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Gourmandises et Facéties de Manneles
Avec de très belles pensées pour vous, chers Aminautes...
Ils sont les incarnations gourmandes des esprits du froid : les Manneles ou Mannalas, des petits hommes de pâte fine épicée ou briochés aux yeux de sucre, de raisin, de chocolat ; des êtres cacaotés, fourrés de pâte d'amandes, imprégnés de liqueur ou gorgés de fruits savoureux...
On les appelle « Petit Bonhomme » (en Alsace), « Jean Bonhomme » (en Lorraine, en Franche-Comté), « Boxemännercher » (au Luxembourg)... Dans les pays anglo-saxons, ils sont les « Gingerbread Men ».
Présents dans les récits merveilleux et les contes de fée, ils agissent comme des amulettes culinaires et sont réputés chasser les démons, faire tourner la chance à son profit, éparpiller les ombres et les peines de l'hiver.
Le Tibiscuit ou Tit'Biscuit de Shrek, héros des studios d'animation Dreamworks est un mannele. Dans l'inoubliable saga de l'Ogre Vert, on rencontre aussi Cake-Kong, bonhomme d'épice géant créé par Tibiscuit et deux jeunes filles pain d'épices qui font des interventions savoureuses.
Très prisés depuis des siècles et quel que soit le nom qu'on leur donne, les manneles sont considérés comme l'émanation de « l'esprit du grain », utilisés pour détourner le mal et associés à des petits pains en forme d'animaux qui représentaient les forces de fécondité.
A partir du XVe siècle, ils furent associés à la célébration de la Saint-Nicolas. Ils sont issus d'un fonds culturel commun avec les Dambedei ou petits bonshommes de la Saint-Martin, savourés en Allemagne, le 11 novembre. Le Weckmann, Stutenkerl ou Klausemann, petit bonhomme protecteur contre les forces malveillantes de l'hiver, se déguste aussi le 11 novembre. Il est agrémenté d'une pipe en terre ou en argile.
Préparés pour la Saint-Nicolas, sous forme de pains d'épices anthropomorphes, de petites brioches ou pains au lait nature ou fourrés avec des raisins secs ou des pépites de chocolat, les Manneles se déclinent, à travers des versions très gourmandes, tout au long du mois de décembre. Ils représentent Nicolas ou l'un des trois innocents (les petits garçons que le boucher avait mis au saloir et que le saint a sauvés).
Le « Gingerbread Man » apparut quant à lui dans un magazine américain intitulé Saint-Nicolas, en 1875, où l'on trouve les vers suivants :
« Run, run, fast as you can
You can't catch me, I'm the gingerbread man ! »
Le vendeur de Gingerbread Men, 1902
Le journal relate l'histoire d'un petit bonhomme de pain d'épices qui jaillit d'un four très chaud. Poursuivi par une horde de gourmands, il leur échappa puis s'enhardit, croyant déjouer toute menace et il fut dévoré par un renard roublard...
Petit bonhomme de pain d'épices enrobé de chocolat
Nous trouvons des recettes de pain d'épices dans la Grèce antique avec le melkaris et le melipecton et dans la Rome ancienne, on aimait déguster le panis mellitus, un gâteau composé de farine de sésame, d'herbes aromatiques et de miel. En Chine, c'est sous la dynastie Tang (618 à 907) que naquit un pain savoureux à la farine de froment imprégnée de miel : le mi-king. L'orthographe peut varier...
L'introduction du pain d'épices en Europe est attribuée à un évêque arménien appelé Grégoire de Nicopolis qui s'établit en France, pendant sept années, à Bondaroy, près de Pithiviers dans le Loiret. Celui qu'on appelait le Solitaire de Bondaroy avait l'habitude de partager, avec les religieux et les fidèles, qui lui rendaient visite le dimanche, un gâteau fait de farine de seigle, de miel et d'épices. A Pithiviers, il existe encore la Confrérie du pain d'épices de saint Grégoire de Nicopolis.
