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    MERCI à celles et ceux qui m'écrivent si gentiment... Je n'ai pas repris le cours de mon blog mais je pense à vous très souvent et je voulais partager avec vous des photos et l'histoire d'une statue que j'apprécie tout particulièrement.

     

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    Je vous invite à entrer dans le Square Georges Cain, au cœur du Marais, où se dresse, entourée de roses, « Île de France » : une œuvre née entre 1921 et 1925 de l'inspiration d'un maître de la sculpture : Aristide Maillol (1861-1944).

     

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    Émanation du « féminin sacré » dans sa nudité triomphante, cette créature de bronze a remplacé, au cœur du square, une sculpture en marbre intitulée « L'Aurore ou Flore descendant de son char ».

     

    Flore fut réalisée pour le Bosquet des Dômes de Versailles, entre 1686 et 1690, par le sculpteur Philippe Magnier (1647-1715), d'après un modèle de François Girardon (1628-1715), qui fut Premier Sculpteur du Roi Louis XIV.

    Le modèle en fonte, préparé à partir de 1686, fut exécuté par le célèbre sculpteur et fondeur suisse Jean-Balthasar Keller (1638-1702), en 1693. Exposé au Belvédère de Marly (de 1707 à 1802) puis à Saint-Cloud (de 1802 à 1872) et au Jardin des Tuileries (de 1872 à 1910), il a été installé, entre 1926 et 1993, au square Georges Cain. Il a ensuite été remplacé par la sculpture d'Aristide Maillol.

     

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    Une version de la statue de Flore ou L'Aurore, en marbre, est toujours visible à Versailles, dans le Bosquet des Dômes.

     

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    « Île de France », l'héroïne de mon article, naquit dans les creusets de la Fonderie d'Art Rudier d'où émergèrent, grâce au talent du maître fondeur Alexis Rudier (1845-1897) et de son fils Eugène Rudier (1875-1952) des bronzes magnifiques inspirés par les plus grands artistes. Ainsi, Aristide Maillol, Auguste Rodin, Antoine Bourdelle, Gustave Miklos, Honoré Daumier ou encore Paul Dardé... apprécièrent tout particulièrement le travail de ces fondeurs passionnés qui exercèrent leur art comme des alchimistes de la matière en fusion.

     

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    La belle, dotée d'une taille fine, de longues jambes et d'un buste à la féminité triomphante, veille sur le charmant petit square, emblématique de l'Histoire dense et tourmentée de Paris, que je vous ai présenté il y a des années.

     

    http://maplumefeedansparis.eklablog.com/le-square-georges-cain-a119049672

     

    Ayant repris des photos, au gré de mes pérégrinations et au fil des saisons, je vous en reparlerai dans de prochains articles...

     

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    Dans les créations d'Aristide Maillol (1861-1944), la Nature et la Femme sont, irrépressiblement, liées. La femme se situe à la croisée des chemins de vie, où dansent les éléments, où se conjuguent les formes qui engendrent l'Inspiration.

     

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    « Île de France » est une sculpture particulièrement intéressante dans le travail esthétique de Maillol car elle incarne une vision particulière du mouvement du corps, dressé, de manière subtilement hiératique et cependant prêt à agir. Habituellement, Maillol apparaît comme « le maître des masses immobiles » Il nous offre ici une autre approche, plus svelte et davantage « prêt à l'action », du corps féminin à travers la beauté qui règne au cœur du square archéologique Georges Cain.

     

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    « Île de France », qui fut appelée aussi La Parisienne et La Baigneuse, évoque Marie Maillol, la sœur d'Aristide Maillol, à travers le souvenir d'une jeune femme aimant « entrer dans la mer, nu pieds et les jupes relevées ». Cette façon de se mouvoir a tellement plu à Maillol qu’il s'en est imprégné pour concevoir l'oeuvre sculpturale qui orne le petit jardin.

     

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    « Île de France » apparaît donc comme l'étape la plus aboutie d'un voyage émotionnel commencé avec une oeuvre intitulée « La jeune fille qui marche dans l'eau », réalisée entre 1910 et 1921.

