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    Je continue la tradition du Poème du Mardi, un rendez-vous que j'apprécie beaucoup, en souvenir de Lady Marianne, avec des pensées d'amitié...

     

    J'ai choisi pour ce mardi 19 mai un poème d'Anatole France, un de mes poètes préférés. Il est consacré aux Arbres, les Arbres qui m'ont tant manqué pendant le confinement... Je sais qu'ils ont manqué à une infinité de personnes... J'ai pu aller me promener en faisant attention à mon bras et j'ai pris un immense plaisir à ressentir cette énergie verte...

     

    Je partage donc ce poème, illustré par des photos réalisées lors d'une promenade dans ma ville de Sarcelles, lundi 18 mai. La Nature était en pleine émulsion de vie, les bâtiments se fondaient dans le vert... Je me suis régalée au bal des chênes, des charmes, des châtaigniers, des saules, des peupliers, des platanes, des bouleaux, des chèvrefeuilles, des hêtres... et je n'oublie pas les fleurs que je vous montrerai dans de prochains billets... J'espère que ces photos vous diront que je pense fort à vous !

     

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    « Ô vous qui, dans la paix et la grâce fleuris,

    Animez et les champs et vos forêts natales,

    Enfants silencieux des races végétales,

    Beaux arbres, de rosée et de soleil nourris,

     

    La Volupté par qui toute race animée

    Est conçue et se dresse à la clarté du jour,

    La mère aux flancs divins de qui sortit l'Amour,

    Exhale aussi sur vous son haleine embaumée.

     

    Fils des fleurs, vous naissez comme nous du Désir,

    Et le Désir, aux jours sacrés des fleurs écloses,

    Sait rassembler votre âme éparse dans les choses,

    Votre âme qui se cherche et ne se peut saisir.

     

    Et, tout enveloppés dans la sourde matière

    Au limon paternel retenus par les pieds,

    Vers la vie aspirant, vous la multipliez,

    Sans achever de naître en votre vie entière. »

     

    Anatole France (1844-1924)

     

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    Romancier, nouvelliste et critique littéraire, François-Anatole Thibault, dit Anatole France, était le fils d'un libraire apprécié par les frères Goncourt et de célèbres écrivains.

     

    En 1881, il connut le succès avec Le Crime de Sylvestre Bonnard, un roman où le héros est un érudit lové dans sa bibliothèque, « distrait, lunaire, aimable et souvent naïf ».

     

    Il écrivit une Tétralogie de l'Histoire Contemporaine, quatre romans dont le héros se nomme Bergeret et qui apparaît « comme un juste panorama de la France sous la IIIe République (1870-1940) et tout particulièrement pendant l'Affaire Dreyfus.

     

    En 1892, dans L'Île des Pingouins, Anatole France imagine un érudit qui se retrouve sur une île entièrement peuplée de pingouins. Il se met à les baptiser, « ce qui provoque un grand remue-ménage au Paradis Chrétien ».

     

    Élu à l'Académie Française en 1896, il fut romancier, chroniqueur, critique littéraire, collectionneur féru d’antiquités...

     

    En 1908, dans Les dieux ont soif, « il fit le procès des excès de la Terreur, qu'il imputa d'ailleurs non pas tant à la Révolution elle-même qu'à la nature humaine et en 1931, il reçut le Prix Nobel de Littérature pour l’ensemble de son œuvre.

     

    Il fut honoré, « en contradiction avec ses dispositions testamentaires » par des obsèques nationales à Paris, le 18 octobre 1924, puis inhumé à Neuilly-sur-Seine dans le caveau familial.

     

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    Il aima profondément la Nature et ses splendeurs, considérées comme des cadeaux offerts à l'Humanité...

     

    Prenons-en soin...

     

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    J'avais tant besoin de Vert ! Je me suis enivrée de cette promenade...

     

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    Le jardin public de Sarcelles est encore fermé (nous sommes en zone rouge) mais la ville est pleine d'arbres, heureusement...

