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    Chers aminautes, les messages que vous m'avez envoyés à l'occasion du quatrième anniversaire de mon blog m'ont fait très plaisir. Merci également pour votre soutien concernant ma santé. Je pense bien fort à vous. Gros bisous.

     

     

     

     

     

     

    Loin du tumulte de la ville, au coeur du quartier du Marais, s'ouvre un lieu paisible au charme romantique, jardin muséal où les saisons dansent sur les vestiges de l'histoire de Paris. Mes photos ont été prises à différentes périodes, ce qui permet de découvrir une myriade de couleurs et d'atmosphères.

     

     

     

     

     

     

    Au XIIIe siècle, l'espace était occupé par des terrains maraîchers, baptisés couture/culture Sainte-Catherine. Ils étaient la propriété des chanoines de Sainte-Catherine-du-Val-des-Écoliers, protégés par Saint-Louis (1214-1270) et Philippe III dit le Hardi (1245-1285).

     

     

     

     

     

     

    Le square Georges Cain fut créé en 1923 à l'emplacement des jardins de l'Hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau, construit en 1688 sur les plans de Pierre Bullet (1639-1716), architecte du Roi et de la Ville, pour le compte de Michel Le Peletier de Souzy (1640-1725), conseiller d’État et Intendant des finances du royaume.

     

     

     

    En 1863, les jardins de l'Hôtel furent transformés en Compagnie Générale de la Poste aux Paquets et des Transports Internationaux. L'activité de cette Poste Centrale ou « gare du factage parisien » dura jusqu'en 1913.

     

     

     

     

     

     

    En 1989, l'Hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau fut rattaché à l'Hôtel Carnavalet, devenu musée de l’Histoire de Paris mais notre visite concerne le square Georges Cain.

     

     

     

     

     

     

    Ouvert au public en 1931, il est attenant au musée Carnavalet et borde la rue Payenne et ses élégants hôtels particuliers. On y admire les sobres façades de l'ancienne orangerie de l'Hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau.

     

     

     

     

     

     

    L’orangerie fut construite, à la fin du XVIIe siècle, à l'emplacement de ce qu'on appelait le Petit Arsenal. Rythmée par douze grandes fenêtres symétriques, elle forme un écrin autour des collections archéologiques de la Ville de Paris. On peut y contempler les objets découverts à Bercy en 1991.

     

     

     

    Le long d'un chenal de la Seine, ont été retrouvés les vestiges d'un village âgé de 6000 ans: des outils, des figurines, des céramiques, un arc en bois d'if et un ensemble de pirogues monoxyles (taillées dans une seule pièce) de chêne qui ont rejoint les collections permanentes du musée Carnavalet.

     

     

     

    Des photos de ces découvertes sont visibles dans mon article intitulé : Le jardin romantique de Bercy.

     

     

     

     

     

     

    Le square porte le nom de Georges Cain (1856-1919), peintre, illustrateur, écrivain et conservateur du musée Carnavalet, de 1897 à 1914. Fils du célèbre sculpteur animalier Auguste Cain (1821-1894) et frère du romancier, dramaturge, peintre et graveur Henri Cain (1857-1937), il est l'auteur d'ouvrages consacrés au Paris d'autrefois, comme Les pierres de Paris (1910), Promenades dans Paris, Anciens théâtres de Paris ou encore Guide explicatif du musée Carnavalet (1903).

     

     

     

    Le Square Georges Cain

     

     

     

    Cet espace vert est aussi un dépôt lapidaire destiné à abriter des vestiges de monuments disparus, la plupart ayant été détruits par les incendies de la Commune. Ces pièces archéologiques ressuscitent l'histoire mouvementée de Paris.

     

     

     

     

     

     

    On découvre ainsi la rosace d'un plafond de l'ancien Hôtel de Ville, des éléments du pavillon central des Tuileries, des chapiteaux, des mascarons et des morceaux de colonnes.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Cette photographie d'Hippolyte-Auguste Collard (prise entre 1871 et 1874 et conservée au musée Carnavalet (Ph 9714), décrit les ruines de l'Hôtel de Ville, érigé par Dominique de Cortone dit Le Boccador (1465-1549).

     

    Le 24 mai 1871, le bâtiment fut dévoré par un incendie allumé sur l'ordre de Jean-Louis Pindy (1840-1917). Les flammes détruisirent une bibliothèque de près de cent mille volumes, une collection unique de cartes et de plans, les registres paroissiaux d'état civil du XVIe siècle à 1860 et une profusion de sculptures, de meubles et de tableaux.

     

     

     

    Hippolyte-Auguste Collard est connu pour avoir effectué, entre 1857 et 1885, des reportages photographiques sur la construction des ponts et des ouvrages d’art parisiens. Pendant la Commune, il immortalisa le souvenir des barricades dressées dans Paris et réalisa une remarquable série de vues des ruines de la capitale après l'embrasement du 24 mai 1871.

     

     

     

     

    Un encadrement de fenêtre issu de l'hôtel de Thou, autrefois situé au numéro 14 de la rue des Poitevins, dans le 6e arrondissement de Paris.

     

     

     

     

     

     

    Sur cette photo datant de 1868 et réalisée par Charles Marville (1813-1879), on aperçoit -tout au fond- la porte de l’hôtel de Thou qui abritait le siège de la librairie-imprimerie de Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), célèbre éditeur du XVIIIe siècle. Il accueillait aussi les bureaux de la Gazette de France, du Mercure de France, du Journal de Genève, de l’Encyclopédie Méthodique et plus tard du Moniteur Universel, qui deviendra le Journal officiel de la République Française. (Photo Musée Carnavalet).

     

     

     

     

     

     

    Des ornements issus du Palais des Tuileries mais aussi du château de Saint-Germain-en-Laye, comme ces Renommées du XVIIe siècle, ont « survécu » aux affres du temps, dans le square Georges Cain.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Cette photo décrit les restes fantomatiques du Palais des Tuileries avec, en arrière-plan, l’Arc de Triomphe du Carrousel. Inauguré en 1809, il fut construit entre 1806 et 1808 par Charles Percier (1764-1838) et Pierre Fontaine (1762-1853).

