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    Je continue la tradition du Poème du Mardi, un rendez-vous que j'apprécie beaucoup, en souvenir de Lady Marianne, avec des pensées d'amitié...

     

    J'aime les atmosphères changeantes, en différentes saisons, aussi ce poème m'a-t-il envoûtée. Le poète nous conte une vision mythologique du soir, territoire d'entre-deux qui happe les promeneurs dans la trame d'un jardin où, doucement, s'endorment les statues.

     

    J'ai choisi pour illustrer ce texte des photos prises, sur des chemins de campagne et dans plusieurs jardins de Paris et d'Île de France, à la tombée du soir...

     

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    C’est un beau soir, couleur de rose et d’ambre clair

    Le temple d’Adonis, en haut du promontoire,

    Découpe sur fond d’or sa colonnade noire,

    Et la première étoile a brillé sur la mer...

     

    Pendant qu’un roseau pur module un lent accord

    Là-bas, Pan, accoudé sur les monts se soulève

    Pour voir danser pieds nus les nymphes sur la grève

    Et des vaisseaux d’Asie embaument le vieux port...

     

    Des femmes, épuisant tout bas l’heure incertaine

    Causent, l’urne appuyée au bord de la fontaine,

    Et des bœufs accouplés délaissent les sillons...

     

    La nuit vient parfumée aux roses de Syrie

    Et Diane au croissant clair ce soir en rêverie,

    Au fond des grands bois noirs qu’argente un long rayon

     

    Baise ineffablement les yeux d’Endymion.

     

     

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    Albert Samain (1858-1900) était un poète orfèvre, ciseleur de mots, sensible et élégant. Son art est lié au Symbolisme avec un sens de la composition très personnel.

     

    Il naquit à Lille, dans une famille qui tenait un petit commerce de vins et de spiritueux. On le décrivait comme timide et doux, plutôt taciturne et avide de connaissances. Il perdit son père en 1868 et quand il eut 14 ans, il dut trouver un emploi pour aider sa famille. Il travailla comme saute-ruisseau chez un notaire (le saute-ruisseau était un jeune garçon chargé des courses dans une étude juridique) puis chez un courtier en sucre et dans une banque. Il fut autodidacte, passionné de belle langue française et aussi d'anglais et de grec.

     

    Il vécut à Paris à partir de 1880 et devint « expéditionnaire au bureau de l’Enseignement à l’Hôtel de Ville. » Très proche de son frère et de sa mère qui mourut en 1889, il manifesta tout au long de sa vie une angoisse profonde face aux maladies. Personnage attachant au tempérament solitaire, il parvint à « forcer sa nature » pour fréquenter les cercles de poésie et frayer parmi les clubs littéraires à la mode.

     

    Il admira profondément Baudelaire et en 1893, il publia un recueil intitulé « Au Jardin de l'Infante » qui fut salué par la critique.

     

    Ses amis ne lui connurent aucune relation amoureuse. Il fut souvent triste et atteint de langueur mais il sut aussi s'émerveiller, s'éprendre des petits riens de la vie et ressentir de la joie devant la beauté des paysages et en lisant de la grande littérature.

     

    En 1898, il publia « Aux flancs du vase »et deux ans après, il mourut. En raison de son caractère secret, il demeure une part très importante de zones d'ombre dans sa biographie...

     

     

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    Il évoque très joliment le Soir et les Amours de Diane/Séléné et Endymion qui composent un thème fort séduisant dans la mythologie. Amours sensuelles et fantasmagoriques qui dessinent, avec élégance et romantisme, la magie des instants changeants.

     

    Séléné, la Lune, appelée aussi Diane, Artémis ou Méné, sœur d'Hélios/Apollon, le Soleil, est réputée faire venir le Soir en flottant dans les airs. Elle s'élève de l'Océan Primordial, superbement belle et parfois ailée, en fonction des auteurs de l'Antiquité. De ses vêtements émane une lumière précieuse que l'on voit luire au crépuscule.

    Elle prend place dans un char de nacre et d'argent et de fiers destriers aux crinières brillantes composent son équipage.