     

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    La Nature est créative !

     

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    Si luxuriante et parfumée...

     

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    Gorgée de lumière, généreuse et artiste !

     

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    Merci de votre fidélité, prenez bien soin de vous, gros bisous !

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    A proximité des Champs-Élysées, dans un joli carré de nature où s'épanouissent arbres et fleurs, se dresse une fontaine couronnée par une statue de la déesse Vénus. Rêveuse et sensuelle, élégante et à demi-dénudée, elle apprête sa longue chevelure.

     

    Elle me plaît tout particulièrement pour illustrer le Poème du Mardi, un rendez-vous que j'aime partager avec vous, en souvenir de Lady Marianne qui manque beaucoup à ses ami(e)s de la blogosphère...

     

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    J'ai choisi, pour ce mardi 12 mai, un poème de Guillaume Apollinaire (1880-1918), issu du recueil intitulé « Poèmes à Lou ». Des mots qui célèbrent un immense amour, incarné par Louise de Coligny-Châtillon (1881-1963) qui fut l'une des premières aviatrices françaises.

     

    « Ô mon très cher amour, toi mon œuvre et que j'aime,

    A jamais j'allumai le feu de ton regard,

    Je t'aime comme j'aime une belle œuvre d'art,

    Une noble statue, un magique poème.

     

    Tu seras, mon aimée, un témoin de moi-même.

    Je te crée à jamais pour qu'après mon départ,

    Tu transmettes mon nom aux hommes en retard

    Toi, la vie et l'amour, ma gloire et mon emblème;

     

    Et je suis soucieux de ta grande beauté

    Bien plus que tu ne peux toi-même en être fière:

    C'est moi qui l'ai conçue et faite toute entière.

     

    Ainsi, belle œuvre d'art, nos amours ont été

    Et seront l'ornement du ciel et de la terre,

    O toi, ma créature et ma divinité ! »

     

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    En septembre 1914, Apollinaire rencontra Louise et s'éprit d'elle follement. Les deux amants s'aimèrent à Nice, passionnément et Louise devint la muse et la déesse du poète qui s'engagea dans l'armée.

     

    Apollinaire continua d'écrire à Louise depuis le front où il était artilleur. Exaltant la fièvre de leurs sentiments, il lui dédia des poèmes profondément érotiques qui se heurtèrent aux mœurs prudes de la société de l'époque. À travers Louise, il exalta la femme charnelle, l'amour physique lié à la déesse Vénus, l'Aphrodite des temps anciens, déité de tous les plaisirs...

     

    Vénus guida la plume du poète à travers une autre série de correspondances épistolaires enflammées dédiées à Madeleine Pagès (1892-1965) qui fut la fiancée d'Apollinaire...

     

     

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    La fontaine de Vénus ou fontaine des Ambassadeurs (nommée ainsi en souvenir du Café des Ambassadeurs, établissement célèbre dans le Faubourg Saint-Honoré au XVIIIe siècle où évoluaient de nombreux diplomates étrangers) apparaît parmi les arbres, près de l'Espace Cardin que j'évoquerai davantage dans un autre billet.

     

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    Appuyée sur un piédestal paré de coquillages, la déesse jaillit parmi les roseaux, dominant une vasque décorée de feuillages, d'oves, d'entrelacs et de douze mascarons en forme de têtes de lions. Elle vient de prendre son bain et prend soin de sa longue chevelure.

     

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    Elle fut réalisée, en 1840, par Francisque-Joseph Duret (1804-1865), l'auteur du superbe groupe sculpté intitulé « Saint-Michel affrontant le Démon » qui décore la fontaine Saint-Michel au cœur du Quartier Latin.

