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Ce marbre gracieux appelé « La Bocca della Verita » : « La Bouche de la Vérité », signé Jules Blanchard (1832-1916), se love sous un bouquet d'arbres, près de l'entrée principale du Jardin du Luxembourg.
Une jeune femme nue glisse sa main dans une bouche étrange, celle du masque de la Vérité. Selon une légende en vogue dans la Rome antique, cette pratique permettait de savoir qui disait la vérité et qui dissimulait un mensonge. L'étreinte du masque était considérée comme une forme subtile d'initiation. On ne pouvait récupérer sa main intacte que si l'on faisait preuve d'une profonde honnêteté.
Des lignes charmantes, un léger flou sous la pluie...
Le masque repose sur une colonne décorée d'un miroir et d'une branche de laurier. Emblème solaire dans ce cas (emblème lunaire en fonction des objets qui l'accompagnent), le miroir évoque l'impossibilité de cacher ou de travestir la Vérité de quelque manière que ce soit. Les anciens livres d'iconologie nous apprennent que le laurier « est toujours vert, et que la foudre ne le peut endommager, nous en donnons pour cet effet une Couronne à la Vertu, pour ce qu'il n'est point d'ennemi qui la puisse vaincre, et qu'elle ne craint ni les embrasements, ni les disgrâces, non plus que les autres violences de la Fortune. »
Iconologie ou explication nouvelle de plusieurs images, emblèmes et autres figures hiéroglyphiques des Vertus, des Vices, des Arts, des Sciences, des Causes naturelles, des Humeurs différentes et des Passions humaines. Tirées des recherches et des figures de César ou Cesare Ripa, moralisées par Jean Baudoin. A Paris, chez Mathieu Guillemot, 1644. P. 196.
La Vérité, gravure sur bois d’après Cesare d’Arpino (1568-1640), 1618, dans L’Iconologie de Cesare Ripa (1555 ou 1560-1622).
La première édition illustrée de L’Iconologie date de 1603. La Vérité peut y être rapprochée de deux autres figures: la Beauté et la Clarté (Chiarezza), jeune femme nue entourée d’un grand éclat.
Les antonymes de ces trois figures sont la Fraude, le Mensonge et la Tromperie, marqués par le sceau de l'opprobre et de la difformité. Monstrueuse créature à deux têtes, Fraude est affublée de pieds griffus et d’une queue de scorpion dépassant de sa robe. Elle tient deux cœurs dans une main et un masque dans l’autre. Le Mensonge (Bugia) est représenté avec une jambe de bois. Il porte un vêtement couvert de masques et tient une botte de paille, « image des faussetés qui se consument ». La Tromperie (Inganno) est un hybride mi-homme mi-serpent qui arbore un filet et un hameçon.
Cesare Ripa décrit la Vérité comme « une très belle femme nue, qui d’une main tient en hauteur le soleil et de l’autre un livre ouvert et une palme et a sous le pied droit le globe du monde. La Vérité est une habitude de l’âme disposée à ne pas faire dévier sa langue de l’être droit et propre des choses dont elle parle et écrit, n’affirmant que ce qui est et niant ce qui n’est pas, sans changer d’idée. Elle est représentée nue pour signifier que la simplicité lui est naturelle. Elle tient le soleil pour indiquer que la Vérité est amie de la lumière. Le livre ouvert fait allusion au fait que c’est dans les livres que l’on trouve la vérité des choses. La palme ne peut signifier que sa force puisque, comme on sait, le palmier ne cède pas sous le poids, de même que la Vérité ne cède pas aux choses contraires, et même si beaucoup le dépouillent, néanmoins il s’élève et croît en hauteur […] Le monde sous ses pieds dénote le fait qu’elle est supérieure à toutes les choses du monde, et de plus qu’elle est précieuse ; de là vient que Ménandre la dit habitante du ciel, seule à jouir d’une place entre les dieux ». Ménandre (-342?-292) était un auteur dramatique athénien, une référence en matière de symboles.
Au Jardin du Luxembourg, la Vérité et la Vertu se confondent sous une séduisante apparence et une attitude sereine et sensuelle.
La Bocca della Verita
Il existe à Rome un vieux masque en marbre doté, d'après la croyance populaire, de mystérieux pouvoirs. Datant du 1er siècle après J.-C., il révèle un visage d'homme barbu. Ses yeux, son nez et sa bouche sont creux.
Il fut inséré en 1632 dans le mur du porche de l'église Santa Maria in Cosmedin. Cette belle église en briques rouges se situe non loin du Tibre, dans la partie Sud de Rome. Elle se dresse sur les vestiges d'un ancien marché: le Forum Boarium.
La fonction initiale du masque n'est pas vraiment établie. Les chercheurs hésitent entre un élément de fontaine, une bouche d'impluvium ou un couvercle d'égout en raison de sa proximité avec le célèbre Cloaca Maxima. Il représentait probablement une divinité aquatique ou fluviale.