Le pain d'épices se répandit dans plusieurs pays tout au long des siècles. Il arriva en Suède au XIIIe siècle grâce à des immigrants d'origine allemande. Au XVe siècle, en France, on mélangeait du miel, des épices nobles (gingembre, cannelle, clou de girofle...) et de la farine de seigle puis on conservait la pâte obtenue (gaude, gauderye) dans de grands bacs de bois, avec autant de fraîcheur que possible, pour qu'elle fermente lentement et puisse libérer, après cuisson, ses arômes enchanteurs.
En Angleterre, au XVIe siècle, à la cour de la reine Élisabeth Ière, on offrait aux invités des Gingerbread Men censés les représenter.
Très apprécié pour ses qualités gustatives, le pain d'épices l'était également pour ses vertus médicinales. On lui attribuait la capacité d'apaiser les maux de ventre, les nausées et les migraines associées à des problèmes hépatiques.
Le terme gingerbread dérive du vieux français gingerbras issu de zingebar, un terme d'origine latine. Cultivée dans la Chine ancienne et se répandant dans le reste du monde par la Route de la Soie, la racine de gingembre, au goût piquant et enivrant, était une denrée très précieuse, appréciée sur les meilleures tables d'Europe et considérée comme de l'or en bouche.
Le gingembre était réputé protéger de la peste et des maladies infectieuses les plus dangereuses. On en mettait dans les pâtisseries mais aussi dans les sauces qui agrémentaient le gibier. A la période de Noël, il apparaissait sur les étals des marchés, près de la cannelle, des clous de girofle, de la noix de muscade et des gousses de vanille.
Les petits bonshommes en pain d'épices ne sont pas seulement dégustés au moment de la Saint-Nicolas ou à la période de Noël. Dotés de vertus apotropaïques (du grec « apotropein », qui détourne le mal), ils sont consommés à différentes périodes de l'année et notamment au moment d'Halloween... On les appelle, dans ce contexte, des « amants ou des maris de pain d'épices ». Confectionnés par les jeunes filles et les femmes en quête d'un compagnon, ils sont dévorés, de manière rituelle, en regardant la lune ou le ciel étoilé...
Ils sont liés aux petits gâteaux des célébrations antiques, en forme de figures humaines et d'animaux, qui étaient utilisés comme des substituts aux êtres de chair.
Les formes des biscuits, émanations de la magie naturelle, évoluaient au rythme des saisons.
Vous pouvez collecter de succulentes recettes de manneles sur le net ou créer les vôtres en incorporant des épices dans la farine et la matière grasse de votre choix. Il existe un beau choix d'emporte-pièce ou de moules en forme de petits bonshommes.
Sur ces pensées gourmandes, je vous souhaite de très belles fêtes de fin d'année...
Prenez bien soin de vous, autant que possible régalez-vous des joies les plus douces, gros bisous !
Tags : pain, epices, petits, saint, siecle
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Commentaires
Toutes ces illustrations sont superbes et tes explications complète cela très bien. Bisous donne semaine
Bonjour Cendrine,
merci de ta venue sur mon blog, ton commentaire m'a fait plaisir.
Bonne journée, gros bisous
Waouuuh !
quelle culture et quel écrit sur ces petites "mannelles" que je ne connaissais pas enfant. Nous, c'était une orange et point barre. Tout se concentrait dans la Messe de Minuit et la Messe de Noël, le repas choucroute ou potée avec toute la famille (au moins 30 personnes) et c'était le Paradis à cette époque.
Maintenant, c'est d'un triste : Les enfants ou travaillent (commerce) ou sont en bringue avec les ami(e)s... Comme bien des vieux, les fêtes se résument à soirée télé et à peine qqs friandises... Pas le courage de cuisiner....
