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Par maplumefee le 31 Mars 2018 à 21:34
Avec des illustrations en supplément, pour vous souhaiter de Joyeuses Fêtes de Pâques 2018 !
Promenade gourmande, artistique et philosophique sur le thème de l’œuf... Quant aux poissons d'Avril, les coquins se cachent un peu, « supplantés » par cocottes et lapins mais je ne les oublie pas, sourires !
Œuf du Premier Avril de la Maison Réauté, crédit photo Réauté.
Floris Hendrik Verster (1861-1927), Bol aux œufs, 1915.
« Ab Ovo... » Au commencement était l’œuf, promesse de résurrection, que l'on plaçait dans les tombes pour accompagner l'âme des défunts vers un nouveau séjour.
De l’œuf naît et renaît la vie, quête incessante... Pondu par un initiateur sage et facétieux, le lièvre d'Ostara, la déesse germanique du Printemps, équivalent de la déesse anglo-saxonne Eostre (voir mon article intitulé Mystères et Traditions de Pâques), il signifie que des êtres nouveaux vont briser leur coquille.
Illustration de Marjolein Bastin
L’œuf cosmos
Même si l'on écrivait une encyclopédie sur ce thème, on trouverait encore des traditions orales et des récits non étudiés mettant l’œuf en scène comme point de départ du monde et de ses habitants !
L’œuf cosmique de William Blake (1757-1827)
Il existe une infinité de mythes fondés sur la puissance créatrice et poétique de l’œuf. Dans l'Égypte ancienne (mythe du dieu Thot et de l'Ogdoade Hermopolitaine), dans la mythologie hindoue (mythe de l’œuf de Brahma qui se divise en une moitié d’or et une moitié d’argent), chez les Incas où le dieu Viracocha crée le soleil derrière une immense roche noire, avec la coquille d'un œuf d'où jaillit l'humanité, dans le Japon Shintoïste où le ciel (léger et fluctuant) et la terre (dense) émanent d'un œuf parfumé, dans la Grèce antique où certaines statues du dieu Dionysos étaient représentées avec un œuf dans la main et dans plusieurs sépultures de l'ancienne Russie où l'on plaçait des œufs d'argile pour que les âmes puissent de nouveau s'incarner...
Kolobova Margarita, Ilmatar Birth of Nature.
Dans le Kalevala (le livre sacré des Finlandais), une déesse nommée Ilmatar sommeillait au fond de la mer. Brusquement, sous l'effet d'un rêve, la déesse bougea et ses genoux émergèrent de l'eau. Intrigué et séduit, le seigneur de l'air, incarné en canard, y déposa un œuf couleur de lune ou d'or. La déesse frissonna, la coquille se brisa et la vie apparut sur toute la terre.
Ilmatar, 1860, par Robert Wilhelm Ekman (1808-1873), illustrateur de poèmes populaires et représentant du romantisme finlandais.
« Tous les morceaux se transformèrent
en choses bonnes et utiles:
le bas de la coque de l’œuf forma le firmament sublime,
le dessus de la partie jaune
devint le soleil rayonnant
le dessus de la partie blanche
fut au ciel la lune luisante,
tout débris taché de la coque
fut une étoile au firmament,
tout morceau foncé de la coque
devint un nuage de l'air.
Le temps avança désormais... »
Œuf de Dragon par Bente Schlick, illustrateur allemand né en 1986.
Pour les alchimistes, l’œuf philosophique, l’œuf né d'un dragon ou d'un serpent, est un reflet de l’image du monde. Dans cet athanor, se produit l'émulsion qui permet d'aboutir à la pierre philosophale.
L’œuf Orphique de Jacob Bryant (1715-1804), savant, écrivain et mythographe britannique, 1744.
Le Mythe Orphique (environ 600 av JC) rapporte qu'au commencement était Chronos (seigneur du Temps), qui engendra Chaos (l'Infini) et Éther (l'aboutissement). Enveloppant le Chaos, la Nuit, « déesse aux ailes noires » stimula l'action créatrice contenue dans l'Éther. De cette « rencontre » naquit l’Œuf d'Argent, réceptacle de l'essence de Vie, qui engendra Phanès, la Lumière.
La Lumière s'unit à la Nuit et le Ciel, la Terre et l'Olympe où règne Zeus, seigneur de l'Éclair et de la Foudre, firent leur apparition.
Salvador Dali (1904-1989), Jaune d’œuf Soleil, 1955.
L’œuf est un être à la fois organique et associé à une étrange forme de « minéralité » qui a profondément inspiré Dali. Le maître voyait à travers lui la possibilité de relier toutes nos vies : vies antérieures, expériences intra-utérines et renaissances au fil de l'existence.