Le masque était réputé capable de « détecter » les mensonges et la fourberie. D'après de très vieux récits, si un menteur y introduisait la main, il sentait une forte pression et se faisait croquer les doigts!
La Bocca della Verita apparaît dans le film américain Vacances Romaines, réalisé en 1953 par William Wyler et interprété par Gregory Peck et Audrey Hepburn. Cette comédie romantique décrit les amours, le temps d'une journée, d'une princesse fugueuse, Ann, et d'un journaliste, Joe, au cœur de la Ville éternelle.
Il s'agit du premier grand rôle au cinéma d'Audrey Hepburn. Pétillante et délicieuse, elle a obtenu, grâce à Vacances Romaines, l'Oscar de la meilleure actrice, le British Academy Awards, le New York Film Critics Circle Award et le Golden Globe Award.
La scène de la Bouche de la Vérité est improvisée. Les acteurs s'amusaient avec le vieux masque et les réactions de l'actrice ont été gardées au montage. Le réalisateur a demandé aux scénaristes de « broder » autour.
Joe fait découvrir à Ann la Bouche de la Vérité. Il lui explique qu'en cas de mensonge, la main du menteur sera avalée. Ann est nerveuse car elle n'a pas révélé à Joe sa véritable identité mais Joe sait qu'elle est une princesse. Facétieux, il glisse sa main dans la cavité fatidique et fait croire à Ann que le masque lui a dévoré les doigts.
Lucas Cranach l'Ancien (1472-1553), maître allemand de la Renaissance, a transposé ce thème dans la peinture à travers un conte médiéval en vogue dans les pays du Nord de l'Europe. Un « automate merveilleux » en forme de lion devait punir les épouses infidèles mais une jeune femme rusée fit revêtir à son amant des habits de fou et lui demanda de la toucher devant une foule inquisitrice. Insérant les doigts dans la Bouche de la Vérité, elle jura en toute tranquillité que personne n'avait posé la main sur elle en dehors de son mari et... du fou!
La Bouche de la Vérité, vers 1525-1530.
Ce conte qui fait l'éloge du pouvoir de ruse associé aux femmes avait été relaté dans plusieurs dessins et estampes en Europe du Nord, par des artistes comme Albrecht Altdorfer (1480-1538) et Lucas van Leyden (1494-1533) mais Lucas Cranach fut le premier à le transcrire dans la peinture.
Il existait à Rome, à Venise et à Gênes des « bouches de vérité » ou « bouches de lion » désignées comme « bouches de dénonciation ». Destinées à déposer des « dénonciations secrètes en matière d’état », elles étaient encastrées dans les murs de bâtiments religieux et laïques et se répandirent entre le XIVe et le XVIIIe siècles. Les dénonciations devaient être impérativement signées et les fausses déclarations se voyaient sévèrement sanctionnées, la sentence encourue pouvant être la mort.
D'après l'ouvrage de Giordani Paolo intitulé Venise, 30 itinéraires à la découverte de la ville et publié en 2002, à Venise, aux Éditions Cicero:
«Les clefs des cassettes dans lesquelles les lettres tombaient étaient aux mains des magistrats dont chacun avait une compétence spécifique.
Une loi du 30 octobre 1387 imposait que les dénonciations glissées dans les boîtes secrètes du Conseil des Dix, les maîtres de la ville et ne portant pas de signatures devaient être brûlées sans être lues.
En 1542, une autre loi établit en 1542 que les dénonciations anonymes à propos des blasphèmes étaient recevables à condition d'être signées par trois témoins.
Il fut décidé, en 1655, que les dénonciations anonymes seraient prises en compte si elles concernaient des affaires d'état et si les quatre cinquième du Conseil des Dix estimaient que le procès devait être instruit.»
L'une des plus célèbres bouches de dénonciation se situe à Venise, dans le Palais des Doges, au-dessus de la grande cour pavée. Elle était réservée à la dénonciation des fraudes fiscales.
DENONTIE SECRETE
CONTRO CHI OCCVLTERA
GRATIE ET OFFICII
O COLLVDERA PER
NASCONDER LA VERA
RENDITA D ESSI
Dénonciations secrètes
contre celui qui cachera
faveurs et fonctions
ou colludera (note) pour
cacher les véritables
revenus qu'elles lui rapportent.
(Note) « Colluder » signifie « avoir collusion ». Ce terme de droit désigne « l'intelligence de deux parties qui plaident mais qui ne laissent pas de s'entendre pour tromper un tiers ». De manière plus générale, ce mot souligne l'existence d'une entente secrète entre deux ou plusieurs parties afin de susciter un préjudice ou de tromper un interlocuteur.
La poste italienne a représenté, en 1976, cette bouche de délation romaine.
