. Paris: Picard, 1947.

    Philippe WALTER: Mythologie chrétienne. Paris: Imago, 2003.


    Image97.jpg

    « C'est le coeur qui donne naissance à toute connaissance ». (Proverbe de l'Égypte ancienne.)


    Image98.jpg

    Plume4

    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    72 commentaires
  • Image01.jpg


    Le 10 février 2013 marquera le début de la nouvelle année chinoise, l'année du serpent d'eau. Ce « maître séducteur » est réputé pour sa sagesse, son intuition et sa créativité débordante. Jusqu'au 23 février, sous son obédience mystérieuse, de nombreuses manifestations culturelles se dérouleront dans plusieurs arrondissements de Paris.


    Image02.jpg


    Programme des festivités


    Le dimanche 10 février 2013, vers 14 heures, un défilé traditionnel partira de la place de l'Hôtel de Ville, en direction du quartier du Marais. Le cortège empruntera la rue du Temple jusqu'à la place de la République et se dirigera, par la rue de Turbigo, la rue Beaubourg et la rue du Renard, vers la rue de la Verrerie.

     

    Image03.jpg

     

    Image04.jpg

     

    Le dimanche 17 février 2013, à partir de 13 heures, le célèbre défilé du 13e arrondissement attirera des milliers de visiteurs autour de l'avenue d'Ivry. Le défilé de Belleville aura lieu le même jour, aux alentours de 11 heures.

     

    Image05.jpg


    Les mairies des 3e, 13e et 20e arrondissements proposeront, tout au long du mois de février, des conférences, des expositions de peinture à l'encre de Chine, des initiations à la calligraphie, des spectacles de marionnettes, des concerts et des projections de films. Les personnes intéressées pourront consulter le site Paris.fr.

     

    Image06.jpg

     

    Du 10 au 16 février, le théâtre du Châtelet accueillera pour la première fois en Europe l'opéra classique chinois Le pavillon aux pivoines. Cette épopée de 55 actes, composée en 1598 par le poète Tan Xianzu, a été adaptée par Tamasaburo Bando, maître japonais de kabuki, une forme de théâtre traditionnel né au début du XVIIe siècle. La version de l'acteur, considéré comme au Japon comme un « trésor national vivant », se déroule sur trois actes et six tableaux.

     

    Image07.jpg

    La romancière Lisa See reprend, dans le Pavillon des Pivoines, le thème de l'amour parfait développé dans le monumental opéra.

     

    Image08.jpg

    Le samedi 16 février, le nouvel an vietnamien sera célébré à la maison de l'Unesco. La « fête du Têt », appelée « Première Aurore », marque le renouveau du Printemps et le retour des âmes des ancêtres auprès des vivants.

     

    Image09.jpg

     

    Le serpent et le dragon étant liés, à bien des égards, dans la symbolique chinoise, je vous propose de voyager, sous l'égide du dragon d'eau, à travers les chatoyantes traditions du nouvel an asiatique.

     

    Image10.jpg

     

    Le 23 Janvier 2012, le Lapin de Métal s'en est allé, au profit d'une figure majeure de la mythologie chinoise, le Dragon d'Eau, seigneur du Zodiaque et des éléments. Avec fantaisie et majesté, il règne, dans ses rutilants atours, sur l'ancien monde et rayonne sur le nouveau. Le 10 février 2013, il sera remplacé par le Serpent d'Eau.

     

    Image11.jpg

     

    La Fête du Printemps est célébrée le premier jour du premier mois lunaire. Ses origines remontent à la dynastie Shang (1766-1122 avant J.-C.). Renouvelée, sous l'obédience du puissant dragon, elle promet, d'après les croyances asiatiques, prospérité, fécondité, succès et renaissance.

     

    Le nouvel an chinois évolue chaque année entre le 21 janvier et le 20 février, en raison du calendrier luni-solaire qui se fonde sur une connaissance aiguë des cycles saisonniers. C'est à Nankin, à l'observatoire de la Montagne Pourpre, que l'apparition de la nouvelle lune est déterminée.

     

    Image12.jpg

     

    Un défilé haut en couleurs

     

    Sur le parvis de l'Hôtel de Ville, les enfants du Dragon, les amateurs de folklore et de mythologie et les curieux de tous bords se donnent volontiers rendez-vous.

     

    Image13.jpg

     

    Image14.jpg

     

    Le rouge et l'or, couleurs sacrées, protectrices contre les forces malveillantes.

     

    Image15.jpg

     

    Image16.jpg

    Le rose du Printemps

     

    Image17.jpg

    Les génies de la chance et de la prospérité règnent sur ce festival lunaire.

     

    Le vert évoque la poussée de l'énergie vitale et le retour du Printemps. Associé à l'Est, au foie et aux muscles, il stimule la bonté et la santé.

     

    Le jaune est la couleur des vêtements impériaux et de la Terre, l'élément du Centre, symbole de fertilité. Les eaux du fleuve Jaune favorisent le renouveau de la végétation.

     

    Avec quelques touches de rose, le pouvoir de la Nature s'éveille doucement à travers les fleurs de cerisier.

     

    Image18.jpg

     

    Image19.jpg


    Les somptueux costumes sont réputés stimuler les énergies bienfaisantes et « capter » l'attention des divinités mais les personnages fantastiques, les couleurs chatoyantes et les danses magiques ont surtout pour fonction de repousser Nian ou Nien, le « monstre de l'année ».


    Image20.jpg

    (Image Paris.fr)

     

    Ce monstre légendaire donna son nom au « cercle de l'année ». Émanation de l'incréé, du chaos et des abysses nocturnes, il rôdait autour des villages, à l'instar de nos croquemitaines et dévoreurs d'âmes occidentaux. Pendant la « nuit de Nian »,les habitants allumaient, au cours d'une veillée protectrice, une profusion de flambeaux.

     

    Image21.jpg

     

    Créature hybride, dotée d'une tête de lion et d'un corps de taureau, Nian apparaît dans les danses de lions qui neutralisent son pouvoir maléfique.

     

    Il surgit de la mer ou de la forêt. Il descend des montagnes pour dévorer les hommes et les animaux mais il est effrayé par le bruit des pétards, la lumière vive et la couleur rouge. Dans les temps anciens, les villageois plaçaient sur les portes des chiffons écarlates dans le but de l'effaroucher.

     

    Image22.jpg

     

    Les premiers pétards étaient réalisés avec des tiges de bambou. Aujourd'hui, ce sont des chaînes de petits pétards rouges appelés « démons » qui sont utilisées.

     

    Image23.jpg

     

    Émanation de la toute puissance du yang, la couleur rouge (hung), règne sur l'été et le sud, à l'opposé du yin, associé au noir, au nord et à l'hiver. Elle est apotropaïque, autrement dit réputée éloigner les forces négatives. (Le mot « apotropaïque » vient du grec apotropein qui signifie « détourner ».)

     

    « Au théâtre chinois, le dieu de la guerre a le visage peint en rouge, couleur du sang et des blessures, mais les cartes du nouvel an sont rouges et les pêches rouges sont un présent de mariage car le rouge est aussi la couleur de la joie et de la chance envoyées par les dieux. »

    J. Gernet: Problèmes de la couleur. Bibliothèque générale de l'École Pratique des Hautes Études, VIe Section, Sorbonne, 1957.

     

    Image24.jpg

     

    Le rouge est la couleur des noces. La jeune mariée, vêtue de rouge et installée dans un palanquin rouge, est conduite au logis de son époux. Les portes de sa nouvelle maison sont couvertes de laque rouge.

     

    Image25.jpg

    Les lanternes rouges et dorées sont des symboles de richesse et de félicité.

     

    L'ouverture des yeux du dragon


    Image26.jpg

     

    Avant que le dragon puisse danser, la tradition exige qu'on lui « ouvre les yeux » en peignant de rouge ses prunelles.

     

    D'après la légende, l'empereur Han Wudi, de la dynastie Liang, fit décorer le temple bouddhiste du bien-être, à Nankin, par le peintre Zhang Sengyóu.

     

    Au grand étonnement des visiteurs, Zhangréalisa quatre dragons dépourvus d'yeux. Il expliqua que les dragons s'envoleraient s'il leur peignait un regard mais face aux demandes réitérées de ses admirateurs, il dota de prunelles les deux premiers dragons. Il avait à peine terminé son travail que le tonnerre se mettait à gronder. Quelques instants plus tard, des éclairs déchirèrent le ciel et un déluge s'abattit sur le monastère. Les dragons aux yeux peints s'animèrent et s'envolèrent dans les nuages, comme de longs rubans de soie.

     

    Cette légende fut à l'origine du proverbe huà lóng din jingqui signifie « faire la tache des yeux du dragon peint »et décrit la dernière touche apportée à une oeuvre, la touche magique insufflant la vie.


    Les yeux du dragon auraient d'ailleurs été peints, dans les temps anciens, avec le sang d'une crête de coq, animal protecteur contre les démons et les esprits malveillants.

     

    Image27.jpg

     

    Les dragons qui virevoltent apportent la joie, la force et la prospérité. Leurs danses ondoyantes s'enracinent dans le culte des ancêtres, l'hommage aux divinités et la réminiscence du pouvoir impérial. Elles honorent aussi les dieux de la pluie fécondante qui font croître les moissons.

     

    Les acrobaties du dragon symbolisent la bravoure, la force et la noblesse. Tel un long ruban précieux, il se gorge d'air et tourbillonne parmi les passants émerveillés.

     

    La danse des Lions


    Image28.jpg

     

    Au rythme des cymbales, du gong et du tambour, les lions aux couleurs vives s'ébattent dans des positions qui mélangent la danse et les arts martiaux. Chaque lion est incarné par deux danseurs. Le corps et la queue sont animés par des liens souples alors que la tête est contrôlée par des tiges de bambou. Cette activité requiert une grande force, beaucoup de coordination et de vitalité.

     

    Image29.jpg

     

    Ces danses soigneusement codifiées sont réputées éloigner les esprits malveillants, attirer la chance et stimuler la fertilité. Elles sont exécutées pendant les mariages, à l'occasion du nouvel an et pour célébrer l'ouverture d'une boutique.

     

    Image30.jpg

     

    A l'origine, la danse des lions se déroulait à l'automne, après la période des moissons, pour exorciser les créatures démoniaques.

     

    Image31.jpg

    Ronde léonine autour d'un enfant qui accomplit des katas.

     

    Les Pouvoirs du Dragon


    Image32.jpg

     

    Le dragon chinois est une sorte de poisson mythique, doté d'un corps serpentiforme ou anguiliforme très étiré, de bois ou de cornes et d'une puissante gueule barbue. Il ne possède pas d'ailes mais la crête qui couronne son crâne lui permet de voler. Avant de revêtir sa forme définitive, il se métamorphose pendant des milliers d'années. D'après certains archéologues, son effigie dérive de représentations stylisées d'animaux bien réels, comme des poissons, des crocodiles et des serpents.