     

     

     

     

     

     

    Le Palais, né du souhait de Catherine de Médicis (1519-1589), fut incendié pendant la Commune par une trentaine de fédérés sous les ordres d’un garçon boucher du nom de Benot. La dernière résidence des rois de France brûla pendant trois jours.

     

     

     

    La décision fut prise de démolir les restes du monument en 1879. Les ruines furent rasées en 1883, les vestiges dispersés dans Paris et le fronton du Palais, orné de trophées, fut installé dans le square Georges Cain.

     

     

     

     

     

     

    Voici ce qu'il en reste aujourd'hui, avec l'horloge noircie par le feu. Les armes des rois de France ont disparu.

     

     

     

     

     

     

    Dans le Musée Noir (1946), l'auteur surréaliste André Pieyre de Mandiargues (1909-1991) écrit, au sujet du square : « Il s'agit d'une sorte de jardin tzigane ou parfois les séraphins s'exaltent, et parfois les démons, où ne s'ouvrent parfois les grilles que sur un décor silencieux et vide devant lequel s'érige, avec autant de présence que dans un désert roux, la silhouette et les monolithes depuis trente siècles éclatés, l'attente, cette cathédrale morose hantée par le solitaire. »

     

     

     

     

     

     

    Entre ombre et lumière, quand on traverse le jardin musée on peut se demander où vont mourir les vieilles pierres, celles qui sont jetées ici-bas après avoir été arrachées à l'ossature des palais et des temples ? Qu'ont-elles gardé de la mémoire des évènements et comment les regardons-nous aujourd'hui ? Avons-nous bien conscience de leur importance et de leur fragilité ? Ne meurent-elles pas plus vite si notre attention leur fait défaut ?

     

     

     

     

     

     

    Ainsi, des éléments de sarcophages mérovingiens et des stèles anciennes émergent de l'herbe haute mais leur histoire a été oubliée.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Les secrets qui hantent ces visages se délitent parmi les fleurs...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La provenance de ces oeuvres n'est pas précisée.

     

     

     

     

     

     

    Le Temps, qui continue à faire son oeuvre, est personnifié par un vieillard aux ailes déployées, au fond du square, sur le fronton de la façade arrière de l'hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau.

     

     

     

     

     

     

    «Saturne tenant d’une main sa faux, ayant à ses pieds une horloge de sable et s’appuyant sur une colonne brisée où l’on a tracé les heures pour servir de cadran» domine une façade perpendiculaire à l’Orangerie, bâtiment d’un étage surmonté d’un comble brisé, éclairé par treize fenêtres.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La porte-fenêtre centrale est surmontée d’un fronton où une figure de la Vérité fait écho au Temps de la façade principale. Ces deux hauts-reliefs sont attribués à Laurent Magnier (1615-1700), sculpteur dont les oeuvres sont particulièrement représentées à Versailles et aux Tuileries.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le miroir de la Vérité est orienté vers le vieux Saturne, gardien de la mémoire des lieux.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    A la tombée du soir, les visiteurs découvrent une oeuvre d'art contemporaine : Le Rossignol de Heinz. Cette création sonore est emblématique du travail atypique d'Éric Samakh, artiste né en 1959. Grâce à un capteur solaire, un module acoustique « analyse les paramètres climatiques qui influent sur le comportement d'un oiseau, et commande un lecteur de disque compact qui diffuse le chant d'un rossignol philomèle, enregistré au château de Sauvigny en mai 1990. » (Extrait d'une notice parue sur le site du Musée Rodin.)

     

     

     

    Erik Samakh est enseignant à l'école supérieure d'Art des Pyrénées et reconnu internationalement pour ses réalisations qui composent une alchimie d'éléments naturels et de technologies modernes. Grâce à des travaux très poussés sur le son, il cherche à établir un dialogue subtil entre l'homme et son environnement. Là où l'image est dominante, il s'emploie à attirer notre attention sur l'importance du son et l'art d'écouter.

     

     

     

     

     

     

    Comme vous le constatez, le square Georges Cain est un lieu particulièrement remarquable. En son coeur, se dresse « Île de France », beauté de bronze dont Aristide Maillol (1861-1944) fut le concepteur. Je vous conterai l'histoire de cette statue dans un prochain article.

     

     

     

    En attendant de vous retrouver, je vous souhaite plein de belles choses... Tendres pensées !

     

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    Je vous remercie pour vos gentils petits mots et je vous souhaite de belles vacances. Je n'ai pas encore pu passer vous voir sur vos blogs respectifs comme je l'aurais voulu mais n'oubliez pas que je pense à vous. J'allume très peu l'ordinateur et j'écris à petite vitesse à cause de mes problèmes aux yeux et des différents examens et soins subis ces derniers temps. Le repos m'est indispensable alors je vous donne rendez-vous à la rentrée. Prenez bien soin de vous, les ami(e)s !

     

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    L'été resplendit et les Alcea Rosea, (plantes vivaces de la famille des Malvacées), dressent avec générosité leurs puissantes hampes vers le ciel.

     

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    Rose d'Outremer, passerose, primerose, rose de Candie, rose de mai, rose-à-boutons, rose papale, bâton de roi, bâton de Jacob ou encore majorette, la rose trémière est une enchanteresse dont la beauté palpite où papillonne le vent. Son origine demeure incertaine mais les traités de botanique prétendent que les Croisés des XIIe et XIIIe siècles l'ont ramenée d'Orient. Les poètes savent qu'ensuite Zéphyr, Borée et leurs innombrables cousins ont fait le reste.

     

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    On la nomme passerose car elle est censée pousser quand les roses sont passées. C'était sûrement vrai autrefois mais avec les changements de saisons que nous connaissons, roses et roses trémières rivalisent simultanément de beauté.