Émanation du rapport mystérieux unissant l'homme et sa conscience, par le biais d'une autorité invisible, ces « bouches parlantes » ou « bouches secrètes » figuraient aussi sur des fontaines et des bas-reliefs. Représentées en miniature, elles étaient utilisées comme amulettes.
Pendant des siècles, une caution surnaturelle fut nécessaire à l'expression de la vérité. Il fallut s'en remettre à à des statues ou des masques réputés capables d'exhumer les secrets enfouis et de mettre les mensonges en lumière.
Dans le monde antique, des masques et des statues étaient dotés du pouvoir de révéler les secrets et jusqu'au XVIIIe siècle, les fameuses « bouches de dénonciation » ont été perçues comme leurs héritières.
Qu'elle soit un vieux masque romain énigmatique ou un marbre sensuel qui s'épanouit sous les arbres de Luco*, la Vérité m'inspire ces quelques vers...
La Vérité
Je suis nue parmi les parures
Je ne faiblis devant personne
Je brise toutes les armures
Je n'ai ni doute ni couronne
Tombe le masque je te vois
Dans le lac noir où tu te noies
Les mots fardés sont sans pouvoir
Quand je découvre mon miroir...
Cendrine
*Luco : nom « affectueux » donné par les Parisiens au jardin du Luxembourg.
Merci de vos vœux d'anniversaire et de vos charmants petits mots concernant ma santé. Je pense bien à vous, gros bisous !
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Chers amis, je vous souhaite de délicieuses fêtes de Pâques et je remercie celles et ceux qui, très gentiment, m'ont souhaité aujourd'hui un bel anniversaire! Je suis très touchée par vos attentions.
Si vous êtes intéressés, vous pouvez lire ou relire mes articles intitulés MYSTÈRES ET TRADITIONS DE PÂQUES et LES OEUFS DU PRINTEMPS.
Soyez heureux auprès de ceux que vous aimez et savourez ces agréables journées de Printemps. Je souffle joyeusement mes bougies et je pense bien à vous, gros bisous !
Cendrine
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Il se dresse dans la lumière du printemps tel une émulsion de flammes roses. Il incarne la vie qui ne renonce jamais, la force des cycles de la Nature qui se renouvellent malgré l'Obscur.
Apparition magique dans l'écrin du Parc Montsouris quand on a conservé, en dépit du chaos et des ombres, une capacité toute enfantine à s'émerveiller.
J'écris ces quelques mots pour les personnes qui m'ont très gentiment, très amicalement « grondée » parce que je ne donnais pas, depuis longtemps, des nouvelles de ma santé. Je ne l'ai pas fait car j'étais lasse de répéter toujours la même chose, de ne pas pouvoir dire « ça va mieux, ça va vraiment mieux... » mais je sais que vous vous inquiétez et ne rien vous dire ne vous rassure pas.
Alors oui, je vis toujours la même chose. Plusieurs crises d'épilepsie par semaine avec un long cortège de souffrances associées. Certaines crises sont plus violentes que d'autres mais celles qui sont moins violentes en apparence ne sont pas moins dangereuses pour mon organisme.
Là, je suis dans le creux de la vague avec la panoplie de symptômes hélas habituels : vertiges, voiles noirs, fièvre carabinée, muqueuses qui saignent, douleurs névralgiques généralisées, nausées à en être pliée en quatre et à ressembler à un tableau cubiste ! Bref, tout ce qui accompagne une altération très profonde du système nerveux et qui fait que les gaines de myéline de mes nerfs ressemblent à un champ de bataille...
Dans quelques jours, ça ira un peu mieux avant que tout recommence aussi je reste fidèle à ma philosophie : Carpe Diem à une vitesse de limaçon pour le moment et qui sera un peu plus intense dès que je le pourrai...
Je retourne à l'hôpital à partir du 20 avril pour passer d'autres examens et refaire le point sur les traitements en cours...
Je pense très fort à ceux qui souffrent en ce monde, quelles que soient les causes de leur souffrance et je joins mes pensées à celles des victimes de l'attentat de Stockholm. Je pense aussi aux habitants de Syrie victimes du gaz sarin. Nous avons tous vu ces images effroyables...
Face à ces malheurs, je veux conserver l'image de cet arbre rose et ne jamais oublier qu'il représente la force du guerrier, celui qui meurt pour une renaissance...
Je pense fort à vous, merci de votre sollicitude, prenez bien soin de vous...
Gros bisous !
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Plaisanteries, boutades et rencontres espiègles se multiplient, en ce jour qui lâche la bride aux esprits facétieux. Les poissons d'avril, les gourmandises et les déclarations d'amour sont à l'honneur.
Des poissons chargés d'histoire...
Émanation de traditions printanières et de très anciens rites de fertilité, le poisson nous séduit par sa riche symbolique et la délicieuse iconographie qui lui est associée. Il s'inscrit, tel un initiateur, au cœur des festivités qui marquent le renouvellement des forces vives de l'année.