     

    http://maplumefeedansparis.eklablog.com/la-fontaine-saint-michel-a107259126

     

    Francisque-Joseph Duret fut l'un de nos plus grands sculpteurs. Élève de son père, le sculpteur François Joseph Duret (1732–1816), et du maître François Joseph Bosio (1768-1845), il devint, en 1823, Premier Prix de Rome et fut ensuite sollicité pour de nombreuses commandes publiques. Il créa des œuvres majestueuses, inspirées de l'Antiquité Gréco-Romaine et des arts florentins de la Renaissance, pour le Louvre, l'Hôtel de Ville de Paris, le Palais de Justice, le Palais de la Bourse, le Théâtre Français… Il enseigna à l'École des Beaux-Arts à partir de 1852 et forma une myriade d'élèves talentueux qui acquirent la célébrité comme Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), Jules Dalou (1838-1902), Henri Chapu (1833-1891)...

     

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    Nous devons l'architecture de la fontaine à Jacques-Ignace Hittorff (1792-1867), le concepteur des fontaines de la Place de la Concorde, de l'aménagement de la Place incluant l'installation de l'Obélisque, de nombreux immeubles de la rue de Rivoli, d'avenues somptuaires et de la Gare du Nord...

     

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    La vasque dominée par la déesse Vénus est soutenue par quatre dauphins qui représentent les forces aquatiques, la luxuriance et la fécondité.

     

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    Delphinos, dans la mythologie de la mer, est l'un des familiers d'Aphrodite/Vénus et aussi l'ami, le confident d'Amphitrite, l'épouse de Poséidon, le seigneur des flots.

     

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    Nous devons les ornements en bronze de la fontaine à François-Étienne Calla (1762-1836) qui fut l'un des plus importants fondeurs d'art de notre pays. Grand industriel, inventeur et mécanicien émérite, il établit à Paris d'impressionnants ateliers dédiés à la construction de machines-outils et de machines à vapeur. Il réalisa des fontes ornementales pour de prestigieux monuments de la capitale : Le Panthéon, l'église de la Madeleine, les fontaines de la promenade des Champs-Élysées, la fontaine Louvois face à la Bibliothèque Nationale Richelieu...

     

    Les ornements signés Calla sont considérés comme des trésors architecturaux.

     

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    Je vous laisse en compagnie de la séduisante Vénus/Aphrodite et vous souhaite de très belles journées de Mai... J'espère pour nous de la sérénité et que nous puissions respirer dans des endroits où règne de l'espace... Profitons bien des petits bonheurs qui s'épanouissent et merci à vous pour les gentils messages !

     

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    Je continue la tradition du Poème du Mardi, un rendez-vous que j'apprécie beaucoup, en souvenir de Lady Marianne...

     

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    J'ai choisi un poème d'André Chénier, « Invocation à la Poésie ». La Poésie, fille de l'Inspiration, y est perçue comme une Nymphe, esprit de fécondité, médiatrice entre le monde humain et celui des dieux.

     

    J'illustre ce billet avec des photos d'une statue appelée « La Nymphe », visible au Jardin des Tuileries. Photos prises au fil des saisons et que je n'avais pas encore publiées.

     

    « Nymphe tendre et vermeille, ô jeune Poésie !

    Quel bois est aujourd’hui ta retraite choisie ?

    Quelles fleurs, près d’une onde où s’égarent tes pas,

    Se courbent mollement sous tes pieds délicats ?

    Où te faut-il chercher ? Vois la saison nouvelle :

    Sur son visage blanc quelle pourpre étincelle !

    L’hirondelle a chanté ; Zéphyr est de retour :

    Il revient en dansant ; il ramène l’amour.

    L’ombre, les prés, les fleurs, c’est sa douce famille,

    Et Jupiter se plaît à contempler sa fille,

    Cette terre où partout, sous tes doigts gracieux,

    S’empressent de germer des vers mélodieux.

    Le fleuve qui s’étend dans les vallons humides

    Roule pour toi des vers doux, sonores, liquides.

    Des vers, s’ouvrant en foule aux regards du soleil,

    Sont ce peuple de fleurs au calice vermeil.