     

    Image33.jpg

    Un dragon poisson de bois que les moines frappent avec un bâton pour annoncer la prière ou la méditation.

     

    Image34.jpg

    Animal sacré, à l'instar du Phénix, de la Licorne et de la Tortue, le Dragon permet aux puissances célestes de se manifester auprès des Hommes.

     

    Image35.jpg

     

    L'expression « deng longmen » signifie « franchir la passe du dragon », c'est à dire « réussir sa carrière ».

     

    Si une carpe parvient à franchir la « porte du dragon », elle se métamorphosera en dragon. La « porte du dragon » est une porte mythique et allégorique symbolisant les efforts déployés pour atteindre son but.

     

    Image36.jpg

     

    Le Seigneur des métamorphoses

     

    Créature gorgée de magie, le dragon peut tisser les nuages, se changer en gouttes d'eau et en flammes, scintiller dans les ténèbres, devenir invisible, revêtir l'apparence d'autres animaux, prendre une forme humaine ou hybride (comme un corps d'homme et une tête de dragon).

     

    Le Dragon d'Eau


    Émanation de l'élément yang, le dragon est investi du pouvoir de création et de fécondité mais il est aussi en adéquation avec l'élément yin et les puissances aquatiques. Il est le seigneur des eaux en mouvement, fécondes et jaillissantes, dont il contrôle le pouvoir de vie et de mort.

     

    Image37.jpg

     

    Maître du calendrier et de la météorologie, il se love dans les eaux matricielles (rivières, lacs, océans) et règne sur les eaux célestes. Il serpente à travers les nuages et fait tomber la pluie.

     

    Les cours d'eau, les bras de mer, les étangs, les rivières et les lacs ont leurs dragons-esprits.

     

    Pendant l'hiver, les dragons s'enfoncent dans les entrailles de la Terre. Ils remontent à la surface au début du deuxième mois, pour apporter les pluies fécondantes. Le deuxième jour, ils sont honorés avec des feux d'artifice.

     

    Le rite du Qiu se déroule pendant les périodes de sécheresse. Pour invoquer le pouvoir bienfaisant du dragon d'eau, un dragon de papier est fixé à une armature de bois et placé dans un lit de rivière asséché. Les chamanes lancent des incantations et frappent des tambours pour imiter le grondement du tonnerre, invitant, par ce bruit caractéristique, le roi-dragon à libérer la pluie.

     

    Image38.jpg

     

    Dragons noirs dans les nuées, XIIe siècle

     

    Image39.jpg

     

    Les combats et les accouplements de dragons font aussi venir la pluie. Ils sont symbolisés par les « joutes des bateaux dragons ».

     

    Image40.jpg

     

    Les oeufs de dragons, brillants, nacrés, multicolores, iridescents, naissent des souffles mêlés des dragons mâles et femelles, sur les berges des rivières. Ils peuvent contrôler la météorologie.

     

    Le Sculpteur de paysages

     

    Le dragon représente les forces changeantes de la Nature, la mutation des espaces au rythme des saisons, les ondulations étranges des roches et de la terre.

     

    Image41.jpg

    (Photographie de Marie-Louise Baux trouvée sur Linternaute.)

     

    Les montagnes et les collines ont été façonnées par le passage ou le souffle incandescent des dragons. Les très vieilles pierres sont associées à leurs dents et à leurs os.

     

    Image42.jpg

     

    Le Seigneur de la végétation


    Les dragons verts incarnent la force contenue dans les graines et les bourgeons, l'énergie sinueuse des feuilles et des branches. Ils crachent des bouquets verdoyants.

     

    A la période du solstice d'hiver, ils combattent, de manière rituelle, et leur sang noir et jaune se répand sur la terre pour que renaisse le printemps.

     

    D'après la légende, le jade est né de l'union de la semence du dragon avec la terre, au moment où pulsent les énergies printanières.

     

    Image43.jpg

    Dragon de jade, 2200-1750 avant J.-C.


    Le magicien des éléments


    Image44.jpg


    De nombreux dragons engendrent les nuages avec leur haleine et tissent entre leurs griffes la brume et les phénomènes atmosphériques vaporeux. Liés au vent, aux orages fécondants et au tonnerre, ils peuvent provoquer des cyclones et des tsunamis.

     

    Ils ont aussi une incidence sur les heures du jour et de la nuit. Un dragon crée le jour en ouvrant les paupières et ferme les yeux pour appeler l'obscurité.

     

    Certains dragons suscitent des éclipses en poursuivant la lune et le soleil.

     

    Le médiateur entre les mondes


    A certaines périodes, les dragons sont chevauchés par les âmes qu'ils emportent dans l'au-delà.

     

    Dans les régions montagneuses, des bannières dragons claquent au vent pour attirer les bons esprits.

     

    Image45.jpg

     

    Image46.jpg

    Quand il ne conduit pas les âmes vers les mondes célestes, le dragon poursuit une grosse boule brillante, jaune et dorée, qui symbolise le renouveau, la graine de lotus, émanation des nourritures terrestres et spirituelles. (La photo est un peu floue mais je me suis retrouvée contre la tête du dragon et j'en étais très heureuse...)

     

    Le Dragon et la Perle


    Image47.jpg

     

    Au creux de sa gorge ou de sa bouche, entre ses griffes ou dans un luxuriant palais situé au fond des mers, le dragon protège la perle sacrée, emblème de la « parole précieuse ». Des intrépides tentent parfois de la dérober car elle a la réputation d'exaucer les voeux.

     

    Quand deux dragons jouent avec une perle, celle-ci incarne « la balle du tonnerre ». En montant très haut dans les airs et en roulant brusquement sur le sol, elle attire les pluies fertilisantes et stimule le réveil de la Nature.

     

    D'après la croyance populaire, en Chine, le tonnerre féconde les coquillages et les perles s'y développent, gorgées de clarté lunaire.

     

    Image48.jpg

     

    Symbole de sagesse et de connaissance, de chance et d'immortalité, la perle est bénéfique pour le sang et les yeux. La tradition voulait qu'une perle soit placée dans la bouche des défunts fortunés.


    L'Empereur Dragon

     

    Le dragon apparaît comme l'emblème du pouvoir harmonieux, celui de l'Empereur, fils du Ciel et de la Terre et médiateur entre les « différents plans de réalité ».

     

    Image49.jpg

    L'empereur T'ai Tsung de la dynastie des Tang (626-649).

     

    Le dragon à cinq griffes était représenté sur les vêtements impériaux, les murs des palais et les objets à caractère rituel ou décoratif.

     

    Pour l'anecdote, le dragon à quatre griffes est un des symboles de la Corée et le dragon à trois griffes, d'inspiration Japonaise.

     

    Le Gardien de l'Ordre cosmique

     

    Image50.jpg

    Un gu ou tambourin, orné d'un dragon.

     

    Reflet de l'harmonie du cosmos, la musique tisse un lien subtil entre les mondes. Les cloches possèdent un anneau de suspension en forme de dragon.

     

    Image51.jpg


    Ces dragons représentent les cinq éléments de la cosmogonie chinoise: le bois (vert), le feu (rouge), la terre (jaune), le métal (blanc) et l'eau (noir), reliés par des cycles complexes. (L'illustration est issue du livre intitulé Voies et vertus de la médecine chinoise de Jean-François Cludy et Régine Tiburce-Cludy, P.21).


    Le chiffre du Dragon


    Il s'agit du chiffre neuf, quintessence de sagesse et de chance.

     

    Image52.jpg

    Un des dragons du Mur des Neuf Dragons de la Cité Interdite.

     

    Sur ce magnifique mur, construit en 1774, sous le règne de l'empereur Qian-Long et composé de 270 carreaux de céramique vernissés, ondulent neuf dragons sacrés, protecteurs du sanctuaire impérial contre les esprits maléfiques. Sur un fond tourbillonnant de vagues et de nuages, les dragons cherchent à attraper la perle céleste.

     

    Image53.jpg


    Une immense variété de Dragons


    Les dragons chinois sont de puissantes divinités, des rois des mers, des gardiens de trésors et de lieux sacrés, des médiateurs entre les mondes, des fondateurs de temples et de cités. Ils insufflent l'étincelle de vie, règnent sur les eaux célestes et matricielles, propagent la sagesse des dieux et des ancêtres. Le plus souvent bienveillants, ils possèdent un tempérament ombrageux, versatile et capricieux et transforment parfois les ondes telluriques en fluides mortifères mais cette part sauvage et chaotique de leur caractère n'affaiblit pas la vénération qu'ils suscitent.

     

    Image54.jpg

     

    Tian-lung est le dragon céleste, le protecteur des palais divins qu'il soutient avec sa colonne vertébrale.

     

    Image55.jpg


    Shen-lung est un magnifique dragon, doté d'écailles azurées. A partir de la dynastie des Han (206 avant J.-C. -220), ce dragon bleu ou bleu-vert se présente comme le symbole de l'empereur et de l'Orient, de la pluie printanière et du soleil levant. Il règne sur le cinquième signe du Zodiaque et préside au renouvellement de la végétation. Il danse sur les nuages et fait tomber la pluie sur les cultures. On invoque son énergie fécondante mais il peut lever des tempêtes et des vents destructeurs.

     

    Image56.jpg

     

    Di-lung règne sur les sources et les cours d'eau.

     

    Image57.jpg

     

    Fu-zang-lung est le gardien des trésors et des objets magiques. Il connaît l'emplacement des veines précieuses de la terre et des filons métallifères.

     

    Image58.jpg

    (Image Tao-yin.com)


    Huang-lung est le cheval dragon ou le dragon jaune. Il a jailli du fleuve Jaune mythique et s'est incliné devant l'empereur légendaire Fu Hsi avant de lui transmettre les secrets de l'écriture et du Yi King.

     

    Image59.jpg

     

    Le dragon blanc représente l'Occident et la mort. Le souverain des eaux de l'est, du nord, du sud et de l'ouest est un majestueux dragon rouge-sang. Les dragons dorés concentrent une infinité de pouvoirs.

     

    Image60.jpg

     

    Omniprésent dans les croyances asiatiques, le dragon est invoqué pour la réalisation des projets. Il est également considéré comme un protecteur des naissances. Les enfants nés sous son obédience sont réputés éloigner le malheur et les coups du sort.

     

    Image61.jpg

     

    Image62.jpg

     

    En 2012, pour célébrer l'année du Dragon, la Maison de Thé Mariage Frères a élaboré un thé vert, fruité et acidulé, aux baies de goji du Tibet.

     

    Image63.jpg

     

    Image64.jpg

    Un dragon de cristal signé Lalique.