Cette puissante magie d'inspiration et de fécondité imprègne les œufs du folklore pascal.
Les œufs rouges de Pâques
Dans de nombreux pays, la coutume veut que l'on teigne les œufs en rouge pour célébrer Pâques. Rouge de la vie, couleur du sang, de la passion amoureuse, de la purification des maléfices et de la rédemption des pêchés.
La matrice de l’œuf est le réceptacle du mystère de la vie. Dans la Perse antique, il existait une fête du printemps, appelée « fête des œufs rouges ».
Dans le folklore celtique, le serpent de mer, à la fois géniteur de vie et destructeur de mondes, pondait, la nuit de l'équinoxe, un œuf rouge au creux d'un rocher. L’œuf magique rayonnait comme un soleil incandescent.
Dans la symbolique chrétienne, les œufs du Jeudi-Saint, décorés en rouge et « chassés » le dimanche après la messe pascale, évoquent le sang du Christ versé pour la rémission des pêchés.
L’œuf rouge de Marie-Madeleine
Dans une église orthodoxe, située sur le Mont des Oliviers à Jérusalem, un tableau relate l'offrande d'un œuf rouge à l'empereur Tibère, par Marie-Madeleine.
Marie-Madeleine demanda à Tibère de réhabiliter la mémoire du Christ. En signe de déférence, elle lui donna le seul œuf qu'elle possédait. L'empereur la mit alors au défi. Il ne trancherait en sa faveur que si l’œuf se teintait de rouge. Elle pria et le miracle se produisit!
Pour la petite histoire, on disait aux enfants de Vendée que les œufs étaient rouges parce qu'ils avaient « vu » à Rome les cardinaux paraître dans leurs grandes robes écarlates.
Le Vendredi Saint était autrefois traditionnellement consacré à la décoration des œufs. Les jeunes filles confectionnaient des « œufs d'amour ».
Pieds nus dans la rosée du matin, elles récoltaient les œufs et les teignaient de rose marbré de rouge puis elles les couvraient de vœux et d'inscriptions comme celles-ci « Par amour et par fidélité. », « Que la force de mon amour te lie à moi. » « Deviens, de mon vivant, celui dont j'ai rêvé en mon dormant. » Elles les cachaient ensuite dans des coffrets jusqu'au lundi de Pâques et elles les offraient à leurs amoureux.
Les œufs blancs et décorés de fleurs sauvages évoquent les cycles de la lune.
Réputés imputrescibles, les œufs du Vendredi-Saint étaient conservés sur les manteaux de cheminée. Ils offraient une protection contre la foudre, les morsures de serpents, les accidents, les chutes et diverses maladies. On les pensait également capables de « détecter les sorcières » si on leur chuchotait certaines paroles avant la messe de Pâques ou si on les faisait tourner sur eux-mêmes durant l'office.
Image Folkstar.pl
Leur pouvoir protecteur et magique était amplifié par les couleurs et les motifs dont ils se paraient. Teints en rouge, en violet ou en bleu, ornés d'arabesques, de triskèles, d'arbres stylisés, de soleils, de petits hommes dansants ou de fleurs printanières, ils éloignaient les maléfices, les fantômes et les tempêtes; ils attiraient la chance et la prospérité.
A Luzy, dans la Nièvre, la coutume prétendait que si l'on conservait pendant cent ans un œuf pondu le Vendredi-Saint et peint en rouge, son jaune deviendrait un fabuleux diamant.
Le dimanche de Pâques, les marraines et les parrains offraient à leurs filleuls les œufs du Vendredi-Saint, symboles de joie, de richesse et de sécurité familiale, sur un lit de paille tressé ou dans un panier d'osier.
Après le repas dominical, les facétieux de tous âges se livraient à des jeux folkloriques comme la toquette et la roulée.
Nikolaï Kochélev (1840-1918) : Enfants jouant à faire rouler des œufs de Pâques, 1855. Musée Russe, Saint-Pétersbourg.
La roulée était une sorte de jeu de boules, consistant à lancer, sur un plan incliné ou en s'aidant d'une longue tuile qui formait un petit toboggan, des œufs durs, de préférence colorés en rouge ou en bleu. Le possesseur du coquart, (l’œuf resté intact), dégustait les œufs cassés.
« Osterspiele » (Jeux de Pâques), gravure sur bois réalisée en 1880 d’après un dessin original de Carl Röhling (1849–1922).
Pour jouer à la toquette, comme vous l'apercevez au second plan de l'image, on tenait fermement un œuf dur, ne laissant dépasser qu'une partie de la coquille, afin de le faire « toquer » contre un autre. Le perdant payait sa tournée de friandises (enfants) et de boissons (adultes)!