     

    Maillol aimait représenter l'essence du corps féminin en résonance avec l'Eau, considérée comme l'élément sensuel et matriciel par excellence.

     

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    Aristide Maillol naquit à Banyuls, dans les Pyrénées-Orientales, en 1861. Passionné d'art, il s'installa dans la capitale à l'âge de 20 ans et fit ses classes à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts. Sa carrière s'organisa d'abord autour de la confection de tapisseries. Il avait commencé à maîtriser les arts du tissage à Banyuls, il continua à Paris où il se lia intensément d'amitié avec le sculpteur Antoine Bourdelle (1861-1929).

     

    Il fut peintre dans ses jeunes années mais la sculpture devint son expression la plus connue. Il ne cessa, à travers elle, d'honorer la femme et ses mystères, ses courbes et ses passions sensuelles, sa voluptueuse sensibilité.

     

    De jeux de formes envoûtantes en vibrations de matières, Maillol nous invite à le suivre sur son chemin de créativité qui nourrit, de subtile manière, l'inspiration de maîtres comme Alberto Giacometti (1901-1966) et Henry Moore (1898-1986).

     

    De Banyuls à Paris et de Paris à Banyuls où il repose, sous un voile d'éternité, dans le jardin de sa maison-musée appelée « La Métairie », lieu où il vécut dès 1910, Maillol a tracé des lignes d'inspiration profonde et nourri les mondes intérieurs de plusieurs générations d'esthètes et d'explorateurs de l'Art.

     

    Son héritage s'offre à la contemplation dans différentes collections, aussi bien dans le sud de la France que dans la capitale où l'on peut visiter, dans le 7e arrondissement, rue de Grenelle, le musée Maillol... Ce temple de la sculpture garde l'empreinte des femmes inspiratrices et de sa muse créatrice, galeriste et collectionneuse émérite, Dina Vierny (1919-2009).

     

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    Sculpteur poète des formes sensuelles et des énergies de la femme, Maillol nous offre à contempler dans Paris bien des trésors artistiques. Ainsi, en cheminant dans le Jardin du Carrousel, entre Louvre et Tuileries, rencontre-t-on des Déesses, des Forces Élémentaires et des Allégories... Tout comme « Île de France » regarde vers les façades de l'Hôtel de Marle et de l'Hôtel de Châtillon, joyaux architecturaux du Marais que je vous montrerai plus tard, ceci trace un chemin pour d'autres articles...

     

    En cet Automne 2022, je souffle vers vous, chers Aminautes, une myriade de pensées d'Amitié aux couleurs des feuilles qui rougissent et s'envolent...

     

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    Gros Bisous !

    Plume

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    Rivières et Fleuves aux Tuileries, Chapitre Deux sur Quatre

     

    Merci pour vos très gentils messages et pensées d'amitié...

     

    Je vous retrouve avec grand plaisir pour la suite de notre promenade aux Tuileries, au niveau de l'aménagement du Fer à Cheval créé par André Le Nôtre (1613-1700) dont je vous parlais il y a quelques semaines.

     

    Après avoir contemplé « La Loire et le Loiret », moulage réalisé au début du XVIIIe siècle d'après l’œuvre originale de Corneille Van Clève, nous nous arrêtons devant « La Seine et la Marne », groupe sculpté issu de l'ambitieux programme politico-culturel orchestré par Jules-Hardouin Mansart (1646-1708), Surintendant des Bâtiments du Roi à partir de 1699.

     

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    « La Seine et la Marne » ornait le Bassin des Nappes du château de Marly, résidence bucolique de Louis XIV située dans les Yvelines. Le Roi Soleil appréciait tout particulièrement cet ensemble élégant qui illustrait l'un de ses projets somptuaires à caractère mythologique.

     

    Depuis les années 1660, Louis XIV (1638-1715) œuvrait pour une politique de grands travaux artistiques qui furent menés avec autant d'attention à Versailles qu'à Marly. Il cherchait à créer une Nouvelle Rome fondée sur une puissante assise politique et une plénitude culturelle. Les jeux d'eau étant des éléments indispensables de la scénographie des jardins, des allégories de rivières et de fleuves furent créées pour animer des espaces destinés tout autant à paraître qu'à jouir de l'instant présent.

