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La Bouche de la Vérité
Ce marbre gracieux, appelé « La Bocca della Verita », se dresse dans le Jardin du Luxembourg. Il fut réalisé par le sculpteur Jules Blanchard (1832-1916) vers 1872.
Une jeune femme nue glisse sa main dans la bouche d'un étrange masque, le masque de la Vérité. Selon une légende en vogue dans la Rome antique, on n'en retire sa main intacte que si on ne dissimule aucun mensonge.
Le masque repose sur une colonne décorée d'un miroir et d'une branche de laurier. Emblème solaire dans ce cas, le miroir évoque l'impossibilité de cacher ou de travestir la Vérité de quelque manière que ce soit. Les anciens livres d'iconologie nous apprennent que le laurier « est toujours vert, et que la foudre ne le peut endommager, nous en donnons pour cet effet une Couronne à la Vertu, pour ce qu'il n'est point d'ennemi qui la puisse vaincre, et qu'elle ne craint ni les embrassements, ni les disgrâces, non plus que les autres violences de la Fortune. »
Iconologie ou explication nouvelle de plusieurs images, emblèmes et autres figures hiéroglyphiques des Vertus, des Vices, des Arts, des Sciences, des Causes naturelles, des Humeurs différentes et des Passions humaines. Tirées des recherches et des figures de César Ripa, moralisées par Jean Baudoin. A Paris, chez Mathieu Guillemot, 1644. P. 196.
Ici, la Vérité et la Vertu se confondent sous une apparence séduisante et une attitude empreinte de sérénité.
La Bocca della Verita
Il existe à Rome un vieux masque en marbre doté, d'après la croyance populaire, de mystérieux pouvoirs. Datant du 1er siècle après J.-C., il révèle un visage d'homme barbu. Ses yeux, son nez et sa bouche sont creux.
Il fut inséré en 1632 dans le mur du porche de l'église Santa Maria in Cosmedin. Cette belle église en briques rouges se situe non loin du Tibre dans la partie Sud de Rome. Elle se dresse sur les vestiges d'un ancien marché: le Forum Boarium.
La fonction initiale du masque n'est pas vraiment établie. Les chercheurs hésitent entre un élément de fontaine, une bouche d'impluvium ou un couvercle d'égout en raison de sa proximité avec le célèbre Cloaca Maxima. Il représentait probablement une divinité aquatique ou fluviale.
Le masque était réputé capable de « détecter » les mensonges et la fourberie. Si un menteur introduisait sa main dans la bouche fatidique, celle-ci lui croquait les doigts!
Lucas Cranach (1472-1553) a transposé ce thème dans la peinture à travers un conte médiéval, en vogue dans les pays du Nord de l'Europe. Un « automate merveilleux » en forme de lion devait punir les épouses infidèles mais une jeune femme rusée fit revêtir à son amant des habits de fou et lui demanda de la toucher devant une foule inquisitrice. Insérant les doigts dans la bouche de la vérité, elle jura en toute tranquillité que personne n'avait posé la main sur elle en dehors de son mari et...du fou!
La Bouche de la Vérité, vers 1525-1530.
(L'image provient du site du Musée du Luxembourg.)
Ces différentes « bouches » expriment le rapport mystérieux que l'homme entretient avec sa conscience par le biais de l'invisible. Dans le monde antique, des masques et des statues étaient dotés du pouvoir de révéler les secrets. Il existait aussi à Rome, à Venise et à Gênes des « bouches de vérité » ou « bouches de lion » désignées comme « bouches de dénonciation ». Répandues entre le XIVe et le XVIIIe siècles, elles étaient encastrées dans les murs de certains bâtiments, comme au Palais des Doges de Venise.
Ces « bouches parlantes » ou « bouches secrètes » figuraient aussi sur des fontaines et des bas-reliefs. Représentées en miniature, elles étaient utilisées comme amulettes.
Alors que le vieux masque de Santa Maria in Cosmedin attire chaque jour les visiteurs curieux, le marbre sensuel du Jardin du Luxembourg aimante la douce lumière de l'automne et m'inspire un poème...