Ces jeux étaient (et sont encore) très répandus en Russie mais aussi dans plusieurs régions de France (Lorraine, Alsace, Franche-Comté etc...). La tradition des Rolling Eggs existe dans de nombreux pays, avec certaines variantes.
« Easter Monday Egg Roll » en Angleterre où les participants font rouler des œufs depuis le sommet d'une colline pour « réveiller » les forces du printemps. (Photo geograph.org.UK).
Easter Roll en 1911, à Washington, dans les jardins de la Maison-Blanche (1600, Pennsylvania Avenue).
D'après certains historiens, cette tradition aurait été initiée par Dolley Madison, l'épouse du Président James Madison, en fonction de 1809 à 1817 mais d'autres chercheurs avancent que ces courses d’œufs auraient vu le jour entre 1860 et 1865, sous la présidence d'Abraham Lincoln (1809-1865). En 1872, des articles de journaux rapportent que les enfants s'amusaient à faire rouler des œufs de Pâques sur les pelouses du Capitole et que cela inspira, en 1876, à des esprits chagrins le vote d'une loi par le Congrès pour interdire ces jeux de plein air.
Ensuite, il semblerait que le président Rutherford B. Hayes, en fonction de 1877 à 1881, ait invité les enfants à venir à la Maison-Blanche pour faire rouler les œufs.
Course aux œufs, dans les jardins de la Maison-Blanche, le lundi de Pâques (photo de Chuck Kennedy). Les enfants sont pressés de pousser les œufs sur le gazon verdoyant avec une cuillère dotée d'un long manche.
Les gourmands collectent chaque année, avec un bonheur indicible, les œufs déposés sur l'herbe tendre ou cachés dans les habitations par le lièvre du printemps mais aussi par les cloches revenues de Rome qui rythmaient jadis, de leur timbre mélodieux, la vie des villages et des villes.
La découverte des œufs, gravure de 1889.
Les couleurs des œufs de Pâques
La couleur la plus répandue est le rouge dont je vous parlais plus haut, couleur du sang et de la vie, qui appelle la protection magique et repousse les forces malveillantes. On obtient un magnifique rouge cardinal en faisant cuire à feu doux des œufs dans du vinaigre avec des rouelles d'oignon.
Avec le marc de café ou l'écorce de chêne, on obtiendra des œufs bruns que l'on pourra glacer avec un peu de sucre. Les épluchures de radis donneront de jolis œufs rose pâle et le suc de betterave rouge des œufs d'un rose soutenu presque violacé. Les anémones pulsatilles, le jus de myrtilles et les baies de sureau teinteront les œufs en mauve, la racine d'ortie en vert jaunâtre, les feuilles d'artichaut, de lierre ou d'épinard seront à l'origine d'un vert franc...
Les œufs magiques d'Ukraine
Un rituel très ancien appelé Pyssanki, Pysanky ou Pyssanka, d'après le verbe pysaty qui signifie «écrire», était effectué, en Ukraine, vers l'équinoxe de printemps. Avec une pointe fine, une femme dessinait sur un œuf des formes dentelées à la cire d'abeille puis elle trempait l’œuf dans un récipient rempli de colorant dilué. La cire fondait et la femme reprenait l’œuf pour en redessiner les motifs avant de le plonger dans un bain plus foncé. Pendant qu'elle accomplissait le rituel, d'autres femmes récitaient des prières mêlées d'incantations. Les œufs étaient conservés jusqu'à l'année suivante.
Sur cette photographie issue des collections du Musée Canadien de l'Histoire, on voit une maman ukrainienne et ses enfants accomplir des gestes ancestraux.
L'entrée du musée des œufs de Pâques à Kolomiya en Transcarpatie (ua-travelling.com). On y apprend tout sur les œufs depuis les premiers temps du Paganisme.
Des œufs chargés d'histoire...
Autrefois, quand l'année commençait, aux alentours de Pâques, les œufs « pâquerets » symbolisaient « officiellement » le réveil des forces calendaires. Avec l'édit de Roussillon promulgué, le 9 août 1564, sous le règne du roi Charles IX (1550-1574), l'année débuta le premier janvier mais l’œuf, aux vertus aussi gourmandes que mystiques, continua d'être échangé comme cadeau majeur.
Associé aux différentes théogonies, l’œuf connut, dans toutes les couches sociales et à toutes les époques, une importance historique.
Au Moyen-âge, à Paris, les clercs et les étudiants chantaient l'office des Laudes sur le parvis de Notre-Dame. Ils formaient ensuite un joyeux cortège et parcouraient les rues afin de « quêter les œufs » pour le festin pascal.
Dans les campagnes de France, les enfants et les jeunes gens accomplissaient leur tournée, de maison en maison, en égrenant des comptines à caractère magique ou des chants licencieux.