    Et les monts, en torrents qui blanchissent leurs cimes,

    Lancent des vers brillants dans le fond des abîmes. »

     

    André Marie de Chénier (1762-1794)

     

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    Esprit brillant, André Marie de Chénier réussit haut la main ses études littéraires classiques au prestigieux Collège de Navarre à Paris. La poésie fit palpiter son âme, inspirée par sa enfance voyageuse... Il naquit à Constantinople (sa mère était grecque, son père français) et fut élevé, entre légendes et histoires locales, dans la cité de Carcassonne.

     

    Il aima profondément la littérature antique et la mythologie gréco-romaine. Il commença à écrire très tôt et, suite à un chagrin d'amour et une tentative inaboutie de carrière dans l'armée, il reprit ses habitudes de voyageur, explorant les beautés de l'Italie et les paysages emblématiques de la Suisse. Il fut par la suite journaliste et philosophe et devint un auteur incontournable du Journal de Paris. Désireux de sauver le roi Louis XVI (1754-1793), il s'impliqua dans sa défense auprès du magistrat Malesherbes (1721-1794).

     

    Ses opinions monarchiques et sa tentative d'aider le roi le mirent en danger. Il dut fuir Paris pendant l'été 1792 et fut arrêté à Passy, le 7 mars 1794. On l'expédia à la prison Saint Lazare où il fut condamné à mort par le Tribunal Révolutionnaire. Il fut guillotiné à Paris le 7 Thermidor de l’an II (25 juillet 1794) à l’âge de 31 ans.

     

    Il est toujours considéré comme l'un de nos plus grands poètes...

     

     

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    Beauté de marbre, la Nymphe des Tuileries fut sculptée en 1866 par Louis Auguste Lévêque (1814-1875) et installée en 1872 à proximité du Louvre et du Jardin du Carrousel. Commandée par Napoléon III (1808-1873), elle s'est parée des traits de l'impératrice Eugénie de Montijo (1826-1920).

     

    Elle a été photographiée par Eugène Atget (1857-1927), vers 1905.

     

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    La photo se trouve au Musée Carnavalet, musée de l'histoire de la ville de Paris.

     

    Cette Nymphe, émanation de l'impératrice Eugénie, est représentée en train de regarder son chien, un braque, en train de boire dans un plan d'eau imaginaire. (Il serait bien qu'on lui refasse des mains, la pauvre!)

     

     

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    Vous apprécierez sûrement ce beau toutou accompagnant sa maîtresse et si la Symbolique du Chien en Orient et aussi en Occident vous intéresse, j'ai écrit il y a quelques temps un article à ce sujet.

     http://chimereecarlate.over-blog.com/2019/02/de-l-annee-du-chien-a-l-annee-du-cochon-entre-orient-et-occident-un-passage-riche-de-symboles.html

     

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     La Nymphe, pendant l'hiver 2019... Dans sa blancheur marmoréenne, en résonance avec les nacres de la neige.

     

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    Merci pour vos gentils messages,

     

    Belles pensées pour vous et ceux que vous aimez, gros bisous !

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    Je continue la tradition du Poème du Mardi, un rendez-vous que j'apprécie beaucoup, en souvenir de Lady Marianne, avec des pensées d'amitié...

     

    J'ai choisi pour ce mardi 14 avril non pas un mais trois poèmes qui célèbrent les Bourgeons, ces promesses de vie, de renaissance et de fécondité. Un florilège de poèmes, comme un bouquet d'amitié que je voulais vous offrir, accompagné de photos de bourgeons et de fleurs. Des photos prises au fil du temps...

     

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    Il se promène un peu partout le Printemps !

    Il resplendit au bord des routes, dans les rues silencieuses des villes, dans les champs et les forêts. Ses doux sucres aromatiques montent dans l'air et nous ne pouvons que l'effleurer... Gardons Espoir...

     

    J'espère que vous allez le mieux possible, ainsi que vos proches.

    Bon courage à tous ceux qui luttent...

