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Par maplumefee le 19 Septembre 2014 à 00:49
Vase dominant la grille de l'Orangerie à Versailles.
Les 20 et 21 septembre 2014 refleurissent les Journées Européennes du Patrimoine. Forte d'un immense succès, cette manifestation très attendue coïncide avec le mûrissement des couleurs automnales.
Cette 31ème édition illustre le thème «Patrimoine culturel, patrimoine naturel». C'est un retour aux sources, une invitation à explorer les liens profonds qui unissent le paysage et les monuments, une redécouverte de la Nature mère, nourricière de l'Architecture, de la Peinture, de la Sculpture et des arts appliqués.
Jardin des serres d'Auteuil, édifié par Jean Camille Formigé (1845-1926) entre 1895 et 1898. Ces visages appartiennent à une série de quatorze masques en fonte galvanisée qui proviennent de l’atelier d'Auguste Rodin (1840-1917) et décorent le mur de soutènement de la terrasse.
Laissons-nous guider vers des jardins archéologiques où la mémoire s'enracine comme le lierre autour des vieilles pierres, explorons des cathédrales de verdure et de mystérieuses formations géologiques et voyageons à travers des collections de fossiles, des cabinets de curiosité et des galeries qui serpentent sous la terre pour émerger au cœur d'élégantes orangeries.
Rosace gothique du jardin de l'hôtel de Sully, au coeur du Marais, construit entre 1625 et 1630 par Jacques Androuet du Cerceau (1510-1584). Il fut, à partir de 1634, la demeure du duc de Sully, Maximilien de Béthune (1560-1641), ministre d'Henri IV (1553-1610). Il abrite aujourd'hui le Centre des Monuments Nationaux et dévoile ses coulisses à l'occasion des journées du patrimoine.
Le programme de ces journées exceptionnelles est accessible à l'adresse suivante:
www.journeesdupatrimoine.culture.fr
Pyramide de verdure du parc de Bercy.
Ces rencontres patrimoniales sont l'émanation d'un dialogue subtil entre l'Homme et la Nature qui a « sécrété » les matériaux nécessaires à l'élaboration des monuments et des œuvres d'art. Le patrimoine est à l'honneur dans les domaines nationaux, les jardins des châteaux et les cours des hôtels particuliers mais aussi dans les friches industrielles et les gares désaffectées, les bâtiments d'avant-guerre et les usines abandonnées sur lesquelles la nature a repris ses droits.
Voici quelques idées de promenades illustrant le thème choisi
L'édition 2014 des journées du patrimoine met en lumière l'architecture des orangeries d'Île de France ainsi que l'histoire de la flore et des parfums.
L'Orangerie des Tuileries
Ce bâtiment tout en longueur, remarquable d'élégance et de sobriété, se dresse face à la Place de la Concorde, à l'extrémité occidentale de la Terrasse du Bord de l'Eau. Il accueille une sélection raffinée de peintures impressionnistes et post-impressionnistes et forme un écrin privilégié pour les célèbres Nymphéas de Claude Monet.
L'Orangerie fut érigée à partir de 1853, sur les plans de Firmin Bourgeois, pour accueillir les orangers des Tuileries, entreposés jusque là dans une galerie du Louvre. Ludovico Visconti (1791-1853), architecte de Napoléon III, termina la construction de ce vaisseau de pierre et de verre dont les lignes classiques s'harmonisent avec celles des grands Hôtels de la Place de la Concorde (l'Hôtel de Crillon et l'Hôtel de la Marine).
Une orangerie est traditionnellement un bâtiment clos, doté de vastes fenêtres tournées vers le Sud. Il y règne une température agréable et bien régulée. Les agrumes en bacs ou en pots et les végétaux fragiles, comme les palmiers, y sont protégés contre le gel.
La mode des orangeries date de la Renaissance et vient d'Italie. Les orangers étaient gardés, à l'abri des intempéries, dans des « limonaiae ».
Sous la IIIe République, l'Orangerie des Tuileries fut transformée en salle de concert et en lieu d'exposition pour du matériel industriel et horticole, des objets artisanaux et des chiens de race. Elle accueillit, pendant la Première Guerre Mondiale, des soldats mobilisés et servit de dépôt d'armement.
Elle fut attribuée, en 1921, à l'administration des Beaux-Arts et destinée, comme son pendant, le Jeu de Paume, à devenir une annexe du Musée du Luxembourg. Mais Georges Clémenceau (1841-1929) proposa à Claude Monet (1840-1926) d'y installer Les Nymphéas et, le 17 mai 1927, le Musée de l'Orangerie ouvrit ses portes.
A l'est et à l'ouest, les portes monumentales sont surmontées de frontons qui décrivent des sujets agricoles, sculptés par Gallois-Poignant, l'un des artistes du Louvre de Napoléon III (1808-1873).
Les orangers d'aujourd'hui passent l'hiver dans l'Orangerie de Meudon. Ils s'épanouissent aux Tuileries pendant les beaux jours.
Pour découvrir ou redécouvrir les œuvres exposées dans ce musée, gratuit lors des Journées du Patrimoine (attention, ce n'est pas le cas de tous les musées, il faut bien vérifier sur le site officiel), Il vous suffit de cliquer sur les liens suivants.
Les trésors de l'Orangerie chapitre un
Les trésors de l'Orangerie chapitre deux
Claude Monet, Branche d'oranger, 1884.
L'Orangerie de Versailles
Édifiée par Jules Hardouin-Mansart (1646-1708) entre 1684 et 1686, à l'emplacement de la petite orangerie construite par Louis Le Vau (1612-1670) en 1663, l'Orangerie de Versailles se compose d’une galerie centrale voûtée, longue de 155 mètres. Elle est prolongée par deux galeries latérales, éclairées par de grandes fenêtres et situées sous les escaliers des Cent-Marches.