Jusqu'à la Révolution Française, pendant la semaine de Pâques, les officiers de bouche parcouraient l'Île de France pour y collecter les plus gros œufs. Une fois dorés et bénis, le roi les offrait, en personne, aux gens de sa maison.
Les œufs précieux
Les œufs-bijoux naquirent en Russie à la fin du XVIIIe siècle mais en Angleterre, on trouvait des œufs couverts d'or et incrustés de pierres précieuses dès le XIIIe siècle et traditionnellement, le roi de France faisait distribuer des œufs d'apparat à la Cour, entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Le roi Louis XV (1710-1774) offrit à sa maîtresse, Madame Du Barry (1743-1793), un œuf abritant une figurine de Cupidon qui connut un grand succès.
Cette œuvre est signée par le joaillier Pierre-Karl Fabergé (1846-1920), artiste concepteur de la série des œufs de Pâques impériaux, sous les règnes des tsars Alexandre III (1845-1894) et Nicolas II (1868-1918).
L’œuf de Pierre le Grand, 1903.
L’Œuf aux douze monogrammes, en émail bleu, or rouge et diamants, 1896, cadeau de Nicolas II à Maria Feodorovna. (Hillwood Museum Washington DC).
A partir de 1884, Pierre-Karl Fabergé devint le fournisseur officiel de la Cour Impériale. Sollicité par toutes les Cours d'Europe, il « régnait » sur de prestigieux ateliers qui accueillaient plusieurs centaines d'artisans.
Ouvriers Fabergé dans un atelier en Russie, vers 1900. Photo Fabergé SA.
Commercialisées de manière internationale, ses créations figurent dans les plus prestigieuses boutiques de Moscou, de Londres et de Paris.
L’Œuf à la Poule, en or et en émail blanc, cadeau d'Alexandre III à la tsarine Maria Feodorovna, née princesse de Danemark.
Il s'agit du premier œuf confectionné par Fabergé, en 1885. La poule en or chatoyant abritait une couronne ornée de petits œufs en rubis. L'impératrice apprécia tant son cadeau que le tsar commanda tous les ans un nouvel œuf au joaillier. Après la mort d'Alexandre III, son fils Nicolas II poursuivit cette tradition jusqu'en 1917, année de la faillite de son pouvoir.
L’œuf au cygne, en émail mauve, cristal, or, argent et aigue-marine, cadeau de Nicolas II à Maria Feodorovna en 1906.
L’œuf au treillis de roses, 1907, en or, diamants rose-thé et feuilles d'émeraude.
Les œufs gourmands
Dans les années 1780, l'apothicaire Joseph Storrs Fry (1769-1835) ouvrit une petite manufacture de pâte de chocolat à Bristol, en Angleterre, sous le nom de « J.S. Fry et Sons ». Il conçut la première broyeuse hydraulique pour fèves de cacao et, convaincu que le chocolat était doté de vertus médicinales, il fournit en « matière première » des salons de thé et de nombreuses officines pharmaceutiques. Après sa mort, ses fils Joseph, Francis et Richard eurent l'idée de mélanger du beurre de cacao, du chocolat en poudre et du sucre, obtenant ainsi une pâte molle facile à verser dans des moules. Le chocolat à croquer était né.
Vers 1847, le chocolat essentiellement connu sous forme de boisson put être savouré autrement. Dans les années 1890, apparurent les œufs en sucre coloré et aux alentours de 1900, les œufs en chocolat, en porcelaine et en carton doré, garnis d'une surprise en pâte d'amandes ou en sucre candi.
De nos jours, les douceurs pascales continuent d'enchanter les gourmands de tous âges...
Lapin et Œufs de la pâtisserie Stohrer dont je vous ai conté l'histoire dans l'article intitulé Gourmandises de Saint-Valentin...
Je vous souhaite d'excellentes fêtes de Pâques. Gros bisous !
Cendrine
43 commentaires -
Par maplumefee le 17 Mars 2018 à 00:03
Le Printemps palpite. Le vieil hiver s'affaiblit et la magie lumineuse de la verte Erin ne demande qu'à être célébrée. A cette occasion, je veux partager avec vous ma petite collection de cartes de la Saint-Patrick.
La Saint-Patrick est une grande fête populaire et folklorique qui célèbre la vie, chaque 17 mars ou à partir du 17 mars et durant plusieurs jours. L'histoire et le folklore se confondent à travers bien des aspects de cette fête qui commémore la christianisation de l'Irlande au Ve siècle par un écossais nommé Maewyn Succat (385-461).
Fils d’un centurion romain originaire de Grande Bretagne, Maewyn fut enlevé à l’âge de 16 ans par des pirates qui le vendirent à un chef de clan irlandais. Il découvrit la religion chrétienne et en 409, après avoir rêvé que Dieu lui demandait de prendre la mer, il parvint à s'échapper.