     

    A la fois rêveuse et conquérante, elle s'approprie les toits, les venelles et l'ombre argentée que jettent les vieux murs devant eux. Rose bohémienne dont les graines ne sont pas domptées par une volonté d'asservir le paysage. Friande d'été, née au passage du vent mais se méfiant des bourrasques qui peuvent froisser ses velours et briser sa superbe, elle pare de couleurs intenses les lieux monotones et s'offre au visiteur de l'instant.

     

    La tradition rapporte que si l'on fait un vœu en jetant des graines d'alcea par-dessus son épaule gauche, on sera entendu par les fées...

     

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    Son nom de « rose trémière » est une altération de « rose d'outremer » mais où se situe le berceau de cette vivace herbacée ? En Asie centrale ou en Asie occidentale ? En Turquie ou en Palestine ? En Crète ou dans les Balkans ? A-t-elle été réellement rapportée des Croisades au XIIe ou au XIIIe siècle, importée de Chine au XVIe siècle ou semée par le vent, dans le Bassin Méditerranéen, il y a très très longtemps ? Bien des questions se posent mais quoi qu'il en soit, cette voyageuse aux origines complexes et incertaines a su préserver son mystère et se naturaliser dans de nombreux pays.

     

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    Frederic Childe Hassam (1859-1935) : Celia Thaxter Garden Appledore Isles of Shoals, 1890.

     

    La rose trémière a deux noms scientifiques : Alcea rosea et Althaea rosea qui dérive de « althainô » signifiant « je guéris » ou « je suis faite pour guérir ».

     

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    Althea rosa par Friedrich Gottlob Hayne (1763-1832), botaniste et pharmacien allemand.

     

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    Althaea rosa issue de l'Atlas des plantes exotiques et européennes illustré par D. Bois à Paris, en 1896.

     

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    Ornementale et médicinale, elle arbore de grandes et nombreuses fleurs simples, semi-doubles ou doubles et comestibles (j'y reviendrai), aux couleurs variées : rose, blanc, rouge, jaune, mauve, grenat ou encore violet tirant vers le noir…

     

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    Elle possède de longues tiges pubescentes (couvertes d'un duvet blanchâtre) qui soutiennent les feuilles vert clair et découpées peu profondément en 5 à 7 lobes dentés. Les fleurs apparaissent sur de courts pédoncules situés dans les aisselles supérieures des feuilles. Dotée de cinq pétales, la corolle évasée s'ouvre autour du pistil, formé de plusieurs carpelles soudés. Généralement bisannuelle, elle meurt après la fructification et se resème.

     

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    Riches en glucides, en amidon, en mucilages et en pectine, les fleurs de rose trémière contiennent aussi des matières minérales, des flavonoïdes, des tanins, des triterpènes et des traces d’huile essentielle.

     

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    Cousine de la guimauve officinale et des suaves hibiscus, la rose trémière est appréciée depuis fort longtemps par la médecine populaire qui lui prête des propriétés adoucissantes et pectorales mais également antipyrétiques (qui fait tomber la fièvre), veinotoniques, diurétiques, laxatives, digestives, émollientes (qui détend les tissus de l'organisme), astringentes, expectorantes, reminéralisantes, hydratantes et anti-inflammatoires. Le savoir oral et les livres anciens préconisaient l'usage de l'infusion de rose trémière pour soigner les angines et apaiser la toux. Les fumigations de jeunes fleurs étaient autrefois recommandées contre les maux d’oreilles persistants et les fleurs aux pétales grenat considérées comme les plus efficaces.

     

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    Dans les campagnes, les cataplasmes imbibés d'infusion ou de décoction légère de rose trémière étaient réputés apaiser les irritations de la peau (prurit), faire mûrir les furoncles, guérir les plaies et les lésions peu profondes. Les gargarismes d'infusion ont une efficacité observée contre les inflammations buccales.

     

    Dans la médecine asiatique, la décoction de rose trémière est utilisée pour fluidifier la circulation sanguine, soigner l'hématurie (présence de sang dans les urines), combattre la fièvre et calmer le syndrome prémenstruel.

     

    La fleur entre dans la composition de shampooings pour cheveux secs et cassants mais aussi de masques adaptés aux cuirs chevelus gras, de bains de bouche, de dentifrices, de crèmes anti-âge et de lotions florales apaisantes et hydratantes. Dans la Rome antique, elle était utilisée, sous forme d'onguent, pour nourrir les chevelures délicates.

     

    On l'utilisait autrefois pour teindre les tissus en lie-de-vin ou en violet et sa tige, riche en substances souples et fibreuses, entrait dans la fabrication de tissus, de cordages et de papier. Le vin doux additionné de tisane sucrée au miel était aussi très apprécié.

     

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    Outre les bords de routes, les jardins publics aiment accueillir sa floraison abondante comme par exemple à La Réunion où elle décore de nombreux espaces verts et elle est bien sûr indissociable de l'Île de Ré dont elle orne les rues avec la grâce qui la caractérise.

     

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    Chromo illustré par le peintre symboliste Gaston Bussière (1862-1928) pour décorer des boîtes de gaufrettes à la vanille. Image Delcampe.

     

    Comme je l'écrivais plus haut, la rose trémière est comestible. Ses pétales et ses boutons floraux, appréciés des gourmets, apportent des touches colorées aux salades. Les capitules peuvent aussi être cuisinés et les jeunes feuilles sont mangées crues ou cuites.

     

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    Roses trémières de Bercy

     

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    Dans le langage des fleurs, la rose trémière représente la simplicité de l'amour tout en évoquant l'ambition féminine et la puissance de création. Elle se répand très facilement et donne de riches couleurs à l'espace urbain.

