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    Le Mardi, on propose un poème chez LADY MARIANNE.

     

    Le thème du 15 Octobre est « Soleil Couchant », sur un choix de MAMYVEL ou thème libre...

     

    LE SAMEDI DU VILLAGE

     

    La jeune fille revient du fond des champs,

    Au soleil couchant

    Avec sa botte d'herbe, et serrant dans les doigts

    Quelques fleurs de violettes et de roses

    Dont elle veut orner,

    Comme elle en a coutume,

    Pour la fête, demain, ses cheveux et sa gorge.

    Près des voisines s'est assise

    Pour filer la vieille femme,

    Tournée vers où se perd le jour ;

    Elle en vient à conter sa jeunesse,

    Quand elle aussi se parait pour la fête

    Et qu'alors, agile et forte,

    Elle aimait à danser le soir parmi ceux

    Qui furent les amis de son bel âge.

     

    Déjà l'air entier s'obscurcit,

    L'azur serein devient sombre, et les ombres descendent

    Des toits et des collines

    Sous la blancheur de la lune à peine née.

    La cloche, à présent,

    Sonne la fête qui vient,

    Et l'on dirait à son chant

    Que le cœur se console.

    En bandes sur la place,

    Les enfants, avec des cris,

    Bondissent çà et là,

    Dans une gaie rumeur;

    Cependant que retourne à son pauvre foyer

    Le laboureur, qui siffle

    Et songe en lui-même à son jour de repos.

     

    Puis lorsque alentour tout flambeau s'est éteint,

    Et que tout bruit s'est tu,

    On entend les coups de marteau et la scie

    Du charpentier qui veille

    Dans sa boutique close, à la lanterne,

    Et se presse et s'affaire

    Pour achever l'ouvrage avant le clair de l'aube

     

    Ce jour est, des sept jours, le plus aimé,

    Plein d'espérance et de joie:

    Demain l'ennui, la tristesse

    Reviendront avec les heures; au labeur familier

    Chacun, dans sa pensée, fera retour.

    Enfant joueur et gai,

    Ton âge en fleur

    Est comme un jour plein d'allégresse,

    Jour lumineux, serein,

    Qui prélude à la fête de ta vie.

    Jouis-en, mon petit: âge suave,

    Saison joyeuse est la tienne.

    Et je ne dis pas plus; mais ne regrette pas

    Que ta fête tarde encore à venir.

     

    Poème de Giacomo Leopardi, écrit entre le 20 et le 29 septembre 1829 et traduit de l'italien par Michel Orcel, écrivain, éditeur, psychanalyste, musicologue, traducteur.

     

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    Artiste italien de grande renommée, presque aussi adulé que le célébrissime Dante Alighieri (1265-1321), Giacomo Leopardi (1798-1837) naquit le 29 juin 1798 à Recanati, dans les États Pontificaux et mourut le 14 juin 1837 à Naples, dans le Royaume des Deux Siciles. Il était poète, écrivain, philosophe, moraliste et il a marqué, de manière internationale, plusieurs générations d'auteurs.

     

    Il pratiquait une poésie imprégnée d'un lyrisme très personnel et il méditait, à travers son art, sur les mystères de l'existence. Il est considéré par les critiques littéraires comme un précurseur de l'Existentialisme.

     

    Il existe plusieurs formes d'Existentialisme mais la ligne maîtresse de ce courant littéraire et philosophique se fonde sur la pensée que l'être humain modèle par ses propres actions l'essence de sa vie. Il est censé être maître de ses actes et naviguer sur l'océan du Destin en choisissant d'agir en connaissance de cause. Ses valeurs ne sont pas prédéterminées.

     

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    L'action de ce poème, appelé « canzone libre », se situe au soleil couchant et elle met en scène une rencontre entre différentes phases de temps. Le temps de « la jeune fille qui revient du fond des champs » telle une émanation de la déesse Flore du Printemps et le temps de la femme âgée, la Crone du folklore, la fileuse, la Vecchierella, déesse de la parole magique et de l'Hiver envoûtant...

     

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    Coucher de soleil sur Paris...

     

    La jeune fille apporte des fleurs, des violettes et des roses, qui ne poussent pas en même temps, nous sommes dans un temps ensorcelé...