Devenu prêtre, il voyagea et se rendit aux îles de Lérins, près de Cannes, puis il s’établit, pendant deux années, au monastère de Saint-Honorat où il fit des études de Théologie.
Un jour, le pape Célestin Ier lui ordonna de partir évangéliser l’Irlande Il entama donc, à partir de 411, une tournée de conversion sur les terres druidiques.
Il rencontra le roi Aengus et la légende dit qu'il expliqua à ce dernier le concept de Trinité (le Père, le Fils, et le Saint Esprit) en lui montrant un trèfle fraîchement cueilli. Aengus fut conquis...
L'évangélisation du pays se poursuivit et Maewynn, qui fut ordonné évêque, prit le nom de Patricius/Patrick. On lui attribue d'avoir chassé de la terre d'Irlande tous les serpents (à la fois les Druides et les symboles de la Déesse des temps anciens) en frappant un « vipérin » avec un bâton tréflé.
Il mourut le 17 mars 461 dans la ville de Downpatrick et chaque année, les Irlandais lui rendent hommage en chantant, dansant, festoyant...
Il est amusant de constater que, une fois encore, l'église a tenté d'annihiler, sans y parvenir, une fête païenne et matriarcale, en l'occurrence la fête de la Déesse Ostara, jeune fille aux couleurs d'aurore que l'on célèbre au moment de l'équinoxe de Printemps (généralement, le 21 mars)...
Les Symboles de la Saint-Patrick
Le Leprechaun
Le Leprechaun est un personnage incontournable des légendes irlandaises et une véritable « icône » au moment de la Saint-Patrick.
Créature magique, le Leprechaun est doté d'un caractère à la fois facétieux et ombrageux. De petite taille (il mesure environ 90 centimètres), il est vêtu de vert et arbore un joli pourpoint ou un tablier de cordonnier que l'on nomme « leigh bhrogan » en gaélique irlandais. Il fume des herbes de la lande avec sa pipe et boit une liqueur chimérique appelée « Dudeens » ainsi que du whisky fait maison.
Il serait, d'après le savoir oral, un être hybride, fruit de la rencontre amoureuse entre un humain et un esprit des anciens mondes.
Doué pour la cordonnerie, il est aussi le banquier de la communauté du Petit Peuple. Redoutable gardien de trésors, gardien de l'or, métal aussi magique que précieux, il possède un chaudron d'abondance, rempli de pièces qu'il dissimule au pied d'un arc-en-ciel ou sous une petite colline qui change de place régulièrement. Il se méfie des humains car beaucoup cherchent à le piéger pour s'emparer de ses biens mais il aime malgré tout « jouer » avec les « grandes gens ». Il s'amuse à leurs dépens et file, rapide comme l'éclair, à travers des paysages mystérieux.
Si l'on voit un Leprechaun, les anciens grimoires préconisent de ne pas cligner des yeux car un simple mouvement de paupières peut le faire disparaître...
Il existe à Dublin un musée entièrement consacré aux traditions et aux mythes entourant le Leprechaun : le National Leprechaun Museum. Tout ce que l'on voit dans ce musée est gigantesque afin que le visiteur se sente « miniaturisé » et puisse « entrer dans la peau » d'un farfadet.
Le Trèfle (Shamrock)
L'emblème officiel de l'Irlande est une harpe, la harpe celtique associé au dieu Dagda, l'Omniscient. Mais le trèfle est l'emblème populaire le plus connu.
Plante pérenne qui abonde dans les prairies d'Europe, d'Asie et d'Amérique du Nord, le trèfle se décline en plusieurs variétés... Trèfle blanc, trèfle violet, trèfle étoilé, trèfle patte-de-lièvre...
Le trèfle de Saint-Patrick, évoqué comme emblème chrétien, est beaucoup plus ancien puisqu'il entrait dans la pharmacopée et l'eschatologie druidiques. On le nommait « Seamrag Chapaill » et il était également sacré pour les bardes, maîtres du langage poétique et magique.
Le trèfle est associé à la Déesse Mère Brigid ou Brigit qui règne sur l'inspiration créatrice, aux trois divinités du Destin, à la déesse Tailtiu, mère adoptive du dieu solaire Lugh... ainsi qu'au Green Man, l'Homme Vert, le maître feuillu, seigneur secret de la sylve...