     

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    Marly fut construit, à 7 kilomètres au nord-ouest de Versailles, dans un vallon boisé qui dominait la Seine, château de plaisance réalisé à partir de 1679 par Jules-Hardouin Mansart (1646-1708) et Robert de Cotte (1656-1735) qui fut maître et mentor de nombreux architectes. Louis XIV visita les lieux pour la première fois le 23 juillet 1684. Il prenait plaisir à dire « J'ai fait Versailles pour ma Cour, Trianon pour ma famille, Marly pour mes amis. »

     

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    Le grand jet d'eau de Marly, par Auguste-Alexandre Guillaumot (1815-1892).

     

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    Pierre-Denis Martin (1663-1742), Marly, 1724.

     

    Les séjours du Roi et de ses invités dans ce lieu de réjouissances étaient appelés « Les Marlys ». L'étiquette, tellement rigide et indispensable à Versailles, était abolie en grande partie à Marly, « château-jardin » dont l'esthétique était des plus remarquables. Au centre d'une composition très élaborée, sur un plan dit « éclaté », se dressait le Pavillon Royal et de part et d'autre d'une perspective animée de bosquets, de bassins, de petits bois, d'allées et de charmilles, se déployaient deux files de pavillons destinés aux nobles invités. La décoration des pavillons était associée aux signes du Zodiaque et une impressionnante machine hydraulique, chef-d’œuvre d'ingénierie, appelée « la Machine de Marly » permettait d'alimenter en eau jaillissante les bassins et les jardins du château.

     

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    Gravure, 1700

     

    Marly fut hélas détruit sous le Premier Empire. Ses trésors furent en grande partie dispersés après la Révolution. On y installa une filature, on pilla les belles matières associées à la Monarchie. Des propriétaires criblés de dettes se succédèrent et l'ensemble sombra dans un marasme qui eut raison de la splendeur architecturale des lieux. Les façades des pavillons ornés de somptueux décors polychromes et le magnifique Bassin des Nappes que j'évoque n'existent donc plus... Il demeure « La Seine et la Marne » et quelques œuvres sculptées ainsi que des gravures à contempler dans les musées ou les jardins nationaux. Certaines statues de Marly ont « voyagé » de Paris à Brest où elles sont restées quelques temps avant d'être définitivement transportées au Musée du Louvre. Une histoire à conter dans un autre billet...

     

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    Château de Marly par Gabriel Pérelle (1603-1677).

     

    Quand Louis XIV mourut, le jeune roi Louis XV (1710-1774) s'établit aux Tuileries, protégé par le Régent Philippe d'Orléans (1674-1723) qui fit décorer le palais parisien avec des sculptures venant de Marly. Ces sculptures originales furent remplacées par des copies en 1993. Les marbres « d'époque » se situent dans la Cour Marly au Musée du Louvre.

     

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    Photo RMN/©René Ojéda

     

     

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    Le groupe sculpté de « La Seine et la Marne » fut conçu dès l'origine pour être regardé de tous les côtés et multiplier les reflets dans le Bassin des Nappes attenant à la Rivière de Marly. Cette Rivière, hélas disparue, était une cascade réalisée vers 1704 qui constituait une perspective complexe et magnifique au cœur des jardins.

     

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    Avec « La Seine et la Marne », le sculpteur Nicolas Coustou a représenté la rencontre des principaux fleuves d'Île-de-France. La Seine est ici masculine. Un dieu barbu tient une rame et s'appuie sur une corne d'abondance d'où jaillissent des fruits, les dons précieux de la Nature irriguée par la force des eaux. Emblème de luxuriance et de puissance, la corne d'abondance est en résonance avec la rame, instrument qui évoque la possibilité de naviguer sur l'élément aquatique pour découvrir des terres fécondes et des espaces favorables à l'expansion humaine.