     

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    On lui attribuait jadis le pouvoir de retrouver les objets égarés et de reconstituer les virginités perdues. A cet égard, les vieux grimoires conseillent de brûler une rose trémière séchée, de mêler ses cendres avec de la rosée matinale et du crottin de cheval puis de laisser reposer l'ensemble au soleil pendant au moins un mois pour obtenir une pommade aux vertus magiques... Les sorcières préparaient aussi un onguent à base de rose trémière, de pomme épineuse et de mouche cantharide (entre autres mélanges mystérieux) pour se rendre au sabbat.

     

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    En Chine, où elle est considérée comme un symbole de fertilité, elle est associée à la séduction féminine car elle dévoile sa beauté le long des chemins.

     

    Beauté que les poètes ont célébré, à l'instar de Verlaine (1844-1896) dans ses Poèmes saturniens...

    « Baiser !

    Rose trémière

    Au jardin des caresses,

    Vif accompagnement

    Sur le clavier

    Des dents ! »

     

    ...et de Gérard de Nerval (1808-1855) qui en fit à plusieurs reprises une compagne trouble et sauvage de la féminité.

     

    Artémis

     

    La Treizième revient... C'est encor la première ;

    Et c'est toujours la Seule, - ou c'est le seul moment :

    Car es-tu Reine, ô Toi! la première ou dernière ?

    Es-tu Roi, toi le seul ou le dernier amant ? ...

     

    Aimez qui vous aima du berceau dans la bière ;

    Celle que j'aimai seul m'aime encor tendrement :

    C'est la Mort - ou la Morte... Ô délice ! ô tourment !

    La rose qu'elle tient, c'est la Rose trémière.

     

    Sainte napolitaine aux mains pleines de feux,

    Rose au cœur violet, fleur de sainte Gudule,

    As-tu trouvé ta Croix dans le désert des cieux ?

     

    Roses blanches, tombez ! vous insultez nos Dieux,

    Tombez, fantômes blancs, de votre ciel qui brûle :

    - La sainte de l'abîme est plus sainte à mes yeux !

     

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    Je clos cette promenade sur le thème de la rose trémière en vous laissant contempler cette jolie porte, ornée de roses trémières et photographiée rue de Grenelle, dans les 6e et 7e arrondissements de Paris.

     

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    Grosses bises, je pense à vous et je vous dis « à bientôt » !

    Plume

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  • BLOGUEUSE EN CONVALESCENCE


    (Merci pour vos gentils petits mots. Je continue à cicatriser mais avec l'élévation des températures c'est plus difficile et mes plaies sont encore profondes. Je publie des articles courts en raison de mes problèmes oculaires. Je vous envoie de grosses bises. Prenez bien soin de vous...)

     

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    A proximité de la fontaine des Ruches (voir mon précédent article), on découvre ce petit pavillon qui abritait autrefois un café restaurant appelé « Buffet de la Pépinière ». Il fut réalisé, en 1867, dans l'enceinte du Jardin du Luxembourg, par l'architecte Gabriel Davioud (1823-1881).

     

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    Fervent représentant de l'éclectisme architectural en vogue sous Napoléon III (1808-1873), Davioud fut nommé, sous la direction du Baron Haussmann (1809-1891), Inspecteur général des travaux d'architecture de la ville de Paris et Architecte en Chef au service des Promenades et Plantations.

     

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    Image trouvée sur le site de la librairie Le Cabanon, spécialisée dans les ouvrages d'art, les livres anciens et les monographies d'architectes bien documentées.



    Sculpteur et paysagiste, il conçut, entre autres bâtiments remarquables, les plans des deux théâtres de la place du Châtelet et ceux du théâtre du Rond-Point Renaud-Barrault (ancien Panorama National réalisé pour l'Exposition Universelle de 1855, dans le 8e arrondissement de la capitale), les plans du Palais du Trocadéro (aujourd'hui détruit), de la Caserne et des Magasins Réunis de la Place de la République, la mairie du 19e arrondissement (place Armand Carrel), la fontaine de l'Observatoire, la fontaine Saint-Michel, la fontaine du Château d'Eau sur l'actuelle place Félix Éboué (ancienne place Daumesnil), les pavillons d'entrée du bois de Boulogne, les tribunes de Longchamp et plusieurs fabriques disséminées dans le parc des Buttes-Chaumont, comme le temple de la Sybille sur l'île du Belvédère (1869).

     

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    La fontaine Saint-Michel (il vous suffit de cliquer sur le lien associé pour lire mon article).

     

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     Un des lions de la place Félix Éboué (je vous en parlerai bientôt).

     

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     Le Théâtre du Châtelet



    Il orchestra, place du Châtelet, le déplacement de la fontaine du Palmier et créa de nombreux squares dans Paris : square des Batignolles, de Grenelle, de Montrouge, de Charonne, de Saint-Denis, square Pigalle, squares et fontaines des Champs-Élysées... Nous lui devons aussi la réalisation du théâtre d'Étampes (1851-1852), une grande quantité de mobilier urbain et les magnifiques grilles dorées du Parc Monceau (voir la photo ci-dessous).

     

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    Le pavillon Davioud accueille aujourd’hui des expositions de peinture et de sculpture, des conférences culturelles, les cours publics et gratuits de l’École d’Horticulture du Luxembourg et les cours payants de la Société Centrale d’Apiculture.

     

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    On aperçoit, à proximité, un élégant groupe sculpté appelé « Joies de la Famille ».

     

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    Un modèle en plâtre de l'oeuvre, appelé « Bonheur », fut présenté au Salon de 1885. L'ensemble définitif, en marbre et doté d'un nouveau nom, fut apprécié à l'Exposition Universelle de 1889.

     

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    Je vous souhaite de profiter, le plus agréablement possible, de cette deuxième partie du mois de juin. Bon courage à celles et ceux qui passent le bac et différents examens. Grosses bises et amicales pensées !

     

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    Plume

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    Solitaire, sensuelle, énigmatique... cette statue de marbre blanc signée Hélène Bertaux (1825-1909) se dresse, depuis 1923, dans les jardins du Luxembourg. La belle est une version moderne du personnage de Psyché, choisie pour exprimer le combat d'une femme d'exception, profondément engagée au service de l'art et des artistes.