Green Man par Brian Froud
Le Tarot de la Sorcière Verte
Imprégné du pouvoir de certaines constellations, le trèfle est réputé posséder de grandes vertus guérisseuses et protectrices. Selon le médecin et naturaliste grec Dioscoride (20/40-90 après J.-C), il soignait, sous forme de cataplasmes et d'infusions, les fièvres et les inflammations les plus tenaces. Au Moyen Âge, on l'a longtemps utilisé pour apaiser les quintes de toux et les douleurs articulaires. Sa feuille est devenue un emblème dans l'architecture avec l'arche gothique trilobée et elle possède un rôle de première importance dans le jeu de cartes auprès du cœur, du pique et du carreau.
Dans le Jeu de Tarot divinatoire, le trèfle correspond à la suite des bâtons.
Historiquement, le trèfle est lié à l'idée de rébellion. Sous le règne de Victoria (1819-1901), il était le signe de ralliement des opposants à la Couronne et les personnes qui portaient un trèfle risquaient de connaître la peine capitale.
Le trèfle à trois feuilles (trifolium) est une représentation stylisée du triskèle, motif populaire de l'art celte et de l'awen, énergie de vie et feu d'inspiration. Au moment de l'équinoxe de Printemps, Ostara ou Alban Eilir pour les Druides, il concentre la puissance des trois rayons sacrés de lumière qui palpitent sur les chemins de Dame Ceridwen, maîtresse du chaudron de connaissance et de régénération. Il est à la fois le symbole des Bardes, des Ovates et des Druides.
Il « incarne » aussi les trois Vertus Théologales soit la Foi, l'Espérance et la Charité. Le trèfle à trois feuilles est le plus répandu mais il existe des trèfles à quatre feuilles (symboles de richesse, d'amour, de santé et de chance ou de célébrité, de richesse, de santé et d'amour loyal).
Les trèfles à quatre feuilles sont d'une rareté extrême. On dit qu'il en existe un seul pour dix mille trèfles à trois feuilles et d'après les livres de folklore, ce serait Ève qui aurait ramené du Paradis un trèfle quadrifolié.
Le trèfle quadrifolié est réputé combattre les effets du venin de serpent et pour les Druides, posséder un trèfle à quatre feuilles cueilli lors de certaines phases de lune permettait de voir les démons et les créatures enchantées.
Symbole de chance dans nos sociétés, le trèfle à quatre feuilles est aussi l'emblème de la marque Alfa Roméo (Quadrifoglio Verde)...
Pour l'anecdote, en 2009, au Japon, un fermier nommé Shigeo Obara a cueilli un trèfle à 56 feuilles qui figure dans le Livre des Records...
Il existe un trèfle à cinq feuilles, encore plus rare que le trèfle à quatre feuilles et son message est ambivalent. Soit, il porte chance, soit il la prend... Méfiance ! Et savez-vous ce qu'est un Ultratrifoliophile ? Il s'agit d'une personne qui collectionne les trèfles à quatre feuilles ou plus. Un collectionneur américain est réputé en posséder plus de 160 000 !
Allons rêver sur des chemins de féerie et butiner gaiement les charmes du Printemps ! Je vous souhaite plein de jolies choses et vous adresse mes pensées d'amitié...
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Par maplumefee le 14 Février 2018 à 00:56
Les Amoureux, Joséphine Wall
Colorées, pimpantes, foisonnantes, elles sont remplies de fins chocolats, de beaux gâteaux et agrémentées de jolis cœurs rubis ! Les vitrines de Saint-Valentin... Je ne suis pas sponsorisée, vous le savez, mais je préfère le signifier à chaque fois que je montre des photos de boutiques. Je suis motivée par le plaisir des yeux, le frisson des papilles et la joie du partage...
Concernant l'histoire de la Saint-Valentin, je vous renvoie à mon article : Mystères et Traditions de la Saint-Valentin...
Régalons-nous à contempler des œuvres d'art gourmandes et cheminons, à cet effet, rue Montorgueil, dans le 2e arrondissement de Paris. La pâtisserie Stohrer, la plus ancienne pâtisserie de la capitale, nous y attend.
Nicolas Stohrer (né en 1706...) était le pâtissier de Marie Leszczynska (1703-1768), la seconde fille de Catherine Opalinska (1680-1747) et du roi Stanislas de Pologne (1677-1766) dit « Stanislas le Bienfaisant ». Marie Leszczynska fut choisie parmi une centaine de princesses pour épouser le roi Louis XV (1710-1774), le 5 septembre 1725, à Fontainebleau.
Marie Leszczynska, peinte en 1740 par Louis Tocqué (1696-1772). Ce portrait est conservé au Louvre.
Nicolas Stohrer suivit la jeune reine à Versailles. Fort de son expérience d'apprenti dans la ville franco-alsacienne de Wissembourg, il séduisit les membres de la Cour et devint le pâtissier attitré du souverain.