     

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    Auguste Angellier : Le Printemps, issu du Recueil « Le Chemin des Saisons » paru en 1903.

     

    « Les bourgeons verts, les bourgeons blancs

    Percent déjà le bout des branches,

    Et, près des ruisseaux, des étangs

    Aux bords parsemés de pervenches,

    Teintent les arbustes tremblants ;

     

    Les bourgeons blancs, les bourgeons roses,

    Sur les buissons, les espaliers,

    Vont se changer en fleurs écloses ;

    Et les oiseaux, dans les halliers,

    Entre eux déjà parlent de roses ;

     

    Les bourgeons verts, les bourgeons gris,

    Reluisant de gomme et de sève

    Recouvrent l'écorce qui crève

    Le long des rameaux amoindris ;

    Les bourgeons blancs, les bourgeons rouges,

    Sèment l'éveil universel,

    Depuis les cours noires des bouges

     

    Jusqu'au pur sommet sur lequel,

    Ô neige éclatante, tu bouges ;

    Bourgeons laiteux des marronniers,

    Bourgeons de bronze des vieux chênes,

    Bourgeons mauves des amandiers,

    Bourgeons glauques des jeunes frênes,

    Bourgeons cramoisis des pommiers,

     

    Bourgeons d'ambre pâle du saule,

    Leur frisson se propage et court,

    À travers tout, vers le froid pôle,

    Et grandissant avec le jour

    Qui lentement sort de sa geôle,

    Jette sur le bois, le pré,

    Le mont, le val, les champs , les sables,

    Son immense réseau tout prêt

    À s'ouvrir en fleurs innombrables

    Sur le monde transfiguré. »

     

     

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    Auguste Angellier (1848-1911) fut un poète très apprécié en son temps. Artiste, critique d'art et historien de la littérature, il fut le premier professeur de langue et littérature anglaises de la Faculté des lettres de Lille et il en devint le doyen entre 1897 et 1900.

     

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    Bourgeons dans l'atmosphère de Paris... avant le confinement...

     

    Alain Hannecart, poète contemporain : © Bourgeons

     

    Comme on ouvre un par un les boutons de chemise

    Afin de mettre en pleine lumière un joli torse

    La vie trop longtemps demeurée sous l’écorce

    S’éveille au gré du vent et du soleil complice

     

    Comme les mots que le poète noue en silence

    Se déplient sous les yeux avec munificence

    Chaque bourgeon poisseux qui déborde de lait

    Conserve entre ses plis un message qui plaît

     

    Comme ces flots de musique que transmettent les doigts

    La vie descend les rues passe par dessus les toits

    Des fleurs s’épanouissent des chants se font entendre

    Sous le ciel pacifique des parfums se répandent

     

    Cette éruption bigarrée colorée fantastique

    Charme tous les esprits épris de l’art plastique

     

     

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    Bourgeons sur Seine...

     

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    Alain Hannecart, poète contemporain : ©Bonjour

     

    Comme un diable au fond de sa boîte,

    le bourgeon s'est tenu caché...

    mais dans sa prison trop étroite

    il baille et voudrait respirer.

     

    Il entend des chants, des bruits d'ailes,

    il a soif de grand jour et d'air...

    il voudrait savoir les nouvelles,

    il fait craquer son corset vert.

     

    Puis, d'un geste brusque, il déchire

    son habit étroit et trop court

    « enfin, se dit-il, je respire,

    je vis, je suis libre... bonjour ! »

     

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    Prenez bien soin de vous... Gros bisous et merci de votre fidélité !

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    Je continue la tradition du Poème du Mardi, un rendez-vous que j'apprécie beaucoup, en souvenir de Lady Marianne, avec des pensées d'amitié...

     

    C'est un chant magique, tissé d'émotions vives que fait palpiter, sur les mues de la page blanche, la plume magistrale d'Émile Verhaeren. Ardentes et subtiles, ses images me happent et sa musicalité m'attire, entre deux mondes, auprès des créatures issues de l'onde chimérique. Ce Chant de l'Eau, sous l'obédience de l'envoûtante Mélusine, est l'un de mes poèmes préférés !