Jusqu'au XVIe siècle, le début de l'année variait suivant les diocèses. A Lyon, l'année commençait le jour de Noël; à Vienne, c'était le 25 mars. Dans certaines régions, le jour de Pâques ouvrait les portes du calendrier et dans d'autres provinces, c'était le premier avril.
Le roi Charles IX (1550-1574) décida de résoudre cette « complication » en fixant au premier janvier, dans l'ensemble de la France, le début de l'année civile. Le 9 août 1564, le tout jeune souverain signa, en présence de sa mère, la régente Catherine de Médicis, l'édit de Roussillon qui n'entra en vigueur qu'en 1567.
Portrait de Charles IX, 1561, par François Clouet (1505/15-1572).
« Oyez braves gens, le premier janvier marque une fois pour toutes le début de l’année. »
En 1582, la mesure fut étendue à l'ensemble du monde catholique grâce à l'adoption du calendrier grégorien.
La tradition du poisson d'avril semble tirer ses origines du fameux édit de Roussillon, car, en souvenir des anciennes célébrations du premier avril, les gens continuèrent d'échanger des cadeaux, de préférence teintés de burlesque.
Mais un ouvrage comme le Dictionnaire de Trévoux (1704-1771), synthèse jésuite des dictionnaires français du XVIIe siècle, proposa une autre origine au poisson fatidique. Le Christ aurait été contraint, lors de son jugement, de se rendre d'un tribunal à un autre, sous une profusion de railleries. On aurait donc pris l'habitude de faire courir et de renvoyer, d’un endroit à un autre, le premier avril, les personnes dont on voulait se moquer.
De nos jours, les plaisantins accrochent un poisson en papier dans le dos de leurs victimes. Quand la farce est découverte, ils s'écrient « Poisson d'avril »!
Entre amis, entre collègues et dans le cadre familial, les esprits taquins rivalisent de créativité et certains canulars, de plus ou moins grande ampleur, sont organisés dans les médias.
Les poissons d'avril dans le monde
Depuis l'an 2000, le premier avril est aussi la Journée Internationale des Livres Comestibles. Cette célébration, conçue par Judith Hoffberg et Béatrice Coron, invite les bibliophiles à réaliser des gourmandises en forme de livre. Les amateurs photographient leurs créations et les publient sur le site du Edible Book Day.
Au Brésil, le premier avril est appelé « Jour du Mensonge ». Les enfants créent des poissons colorés avec du tissu et du papier et les adultes rivalisent d'ingéniosité pour élaborer le plus « gros » mensonge.
Au Mexique, la coutume consiste à dérober provisoirement un objet appartenant à un ami. La « victime » recevra des friandises et un message lui révélant qu'il s'est fait piéger.
Aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni, le jour des fous d'avril, April Fool's Day, ou All Fool's Day (Jour de tous les fous) apparaît comme une sorte de réminiscence de la Fête des Fous médiévale mais dans une version plus édulcorée.
(Charivari du Roman de Fauvel, miniature du XIVe siècle.)
En Écosse, les farceurs œuvrent jusqu'au 3 avril alors qu'en Espagne et en Amérique Latine, les traditions ludiques du premier avril se déroulent le 28 décembre, Jour des Saints-Innocents. En ce jour qui mêle le souvenir du massacre des enfants de Bethléem âgés de moins de deux ans par le roi Hérode et les festivités associées à l'antique Fête des Fous, les enfants accrochent un petit personnage en papier dans le dos des personnes qu'ils ont choisi de chahuter.
Dans de nombreux pays, le premier avril est l'occasion de rire, de manière plutôt débonnaire, aux dépens des personnes que l'on apprécie.
Les beautés d'avril
Enluminure du mois d'avril issue du manuscrit des Très Riches Heures du duc de Berry, XVe siècle.
Le mois d'avril est une passerelle enchantée entre les deux parties de l'année. La saison sombre s'est éloignée. L'équinoxe de printemps a réveillé le pouvoir des fleurs. Les bourgeons, gorgés de force, cèdent la place aux couleurs les plus vives. La sève pulse sous l'écorce des arbres fruitiers et les animaux se départissent de leur pelage hivernal.
La Nature est en liesse même si avril est un mois capricieux, propice aux giboulées. Cette inconstance météorologique a donné lieu à de nombreux dictons et proverbes:
« Fleurs d'Avril
Ne tiennent qu'à un fil ».
« Quand Avril en fureur se met
Pas de pire mois dans l'année! »
« Il n'est si gentil mois d'avril
Qui n'ait son chapeau de grésil. »
« La lune d'avril nouvel ne passe pas sans gel. »
« Avril entrant comme un agneau
S'en retourne comme un taureau. »
« Quand Mars se déguise en été
Avril met ses habits fourrés. »
« Avril le doux, quand il se fâche, est le pire de tous! »
« Caprices d'Avril font tomber les fleurs et trembler les laboureurs. »
Mais heureusement, rien n'arrête la reverdie... Les beautés parées de lumière affrontent, depuis la nuit des temps, les tempêtes et les fantômes de l'hiver qui parfois les bousculent avec leurs doigts givrés.