     

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    La corne d'abondance, « mère des fruits », en référence à la chèvre Amalthée qui fut la nourrice de Zeus, le seigneur des dieux de l'Olympe.

     

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    La rame

     

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    La Marne est présentée à la manière d'une nymphe, séduisante et gracieuse.

     

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    Élégante à travers la rotation et la position penchée de son corps, elle est accompagnée de deux enfants, génies aquatiques altérés par le temps...

     

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    Ce petit génie aquatique joue avec un cygne, hélas abîmé. Le cygne, oiseau qui appartenait au cortège d'Apollon, le dieu des Arts et du Soleil, représentait pour Louis XIV une image d'abondance et de force. Le cygne était aussi associé au dieu nordique Balder, divinité de la jeunesse, de la force et du soleil et à bien d'autres puissances mythologiques mais ceci est une autre histoire... Dans un autre article...

     

    Quant au second génie, il tenait une écrevisse, symbole de la Lune, de la fertilité et de l'ambivalence des eaux. Cette partie de l’œuvre n'existe plus.

     

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    Cette photo réalisée par Eugène Atget (1857-1927) et conservée au Musée Carnavalet montre l’œuvre dans un bien meilleur état. On aperçoit le majestueux dieu Seine, maître de la rame, emblème de navigation et de la corne d'abondance qui déploie ses trésors ; la Marne, joliment penchée et les deux petits génies. On voit aussi le cygne... Une restauration ne serait vraiment pas de trop !

     

    En attendre de poursuivre nos promenades sculptées, je veux vous dire merci, chers Aminautes, pour votre fidélité et vous adresser de belles pensées... Avec mon Amitié !

    Plume

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    Je vous donne rendez-vous pour contempler de beaux groupes sculptés, situés à proximité de la Place de la Concorde, au niveau de l'agencement du « fer à cheval » créé par André Le Nôtre (1613-1700).

     

    Un agencement composé de deux rampes en fer à cheval encadrant un bassin hexagonal et menant à deux vastes terrasses, la terrasse du Bord-de-l'Eau, côté sud, qui conduit à l'Orangerie et la terrasse des Feuillants, côté nord, où se dresse l'élégant Jeu de Paume entouré de parterres fleuris.

     

    Je vous ai montré les statues de cet aménagement il y a des années. Le temps passe... C'est fou ! En cet été 2019, j'ai fait de nouvelles photos, dans l'atmosphère caniculaire et aussi dans le temps orageux. Et comme j'ai ajouté du texte à mon texte initial, j'ai tout reclassé et fait une nouvelle présentation.

     

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    Depuis 1719, on admire donc à cet endroit quatre groupes sculptés, représentations allégoriques de fleuves et de rivières soit :

     

    La Loire et le Loiret de Corneille Van Cleve ou Van Clève (1645-1732), modèle en plâtre réalisé en 1699, œuvre en marbre conçue entre 1703 et 1707.

    Le Tibre de Pierre Bourdict (sculpteur connu entre 1684 et 1711).

    La Seine et la Marne de Nicolas Coustou (1658-1733).

    Le Nil de Lorenzo Ottoni (1648-1736).

     

    J'ai choisi de consacrer un billet à chacun de ces groupes car j'ai de nombreuses photos.

     

    Commençons par La Loire et le Loiret.

     

    Il s'agit d'un moulage réalisé au début du XVIIIe siècle d'après l’œuvre originale de Corneille Van Clève. Tout comme le groupe de La Seine et la Marne que vous verrez dans un prochain billet, La Loire et le Loiret est le fruit d'un ambitieux programme politico-culturel orchestré par Jules-Hardouin Mansart (1646-1708), Surintendant des Bâtiments du Roi à partir de 1699. Dommage pour les morceaux de statues qui manquent, une restauration ne serait pas de trop !

     

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    Mansart commanda quatre grands groupes pour le Bassin des Nappes du château de Marly, résidence bucolique de Louis XIV située dans les Yvelines. Le Roi Soleil apprécia tout particulièrement cet ensemble élégant qui illustrait l'un de ses grands projets à caractère mythologique.