Cette année fut très spéciale ! Un amateur de miel est venu voir mon mari chercher son pot de nectar, alors qu'il avait encore la grippe.... et il nous l'a gentiment refilé.... Résultat, toutes les fêtes au lit avec 40°. Nous en sortons à peine, très fatigués, amorphes...Mon mari a la nostalgie des "petits bonhommes pain d'épices" du Nord, mais moi connaîs pas ?! Il a essayé d'en trouver sur la Côte d'Azur un jour dans un magasin alsacien, mais son "bonhomme" était si sec qu'il n'a pas pu le mâcher. FURIEUX de s'e^tre fait berné.
Merci pour ce magnifique reportage gourmand et je t'envoie plein de bonnes choses et de gros bisous
petit coucou Cendrine en cette fin d'année Nous avons la pluie je pense que nous allons finir l'année dans la douceur.je te souhaite un belle journée de Vendredi passe de belles fêtes en famille et merci de ta fidélité sur mon blog ,bises
Cendrine , mon Amie,
Notre farfadet s'est posé près de ma fée des bois et m'a déposé ton précieux présent. Les enfants venaient de repartir , tu fus mon sourire ma Petite Fée. J'espère qu'il est arrivé déguisé en Père-Noël et qu'il t'a déposé mes petites pensées au pied du sapin, ce sapin au grand coeur qui offrit le nid à l'oiseau transi de froid.
Que cette fin d'année te soit lumineuse du secret des origines .
Je t'embrasse de tout coeur
Véronique
Bonjour Cendrine,
merci de ta venue sur mon blog.
J'espère que tu as passé de bonnes fêtes.
Bons baisers
Un très Joyeux et heureux Noël à toi aussi chère Cendrine et à tous ceux qui te sont proches :
Gros bisous ♥
Merci pour ce cours de gourmandises très complet.
Très heureux Noël, Cendrine, à vous et vos proches.
Tes photos et images donnent envie d'en avaler ! Je ne savais rien de l'histoire de ces gâteaux, typiques de l'Alsace et de Noël.
Merci Cendrine pour ce bel article qui me dit tout sur ces gâteaux traditionnels.
Je te souhaite de passer de bons moments en ces fêtes de fin d'année.
Je t'embrasse bien tendrement ♥ça fait plaisirs d'avoir toutes ces explications mais surtout te voir revenir un peu sur ton blog. J'espère que tes soucis sont enfin derrière toi niveau santé et habitat. Bisous bonne fêtes à toi et tes proches.
Bonjour Cendrine,
merci d'être passé sur mon blog.
Bel article sur ces sujets en pain d'épice.
Bonne fêtesz de Noël, bons baisers
Grand merci pour tes gourmandises de Noël et pour la belle histoire de ces petits bonhommes de pain d'épices que je découvre avec délice
Bisous ma chère Cendrine. Passe un joyeux Noël
Cendrine, mon Amie
Le bonheur de te lire et de te retrouver autour de ce délicieux article. Bien des gens ne connaissent pas l'origine, les origines ... Tout est centré sur ce Noël dont la religion s'est emparé.
Dans le Nord, on les appelle des coquilles et Saint Nicolas passe dans les écoles pour offrir à chaque écolier/ère une coquille et une orange . C'est une brioche au lait aux raisins de Corinthe. La coquille de Noël est, par chez moi, une tradition flamande créée par nos ancêtres pour renouveler la présence de Jésus dans les foyers. Sa forme rappelle un bébé emmailloté.Comme tu le soulignes, cette brioche n'a pas tout de suite été liée à Noël. Nous savons que la religion chrétienne a beaucoup combattu la survivance de traditions dites païennes. La période de Noël en est un exemple. Les réjouissances de la nativité sont venues remplacer des rites et des cultes pré-chrétiens. . Oui, aux temps très anciens, ces figurines en brioche était sexués. Elles jouaient un rôle symbolique. Un rôle qui tenait et du rite d’initiation de passage à l’âge adulte et de catalyseur des peurs enfantines. Au XVIème siècle, un écrit raconte qu'on la jetait du beffroi de Lille au mois de septembre. Un document de 1579 indique : "On jeta du haut du beffroy des petits gâteaux en forme de coquille au peuple". Le mot varie même dans la région et en Belgique. “quéniole” à Valenciennes, “volaeren” à Dunkerque et plus généralement “coquille” dans les Flandres françaises, “fisquemalles” à Tournai, “cougnol(l)e”, “cugnole” ou “cognolle” dans le Hainaut belge, “cougnou” dans les provinces de Namur et de Liège ou encore “bonhomme” en liégeois. L’origine du nom de coquille pourrait dérivé de la forme du moule qui servait à confectionner ces brioches.En flamand, kocke, que l’on prononce “couque”, signifie gâteau. C'est sans doute l'origine de coquille.