Sur la roue zodiacale, dansent, à cette période transitoire, des êtres magiques: le poisson, emblème lunaire et matriciel et le bélier, animal solaire, gorgé de force et de virilité.
Le poisson d'avril, messager de l'amour et du Printemps
Si les canulars associés au premier avril sont toujours bien vivants, l'image du poisson était autrefois utilisée pour exprimer son ardeur amoureuse. Aux alentours de 1900, les cartes illustrées de poissons étaient très répandues. Le messager des forces printanières était accompagné d'angelots, d'enfants, de belles jeunes femmes ou de couples amoureux. Des vers romantiques et facétieux complétaient l'ensemble.
Ces cartes s'inscrivent dans la lignée de celles de la Saint-Valentin et du Premier Mai. Les amoureux y déclarent leur flamme avec espièglerie et sensibilité.
La vogue des cartes illustrées était l'occasion de célébrer, avec poésie, humour et tendresse, le cycle des saisons et le renouveau printanier.
Cette iconographie au charme suranné est truffée de symboles d'amour et de chance. Le fer à cheval est considéré depuis fort longtemps comme un porte-bonheur, indissociable des rituels amoureux. Des rubans roses ou rouges étaient glissés dans les trous de l'objet avant d'être offerts à la personne désirée. Si le contexte était favorable, ils pouvaient être dissimulés sous son matelas ou son oreiller.
Les jeunes hommes frottaient des petits fers à cheval sur la lettre destinée à l'élue de leur cœur.
Protecteur du foyer contre les tempêtes et les forces malveillantes, le fer à cheval était placé, les pointes vers le haut, au-dessus des portes ou des cheminées. Réputé attirer l'amour et la prospérité, il était posé, les nuits de pleine lune, sur le rebord des fenêtres. Il accompagnait aussi les pêcheurs dans leurs activités.
Depuis la plus lointaine antiquité, les roses symbolisent l'amour. Leur douce couleur rose-thé s'harmonise avec les nageoires et la queue des poissons.
Incarnation des forces printanières, le poisson d'avril met à l'honneur une magie populaire qui offre au monde de l'enfance une place privilégiée.
Le poisson peut être assimilé à la légendaire cigogne, bonne fée qui apporte les nourrissons dans les foyers.
Les cartes du premier avril étaient aussi agrémentées de messages d'amitié.
On vendait, dans les boutiques en vogue à la Belle Époque, des poissons en sucre, en chocolat et de jolies boîtes colorées en forme de poisson, remplies de gourmandises. Cette tradition a survécu à travers la « friture » de Pâques, florilège de chocolats en forme de créatures aquatiques.
Au cours des repas, on plaçait sur la table des petits objets imitant la nourriture afin d'amuser les convives et des boîtes miniatures en forme de poisson pour y loger quelque chose de précieux.
La symbolique du poisson
Le poisson fraye et se love dans les eaux matricielles, les mondes mystérieux et les profondeurs de l'inconscient. Dans les religions anciennes, il était porteur d'un symbolisme lié à l'amour et à la fécondité. Des poissons aux couleurs chatoyantes peuplaient les bassins des temples, les fontaines et les étangs sacrés.
Guillaume Rondelet (1507-1566), L'histoire ancienne des poissons, 1558.
Des déesses mères à queue de poisson étaient célébrées au Proche-Orient, à l'instar de la déesse lunaire syrienne Atargatis, représentée avec une queue de sirène.
The Mermaid, par le peintre préraphaélite John William Waterhouse (1849-1917).
Les premières sirènes ressemblaient à des Harpies. Leurs ailes d'oiseaux claquaient dans le vent comme les voiles des bateaux. D'après la légende, battues par les Muses dans un concours de chant, elles perdirent leurs plumes, utilisées pour tresser des couronnes.
Ulysse et les Sirènes, 1891, par J.W. Waterhouse.
Ulysse et les sirènes, par le peintre victorien Herbert James Draper (1863-1920).
Le milieu marin a toujours inspiré la fascination et l'effroi. Des auteurs comme Pline l'Ancien (23-79 après J.-C.) le qualifient de « mère des monstres » mais l'eau, si mortifère soit-elle, est habitée par des forces magiques et régénératrices.
The Land Baby, par le peintre préraphaélite John Collier (1850-1934).
Poisson volant, par le peintre victorien Herbert James Draper (1863-1920).
Dans la Grèce ancienne, le poisson était consacré à Aphrodite, la déesse de l'amour et de la beauté, née de l'écume de la mer.