     

    Image65.jpg

    Un « papertoy » dragon créé par Tina Kraus, illustratrice allemande. Pour tous ceux qui aiment les dragons et pour mon aminaute JILL et son dragonien fétiche!

     

    Jusqu'au 10 février 2013, le Dragon nous insufflera son charisme et sa vigueur flamboyante mais il continuera d'être invoqué pour attirer la chance, le bonheur et la prospérité, à chaque nouveau printemps, malgré les turbulences de son caractère... Il est le seigneur des cycles de la mort et de la vie.

     

    Image66.jpg

     

    Dans les contes et les légendes d'Occident, les récits religieux et l'imaginaire collectif, les dragons sont malheureusement perçus comme des tueurs impitoyables. Souvent dotés, comme les démons, de grandes ailes membraneuses, il font preuve d'une voracité sans limites et tombent sous les coups de lance ou d'épée des saints guerriers. Mais ils apparaissent aussi comme des initiateurs, liés aux anciens cultes agraires. Je leur consacrerai une étude dans quelques temps.

     

    L'année du dragon s'achève et un autre animal, tout aussi fertile, sage et fascinant, s'apprête à régner sur l'année nouvelle et les rythmes calendaires.

     

    Image67.jpg

     

    Que le Serpent d'Eau vous invite à explorer avec passion les mondes fabuleux et les traditions millénaires qu'il gouverne! Je vous donne rendez-vous dans quelques semaines pour découvrir un article qui lui sera entièrement consacré.

     

    Image68.jpg

     

    Bibliographie


    Marcel GRANET: La civilisation chinoise. Albin Michel, 1930.

     

    La pensée chinoise. Albin Michel, 1994.

     

    Martine LEYRIS: La Chine du dragon impérial, collection »Les grands Empires » chez Robert Laffont, 1982.

     

    Maurice Louis TOURNIER: L'imaginaire et la symbolique dans la Chine ancienne. Paris: L'Harmattan, 1991.

     

    La Chine ancienne: Pays du dragon céleste. Ouvrage collectif publié chez Larousse.

     

    Image69.jpg

     

    Image70.jpg


    Merci de votre fidélité, vos doux mots d'amitié me touchent profondément!

    Plume4

    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    52 commentaires
  •  

    Image01

    À la croisée de l'automne et de l'hiver, aux portes de l'Avent, refleurissent les roses de Sainte-Catherine.


    Image02

    Leurs couleurs douces et vives, au charme suranné, propagent, dans la brume de Novembre, les voeux d'amour et les rituels de bonne fortune. Ouvrons, près d'une tasse de thé aux épices, le grand livre des traditions populaires.


    Image03

    Brillante et cultivée, Catherine naquit en 290 dans la famille du roi Costus d'Alexandrie dont elle était probablement la fille.


    Image04

    Lors d'une fête donnée par l'empereur Maximien, elle convertit au christianisme, après un débat philosophique particulièrement ardu, cinquante sages païens. L'empereur voulut l'épouser mais elle refusa de se soumettre à sa demande et fut condamnée à subir le martyre. En l'an 307, on l'attacha à une roue munie de pointes mais, sous l'intensité de ses prières, la roue se brisa et les sinistres pointes aveuglèrent les bourreaux. L'empereur, ivre de colère, ordonna sa décapitation. Après sa mort, du lait jaillit de son corps supplicié et des anges apparurent pour la porter au sommet du Mont Sinaï où un couvent fut érigé en son honneur.


    Image05

    Sainte-Catherine, 1598, par Le Caravage (1571-1610).


    De nombreuses corporations sont placées sous son patronage, à commencer par les fabricants de roues et les métiers pour lesquels on utilise la roue (les meuniers, les charretiers...) Elle est aussi la protectrice des orateurs, des étudiants, des philosophes, des notaires, des fileuses, des modistes, des nourrices et des jeunes filles en quête d'un mari, en des temps où le célibat n'avait pas bonne presse, surtout pour une femme.


    Image06

    Il ne faut pas confondre Catherine d'Alexandrie avec Catherine de Sienne. Fille d'un teinturier, cette dernière refusa le mariage et choisit de vivre son célibat au sein de l'ordre des dominicains. Ses adeptes portaient le nom de Caterinati.


    Image07

    Image08

    Catherine d'Alexandrie, dans l'église Saint-Martin de Croix-Caluyau.


    Dans l'Allemagne médiévale, les filles dont le père exerçait un métier utilisant la roue étaient baptisées « Katharina ». D'après une chanson populaire, « toutes les filles de meuniers s'appellent Catherine et sont de riches filles à marier ».


    Image09

    « L'Amour est, nous dit-on, un petit dieu malin

    Pour lui les bonnets sautent par-dessus les moulins. »

     

    Les jeunes filles en quête d'un mari se plaçaient naturellement sous l'obédience de Catherine d'Alexandrie mais le terme « catherinette », associé à une jeune fille célibataire, âgée de 25 ans, ne fut attesté qu'en 1882.

     

    A partir des années 1920, sous l'impulsion des couturières et des créatrices de mode, la Sainte-Catherine connut un regain de popularité. Pour les élèves des écoles de mode, elle fut l'occasion de déployer leur savoir-faire et de confectionner des chapeaux extravagants et des tenues coquettes.


    Image10

    Dans le Larousse de 1948, la catherinette désigne une couturière ou une modiste encore célibataire à l'âge de 25 ans. On disait d'ailleurs qu’une jeune fille venue coiffer Sainte-Catherine « se mariait à l’aiguille. »


    Image11

    Le 25 novembre était férié dans les ateliers de couture.


    Image12

    A l'angle de la rue de Cléry et de la rue Poissonnière, dans le 2e arrondissement de Paris, trône une statue de Sainte-Catherine, aux lignes épurées. Elle tient la palme du martyre et de la reverdie.


    Plusieurs générations de catherinettes se sont succédées dans le Sentier, quartier parisien traditionnellement associé à la confection. Les petites mains des ateliers offraient à la sainte des couronnes de fleurs et chaque jeune fille devait la coiffer avec son chapeau. Elles utilisaient pour l'occasion la grande échelle des pompiers, ce qui suscitait des scènes joyeuses et cocasses. Un jury désignait ensuite le chapeau le plus réussi.


    Image13

    Le cortège de la Sainte-Catherine, rue de Cléry, le 25 novembre 1937. (La photo, conservée au Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, porte le numéro Ph.1940.64.1. Réf. 00006533.)


    Image14

    La tradition de « coiffer Sainte-Catherine » s'est perpétuée dans les grands magasins et dans certaines entreprises, de préférence liées à la mode et au commerce. La recherche d'un mari n'est désormais plus prioritaire mais les catherinettes continuent d'arborer d'extravagants chapeaux, confectionnés avec humour par leurs collègues.


    Image15

    Reines d'un jour, elles se rassemblent et participent à de joyeux défilés. Autrefois, dans chaque quartier de Paris, des confréries de jeunes filles veillaient sur une statue de la sainte qu'elles paraient de fleurs, chaque 25 novembre, et d'une coiffe neuve, confectionnée avec le plus grand soin. Celles qui trouvaient un époux devaient, après un rituel d'offrande à leur divine patronne, quitter la sororité.


    Image16

    Catherine, dont le nom issu du grec « katharos » signifie « pureté », fut la seule sainte à qui l’Église attribua trois auréoles. La première, de couleur verte, symbolise la connaissance. La seconde, rouge sang, fait allusion au martyre et la troisième, d'un blanc immaculé, incarne la virginité.


    Au-delà du voile protecteur qu'elle tisse sur les jeunes filles, elle est associée à la liberté de croyance et à l'intégrité du corps.


    Image17

    Broderies et chapeaux


    Image18

    A l'origine, le chapeau de la catherinette était une ravissante charlotte brodée, aux bords froncés, une coiffe régionale ou une coiffe de mariée en dentelle ou en tulle.


    Image19

    Elle était agrémentée de noeuds verts et jaunes, de brins de fleurs d'oranger ou de fines fleurs blanches, symboles de pureté dans la lumière quasi hivernale.


    Image20

    Image21

    (Crédit photographique: Agence ROL).


    Sous l'impulsion des modistes, le chapeau devint l'expression d'une créativité bouillonnante qui se décline en deux couleurs symboliques: le jaune et le vert. Réputées incarner la foi et la connaissance, ces couleurs sont en réalité bien plus riches de sens.


    Image22

    (Photo trouvée sur mc-creations.mabulle.com)


    Gorgé d'or solaire, le jaune brille, avec force et sagesse dans la brume d'automne, mais il fait aussi allusion aux dentelles jaunies et, par extension, à la « vieille fille » dont l'ombre plane sur toute catherinette. Le vert vient heureusement contrebalancer son pouvoir délétère.


    Le vert, associé à la déesse Vénus, protectrice de l'amour et des voeux ardents, signifie l'espoir et la force de la nature en liesse, le printemps triomphant et la satisfaction des désirs.


    Image23

    Couleur du Green Man, le Feuillu, l'homme de la sylve qui s'unira, après les frimas hivernaux, à la déesse des fécondités printanières, et dont l'image s'est perpétuée, depuis des temps fort anciens, sur les chapiteaux des églises, les clefs de voûte, les stalles et les miséricordes.


    Image24

    Image25

    Image26

    Le vert nous entraîne dans sa ronde ambivalente... Couleur des fées et des fous dans l'Europe médiévale, liqueur ensorcelante des yeux de Lucifer, émanation des voeux et des connaissances perpétuées par différentes confréries.


    Image27

    Les Catherinettes revêtent donc les couleurs attribuées aux fous dans le monde médiéval. Le jaune et le vert habillent ceux qui sont en marge, les initiés mystérieux qui échappent aux contraintes de la société et sont marqués par les dieux.


    Image28

    Vue sur le cimetière des Innocents, 1552.


    Pendant plusieurs siècles, les « Catherinettes » désignèrent à Paris les religieuses augustines de l'Hôpital ou Hôtel-Dieu Sainte-Catherine situé dans la rue Saint-Denis. Ces Catherinettes étaient très aimées de la population parisienne. Les statuts de leur ordre imposaient l'hospitalité, les soins aux malades et l'inhumation en terre consacrée des personnes mortes en prison, noyées dans la Seine ou trouvées inanimées dans la rue. Elles apportèrent aussi leur aide aux jeunes filles livrées à la prostitution et créèrent des accueils pour les femmes venant de Province. Il s'agit du premier asile de nuit pour femmes, ancêtre de « l'Oeuvre de la protection de la jeune fille. »


    Image29

    Au cimetière des Innocents, la croix de Sainte-Catherine veillait sur un périmètre accueillant les défunts dont personne ne voulait.