    La femme âgée, la fileuse, est la gardienne des souvenirs, celle qui tisse les secrets de la communauté. Elle voyage à travers le temps. Elle connaît les mystères du passé. Elle envoûte le présent et pour les temps futurs, elle incarne une sorte de prophétesse.

     

    Le soleil couchant est un monde à part, un territoire d'entre-deux qui annonce la fête où tout le monde va se retrouver, où des liens vont se tisser, où la musique et la danse vont faire naître l'Amour. C'est un soleil Saturnien, un soleil qui décline sous l'obédience de Saturne, le dieu du temps, souverain dont la magie n'épargne personne et qui apporte la connaissance aux Anciens.

     

    L'artiste rend hommage aux artisans, ceux qui créent sans relâche pour assurer la cohésion au sein de la communauté, ceux qui nourrissent, fabriquent le « nécessaire » du quotidien et veillent, à leur manière opiniâtre, sur les autres membres du clan. Leur dur labeur trouvera un peu de répit dans la fête, de l'autre côté du sablier...

     

    C'est un texte magnifique, écrit par un auteur plein de sensibilité...

     

    Je vous souhaite de belles journées d'octobre, vive la magie du soleil couchant !

     

    Gros bisous !

     

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    Plume

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    Le Mardi, on propose un poème chez Lady Marianne.

     

    Le thème du 1er Octobre est « Octobre et ses dérivés... » sur un choix de Colette Chouinard ou libre...

     

    Albert Samain, Octobre est doux…

     

    Octobre est doux. – L’hiver pèlerin s’achemine

    Au ciel où la dernière hirondelle s’étonne.

    Rêvons… le feu s’allume et la bise chantonne.

    Rêvons… le feu s’endort sous sa cendre d’hermine.

     

    L’abat-jour transparent de rose s’illumine.

    La vitre est noire sous l’averse monotone.

    Oh ! le doux « remember » en la chambre d’automne,

    Où des trumeaux défunts l’âme se dissémine.

     

    La ville est loin. Plus rien qu’un bruit sourd de voitures

    Qui meurt, mélancolique, aux plis lourds des tentures…

    Formons des rêves fins sur des miniatures.

     

    Vers de mauves lointains d’une douceur fanée

    Mon âme s’est perdue ; et l’Heure enrubannée

    Sonne cent ans à la pendule surannée…

     

    Albert Samain, Au jardin de l’Infante

     

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    J'aime dans ce poème l'écho d'une intense sensibilité.

    Les émotions qui fusent, la mélancolie et la beauté sans oublier une certaine forme de préciosité...

    Le poète écoute la voix des éléments. Il ressent les mouvements subtils du feu, entité qui donne lumière et chaleur au foyer, devenant le relais du soleil en automne.

    Le feu de l'âtre attise les manifestations de l'esprit du lieu, celui qui inspire l'artiste et nourrit les mots des conteurs et des conteuses.

    Octobre est le mois des couleurs qui dansent. La Nature se défeuille et les chemins se voilent, annonçant les cortèges brumeux de Novembre, les sensations furtives, les spectres des légendes. Tant de choses crépitent en ce poème, comme les braises dans la cheminée...

     

    Et doucement, tout s'alanguit...

     

    Mais avant, la Nature ourdit ses flamboyances !

     

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    Albert Samain (1858-1900) était un poète orfèvre, ciseleur de mots, sensible et élégant. Son art est lié au Symbolisme avec un sens de la composition très personnel.

     

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    Il naquit à Lille, dans une famille qui tenait un petit commerce de vins et de spiritueux. On le décrivait comme timide et doux, plutôt taciturne et avide de connaissances. Il perdit son père en 1868 et quand il eut 14 ans, il dut trouver un emploi pour aider sa famille. Il travailla comme saute-ruisseau chez un notaire (le saute-ruisseau était un jeune garçon chargé des courses dans une étude juridique) puis chez un courtier en sucre et dans une banque. Il fut autodidacte, passionné de belle langue française et aussi d'anglais et de grec.