La naissance de Vénus, vers 1485, par Sandro Botticelli (1445-1510).
Dans la Rome antique, le premier avril, les femmes vénéraient la déesse Vénus Verticordia et la Fortune virile. Le poète latin Ovide (43 avant J.C.- 18 après J.-C.) relate que la statue vénusienne, dépouillée de ses bijoux et de ses diverses parures, était baignée et parfumée. Les prêtresses la paraient ensuite de colliers d'or et de roses fraîches.
Vénus Verticordia, 1868, par Dante Gabriel Rossetti (1828-1882), artiste préraphaélite.
Ce portrait, dont il existe quatre versions, représente Vénus Verticordia, «celle qui change les cœurs», une des nombreuses épiclèses de la déesse de l’Amour. (Une épiclèse est une épithète accolée au nom d'une divinité.)
Alexa Wilding, l'un des modèles favoris de Rossetti, prêta ses traits à la déesse, beauté victorienne flamboyante, auréolée de papillons d'or et jaillissant d'un buisson de pivoines et de roses. Elle tient une flèche dans la main droite et une pomme dans la main gauche, fruit de connaissance et de sensualité évoquant le péché originel mais aussi le jugement de Pâris. La flèche est l'attribut de Cupidon, le dieu qui insuffle le désir.
Le premier avril, les femmes romaines se lavaient dans de l'eau vive, énonçaient des vœux de fécondité et portaient des couronnes de myrte vert, arbuste sacré de la déesse. Elles offraient de l'encens à la Fortune Virile, qui devait les aider à dissimuler aux hommes les petits défauts de leur anatomie. Dans les temples, elles savouraient un breuvage mystique, mélange de lait, de miel et de suc de pavot. D'après les anciennes croyances, Vénus avait absorbé cet élixir lors de ses noces avec Vulcain, le dieu du feu et de la forge.
(Allégorie aquatique, place de la Concorde.)
Le poisson, avatar et compagnon des déesses antiques, devint, dès le début de la chrétienté, un symbole du Christ.
Signe secret de reconnaissance des premiers chrétiens, le nom grec du Christ, ikhtus, peut être considéré comme un acronyme des mots: Iesos Khristos Théos Huios Sotèr soit « Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur ».
Dans les traditions d'avril et de Pâques, il est question de résurrection des forces naturelles et de pêche miraculeuse.
Les pêcheurs, décor du pavement de la basilique d'Aquilée, en Italie.
Sur les murs des Catacombes, les lampes à huile, les poteries et les sarcophages paléochrétiens, le poisson représente le sacrement de l'Eucharistie, communion suprême du Christ avec ses disciples. Il évoque le passage et le cheminement des âmes vers l'au-delà.
Le calice au poisson, dans la Maison aux Poissons, à Ostie (le port de Rome).
Le poisson figure, à côté du pain et du vin, sur la table de la Cène. Les premiers Pères de l'Église qualifiaient les croyants de pisciculi: « petits poissons » et appelaient les fonts baptismaux piscina: « le vivier, l'étang aux poissons ».
Gardien des connaissances mystérieuses, guide spirituel, symbole de chance et de fécondité, le poisson est un initiateur, célébré dans toutes les civilisations, en orient comme en occident.
En Chine, le poisson (yü) signifie le bonheur et l'abondance. Les mouvements de sa queue et de ses nageoires dans l'eau sont assimilés au plaisir sexuel. (Image extraite de mon article sur la Pagode Loo.)
Au Japon, on le considère comme un emblème de courage, de force et d'endurance. (Estampe d'Hiroshige (1797-1858), Mulet gris et camélia.)
Il conduit aussi les âmes bienheureuses à travers les mondes aquatiques, vers les Îles Fortunées, et protège l’œuf de la Vie qui fait renaître le Printemps.
Dans l'ancienne Égypte, comme Monsieur Richard Lejeune, du blog Egyptomusée me l'avait écrit dans l'un de ses commentaires pleins d'amitié, « le tilapia du Nil était synonyme de renaissance et de régénérescence dans l'éternité post-mortem.
En effet, très soucieux des phénomènes que la nature leur offrait, (les Égyptiens) s'étaient aperçu que cette espèce abritait ses petits dans la gueule juste après la ponte, et ne les recrachait qu'une fois éclos. De sorte que tout propriétaire d'un tombeau souhaitait qu'une scène de pêche fût représentée, peinte ou gravée, aux fins de, magie de l'image, lui permettre de renaître dans l'Au-delà.
(Et ajoutons que) dans la langue égyptienne, le même verbe, "sechet" signifiait à la fois "transpercer le poisson à l'aide du harpon" et "s'accoupler" ».
Enracinés dans l'imaginaire collectif, les poissons d'avril sont les messagers des forces de reverdie et les protecteurs des anciennes croyances. Ils confrontent ceux qui en sont les « victimes » à une sorte de rite de passage. Ils frayent dans les eaux magiques, à la croisée des fluides de mort et de vie, et nous invitent à laisser papillonner notre imagination.