     

    Les marbres de Corneille Van Cleve et de Nicolas Coustou étaient associées à des Nymphes (disparues), œuvres d'Anselme Flamen (1647-1717) et de Simon Hurtrelle (1648-1724) qui comptèrent parmi les meilleurs sculpteurs de Versailles.

     

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    En 1719, La Seine et la Marne et La Loire et le Loiret (dit à tort Le Rhin et la Moselle ou le Rhône et la Saône) furent installés aux Tuileries, au pied du fer à cheval imaginé par Le Nôtre. Le régent Philippe d'Orléans (1674-1723) fut à l'initiative de ce déplacement car les Tuileries, magnifique jardin de broderies n'accueillait pas encore de statues. Le Régent voulait également offrir au jeune Louis XV (1710-1774), installé aux Tuileries après la mort de son arrière grand-père Louis XIV (1638-1715), un cadre familier.

     

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    Torrentueuse et fertile, la Loire est le plus long fleuve de France. Si l'on suit ses 1006 kilomètres, on découvre des trésors nichés dans les villes, les villages et les châteaux du Val-de-Loire, classés au Patrimoine Mondial de l'Unesco. Les personnes intéressées par des renseignements géographiques sur le sujet peuvent cliquer sur le lien ci-dessous.

     

    http://www.cosmovisions.com/Loire.htm

     

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    Élégante en ses draperies et subtilement dénudée, la belle est appuyée contre une jarre d'où s'écoule une eau généreuse.

     

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    Rivière qui s'écoule dans la région Centre Val-de-Loire, le Loiret ou Petite Loire est un affluent venant de la rive gauche de la Loire.

     

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    Corne d'abondance, poissons et flore de la mer décorent ce groupe sculpté.

     

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    Groupe immortalisé par Eugène Atget (1857-1927), photographe et historien de Paris. L'image est conservée au Musée Carnavalet, musée de l'Histoire de la Ville de Paris...

     

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    Vue du marbre de Corneille Van Cleve, réalisée par Eugene Atget en avril 1906. Reproduction numérique du tirage sur papier albuminé. Source BNF/Gallica, Département Estampes et Photographie.

     

    L’œuvre originale a été retirée des Tuileries en 1993. Elle est visible au musée du Louvre, aile Richelieu, cour Marly.

     

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    Photo © RMN-Grand Palais / René-Gabriel Ojéda, Musée du Louvre

     

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    Sculpteur parisien, né dans une famille d'orfèvres, Corneille Van Clève (1645-1732) a fait ses classes dans l’atelier du maître statuaire Michel Anguier (1612-1686) puis il s'est établi en Italie, pendant une dizaine d'années. Il a exercé son art à Rome, de 1611 à 1617, en tant que Pensionnaire du Roi puis à Venise, de 1617 à 1680. Il a profondément été influencé par la manière du Bernin (1598-1680).

     

    Quand il est revenu à Paris, il a été admis à l’Académie, en 1681, avec « Polyphème assis sur un rocher ».

     

    Tout au long de sa carrière, il a été sollicité pour créer des statues, des vases et des décorations (bas-reliefs, chapiteaux, figures variées...) pour le château de Versailles et aussi pour les châteaux de Marly et de Meudon.

     

    Il a réalisé plusieurs Anges somptuaires pour des églises franciliennes (Notre-Dame de Paris, Saint-Germain-L'Auxerrois, La Sorbonne...) et il a conçu un magnifique maître-autel pour la Chapelle de Versailles... J'aurais l'occasion de vous en reparler.

     

    Considéré pour sa grande capacité de travail et la qualité de ses œuvres, il a été nommé professeur à l'Académie en 1693, adjoint au recteur en 1706, directeur en 1711, recteur en 1715 puis chancelier en 1720. Propriétaire d'un atelier de fonte, il a produit des modèles réduits de ses meilleures créations, très recherchées par les Amateurs, notamment sur les thèmes mythologiques de Diane et Endymion, de Léda et le Cygne, de Bacchus et Ariane.

     

    La Loire est l'une de ses œuvres les plus appréciées.