     

    Il vécut à Paris à partir de 1880 et devint « expéditionnaire au bureau de l’Enseignement à l’Hôtel de Ville. » Très proche de son frère et de sa mère qui mourut en 1889, il manifesta tout au long de sa vie une angoisse profonde face aux maladies. Personnage attachant au tempérament solitaire, il parvint à « forcer sa nature » pour fréquenter les cercles de poésie et frayer parmi les clubs littéraires à la mode.

     

    Il admira profondément Baudelaire et en 1893, il publia un recueil intitulé « Au Jardin de l'Infante » qui fut salué par la critique.

     

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    Ses amis ne lui connurent aucune relation amoureuse. Il fut souvent triste et atteint de langueur mais il sut aussi s'émerveiller, s'éprendre des petits riens de la vie et ressentir de la joie devant la beauté des paysages et en lisant de la grande littérature.

     

    En 1898, il publia « Aux flancs du vase »et deux ans après, il mourut. En raison de son caractère secret, il demeure des zones d'ombre dans sa biographie...

     

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    MERCI beaucoup pour les messages que vous m'avez envoyés, chers Aminautes, je pense bien à vous moi aussi...

     

    Gros bisous et sourires d'amitié ! Je vous souhaite un doux mois d'octobre...

    Plume

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    Rendez-vous dans quelques jours, chers Aminautes.

    J'ai grand besoin de soigner les blessures occasionnées par ma pathologie...

    En attendant de vous retrouver, je vous dis « merci » pour vos gentils messages et votre sollicitude.

    Je pense bien à vous.

     

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    Le Mardi, on propose un poème chez Lady Marianne.

     

    Le thème du 24 septembre est « Automne et dérivés... » sur un choix de Mamykool ou libre...

     

     

    Villanelle

     

    Une feuille d'or,

    une feuille rousse,

    un frisson de mousse,

    sous le vent du nord.

     

    Quatre feuilles rousses,

    quatre feuilles d'or,

    le soleil s'endort

    dans la brume douce.

     

    Mille feuilles rousses,

    que le vent retrousse.

    Mille feuilles d'or

    sous mes arbres morts.

     

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    J'ai choisi ce poème d'Alain Debroise (1911-1999), auteur de comptines et de poésies pour son rythme enivrant, sa belle simplicité, sa musicalité... C'est ainsi que je ressens l'Automne, comme une explosion de couleurs dansées, un spectacle honorant la vie avant le profond sommeil de la Nature, un élan de cadences, un florilège de saveurs, une ritournelle... Un territoire où l'on évolue en se laissant porter par des énergies ardentes, en regardant le grand ballet des feuilles qui nous éblouit de lumière et de félicité !

     

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    Alain Debroise participa, dans les années 1980, à la création du Cercle Angevin de Poésie qui édite depuis ce temps une très belle revue appelée Volutes. Le poème Villanelle est issu du recueil intitulé « Deux sous d'oubliettes » et publié en 1960.

     

    Ce poème est ce qu'on appelle une villanelle, une forme littéraire dansante, une poésie courte évoquant le genre agréable de la pastorale et d'anciennes danses rustiques dont la mélodie, très rythmée, restait en tête et sur les lèvres.

     

    Il existe plusieurs sortes de villanelles, plus ou moins complexes au niveau du nombre de vers et de couplets. Les poètes accommodent à leur guise ce genre de pièce d'écriture mais souvent, les villanelles se composent de quatre couplets de huit vers (la villanelle d'Alain Debroise est plus courte mais se butine avec autant de plaisir) et le dernier ou les deux derniers vers du premier couplet sont répétés pour former un refrain.

     

    Sous la plume de l'artiste, le thème de l'Automne entre joliment en résonance avec le rythme intense et doux de la villanelle, mot chantant qui dérive du terme italien « villanella » conçu à partir du latin villanus : le paysan. La villanelle fut très à la mode au XVIe siècle. Elle évoquait l'Amour et ses frivolités délicieuses, les flux du désir, les charmes de la femme ainsi que des réflexions sur le temps et ses mystères. Des poètes de la Renaissance et du XVIIe siècle en ont développé la vogue, à l'instar de Jacques Grévin, Honoré d'Urfé, Étienne Jodelle, Joachim Du Bellay, Mellin de Saint-Gelais, Jean Passerat, Philippe Desportes...

     

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    Gros bisous et à bientôt après une pause santé plus que nécessaire...