     

    Elle évoque la ténacité de celles qui ont décidé d'embrasser une carrière artistique en dépit des obstacles dressés par la société. Madame Bertaux obtint pour cette œuvre une médaille d'or de première classe lors de l'Exposition Universelle de 1889 et fut la première femme sculpteur à voir son travail officiellement consacré.

     

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    Le grain de mes photos est un peu flou car la statue n'est pas accessible directement. Comme vous le constatez sur l'image ci-dessous, elle est éloignée du chemin emprunté par les visiteurs. J'ai utilisé les capacités maximales de mon zoom.

     

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    Déposé au Sénat en 1923, le marbre de Psyché fut exposé au Salon de 1889. Son modèle en plâtre, qui figura à l'Exposition Universelle de la même année, se trouve depuis 1891 au Musée de Sète où il a été envoyé par l'État.

     

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    Une répétition en bronze, propriété de la ville de Paris, a été placée sous le péristyle du Petit-Palais. Le public la découvrit lors de l'Exposition Universelle de 1900.

     

    Après 1850, le combat d'Hélène Bertaux fit écho au désir exprimé par de nombreuses femmes d'entrer dans les cercles artistiques. Certaines furent accueillies dans des cénacles « ouverts » mais il y eut dichotomie entre leur volonté d'exposer dans les Salons et la réelle considération qu'on leur accordait. On leur commandait peu d’œuvres personnelles, préférant les reléguer au rôle de copistes et les qualifier d'inspiratrices avec une formidable hypocrisie. On disait qu'elles n'avaient pas assez de qualités pour être des créatrices et on se demandait pourquoi elles souhaitaient l'être, elles qui étaient de ravissantes muses insufflant aux hommes le désir de les peindre... On pensait aussi que leurs connaissances en anatomie étaient limitées et qu'elles seraient choquées à la vue de corps déshabillés. Face à cette offensive artistique qui menaçait pour certains la suprématie masculine, Napoléon Ier (1769-1821) décida d'interdire aux femmes l'accès à l'école des Beaux-Arts mais les académies privées n'eurent pas cette rigidité. La mixité des étudiants et la nudité des modèles furent d'usage dans les cours dispensés par l'Académie Julian et l'Académie du sculpteur Filippo Colarossi.

     

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     L'Académie Julian en 1881, peinture de Marie Bashkirtseff (1858-1884), artiste ukrainienne.
    (Dnipropetrovsk State Art Museum.)

     

    École privée de peinture et de sculpture, l'Académie Julian fut fondée, en 1867, par le peintre français Rodolphe Julian (1839-1907). Elle accueillit de très nombreux artistes au début du XXe siècle.

     

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    Rodolphe Julian en 1893.

     

    Originellement située dans le passage des Panoramas (2e arrondissement), elle ouvrit un second atelier au numéro 31 de la rue du Dragon, dans le 6e arrondissement, et un troisième atelier, au numéro 51 de la rue Vivienne, où les jeunes femmes en quête d'apprentissage et de reconnaissance artistique furent accueillies à partir de 1880.

     

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    L'Académie en 1889

     

    L'École des Beaux-Arts n'appréciait pas ce qu'elle considérait comme une forme insupportable de provocation et de laxisme. Son administration se disait profondément choquée par l'intrusion des femmes dans la sphère artistique et par le fait qu'elles puissent étudier l'anatomie et peindre des hommes nus.

     

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    Exposition annuelle des élèves, en 1897, affiche de David Ossipovitch Widhopff (1867-1933).

     

    Outre la qualité de l'enseignement dispensé, l'Académie Julian attirait un grand nombre d'étudiants européens et américains, des artistes professionnels et des amateurs éclairés qui souhaitaient se perfectionner dans différentes disciplines. De grands noms comme Maurice Denis, Paul Sérusier, Marcel Duchamp, Henri Matisse, Jean Dubuffet, Pierre Bonnard, Édouard Vuillard (etc...) lui furent associés. La renommée des lieux favorisa l'accès des élèves aux Salons et leur présentation au Prix de Rome. Une aura sulfureuse entourait cette institution peuplée d'étudiants qui multipliaient, dans le but de heurter les moralisateurs, les manifestations artistiques que nous qualifierions aujourd'hui de « performances ». Les jeunes femmes inscrites revendiquaient aussi une libre sexualité et leurs rapports, tant artistiques qu'érotiques, avec les hommes des lieux étaient perçus comme une provocation envers les mœurs et les normes sociales. Ah, les bien-pensants, outre nous hérisser le poil à chaque époque de l'histoire, que font-ils d'autre ?!!! Heureusement que des esprits libres ont toujours existé, mettant un point d'honneur à aiguillonner ces insupportables donneurs de leçons dans le fondement de leur hypocrisie...

     

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    Les portes de l'Académie Julian fermèrent pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1959, Guillaume Met de Penninghen (1912-1990) et Jacques d’Andon firent l'acquisition des lieux et mirent en place un cursus destiné à préparer les étudiants aux exigences des grandes écoles d’Art. Alternative audacieuse à la rigidité de l'enseignement classique, l'Académie devint en 1968 l'École Supérieure d’Arts Graphiques ou ESAG Penninghen.

     

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    Le sculpteur italien Filippo Colarossi fonda, en 1870, l'Académie Colarossi au numéro 10 de la rue de la Grande-Chaumière. Son héritage artistique était celui de l'Académie de la Rose, ancienne « Académie de nu Suisse-Cabressol », créée en 1815 par Charles Suisse, peintre genevois et modèle du maître Jacques-Louis David (1748-1825) - à ne pas confondre avec l'architecte Charles Suisse (1846-1906). L'Académie de la Rose se situait à l'angle du quai des Orfèvres et du boulevard du Palais, sur l'île de la Cité. Un atelier établi au numéro 43 de l'avenue Victor Hugo, dans le 16e arrondissement, appartenait aussi à l'Académie Colarossi. Elle attira de nombreux élèves, déçus par l'atmosphère trop conservatrice qui régnait à l'École des Beaux-Arts. Jusqu'aux années 1930, hommes et femmes partagèrent un apprentissage de qualité, dans une libre atmosphère proche de celle qui régnait à l'Académie Julian.