    Image30

     

     

    Le folklore de la Sainte-Catherine


    Image31

    Dans la tradition populaire, Catherine est liée à de nombreuses pratiques de magie amoureuse. Selon une vieille coutume, les jeunes filles allumaient une bougie à la nuit tombée et soufflaient leurs désirs dans la flamme dansante, en murmurant le nom de la sainte.


    Image32

    Le fer à cheval, amulette gorgée de puissance lunaire, veillait au bon accomplissement de leurs voeux.


    Image33

    Les pensées, les roses et les trèfles à quatre feuilles sont autant d'émanations de la Bonne Fortune amoureuse.


    Image34

    Image35

    Image36

    On offrait jadis, de charmants petits bonnets brodés et destinés à favoriser la rencontre avec l'être aimé. Bonnets amulettes, réceptacles de prières et de superstitions, brimborions si fragiles qui ont traversé le temps, investis de tant d'espoirs et de rêves...


    Image37

    « Amener quelqu'un sous la coiffe » signifiait se marier...


    Image38

    La coiffe de Sainte-Catherine, renouvelée chaque année, symbolisait le renouvellement des saisons. Les bonnets décorant les cartes du jour sont investis de ce pouvoir calendaire et sacré.


    Image39

    Image40

    Ils sont accompagnés de devises aux allures de comptines, incantations populaires que certaines prononçaient, sitôt la carte reçue, en direction d'une flamme, en serrant contre leur coeur une petite poupée de chiffon baptisée « Catherine ».


    Image41

    Le matin du 25 novembre, des groupes de jeunes filles se réunissaient. Chacune gravait son nom sur une bougie qui était ensuite fixée dans une coquille de noix. Les frêles esquifs scintillants étaient posés à la surface d'un récipient rempli d'eau. Ceux qui se frôlaient désignaient les jeunes filles qui seraient les premières à se marier.


    Image42

    On faisait aussi couler des gouttes de cire à la surface d'un miroir ou d'un bol rempli d'eau. Si la cire formait un anneau, cela signifiait qu'un mariage était proche.


    Image43

    Les jeunes filles enduisaient d'huile trois aiguilles bénies et les posaient à la surface d'une soucoupe remplie d'eau. Si l'une d'elles coulait dans les dix premières secondes, la perspective d'un mariage était fortement compromise.


    Image44

    Image45

    Glisser dans sa poche un petit bonnet vert au lever du jour est réputé favoriser la chance amoureuse mais replier un parapluie humide multiplie les chances de « coiffer Sainte-Catherine » ou, pour les garçons, de « porter la crosse de Saint-Nicolas »!


    Image46

    Dans les chapelles consacrées à Sainte-Catherine, les jeunes filles âgées de 25 ans venaient piquer, dans la coiffe de la sainte, 25 épingles en faisant le voeu de trouver un époux. Jusqu'à leur trentième anniversaire, elles rajoutaient une épingle par an, si bien sûr elles n'avaient pas rencontré l'amour. Elles conservaient précieusement la trentième épingle, en espérant que la venue de l'âme soeur se concrétiserait le plus vite possible...


    Image47

    La fleur d'oranger, quintessence de fécondité et de prospérité, était offerte, sous forme de couronnes parfumées, aux jeunes mariées.


    Image48

    Image49

    Image50

    Image51

    En Provence, on présentait aux Catherinettes des petits bonnets et des objets en forme de coccinelle, insecte traditionnellement associé aux voeux d'amour et appelé « Catharinetto ».


    Image52

    La coccinelle, amie des jardiniers (image vente-coccinelles.fr)


    Si une jeune fille apercevait une coccinelle, elle faisait un voeu et regardait dans quelle direction l'insecte s'envolait. Un mari l'y attendrait peut-être...


    Fileuse des opportunités d'amour, Sainte-Catherine était aussi appelée « protectrice de la santé » dans plusieurs régions de France et de Belgique. Elle était invoquée, le jour de sa fête, pour soigner l'eczéma, appelé « roues de Sainte-Catherine ». Il fallait brûler un cierge en l'honneur de la sainte dans la première église devant laquelle on passait.


    Image53

     

    Sainte-Catherine et la roue de l'année


    D'après certaines légendes, le soir de sa fête, Catherine se déplace dans les airs, à cheval sur une roue dentée qui symbolise la roue de l'année.

     

    Gardienne des cycles calendaires, elle règne sur les mystères du Zodiaque et les secrets des éléments.


    Dame d'abondance, elle dépose sur le seuil des portes et le rebord des fenêtres des cadeaux pour les enfants sages, des fleurs et des talismans d'amour (petites poupées, coeurs de tissu, broches de bois ciselé), pour les jeunes filles désireuses de se marier.


    Image54

    La Fortune, par Guido Reni (1575-1642).


    Catherine est assimilée à Fortuna, la déesse de la chance, dotée de pouvoirs prophétiques et invoquée par les jeunes filles désireuses de se marier. Elle est représentée debout sur une sphère ou une roue. Elle brandit un gouvernail et une corne d'abondance (cornu copiae). Elle s'élève dans le vent et navigue dans le ciel diurne et nocturne. Au fil du temps, elle est devenue l'incarnation du destin favorable à certains hommes politiques mais elle a toujours été associée aux voeux et aux cycles de la féminité.


    Image55

    Fortuna, 1541, par Hans Sebald Beham (1500-1550).


    Image56

    La Roue de Fortune ou Roue du Destin


    Image57

    La Roue de Fortune
    issue du Tarot des Imagiers du Moyen âge
    d'Oswald Wirth,
    mon tarot préféré...


    Image58

    Les Gallois célébraient la déesse Arianrod, roue d'argent, navigatrice céleste à la barque de lune.


    Image59

    La Roue des Moires, les « Destinées »...


    Clotho file les jours et les évènements de la vie. Lachesis enroule le fil et détermine le sort de chacun. Atropos coupe avec ses ciseaux le fil de l'existence et libère le souffle vital de l'enveloppe corporelle.


    Catherine, la fileuse des voeux, revêt certains attributs des Moires antiques, des Parques et des Nornes, appelées aussi les Trois Fées.


    Dans certaines régions de France, le 25 novembre, les petites filles allaient frapper aux portes des villageois, guidées par une « reine Sainte-Catherine », adolescente tirée au sort par les trois femmes les plus âgées de la communauté. Vêtue de blanc, elle brandissait une petite quenouille (attribut des fées), décorée d'une pomme rouge. Les fillettes chantaient des chansons et recevaient des sucreries. Elles confectionnaient aussi des roses en tissu.


    Image60

     

    Dans certaines régions de France, comme la Haute-Saône et la Franche-Comté, les pâtissiers préparent, depuis plusieurs siècles, des cochons en pain d'épices qui symbolisent la prospérité. De grandes foires Sainte-Catherine se tenaient autrefois sur les principaux axes commerciaux. La fête de Sainte-Catherine coïncidait aussi avec l'achat du cochon que les paysans allaient engraisser pendant l'hiver.


    Image61

    Ces cochons en pain d'épices recouverts de chocolat ont un petit sifflet de bois à la place de la queue.


    Image62

    (Image trouvée sur le site de l'office de tourisme de Vesoul.)


    Image63

    On peut écrire son nom sur ces gourmandises porcines.


    Au Canada, on savoure la tire de Sainte-Catherine, une sucrerie à base de mélasse, de sirop de maïs ou blé d'Inde, de beurre, de cassonade, de sucre blanc ou brun.


    Image64

    Une religieuse de Nouvelle-France, Marguerite Bourgeoys, en est à l'origine. Elle fonda la Congrégation de Notre-Dame de Montréal, ouvrit sa première école un 25 novembre et fit déguster aux petites amérindiennes ces friandises brun doré.


    Image65

    Les jeunes filles à marier fabriquaient la tire pour l'offrir aux célibataires vivant près de chez elles. Aux États-Unis et au Canada anglais, ces gourmandises sont appelées « kisses ». Des baisers joyeusement sucrés dont la « fabrication » est encore plus aboutie quand elle se fait à deux... Chaque personne tire sur le mélange afin de lui donner une meilleure élasticité.


    Image66

    Il existe de nombreuses recettes avec plus ou moins de variantes. Certains y rajoutent du chocolat.



    Image67

     

     

    Sainte-Catherine et la magie végétale


    « A la Sainte-Catherine tout bois prend racine... »

     

    Ce diction populaire, bien connu des jardiniers, désigne, à partir de la fin novembre, une période propice au bouturage des branches d'arbres. La saison est primordiale pour la multiplication de très nombreux arbres et arbustes, aussi bien ornementaux que fruitiers.


    Défunts et ancêtres ont été honorés pendant le cycle de Samain-Halloween (consulter à ce sujet mon article intitulé La mystérieuse nuit d'Halloween) et la terre profonde fourmille de vie, octroyant à certains végétaux des pouvoirs protecteurs.


    Image68

     

    D'après les Archives Suisses des Traditions Populaires, (Tome XIII, 1909, p. 178), on choisit une rave le jour de la Sainte-Catherine. On coupe et on creuse la partie inférieure pour la remplir de terre et y semer des grains de blé. Puis on suspend la rave devant la fenêtre « qui s'ouvre à l'orient ». A la période de Noël, « la Catherine » ressemblera à une étrange poupée végétale, dotée d'une gaine de feuilles au bas du corps et d'une abondante chevelure verdoyante au-dessus. Protectrice du foyer, « la Catherine » sera nourrie avec un mélange de lait, d'eau de rose et de pluie.


    Image69

     

     

    La ronde des dictons


    Savourons quelques adages et devises issus des anciens almanachs et de la sagesse populaire...


    Image70

     

    « Sainte-Catherine en manteau blanc

    Apporte du froid pour longtemps. »


    « Sainte-Catherine vient toujours de blanc habillée... »


    « Pour la Sainte-Catherine fais de la farine

    Car pour Saint-André le blé sera gelé. »


    « Quand au ciel Sainte-Catherine fait la moue

    Il faut patauger longtemps dans la boue. »


    « Sainte-Catherine, toute fille veut la fêter

    Mais point ne veut la coiffer. »


    Pour la Saint-Martin la neige est en chemin

    Pour la Sainte-Catherine elle est à la courtine... »


    Image71

     

    Image72

    Image73

    Je souhaite aux Catherine une excellente fête, et je souffle à celles et ceux qui attendent l'être aimé mes pensées d'espoir et mes voeux de bonne fortune. Que la sagesse des Anciens leur soit favorable et que leurs rêves se réalisent!


    Image74

     

    Le 25 Novembre est aussi la Journée Internationale pour l'élimination de la violence faite aux femmes mais n'oublions pas que l'attention aux victimes et le refus des actes de barbarie s'imposent chaque jour...


      Image75  


    Image76

    Que virevoltent nos rêves au rythme des saisons!