     

    Un soir, elle rencontre Endymion, un personnage qui se situe à la croisée de plusieurs légendes. L'une d'elles fait de lui un jeune prince qui s'endormit dans la forêt ou dans une grotte. Il apparaît aussi comme un berger doté d'une beauté sans pareille. Séléné s'éprit de lui, les choses se compliquèrent... Pour résumer, Endymion reste éternellement jeune en dormant d'un sommeil magique et Séléné vient chaque soir le visiter et le couvrir de sa lumière opalescente... Ainsi l'Humanité se prépare-t-elle au rêve et à la traversée du domaine de la Nuit...

     

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    Belles pensées pour vous, chers Aminautes ! Que le Soir vous envoûte de sa Magie...

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    Je continue avec plaisir la tradition du Poème du Mardi, un rendez-vous que j'aime beaucoup, en souvenir de Lady Marianne, avec des pensées pour sa famille et ses ami(e)s.

     

    Pour ce mardi 18 février, j'ai choisi un poème d'Esther Granek (1927-2016), grande dame de la poésie et survivante de la Shoah, qui nous invite à célébrer notre Terre, avec le cœur, l'esprit, la subtilité de nos sens. Un poème pour prendre conscience de ce qui nous entoure et préserver, de toutes nos forces, la beauté de notre Mère Nature. Ces mots magnifiques évoquent le Carpe Diem, l'un des thèmes qui m'est le plus cher dans l'existence. J'ai souhaité l'illustrer avec quelques photos de Nature butinées dans la Ville.

     

    Après l’Homme

     

    « Après l’Homme, après l’Homme,

    Qui dira aux fleurs comment elles se nomment ?

    Après l’Homme, après l’Homme,

    quand aura passé l’heure de vie du dernier Homme.

     

    Qui dira aux fleurs

    combien elles sont belles ?

    N’y aura-t-il de cœur

    à battre pour elles.

     

    Après l’Homme, après l’Homme,

    que sera encore le mot « merveilleux » ?

    Après l’Homme, après l’Homme,

    quand le dernier des hommes aura vidé les lieux.

     

    Qui dira de la Terre

    Qu’elle est sans pareille

    et que dans l’Univers

    elle est fleur de Soleil ?

     

    Après l’Homme, après l’Homme…

     

    Viens-t’en donc pour lors,

    viens-t’en donc l’ami,

    et chantons encore

    le jour d’aujourd’hui. »

     

    Esther Granek, De la pensée aux mots, 1997.

     

     

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    ©Christian Schloé, Precious Life

     

    Nature dans la Ville... Des petits trésors à contempler, à préserver, à savourer au gré des saisons... Notre Terre est si précieuse !

     

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    La beauté romantique du camélia doucement se révèle... Du rose, du blanc nacré, du vert lui emboîtent le pas.

     

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    Des perles, de la soie, des dentelles tissent des chemins de rêverie...

     

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    Des arbres immenses, des frondaisons séculaires s'offrent aux promeneurs de l'instant.

     

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    Ainsi qu'une entrée vers le monde des lutins...

     

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    Les Corneilles gardiennes sont parfois des chuchoteuses de secrets...

     

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    Pendant qu'un Héron fait sa vigie dans le ciel bleu de Paris !

     

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    Belles pensées pour vous, chers Aminautes et douce journée...

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    Je continue avec plaisir la tradition du Poème du Mardi... avec des pensées pour Lady Marianne.

     

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    Frayer sur l'onde aquatique en compagnie d'un si bel oiseau... C'est une invitation au voyage poétique !

     

    Pour le mardi 28 janvier, j'ai choisi ce poème de Sully Prudhomme dont les mots glissent, aussi soyeux que des plumes de cygne, sur nos lacs imaginaires...

     

    « Sans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes,

    Le cygne chasse l'onde avec ses larges palmes,

    Et glisse. Le duvet de ses flancs est pareil

    À des neiges d'avril qui croulent au soleil ;

    Mais, ferme et d'un blanc mat, vibrant sous le zéphire,

    Sa grande aile l'entraîne ainsi qu'un lent navire.

