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    En souvenir de Lady Marianne à qui nous pensons bien fort et désormais sous l'égide de Fardoise et de Lilou.

     

    https://lilousol.wordpress.com/category/tableau-du-samedi

     

    Pour les 6 et 13 juin 2020, le thème proposé par Fardoise est « Nos petits compagnons ». Qu'ils soient Chiens, Chats ou NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie).

     

    http://entretoilesetpapiers.eklablog.com/

     

    Fort joli thème, je persiste à l'écrire...

     

    Après vous avoir présenté la semaine dernière des oiseaux familiers (moineau et chouette), je ne résiste pas au plaisir de présenter cette jeune femme au chat, un tableau que j'aime énormément !

     

    Le cadrage de l’œuvre me ravit, de même que la robe rouge chic et sensuelle, l'attitude « stylée » du personnage et celle du chat noir, pleine de douceur voluptueuse... Cette réalisation remarquable est signée par le peintre américain John White Alexander (1856-1915).

     

    Tant de beauté jaillit de cette rencontre entre la femme et le chat ! J'y reviendrai tout à l'heure...

     

    Nous entrons dans un univers féminin, ardent, rêveur et tissé d'élégances, celui de John White Alexander qui naquit, en 1856, dans la ville d'Allegheny, en Pennsylvanie. L'artiste eut une vie truffée de rencontres très intéressantes.

     

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    Orphelin dès son plus jeune âge, il fut élevé par ses grands-parents et dut travailler comme télégraphiste, dès l'âge de douze ans. Ce fut à cette époque qu'il manifesta des aptitudes pour le dessin.

     

    En 1875, âgé de 18 ans, il s'installa à New York et débuta comme illustrateur et caricaturiste politique dans le célèbre hebdomadaire des frères Harper intitulé le Harper's Weekly.

     

    Le Harper's Weekly fut, le 14 janvier 1893, le premier journal américain à publier une aventure de Sherlock Holmes. Il s'agissait de La Boîte en carton.

     

    Au Harper's Weekly, John White Alexander rencontra de nombreux écrivains et de prestigieux illustrateurs comme Howard Pyle (1853-1911), Joseph Pennell (1857-1926) et Edwin Austin Abbey (1852-1911). Après deux années d'apprentissage intensif, il quitta New York pour découvrir l'Europe.

     

     

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    Après un bref séjour à Paris, il se rendit en Allemagne où il devint l'élève du peintre académique hongrois Gyula Benczúr (1844-1920), à la Kunstakademie de Munich.

     

    Il rejoignit ensuite en Bavière (dans le village de Polling) le cercle artistique de Frank Duveneck (1848-1919), peintre américain d'origine allemande et il rencontra des artistes prestigieux comme le peintre William Merritt Chase (1849-1916) et le romancier Henry James (1843-1916).

     

    Quelques temps après son apprentissage auprès de Frank Duveneck, John White Alexander découvrit les splendeurs de Venise et le travail remarquable du peintre et graveur James Abbott Mac Neil Whistler (1834-1903) dont les créations oscillaient entre Réalisme, Symbolisme et Impressionnisme.

     

    L'inspiration de John White Alexander fut à ce moment là nourrie par l'extraordinaire lumière émanant du ciel de Venise, par les formes changeantes et les mystérieux reflets de l'eau. Fasciné par les effets de matière et les ruissellements dorés de la lumière à la surface des tissus et par des maîtres comme Diego Velasquez (1599-1660) et Frans Hals (1580-1666), il poursuivit son apprentissage à Florence, à Paris et aux Pays-Bas.

     

    Il regagna les États-Unis en 1881 pour enseigner le dessin à l'Université de Princeton et ses portraits de jeunes femmes aux robes magnifiques suscitèrent l'engouement des critiques et du public.

     

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    Il vécut à Paris de 1890 à 1901 et bénéficia d'une solide renommée fondée sur le charme et la profondeur psychologique émanant des sujets qu'il représentait. Il multiplia les portraits féminins et les portraits d'intellectuels célèbres comme celui du poète Walt Whitman (1819-1892), réalisé en 1889, qui constitue un moment majeur dans son art.

     

    Ses œuvres connurent un immense succès au Salon de 1893 et à l'Exposition Internationale Carnegie. Il fut élu membre de la Société Nationale des Beaux-Arts et fréquenta des artistes comme Auguste Rodin, Octave Mirbeau, Henry James, Oscar Wilde...

     

    Membre émérite de l'Académie Américaine des Arts et des Lettres, il reçut la Médaille d'Or à l'Exposition Universelle de Paris en 1900 et à l'Exposition Universelle de Saint-Louis en 1904. Il devint Chevalier de la Légion d'Honneur en 1901.

     

    Ses œuvres sont exposées dans nombre de musées prestigieux comme le Metropolitan Museum of Art, le Musée des Beaux-Arts de Boston, la Bibliothèque du Congrès à Washington ou encore le Musée d'Art de l'Institut Carnegie à Pittsburgh... Il est un artiste incontournable !