     

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    La Loire est accompagnée de deux charmants bambins, ses petits génies de la fécondité. Je les aime beaucoup tous les deux, leurs expressions sont émouvantes.

     

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    L'enfant et les poissons...

     

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    Il en tient un et un autre fraye derrière lui...

     

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    L'enfant et la flore marine

     

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    J'ai pris grand plaisir à vous présenter ce groupe sous autant de vues que je le pouvais et je vous souhaite, chers Aminautes, une bonne préparation de la rentrée.

    Merci de vos visites pendant l'Été.

    Je pense bien à vous, gros bisous !

    Plume

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    A Bercy, en contemplant les nénuphars gorgés de soleil qui s'épanouissent devant la Demeure X d'Étienne-Martin, on se détache doucement des bruits de la ville. Le regard caresse les délicats pétales blancs et les larges feuilles ovales, épaisses, cireuses et d'un vert satiné, qui flottent à la surface de l'eau.

     

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    Le nénuphar blanc ou nymphaea alba est une plante aquatique, originaire d'Inde, qui fleurit, de juin à août, dans les eaux calmes et les étangs d'Europe et d'Asie. Ses noms vernaculaires: « reine des lacs » « lys des étangs », « clef de Vénus », « rose ou lune d'eau »... témoignent de sa nature enchanteresse.

     

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    On l'appelle aussi « horloge des eaux » car il commence à se déployer à l'aube. A midi, il s'ouvre bien au-dessus de l'eau et à partir de quatre heures, il se referme lentement. Sa tige est un rhizome spongieux qui traverse les profondeurs de l'eau pour engendrer une multitude de petites racines. Son fruit gorgé de graines ressemble à une capsule de pavot.

     

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    Les vertus du nénuphar sont connues depuis des temps très anciens. Le nom de cette « sorcière des eaux » vient du sanscrit « nilotpatan » ou « nipplupal » qui devint « nilufar » ou « ninûfar » en arabe et finalement « nénuphar ».

     

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    La mythologie grecque nous rapporte que le héros Hercule transforma en nénuphar une nymphe qui se consumait de passion pour lui.

     

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    Paul Chabas (1869-1937), Les nénuphars.

     

    Fleur sacrée, compagne des déesses indiennes, aimée pour ses nacres issues des « eaux primordiales » dans l'Égypte ancienne, elle devint l'un des motifs les plus utilisés dans l'Art Nouveau. Les maîtres ébénistes et verriers de l'École de Nancy déclinèrent ses formes poétiques à travers de nombreux matériaux.

     

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    Le Nénuphar, 1898, par Alfons Mucha (1860-1939).

     

     

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    Vitrail aux nénuphars du maître verrier Jacques Grüber (1870-1936). Virginia Museum of Fine Arts.

     

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    Détail du vitrail aux nénuphars de Jacques Grüber.

     

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    Lampe nénuphar en pâte de verre et en bronze doré et ciselé, conçue par Louis Majorelle (1859-1926) et exécutée par la maison Daum en 1902.

     

     

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    Émile Gallé (1846-1904), Vase Nénuphar en verre multicouche, fond filigrané et marqueteries de verre gravées à la meule. Crédit Photo © fine-arts-museum.be

     

     

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    Panneau de céramique, aux poissons et nénuphars, créé en 1900 à la Faïencerie et Manufacture des Arts de la Table de Mettlach (née en 1836 à l'initiative de deux anciens concurrents, Nicolas Villeroy et Jean-François Boch...) Crédit Photo Villeroy&Boch.

     

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    Crédit Photo Villeroy&Boch.

     

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    Encrier Art Nouveau, femme allongée sur une feuille de nénuphar.

     

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    Lit aux nénuphars en acajou, bois d'amourette, marqueterie de bois précieux et bronze doré et ciselé, réalisé entre 1905 et 1909 par Louis Majorelle. On peut admirer ce chef-d’œuvre au musée d'Orsay.