En hiver, elle abrite plus d'un millier d'arbres en caisses : orangers du Portugal, d'Espagne ou d'Italie, citronniers, lauriers roses, cerisiers du Brésil, palmiers, grenadiers.... Chaque été, ces trésors végétaux se nourrissent de lumière autour d’un bassin circulaire et de quatre pièces de gazon. Les sculptures qui ornaient le parterre sous le règne de Louis XIV sont aujourd'hui visibles au musée du Louvre.
Depuis le Grand Appartement de la Reine, situé au premier étage du Château, on jouit d'une vue imprenable sur le Parterre des Fleurs ou Parterre de l'Amour, scénographie savante de fleurs et de broderies de buis qui domine l'Orangerie.
On y admire Les Enfants aux sphinx, deux ensembles de statues appartenant aux plus anciennes sculptures du parc.
Modelés par Jacques Sarazzin ou Sarazin (1592-1660) et fondus par Duval en 1668, ces enfants de bronze chevauchent des sphinx en marbre, sculptés par Louis Lerambert (1620-1670). A l'époque de Louis XIV, des fleurs en vogue (giroflées, tulipes, narcisses, jacinthes, lys, jasmins, jonquilles, coquelourdes, œillets de poète) décoraient le parterre.
Orangerie de Versailles, peinture attribuée à Jean-Baptiste Martin (1659-1735).
Si vous souhaitez compléter cette visite « odorante » à Versailles, l'Osmothèque vous accueillera, le samedi 20 septembre, de 10 heures à 17 heures 30, pour une immersion dans la féerie des senteurs. A l'occasion des journées du patrimoine, la cave des lieux, qui abrite plus de trois mille parfums, sera exceptionnellement ouverte et accessible par petits groupes.
Photo Pascal Gréboval
Fondée en 1990 par Jean Kerléo, nez et créateur de la Société française des parfumeurs, l'Osmothèque est un endroit unique au monde, un lieu de mémoire et de vie où l'on célèbre les joyaux vulnérables du « patrimoine olfactif ».
Affiche de Deyrolle
L'Osmothèque
36, rue de Clagny
78000 Versailles
Accès par la gare de Versailles rive droite ou par le train de Paris Saint-Lazare.
Bus G, arrêt Général Mangin ou Parc de Clagny.
Les orangers s'épanouissent dans le Parc de Bercy où sont organisées, pour ces fameuses journées, de nombreuses visites thématiques. Souvenez-vous fidèles lecteurs, je vous ai proposé, l'année dernière, trois articles consacrés à l'histoire et aux trésors de Bercy.
La roseraie et les parterres de Bercy
La visite des anciens chais est un moment très agréable qui s'insère parfaitement dans le thème des actuelles journées du patrimoine. Vous pouvez aussi découvrir l'histoire de Bercy au fil de l'eau et les divers aménagements du parc : maison du lac, pyramide de verdure, maison du jardinage, vignes, verger, roseraie, potager, terrasses dominant la Seine...
Le Jardin Naturel
Depuis 1995, ce square romantique, niché au pied au cimetière du Père Lachaise, préserve une formidable réserve de biodiversité. Il accueille, sur près de 6300 m2, une profusion de végétaux caractéristiques de plusieurs milieux naturels d'Île de France. C'est un lieu unique en son genre où règne une envoûtante palette de vert, une jungle urbaine emplie de chants d'oiseaux où s'épanouissent, autour d'une mare féerique, des massifs ébouriffés de graminées, de roses et de plantes aromatiques.
A l'abri du bruit incessant de la ville, grâce aux ondulations stratégiques de la colline du cimetière du Père Lachaise et à une terrasse appuyée sur un solide escalier de calcaire, s'épanouit une prairie.
Des arbres « d'eau » comme le saule marsault et l'osier blanc ou saule des vanniers, associés à des plantes d'ombre et de sous-bois : fougères, campanules, clématites, géraniums, hellébores, houblons..., encerclent la mare, émulsion de vert intense au-dessus de laquelle voltigent, à des moments privilégiés, des libellules rouges.
La mare du Jardin Naturel et les différentes mares de Paris font l'objet de conférences et de visites thématiques, par petits groupes, à l'occasion des journées du patrimoine.
La mare, ce milieu aquatique clos, est devenu un élément incontournable de ce que l'on appelle « la trame verte et bleue de Paris ». Milieu très précieux où se rencontrent d'innombrables espèces le plus souvent protégées, la mare est perçue comme un espace intermédiaire privilégié entre les eaux de la Seine et celles des lacs et des étangs. Elle se nourrit de pluie, recueille les eaux de ruissellement, protège la vie et « rafraîchit » la ville, souvent surchauffée, en favorisant le phénomène de brise.
Pour se rendre au Jardin Naturel :
Métro ligne 2, arrêt Alexandre-Dumas
Accès par le 120 rue de la Réunion, 75020 Paris
Le Jardin des Plantes
A l'occasion des journées du patrimoine, ce temple du savoir propose des conférences et des ateliers sur le thème de la faune et de la flore. Il célèbre les vingt ans de la Grande Galerie de l'Évolution et rend hommage aux créateurs du Cabinet d'histoire naturelle et du Jardin des plantes médicinales, rénové en 1994 par les architectes René Allio, Borja Huidobro et Paul Chemetov.
L'allégorie des sciences naturelles décore le fronton de l'amphithéâtre de botanique, construit en 1788 par Edme Verniquet (1727-1804).
Entre 1626 et 1635, Guy de la Brosse et Jean Hérouard ou Héroard, médecins de Louis XIII, fondèrent un jardin de simples à proximité de l'abbaye Saint-Victor. Ils se heurtèrent à « l'inimitié » des administrateurs de la Faculté de Médecine, rétifs à accepter ce qu'ils considéraient comme un lieu d'enseignement concurrent. Guy de la Brosse souhaitait y prodiguer des cours de botanique et de chimie et bien d'autres sciences permettant de faire ses « humanités ».