En 1730, il ouvrit sa pâtisserie au numéro 51 de la rue Montorgueil, dans le deuxième arrondissement de Paris et il y « imagina » de prestigieux desserts pour la royauté. On y vend toujours des éclairs au chocolat qui sont parmi les plus réputés de la capitale.
La boutique originelle a « disparu ». Le décor de la boutique actuelle est classé monument historique depuis le 23 mai 1984 et date de la seconde moitié du XIXe siècle. Réalisé à partir de 1864, il est signé Paul Baudry (1828-1886).
Paul Baudry était un artiste du Second Empire qui venait d'atteindre la célébrité en créant des décors pour le prestigieux hôtel Galliera (actuel musée de la mode) et le Foyer de l'Opéra de Paris. Il travailla aussi pour l'hôtel de la Païva et faillit réaliser des ornements pour le Panthéon.
Nicolas Stohrer est l’inventeur du baba au rhum. Il conçut ce délice à partir d’une brioche sèche, rapportée par le roi Stanislas d'un de ses voyages, qu'il arrosa de vin de Malaga, parfuma de safran, de fleur d'oranger et fourra de crème pâtissière, de raisins secs et de raisins frais.
Pour certains historiens, le nom Baba viendrait du roi Stanislas qui, adorant les Contes des Mille et Une Nuits, aurait appelé Ali-Baba ce généreux dessert.
Le nom Baba pourrait aussi désigner la « Grand-Mère » en polonais et signifier un gâteau qui rassure, nourrit, enveloppe de ses bienfaits...
En 1835, un descendant de Nicolas Stohrer a remplacé le malaga par du rhum pour imbiber la pâte à baba et vers 1844, d'autres pâtissiers renommés, les frères Julien ont créé le savarin en s’inspirant de la recette du baba.
Le savarin, qui rend hommage au gastronome Jean Anthelme Brillat-Savarin (1755-1826), est cuit dans un moule en forme de couronne et trempé dans un sirop aromatisé au kirsch, à l’absinthe et à l’eau de rose. Le baba, d’abord imprégné de rhum pur, fut également imbibé de sirop, aromatisé au rhum.
De nos jours, Stohrer propose un service de traiteur et une myriade de gourmandises comme le Puits d'amour, des meringues, des millefeuilles, les fameux éclairs au chocolat, des pyramides de macarons et de gâteaux variés...
Le Puits d’amour (dont la première recette date de 1735) était autrefois un vol au vent en pâte feuilletée que l'on remplissait de gelée de groseille et qui était surmonté d’une anse de feuilletage imitant le seau d’un puits. On disait que Louis XV offrait à ses jeunes et jolies maîtresses ce petit gâteau lors de leurs nuits d’amour et qu'il adorait en déguster entre leurs cuisses... A partir de la recette originale, Nicolas Stohrer a créé un dessert constitué de feuilletage rempli d’une crème pâtissière à la vanille et couvert de caramel fondant.
La pâtisserie Stohrer a été rachetée, en toute discrétion, au mois de mai 2017, par la marque « A la Mère de Famille » dont voici quelques trésors...
A la Mère de Famille est une « maison de chocolat » qui fut fondée en 1761, au numéro 35 de la rue du Faubourg-Montmartre, par Pierre-Jean Bernard, un jeune épicier.
En 1791, son beau-fils, Jean-Marie Bridault, héritier d'une importante famille d'épiciers de la rue Saint-Antoine, lui succéda.
A partir de 1807, Marie Adélaïde Bridault, surnommée « la Mère de Famille », fit connaître un âge d'or à la boutique. Grâce à elle, la renommée de l'établissement ne cessa de grandir au-delà du faubourg.
Le célèbre critique gastronomique Alexandre Grimod de la Reynière loua ses vertus dans son Almanach des Gourmands. Cette publicité enflammée fit affluer les clients.
Au milieu du XIXe siècle, les confiseries se multiplièrent, avec l'essor croissant du sucre de betterave.
A partir de 1895, Georges Lecoeur, le nouveau propriétaire, modernisa la boutique (installation du téléphone, édition de brochures de luxe, distribution de publicités...). Dans le contexte virevoltant de la Belle-Époque, « A la Mère de Famille » devint une véritable institution, plébiscitée entre autres par les danseuses des Folies Bergère!
En 1906, à l'Exposition Culinaire Universelle de Paris, les délicates confitures, les chocolats surfins et les bonbons aux fleurs obtinrent un franc succès.
Tout au long du XXe siècle, les héritiers directs ou spirituels de la famille Bridault et de Georges Lecoeur ont pris soin de proposer aux gourmands une gamme étendue de produits. Après la première guerre mondiale, Régis Dreux et, à partir des années 1950, Suzanne Bretonneau ont marqué les lieux de leur empreinte. Entre 1985 et aujourd'hui, des grands noms de l'art chocolatier et des connaisseurs émérites se sont succédé aux commandes de l'établissement: Serge Neveu, la famille Dolfi et le créateur Julien Merceron.