     

    En 1907, l'Académie Colarossi nomma sa première femme professeur: l'artiste néo-zélandaise Frances Mary Hodgkins (1869-1947).

     

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    F. M. Hodgkins

     

    De même que Jeanne Hébuterne, la muse de Modigliani, Camille Claudel fit ses classes à l'Académie Colarossi. Dans cette ruche débordante d'audace et de créativité, où les expériences mêmes les plus singulières étaient acceptées, on trouvait, parmi un grand nombre d'étudiants étrangers, une majorité d'américains, de canadiens et de scandinaves.

     

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    Hélène Bertaux, le Printemps, 4e quart du XIXe siècle, musée Vivant Denon à Chalon sur Saône. Image culture.gouv.fr

     

    Sans la souplesse d'esprit des créateurs de l'Académie Julian et de l'Académie Colarossi conjuguée à l'opiniâtreté d'Hélène Bertaux, le talent des femmes artistes n'aurait jamais pu se manifester dans la deuxième moitié du XIXe siècle.

     

    Hélène Bertaux (Joséphine Charlotte Hélène Pilate) fit ses classes dans les ateliers de Pierre Hébert (1804-1869), son beau-père, sculpteur. Elle eut un fils d'un premier mariage puis elle épousa le sculpteur Léon Bertaux.

     

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    Hélène Bertaux photographiée par Émile Carjat en 1863,
    lors de sa conception de la maquette de la fontaine Léon Herbet pour la ville d'Amiens.

     

    Bien que considérée par ses maîtres comme une décoratrice émérite, elle connut des temps difficiles dans son atelier de la Butte Montmartre mais sa ténacité lui permit d'accéder à la reconnaissance publique en 1864 avec Le jeune gaulois captif pour lequel elle obtint la première médaille à l'Exposition Universelle des Beaux-Arts. Précédemment, ses propositions avaient été recalées. Elle souffrit sur le plan personnel et financier jusqu'à ce qu'elle se lie d'amitié avec un négociant en bronze appelé monsieur Paillard. Conscient de l'étendue de son talent, ce dernier lui permit d'être acceptée dans les meilleurs cénacles artistiques.

     

    Elle travailla pour des particuliers, reçut de nombreuses commandes pour le décor d'édifices publics et fut la première femme sculpteur à être officiellement consacrée pour son œuvre. En 1889, lors de l'Exposition Universelle, elle obtint la fameuse médaille d'or de première classe pour Psyché sous l'emprise du mystère.

     

    Elle réalisa deux frontons (La Navigation et la Législation) pour le nouveau Louvre, des bustes pour l'opéra Garnier, une statue en pied du peintre Jean-Baptiste Siméon Chardin (1699-1779) pour l'une des façades de l'Hôtel de Ville de Paris, des allégories des Saisons pour le parc Isadora Cousiño au Chili, un florilège de portraits, de médailles, d'objets religieux et une fontaine monumentale pour la ville d'Amiens.

     

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     Cette encre sur papier calque collé sur papier blanc, réalisée entre 1864 et 1874, a été attribuée à Aimé Duthoit (1803-1869) puis à Louis Duthoit (1807-1874). Elle représente la fontaine Herbet, autrefois située place Longueville à Amiens (Somme).

     

    En 1861, un certain monsieur Herbet-Briez fit don à la ville d'une somme conséquente, soit 20 000 francs, pour la création d’une fontaine dans un square, d’après une esquisse de son fils Léon Herbet. Inaugurée le 3 juillet 1864, la fontaine fut transférée en 1888 boulevard de Belfort, dans ce qu'on appelait les petits jardins, en raison de la construction d'un cirque place Longueville. Hélas, le 24 décembre 1941, la fontaine fut déposée et fondue.

    En vertu d'une loi promulguée par le Gouvernement de Vichy, le 11 octobre 1941, les statues métalliques non ferreuses devaient être fondues, ce qui fit disparaître de nombreuses sculptures dans les parcs et les jardins de France.

     

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     Le Jeune gaulois prisonnier, marbre de 1867. (Image culture.gouv.fr). Une répétition en bronze fut réalisée peu avant 1874 à partir du plâtre originel, daté de 1864. L’œuvre a d'autant plus marqué les esprits que les femmes, comme je l'écrivais tout à l'heure, n'accédaient pas aux cours de nu et d'anatomie.

     

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    Treize ans avant Psyché, une œuvre voluptueuse et délicate intitulée la Jeune baigneuse connut un succès retentissant. Ce marbre daté de 1876 est conservé au musée Vivant Denon à Chalon-sur-Saône. (Image culture.gouv.fr).

     

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    Hélène Bertaux travailla sans relâche à la reconnaissance du talent artistique féminin. Elle fut l'instigatrice, en 1873, des premiers cours de modelage ouverts aux femmes et inaugura, en 1879, une école féminine de peinture et de sculpture.

    En 1881, elle créa l'Union des Femmes Peintres et Sculpteurs qui acquirent, au fil de leurs expositions annuelles, une véritable reconnaissance. L'artiste Rosa Bonheur (1822-1899), médaillée d'honneur à l'Exposition Universelle de 1855, les surnomma « les sœurs du pinceau ».

     

    En 1893, Hélène Bertaux participa à l'Exposition Internationale de Chicago et devint en 1896 l'unique membre féminin du jury de sculpture du Salon des Artistes Français. En 1897, elle obtint l'ouverture officielle de l'École des Beaux-Arts aux femmes qui purent concourir au Prix de Rome à partir de 1903. Mais à l'instar de Marie Curie (1867-1934), elle se vit refuser l'accès à l'Institut qui bouda sa première candidature et rejeta d'office la seconde.