La Vérité
Je suis nue parmi les parures
Je ne faiblis devant personne
Je brise toutes les armures
Je n'ai ni doute ni couronne
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Tombe le masque je te vois
Dans le lac noir où tu te noies
Les mots fardés sont sans pouvoir
Quand je découvre mon miroir...
Tags : masque, bouche, verite, vert, « bouches
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Commentaires
Eugène Bidau, A painting "Le Printemps" by Eugène Bidau, Paris, dated 1896 | Richard Redding Antiques LtdВиктор Низовцев
Оригинал взят у vasily_sergeev в Виктор Низовцев Художник Виктор Низовцев Russian-American artist Victor Nizovtsev /Виктор Низовцев is a masterful oil painter of theatrical figurative…
26MensongeDimanche 3 Mars 2013 à 03:1625PrismeDimanche 3 Mars 2013 à 03:1624Walker in ParisDimanche 3 Mars 2013 à 03:1623Troll de ParisDimanche 3 Mars 2013 à 03:1622PineauquioDimanche 3 Mars 2013 à 03:1621zazaDimanche 3 Mars 2013 à 03:1620zazaDimanche 3 Mars 2013 à 03:1619LiliroseDimanche 3 Mars 2013 à 03:16Les photos sont magnifiques, l'article est remarquable. J'ai appris énormément de choses grâce à ton talent, ta plume vive et précise. Félicitations! Bisous à toi.
18Bruno GorceDimanche 3 Mars 2013 à 03:1617Bernadette SDimanche 3 Mars 2013 à 03:16Qu'elle est jolie cette petite statue au Luxembourg ! Pas très connue merci pour ton article. Le modèle devait être un sacré brin de fille.
16Nain de jardin parisDimanche 3 Mars 2013 à 03:1615TinaDimanche 3 Mars 2013 à 03:1614Promeneur75Dimanche 3 Mars 2013 à 03:16Bonsoir Cendrine, tu vois, je continue mon voyage au gré de ton blog et univers passionnant et passionné! Et je découvre encore ta capacité à nous offrir un magnifique poème plein d'amour sur cette vérité nue! Tu as une très belle inspiration créatrice poétique, j'aime beaucoup. As-tu écris beaucoup de poèmes au gré de tes ballades? Merci pour ce magnifique article et belle promenade enchantée dans le jardin du Luxembourg. Passe une agréable soirée, gros bisous
J'ai été aussitôt sous le charme de cette ravissante statue.
Je n'ai pas glissé ma main dans la bouche du masque mais la fascination était bien présente.
Merci pour cette très gentille visite. Je te souhaite une belle semaine, pas trop sur les chapeaux de roues, j'espère!
Bises
Cendrine
Quelle est belle cette statue, Je n'Y ai jamais mis ma main, et toi? Encore une fois je découvre et j'aime beaucoup l'histoire de la femme sur le conte médiéval. Tu as le don de nous faire voyager dans le temps et dans nos villes. Merci ma belle. Je te souhaite une excellente semiane.
Bonsoir Martine,
Comme tu me fais plaisir! Je suis très émue de lire un message comme le tien. Je serais enchantée de découvrir Cergy en ta compagnie et surtout "ton" Cergy! J'en serais honorée!
Je te souhaite une excellente soirée de dimanche. Bises et encore merci!
Cendrine
Magnifique cette statue que tu nous fais découvrir et j'aime beaucoup le poème qu'il t'a inspiré. Je me réjouis vraiment d'avoir découvert ton blog où j'aime me promener. J'espère pouvoir te faire un jour découvri mon cergy. Bon week-end. Bises
Merci beaucoup Bernadette! je suis moi aussi sous le charme de cette ravissante sculpture. Excellent week-end. Cendrine
La Vérité trouve toujours son chemin, en attendant, tout est relatif, on s'arrange avec sa conscience... Très bonne soirée! Cendrine
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