    Il dresse son beau col au-dessus des roseaux,

    Le plonge, le promène allongé sur les eaux,

    Le courbe gracieux comme un profil d'acanthe,

    Et cache son bec noir dans sa gorge éclatante.

    Tantôt le long des pins, séjour d'ombre et de paix,

    Il serpente, et laissant les herbages épais

    Traîner derrière lui comme une chevelure,

    Il va d'une tardive et languissante allure ;

    La grotte où le poète écoute ce qu'il sent,

    Et la source qui pleure un éternel absent,

    Lui plaisent : il y rôde ; une feuille de saule

    En silence tombée effleure son épaule ;

    Tantôt il pousse au large, et, loin du bois obscur,

    Superbe, gouvernant du côté de l'azur,

    Il choisit, pour fêter sa blancheur qu'il admire,

    La place éblouissante où le soleil se mire.

    Puis, quand les bords de l'eau ne se distinguent plus,

    À l'heure où toute forme est un spectre confus,

    Où l'horizon brunit, rayé d'un long trait rouge,

    Alors que pas un jonc, pas un glaïeul ne bouge,

    Que les rainettes font dans l'air serein leur bruit

    Et que la luciole au clair de lune luit,

    L'oiseau, dans le lac sombre, où sous lui se reflète

    La splendeur d'une nuit lactée et violette,

    Comme un vase d'argent parmi des diamants,

    Dort, la tête sous l'aile, entre deux firmaments. »

     

    Sully Prudhomme (1839-1907), Le Cygne, poème issu du recueil « Les Solitudes » paru en 1869.

     

     

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    -René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme ou Sully-Prudhomme (1839-1907), fut un poète et un philosophe très apprécié en son temps, premier lauréat du prix Nobel de Littérature, en 1901.

     

    -Désirant devenir ingénieur mais obligé d'arrêter ses études scientifiques en raison de problèmes oculaires, il fut diplômé en droit et travailla chez un notaire. Sa vocation littéraire fut encouragée par son appartenance à une société étudiante : « La Conférence La Bruyère » où la lecture de ses poèmes reçut un bel accueil.

     

    -Le critique littéraire et écrivain Romantique Charles Augustin Sainte-Beuve (1804-1869) salua la qualité de son premier recueil, intitulé Stances et Poèmes et publié en 1865.

     

    -Sully Prudhomme écrivit de nombreux poèmes dans la veine du Parnasse puis il se consacra avec vigueur à la philosophie.

     

    -Il fut élu membre de l'Académie française en 1881 et, le 10 décembre 1901, il devint le premier auteur à recevoir le Prix Nobel de Littérature. Avec l'argent dont il bénéficia, il fonda un prix de poésie et s'employa à encourager les jeunes écrivains.

     

    -En 1902, il créa la Société des poètes français avec ses amis Léon Dierx et José-Maria de Heredia. Généreux et sensible, écœuré par les injustices, il fut l'un des premiers partisans de Dreyfus et donna cours, tout au long de sa vie, à sa passion pour les arts. De santé très fragile, il ne se maria jamais et n'eut pas d'enfants. Il mourut le 6 septembre 1907 après une longue série d'attaques de paralysie. Il repose au cimetière du Père-Lachaise.

     

     

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    Incarnation de la beauté, de la pureté, de l'élégance, le Cygne en sa blancheur glisse sur le miroir des eaux et représente l'harmonie pour de nombreuses civilisations. Il est également perçu comme un symbole d'amour éternel. En effet, le cygne est monogame et grâce à son long cou doté de 24 vertèbres souples, quand il s'approche d'un cygne aimé et que leurs becs se touchent, leurs silhouettes forment un cœur.

     

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    ©Kirt Reinert

     

    Le cygne est par excellence une créature du Sidh ou Sidhe, l'Autre Monde Celtique. Lié au Sidh de manière subtile, il est un enchanteur et le passager d'un univers magique qui se compose de territoires associés à la sylve et d'espaces aquatiques mystérieux.