     

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    Le Printemps. Image culture.gouv.fr

     

    A partir de 1897, elle s'installa avec son époux dans le village sarthois de Saint-Michel de Chavaignes, au château de Lassay. Depuis 1909, elle repose dans le cimetière local.

     

    Si tant de femmes peuvent aujourd'hui librement créer et revendiquer le statut d'artiste, c'est bien grâce à Hélène Bertaux qui a su déployer des trésors de combativité, ne laissant jamais l'adversité émousser sa volonté, à une époque pas si éloignée de la nôtre. Sa Psyché sous l'emprise du mystère est un modèle de talent et de simplicité mais sa situation dans le Jardin du Luxembourg ne la met pas véritablement en valeur. A la différence des autres statues qui peuplent les lieux, elle est comme abandonnée au milieu d'une façade majestueuse et austère et semble inaccessible. La plupart des visiteurs ne remarquent pas cette œuvre épurée, symbole du combat pour l'émancipation féminine et la reconnaissance de talents qui le méritaient.

     

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    Sources et bibliographie

     

    Catalogue d'exposition au Grand Palais. La Femme peintre et sculpteur du XVIIe au XXe siècle. Paris, 1975.

     

    BONNET Marie-Jo : Les femmes artistes dans les avant-gardes, 2006, Odile Jacob.

     

    DEMONT-BRETON Virginie : La Femme dans l’art, Revue des revues, XVI, 1896.

     

    LAMI Stanislas : Dictionnaire des sculpteurs de l'École française au XIXe siècle, Paris, Honoré Champion, 4 volumes, 1914-1921.

     

    VACHON Marius : La Femme dans l’art. Les protectrices des arts, les femmes artistes. 1893, Paris, Rouam.

     

     

    Merci pour tous vos gentils messages, je vous souhaite un excellent mois de février...

    Plume

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    86 commentaires
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    Après avoir exploré l'histoire du négoce du vin à Bercy et contemplé les délicates facettes du Jardin Romantique, nous allons découvrir une autre « atmosphère » de ce parc atypique qui réunit trois espaces subtilement contrastés.

     

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     L'eau, la lumière et la végétation composent un fascinant écrin de soie verte.

     

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    Soie du paysage qui enveloppe ce petit hôtel à insectes. Ces « entomo-logis » sont de plus en plus nombreux dans les squares et les jardins de Paris.

     

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    Nous quittons le Jardin Romantique pour emprunter l'une des passerelles qui chevauche la rue Joseph Kessel.

     

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    Créée à l'occasion de l'aménagement de la partie est de la ZAC de Bercy, la rue fut appelée BW/12 avant de recevoir, par un arrêté municipal du 30 novembre 1992, le nom de Joseph Kessel (1898-1979), aventurier, résistant, journaliste, aviateur, écrivain et membre de l'Académie Française à partir de 1962.

     

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    Joseph Kessel et son chat Mustapha, en 1974.

     

    Avec son neveu Maurice Druon, (le créateur de la saga des Rois Maudits), il écrivit le sublime Chant des Partisans qui fut l'hymne de la Résistance, sur une musique d'Anna Marly L'oeuvre de cet infatigable baroudeur est impressionnante. Elle se compose d'environ quatre-vingts romans et d'une profusion d'articles et de récits de voyage inspirés par soixante années de reportages sur tous les continents. Kessel fut le témoin privilégié de procès comme ceux du Maréchal Pétain, de Nuremberg ou du criminel nazi Adolf Eichmann.

    L'inoubliable auteur du Lion (1953) et de l'Armée des Ombres (1944) est enterré au cimetière du Montparnasse (28e division).

     

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    La passerelle nous guide vers un labyrinthe de poésie végétale qui s'articule autour de neuf espaces ou carrés de culture appelés « Parterres de Bercy ». Bernard Huet, l'architecte paysagiste initiateur du projet, a souhaité retrouver « l'esprit du lieu », celui qui animait l'espace à l'époque dorée du négoce du vin. Il a aussi cherché à restituer le lien qui unissait autrefois l'eau et la terre et rendu hommage aux jardins à la française du château de Bercy, conçus par André Le Nôtre. (J'ai présenté ces broderies majestueuses dans un précédent article).

     

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    De grands arbres veillent sur notre promenade: platanes centenaires, hêtres, marronniers... Leur puissante verticalité domine les chaussées pavées qui se déployaient autrefois jusqu'au fleuve.

     

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    Plénitude estivale

     

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    Prémices d'automne

     

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     Avant de poursuivre notre chemin, nous profitons de l'ombre bienfaisante que nous offre cette pergola.

     

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     Héritée de l'Antiquité, cette structure élégamment parée de verdure abrite les rêveries et les conversations des visiteurs.

     

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     En cette belle journée d'été, mon imagination s'est lovée dans une jungle de volutes verdoyantes, irriguée par un agréable microclimat.

     

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    Le lieu est l'expression d'une idée maîtresse de Bernard Huet qui consistait à « produire du bien-être et à rendre l'espace, au-delà de tout intérêt spéculatif, à l'usage des promeneurs et des habitants. »

     

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    Au bord du petit canal qui longe la pergola, les arbres étaient investis par une myriade de cocons scintillants. La lumière tissait un spectacle envoûtant à travers ces habitacles soyeux.

     

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    Des oeuvres oniriques mais très urticantes...

     

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    Le spectacle n'attirait pas les promeneurs, à l'exception d'un monsieur intrigué par ces larves de chenilles et qui se demandait tout haut s'il s'agissait bien de chenilles processionnaires. Ces dernières apprécient plutôt de s'installer dans les pins dont elles dévorent les aiguilles...