     

    Profondément marqué par l'intensité psychologique des rêveries et des pensées féminines, l'art de John White Alexander honore la beauté des matières, la vibration de la couleur et la gracilité des lignes. C'est un voyage étoffé d'émotions très subtiles comme celui qui nous emporte à travers « La femme au chat »...

     

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    Avec son pelage d'obsidienne qui saisit la lumière, le chat de la toile nous invite à voyager dans l'univers des mystères félins.

     

    Le chat est par nature associé à la femme, à ses émotions, ses lunes, ses pensées et ses songes. Le chat est lié, de manière très intime, aux différentes étapes de la féminité. Dans l'Antiquité, il était l'apanage des déesses du foyer et de la maternité à l'instar de Bastet, la puissante divinité égyptienne de l'amour, de la naissance, de la musique et des parfums.

     

    Dans l'Égypte ancienne, les chats étaient appréciés pour leur agilité, leur beauté et leur capacité à chasser les rats qui véhiculent des maladies comme la peste. Protecteurs des moissons, ils devinrent des compagnons au sein du foyer. Considérés comme des divinités familières, ils reçurent le nom de Miw et furent consacrés à Bastet. A leur mort, ils étaient embaumés et rejoignaient Bubastis, la capitale sacrée de la déesse chatte, célébrée le 5 février.

     

    Entité féline, protectrice de la maternité, Bastet régnait sur la famille. On la représentait comme une chatte au regard énigmatique ou comme une femme à tête de félin. On la contemple, dans les temples et les musées, allaitant sa portée de chatons ou parée de bijoux, incarnant la sensualité de la femme, maîtresse de la beauté, des ornements et des parfums.

     

    Elle joue souvent du sistre, un instrument de musique qui émet des sortes de cliquetis, représenté sur de nombreux éléments de parure, que l'on agitait comme un hochet.

     

    Déesse chatte, douce, maternelle et nourricière, Bastet est l'incarnation apaisée de l’œil de Rê, le dieu soleil, dont la représentation féroce est la déesse lionne Sekhmet, redoutable guerrière.

     

    D'autres déesses étaient associées au Chat, le gardien de la connaissance des cycles lunaires. En l'occurrence Diane/Artémis, déesse Lune dans l'antiquité gréco-romaine et Freya/Freyja, déesse de l'Amour, de la Magie, de la Terre et de la Fertilité dans la mythologie nordique...

     

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    Le chat est également apprécié dans le monde musulman. Le prophète Mahomet préféra déchirer la manche de sa tunique plutôt que de rompre le sommeil de sa petite chatte Muezza. Il lui accorda, ainsi qu'à ses descendants, la capacité de retomber sur ses pattes.

     

    Ce petit félin fut introduit en Europe sur les navires marchands grecs. Il devint le protecteur des greniers. Il fut aussi considéré comme un veilleur magique.

     

    Dans plusieurs pays du nord de l'Europe, des chats lutins apportent dans les habitations la richesse et la prospérité. En Allemagne, ce sont des pourvoyeurs en nourriture.

     

    Les chats noirs ont hélas été si souvent honnis, pourchassés, assassinés... au nom des peurs ancestrales associées au noir, à la nuit et à la magie des sorcières auxquelles on attribuait des chats noirs -ou roux- pour familiers mais dans plusieurs comtés d'Angleterre, les chats noirs étaient perçus comme des porteurs de chance. Dans le Yorkshire, les femmes de marins vivaient avec un chat noir familier, destiné à veiller à distance sur leurs époux. Dans le Surrey, on recommandait de caresser l'échine d'un chat noir avec un billet de loterie et de toucher sept fois la queue d'un chat noir pour attirer la prospérité et aussi pour trouver l'amour etc...

     

    Les chats sont et ont été aimés par une myriade de peintres, de poètes, de romanciers, de musiciens...

    Par nature, ils se lovent avec un bonheur infini dans l'univers des artistes ! Je vous reparlerai volontiers de leur symbolique dans d'autres articles car j'ai écrit un texte « conséquent » à ce sujet, il y a quelques années, pour un mémoire Universitaire. J'en ai extrait, pour ce samedi, quelques petits passages et j'y reviendrai avec grand plaisir...

     

    En attendant, je vous adresse de belles pensées et je vous propose sur La Chimère écarlate de contempler un jeune garçon au lapin...

     

     

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    Sir Henry Raeburn (1756-1823), Garçon au Lapin, 1814

     

    http://chimereecarlate.over-blog.com/2020/06/le-tableau-du-samedi-sir-henry-raeburn-garcon-au-lapin-1814.html

     

    Belles pensées pour vous, aminautes fidèles et je n'oublie pas ceux qui parmi vous sont en lutte contre des maladies et de grandes souffrances. Vous vous reconnaîtrez... Je vous aime profondément, battez-vous...

     

    Pensées aussi pour l'inoubliable Pépita de notre amie Annick (http://annick-amiens.eklablog.com/) et bonne convalescence...

     

    Gros bisous !