     

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    Les habitants du Sidh se métamorphosent pour se rendre dans le monde humain ou pour en revenir et plusieurs d'entre eux choisissent, à cet égard, de revêtir l'apparence du cygne. Ainsi, les femmes cygnes des mondes celtiques et nordiques sont-elles de puissantes enchanteresses, des prophétesses et des gardiennes des secrets offerts par les dieux.

     

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    ©Kirk Reinert

     

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    En Irlande, le thème magique du cygne est inhérent à la légende des filles du roi Llyr. En Scandinavie, dans la chanson mythique du forgeron Volund, le héros éponyme épouse une femme cygne et ses frères s'unissent à des femmes cygnes que l'on peut assimiler à des Walkyries.

     

    Les Femmes Cygnes, les Bansidh (messagères du Sidh), les Walkyries sont des entités liées au Destin. Au service d'Odin, le seigneur des dieux nordiques, elles survolent les champs de bataille et attirent les âmes des guerriers les plus valeureux pour les emmener au Walhalla, la halle des héros afin qu'ils participent au Ragnarök, le Crépuscule des Puissances.

     

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    Les jeunes femmes cygnes, 1894, par Walter Crane (1845-1915)

     

    Les Walkyries (Valkyrja en vieux norrois), « celles qui désignent ceux qui sont occis », ont souvent un corps de cygne et peuvent reprendre à leur guise forme humaine. Ce corps se nomme âlptarhanni : « chemise de cygne ».

     

    Souvent, dans les mondes du Nord, un héros rencontre un dieu ou une déesse qui a pris la forme d'un cygne. C'est le cas de Bran, héros voyageur irlandais qui, dans le Voyage ou l'Épopée de Bran, fait la connaissance du dieu de la mer Manannán Mac Lir, doté de plusieurs apparences animales. Il est tour à tour cygne blanc, dragon, loup, cerf aux cornes d'argent, phoque et saumon tacheté...

     

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    Dans l'Antiquité gréco-romaine, le cygne est l'oiseau familier de Léda, fille du roi Thestios d'Etolie. Considérée comme « la plus belle femme de Grèce », elle fut aimée de Zeus qui vint à elle sous l'apparence d'un cygne. Elle fut la mère des Dioscures, les jumeaux divins Castor et Pollux.

     

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    Léda et le Cygne par Léonard de Vinci (1452-1519), vers 1515-1516.

     

    Oiseau du Passage, le Cygne est lié aussi bien à la Lune qu'au Soleil. Symbole alchimique, il représente la puissance de transformation du Mercure Primordial, il est « positif » mais pour les Chrétiens, le cygne est beaucoup plus ambivalent. Il est l'emblème du Christ qui agonise sur la croix, ce qui l'associe à la lumière céleste et il est également considéré comme une image des faux dévôts. Le cygne était rejeté du Paradis en raison de l'importance qu'il possédait dans les anciens mondes païens. Pour les chrétiens, les enchanteresses du Nord n'étaient que de viles sorcières et le cygne, un oiseau capable d'apporter la damnation !

     

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    Sous son aspect solaire, le cygne est l'attribut des dieux Apollon et Balder. Dans la mythologie gréco-romaine, Apollon est le Soleil, le dieu de la divination, de la musique, des arts et des archers, le frère jumeau de Diane/Artémis, la Lune et Balder, fils d'Odin (seigneur des dieux) et de Frigg (maîtresse de la fécondité), dans la mythologie nordique, est le dieu de la jeunesse et de la lumière.

     

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    Revenons à sa symbolique pré-chrétienne. J'aime particulièrement la légende d'Aengus, le dieu irlandais de l'Amour, des Songes et de la Beauté.

     

    Aengus (Oengus ou Mac Oc), le fils du dieu suprême Dagda, avait vu le jour en Irlande, à NewGrange, dans le Comté de Meath et fut élevé parmi les Tuatha Dé Danann, les dieux ancêtres magiciens, appelés « gens de la déesse Dana ».