    Bibliographie


    BRIÈRE, Léon: L'hôpital de Sainte-Catherine en la rue Saint-Denis (1184-1790). Paris: Imprimerie Nationale, 1890, 88 p. in-8°.


    COURSAULT, René: Sainte-Catherine d'Alexandrie. Le mythe et la réalité. Maisonneuve et Larose.


    DUMAX, V: Sainte-Catherine, patronne des jeunes filles. 1883.


    HURTAUT, MAGNY: Dictionnaire historique de la ville de Paris. Genève: Minkoff, 1779, 4 volumes. Réédité en 1973.


    Image77

    Plume4

    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    52 commentaires
  • Image001


    Des fêtes du calendrier à l'univers sauvage des contes, il n'y a souvent qu'un trait de plume, un frisson d'imaginaire, un chemin d'or et de brume qui s'aventure dans une étrange forêt...


    Image002


    L'année, dans les traditions païennes et chamaniques, prend la forme d'une roue ou d'une spirale d'énergie, rythmée par des jours et des nuits dits de « pouvoir ». Au seuil de ces « temps sacrés », les forces calendaires se régénèrent, appelant des rituels fondés sur la connaissance intime des cycles naturels. A travers eux, nous tissons nos expériences.


    Image003


    L'année celtique commence dans la nuit du 31 octobre, quand s'ouvrent les portes de Samain dont Halloween est la résurgence. Elle se divise en deux périodes: une période sombre qui s'écoule de Samain à Beltane, (du 31 octobre au 30 avril), et une période claire qui s'étend de Beltane à Samain, (du 30 avril au 31 octobre).


    Image004


    Célébrée dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, principalement aux États-Unis, au Canada et dans les pays anglo-saxons mais pas seulement, Halloween plonge ses racines complexes dans les croyances et la mythologie celtiques. Elle réveille aussi un code symbolique commun à plusieurs régions de France.


    Image005


    Au XIXe siècle, ayant survécu à la christianisation sur le Vieux Continent, les traditions de Samain furent transportées en Amérique du Nord par les Irlandais, les Écossais et les Gallois. Elles s'implantèrent dans le Nouveau Monde et s'adaptèrent, avec certaines contradictions, aux contraintes de cette terre en friche, creuset de populations variées et de religions multiples.


    Image006

    Les émigrants irlandais furent contraints par millions de quitter leur pays, en raison de la famine qui y sévissait. (Archives nationales canadiennes/C-3904).


    Image007


    Dans les ténèbres de Samain


    Image008


    Samain, qui signifie « réunion », désigne la nuit mystérieuse qui ouvrait les portes de l'année sombre. Appelée Samhain, Soween ou Oiche Shamhna: « la nuit de la fin de l'été » en Irlande, Samhuinn en Écosse, Samon ou Samonios en Gaule, elle rassemblait les tribus celtes autour de grands brasiers.


    Image009


    Elle se ranimait, cycliquement, quand les puissances de l'obscurité déferlaient sur le monde humain. Très ancienne fête des récoltes émanant de rites agraires du Néolithique, elle célébrait, de manière flamboyante, l'entrée dans le monde de l'hiver.


    Dans la pensée celtique, la nuit venait avant le jour. La lumière et la vie jaillissaient de profondes abysses sur lesquelles régnait un dieu des ténèbres nommé Orgos ou Dir Atir.


    Dans la Guerre des Gaules, VI, 18, Jules César relate que les Celtes « placent les anniversaires, les commencements des mois et des années de telle façon que le jour fait suite à la nuit ».


    Quand les Celtes s'implantèrent sur les territoires de l'Europe Centrale, ils associèrent aux croyances locales leurs conceptions religieuses. Ils divisèrent l'année en deux grandes périodes et en 12 mois lunaires de 28 jours. Un treizième mois intercalaire permettait la coïncidence des cycles lunaire et solaire et chaque mois « sélène » portait un nom particulier, réceptacle de magie et de mystère.


    Image010

    Le Calendrier de Coligny, grande table de bronze de la fin du IIe siècle après J.-C, fut retrouvé dans l'Ain, en novembre 1897.


    Ce calendrier luni-solaire, qui couvre une période de cinq années, nous éclaire au sujet des connaissances astronomiques des Celtes et de leur conception particulière du temps.


    Image011


    D'après les anciennes croyances, à l'orée de Samain, le voile entre le monde humain et le monde des esprits s'amoindrissait. Trois jours avant la nuit fatidique et trois jours après, les populations festoyaient autour de grands feux pour bannir les créatures dangereuses qui hantaient l'obscurité mais certaines célébrations pouvaient s'étendre sur une durée de 31 jours.


    Image012

    Always, 2004, par Nene Tina Thomas.


    À la période de Samain, la communication avec le Sidh, l'Autre Monde de la tradition celtique, était favorisée. Intimement lié à la féerie, aux dieux et aux esprits, cet Autre Monde était accessible à des êtres porteurs d'étranges marques de naissance, détenteurs d'un don ou frappés d'épilepsie. Les héros et les êtres au sang vif étaient aussi happés sur ces mystérieux chemins.


    Inversement, des êtres surnaturels et des créatures inquiétantes, venus du Sidh, pouvaient pénétrer dans le monde humain.


    Image013

    Sleepy Hollow, la Légende du Cavalier sans tête, 1999, film fantastique de Tim Burton, avec Johnny Depp et Christopher Walken, d'après la nouvelle de Washington Irving (1783-1859) intitulée La Légende de Sleepy Hollow.


    La première nuit de l'année était accueillie avec la volonté de repousser les entités néfastes et d'attirer les faveurs des esprits en revêtant leur apparence par le biais de déguisements et de masques.


    Image014


    Mais la nuit n'abritait pas que des forces maléfiques. Des êtres bienveillants et protecteurs, d'une sagesse intemporelle, y cheminaient aussi...


    Image015



    Une Initiation Royale


    Dans la « Nuit-Jour » du 31 octobre, on investissait jadis le Nouveau Roi de l'Année Hivernale. Il devait effectuer plusieurs épreuves dans un lieu sombre (réseau de galeries souterraines, caverne préhistorique, dolmen à couloir...) avant d'émerger dans la lumière purificatrice des flambeaux. Une fois « régénéré », il balayait un espace sacré avec un balai de bouleau (instrument magique consacré à la Déesse Blanche, maîtresse de la Lune, des esprits bienveillants, des sorcières et des chamanes.)


    Devenu maître des rituels et des festivités de Samain, il arborait une armure en écorce de bouleau et célébrait l'année nouvelle en compagnie des ancêtres.


    À cet égard, il sacrifiait un porc, animal psychopompe, consacré à la Déesse Mère et au dieu Mercurius Moccus. Rôtie et arrosée d'hydromel, la chair de l'animal lui permettait d'entrer en communication avec les esprits protecteurs et tutélaires de son clan.


    Image016


    Les hostilités guerrières cessaient pendant cette période sacrée.


    Des incantations de protection étaient prononcées au-dessus des armes afin d'éloigner « la rouille de Samain », une substance qui corrodait les métaux et que l'on croyait née de la sorcellerie.


    Les prouesses viriles étaient récompensées. Les guerriers affrontaient les esprits du froid personnifiés par des mannequins d'écorce, couverts de terre et de cailloux, sous l'obédience d'une déesse protectrice, gardienne des forces calendaires.


    Image017

    Illustration d'Arthur Rackham (1867-1939).


    Les anciens Germains et les anciens Scandinaves célébraient la Troisième Moisson, sous l'égide de Hel, la souveraine d'Helheim, royaume accueillant les défunts qui n'avaient pas trouvé la mort au combat.


    Image018

    Hel et ses frères, le loup Fenrir et le serpent de mer Jörmungand, 1905, par Émil Doepler (1855-1922).


    Fille de Loki, le dieu trickster de la mythologie nordique, et de la géante Angrboda, Hel ou Hela est l'une des hypostases de la déesse mère Freyja. L'image de cette déesse des profondeurs fut dévoyée par les clercs du Moyen âge qui la transformèrent en une harpie ivre de sang, au visage à demi décharné.


    Image019

    Naglfar, le navire de Hel, est construit avec les ongles des défunts. Dans les civilisations anciennes, l'utilisation des ongles et des dents évoquait le passage vers d'autres mondes. Dans plusieurs régions de France, (Berry, Yonne, Morvan, etc...) on enterrait des rognures d'ongles sous certains arbres pour obtenir la guérison d'une maladie, apaiser la fièvre ou rendre hommage aux défunts.


    Les Vikings érigèrent des tombes naviformes et donnèrent à certaines pierres levées une apparence de navire, en l'honneur de Hel.


    Image020

    Mégalithe d'Ale, en Suède (Wikistrike.com)


    Coutumes populaires et magie de Samain


    Bien que considérées, par certains auteurs, comme des scories de l'Antiquité, les coutumes de Samain se sont perpétuées avec force dans l'Europe du Moyen âge, de la Renaissance et bien au-delà.


    Image021


    Les femmes préparaient des soul cakes, « gâteaux d'âmes » ou « gâteaux pour les âmes ».Elles y dissimulaient une bague pour déterminer qui se marierait en premier; une figurine en terre cuite pour connaître l'identité de celle qui deviendrait mère dans l'année; une pièce de monnaie pour attirer les richesses; un petit morceau de bois destiné à honorer un proche défunt. Autrefois, les soulers, principalement des enfants et de pauvres hères, recevaient ces gâteaux et allaient chanter, de maison en maison, des prières pour les défunts.


    Image022


    La tradition des soul cakes est toujours vivace dans plusieurs régions d'Écosse, d'Irlande, de France, dans les comtés d'Angleterre et dans certains pays d'Europe de l'Est et d'Europe du Nord mais ces biscuits, qui célèbrent le All Souls'Day, « le jour de toutes les âmes », ressemblent davantage à des cookies.


    Image023


    Les âmes des personnes aimées viennent, pendant la nuit de Samain, se réchauffer au feu de l'âtre familier ou près des bougies allumées sur le rebord des fenêtres. Mais les spectres de personnes décédées de mort violente cherchent aussi à exercer leur vengeance...


    Image024


    La tradition préconise d'allumer la « chandelle des âmes » pour montrer aux défunts « débonnaires » la voie souhaitée et de placer autour des lits des fèves, des graines de fenouil et des brins de lavande pour éloigner les présences non désirées.


    On laisse également de la nourriture sur la table familiale, sur le seuil de la porte ou devant la cheminée, pour les esprits du lieu qui dansent à travers les flammes ou qui émergent de la terre glacée.


    Image025


    Il est fortement déconseillé de balayer après le coucher du soleil pendant les trois jours qui suivent le 31 octobre car, à cette période, le balai domestique détient le pouvoir d'absorber les esprits familiers, protecteurs du foyer. Seul le balai de sorcière, rituellement consacré à Aradia, Dame lunaire des croisées de chemins et avatar de la sombre Hécate, pouvait être utilisé.