     

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    « L'entendez-vous, l'entendez-vous

    Le menu flot sur les cailloux ?

    Il passe et court et glisse

    Et doucement dédie aux branches,

    Qui sur son cours se penchent,

    Sa chanson lisse.

     

    Là-bas,

    Le petit bois de cornouillers

    Où l'on disait que Mélusine

    Jadis, sur un tapis de perles fines,

    Au clair de lune, en blancs souliers,

    Dansa ;

    Le petit bois de cornouillers

    Et tous ses hôtes familiers

    Et les putois et les fouines

    Et les souris et les mulots

    Écoutent

    Loin des sentes et loin des routes

    Le bruit de l'eau.

     

    Aubes voilées,

    Vous étendez en vain,

    Dans les vallées,

    Vos tissus blêmes,

    La rivière,

    Sous vos duvets épais, dès le prime matin,

    Coule de pierre en pierre

    Et murmure quand même.

    Si quelquefois, pendant l'été,

    Elle tarit sa volupté

    D'être sonore et frémissante et fraîche,

    C'est que le dur juillet

    La hait

    Et l'accable et l'assèche.

    Mais néanmoins, oui, même alors

    En ses anses, sous les broussailles

    Elle tressaille

    Et se ranime encor

    Quand la belle gardeuse d'oies

    Lui livre ingénument la joie

    Brusque et rouge de tout son corps.

     

    Oh! les belles épousailles

    De l'eau lucide et de la chair,

    Dans le vent et dans l'air,

    Sur un lit transparent de mousse et de rocailles ;

    Et les baisers multipliés du flot

    Sur la nuque et le dos,

    Et les courbes et les anneaux

    De l'onduleuse chevelure

    Ornant les deux seins triomphaux

    D'une ample et flexible parure ;

    Et les vagues violettes ou roses

    Qui se brisent ou tout à coup se juxtaposent

    Autour des flancs, autour des reins ;

    Et tout là-haut le ciel divin

    Qui rit à la santé lumineuse des choses !

     

    La belle fille aux cheveux roux

    Pose un pied clair sur les cailloux.

    Elle allonge le bras et la hanche et s'inclina

    Pour recueillir au bord,

    Parmi les lotiers d'or,

    La menthe fine ;

    Ou bien encor

    S'amuse à soulever les pierres

    Et provoque la fuite

    Droite et subite

    Des truites

    Au fil luisant de la rivière.

     

    Avec des fleurs de pourpre aux deux coins de sa bouche,

    Elle s'étend ensuite et rit et se recouche,

    Les pieds dans l'eau, mais le torse au soleil ;

    Et les oiseaux vifs et vermeils

    Volent et volent,

    Et l'ombre de leurs ailes

    Passe sur elle.

     

    Ainsi fait-elle encor

    A l'entour de son corps

    Même aux mois chauds

    Chanter les flots.

    Et ce n'est qu'en septembre

    Que sous les branches d'or et d'ambre,

    Sa nudité

    Ne mire plus dans l'eau sa mobile clarté,

    Mais c'est qu'alors sont revenues

    Vers notre ciel les lourdes nues

    Avec l'averse entre leurs plis

    Et que déjà la brume

    Du fond des prés et des taillis

    S'exhume.

     

    Pluie aux gouttes rondes et claires,

    Bulles de joie et de lumière,

    Le sinueux ruisseau gaiement vous fait accueil,

    Car tout l'automne en deuil

    Le jonche en vain de mousse et de feuilles tombées.