     

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    Le nénuphar inspirait les artistes Art Nouveau en raison de la sensualité de ses formes mais dans l'Antiquité on l'utilisait pour réprimer le désir et dissiper les songes érotiques. A l'époque médiévale, on le qualifiait d'« herbe aux moines » ou de « plante aux moniales ». Son nom savant de « nymphaea » désigne la blancheur virginale de ses pétales consacrés aux nymphes et aux jeunes mariées.

     

     

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    Claude Monet (1840-1926), L'étang aux nénuphars, 1897/1899.

     

    Il existe aussi des nénuphars jaunes, roses ou tirant vers le fuchsia et des fleurs qualifiées de faux nénuphars qui se mirent délicatement dans l'eau.

     

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    Artiste © Theresa Ferguson

     

     

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    Faux nénuphar (Nymphoides peltata)

     

     

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    Charles Courtney Curran (1861-1942), peintre américain dont l’œuvre est une rencontre entre Réalisme, Impressionnisme et Symbolisme, Nénuphars.

     

    L'onguent de nénuphar était jadis employé pour adoucir la peau, atténuer plaques et rougeurs et apaiser certaines inflammations.

     

    Riche en tanins et en amidon, le rhizome était utilisé pour apprêter les cuirs, teindre les tissus en noir et fabriquer une farine dite « de disette ».

     

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    © Elaine Ferdinandi, Water beauty.

     

    Dans le folklore de l'ancienne Europe, le nénuphar était réputé éloigner les esprits malfaisants, protéger les voyageurs et le bétail contre les animaux nuisibles et les créatures vampiriques de la nuit.

     

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    © Ann Mortimer, Water Lilies.

     

    Associé à plusieurs mythes de création du monde et consacré à la Lune et à la Nisse, la Déesse des Eaux, le nénuphar représente pour les peuples anciens, en Europe mais aussi chez les Mayas et les tribus Amérindiennes, l'abondance, la fertilité et la connaissance des choses enfouies. Il apparaît comme une « clef magique » utilisée par les chamanes pour la traversée des mondes aquatiques souterrains et l'on dit qu'il existe une porte secrète sous le Victoria Regia ou Amazonica, le plus grand nénuphar existant (un spécimen pouvant atteindre jusqu'à trois mètres de diamètre)...

     

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    Vitória Regia par © JanainaArt sur DeviantArt.

     

    Victoria ou Vitória Regia est un superbe nénuphar qui s'épanouit sur le fleuve Amazone et dont les pétales blancs parfumés ne s’ouvrent que la nuit et se parent de rose au lever du soleil. D'après une légende indienne, il serait né grâce à la Lune qui aurait transformé en fleur la princesse Naiá.

     

     

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    © Anna Vinogradova

     

    Image issue de mon article intitulé Roussalki, les enchanteresses de l'onde et les dieux slaves, publié sur La Chimère écarlate.

     

    Symbole de transformation, d'accomplissement, d'épanouissement de soi au-dessus de la frontière mystérieuse des eaux, le nénuphar était aussi le gardien des petites fées...

     

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    Harold Gaze (1939-2012), Fée des eaux, 1929.

     

     

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    Le nénuphar, aquarelle de John Lafarge (1835-1910), peintre et maître verrier américain.

     

     

    Quant aux Nymphéas de Claude Monet, fantasmagories artistiques mêlées de nénuphars, iris et autres roses d'eau, on les admire à Giverny, village situé sur la rive droite de la Seine, aux confins de l'Île de France et de la Normandie, jardin d'eau chevauché par un petit pont à la fois réel et chimérique, et dans le Musée de l'Orangerie, aux Tuileries, que je vous ai déjà présenté...

     

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    Les Trésors de l'Orangerie, Chapitre Deux

     

     

    Je vous souhaite une bonne préparation de la rentrée et pense bien à vous, chers aminautes !

     

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    Fée des Nénuphars, illustration SEG

     

    Que cette petite fée souffle vers vous de gros bisous...

    Plume

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    A Bercy, dans le parc où j'apprécie tout particulièrement de flâner, se dresse La Demeure, fascinante sculpture contemporaine conçue, en 1968, par le sculpteur et plasticien Étienne-Martin. Le trait d'union entre Étienne et Martin n'est pas une coquille. L'artiste a choisi de le placer entre son prénom et son nom.