Sous l'égide de ces fameux poissons, je souhaite donc qu'Avril vous soit particulièrement favorable ! Je vous remercie pour vos charmants messages, je pense bien à vous. Gros bisous !
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Au carrefour de la rue Saint-Dominique (numéro 123) et de l'avenue Bosquet, dans le VIIe arrondissement de Paris, je vous invite à découvrir l'une des plus prestigieuses demeures « Belle-Époque » de la capitale.
L'histoire des lieux commence à partir de 1866 lorsque la comtesse Amédée de Béhague (1807-1885), fit construire un « Grand Hôtel » de style classique, par l'architecte Gabriel-Hippolyte Destailleur (1822-1893).
En 1868, le fils d'Amédée, le comte Octave de Béhague (1827-1879) fit bâtir à proximité de ce « Grand Hôtel » un « Petit Hôtel » et, quelques années plus tard, de la réunion de ces deux édifices naquit un lieu d'une impressionnante beauté, appelé « la Byzance du VIIe arrondissement ».
Ce palais parisien fut aménagé, entre 1893 et 1904, par Walter-André Destailleur (1867-1940), fils de Gabriel-Hippolyte Destailleur, à l'initiative de Martine Marie Pol de Béhague (1869-1939), comtesse de Béarn et fille du comte Octave.
Portrait de Martine de Béhague, l'auteur est inconnu.
La Comtesse était un sacré personnage ! Collectionneuse, mécène, voyageuse accomplie, douée pour l'écriture et le théâtre, elle accueillit dans sa demeure des invités prestigieux à l'instar de Verlaine, Gabriele D'Annunzio, Isadora Duncan, Marcel Proust, Auguste Rodin ou encore Paul Valéry qui devint son bibliothécaire !
Après sa mort en 1939, l'État Roumain fit l'acquisition de l'hôtel pour y transférer son ambassade qui était jusque là située avenue de Wagram. La « Byzance » fut alors transformée en forteresse et rebaptisée « Ambassade de la Honte » pendant plusieurs décennies. On y séquestra, on y tortura, on y assassina... le sujet n'est pas le bienvenu dans le pays dit des Droits de l'Homme. Il est très difficile voire impossible de trouver des documents associés à ce qui s'est passé.
En décembre 1989, la Révolution Roumaine conduisit à la chute du Communisme et à l'exécution des époux Ceausescu. L'hôtel fut « nettoyé de ses pièces sinistres » et quelques temps plus tard, il rouvrit ses portes au public, presque comme si de rien n'était. Il est toujours considéré comme l'un des plus remarquables hôtels particuliers de Paris.
Au fil de la demeure...
On y pénètre par une double porte cochère et une imposante façade en belle pierre de taille, ornée de sculptures à l'aspect fantastique, se dresse devant nous.
Visages de femmes ornés de grandes ailes, démons séducteurs qui protègent les secrets du lieu... Ne sommes-nous pas à l'ambassade de Roumanie ?
Nous sommes accueillis -très gentiment- par les agents dans le vestibule où les célébrités mondaines se donnaient rendez-vous pour festoyer sur les « terres urbaines » de la Comtesse.
Baignant dans une lumière douce, le décor nous dévoile son élégante qualité : un portrait féminin dont l'auteur n'est pas mentionné et une toile anonyme du XVIIe siècle : la Mise au Tombeau du Christ.
La Mise au Tombeau. (Il n'était pas facile de prendre des photos en raison de l'éclairage et l'usage du flash était, cela va de soit, interdit.)
Le vestibule conduit au hall d'honneur qui s'ouvre sur le jardin, lieu romantique, agrémenté d'une colonnade ionique qui hélas ne se visite pas.
Un grand miroir devant lequel se dresse le Rapt de Ganymède, œuvre en marbre anonyme du XVIIIe siècle, donne à la pièce un majestueux effet de profondeur.
Les dieux choisirent Ganymède, le plus bel adolescent vivant sur terre, pour être l'échanson de Zeus. Le maître de l'Olympe, qui en tomba éperdument amoureux, lui offrit la jeunesse éternelle et se transforma en aigle pour l'enlever dans les airs.
Ganymède est associé à la constellation du Verseau.
Le hall mène à l'Escalier d'Honneur, merveille de marbre polychrome, de dorures et de fer forgé qui s'inspire de l'Escalier de la Reine à Versailles, bijou datant de 1680.
J'ai fait de mon mieux pour photographier cet espace mais sans le flash, j'ai surtout obtenu des photos floues. Elles vous donneront quand même une idée de la magnificence des lieux.
J'en ai réussi quelques unes et j'ai collecté les autres sur le net. Si quelqu'un souhaite que je retire sa photo, il suffit de me le demander.