Dévolu à l'apprentissage et aux recherches scientifiques, le jardin botanique, inauguré en 1640, devint, par édit royal, Jardin de l'Apothicaire du Roi.
Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788) fut l'intendant du jardin de 1739 jusqu'à sa mort. Il doubla la surface des lieux qu'il transforma en écrin du savoir, façonnant une encyclopédie vivante composée d'arbres et de végétaux du monde entier. Son Histoire Naturelle vit le jour à partir de 1749. Elle ne cessa de s'enrichir et d'acquérir de la notoriété, à l'instar du Cabinet d'Histoire Naturelle du Roi dont Buffon, gestionnaire averti, fit la plus complète et la plus célèbre collection d'Europe. La statue, datée de 1908, est l’œuvre de Jean Carlus (1852-1930).
En 1793, la direction des lieux fut attribuée à Bernardin de Saint-Pierre (1737-1834), l'auteur de Paul et Virginie et l'ensemble devint « Jardin des Plantes de la Ville de Paris ». Il abrita le Muséum d'Histoire Naturelle à partir de la même époque. Le monument (1907) est l’œuvre de Louis Holweck (1861-1935).
Le chien de Bernardin de Saint-Pierre, appelé Fidèle, accompagne Paul et Virginie.
La vocation première du Jardin des Plantes était de favoriser l'acclimatation des espèces végétales et la présentation de collections qui symbolisaient « le vivant » (animaux, plantes, gemmes, coquillages...).
Histoire naturelle, gravure de Pierre Antoine Tardieu, dit aussi P. F. Tardieu (1784-1869), d'après un dessin de Jacques de Sève (actif de 1742 à 1788). Gallica.bnf.fr
Au XVIIIe siècle, il fut le lieu d'exposition d'arbres majestueux, issus de chaudes contrées lointaines et abrités dans des serres.
Sous les hautes voûtes des immenses serres de métal et de verre se lovent des cactées, des euphorbiacées, des collections de plantes et d'arbres luxuriants issus de pays chauds et humides (orchidées, bananiers, ficus, pandanus...). L'architecte Charles Rohault de Fleury (1801-1875) a érigé entre 1830 et 1833 deux serres qui ont servi de prototype aux serres modernes. La troisième serre ou serre des forêts tropicales humides (ancien jardin d'hiver), de style art déco, est l’œuvre de René Berger (1878-1954) et date de 1937. Les orangeries sont les ancêtres des serres.
Nymphe tourmentant un dauphin (il faut entendre par là un poisson fantastique), 1864, sculpture de Joseph Félon (1818-1896).
On admire au Jardin des Plantes de nombreuses statues (que je vous montrerai très prochainement), de superbes collections de fleurs, le fameux cèdre de Jussieu et différents arbres ancêtres, une fontaine aux lions, la Table de Plaisanterie, la Galerie de l'Évolution, le Jardin Alpin, les Grandes Serres, la Ménagerie qui vient de fêter ses 220 ans...
Dans le Labyrinthe vert, on égrène ses pensées tout en se hissant jusqu'à la Gloriette de Verniquet, l'une des premières structures en fer du monde, construite en 1786. De tout cela, je vous reparlerai bientôt car plusieurs articles sont nécessaires pour exposer la richesse artistique des lieux.
La Gloriette et le Labyrinthe, 1805, peinture de Nicolas Huet (1770-1830). Collection Deyrolle.
Après avoir exploré ce jardin ambivalent, à la fois fantaisie à l'anglaise et espace ordonnancé autour de grands parterres à la française et de galeries conçues comme des cabinets de curiosités, on pourra se laisser guider vers un réservoir majeur de biodiversité, celui de la Petite Ceinture où des visites seront proposées à l'occasion des journées du patrimoine.
Plan de 1898
Voie de chemin de fer construite sous le Second Empire (1852-1869) et d'abord consacrée au trafic de voyageurs et de marchandises, la Petite Ceinture faisait le tour de Paris. Elle fut abandonnée par les voyageurs lors de l’avènement du métro parisien, en 1900 et vouée, pendant des décennies, au transport de marchandises. Dans les années soixante-dix, elle fut définitivement délaissée.
Photo trouvée sur le site de la Petite Ceinture.org (Association de Sauvegarde de la petite Ceinture ASPCRF). Si quelqu'un me le demande, je l'enlèverais.
Avec ses allures de friche à ciel ouvert, elle dévoile un paysage inattendu en ville car certaines parties de l'ancienne voie ferrée ont été aménagées en jardin public. Dans le 15e arrondissement par exemple, à proximité du parc Georges Brassens et le long du boulevard des Maréchaux. Elle traverse aussi les 12e et 16e arrondissements de Paris.
Forte de son succès, la promenade ne demande qu'à s'étendre car, après avoir été abandonnés pendant des décennies, ses sentiers permettent de découvrir la biodiversité végétale urbaine et la faune qui s'est appropriée les différents talus.
Dans le 16e arrondissement, entre la porte d’Auteuil et la porte de la Muette, se déploie un lieu d’une grande richesse écologique, inattendue au creux de la ville. La diversité biologique locale s'enracine autour de trois thèmes fondamentaux : la prairie, le taillis et le boisement.
La lumière y est douce, filtrée par les feuillages qui prennent l'ascendant sur les grands immeubles bordant les vestiges de l'ancienne voie ferrée.
Le tumulte de la ville semble bien loin...
Le patrimoine enfoui, la Nature profonde, les carrières abandonnées, les grottes et les habitations troglodytes sont également à l'honneur en cet automne naissant. Les visiteurs sont invités à découvrir les merveilles minérales du paysage et à se laisser guider, par un désir de mystère, sur les anciens chemins forestiers.
Les monuments « naturels » et pittoresques, les formations géologiques et géomorphologiques ainsi que les collections de fossiles et de minéraux sont à l'honneur.
Les chaos de grès des forêts franciliennes
Le Parc des Rochers Gréau, promenade insolite située dans la ville de Nemours en Seine-et-Marne, s'inscrit parfaitement dans le thème des journées du patrimoine 2014. Elle fait découvrir des drôles de pierres aux noms évocateurs comme la Truffe de Chien, la Tortue, la Tête de Singe, le Bibendum, le Chevalier...
Fascinants rochers et passages de grès...
Il ne faut pas être arachnophobe ! Petit clin d’œil à mes ami(e)s qui ont des réactions épidermiques rien qu'en évoquant le sujet... sourire amusé... J'ai eu de jolies tisseuses un peu partout dans les cheveux, sur les bras etc...
Au gré des saisons, la lumière dessine des formes étranges sur les chaos de grès moussus, polis par les intempéries, qui évoquent les mystères de la forêt « à l'aube des temps »... Pierres gardiennes de mondes oubliés faisant écho aux « roches aux fées » de la forêt de Fontainebleau et de sa partie « primale » : l'ancienne forêt de Bière (bruyère) où s'incarnent les légendes franciliennes.
Sur cette carte datant de 1907, apparaît l'un des plus célèbres chaos de la forêt de Fontainebleau, l'éléphant veilleur de chemins qui devint source d'inspiration pour de nombreux artistes et notamment ceux de l'École de Barbizon.
Étude de rochers et d'arbres, 1829, par Théodore Rousseau (1812-1867), cofondateur et chef de file du mouvement. Musée des Beaux-Arts de Strasbourg.
Par ses abris inattendus, ses fantaisies minérales anthropomorphiques et zoomorphiques, ses galeries profondes et ses étonnants belvédères, la forêt s'est imposée comme un lieu majeur de randonnée, de pèlerinage et de curiosité. Outre les chaos de grès, les journées du patrimoine 2014 sont aussi l'occasion de découvrir ou de redécouvrir les mystérieuses grottes de Claude François Denecourt (1788-1875), infatigable voyageur et poète de la sylve.
Ce retraité de l'armée napoléonienne sillonna pendant plus de quarante ans les chemins forestiers, défrichant et dégageant des lieux inaccessibles, aménageant des grottes et des fontaines, façonnant des salles mystérieuses au carrefour de vieilles voies dont le tracé remontait à la nuit des temps. Il peignit des signes ésotériques et des Vierges protectrices sur les rochers bellifontains, il apposa des médaillons sur les pierres « vivantes », il collecta et façonna une profusion de légendes au fil du temps et consigna ses travaux dans les Promenades dans la forêt de Fontainebleau, parues en 1846 et réactualisées jusqu'à sa mort. Âme humaine de la forêt, il vit ses travaux salués par des artistes comme Victor Hugo, Alfred de Musset, Gérard de Nerval, Charles Baudelaire, George Sand Alphonse de Lamartine ou encore Théophile Gautier... En 1855, ils publièrent un recueil de 43 textes en prose ou en vers, intitulé Hommage à Denecourt.
Il a balisé ses promenades au moyen de flèches bleues et attribué un nom à plus de six cents arbres et de sept cents rochers, sans oublier les sites et les points de vue remarquables. Certains se sont moqués du « Sylvain coureur des bois », le prenant pour un enfant attardé dans un corps d'adulte, un naïf, un esprit bousculé par des marottes infantiles. D'autres continuent de célébrer cet original au grand cœur et à l'imagination sans limites, un monsieur que j'aurais beaucoup aimé rencontrer sur les chemins de « faërie » de Dame Nature.
Les « sentiers bleus Denecourt » sont toujours utilisés par les amoureux des secrets de la forêt. Ils ont été rebaptisés « Sentiers Denecourt-Colinet du nom de Charles Colinet (1839-1905), un ancien fonctionnaire des Ponts et Chaussées, qui a poursuivi l'œuvre de Claude François Denecourt, mort dans sa chère forêt à l'âge de 86 ans.
Comme tous les ans, la liste des lieux à visiter dans les journées du patrimoine est immense mais chacun trouvera son bonheur en préparant son itinéraire à l'avance ou en déambulant au gré de son inspiration. Certains endroits sont évidemment pris d'assaut, comme l'Élysée, Matignon, le Sénat, l'Assemblée Nationale, les ambassades, les grands ministères ou les hôtels particuliers du Marais (...), mais on peut échapper à la foule en explorant des sites plus insolites. C'est tout le charme de cette manifestation qui suscite à chaque nouvelle édition l'engouement du public.
Pour les amoureux de la Nature « solidaire », des conférences sont prévues sur le thème des friches flottantes, des jardins ouvriers et des parcelles végétales partagées. Des parcours sensoriels consacrés aux trésors de l'automne (feuilles aux couleurs changeantes, champignons et fruits luxuriants) se dérouleront aussi dans plusieurs parcs et jardins de la capitale.
Je vous souhaite d'excellentes Journées du Patrimoine. Je ne rallumerai pas mon ordinateur avant le milieu de la semaine prochaine mais je penserai bien à vous. Je vous remercie pour les nombreux messages que vous m'avez envoyés à l'occasion du troisième anniversaire de mon blog. Ils m'ont beaucoup touchée...
180 commentaires -
Par maplumefee le 14 Septembre 2013 à 00:59
Aux portes de l'équinoxe d'automne, alors que tourbillonnent les premières feuilles mordorées, les Journées du Patrimoine nous invitent à commémorer le centenaire de la loi du 31 décembre 1913, texte fondateur de la loi de protection des monuments historiques en France.
Il s'agit d'un double anniversaire car, depuis trois décennies, les Journées européennes du Patrimoine sont une résonance de l'héritage transmis par la loi de 1913.
Cette trentième édition a pour but de stimuler la volonté des citoyens de s'engager au nom de la sauvegarde du patrimoine. Elle fait aussi revivre les grandes dates de l'histoire de la préservation des monuments historiques.
Le musée de Cluny photographié depuis le square Paul Painlevé.
Après la Révolution Française, des intellectuels, des hommes politiques et des citoyens prirent conscience de l'importance du patrimoine dont ils avaient hérité. Cette « révélation » se nourrissait du sentiment d'appartenance à la Nation.
Les premières initiatives de protection des monuments historiques furent mises en place sous la Monarchie de Juillet mais il faut saluer des initiatives plus anciennes comme celle d'Alexandre Lenoir (1761-1839), médiéviste amateur qui fut témoin de la destruction des tombeaux royaux de la basilique Saint-Denis, décrétée par la Convention, le 1er août 1793.
Portrait d'Alexandre Lenoir par Jacques-Louis David (1748-1825).
Il s'employa à lutter contre le vandalisme révolutionnaire et parvint à soustraire de nombreuses oeuvres à la fureur populaire en les installant dans la cour de l'ancien cloître du couvent des Petits-Augustins (actuelle école des Beaux-Arts). En 1795, il ouvrit au public le Musée des monuments français, qu'il administra pendant une trentaine d'années. Son courage et sa ténacité nous permettent de contempler aujourd'hui des vestiges fondamentaux de notre histoire.
Pendant la Monarchie de Juillet, naquit une « conscience patrimoniale » qui permit de sauver de nombreux édifices endommagés par le temps.
La Monarchie de Juillet (1830-1848) est le régime monarchique constitutionnel instauré en France après les Trois Glorieuses, soit après les journées des 27, 28, 29 juillet 1830 qui firent tomber Charles X de Bourbon au profit de Louis-Philippe Ier d'Orléans. Le tableau décrit les combats sur le Pont-Neuf et l'attaque du Louvre pendant la journée du 29 juillet 1830. Cette oeuvre, issue de l'école française de la première moitié du XIXe siècle, est conservée au musée Carnavalet.
Eugène Delacroix (1798-1863), La Liberté guidant le peuple, 1830.
L'oeuvre magistrale de Delacroix traduit, avec une fougue romantique et un fascinant réalisme, les évènements qui précipitèrent l'avènement de la Monarchie de Juillet. Résolument novatrice, la composition met en scène l'allégorie de la Liberté qui franchit les barricades pour guider le peuple, après la remise en cause des acquis de la Révolution de 1789 par Charles X et son très impopulaire ministre, le Prince de Polignac.
La structure pyramidale de l'oeuvre exalte la puissance de l'assaut final. La Liberté guide la foule, dans un fracas de poussière, vers le camp adverse. Elle est à la fois déesse, fille du peuple et incarnation de la Révolution de 1789. Coiffée du bonnet phrygien, elle arbore un habit jaune qui laisse apercevoir sa poitrine tout en rappelant subtilement les drapés antiques. Elle brandit de la main droite le drapeau de la révolte et tient dans la main gauche un fusil, modèle 1816.
Sa silhouette de Victoire antique, à la forte et sensuelle musculature, se découpe sur un panache de fumée. Le drapeau, qui ondule comme une flamme, attire le regard du spectateur vers la toile rouge, imprégnée d'une lumière de sang.
Delacroix a particulièrement soigné la description des personnages qui l'entourent et notamment les gamins de Paris, forces vives de la ville et du nouvel âge qui s'annonce.
Celui qui se tient à sa gauche, du côté du fusil, exhorte par un cri les insurgés à poursuivre le combat. Il symbolise la jeunesse révoltée par l'injustice et annonce, avec son béret de velours noir, le personnage de Gavroche que l'on trouvera dans les Misérables de Victor Hugo trente ans plus tard. Il porte une giberne en bandoulière (boîte recouverte de cuir dans laquelle les soldats plaçaient les cartouches et différents objets pour l'entretien des armes) et brandit un pistolet de cavalerie dans chaque main.
De l'autre côté du tableau se dresse un ouvrier manufacturier, coiffé d'un béret et vêtu d'un pantalon à pont (ou pantalon de marine) et d'un tablier. Il arbore la cocarde blanche des monarchistes et le nœud rouge des libéraux. Il brandit un sabre des compagnies d’élite d’infanterie, modèle 1816, ou briquet. Le pistolet qu'il tient à la ceinture est retenu par un foulard qui symbolise le mouchoir rouge de Cholet, barré de raies blanches, évoquant le souvenir du sang des Vendéens.
A côté de lui, apparaît un homme coiffé d'un chapeau haut de forme. Agenouillé sur les corps, il est vêtu d'une veste noire et d'un pantalon large tenu par une ceinture de flanelle rouge. Il brandit une arme de chasse appelée tromblon, à deux canons parallèles. Certains critiques d'art ont cru reconnaître en lui le visage de Delacroix ou d’un de ses amis.
Aux pieds de la Liberté, un homme au foulard noué sur la tête, ensanglanté, parvient à réunir ses forces pour se redresser. Sa chemise bleue et sa ceinture rouge font écho aux couleurs du drapeau.
Au premier plan, se trouvent des cadavres de soldats et au fond de l'image, des étudiants, dont un polytechnicien au bicorne bonapartiste.
Le paysage est un personnage à part entière du tableau. Nous apercevons les tours de Notre-Dame qui percent le panache de fumée et la lumière du soleil couchant. Les constructions situées entre la cathédrale et le fleuve sont issues de l'imagination de l'artiste.
L'oeuvre de Delacroix symbolise tout autant la révolution citoyenne que la révolution picturale moderne et romantique. Mais elle fut rejetée par la critique et dut attendre pour connaître la célébrité qu'on lui connaît.
Elle entra en 1863 au musée du Luxembourg et fut transférée au Louvre en 1874. Entre 1978 et 1995, elle illustra les billets de cent francs.
Depuis décembre 2012, elle est exposée dans l'exposition La Galerie du Temps au Louvre-Lens.
C'est sous la Monarchie de Juillet que se mirent en place, grâce au ministre François Guizot (1787-1874) et aux inspecteurs généraux Prosper Mérimée (1803-1870) et Ludovic Vitet (1802-1873), les premières mesures de protection légale des monuments historiques.
Portrait de François Guizot, homme d'État et historien, par Jehan Georges Vibert (1840-1902), au musée national du château de Versailles.
L'«ère Guizot» fut celle des « lois d'affaires » qui favorisèrent l'essor de la haute bourgeoisie et l'expansion industrielle de la France, en grande partie grâce au développement du chemin de fer.
Portrait de Prosper Mérimée par Simon Jacques Rochart (1788-1872), conservé au Musée Carnavalet, Paris.
Écrivain de renom, grand voyageur, ami de la famille impériale, inspecteur général des monuments historiques puis sénateur, il fut à l'origine d'une politique de consolidation et de restauration active de grands édifices.
On aperçoit sur ces photographies, signées Séraphin-Médéric Mieusement (1840-1905), le démontage des maçonneries du déambulatoire de la Cathédrale de Sées, dans l'Orne, vers 1850, en vue d'une restauration. (Crédit photographique: Médiathèque de l'architecture et du patrimoine.)
Ludovic Vitet (1802-1873) obtint, auprès du ministre François Guizot, la création et le poste d'inspecteur général des monuments historiques, rattaché au ministère de l'Intérieur. Il effectua plusieurs voyages en France pour répertorier les monuments, les musées, les bibliothèques, les archives et les écoles d'enseignement artistique. Le rapport qu'il écrivit en 1831 fut utilisé par Victor Hugo quand ce dernier publia sa « Guerre aux démolisseurs », en 1832.
Vitet était un grand érudit, président de la commission des Monuments historiques, créée à son initiative, jusqu'en 1848. Il entretint avec Mérimée une relation épistolaire. Il fut membre de l'Académie Française et député.
Après les troubles de la Commune et une courte période d'emprisonnement, il fut réélu député et devint le rapporteur de la loi du député Rivet qui institua la Troisième République. Il retrouva sa place de président de la Commission des monuments historiques.
Salamandre photographiée dans le square Léopold Achille, à proximité du musée Carnavalet. Ce vestige d'un hôtel particulier de la Renaissance a été préservé grâce à la politique instituée sous la Monarchie de Juillet.
Grâce aux nombreuses publications de Ludovic Vitet, des listes de monuments majeurs, classés par ordre d'importance, virent le jour entre 1842 et 1875.
En 1825, Victor Hugo (1802-1885) écrivit « Il faut arrêter le marteau qui mutile la face du pays. Une loi suffirait; qu’on la fasse!
Quels que soient les droits de la propriété, la destruction d’un édifice historique et monumental ne doit pas être permise à ces ignobles spéculateurs que leur intérêt aveugle sur leur honneur; misérables hommes, et si imbéciles, qu’ils ne comprennent même pas qu’ils sont des barbares ! Il y a deux choses dans un édifice, son usage et sa beauté. Son usage appartient au propriétaire, sa beauté à tout le monde; c’est donc dépasser son droit que de la détruire. »
Le roman Notre-Dame de Paris, publié en 1831, se présenta comme un manifeste en faveur de la sauvegarde des monuments anciens. Nous contemplons ici la reproduction de la première page du manuscrit. L'original est conservé à la BNF.
Vue sur le chevet de la cathédrale depuis le quai d'Orléans, en bordure de l'Île Saint-Louis.
« En attendant les monuments nouveaux, conservons les monuments anciens. Inspirons, s'il est possible, à la nation l'amour de l'architecture nationale. C'est là, un des buts principaux de ce livre. » écrivit-il dans sa préface de 1831. Deux ans plus tard parut sa Lettre sur le vandalisme en France.
A son initiative, la première loi française sur les monuments historiques fut adoptée le 30 mars 1887 mais comme elle ne fut pas jugée véritablement « satisfaisante », elle vit son contenu évoluer pour donner naissance à la loi du 31 décembre 1913.
Portrait de Victor Hugo, vers 1884, par Nadar (alias Gaspard-Félix Tournachon, 1820-1910).
A cause de la première Guerre Mondiale, le décret d'application de la loi ne fut adopté que le 18 mars 1924.
Il fallut intervenir auprès de monuments classés et très endommagés comme la cathédrale de Reims et intégrer à la liste des monuments répertoriés les monuments commémoratifs, les stèles individuelles et collectives, les cimetières militaires et même les champs de bataille.
La cathédrale de Reims avec les ruines de la rue de Vesle au premier plan. Photographie de. J. J. Moreau © Archives Larousse.
Pendant la seconde guerre mondiale, il y eut plusieurs arrêtés de classement destinés à placer des biens sous la protection de l'article 56 de la Convention de La Haye afin d'éviter la réquisition et la destruction de nombreuses oeuvres. Mais comme en vertu d'une loi promulguée par le Gouvernement de Vichy, le 11 octobre 1941, les statues métalliques non ferreuses devaient être fondues, les allemands firent disparaître de nombreuses sculptures dans les jardins et sur les places de Paris.
Dans ce contexte, la statue du Général Thomas Alexandre Dumas (1762-1806) qui se dressait autrefois sur la place du Général Catroux, dans le 17e arrondissement de Paris, fut détruite par les allemands en 1942. Vous pouvez retrouver son histoire dans un des premiers articles paru sur mon blog et intitulé Flânerie dans la rue Georges Berger.
Le 25 février 1943, sous le Gouvernement de Vichy, une loi de « visibilité » des monuments historiques offrit un rôle majeur aux architectes des Bâtiments de France, chargés de s'assurer que les travaux effectués près des monuments classés et inscrits ne puissent endommager ces derniers.
Trois ministres s'illustrèrent, pendant la seconde moitié du XXe siècle, en matière de reconnaissance de l'architecture moderne: André Malraux (1901-1976), Michel Guy (1927-1990) et Jack Lang, né en 1939.
Le premier immeuble du XXe siècle à être classé, en dehors des bâtiments liés aux conflits mondiaux, fut le théâtre des Champs-Elysées, en 1957.
Ce théâtre fut construit en 1911, dans un style mixte classique et art déco, par Auguste Perret (1874-1954), assisté de ses frères Claude et Gustave. Perret fut l'un des premiers entrepreneurs à utiliser le béton armé dans la construction.
La façade, recouverte de marbre blanc, présente des bas-reliefs d'Antoine Bourdelle (1861-1929) qui ont pour thème l'histoire des Muses et d'Apollon.
La Danse, 1912.
Bourdelle représente ici la célèbre danseuse Isadora Duncan (1878-1927), morte étranglée par un foulard qui s'entortilla dans les rayons de la roue d'une voiture en marche.
Portrait d'André Malraux (1901-1976).
Le 4 octobre 1962, la loi dite « Malraux » sur les secteurs sauvegardés a mis en lumière une vision nouvelle du patrimoine consistant à classer des ensembles urbains comme ceux de Lyon (1962), de Besançon (1964), de Sarlat-la-Canéda (1964) et de Saint-Germain-en-Laye (1964).
La loi du 8 janvier 1993 a créé des zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager. Elle a été renforcée par la loi dite « Grenelle II » du 12 juillet 2010.
L'attention se porte désormais vers de « nouvelles catégories de biens » comme les chemins de fer et leur histoire complexe et mouvementée; les usines, les châteaux d'eau, les mines, les véhicules hippomobiles, les machines de construction, les voitures et les avions.
Cette photographie montre une automotrice Rowan de la Compagnie Générale des Omnibus au terminus de la ligne TK, devant le Louvre. Ces automotrices furent conçues par l'ingénieur anglais Rowan et essayées à Copenhague en 1875. Elle apparurent à Paris en 1889, pour l'Exposition universelle, et furent utilisées à Lyon et Tours. Elles circulèrent à Paris jusqu'au 15 novembre 1913.
Les années 1990 ont été marquées par des débats sur le « patrimoine culturel immatériel de l'humanité », débats qui ont abouti, le 17 octobre 2003, à la Convention de l'UNESCO pour la sauvegarde de ce patrimoine particulier. Cette Convention a été ratifiée par la France en 2006. Ainsi, des pratiques et des savoir-faire comme la tapisserie d'Aubusson, le Fest-noz breton ou le Compagnonnage ont été inscrits en 2010 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
L'éducation d'Apollon, d'après un carton de Charles Coypel (1694-1752). Tapisserie en laine et soie de la manufacture royale d'Aubusson, milieu du XVIIIe siècle.
Enseigne des Compagnons du Devoir, place Saint-Gervais, dans le 4e arrondissement de Paris.
A une époque où certaines mairies choisissent de détruire leur église ou les vestiges de certains châteaux sous prétexte que cela coûte trop cher de les conserver, n'oublions pas que nos villes et nos campagnes sont des musées à ciel ouvert. Les édifices anciens, qu'ils soient religieux on non, font partie intégrante du paysage et sont les réceptacles de l'histoire et de la vie de nos ancêtres.
L'église Saint-Pierre Saint-Paul de Sarcelles, située près de chez moi. Je vous en reparlerai bientôt.
Je vous souhaite de très belles journées du patrimoine. Réjouissez-vous, explorez les cours secrètes, les jardins archéologiques, les galeries qui serpentent sous la terre et les forteresses dans les nuages. Ouvrez les portes closes et pénétrez dans des cryptes façonnées par la ferveur des Hommes. Élevez votre regard vers les cimes célestes et contemplez le savoir-faire des bâtisseurs du patrimoine. Que vos pensées s'entrelacent avec les spires du temps...
Vous pouvez retrouver le programme de ces belles journées à l'adresse suivante:
www.journeesdupatrimoine.culture.fr
Pour répondre aux ami(e)s qui me l'ont demandé, j'ai l'intention de retourner visiter le Palais du Luxembourg. J'avais exploré les salles de ce bâtiment magnifique, lors de précédentes Journées du Patrimoine, mais mon appareil photo avait un zoom moins puissant que mon appareil actuel.
Et de séduisantes découvertes s'annoncent ensuite...
Je vous remercie pour les nombreux messages que vous m'avez envoyés à l'occasion du deuxième anniversaire de mon blog. Ils m'ont beaucoup touchée.
Avec mon amitié, ce petit panier de roses...
125 commentaires -
Par maplumefee le 14 Septembre 2012 à 20:59
La forêt en automne, par Gustave Courbet (1819-1877).
Les couleurs automnales s'installent doucement dans le paysage et les Journées Européennes du Patrimoine refleurissent les 15 et 16 septembre 2012.
Cette 29ème édition, placée sous le signe des « Patrimoines Cachés », nous invite à explorer des cours secrètes, des jardins archéologiques, des galeries qui serpentent sous la terre, des forteresses dans les nuages... L'évocation de ces lieux insolites titille notre curiosité.
Vous pouvez retrouver le programme de ces journées exceptionnelles à l'adresse suivante:
www.journeesdupatrimoine.culture.fr
Ce voyage à travers le temps se décline en six grands thèmes:
Le patrimoine souterrain
Ouvrons les portes closes et empruntons des escaliers taillés dans la roche, à la recherche d'anciennes carrières et d'habitations troglodytes.
Les catacombes et les égouts de Paris nous confrontent à un monde mystérieux où la mort est scénographiée. Enfonçons-nous, dans un labyrinthe d'ossements, à plus de 20 mètres sous Paris, pour découvrir d'antiques carrières de gypse et d'immenses bancs calcaires datant du Lutécien (45 millions d'années).
Le patrimoine enfoui
La terre qui résonne sous nos pas célèbre l'art originel et la force irrépressible de création, le sacré qui palpite, entre flammes et ténèbres, sur les parois des grottes de la Préhistoire.
La Grotte Chauvet, en Ardèche. (Image trouvée sur le site du Ministère de la Culture).
Descendons dans des cryptes façonnées par la ferveur des Hommes et laissons nos pensées s'entrelacer avec les spires du temps.
L'église souterraine d'Aubeterre sur Dronne, en Charente, la plus haute église monolithe de France.
Une des pièces archéologiques conservées dans le square Georges Cain, (3e arrondissement de Paris), lieu intimiste accueillant des vestiges de l'histoire de Paris.
Des jardins archéologiques aux strates renaissants des villes, le passé ravivé ou mis en scène brillamment nous promet de remarquables découvertes.
Vous pourrez trouver à l'adresse suivante, www.grands-sites-archeologiques.culture.fr, un florilège de sites antiques et médiévaux d'exception.
Le patrimoine militaire
Du littoral atlantique à la frontière franco-allemande, les sombres vestiges des deux guerres mondiales du XXème siècle sont toujours présents, comme un sillon de poudre et de suie dans le paysage. Mais ces constructions déchues, mémoriaux de la souffrance des peuples, sont peu à peu dévorées par le sable et l'océan. Des associations se mobilisent pour les préserver et les visiteurs sont au rendez-vous.
Image trouvée sur RTL.fr.
Ainsi, bunkers et blockaus se voient investis d'une légitimité archéologique et bénéficient d'une attention nouvelle de la part des promeneurs et des autorités.
Vue sur les bunkers du Cap Ferret. (Image trouvée sur le site cestenfrance.net.)
Le patrimoine en hauteur
La sublime flèche de Notre-Dame de Paris.
Élevons notre regard vers les cimes célestes et contemplons le savoir-faire des bâtisseurs du patrimoine. La ferveur et la foi, la nécessité de se défendre, le désir de paraître et le sens de l'esthétique imprègnent ces oeuvres qui s'élancent vers l'infini.
Flèches de cathédrales, clochers puissants, donjons orgueilleux, balcons élégants, galeries aériennes, décors profanes et sacrés composent un fascinant théâtre suspendu, entre limbes d'azur et terre. Ces journées patrimoniales nous encouragent à prendre de l'altitude pour appréhender les trésors ciselés dans la pierre.
Vue sur les tours de Notre-Dame depuis le square Viviani.
La tour astrologique où officiait Cosme Ruggieri, l'astrologue fétiche de Catherine de Médicis. Accolée à la Bourse de commerce, cette colonne dorique haute de 31 mètres nous remémore les bouleversements survenus autour de l'ancienne halle aux blés, érigée sur l'emplacement du palais de la reine. La halle devint Bourse officielle de marchandises puis Bourse de commerce, en 1889.
La tour de l'Hôtel des Postes, érigé de 1878 à 1886 par Julien Guadet, à proximité des Halles et réaménagé en 1930 et en 1960.
Les gracieux ornements de l'Opéra Garnier qui se dorent dans la lumière du soir.
Cours, coulisses et curiosités
Peut-être aurez-vous l'occasion de découvrir la Cour du Mûrier, ses élégantes arcades et sa fontaine octogonale, havre de romantisme situé dans l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, entre la rue Bonaparte et le Quai Malaquais.
Le grand mûrier de Chine fut planté par Alexandre Lenoir (1761-1839) dans la cour de l'ancien cloître du couvent des Petits-Augustins. Ce médiéviste amateur fut témoin de la destruction des tombeaux royaux de la basilique Saint-Denis, décrétée par la Convention, le 1er août 1793. Il s'employa à lutter contre le vandalisme révolutionnaire et parvint à soustraire de nombreuses oeuvres à la fureur populaire.
Son portrait par Jacques-Louis David, 1815-1817.
En 1795, il ouvrit au public le Musée des monuments français, qu'il administra pendant une trentaine d'années.
Son courage et sa ténacité nous permettent de contempler aujourd'hui des vestiges fondamentaux de notre histoire.
Aimer le patrimoine, c'est observer avec bonheur et respect les signes du temps qui passe. Ainsi, depuis 1885, à la Poste Centrale du Louvre, cette horloge signée Henry-Lepaute, horloger de Louis-Philippe et de Napoléon III, tisse la soie des minutes et des heures.
Réserves, archives et collections
Et n'oublions pas que le patrimoine se love au coeur des réserves des musées, sous forme de pièces exceptionnelles, trésors fragiles veillés par les restaurateurs et les conservateurs qui partagent volontiers leurs connaissances pendant ces journées si spéciales.
Les amoureux de Jean-Jacques Rousseau pourront ainsi déambuler dans les rues de Paris, en compagnie de comédiens costumés, écouter des airs composés par le philosophe, assister à des mises en scène de ses textes et admirer son célèbre herbier.
Jusqu'à la fin du mois de septembre, des reproductions de certaines planches seront visibles au Forum des Halles. L'herbier fut commencé en 1771 par Jean-Jacques Rousseau pour initier à la botanique Mademoiselle Delessert, la fille d’une de ses amies.
Cet ouvrage remarquable est la propriété du Musée Jean-Jacques Rousseau, à Montmorency.
L'herbier est visible dans son intégralité sur le site suivant : http://museejjrousseau.montmorency.fr
Je vous souhaite d'excellentes Journées du Patrimoine. Je ne rallumerai pas mon ordinateur avant la semaine prochaine mais je penserai bien à vous! Je vous remercie pour les nombreux messages que vous m'avez envoyés à l'occasion du premier anniversaire de mon blog. Ils m'ont beaucoup touchée...
Ne manquez pas de prêter l'oreille aux chuchotements de la gargouille si vous la rencontrez...
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