     

    Chaque nuit, au creux du sommeil, Aengus rêvait d'une ravissante jeune femme à la peau douce et nacrée, aux longs cheveux dorés et aux yeux brillants et sombres comme de l'obsidienne ou du jais. Son cou oscillait gracieusement. Elle souriait puis semblait triste et elle l'appelait avec sensualité pour qu'il la rejoigne. Le cœur d'Aengus s'affolait. Il croyait se rapprocher d'elle et soudain, elle s'évaporait dans l'atmosphère comme un fantôme.

     

    Aengus se réveillait, enfiévré et pendant la journée, il la cherchait mais quand le soir venait, il était toujours seul et dévoré par l'intensité de son désir et de son amour. Au fil du temps, il se dit qu'il ne la trouverait jamais et il en fut si triste que tout dieu qu'il était, il sombra dans une mélancolie qui l'affaiblit considérablement.

     

    Les Tuatha Dé Danann, les ancêtres dotés de magie qui l'avaient élevé, s'émurent de sa situation. Ils se lancèrent à leur tour dans des recherches et trois ans plus tard, ils parvinrent à trouver la magnifique jeune femme. Il s'agissait d'une fée, sensible et farouche, qui vivait près d'un lac. Elle se nommait Caer et elle était victime d'un sort qui la changeait en cygne le jour. Le sort ne pouvait être brisé même par des dieux aussi puissants que le Tuatha Dé Danann car de ce sort dépendait un équilibre dans le monde magique. Caer avait été choisie quand elle était fillette. Elle ne reprenait forme humaine que pendant la nuit mais elle ne pouvait quitter l'environnement du lac aussi était-elle dans l'impossibilité de se rendre auprès d'Aengus dont elle était tombée amoureuse à travers les rêves.

     

    Les Tuatha Dé Danann s'empressèrent d'envoyer un messager auprès d'Aengus qui recouvrit sa vitalité dès qu'il sut que Caer existait bel et bien et qu'elle pensait à lui. Mais pour vivre et s'accoupler avec elle, il devait accepter de subir le même sort. Il le fit sans la moindre hésitation et sans regret aucun. Il devint cygne le jour afin de voguer sur l'eau du lac avec Caer et chaque nuit, Aengus et Caer s'aimaient sous leur apparence humaine. Ils eurent une jolie lignée d'enfants magiques...

     

    Sur ces notes romantiques, je vous souhaite une belle dernière semaine de Janvier. En attendant les charmes et les giboulées de Février, je vous adresse mes meilleures pensées !

     

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    ©Liga Klavina

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    Je continue avec plaisir la tradition du Poème du Mardi... avec des pensées pour Lady Marianne.

     

    J'ai choisi ce texte en m'imaginant suivre le cours de cette petite rivière de poésie... Aller gambader, caracoler, papillonner au bord de l'eau qui chante et laisser toute perturbation derrière soi... Quel bonheur de ressentir la vie ainsi, une vie qui pétille dans le charme des couleurs et la symphonie des reflets aquatiques.

     

    « La petite rivière, bleue

    Si peu que le ciel ait d'azur,

    D'ici fait encore une lieue,

    Puis verse au fleuve son flot pur.

     

    Plus grande, elle serait moins douce,

    Elle n'aurait pas la lenteur

    Qui dans les herbes mène et pousse

    Son cours délicat et chanteur.

     

    Elle n'aurait pas de prairies

    Plus vertes si près de la main,

    Non plus que ces berges fleuries

    Où marque à peine le chemin.

     

    Ni le silence si paisible,

    Ni parmi les plantes des eaux

    L'étroit chenal presque invisible

    Entre les joncs et les roseaux.

     

    Et le moulin qui sort des branches

    N'aurait pas à bruire ailleurs

    Plus d'eau dans ses palettes blanches,

    Ni plus de mousses et de fleurs.

     

    La petite rivière est gaie

    Ou mélancolique, suivant

    Qu'un oiseau chante dans la haie

    Ou qu'il pleut et qu'il fait du vent.

     

    Selon l'heure, joyeuse ou triste,

    Couleur du soir ou du matin,

    Comme une charmeuse elle insiste,

    Lorsque l'œil la perd au lointain,

     

    Derrière le saule incolore

    Ou le vert des grands peupliers,

    A montrer une fois encore

    Ses caprices inoubliés.