Image trouvée sur Pinterest, je n'en connais pas l'auteur.
Photo www.parisdeuxième.com
Au sommet de l'escalier, se dévoile une imposante sculpture : le Temps emportant l'Amour, haut-relief de quatre mètres de hauteur, réalisé en 1898, par le sculpteur Jean Dampt (1854-1945).
A proximité de l'impressionnante sculpture, le sol et le mobilier sont, comme dans tout le reste de la demeure, magnifiques...
Nous évoluons sur ce gracieux damier et, quelques mètres plus loin, la Salle de Bal, aménagée en 1897, nous accueille dans son écrin de lambris vert et or datant du XVIIIe siècle.
Ces panneaux de style néo-rocaille ont été achetés dans différentes ventes aux enchères et soigneusement assemblés pour offrir aux visiteurs une cohérence esthétique. Les grandes portes viennent de résidences royales mais on ignore d'où précisément.
Les dessus de porte sont peints dans le style de Jan Brueghel l'Ancien, dit Brueghel de Velours (1568-1625), peintre baroque flamand et l'ensemble fait référence à l'une des merveilles du Marais : l'Hôtel de Soubise où se situent les Archives Nationales.
Boiseries d'apparat ornées de motifs d'inspiration rocaille : coquilles, entrelacs, oves, masques, palmettes, rinceaux, grappes de raisin, trophées de musique et d'art...
En quittant la Salle de Bal, nous traversons un petit salon octogone aux boiseries trop fragiles pour être photographiées et nous entrons dans la Salle à manger, parée de marbres polychromes et de savants trompe-l’œil.
On y découvre une niche dans laquelle se love une fontaine.
Fontaine dont la double vasque est dominée par un masque baroque, celui du dieu Neptune.
Au-dessus de la fontaine, on admire un relief inspiré de la sculpture versaillaise du Grand Siècle.
Décor bucolique agrémenté de nymphes, un travail remarquable de finesse.
Face à la fontaine, les visiteurs restent bouche-bée devant l'apparition d'un chef d’œuvre inestimable : La Naissance de Vénus de François Boucher (1703-1770), peintre emblématique des élégances et de la sensualité de l'art au XVIII siècle.
L’œuvre datée de 1731 nous ravit par l'expression d'une féminité voluptueuse. Dans cet univers rocaille où la nacre des chairs palpite sous des glacis délicats, la femme est sublimée par la touche amoureuse de l'artiste, « pourvoyeur en plaisir » au cours des fêtes privées du roi Louis XV.
Pour la petite histoire, trois peintres m'ont « incitée » à entreprendre des études de l'art : Antoine Watteau, François Boucher et Jean-Honoré Fragonard. J'ai étudié leurs œuvres pendant deux décennies et je m'émerveille dès que mon regard se pose sur elles, comme si c'était la première fois...
La suite de la visite nous conduit vers le théâtre byzantin, haut lieu de culture musicale. Le lieu est extrêmement sombre et très difficile à photographier. J'ai donc collecté une photo sur le site de l'Institut Roumain.
Institut Roumain.fr
Conçu par Gustave Gerhardt, Grand Prix de Rome d'Architecture, pour ressembler à une basilique byzantine, ce théâtre a accueilli des invités prestigieux à l'instar de la danseuse Isadora Duncan ou de Gabriel Fauré qui y dirigea son Requiem. Malheureusement modifié en 1954, il est aujourd'hui très abîmé et dans l'attente d'une restauration. Quarante millions d'euros sont vraisemblablement nécessaires pour lui redonner son lustre d'antan.
Après le théâtre, nous devons nous extraire de notre rêverie. Nous n'accédons pas au deuxième étage où se situent les bureaux de l'ambassadeur. Nous n'apercevons que de loin un somptueux escalier (somptueux... je pèse mes mots !) habillé de boiseries de chêne datant du XVIIIe siècle. Les photos sont interdites.
Un petit ascenseur a été aménagé au pied de l'escalier. Il conduit à la bibliothèque de la Comtesse (impossible à visiter), ovale et précieuse à l'instar d'un boudoir. La Comtesse y conservait des trésors : manuscrits médiévaux, brouillons d'ouvrages prestigieux, premières éditions dédicacées et son bibliothécaire, comme je l'ai écrit plus haut, n'était autre que « l'immense » écrivain Paul Valéry (1871-1945).
J'ai zoomé discrètement sur l'une des boiseries, le résultat est un peu flou mais on se fait une idée...
L'heure est venue de traverser un long couloir car un escalier nous attend pour nous conduire, de manière feutrée, vers la sortie.
En espérant vous avoir fait plaisir avec cette exploration de l'une des plus prestigieuses demeures de Paris, je vous souhaite de très belles journées de printemps. Merci de votre fidélité et une nouvelle fois, merci de votre soutien lorsque mon blog n'était plus accessible. A bientôt, gros bisous !
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