Plusieurs boutiques perpétuent, aux quatre coins de Paris, le savoir-faire initial de la maison mère. Ne manquez surtout pas de les visiter, à commencer par la boutique du Faubourg-Montmartre, au charme suranné. En 1984, sa superbe devanture verte, rehaussée de lettres d'or, fut inscrite à l'Inventaire des Monuments Historiques. A l'intérieur, sur des comptoirs en bois patiné, se dévoilent chocolats variés, calissons, caramels, guimauves, berlingots, nougats, fruits confits, marrons glacés, florentins, bêtises de Cambrai... Ces « divines gourmandises » ont inspiré un très beau livre de recettes.
Terminons cette promenade avec la vitrine de Charles Chocolatier, boutique située dans le prolongement de Stohrer. Vous apprécierez sûrement le petit ange à croquer et vous reconnaîtrez des escarpins en chocolat, dotés d'une semelle rouge, qui font référence à ceux, célébrissimes, du créateur Christian Louboutin.
Je vous souhaite beaucoup d'amour, de passion, de plaisir, de sensualité et cela tout au long de l'année, avec une émulsion de gourmandise volcanique le jour de la Saint-Valentin !
A déguster sans modération...
Gros bisous et sourires d'amitié !
43 commentaires -
Par maplumefee le 31 Décembre 2017 à 19:44
Chers Amis, voici l'année nouvelle, parée de mille feux, d'espoirs et de rêves qui étincellent... Comme une étoile qui s'embrase dans le ciel d'hiver. Au creux de sa lumière, je vous souhaite beaucoup de bonheur et la réalisation de vos vœux !
Que votre santé soit la meilleure possible et que vos proches soient épargnés par la maladie !
Que l'Amour et l'Amitié vous enveloppent, au fil des jours, de leurs brûlantes énergies !
Que les petits lutins, gardiens de mystérieuses escarcelles, vous apportent le nécessaire au quotidien et que la Créativité rayonne sans faiblir sur nos blogs et pas seulement...
Un grand merci pour les liens que nous avons tissés et que notre fidélité honore !
Je vous embrasse bien fort !
Cendrine
Entrons dans un palais enchanté où brillent de fines faïences, des sculptures de verre, des cristaux poudrés d'or, et profitons, avec les yeux, du charme chimérique et précieux de ces tables de fête...
Prenez bien soin de vous, je vous présente encore mes meilleurs vœux !
23 commentaires -
Par maplumefee le 22 Décembre 2017 à 21:56
Bienvenue au temps des fêtes ! Que rayonne cette magie de lumière au creux de l'obscurité hivernale et que cette énergie dorée nous apporte, chers Amis, créativité, douceur, réconfort ainsi qu'une myriade d'instants de joie ! Je vous remercie de vos gentilles présences et vous souhaite une infinité de belles choses, de même qu'à vos proches...
Et sans oublier ceux qui sont seuls, souffrants, démunis... je vous propose, afin de célébrer les charmes de la saison et en attendant l'éclosion de la nouvelle année, de regarder une série de photos prises au gré de mes déambulations de décembre... Joyeuses fêtes à toutes et à tous !
Allons nous promener sous la prestigieuse coupole Art Nouveau des Galeries Lafayette, alchimie de vitraux conçue par le maître de l'École de Nancy Jacques Grüber (1870-1936) afin d'y contempler un sapin haut en couleurs !
Dans un décor de théâtre, se dresse cet arbre de fantaisie !
Une « Créature », qui se dévoile dans une explosion de couleurs, un festival de tons sucrés et saturés et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle incarne à la perfection le thème choisi cette année : « Spectacular Spectacular ! »
Elle est composée d’une multitude de ballons et de friandises géantes en aluminium mylar (un aluminium très résistant et fortement malléable) et entourée de mobiles qui s'éparpillent sous les transparences et les jeux d'ombre de la Coupole.
Petits et grands entrent dans le décor d’une fête foraine imprégnée de « folie » surréaliste... Sur le boulevard Haussmann, les vitrines composent un panorama joliment déjanté où s'ébattent le pigeon Pierre et sa colombe, Coco, des oiseaux amoureux !
Une romance de Noël à tire-d'ailes !
Au Printemps, à quelques encablures, on découvre des poupées facétieuses, des lapins qui partent en vacances, des petits ours survitaminés et même une fusée lunaire !
Épopée dans l'espace...
Je termine avec ces gourmandises...
Prenez bien soin de vous et de ceux que vous aimez, bonnes vacances et à très bientôt pour des vœux gorgés d'Amitié !
Joyeuses Fêtes !
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