     

    Albert Mérat

     

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    J'aime énormément cette petite rivière. Je ressens son énergie bienfaisante à travers la lecture du poème d'Albert Mérat (1840-1909), poète parnassien plutôt méconnu du grand public.

     

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    Dans sa jeunesse, Albert Mérat fit des études de Droit puis il travailla à la Préfecture de la Seine. Passionné de poésie, il fréquenta les milieux littéraires et rencontra Paul Verlaine avec qui il tissa des liens profonds. Il fut apprécié de son vivant pour son talent mais à la différence d'autres poètes de son temps, il fut oublié ensuite dans nombre d'ouvrages et malmené par la postérité.

     

    Rimbaud le qualifia « d'artiste visionnaire », Verlaine lui dédia un poème appelé « Jadis » et il fut l'auteur de plusieurs poésies pour la revue intitulée « Le Parnasse Contemporain ».

     

    Le mouvement littéraire du Parnasse naquit sur une opposition aux effets lyriques du Romantisme. Le chef de file de cette école d'art et de pensée fut Leconte de Lisle et ses membres principaux furent Théodore de Banville, Théophile Gautier, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, José Maria de Heredia, Stéphane Mallarmé, Sully Prud'homme, François Coppée... Il y eut aussi Baudelaire dont la manière et le talent s'aventurèrent jusqu'au Symbolisme.

     

    La Poésie Parnassienne décrit et explore la vie de manière pittoresque, en faisant appel à un sens solide et scientifique de l'observation. Elle englobe souvent des notions historiques et archéologiques mais nombre d'artistes liés au Parnasse ont développé un art plein de fougue et de sensibilité, loin des grands effets de style et de certaines froideurs associées aux Sciences dont pourtant ils se réclamaient.

     

    Albert Mérat eut une vie riche sur un plan artistique et il partagea une belle amitié avec Verlaine. En revanche, ses relations furent plus tendues avec Rimbaud. Dans la dernière partie de sa vie, nommé Chevalier de la Légion d'honneur il devint bibliothécaire au Palais du Luxembourg, l'actuel Sénat.

     

     

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    Mes photos illustrant ce billet vous montrent bien une « Petite Rivière ». Il s'agit du Petit Rosne de Sarcelles, la rivière qui coule dans ma ville. Depuis peu d'années, le Petit Rosne revit. Il a été oublié pendant très longtemps, on l'avait transformé en cloaque et enterré depuis le début du XIXe siècle. Désormais, son chant se fait entendre avec un aménagement qui fait plaisir aux habitants de Sarcelles.

     

    Grâce à un projet chapeauté par le SIAH (Syndicat Intercommunal pour l’Aménagement Hydraulique des Vallées du Croult et du Petit Rosne, créé en 1945) et la ville de Sarcelles, le Petit Rosne a été nettoyé, réaménagé et il coule à ciel ouvert.

     

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    Le Petit Rosne naît à Bouffémont, au pied de la forêt de Montmorency et se charge des eaux de ruissellement venant de petits cours d'eau dotés de noms pittoresques : le Ruisseau des Quarante-Sous, le Ruisseau des Longs-Prés...

     

    Au Ier siècle de notre ère, des thermes gallo-romains furent installés sur ses berges et il fut qualifié, quelques temps plus tard, de « Fluvio Rodono », un vocable celtique.

     

    Au IXe siècle, après une donation effectuée par Eudes, le roi des Francs, l'eau du Petit Rosne irrigua un paysage où se dressaient des moulins à blé. Il traversait une vallée fertile et bien placée pour les échanges commerciaux avec la capitale. Le blé obtenu par les meuniers était de qualité et au début du XVIIIe siècle apparurent des moulins à tissu. Mais au XIXe siècle, les machines utilisant l'électricité et la vapeur détruisirent les industries de la région.