     

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    Pendant que je contemplais ces trames mystérieuses, un jeune homme est passé près de moi. Une tristesse immense noyait son regard. Il est allé s'assoir sous la pergola (« assoir » est la nouvelle orthographe de « asseoir », petit clin d'oeil aux puristes qui pourraient me dire que j'ai oublié le « e » ).

     

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     Son chagrin tissait un mur invisible autour de lui. Je lui ai souhaité de « connaître soie sur soie » ou, d'après le Littré, « de vivre des choses agréables arrivant l'une sur l'autre ». J'ose espérer qu'à ce jour il va mieux.

     

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     En revoyant mes photos, j'ai songé à cette citation du peintre, écrivain et dramaturge suédois Johan August Strindberg (1849-1912): « Au fond, c'est ça la solitude: s'envelopper dans le cocon de son âme, se faire chrysalide et attendre la métamorphose, car elle arrive toujours. » Seul (1903).

     

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    Au-delà de la pergola, le jardin s'offre à travers une succession d'espaces qui évoquent la luxuriance et se parent de couleurs tantôt froides tantôt chaudes. Dédiés aux éléments, les allées, les parterres et les monuments célèbrent les puissances de la terre et les « forces météoriques »: l'eau, le feu et le vent.

     

    Le Printemps, l'Eau, le Vert

     

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    L'esprit du printemps rayonne dans le jardin des bulbes et tout autour de « la pyramide sous le lierre », maisonnette conique ou tumulus rappelant les habitations féeriques du Petit Peuple.

     

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    « Là où pousse le vert, cela signifie tout simplement la nature, la croissance positive... le sentiment du printemps. » Michel Pastoureau.

     

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    Le haut de ma photo est un peu noyé dans la lumière mais nous apercevons l'entrée de cette « fabrique » qui évoque les folies végétales du XVIIIe siècle.

     

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    Dans une atmosphère humide et semi-ombreuse, elle abrite une fougère arborescente, véritable « dinosaure végétal ».

     

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     Autour de la « pyramide sous le lierre », se déploient de fiers palmiers, des fleurs des champs et des totems, dressés par les jardiniers du parc, en hommage aux six continents.

     

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    Une jolie girouette et un petit moulin à vent complètent l'ensemble.

     

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    Ces palmiers luxuriants dominent les rues pavées, traversées par des rails sur lesquels circulaient autrefois les wagons chargés de précieux tonneaux de vin de Bourgogne et de Bordeaux.

     

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    L'Été, la Terre, le Noir

     

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    Associée à un petit labyrinthe de buis et à un jardin des senteurs, la roseraie est un des lieux les plus intimes et les plus élégants du parc. Couleur alchimique de la terre, le noir évoque ici les profondeurs fertiles du sol d'où émerge la vie, en ses velours d'été.

     

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     La rose, symbole de l'hédonisme, héroïne des cantiques mystérieux.

     

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     Délicat et puissant hommage des poètes à la beauté, à la jeunesse ravie aux griffes de la mort...

     

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     Suzeraine des vergers du Paradis.

     

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     Corbeille de félicité, écrin pour les métamorphoses de la lumière.

     

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     Rose d'aurore ou rose d'automne qui accueille en ses pétales la mémoire et les pensées de ceux qui furent...

     

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     Étoile ou calice des Innocents...

     

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     Née du sang d'Adonis (le seigneur de la végétation) ou fille de Cypris (Vénus) et des caresses de l'Amour.

     

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     Rose de Saadi ou d'Ispahan dont le baiser de feu emporte toute raison...

     

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     Muse des plaisirs des sens et de l'éveil spirituel.

     

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    Les amoureux, les rêveurs, les poètes, les initiés... goûtent ses parfums suaves et ses textures soyeuses ou veloutées.

     

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    Au centre du parc, à côté de la roseraie, se dresse la Maison du Jardinage.

     

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    Cet ancien bureau de perception des taxes est devenu un lieu incontournable pour les jardiniers de Paris. On y trouve une bibliothèque spécialisée dans l'art de jardiner, des herbiers, une serre et de précieux conseils.

     

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    Les jardiniers du parc y organisent des ateliers pour que les visiteurs mettent en pratique ce qu'ils ont appris à la Maison du Lac, dans le Jardin Romantique.

     

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    L'Automne, le Feu, le Rouge

     

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    La partie du parc consacrée à l'automne s'organise autour de cette haute cheminée de briques rouges que je vous ai déjà présentée.

     

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    Ces belles grappes évoquent le commerce du vin à Bercy et les nombreux métiers qui s'y trouvaient associés, comme en témoigne l'ancien chai conservé en bordure du potager pédagogique.

     

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    Le verger, bordé par l'orangerie, nous offre ses joyaux sucrés.

     

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    Ces « fruits d'or » rappellent la vogue des orangeries dans l'Italie de la Renaissance et la France des XVIIe et XVIIIe siècles. Si vous désirez approfondir le sujet, vous pouvez consulter mon article intitulé Les trésors de l'Orangerie Chapitre Un.

     

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    L'Hiver, l'Air, le Blanc

     

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    L'hiver est représenté par une construction appelée « Pavillon du Vent ». De hauts piliers de béton, destinés à entrer en résonance avec les humeurs de l'air, encadrent des instruments de mesure servant à étudier la vitesse de certains courants aériens.

     

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     Cette installation moderne est aussi un hommage aux très anciens cercles de pierre où nos Ancêtres célébraient les esprits et les dieux.

     

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    Le Parc de Bercy n'a pas fini de nous enchanter. On a beau s'y être promené de nombreuses fois, il continue de nous dévoiler ses visages plus secrets. Témoin vivant et évolutif d'une rencontre entre la création contemporaine et les constructions du passé, il rend hommage au travail des jardiniers qui, sans relâche, font vivre l'espace au rythme des saisons, conscients qu'une profonde sagesse naît de l'observation subtile des cycles de la Nature...

     

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    Je vous donne rendez-vous dans quelques jours afin de poursuivre notre « aventure » dans les méandres verts de Bercy.

     

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    Gros bisous!

    Plume

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