     

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    Installée sur un îlot qui domine un tapis de nénuphars, il s'agit de la dixième des vingt « Demeures » réalisées par l'artiste.

     

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    Divinité gardienne des cycles du temps, la Demeure 10 semble se nourrir des frissons de l'eau, des métamorphoses des couleurs, du souffle des éléments et des trilles des oiseaux. « Œuvre-lieu » puissamment fantasmagorique, elle épelle de silencieuses sonorités vers les « mondes en contrebas » et se dévoile à fleur d'eau, au-dessus d'un magma d'ombres vertes et de lacis de lumière.

     

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    Corps enchevêtrés qui forment une maison-visage, émanation du ventre et de l'abri originels, la sculpture incarne le désir de se lover dans la hutte primordiale, la crypte matricielle du fond des âges et des eaux/os.

     

    « Elle s'enracine dans la nuit des réminiscences originelles; elle est à la fois l'idole caverneuse, l'infernale demeure et le vestige reconstitué, transposé en termes plastiques, des maisons des souvenirs de l'artiste. » Pierre Volboudt (1906-1987), critique d'art.

     

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    Étienne-Martin (1913-1995) est né à Loriol, dans la Drôme. A l'âge de 16 ans, il s'est inscrit à l'École des Beaux-Arts de Lyon, et, après un apprentissage qualifié de « traditionnel », il a décidé d'étudier la sculpture, de 1934 à 1939, à l'Académie Ranson de Paris, auprès de Charles Malfray (1887-1940), maître sculpteur, tailleur de pierre et survivant des tranchées de Verdun.

     

    La sculpture était pour lui quelque chose de profondément sensuel et matriciel, un art des creux, des gouffres et des cavités que l'on ne peut aborder autrement qu'avec le corps et en faisant appel à tous les sens.

     

    Inspiré par les « spiritualités mystérieuses », il a travaillé, de 1951 à 1956, à un « Hommage à l'écrivain Howard Phillips Lovecraft » qui s'appelait initialement « le Grand Rythme ». Ce plâtre monumental n'existe plus mais le souvenir de ses structures alvéolées complexes perdure dans les anfractuosités des Demeures où s'entrelacent les cauchemars et les rêves.

     

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    H P Lovecraft (1890-1937) est un auteur américain rendu célèbre par ses récits fantastiques, oniriques, macabres, ses contes d'horreur et ses ouvrages de Dark Fantasy et de Science-Fiction. Un petit clin d’œil aux aficionados du Necronomicon et du Mythe de Cthulhu...

     

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    Étienne-Martin a commencé en 1954 la série des Demeures et a reçu en 1966 le grand prix de sculpture à la 33e Biennale de Venise. Il existe vingt Demeures de taille variée, réalisées chacune dans des matériaux différents. Elles le ramènent toutes à la maison natale de Loriol dont il dira: « Un jour, j’ai été obligé de me séparer de ma maison, là où j’étais né, et j’en ai été choqué et peiné. Mais elle est restée tellement présente en moi que j’ai eu le désir de l’explorer. (…) En travaillant sur ce thème, j’ai retrouvé la forme, la lumière, les gens, tout ce qui constituait l’âme de cette maison.»

     

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    « Construire, c'est pénétrer dans la matière, traverser l'épaisseur où se lovent les hantises originelles... »

     

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    Étienne-Martin aimait les sculptures d'Océanie aux cavités gorgées de « sacré », les tabernacles et les sculptures-tombeaux étrusques. Il était également fasciné par l'art égyptien monumental, les pyramides et les colosses d'Abou Simbel. Il invoquait sous ses doigts d'artiste ce qui naît, meurt et renaît dans la terre et le sable.

     

    Il considérait le bois comme la matière primordiale et la pierre comme une source de résonances infinies. Les végétaux aux formes étranges, les fleurs séductrices et les plantes dotées de profondes racines l'inspiraient aussi...

     

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    Rendez-vous dans quelques jours pour une autre promenade d'été...

     

    Gros bisous !

    Plume

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