    Son flot rechante au long des berges recourbées,

    Parmi les prés, parmi les bois ;

    Chaque caillou que le courant remue

    Fait entendre sa voix menue

    Comme autrefois ;

    Et peut-être que Mélusine,

    Quand la lune, à minuit, répand comme à foison

    Sur les gazons

    Ses perles fines,

    S'éveille et lentement décroise ses pieds d'or,

    Et, suivant que le flot anime sa cadence,

    Danse encor

    Et danse. »

     

    Émile Verhaeren

     

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    Biographie

     

    Émile Verhaeren (1855-1916) est un artiste belge flamand d'expression française, né dans le petit village de Saint-Amand (Sint-Amands), sur le fleuve Escaut, à la lisière de la Province d'Anvers.

     

     

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    Passionné par les grandes questions sociales de son temps, il aima profondément le Naturalisme et fut l'un des maîtres flamboyants du Symbolisme en littérature. Soucieux des gens et imprégné par les idées de l'Anarchisme, il publia un grand nombre d’œuvres dans la presse Libertaire.

     

    Issu d'un milieu aisé, (ses parents, Henri Verhaeren et Adélaïde De Bock, étaient commerçants dans le domaine du textile), Émile Verhaeren décrivit avec un mélange de Réalisme et de Lyrisme les atmosphères de la grande ville et son opposé tout aussi envoûtant, la campagne.

     

    Esprit brillant, il fut poète, dramaturge, critique d'art et auteur de récits dans la veine symboliste. Lié avec des artistes issus du Symbolisme et du Néo-Impressionnisme, il apparut comme l'un des « découvreurs » des peintres Fernand Khnopff (1858-1921), le maître de l'énigme et James Ensor (1860-1949).

     

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    Émile Verhaeren nourrit des liens privilégiés avec de nombreux peintres célèbres (Paul Signac, Maximilien Luce, Dario de Regoyos, Willy Schlobach, William Degouve de Nuncques, Théo Van Rysselberghe...) et des écrivains (André Gide, Stéphane Mallarmé, Maurice Maeterlinck, Camille Lemonnier, Albert Mockel...). Il fut, dans les années 1883-1899, l'un des principaux rédacteurs de la revue L’Art Moderne.

     

    Une femme compta particulièrement dans sa vie : il s'agissait de Marthe Massin (1860-1931), une artiste originaire de Liège. Quand Émile Verhaeren la rencontra, il pensait rester vieux garçon mais il eut un coup de foudre et sentit que l'influence de Marthe sur sa vie artistique ne pouvait que lui être bénéfique. Ils se marièrent en août 1891, n'eurent pas d'enfant et s'aimèrent jusqu'à la fin de leurs jours.

     

    Pendant la Première Guerre Mondiale, Émile Verhaeren composa des poèmes pacifistes, s'insurgeant contre la folie des hommes et il dut se réfugier en Angleterre où il lutta à sa manière en écrivant « Les Anthologies Lyriques », constituées de « La Belgique sanglante », « Parmi les Cendres » et « Les Ailes rouges de la Guerre ».

     

    De toutes ses forces, il essaya, au cours de conférences à succès, de renforcer les liens d'amitié entre la Belgique, la France et l'Angleterre et c'est dans ce contexte qu'il connut une fin tragique...

     

    Venu donner une conférence à Rouen, il fut poussé accidentellement sous un train, le 27 Novembre 1916, par la foule qui s'était amassée. Ses derniers mots auraient été, d'après la légende populaire, « Ma Femme, ma Patrie »...

     

    Le gouvernement français souhaita faire transférer son corps au Panthéon mais sa famille refusa. Sa dépouille fut placée au cimetière militaire d'Adinkerque puis au cimetière de Wulveringem, à Furnes, dans la Région Flamande et enfin, en 1927, elle rejoignit le village natal de Saint-Amand où fut créé, en 1955, le musée provincial Émile Verhaeren.

     

     

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    Pour célébrer son Chant de l'Eau, j'ajoute un petit florilège de photos prises au gré de mes promenades.

     

    Pour le plaisir d'une rêverie...

     

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    Belles pensées avec ce Chant de l'Eau, chers Aminautes...

     

    Prenez bien soin de vous !

    Plume

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    27 commentaires


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