    On ne doit ni coudre, ni filer, ni laver le linge, de crainte que les couturières, les fileuses ou les lavandières de nuit (âmes errantes, damnées et carnassières) jettent des sorts aux vivants et sucent leur sang pendant le sommeil.


    Image026


    De nos jours, les anciens rituels se lovent dans les coutumes populaires. Les citrouilles ciselées, décorées avec de petites bougies et promenées dans les rues sont autant de visages protecteurs destinés à faire fuir les êtres maléfiques.


    Image027


    De Samain à Halloween


    Samain survécut, malgré l'évangélisation croissante, dans les rituels et les croyances des « gens de la terre ». Elle vogua sur des eaux tumultueuses, rejoignit les côtes américaines et se répandit dans les villes où elle s'affirma comme un carnaval des âmes, à la croisée de l'automne et de l'hiver.


    Image028

    Image029


    Halloween et la Toussaint


    Image030


    L'église Catholique institua la fête de la Toussaint pour lutter contre les célébrations païennes d'Halloween mais elle échoua dans sa tentative d'annihilation des anciennes croyances.


    Image031

    La Toussaint, par le peintre naturaliste Jules Bastien-Lepage (1848-1884), musée des Beaux-Arts de Budapest.


    Originaire d'Orient, la Toussaint signifiait la commémoration de tous les martyrs et fut initialement célébrée le premier dimanche après la Pentecôte.


    En 608, l'empereur byzantin Phocas céda au pape Boniface IV le Panthéon de Rome, temple païen dédié à tous les dieux, qui avait été saccagé par les barbares en 410. Le pape transforma les lieux en une église dédiée à la Vierge et aux saints martyrs et la tradition rapporte qu’il y fit transporter vingt huit chariots d’ossements saints collectés dans les cimetières et les catacombes de Rome. Le 13 Mai 609, jour de la dédicace de la nouvelle église, il institua la fête de la Toussaint, en l’honneur des saints martyrs, pour supplanter les Lemuria, fête romaine au cours de laquelle on honorait les Ancêtres.


    Image032


    En 835, Grégoire IV introduisit la Toussaint dans le calendrier liturgique à la date du premier novembre et l'empereur Louis le Pieux, fils de Charlemagne, instaura la fête dans tout l'empire carolingien, sur la requête du pape.


    Image033

    La Toussaint, 1886, par Émile Friant(1863-1932), au musée des Beaux-Arts de Nancy.


    Fête de tous les saints, connus ou inconnus, la Toussaint précède la Fête des Morts, initiée le 2 novembre 998, par l'abbé Odilon de Cluny. Héritière des festivités de Samain et du culte romain des défunts et des dieux familiers, la Fête des Morts est souvent confondue avec la Toussaint.


    Image034


    Noms et Etymologie d'Halloween


    « Hall » est lié à la racine germanique « hel », qui a donné le mot anglais « hell » signifiant « enfer », mais ces termes ne doivent pas être interprétés dans un sens chrétien.


    Halloween, que l'on appelle aussi Hallowmas, est la contraction des termes suivants:

    « Hallowed Even » signifiant « Nuit Sacrée ».

    « Alls-Souls-Eve » signifiant « Veille de toutes les âmes ».

    « All Hallow's Eve ou Evening » signifiant « Veille de la Toussaint ».


    Image035

    (Photo Wikimedia Commons)


    Dans la nuit d'Halloween, la gourmandise, la joie et le partage s'entrelacent au coeur d'un étrange univers, celui des cauchemars nourris des peurs de l'enfance, cataclysmes émotionnels qui nous aident à grandir. Les peurs rôdent, personnifiées dans les ombres étranges, les bruits qui caracolent et les accessoires qui composent un autre nous-même, à la fois rebelle et monstrueux.


    Image036


    Image037


    A l'instar des récits de veillée, elles favorisent la transmission des secrets et perpétuent une forme de connaissance orale traditionnelle qui nous prépare à affronter le monde de l'hiver.


    Image038


    Les peurs jaillissent mais dans la nuit « hantée » les flammes des bougies repoussent les créatures de l'obscurité. Crinières dansantes dont la chaleur ranime les feux d'antan, allumés à la limite des villages et des villes pour repousser ce qui venait des lieux sauvages, des terres inexplorées, peuplées de bêtes voraces et d'esprits tourmenteurs.


    Image039


    Dans les pays anglo-saxons, les enfants et les adultes, costumés et masqués, défilent dans les rues en brandissant des lanternes, des balais de sorcière et différents objets magiques. Les enfants frappent aux portes des maisons et prononcent la phrase consacrée « Trick or Treat » qui signifie « un bonbon ou un sort » ou « tu payes ou tu as un sort! » Messagers ludiques du monde des esprits, ils reçoivent des sucreries et de l'argent dans un sac ou dans un petit chaudron.


    Image040


    Des citrouilles évidées et sculptées, garnies de bougies, défient devant les maisons l'obscurité de la nuit.


    Fruits-visages et lampes d'Halloween


    Image041


    Traditionnellement, les lampes d'Halloween étaient creusées dans de gros légumes que l'on ramassait vers l'Équinoxe d'Automne, aux alentours du 21 septembre. Racines, rhizomes et tubercules étaient transformés en lanternes flamboyantes pour repousser les démons tapis dans le noir.


    Image042


    Pour conjurer le mauvais sort, les « têtes lumineuses » étaient placées à la croisée de plusieurs chemins (lieux associés aux apparitions du Diable et aux rituels des sorcières), à l'entrée des cimetières ou devant les bâtiments en ruines, repaires de rôdeurs maléfiques...


    Image043


    La tradition des Rommelbootzen ou « têtes de mort de la Toussaint » existe toujours en Lorraine et en Moselle. De grosses betteraves creusées, ciselées en forme de visages grimaçants sont illuminées par de petites bougies. Elles sont ensuite placées aux croisées de chemins, au pied des calvaires et sur le rebord des fenêtres. La coutume veut que les sculpteurs de betteraves y « transfèrent » un peu de leur âme.


    Image044

    (Affiche du festival des « Betteraves Grimaçantes » qui se déroule au château Saint Sixte de Freistroff, près de Bouzonville en Moselle, du 28 au 31 octobre 2012.)


    Les racines relient le monde des profondeurs, celui de la mort nourricière et des esprits chthoniens, au monde de la surface où évoluent les vivants. Dans le folklore du nord de l'Europe, certaines racines sont « habitées » par de mystérieux esprits dont il faut se concilier les faveurs. Les légendes allemandes font référence à Rübezahl, le « compteur de navets » que l'on appelle aussi « Maître Jean », « Seigneur Jean » ou « Sire Jean ».


    En Wallonie, ce sont les Lumerottes ou Grinche-Dents qui ont la côte auprès du public et surtout des enfants. Ils creusent des betteraves fourragères, appelées « racines d'abondance », et placent à l'intérieur de petites bougies. Ils accrochent chaque betterave à un fil et suspendent le fil à un bâton. Ils vont collecter des bonbons en faisant danser ces petites lumières.


    Image045


    Le 11 Novembre, dans le Pas-de-Calais, pour célébrer la Saint-Martin, des adultes et des enfants, réunis en joyeuses processions, tiennent des lanternes fantastiques constituées de courges, de betteraves, de potirons ou de pommes de terre. Ces masques végétaux, éclairés par des petites bougies, ravive la tradition des Têtes flamboyantes qui marquaient la fin des travaux agricoles (fête des guénels).


    En Écosse, les enfants promènent une neepy candle, visage brasillant creusé dans un gros rutabaga (neep), destiné à chasser les êtres malveillants et à attirer les fées protectrices.


    Image046

    Qui peut dire qu'Halloween est purement américaine et n'a aucun lien avec « nous » alors que nous sommes en présence d'un fonds culturel commun qui a traversé les âges et s'est profondément enraciné dans l'inconscient collectif?


    Image047


    Les Citrouilles Indiennes: Quand les Irlandais, victimes de la famine, s'expatrièrent en masse vers les États-Unis, leurs croyances trouvèrent un écho dans celles des Amérindiens. Ces derniers célébraient l'arrivée des jours sombres et le retour sur la terre des âmes des défunts, venues donner du courage et de la force aux vivants.


    Image048

    (Image trouvée sur le net)


    Originaires d'Amérique, les grosses citrouilles oranges (pumpkin), se développent sur des lianes luxuriantes. Leur peau épaisse se partage en quartiers. Leurs grandes feuilles vert vif forment des vrilles décoratives. Leurs fleurs jaune d'or en forme d'entonnoir se forment à la fin du printemps. Gorgées de graines au moment d'Halloween, elles évoquent la mort et la fécondité, la connaissance et les liens subtils entre les mondes. Leurs graines rissolées sont des trésors de vitamines et d'énergie.


    Dans certaines tombes mayas, on a retrouvé des citrouilles fossilisées, âgées de plus de 6500 ans.


    Image049


    Le potiron vient aussi des Amériques. Ce beau fruit se distingue par ses couleurs variées, du rouge vif au vert foncé en passant par l'orange lumineux. Sa chair appétissante excite les papilles et stimule l'imagination des gourmands. Sa chair est moins filandreuse et plus sucrée que celle de la citrouille.


    Image050


    Courges musquées, butternut ou spaghetti, giraumons, potimarrons, pâtissons... le monde des cucurbitacées nous régale de ses saveurs. Avec leurs couleurs solaires et leurs silhouettes étranges, ces « merveilles végétales » sont les emblèmes d'Halloween.


    Image051


    La légende de Jack O'Lantern


    Image052

    Jack était un fermier irlandais, buveur incorrigible écumant les pubs et des auberges de son petit village. Une nuit d'Halloween, alors qu'il déambulait dans les rues en quête d'une âme charitable pour lui payer à boire, il vit un jeune homme élégant, à la croisée de plusieurs chemins. Il l'interpella et l'inconnu se transforma en pièce luisante qui roula sur le sol. Jack ramassa la pièce et se précipita vers la première taverne venue. Il avait conclu un pacte avec le Diable mais comme il avait glissé la pièce dans sa bourse protégée par une serrure en forme de croix, Satan dut lui accorder une année supplémentaire de vie, en toute tranquillité.


    Ce délai écoulé, le Diable vint chercher Jack mais ce dernier parvint à le berner en le faisant grimper dans un arbre. Incapable d'en redescendre, Satan dut accepter que Jack ne soit jamais emporté en Enfer.


    Quand Jack mourut, les portes du Paradis se refermèrent devant lui en raison de ses nombreux pêchés. Il devint une âme errante, s'éclairant dans l'obscurité avec un gros navet qu'il avait rempli d'un peu de braise, subtilisée aux abords de l'Enfer.