Que c'est passionnant que de remonter aux origines. Je suis intimement convaincu que nos sens ont une mémoire et cette mémoire collective qui unit, finalement, les hommes , tous les hommes, nous revient inconsciemment .Ce qui est certain, c'est que les fêtes de fin d’année ont toutes un lien avec la naissance, la re-naissance. Re-naissance de la nature, celle de l’Homme. Promesses d’abondance, de fécondité, de vie avec le retour du soleil au solstice .
Régalons nous mon Amie de ces petits bonheurs qui se transmettent pour ne pas oublier d'où nous venons , qu'au tout début, il n'y avait qu'un peuple qui vénérait la Nature , notre Mère à tous.
Je te souhaite ainsi qu'à ton cher Christophe un merveilleux temps de Yule.
Que ton hiver soit lumineux. Il nous offrira ses merveilles et nous savons qu'au creux de la terre germe la fabuleuse histoire de la Vie.
Je t'embrasse
Véronique
merci Sandrine pour ta belle page au pain d 'épices qui représentent bien l 'esprit de Noel
et pour toutes tes visites au long de l 'année
je te souhaite une bonne fin d 'année ,
au plaisir de te lire
bises la FEE
kénavo
Coucou ma Cendrine,
Une superbe page ce matin concernant ces douceurs de Noël fort sympathiques. Merci pour tes explications et photos qui font saliver. Je te souhaite aussi de passer de bonnes fêtes de Noël et je t'embrasse très fort, sans oublier ton Christophe. Joyeux Noël.
Bises et bon jeudi - Zaza
5Claudine canelleJeudi 22 Décembre 2022 à 08:04Merci cendrine pour ce beau partage gourmand Je te souhaite de passer de très bonnes fêtes de Noël Gros bisousCocou Cendrine
C'Est ce qu'a fait ma petite fille Clemy dans un atelier du marché de Noel d'un village voisin de chez moi.....Pendant que ma fille tenait un stand au marché.
Bon Jeudi et bonnes fêtes à venir
bizz
Pat
Bonjour Cendrine, ah que de douces gourmandises de Noël, merci, passe de belles fêtes également, bises jill
2AlbiréoJeudi 22 Décembre 2022 à 06:13Merci Cendrine pour cet article délicieux !
Passe de bonnes fêtes, ainsi que ton mari, gourmandes comme il se doit...
Gros bisous
Bonjour chère Cendrine,
Merci du succulent partage !!! Miam ! Miam ! J'ai faim ! Tout un délice, que tout cela !!!
De très BELLES FÊTES de fin d'année à toi, à vous deux également ! Prenez bien soin de vous aussi !!!
Promis, je vais certainement me régaler des toutes petites joies offertes, oui, oui. oui. Elles sont si nombreuses,
en cette période de l'année.
Gros bisous ♥
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Merci Cendrine pour ton p'tit brin de muguet J'espère que tout va bien pour toi. Je ne suis plus aussi présente sur mon blog moi non plus. Je te souhaite également beaucoup de bonheur en ce jour du 1er mai.
Gros gros bisous d'amitié