    Belles pensées pour vous !

    Plume

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    Le Mardi, on propose un poème chez Lady Marianne

     

    Le thème du 17 septembre est « Couleurs de sept-ciel-soleil... » sur un choix de Covix.

     

    Arc-en-ciel

     

    « Comme saute sauterelle

    J’ai sauté si haut

    Que j’arrive sur le dos

    D’un bel arc-en-ciel

     

    Rouge, orange, jaune

    Vert, bleu, indigo

    Violet, joli dôme

    Couleurs berlingots

     

    Il faut que je redescende

    Tout cet escalier

    Mais les marches sont trop grandes

    Pour mes petits pieds

     

    C’est la fin de mon voyage

    Sur cet arc-en-ciel

    Ma maison est en nuage

    En coton de miel

     

    Rouge, orange, jaune

    Vert, bleu, indigo

    Violet, joli dôme

    Couleurs berlingots

     

    Tu pourras voir ma maison

    Quand vient le soleil

    Percer la pluie d’un rayon

    Paraît l’arc-en-ciel

     

    Rouge, orange, jaune

    Vert, bleu, indigo

    Violet, joli dôme

    Couleurs berlingots »

     

    ©Bernard Pithon

     

    Bernard Pithon est un poète et un musicien, amoureux des mots, familier des Compagnons de la Chanson et de la chanteuse Mannick. Il fait partie du groupe Tourlandry.

     

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    Un poème, une chanson

    Des mots qui rient, donnent le ton

    D'un beau voyage sur les ailes

    De l'arc-en-ciel

    Couleurs fugaces à butiner,

    Couleurs bonbons,

    Inspiration...

     

    J'ai choisi le texte de Bernard Pithon parce qu'il s'adresse, plein de vie, aux enfants et à nos cœurs d'enfants dans une réalité d'adultes. La scénographie de l'arc-en-ciel y est décrite avec une simplicité rayonnante, en résonance avec les couleurs de ce photométéore qui évoque la magie de Dame Nature.

     

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    Vue depuis ma fenêtre

     

    L'Arc-en-Ciel ou Écharpe d'Iris résulte, d'après Isaac Newton (1642-1727) de la diffusion de la lumière du soleil à travers une myriade de gouttelettes en suspension qui forment les nuages. Ce phénomène optique et atmosphérique comporte bien plus de sept couleurs mais l’œil humain ne peut toutes les percevoir. Il y a notamment de nombreuses nuances de pourpre mais indécelables pour nos capacités de vision.

     

    Cette symphonie de violet, d'indigo, de bleu, de vert, de jaune, d'orangé et de rouge s'élabore sous l'obédience d'Iris, la messagère des dieux de l'Olympe, déesse qui déroulait entre ciel et terre le pont de l'arc-en-ciel. Dans l'Athènes antique, on lui consacrait des jardins d'iris odorants, fleurs élégantes, destinées à apporter l'amour et à stimuler la chance.

     

    Déesse psychopompe, Iris conduisait les âmes féminines vers le Paradis grâce à une ceinture ou à une écharpe magique aux couleurs irisées. Les âmes masculines étaient guidées, quant à elles, par le dieu Hermès.

     

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    Iris, gardienne de l'arc-en-ciel, par l'illustratrice ©Joséphine Wall.

     

     

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    Image Pinterest

     

    Dans la mythologie scandinave, il existe un pont arc-en-ciel nommé BIFROST ou ASBRU. Créé par les dieux comme une passerelle entre la Terre (Midgard) et Asgard, la résidence divine, il est gardé par un guetteur redoutable nommé Heimdall, que l'on appelle aussi « l’Ase blanc ». Conçu par Odin, le seigneur des dieux et par neuf vagues personnifiées, Heimdall est celui qui repousse les potentiels assauts des Géants venus de la terre montagneuse. Sa vigilance et sa sensibilité sont telles qu'il entend l'herbe pousser, la laine croître sur le dos des moutons et qu'il voit, nuit et jour, à plus de 160 kilomètres.

    C'est avec son cor, l'impressionnant Gjallarhorn, qu'il souffle pour réunir les dieux lors du Ragnarök, le Crépuscule des Puissances.