    A chaque nuit d'Halloween, on peut le rencontrer sur les vieilles voies ténébreuses, une énorme citrouille sur le dos...


    Image053

    Dans la nuit « entre les temps » vont les moissonneurs d'âmes, les charrettes, les carrosses et les barques de mort. Présente sous une multitude de formes, dans les légendes celtiques, la mort est initiatique et nourricière. Elle attend le roi et ses guerriers au creux d'un chaudron magique, puits ouvert sur le monde d'en bas, espace temps d'épreuves et de dangers qui régénèrent l'impétrant et renouvèlent les forces de la communauté. Entre Halloween et la Toussaint, la mort creuse ses sillons inéluctables.


    Image054

    La Faucheuse traversant les voiles de la nuit. (Carte de la Mort extraite du Tarot d'Aleister Crowley(1875-1947) ou Livre de Thot. Les illustrations furent réalisées, dans un style surréaliste, par Lady Frieda Harris(1877-1962), adepte de la Confrérie de l'Astre d'Argent.)


    Image055

    (La Déesse à la Pomme, illustration venant du Tarot de Merlin, créé par R.J. Stewart et illustré par Miranda Gray).


    Tantôt féminine, tantôt masculine, la mort étend son ombre sur le paysage, telle un manteau glacé. Les devises qui l'accompagnent nous enseignent que nul ne peut se soustraire à sa loi.


    Image056


    Contrairement à ce que l'on peut penser, la Mort du Tarot n'est pas une lame funeste. Elle est associée au changement, à la transformation positive, au renouveau de l'existence après une période difficile.


    Image057

    La Mort à la Faux, gravure de Michelet, début du XXe siècle.


    En Bretagne, le maître de la mort est l'Ankou, dont le nom signifie « trépas ». Dans chaque paroisse, le rôle de collecteur d'âmes échoit au dernier défunt de l'année. Il revêt plusieurs apparences: squelette drapé dans un linceul ou une cape noire, grand homme émacié, aux longs cheveux blancs, coiffé d'un imposant chapeau de feutre. Le tranchant de la lame de sa faux est tourné vers l'extérieur, dans le sens contraire à la faux des moissonneurs. Il aiguise ce redoutable instrument en le frottant sur un os humain. Il tient parfois une lance ou une flèche et se déplace de nuit dans une charrette invisible, aux roues de fer, le Karrik an Ankou, qui émet d'horribles grincements. En fonction des paroisses, la description de son équipage subit certaines variantes.


    Deux chevaux blancs tirent la charrette funeste. L'un est vigoureux, l'autre squelettique et deux valets mystérieux assistent l'Ankou. Le premier tient la bride du cheval de tête. Le second ouvre portes et barrières et place dans la charrette les morts fauchés par son maître.


    Image058


    Il emporte aussi les morts dans sa Barque ou son Bateau de Nuit, (Bag Noz), à l'instar du nocher Charon qui faisait « passer » les âmes, sur le sombre Styx antique.


    Image059


    La nuit de la Toussaint, dans certaines clairières, l'Ankou et les défunts de l'année viennent festoyer sous le ciel ténébreux. Les vivants dressent de grandes tables, tendues de noir, et garnies de bougies. Ils déposent des crêpes, des pommes, des châtaignes bouillies, du lait caillé et du cidre. Après le festin de l'Ankou, les âmes s'évanouissent dans les airs au premier chant du coq.


    Image060


    L'Ankou souffle la peur dans le coeur des Hommes. Dans la forêt de Huelgoat, au coeur des monts d'Arrée, il tient sa cour, dans un château fantastique, éclairé par des milliers de chandelles. Chacune d'elles représente une vie humaine. Quand l'Ankou éteint d'un souffle une de ces chandelles, la personne expire.


    Anken, le chagrin et Ankoun, l'oubli sont des avatars de l'Ankou. Ils battent la campagne, la nuit de la Toussaint, une lanterne spectrale à la main.

    Image061


    Le Bateau de l'Ankou est accompagné d'une flottille de barques, chargées des âmes collectées dans l'année. Pendant la nuit de la Toussaint, certains pêcheurs sont réveillés par trois coups sourds à leur porte. Ils ne sauraient opposer un refus à la main invisible qui les a extirpés du sommeil et se rendent sur le rivage pour guider, dans la brume, ces barques psychopompes.


    Image062


    En Corse, le Cortège des Ombres suit les vieilles voies, les chemins qui traversent l'île, rythmés par les statues-menhirs et le chant âpre des légendes. De même que l'on cache avec un drap les miroirs à chaque décès pour éviter que l'esprit du défunt reste prisonnier de son reflet, on couvre les miroirs pendant la nuit de la Toussaint. Gare aux fantômes blancs qui hantent les routes. S'ils glissent un cierge dans votre main ou dans votre poche, vous risquez de vous transformer en sorcier (mazzeru, stregu...).


    Le Mazzerisme, passionnant ensemble de rituels et de croyances, s'étudie pendant de longues années et ne se résume pas en quelques lignes mais celles qui suivent sont remarquables...


    « Un mazzeru, sorte de devin, c'est celui qui pressent, qui devine, qui voit, qui dit et dont les rêves se réalisent. Cet homme, c'est le rêve pétri dans la chair et le sang, c'est en quelque sorte l'incarnation de l'inconscient collectif. Son corps, c'est la terre où dorment les ancêtres. Son sang, c'est l'eau des sources d'où jaillit la vie avec la mort. En lui se confondent dans l'infini intérieur: U Locu (la terre, le lieu) et U Populu (Le Peuple). Car le rapport qui existe entre le peuple corse et le territoire de l'île de Corse, c'est une chose très simple: l'humain. » Roccu Multedo: Le Mazzerisme: un Chamanisme corse.


    Image063

    Le mazzeru revêt les pouvoirs de l'Ankou. Il peut nommer la mort...


    Mascarella: la petite sorcière; Falcina ou Falciola: la petite porteuse de faux; Pediniella: la Pieds Noirs; Pedanella: la Pieds Légers; Morte Niella: la mort noire; Bianchinetta: Blanchette... La mort revêt bien d'autres noms dans les prières magiques mais ils ne peuvent être dévoilés, ils sont transmis.


    Image064


    En Normandie, la Charrette des Morts était particulièrement redoutée à la Toussaint. Tirée par des boeufs noirs ou des chevaux blancs, elle promenait un cercueil enveloppé d'un linceul et entouré de cierges grésillant. Elle sillonnait les vieux chemins, fauchant inexorablement les voyageurs égarés mais elle ne pouvait franchir les champs qui avaient été bénis. Les voix des morts de l'année résonnaient à travers le grincement de ses roues.


    Image065


    En Provence, on craignait le Carrosse de la Mort, ténébreux équipage guidé par quatre chevaux noirs ou par des chevaux invisibles. Si on regardait à l'intérieur, on apercevait des silhouettes spectrales, vêtues de noir...


    Image066


    Dans les Côtes-du-Nord, le Diable conduisait la Charrette des Ombres. L'attelage était constitué de douze cochons et d'oiseaux de nuit.


    Dans le Marais Poitevin, la Barque des Défunts, couverte d'un drap mortuaire, sillonnait les canaux silencieux. Celui qui la mène est un mystérieux fantôme appelé le Tousseu.


    Image067

    Chaque région de France possède ses funèbres équipages. Je l'ai ai étudiés pendant mon Doctorat, territoire par territoire, variante après variante, mais il est impossible de les exposer en totalité dans un article de blog.


    Image068

    Sorcières et Petit Peuple d'Halloween


    Aux antipodes de ces sombres manifestations, les sorcières d'Halloween n'apportent pas la mort mais la protection aux enfants auprès desquels elles jouent le rôle d'initiatrices. Dans l'imagerie populaire d'Halloween, elles transmettent leurs secrets avec bienveillance.


    Image069


    Image070

    Image071

    La silhouette de la sorcière se découpe sur le disque lunaire. Elle chevauche son balai, véhicule entre les mondes, emblème de protection et de purification du foyer. Son chat noir l'accompagne. Offrandes à la nuit et symboles de connaissance, deux pommes rouges, posées sur le rebord de la fenêtre, établissent un lien entre la chambre des fillettes et le ciel enchanté, voie des sortilèges et des mystères.


    Image072

    La sorcière, maîtresse des animaux, survole la campagne. Ses familiers (chat noir, chauve-souris, chouette) l'assistent dans ses déplacements. On aperçoit sur l'image la dernière gerbe de la moisson appelée « Part des Esprits ». Considérée comme tabou, elle ne doit pas être touchée.


    Image073

    Le Petit Peuple jaillit du Sidh et s'élance sur des montures inspirées de l'imagerie victorienne: la chouette et la chauve-souris.


    Image074

    Les fées soufflent des pétales de rêves...


    Voeux et pratiques divinatoires d'Halloween


    Image075

    A Halloween, les bougies sont investies de grands pouvoirs. Leurs clartés mouvantes sont associées à des rituels de magie amoureuse. Il est ainsi recommandé de se placer devant un miroir, ovale de préférence, et de brandir une chandelle en s'adressant aux esprits de la nuit...


    Image076

    Intermédiaire entre le monde humain et celui des esprits, le miroir dévoile, dans la trame de son oeil magique, le visage d'un futur époux.


    Image077

    Les voeux d'amour et de chance fleurissent à la période d'Halloween. Ils sont associés à certains végétaux, comme la citrouille, gorgée de graines généreuses, et se lovent dans les pommes rouges, fruits fétiches des sorcières.


    Image078

    Bobbing the apple consiste à saisir avec les dents une pomme suspendue à un fil ou plongée au fond d'un baquet d'eau.


    Une variante, le snapdragonconsiste à attraper des raisins ou des petits fruits dans du cognac flambé. Celle-ci s'adresse, bien évidemment, aux adultes.


    Image079

    Doux apartés pour les petits et les grands...


    Image080

    Halloween est une nuit propice à l'amour. On l'appelle Nutcrack Night, nuit du casse-noisettes ou nuit de la pomme croquante.


    Image081


    Image082


    Après avoir attrapé une pomme rouge en faisant un voeu, les jeunes filles, d'après une tradition très répandue, posaient deux noix sur le bord de l'âtre. Une noix portait le nom de l'être aimé; sur l'autre était gravé le nom de la jeune fille. Si les noix émettaient une clarté brillante en se consumant doucement, cela signifiait la sincérité de l'amour. Si les noix crépitaient violemment, la relation risquait de devenir infidèle. Si les noix s'enflammaient en même temps, les amants seraient unis pour la vie.