     

    Les moulins périclitèrent, la pollution s'installa et les rivières locales, à l'instar du Petit Rosne, furent condamnées, enterrées, effacées des mémoires de nombreux habitants. Cependant, en 1929, une terrible inondation eut lieu à Sarcelles-Village et en 1992, le Village fut noyé sous 1,60 mètres d'eau.

     

     

    Le Petit Rosne est aujourd'hui bien présent, avec sérénité, dans le paysage urbain, à l'instar d'un autre cours d'eau dont il est l'affluent, le Croult. Cela est le résultat d'un travail de longue haleine, comme vous vous en doutez.

     

    J'aime me promener sur les berges agréablement recréées et cheminer à travers une jolie petite zone humide peuplée de mares miniatures, d'un « ponton pédagogique », d'une « passerelle-observatoire » et agrémentée d'une végétation composée « d'espèces autochtones comme l’épilobe à grandes fleurs, l'eupatoire chanvrine, le roseau commun, la lysimaque commune, le fenouil d’eau, la salicaire commune, la menthe aquatique, le jonc hérissé...

     

    Je suis contente de vous montrer notre Petit Rosne, je l'apprécie beaucoup...

     

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    Mon ami le rocher au bord de l'eau, voyez-vous son visage ?

     

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    Notre Petit Rosne en pleine ville, se dirigeant vers les Halles du Marché de Sarcelles.

     

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    De l'autre côté, vers la passerelle-observatoire.

     

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    Gros bisous, chers Aminautes !

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    Vue sur le Pont du Carrousel et au-delà, le Musée d'Orsay.

     

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    En souvenir de Lady Marianne, avec émotion et Amitié... Voici mon choix de poème pour le mardi 14 janvier :

     

    La Seine a rencontré Paris

     

    J'ai choisi ce poème vivant et imagé, cette déclaration d'amour intense à la Seine et à Paris signée Jacques Prévert (1900-1977)et issue du Recueil intitulé « Choses et Autres ».

     

    Je vous souhaite une belle lecture...

     

    « Qui est là

    Toujours là dans la ville

    Et qui pourtant sans cesse arrive

    Et qui pourtant sans cesse s’en va

     

    C’est un fleuve

    répond un enfant

    un devineur de devinettes

    Et puis l’œil brillant il ajoute

    Et le fleuve s’appelle la Seine

    Quand la ville s’appelle Paris

    et la Seine c’est comme une personne

    Des fois elle court elle va très vite

    elle presse le pas quand tombe le soir

    Des fois au printemps elle s’arrête

    et vous regarde comme un miroir

    et elle pleure si vous pleurez

    ou sourit pour vous consoler

    et toujours elle éclate de rire

    quand arrive le soleil d’été

     

    La Seine dit un chat

    c’est une chatte

    elle ronronne en me frôlant

    Ou peut-être que c’est une souris

    qui joue avec moi puis s’enfuit

    La Seine c’est une belle fille de dans le temps

    une jolie fille du French Cancan

    dit un très vieil Old Man River

    un gentleman de la misère

    et dans l’écume du sillage

    d’un lui aussi très vieux chaland

    il retrouve les galantes images

    du bon vieux temps tout froufroutant

     

    La Seine

    dit un manœuvre

    un homme de peine de rêves de muscles et de sueur

    La Seine c’est une usine

    La Seine c’est le labeur

    En amont en aval toujours la même manivelle

    des fortunes de pinard de charbon et de blé

    qui remontent et descendent le fleuve

    en suivant le cours de la Bourse

    des fortunes de bouteilles et de verre brisé

    des trésors de ferraille rouillée

    de vieux lits-cages abandonnés

    ré-cu-pé-rés

    La Seine

    c’est une usine

    même quand c’est la fraîcheur

    c’est toujours le labeur

    c’est une chanson qui coule de source

    Elle a la voix de la jeunesse

    dit une amoureuse en souriant

    une amoureuse du Vert-Galant

    Une amoureuse de l’île des cygnes

    se dit la même chose en rêvant

     

    La Seine

    je la connais comme si je l’avais faite

    dit un pilote de remorqueur au bleu de chauffe

    tout bariolé

    tout bariolé de mazout et de soleil et de fumée

    Un jour elle est folle de son corps

    elle appelle ça le mascaret

    le lendemain elle roupille comme un loir

    et c’est tout comme un parquet bien briqué

    Scabreuse dangereuse tumultueuse et rêveuse

    par-dessus le marché

    Voilà comment qu’elle est

    Malice caresse romance tendresse caprice

    vacherie paresse

    Si ça vous intéresse c’est son vrai pedigree

     

    La Seine

    c’est un fleuve comme un autre

    dit d’une voix désabusée un monsieur correct et

    blasé

    l’un des tout premiers passagers du grand tout

    dernier bateau-mouche touristique et pasteurisé

    un fleuve avec des ponts des docks des quais

    un fleuve avec des remous des égouts et de temps à

    autre un noyé

    quand ce n’est pas un chien crevé

    avec des pêcheurs à la ligne

    et qui n’attrapent rien jamais

    un fleuve comme un autre et je suis le premier à le

    déplorer

     

    Et la Seine qui l’entend sourit

    et puis s’éloigne en chantonnant

    Un fleuve comme un autre

    un cours d’eau comme un autre cours d’eau

    des glaciers et des torrents

    et des lacs souterrains et des neiges fondues

    des nuages disparus

    Un fleuve comme un autre

    comme la Durance ou le Guadalquivir

    ou l’Amazone ou la Moselle

    le Rhin la Tamise ou le Nil

    Un fleuve comme le fleuve Amour

    comme le fleuve Amour

    chante la Seine épanouie

    et la nuit la Voix lactée l’accompagne de sa tendre

    rumeur dorée

    et aussi la voix ferrée de son doux fracas coutumier

     

    Comme le fleuve Amour

    vous l’entendez la belle

    vous l’entendez roucouler

    dit un grand seigneur des berges

    un estivant du quai de la Râpée

    le fleuve Amour tu parles si je m’en balance

    c’est pas un fleuve la Seine

    c’est l’amour en personne

    c’est ma petite rivière à moi

    mon petit point du jour

    mon petit tour du monde

    les vacances de ma vie

    Et le Louvre avec les Tuileries la Tour Eiffel la Tour

    Pointue et Notre-Dame de l’Obélisque

    la gare de Lyon ou d’Austerlitz

    c’est mes châteaux de la Loire

    la Seine

    c’est ma Riviera

    et moi je suis son vrai touriste

     

    Et quand elle coule froide et nue en hurlante plainte

    contre inconnu

    faudrait que j’aie mauvaise mémoire

    pour l’appeler détresse misère ou désespoir

    Faut tout de même pas confondre les contes de fées et

    les cauchemars

    Aussi

    quand dessous le Pont-Neuf le vent du dernier jour

    soufflera ma bougie

    quand je me retirerai des affaires de la vie

    quand je serai définitivement à mon aise

    au grand palace des allongés

    à Bagneux au Père-Lachaise

    je sourirai et me dirai

     

    Il était une fois la Seine

    il était une fois

    il était une fois l’amour

    il était une fois le malheur

    et une autre fois l’oubli

     

    Il était une fois la Seine

    Il était une fois la vie »

     

     

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    Ce poème nous emmène en voyage. Je l'ai choisi comme introduction à mon prochain billet qui sera consacré à la Seine, un univers à part entière.

    Cet univers, Jacques Prévert nous le conte avec son immense talent de poète populaire et de scénariste au langage riche et familier, truffé de jeux de mots qui caracolent dans la tête et le cœur.

     

    Les émotions des artistes, des promeneurs et des habitants de Paris entrent en résonance avec les mouvements de l'eau et cela dure depuis des temps immémoriaux. Nous verrons cela dans quelques jours...

     

    En attendant, pour le plaisir, voici quelques uns des visages de Dame Seine...

     

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    En bordure de l'Île Saint-Louis...

     

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    Vue sur le Pont Alexandre III

     

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    La Seine a vraiment une myriade d'aspects fascinants...

     

    Merci de votre fidélité chers Aminautes ! Belles pensées et gros bisous !

    Plume

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    24 commentaires


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