     

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    « Bifröst Brücke » par © Weiß Stefan, artiste spécialisé en peinture mythologique.

     

    Voie magique chevauchée par les dieux et les héros dans de nombreuses civilisations, l'arc-en-ciel est un pont de rêves à emprunter entre folklore et réalité. J'ai en préparation l'écriture d'un article à ce sujet. En attendant de le publier, je vous laisse imaginer au pied de l'arc-en-ciel le facétieux Leprechaun Irlandais qui dissimule un pot rempli d'or, une perle accordant la chance ou un plat en argent exauçant les désirs... Certains essayent de déterrer ce trésor et le Leprechaun s'en amuse... Une quête qui invite à savourer les petits bonheurs et les joies simples de l'instant présent. Les vraies richesses à partager avec ceux qu'on aime...

     

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    A très bientôt, gros bisous !

    Plume

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     Le Mardi, on propose un poème chez Lady Marianne

     

    Le thème du 10 septembre concerne « les derniers jours d'été-adieu l'été », sur une proposition de Mamykool, ou on peut préférer un thème libre

     

    Voici mon choix, pour dire « au revoir à l'été » :

     

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    Stephan George (1866-1933), On dit que les jardins sont morts

     

    « On dit que les jardins sont morts ; viens et regarde

    Le reflet de ces bords lointains et souriants ;

    Et des nuages purs l'azur inespéré

    Éclaire les étangs et les couleurs des sentes.

     

    Prends ce jaune profond, le moelleux de ces gris

    Parmi les buis et les bouleaux ; la brise est tiède ;

    Tardives ne sont point encore flétries les roses,

    Choisis-les, baise-les et tresse la couronne.

     

    Songe à n'oublier point les derniers des asters

    Ni la pourpre enroulée à la vigne sauvage

    Prends ce qui reste encor de vivante verdure

    Fonds-le d'un doigt léger dans l'image automnale. »

     

    Stefan George, poème écrit en 1897, issu de L'Année de l'Âme, Das Jahr der Seele.

     

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    Stefan George par Curt Stoeving (1863–1939) sur Artnet.

     

    Poète, linguiste et traducteur allemand, Stefan George (1866-1933) fut l'une des figures du Symbolisme, un défenseur des théories de l'Art pour l'Art et un émule des visions philosophiques de Friedrich Nietzsche (1844-1900).

     

    Ami et élève du poète Stéphane Mallarmé (1842-1898), il traduisit des œuvres majeures de la littérature comme L'Enfer de Dante, les pièces de William Shakespeare, les poèmes de Baudelaire, de Mallarmé et de Rimbaud...

     

    Marquant son opposition au nazisme, il s'exila en Suisse. Son influence se poursuivit en Allemagne mais il ne fut pas apprécié de tous les amateurs de poésie et certains intellectuels ont malmené verbalement son talent.

     

    Les artistes symbolistes s'efforçaient de déchiffrer les mystères du monde à travers une conception spirituelle de l'art. Le Symbolisme voulait dépasser différentes certitudes affichées par le matérialisme scientifique. Les adeptes cherchaient l'essence de l'art à travers une forme subtile de musicalité, perceptible au cœur des mots. Leurs thèmes fétiches étaient l'ésotérisme, la mythologie, le mystère, la mort, la vie secrète des choses, la mécanique changeante et le rythme envoûtant des saisons, les espaces temps intermédiaires comme le crépuscule... Passionnés de symboles et d'images à la manière d'un artiste comme Baudelaire qui traduisit cette effusion créatrice, notamment dans ses Correspondances, ils voulaient établir des passerelles entre le visible et l'invisible. Ils privilégiaient le vers libre.

     

    Le poème que j'ai choisi évoque avec sensibilité le passage entre les saisons, le lien subtil entre les temps que l'on ressent quand on se promène dans un jardin ou au cœur de la Nature. La fin de l'été n'appelle pas des larmes et des regrets mais la vie sous d'autres couleurs. La vie ne finit pas quand l'été se termine, elle se métamorphose, annonçant une parade luxuriante et flamboyante...

     

    Une autre page à écrire avec les pigments soyeux et veloutés de l'Automne...

     

    Belles pensées pour vous qui passez par ici... Merci...

     

     

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