    Image083


    En cette nuit particulière, on cherche aussi à se concilier la Fortune. A cet égard, on consomme certains plats traditionnels comme le Barmbrack (báirín breac) en Irlande. Dans ce gâteau aux fruits, on place, avant la cuisson, des petits objets, investis d'une valeur oraculaire. Un petit pois signifie l'infortune amoureuse; un minuscule bâton, un mariage malheureux; un petit bout de tissu, la malchance; une pièce, la bonne fortune; un anneau, la rencontre du véritable amour et peut-être un mariage dans l'année...


    Le Colcannon est un plat à base de pommes de terre et de chou dans lequel on cache également de petits objets. Une pièce de monnaie pour la richesse, une bague pour l'annonce d'un mariage en vue, une poupée de porcelaine pour la venue d'un enfant.


    Image084


    La Candy ou Toffee Apple, pomme bonbon inventée au début du XXe siècle, dans le New Jersey, par le confiseur William W. Kells est la gourmandise par excellence d'Halloween.


    A nos chers disparus!


    Image085

    Cimetière du Père-Lachaise, été 2012.


    Autrefois, pour célébrer la Toussaint, les parents offraient aux enfants des colliers gourmands, constitués de pommes rouges et de châtaignes bouillies. Les enfants en profitaient pour se régaler sur la route du cimetière. La fameuse pomme rouge a décidément la côte!


    Les jeunes gens accomplissaient, comme à Noël et à Pâques, des tournées de quête. Ils chantaient devant les maisons et collectaient de la nourriture, du vin et des friandises. Les plus intrépides grimpaient au sommet des clochers et sonnaient les cloches à toute volée.


    Les vivants et les morts entretenaient des liens étroits, au-delà de tout dogme religieux.


    Image086


    D'après la croyance populaire, les défunts défilaient sur les chemins, à la lisière des bois et des champs. Ils se réunissaient dans les cimetières et dans certaines églises pour écouter le sermon d'un prêtre fantôme.


    Ils regagnaient ensuite leur foyer, l'espace d'une nuit. Ils trouvaient un feu vif dans la cheminée, la table dressée pour eux et, sur le rebord des fenêtres, des mets investis d'un caractère sacré: lait et pain nourriciers, eau purificatrice, châtaignes à la robe mordorée, pommes de mort et de fécondité...


    Un des rituels domestiques les plus répandus consistait à examiner, à l'aube, les cendres du foyer et à interpréter les traces que l'on y voyait. Ces mystérieux messages révélaient des secrets divinatoires.


    Certains gâteaux sont directement associés au folklore de la Toussaint. J'ai dû faire un choix parmi de nombreuses gourmandises...


    En Corse, les bastelle sont des chaussons circulaires fourrés avec des blettes, des oignons, de la courge, (parfois des pommes de terre) et du brocciu, le fameux fromage de brebis, dont la recette aurait été transmise aux Hommes par l'Ogre, Orcus, avatar de l'Orgos celte auquel je faisais allusion au début de mon article. Les sciacce (fougasse) leur ressemblent mais ils sont parsemés de raisins secs.


    D'après la légende, quand un cavalier passa près de l'arca, la sépulture commune du village, il perçut les voix de ses ancêtres qui se plaignaient de la frugalité de leur repas. Il promit alors que chaque année les pauvres et les familles du village recevraient une fougasse bien garnie.


    Image087

    La Salviata est un gâteau en forme de S, traditionnellement parfumé à la sauge et à la liqueur d'anis. On le trouve, de nos jours, aromatisé au citron et couvert d'une pellicule de sucre.


    La niflette de Provins, en Seine et Marne, est à l'honneur au moment de la Toussaint.


    Image088


    L'origine de ces gâteaux feuilletés, garnis de crème pâtissière et désormais agrémentés de fleur d'oranger, remonte au Moyen âge. D'après la légende, un boulanger s'émut de trouver une fillette en sanglots sur la tombe de sa grand-mère. Il lui prépara un petit gâteau rond et le lui offrit en disant « ne flete », « ne pleure pas ».


    Le premier novembre, on apportait des niflettes à « ceux qui reniflent », l'autre nom des orphelins.


    Les habitants de la cité des Comtes de Champagne peuvent déguster des niflettes une quinzaine de jours avant la Toussaint et jusqu'au dimanche qui suit le 11 novembre. Elles se vendent, pour le plus grand plaisir des gourmands, « treize à la douzaine »!



    Image089

    (Image Wikimedia Commons)


    Au Mexique, le Jour des Morts (Dia de los Muertos) est une résurgence, haute en couleurs, d'une fête précolombienne inscrite, depuis 2003, au Patrimoine Culturel Immatériel de l'Humanité.


    S'inspirant d'une très ancienne célébration aztèque, pendant laquelle les familles festoyaient en l'honneur des défunts, les Espagnols ont institué le Jour des Morts à la date de la Toussaint. A l'origine, les morts étaient honorés entre juillet et août, sous l'égide de Mictecacihuatl, la Dame de la Mort, épouse de Mictlantecuhtli, Seigneur du Mictlan, le lieu le plus profond de l'Inframonde. Deux fêtes, séparées d'une vingtaine de jours, avaient lieu. La première, Miccaihuitontli, était consacrée aux enfants; la seconde, Hueymiccalhuitl, concernait les adultes.


    Les festivités du Jour des Morts se déroulent sur plusieurs jours. Le 31 octobre, chacun attend les Angelitos, les âmes des enfants, aimantés par les lanternes accrochées aux portes des maisons. Entre la porte et l'autel domestique, des chemins magiques sont dessinés avec des pétales de fleurs blanches.


    Dans la nuit du 1er au 2 novembre, les fleurs blanches sont remplacées par des fleurs jaune vif provenant d'une fleur sacrée, la rose d'Inde (Tagetes erecta).


    Image090


    Dotée d'une belle couleur solaire, la calendura ou zempaxuchilt est utilisée depuis l'époque précolombienne pour honorer les défunts. On extrait de ses pétales un pigment intense qui colore les aliments et possède des vertus médicinales.


    Après avoir nettoyé les tombes, les habitants des villes et des villages offrent aux défunts de la nourriture, de la tequila, des roses d'Inde et des crânes en sucre.

    Image091


    Ces petits crânes gourmands ou calaveras sont considérés comme des amulettes de chance et de bonne fortune. On partage des sucreries colorées vives et le pain des morts (pan de muertos), sorte de brioche fourrée aux fruits confits et saupoudrée de sucre, décorée par des dessins d'os.


    Image092


    Les chemins qui mènent aux cimetières sont décorés de bougies et de fleurs, afin de guider les défunts vers les tombes où les attendent leurs plats préférés, des poupées végétales et de la résine de copal en train de brûler.


    Le 3 novembre, les familles partagent le festin des morts. La communion avec les défunts s'effectue par le biais de la nourriture.


    Ce fonds magique et folklorique se retrouve également au Japon et en Chine avec O-Bon et la Fête des Fantômes.


    Image093


    En Europe, les tombes se parent, grâce aux chrysanthèmes, de couleurs chatoyantes. La « fleur d'or » a remplacé les bougies que l'on allumait autrefois sur les tombes.


    A l'instar de la marguerite, le chrysanthème appartient à la famille des Astéracées (Composées). D'origine asiatique, il fut introduit en Europe, vers 1753, par le naturaliste suédois Carl Von Linné. Petits soleils moutonnants, réputés résister au gel, les fleurs de chrysanthème ont investi les tombes des soldats, juste après l'Armistice de 1918.


    Image094


    Vénéré en Extrême-Orient, le chrysanthème est le symbole de l'automne. Il inspire le bonheur et la paix, attire la bienveillance. Il était arboré par les guerriers au coeur noble. Cultivé dans la Chine ancienne depuis le XVe siècle avant J.-C, il était considéré comme un réceptacle d'énergie vitale. Apparu au Japon au VIIIe siècle après J-C, il devint un emblème impérial au XIIIe siècle.


    Image095


    Le chrysanthème de l'empereur, fleur de vie à 16 pétales doubles, décorant les portes du sanctuaire Shintô Yasukuni de Tokyo. L'Ordre du Chrysanthème fut fondé en 1876.


    Image096

    Le neuvième jour du neuvième mois de l'année fleurissent des poupées de chrysanthèmes.

    (Photo maisonarts.forumgratuit.org)


    Image097

    Le chrysanthème fleurit sur de nombreux bâtiments, sur les vêtements d'apparat, les bols à thé, les éléments de parure...


    Image098

    Symbole de vie, de renouveau, de changement de saison, offert à l'occasion de la fête des mères, il est très apprécié, non seulement au Japon mais aussi en Australie et aux États-Unis alors qu'en Europe, c'est à la mort qu'on l'associe...


    Image099


    Où qu'il puisse habiter, l'humain éprouve le besoin de célébrer les défunts. A Halloween, dans le temps entre les temps, nous établissons un lien privilégié avec « ceux qui ne sont plus là » en les honorant de manière joyeuse. Nous nous confrontons à l'idée de notre mort en acceptant le fait qu'elle est inéluctable. Nous formulons des voeux d'amour et de bonne fortune car les esprits bienveillants évoluent autour de nous. Nous effrayons nos peurs en revêtant leurs attributs et nous communiquons avec l'invisible.


    Image100

    Avant de refermer les pages de mon grimoire, je lève mon verre de cidre, boisson fétiche de Samain, à nos chers disparus, aux forces de la nuit, aux « amis invisibles » qui voyagent près de nous... Mon esprit s'envole où dansent les vieilles âmes, où chuchotent les arbres gardiens des sylves légendaires, vers les anciennes sépultures et les mégalithes aux noms évocateurs « Maison de l'Ogre », « Quenouille de la Sorcière », « Pierre à Marotte des Lutins », « Table du Festin des Fées »...


    Joyeux Halloween!


    Image101


    Bibliographie


    Actes du colloque sur La Mort en Corse et dans les Sociétés Méditerranéennes, Bonifacio, mars 1976.

     

    DE BECQUE, Maurice: Ankou, Légendes Bretonnes. 1921.

     

    LE BRAZ, Anatole: La Légende de la mort chez les Bretons amoricains. Paris, 1922-1923.

     

    MARKALE, Jean: Halloween: histoire et traditions. Imago Editions, 2000.

     

    PREAUD, Maxime: Les Sorcières Catalogue d'exposition. Paris, 16 Janvier-20 Avril 1973, B.N. Paris: Bibliothèque Nationale, 1973.


    RONECKER, Jean-Paul: Halloween.Puiseaux: Pardès, 2000.


    VALENCE, Marie de: S comme sorcière.Vallon-en-Sully: Cercle Beltane, 2000.


    WARGNY, Guy de: La France des sorciers. Saint-Pierre-lès-Nemours: EUREDIF, 1980.


    Image102

    Plume4

    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    72 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique