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    Sur le Boulevard Haussmann, les décorations festives de cette fin d'année 2019 ont mis les abeilles à l'honneur. Pleines d'allant dans leurs livrées noires et dorées, les butineuses vrombissent autour d'une reine ailée, majestueuse et élégante, dans le but de réjouir les visiteurs.

     

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    Je n'ai pu vous montrer ces photos avant, vous savez pourquoi. Encore une fois, merci pour votre soutien. J'essaie de reprendre un peu le cours de mes articles et j'espère vous faire plaisir avec ces petits bonheurs collectés dans les vitrines de Noël de la capitale.

     

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    Le thème choisi nous rappelle qu'il existe plus de sept cents ruches cabanettes dans les jardins et sur les toits de Paris. Chaque cabanette abrite entre 30000 et 60000 abeilles ! En dépit de la pollution, les abeilles apprécient l'environnement de la capitale, comme en témoignent les colonies des Tuileries, du Jardin du Luxembourg, du Parc Georges Brassens (15e arrondissement), du Parc Monceau (8e), du Parc Kellermann (13e), du Jardin d'Acclimatation (16e), du Jardin partagé de l'Aqueduc (14e), du Parc Floral de Vincennes, des Jardins du Conseil Régional (7e), du rucher-école de Montreuil mais aussi des toits de l'Opéra Garnier, de la sacristie de Notre-Dame de Paris, de l'Église Réformée de l'Étoile (avenue de la Grande Armée, 17e), du restaurant « La Tour d'Argent », de la Mairie du 4e arrondissement et du Crédit Municipal, situé dans le Marais etc...

     

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    La fée des abeilles règne sur un univers peuplé de fleurs et de charmantes créatures industrieuses. Pendant ce temps, petits et grands ne perdent pas une miette de ce ballet cuivré ambré qui se déroule dans une atmosphère gourmande et fantasmagorique.

     

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    A travers onze tableaux, les abeilles préparent les fêtes grâce aux produits de la ruche. Ouvrières, bâtisseuses, éclaireuses, cuisinières, nourricières, guérisseuses, dames d'honneur... elles rivalisent de savoir-faire pour donner ses lettres de noblesse au banquet de la reine.

     

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    « Abeille : Petit insecte capable de fabriquer du ciel. » Pef : Dictionnaire des mots tordus.

     

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    « La diligente abeille n’a pas de temps pour la tristesse. » William Blake (1757-1827).

     

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    « Nous sommes les abeilles de l’Univers. Nous butinons éperdument le miel du visible pour l’accumuler dans la grande ruche d’or de l’invisible. » Rainer Maria Rilke (1875-1926).

     

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    « Humble comme un agneau, diligente comme une abeille, belle comme un oiseau de paradis, fidèle comme une tourterelle. » Proverbe russe...

     

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    Dans la nurserie, les petites abeilles s'éveillent et sommeillent en alternance. J'ai eu le coup de foudre pour leurs ravissants berceaux...

     

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    Les petites abeilles s'affairent pour honorer leur reine fée que l'on retrouve à plusieurs endroits du Grand Magasin.

     

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    Une déité ailée qui trône au sommet du sapin, le « roi de sous la coupole » parsemé de fleurs d'hiver, créature fantaisie de 25 mètres de hauteur que l'on admire depuis le rez-de-chaussée des Galeries et à chaque étage.

     

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    La scénographie des lieux se butine grâce à une plate-forme déployée sous la magnifique coupole de verre et de métal ouvragé.

     

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    Coupole érigée en octobre 1912 par l'architecte Ferdinand Chanut (1872-1948) et le célèbre ébéniste, dessinateur, affichiste, graveur et maître verrier nancéen Jacques Grüber (1870-1943) dans un style Art Nouveau tardif et néo-byzantin.

     

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    La plate-forme permet de voir les détails de l'ensemble de manière très impressionnante. La coupole a été restaurée en 1923 puis, entre 1939 et 1945, elle a été entreposée à Clichy pour être protégée. Elle a de nouveau été restaurée en 1973 et en 1975, elle a été classée, ainsi que la façade des Galeries, comme Monument Historique.

     

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    Issu de la seconde génération des artistes qui forment l’École de Nancy, avec Gallé, Prouvé, Majorelle ou les frères Daum, Jacques Grüber a créé une série de vitraux aux teintes subtiles, dans un style épuré. Il superposait avec brio les feuilles de verre pour donner à la lumière des contrastes absolument magnifiques.

     

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    La fée des abeilles s'insère merveilleusement dans ce décor éclectique où la Nature mêle ses formes au langage architectural urbain.

     

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    En vous souhaitant plein de belles choses à l'approche de la Nouvelle Année, je vous envoie de gros bisous ! Butinez bien les petits bonheurs de la Vie !

    Plume

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    Sous les grands arbres du Parc Monceau, parmi les fabriques romantiques de Carmontelle, un monument sculpté rend hommage à deux esprits brillants : la comédienne prodige Jeanne Samary que je présenterai tout à l'heure et l'auteur dramatique Édouard Pailleron (1834-1899).

     

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    Édouard Pailleron fut également poète, avocat, journaliste, dragon pendant deux ans, directeur de la Comédie-Française et Académicien. Il avait coutume de dire : « Le seul bonheur qu'on a vient du bonheur qu'on donne. »

     

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    Une rue ouverte en 1903 dans le 19e arrondissement de Paris porte son nom.

     

    Docteur en droit et passionné de littérature, Édouard Pailleron fut le gendre de François Buloz, le fondateur de « La revue des Deux-Mondes » dont il devint le codirecteur. En 1882, il fut élu à l'Académie Française.

     

    A travers ses œuvres, il déploya une formidable énergie créatrice et certaines de ses pièces, comme « Le monde où l'on s'ennuie » furent jouées plus de mille fois ! Un succès prodigieux. Il est inhumé au cimetière du Père Lachaise et le Parc Monceau accueille un ensemble sculpté qui célèbre son talent.

     

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    « Quand le désir la touche,

    Notre âme n'attend pas les mots de notre bouche. » Édouard Pailleron, Le Parasite.

     

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    Le monument commémoratif, couronné par une statue en buste du prolifique homme de lettres fut créé en 1906 par le sculpteur Léopold Bernard Bernstamm (1859-1939).

     

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    Léopold Bernstamm était un sculpteur allemand, né dans l'actuelle Lettonie. Il fit ses classes, à partir de 1872, dans l'atelier du sculpteur danois David Jensen, élève du maître danois Bertel Thorvaldsen (1770-1844) puis il entra, en 1874, à l'Académie Impériale des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg.

     

    Artiste voyageur, il découvrit en Italie les splendeurs de Florence et de Rome et en 1885, il se rendit à Paris où il décida de s'installer.

     

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    Périodiquement, il revint à Saint-Pétersbourg et réalisa de nombreux portraits sculptés de grands personnages russes et français, près de trois cents semble-t-il, parmi lesquels on trouve l'empereur Nicolas II (1868-1918), le tsar Alexandre III (1845-1894), des membres de la famille impériale russe, des artistes et des personnalités comme Anton Rubinstein (1829-1894), Fiodor Dostoïevski (1821-1881), Alexandre Pouchkine (1799-1837)... ou du côté français, Émile Zola (1840-1902), Gustave Flaubert (1821-1880), Victorien Sardou (1831-1908), Ernest Renan (1823-1892), Alexandre Falguière (1831-1900)...

     

    A Paris, très apprécié, il fut l'élève d'Antonin Mercié (1845-1916) et fut sollicité par le musée Grévin pour créer un nombre conséquent de personnages de cire.

     

    Au fil de sa carrière, il fut récompensé au Salon des Artistes Français et aux Expositions Universelles (il reçut la médaille d'argent en 1889 et la médaille d'or en 1900). En 1891, il fut nommé Chevalier de la Légion d'Honneur puis Officier et Commandeur.

     

     

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    En 1906, outre le monument dédié à Édouard Pailleron, il a réalisé une grande sculpture en plâtre intitulée « Deux jeunes filles en mouvement ». (Image Antiquités Lassaussois.com)

     

    Les deux jeunes filles sont saisies par l'artiste dans un élan facétieux. L'une d'elle tente, auprès de son amie couronnée de feuilles de vigne, de s'emparer d'un masque qui représente l'allégorie du théâtre.

     

     

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    Une élégante et séduisante jeune femme est représentée au pied du monument. Il s'agit de la comédienne (Léonie Pauline) Jeanne Samary (1857-1890), égérie du Tout-Paris en son temps et figure de proue de la Comédie-Française, qui fut peinte, dans l'éclat de sa jeunesse, par Auguste Renoir (1841-1919).

     

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    Issue de la lignée des Brohan, (Suzanne, Augustine et Madeleine, des comédiennes prestigieuses), Jeanne reçut le Premier Prix au Conservatoire en 1875 après avoir été l'élève de Jean-Baptiste Prosper Bressant (1815-1886). A l'âge de dix-sept ans, elle se fit remarquer en interprétant Dorine dans Tartuffe et devint très rapidement l'une des interprètes les plus recherchées pour les soubrettes du théâtre de Molière. Jeune femme pleine de charme, d'élégance et de joie de vivre, industrieuse et facétieuse, elle excella dans les pièces de Molière mais aussi dans les œuvres de Marivaux, Regnard, Victor Hugo, Victorien Sardou, Octave Mirbeau, Jean Richepin et n'oublions pas les œuvres d'Édouard Pailleron (Le Monde où l'on s'ennuie, Petite Pluie, L'Étincelle, La Souris...).

     

    Elle entra à la Comédie-Française en 1875 et devint Sociétaire en 1879. Coqueluche du Paris des Arts, elle épousa en 1882 Paul Lagarde, le frère du peintre Pierre Lagarde et le couple eut trois enfants.

     

    Jeanne apparaît dans la Balançoire (1876) d'Auguste Renoir (1841-1919) et le Déjeuner des Canotiers (1880/1881). Clin d’œil à mon aminaute Alain Yvars, du blog Si l'art était conté...

     

    http://www.httpsilartetaitconte.com/apps/search?s=le+d%C3%A9jeuner+des+canotiers&search-submit-box-search-364419=OK

     

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    Portrait de Jeanne Samary ou La Rêverie par Renoir, 1877.

     

    Dans ce tableau, le visage de Jeanne Samary resplendit sur un fond rose impressionniste où se dessine la signature de Renoir. Ses yeux brillent comme des saphirs et son charme est intense (peau nacrée, lèvres rubis, chevelure de feu...), dans un monde investi par des couleurs précieuses (le bleu vert de la robe est magnifique).

     

    Jeanne venait poser chez Renoir à cette époque et Renoir prenait grand plaisir à aller admirer Jeanne sur scène.

     

    L’œuvre qui se trouve exposée aujourd'hui au Musée Pouchkine à Moscou fut présentée en 1877 à la troisième exposition des Impressionnistes et le ressenti des critiques et des visiteurs ne fut pas élogieux... Jeanne s'en trouva contrariée.

     

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    Jeanne en robe de bal et peinte en pied, en 1878, toujours par Auguste Renoir. L’œuvre est conservée au Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg.

     

    Entre 1877 et 1880, Renoir a peint la jeune femme plus d'une douzaine de fois mais au fil du temps, les relations se compliquèrent entre les deux artistes, Jeanne reprochant à Renoir de ne pas la mettre suffisamment en valeur à travers son style très personnel et préférant se rapprocher des peintres du mouvement Académique.

     

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    Jeanne Samary dans le Déjeuner des Canotiers. Les couleurs de ce détail ne sont pas identiques au tableau dans son ensemble mais, pour mes amis « puristes », j'ai fait comme j'ai pu avec ce que j'ai trouvé. wink2

     

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    Jeanne Samary a aussi été peinte en 1880 par Louise Abbéma (1853-1927), une artiste prolifique et très célèbre à son époque, portraitiste attitrée et amante de Sarah Bernhardt (1844-1923).

     

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    Jeanne inspirant le peintre naturaliste Jules Bastien-Lepage (1848-1884).

     

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    Jeanne en déesse de la Lune, maîtresse femme photographiée par l'atelier Nadar

     

    Particulièrement douée pour le théâtre, Jeanne était très aimée et sollicitée par une myriade d'auteurs hélas la fièvre typhoïde l'emporta à l'âge de 33 ans alors qu'elle allait jouer La Parisienne d'Henry Becque (1837-1899). Le peintre académique Ferdinand Humbert (1842-1934) a réalisé un portrait d'elle juste avant sa mort.

     

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    Si vous vous promenez dans le Parc Monceau, vous prendrez sûrement plaisir à saluer la délicieuse Jeanne et le pétillant Édouard Pailleron, présentés selon la vision Belle-Époque de Léopold Bernstamm. Jeanne rend hommage à son ami écrivain et dramaturge en parant son monument avec une guirlande de roses après lui avoir offert deux masques qui représentent la Comédie et la Tragédie.

     

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    Masques

     

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    Jeanne Samary est l'auteur d'un livre pour enfants intitulé Les Gourmandises de Charlotte, illustré par le talentueux Jacques Onfroy de Breville (1858-1931) dit JOB et dont la préface fut rédigée par Édouard Pailleron.

     

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    Cette fable moralisatrice, parue en 1890 chez Hachette & Cie et rééditée en 1902 et en 1914, relate l'histoire d'une fillette capricieuse qui ne mange que des sucreries. Ce mode de vie la fait rapetisser, vivre dans une boîte d'allumettes et devenir la servante d'un rat. Au fil de l'histoire, Charlotte décide de manger autre chose que des gourmandises mais elle se met à grossir plus que de raison.

     

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    A la fin du livre, elle retrouve une corpulence normale en consommant une alimentation équilibrée et se métamorphose en « la plus jolie petite fille de Paris. »

     

    L'ouvrage est en résonance avec les préoccupations hygiénistes de l'époque à laquelle vivait Jeanne Samary.

    A la fin du XIXe siècle, toutes les audaces gastronomiques étaient encouragées et de nombreuses personnes s'empiffraient littéralement (ce qui nous rappelle que des gens agissent hélas ainsi de nos jours...). Face à cette hécatombe de trop copieuse chère et dans un contexte favorable aux cures thermales et à l'expression positive du corps etc, des médecins entreprirent d'expliquer aux parents la nécessité de surveiller l'alimentation de leurs enfants. Le livre de Jeanne Samary est donc emblématique d'une vogue qui fournira les principes de la diététique moderne.

     

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    Illustration de JOB

     

    Sur ces considérations qui demeurent très actuelles, je vous souhaite de belles journées de janvier et vous adresse une myriade de cœurs d'amitié...

     

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    TRÈS BELLE ANNÉE 2019 ET MERCI POUR VOS VŒUX !

     

    La ville a enfilé ses habits de lumière. Prenons plaisir à découvrir, au cœur de ses rues, des clartés mouvantes et des petites touches d'enchantement qui se lovent dans la nuit...

    Nous sommes sur le parvis de l'Hôtel de Ville. Un monde fantasmagorique se déploie devant ce superbe édifice.

     

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    Un château urbain auquel j'ai prévu de consacrer une série d'articles en 2019. Hôtel de Ville « moderne » qui se dresse dans l'obscurité scintillante tel un palais mystérieux.

     

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    Là où se déployaient autrefois les tourelles et les arcades de la Maison aux Piliers, « Domaine de Ville » acquis par le Prévôt des Marchands Étienne Marcel (1315-1358) auprès de la famille royale, les promeneurs découvrent un joli monde où se lovent des lumières opalines et des sculptures de cervidés en bois.

     

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    La vaste façade dévoile son esthétique néo-renaissance qui rend hommage au palais d'autrefois... Une composition dessinée par l'architecte italien Dominique de Cortone (1470-1549) dit Le Boccador et érigée, entre 1533 et 1628, sur les vestiges de la Maison aux Piliers, au couronnement de la Place de Grève. L'Hôtel de Ville du Boccador disparut dans les flammes, le soir du 24 mai 1871, pendant les événements de La Commune.

     

    La façade actuelle, qui se déploie sur 143 mètres, est rythmée par une myriade de statues qui représentent de grands personnages issus du monde des arts et de la politique. Cent six statues en pied sont accompagnées de sculptures décoratives et de figures chimériques.

     

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     Ombres des dix chevaliers en cuivre qui veillent sur le campanile, les toitures et les pavillons de l'édifice.

     

    Je publierai dans le courant de l'année les détails de mes photos de jour et la documentation (gravures anciennes, peintures, plans...) que j'ai constituée au fil du temps. Un travail plus que conséquent !

     

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    Entre Hôtel de Ville et tours dorées de la Cathédrale Notre-Dame, les décors de fête ont fait le bonheur des petits et des grands. Je veux partager avec vous cette poésie de l'instant.

     

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    Des animaux de bois, incarnations de l'Esprit des Forêts se laissent admirer... J'ai beaucoup aimé ce côté Nature...

     

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    A proximité, palpitent les lumières du Carrousel Belle-Époque du parvis de l'Hôtel de Ville. Un écrin de rêves qui s'animent dans les velours de la nuit.

     

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    Lumières aux tons précieux du BHV, célèbre Bazar de l'Hôtel de Ville qui ouvrit ses portes en 1856, à l'initiative d'un commerçant ardéchois, un bimbelotier philanthrope nommé François Xavier Ruel.

     

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    Lumières sur lesquelles je referme ce billet en vous présentant à nouveau mes meilleurs vœux pour 2019 et en vous disant « merci » pour vos présences amicales.

     

    Douces et belles pensées pour vous !

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    Version réactualisée de Une pagode nommée désir... avec des photos prises en Octobre 2018.

     

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    Je reviens en un lieu qui me séduit... A l'angle de la rue de Courcelles et de la rue Rembrandt, dans le 8e arrondissement de Paris, où se dresse une fascinante « maison » rouge.

     

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    Je prends plaisir à la photographier dans la lumière d'automne.

     

    A quelques encablures du Parc Monceau, elle apparaît, plutôt mystérieuse parmi les immeubles haussmanniens. Est-elle décor de théâtre, temple ou rêve échoué dans la réalité? Quoi qu'il en soit, sa couleur, sa hauteur et son architecture inattendues attisent la curiosité des passants.

     

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    Singulière sous le ciel de Paris, avec ses volumes élégants et sa peau « sang de bœuf », la Pagode reflète la passion de son premier propriétaire, l'antiquaire Ching-Tsai Loo (1880-1957), pour les arts de l'Asie.

     

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    Ce chinois ambitieux, originaire de la province méridionale du Zhejiang, s'établit à Paris au début du XXe siècle et devint le plus fameux spécialiste du commerce d'antiquités orientales que connut son époque.

     

    Il acquit en 1922, rue de Courcelles, un hôtel particulier où se mêlaient styles Louis-Philippe et Napoléon III. Il voulait y installer ses collections mais comme il trouvait le bâtiment trop petit, il fit construire, entre 1926 et 1928, une maison rouge en forme de pagode par l'architecte François Bloch. L'écrivain Marcel Proust (1871-1922) a vécu dans l'immeuble situé en face de la demeure Loo.

     

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    Le nouvel édifice, d'une superficie de 800 m2, séduisit par son charme insolite les habitants des luxueuses propriétés de la Plaine Monceau. Il rayonna sur un quartier qui s'était considérablement transformé sous l’impulsion du Baron Haussmann.

     

    Parmi les richissimes demeures de mécènes et de collectionneurs, à l'instar des Camondo, des Menier, des André ou des Rothschild, la maison Loo devint un haut lieu d'échanges artistiques et commerciaux.

     

    Grâce à Ching-Tsai Loo, de prestigieux cabinets de curiosités privés se constituèrent et plusieurs musées d'art asiatiques, comme le musée Guimet à Paris, le British Museum à Londres et le Metropolitan Museum à New York, enrichirent considérablement leurs collections.

     

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    Très appréciée pour la luxuriance de son décor intérieur, la Pagode de la rue de Courcelles abrita, pendant plusieurs décennies, la galerie C.T. Loo&Cie qui se rendit célèbre en fabriquant, sur commande, des meubles vernis de laque craquelée. La galerie s’est installée, en juin 2011, dans le 7ème arrondissement de Paris.

     

    A l'époque de monsieur Loo, la Pagode constituait un écrin pour des objets d'un raffinement extrême: lits à opium, porcelaines impériales, panneaux laqués, boiseries indiennes importées du Rajâsthan au XVIIIe siècle, plafond à caissons, chaises de lettrés, jades, tête de Bouddha du Gandhâra...

     

    Une porte de lune permettait de découvrir un cabinet de curiosités, des murs lambrissés et des paravents somptueux.

     

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    Janine Loo, la quatrième fille de monsieur Loo, prit en 1947, à la demande de son père la direction de la Pagode. Pagode qui a également été tenue par Michel Cardosi, petit-fils du remarquable antiquaire.

     

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    La Maison Loo accueille aujourd'hui des expositions, des événements culturels et des ventes d’art asiatique. Elle abrite la bibliothèque privée de Ching Tsai Loo, un lieu exceptionnel doté de plus de 2000 livres, 3000 catalogues d’art, 3000 photographies et qui protège la précieuse correspondance de l'ancien maître des lieux avec des membres de prestigieuses familles comme les Rockefeller, les Morgan, les Vanderbilt...

     

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    L'architecture de la Pagode

     

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    Elle domine, de ses quatre étages, la place Gérard Oury, appelée autrefois place du Pérou. Ses toits et ses auvents aux extrémités courbes, ses tuiles vernissées et son décor raffiné font voyager le regard vers des cimes de poésie. Le toit terrasse du petit pavillon qui lui est adossé est accessible par un passage dérobé.

     

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    Afin de tamiser la lumière, de fines grilles dessinent un maillage géométrique sur chacune des fenêtres.

     

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    Au-dessus de l'élégant portail en bois précieux, s'étire une frise de créatures fantastiques et de part et d'autre du linteau, marqué du nom du propriétaire, combattent des animaux fabuleux.

     

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    Dominant l'entrée et son toit aux extrémités recourbées, des créatures chimériques s'appliquent à repousser les esprits néfastes qui voudraient s'introduire dans le bâtiment.

     

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    Cette fonction est aussi dévolue aux tuiles faîtières qui arborent un décor raffiné tout en assurant la cohésion des parties supérieures de l'édifice. Réputées protéger la demeure contre les incendies et contrer les êtres malveillants, elles représentent des monstres aquatiques pourvus d'une queue relevée en forme de point d'interrogation.

     

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    Ces créatures sont appelées « Chiwei » ou « queue de hibou ». D'après une très ancienne légende, un poisson mythique qui ressemblait à un gros hibou pouvait éteindre les incendies en « levant les flots ». Il fut placé, de manière stylisée, en bordure des toits et remplacé par un dragon sous la dynastie Qing (1644-1912).

     

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    Certains auteurs comparent les créatures dressées au sommet du porche d'entrée à des Mingqis, objets funéraires très répandus dans les sépultures de la Chine antique, mais il s'agit plus vraisemblablement de Kuilongzi, personnages qui avancent, en file indienne, sur le rebord des avant-toits des temples et des pagodes.

     

    L'ornementation des bords du toit est une constante dans l'architecture chinoise. Les tuiles faîtières en grès, revêtues de glaçures plombifères, et les petits personnages juchés au sommet des habitations ont des vertus magiques et protectrices. Ils jouent aussi le rôle de messagers et d'intercesseurs entre le monde humain et celui des génies, des ancêtres et des dieux.

     

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    Emblème funéraire, symbole de vigilance et de régénération, le poisson apparaît sur les poteries néolithiques. Lors des fêtes printanières, des petits poissons en céramique étaient posés près des cours d'eau pour marquer les passages entre les mondes et signifier la présence des âmes des Ancêtres.

     

    Dans la Chine ancienne, le poisson (yü) était un symbole de richesse, de bonheur et d'abondance, un protecteur et un gardien des plaisirs régnant sur « les jeux érotiques des nuages et de la pluie. »

     

    Il favorise la réussite et l'harmonie entre les époux. Il saisit le mal dans sa gueule, nous rappelant qu'il descend d'une monstrueuse créature primordiale née dans les abysses aquatiques.

     

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    Célébré le sixième jour de la première lune de l'année, le cheval incarne le mélange harmonieux du yin et du yang. Il est aussi l'Étoile, l'animal héraldique de la 25ème constellation zodiacale.

     

    Symbole de vitesse, de rapidité et de longévité, il est la monture des Immortels et celle du mythique Empereur Jaune. L'Ancêtre des Chevaux est un puissant génie protecteur.

     

    Esprit du Vent, messager des Écritures Sacrées, le cheval tisse les mots dans sa course. Il a des ancêtres communs avec le ver à soie.

     

    Avant le Nouvel An, on offrait au Dieu du Foyer un cheval en céramique ou en papier pour que les vœux voyagent en toute aisance vers le ciel.

     

    Le cheval représente aussi la réussite professionnelle.

     

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    Le Mythique Immortel, Gardien du porche et Chasseur de Démons... Comme les bêtes écailleuses, il éloigne les êtres malfaisants et il dissipe la mauvaise fortune, à l'instar des oiseaux dont les chants mélodieux engendrent la félicité.

     

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    Ching Tsai Loo avait coutume de dire « L'art ne devrait avoir aucune frontière et devrait, au contraire, être une source de joie pour les peuples à travers le monde ». Il disait aussi : « Les objets d'art parcourent le monde tels des ambassadeurs silencieux. »Je m'éclipse sur ces citations en vous souhaitant de belles journées de Novembre.

     

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    Bibliographie

     

    Alfred FIERRO: Histoire et mémoire du nom des rues de Paris. Parigramme, 1999.

     

    Géraldine LENAIN : Monsieur Loo, le roman d'un marchand d'art asiatique, 2013.

     

    Maurice L TOURNIER: L'imaginaire et la symbolique dans la Chine ancienne. L'Harmattan, 1991.

     

     

    Informations pratiques

     

    Adresse de la Pagode: 48, rue de Courcelles.

     

    Il faut emprunter la ligne 2 du métro et descendre à l'arrêt « Courcelles ».

     

    Vous pouvez aussi traverser le Parc Monceau et rejoindre la rue Rembrandt. La Pagode se situe au bout de la rue, au croisement avec la rue de Courcelles.

     

    Pour connaître les prochaines expositions qui se dérouleront à la Pagode, vous pouvez vous rendre sur le site www.pagodaparis.com.

     

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    Les amateurs d'antiquités orientales apprécieront de découvrir le Comptoir Français de l’Orient et de la Chine ou C.F.O.C. Il se situe de l’autre côté de la rue de Courcelles, à l’angle du boulevard Haussmann.

     

    Et bien sûr, des visites au Musée Cernuschi et au Musée Guimet ne pourront que susciter l'émerveillement...

     

    Je vous montrerai ces trésors dans de prochains billets... Merci de votre fidélité et gros bisous !

    Plume

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    Au 48 bis de la célèbre rue de Rivoli, dans le 4e arrondissement de la capitale, se dresse un immeuble dont la façade, plutôt discrète, est ornée de deux puissants atlantes. En 1905, ce lieu qui suscite hélas peu l'intérêt des passants remporta le Concours Annuel des Façades de la Ville de Paris.

     

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    Ce concours se déroula de 1898 jusqu'à la fin des années 1930, avec une interruption pendant la Première Guerre Mondiale. La Ville l'institua après le percement en 1897 de la rue Réaumur, axe important qui traverse les 2e et 3e arrondissements, en s'inspirant de concours mis en place à Bruxelles dans le dernier quart du XIXe siècle.

     

    De 1872 à 1876 et de 1876 à 1878, ces concours eurent pour finalité de « stimuler la reconstruction aux abords des boulevards du centre de Bruxelles en se débarrassant du cloaque issu des industries de la rivière Senne... » Si mes aminautes belges désirent déposer sous mon article des photos illustrant ce thème, j'en serais ravie...

     

    Les architectes bruxellois eurent la liberté de mettre en œuvre des compositions ornementales marquées par l'éclectisme et la fantaisie. Quant au concours parisien, il devait inciter les architectes à rompre avec ce qui était appelé « la monotonie de la façade haussmannienne ». Il a disparu pendant de longues décennies mais la Mairie de Paris a décidé de le rétablir, à l'initiative du groupe UDI-MoDem du Conseil de Paris et grâce au soutien de l'exécutif Socialiste.

     

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    En 1905, le 48 bis de la rue de Rivoli, conçu par l'architecte Auguste Joseph Laurent Garriguenc, s'est distingué grâce à l'élégante sobriété de sa façade, au langage harmonieux de ses lignes et par la présence des deux atlantes, imaginés par le sculpteur, graveur et médailleur parisien Sylvain Kinsburger (1855-1935).

     

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    Plutôt méconnu, Sylvain Kinsburger nous a laissé des œuvres de belle facture...

     

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     Le Faucheur, exécuté vers 1900 par la fonderie du Rongeant de Joinville et visible en Haute-Marne dans le parc des Grandes Promenades de Wassy. Photo © Ji-Elle.

     

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     Le Gouffre, œuvre de pierre, réalisée en 1933, qui se love dans le parc parisien des Buttes Chaumont. Photo © BikerNormand.

     

    De séduisants détails de cette composition sont visibles sur le blog de mon amie Véronique : La Parisienne et ses photos...

     

    http://laparisienneetsesphotos.eklablog.com/parc-des-buttes-chaumont-statue-gouffre-de-sylvain-kinsburger-a105893708

     

    Sylvain Kinsburger a également conçu des médaillons, des bustes et des bronzes, une figure monumentale appelée Le Courtisan (1911), un plâtre nommé Rêverie dont on a perdu la trace et dont il demeure un dessin, conservé au département des Arts Graphiques du musée du Louvre... Plusieurs de ses œuvres ne sont plus « localisées ».

     

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    Pour réaliser le décor du 48 bis de la rue de Rivoli, il s'est inspiré de sculptures de grands maîtres, en l'occurrence de Michel-Ange (1475-1564) et de Pierre Puget (1620-1694), appelé le Michel-Ange français.

     

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    Avec ses deux atlantes, l'un jeune et l'autre âgé, il a voulu rendre hommage à la puissance narrative des Esclaves de Michel-Ange, figures destinées à orner le tombeau du Pape Jules II (Jules Della Rovere, 1443-1513).

     

    Le projet somptuaire -et inabouti- de Michelangelo di Lodovico Buenarroti Simoni devait être placé au cœur de la basilique Saint-Pierre de Rome mais le cénotaphe construit a été installé dans l'église Saint-Pierre-aux-Liens. Parmi une quarantaine de statues, douze ou seize Esclaves étaient censés figurer à la base de l’œuvre et incarner les « mouvements » de l'âme humaine, prisonnière de la gangue du corps et soumise à de nombreuses turpitudes. Six effigies, empreintes de puissance tragique, furent commencées et non terminées. Quatre sont visibles à l'Académie de Florence et deux au musée du Louvre : le célèbre « Esclave mourant » et son pendant, « l'Esclave révolté ».

     

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    Esclave mourant, vers 1513, marbre, 229 cm. Louvre, au rez-de-chaussée de l'aile Denon (salle 4). Incarnation des « sensations » de l'âme et tension musculaire tellement audacieuse... Avec l'Esclave révolté, il suscita l'admiration de nombreux collectionneurs et attise, encore aujourd'hui, l'imagination des visiteurs...

     

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     Esclave mourant photographié en 1854 par Édouard Baldus (1813-1889). Épreuve sur papier salé à partir d'un négatif papier, ©photo musée d'Orsay / rmn

     

    La statue, pleine de sensualité, nous séduit par le déhanchement si particulier du corps et le jeu d'équilibre instable qui en émane. Les lignes de force sont tellement complexes qu'on ne sait ce qu'il advient du personnage : Évolue-t-il au creux d'un songe ? (On l'a longtemps appelé le Dormeur...) Réagit-t-il, entre deux rives, à quelque sollicitation mystérieuse ou s'endort-il à jamais ? Les « énergies » de son cœur et de son âme sont serrées par une bande d'étoffe mais il ne montre pas de souffrance. Il nous offre sa lascivité.

     

    Il est difficile de la voir mais à ses pieds, dans le bloc de pierre qui l'ancre à la terre des Hommes, Michel-Ange a ébauché la figure d’un singe brandissant un objet impossible à identifier. La dernière interprétation à ce sujet fait état d'une représentation des arts très en vogue à la Renaissance. Le singe incarnerait « l'Art Simia Naturae » soit l'art, imitation/singe de la nature...

     

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    La conception du tombeau du pape Jules II (dont voici l'une des nombreuses versions) s'étala sur une durée de quarante ans, à travers une profusion d'esquisses et de présentations de projets. Commandée à Michel-Ange en 1505 et élaborée jusqu'en 1545, l’œuvre, abandonnée plusieurs fois au profit des fulgurances visibles à la Chapelle Sixtine, traduit la complexité de l'esprit du maître, l'intensité hallucinée de ses recherches dans une infinité de domaines, ses rages d'ombre et de lumière...

     

    La statue la plus connue est sans conteste le Moïse, figure centrale du tombeau, mais les Esclaves, bien qu'écartés de la version définitive du monument, sont amplement passés à la postérité.

     

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     Moïse en marbre, sculpté en 1515 pour le second projet du tombeau de Jules II qui prévoyait deux étages sur les trois souhaités à l'origine. Le colosse devait figurer au sommet de l'édifice alors qu'il est exposé aujourd'hui, à hauteur de regard. Photo © Jörg Bitter Unna.

     

    Selon une conception philosophique d'origine médiévale, il est une émanation de « l'homme microcosme de l'univers ». Les cornes qu'il arbore semblent exprimer sa nature rayonnante de prophète (il y a confusion ou lien volontaire entre deux mots, karan : rayonnant et karen : cornu, dans la Vulgate, version latine de la Bible, écrite entre 390 et 405 par Saint Jérôme.) Le puissant drapé qu'il porte le relie à la terre, ses cheveux ondulent comme des flammes et les ondes fleuries de sa barbe évoquent les mouvements de l'eau.

     

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    Destinés à la seconde version du tombeau de Jules II (1513), les Esclaves dits « du Louvre » furent remplacés par les statues de Rachel et de Léa représentant « la vie contemplative » et « la vie active ». Michel-Ange offrit les deux effigies masculines, en 1546, à son ami florentin Roberto Strozzi (1520-1566) pour le remercier de l'avoir accueilli, malade, dans sa demeure romaine. Exilé quelques temps plus tard, Strozzi emporta les sculptures en France et il en fit présent, vers 1550, au roi François Ier (1494-1547).

     

    Ceux que l'on appelait autrefois « Les Prisonniers » (Prigioni) devinrent la propriété du Connétable Anne de Montmorency (1493-1567) et furent exposés dans deux niches de l'aile sud de la façade du Château d’Écouen, actuel Musée National de la Renaissance.

     

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    Portique des Esclaves, Écouen, estampe de Jacques Androuet du Cerceau (1510-1584).

     

    Pour la petite histoire, je prépare une série d'articles sur ce lieu que j'aime énormément. Habitant Sarcelles, le château et la forêt d'Écouen font partie intégrante de notre paysage. Nous y allons le plus souvent possible. Je prendrai donc grand plaisir à vous faire visiter, en 2018, le bois, la ville et le musée...

     

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    Un avant-goût de nos futures balades à Écouen...

     

    En 1632, les Esclaves entrèrent dans la collection du cardinal de Richelieu (1585-1642). Ils devinrent propriété de l’État en 1792 et furent transférés dans l’un des premiers musées de France : le Dépôt des Petits Augustins d’Alexandre Lenoir (1761-1839). On les installa au Louvre en 1794.

     

    Beaucoup d'encre a coulé quant à leur symbolique...

     

    Pour des esprits brillants de la Renaissance comme Giorgio Vasari (1511-1574) et Ascanio Condivi (1525-1574), tous les deux auteurs d'une Vie de Michel-Ange, ils ne signifiaient pas la même chose.

     

    Pour Vasari, ils étaient l'incarnation des provinces païennes conquises par la Papauté alors que Condivi (1525-1574), élève de Michel-Ange, voyait en eux une personnification des Arts Plastiques et des Arts Libéraux. Pour d'autres philosophes, ils évoquaient l'asservissement des arts après la mort de Jules II, puissant mécène et pour d'autres encore, ils illustraient une théorie platonicienne : celle du combat de l'âme entravée par les chaînes du corps et cherchant l'espoir d'une libération.

     

    Les Arts Libéraux ou base de l'enseignement antique sont formés de deux cycles : Le Trivium, qui comprend la Grammaire, la Rhétorique et la Dialectique, et le Quadrivium, qui constitue l'étude des Mathématiques à la fois terrestres et célestes, incluant l'Arithmétique, la Géométrie, l'Astronomie et la Musique.

     

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    Hommage de Sylvain Kinsburger à Michel-Ange...

     

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    Esclave rebelle, une expression du combat entre la fièvre du corps et les ardeurs de l'âme... Photo © Jörge Bitter Unna.

     

    Les Esclaves conservés à Florence, plus massifs et trapus que ceux du Louvre, sont contemporains de la fresque du Jugement Dernier (entre 1536 et 1541) à la Chapelle Sixtine. Avec la force des Titans de l'Antiquité, ils évoquent la révolte du corps contre la matière et le besoin viscéral de s'extraire de la gangue primitive.

     

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    Esclave s'éveillant, photo anonyme, domaine public.

     

    Émanation du talent du maître, expert en taille directe, démiurge qui modela le marbre et la pierre en partant du centre pour rejoindre, avec une fougue bien particulière, les extrémités du bloc choisi.

     

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    Esclave barbu, image Pinterest

     

    Peu représentés dans la gravure et le dessin, les Esclaves du Louvre ont su inspirer les artistes, sous d'autres formes, au fil des siècles...

     

    Admirons l'un des rares dessins, celui de Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), auteur du groupe sculpté de l'Opéra Garnier intitulé La Danse et qui ne nous concerne évidemment pas ici...

     

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    Esclave rebelle, vu par Carpeaux, issu des collections graphiques du Louvre... Un autre dessin existe au musée Fabre à Montpellier mais il n'est pas accessible.

     

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    Interprétation de l'Esclave mourant par Manolo Nuñez Yanowsky (artiste espagnol né en 1942), dans les années 1990, au couronnement de la façade du commissariat de l'avenue Daumesnil, dans le 12e arrondissement de Paris.

     

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    L'Esclave mourant, réinterprété et « mixé » avec le célèbre David de Michel-Ange en 1883, dans le tableau du peintre préraphaélite Edward Burne-Jones (1833-1898) intitulé La Roue de la Fortune et conservé au Musée d'Orsay.

     

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     Fantaisie en bleue, 1962, signée Yves Klein (1928-1962). J'aime beaucoup le « point de vue » de Philippe Geluck, auteur du désopilant Chat, sur le bleu Klein (International blue Klein). Il serait obtenu en écrasant des Schtroumpfs et son secret de fabrication final serait conservé par Gargamel !

     

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    Sylvain Kinsburger admirait Michel-Ange mais il a également rendu hommage à Pierre Puget, dessinateur, architecte, peintre et sculpteur baroque qui s'est illustré dans les Jardins de Versailles.

     

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    Ornemaniste des Arsenaux Royaux et créateur d’œuvres comme Milon de Crotone ou Persée et Andromède, Puget a offert à la postérité les impressionnants atlantes de l'Hôtel de Ville de Toulon, la Force et la Fatigue, en 1656. La photo est dans le domaine public.

     

    Fils du géant Atlas, atlantes imprégnés d'un sens remarquable du tragique et du grandiose... Réalisés en pierre de Calissanne (pierre de Provence aussi prisée que le marbre de Carrare), ils sont accompagnés de symboles marins : conques, coquillages, flore océane... et leur gestes symbolisent ceux des portefaix, les porteurs de fardeaux, hommes qui débarquaient, sous le règne de Louis XIV, les sacs de céréales des bateaux.

     

    Ils décoraient l’ancien hôtel de ville qui fut rasé lors des bombardements en 1944.

     

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    J'ai beaucoup parlé de Sculpture et l'Architecture, me direz-vous ? Comme je l'écrivais au début de l'article, la façade est élégante et sobre, rehaussée d'ornements qui passeront à la postérité comme les petits disques situés sous les atlantes de la rue de Rivoli et qui seront appréciés, pour leur bel effet géométrique, deux décennies plus tard, dans le style Art Déco.

     

    L'architecte Auguste Garriguenc est peu connu mais son nom demeure associé au Concours des Façades de la Ville de Paris et l'on sait qu'il possédait une étude dans le IXe arrondissement de Paris, (au numéro 41 de la rue Taitbout).

     

    Voilà, j'ai vraiment « beaucoup parlé » dans cet article mais j'ai surtout pris plaisir à vous montrer ces statues et à vous conter l'histoire des Esclaves de Michel-Ange. Il est temps de poser plume et papier... Je m'éclipse en vous remerciant de votre fidélité... Gros bisous et pensées d'amitié !

     

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    Plume

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