    Plume

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    24 commentaires
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    Je continue avec plaisir la tradition du Poème du Mardi, un rendez-vous que j'aime beaucoup, en souvenir de Lady Marianne, avec des pensées pour sa famille et ses ami(e)s.

     

    Pour ce mardi 9 juin, j'ai choisi un poème d'Esther Granek (1927-2016), grande dame de la poésie et survivante de la Shoah dont la plume m'enivre. Je vous avais, il y a quelques mois, présenté un de ses poèmes évoquant le Carpe Diem, un des thèmes qui m'est le plus cher dans l'existence.

     

    http://maplumefeedansparis.eklablog.com/le-poeme-du-mardi-esther-granek-apres-l-homme-a182388150

     

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    « Je suis enceinte de prés verts…

    Je porte en moi des pâturages…

    Que mon humeur soit drôle ou sage,

    je suis enceinte de prés verts…

     

    Belle est l’image !

    Doux le langage…

    « Je porte en moi des pâturages… »

     

    Et tout à la fois, mais qu’y faire ?

    Je suis enceinte de déserts.

    Et de mirages.

    Et de chimères

    De grands orages.

    De regrets à tort à travers.

    De rires à ne savoir qu’en faire.

     

    Et mes grossesses cohabitent.

    En tout mon être. Sans limite. »

     

    Esther Granek, Je cours après mon ombre, 1981

     

    La Poétesse nous invite à accepter nos ambivalences et à célébrer notre Terre, avec le cœur, l'esprit, la subtilité de nos sens. Elle écrit pour stimuler la prise de conscience de ce qui nous entoure et nous inviter à préserver, de toutes nos forces, la beauté de notre Mère Nature.

     

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     Que le Vert soit !

     

    Vert de l'Espérance et de la Vie née de la sève des végétaux.

     

    J'ai cueilli ces photos lors d'une randonnée de déconfinement. Nous avions grand besoin de Nature, Christophe et moi ! Instants plaisir et joies simples à butiner près de chez nous, dans le Val d'Oise...

     

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    Nous avons croisé des Créatures Vertes, imaginé que nous discutions avec des Esprits de la Sylve au creux de la réalité... Du Vert, intensément, pour se ressourcer !

     

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     La voyez-vous la Créature aux cheveux dressés ? Sourires... Elle avance, à son rythme, entre campagne et forêt...

     

     

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    Deux Géants mystérieux nous observent en passant. Près d'eux se dévoile une demeure de Fées, sous une émulsion d'églantines...

     

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     Nous saluons un Arbre Cerf qui se promène dans la lumière...

     

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    La végétation est luxuriante, la magie verte à l’œuvre tout autour de nous...

     

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    Belles pensées pour vous et gros bisous !

     

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    Plume

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    30 commentaires
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    MERCI beaucoup pour vos messages...

    Retour en douceur avant une nouvelle phase de soins, mon mode « réparation » se poursuit, il faut du temps, j'avance à mon rythme d'escargot limaçon sourires... mais j'avance ! Je fais très attention à mon épaule et aux vertèbres, dès que je sens que ça commence à ne pas aller, je n'insiste pas...

    J'écris mes articles petit à petit et c'est Christophe qui les publie. C'est si gentil...

    Continuez à bien prendre soin de vous, je pense à vous...

     

     

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    En souvenir de Lady Marianne à qui nous pensons bien fort et désormais sous l'égide de Fardoise et de Lilou.

     

    https://lilousol.wordpress.com/category/tableau-du-samedi

     

    Pour les 6 et 13 juin 2020, le thème proposé par Fardoise est « Nos petits compagnons ». Qu'ils soient Chiens, Chats ou NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie). Un très joli thème, je trouve, alors voici mon choix...

     

    http://entretoilesetpapiers.eklablog.com

     

     

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    Dans un paysage antique, une jeune femme, élégamment vêtue de voiles couleur améthyste, prend soin de son moineau familier. L’œuvre, réalisée par le maître victorien Sir John Edward Poynter (1836-1919), met en scène Lesbia, un personnage plutôt mystérieux de l'histoire de l'art. Cette jeune femme (Lesbia ou Lesbie en français), dont on ne sait que peu de choses, a donné son nom à des tableaux peints par différents artistes.

     

    Elle est considérée comme la maîtresse du poète romain Catulle (87-54 av. J.-C.) et comme sa principale source d'inspiration mais qui est-elle vraiment ? La question, au fil des siècles, a souvent été posée.

     

    Certains la désignent comme une vision de Claudia, l'épouse aux moeurs libres d'un consul nommé Quintus Metellus Celer. D'autres voient en elle une sorte de double féminin de Catulle voire un nom de plume ou une image de la femme désirée par le poète, en l'occurrence la poétesse grecque Sapphô.

     

    Sapphô vivait sur l'île de Lesbos. Elle avait créé une université pour femmes, un lieu plein de liberté et de sensualité où l'on enseignait l'érotisme et l'art de composer de la poésie.

     

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    Émanation de la beauté antique, égérie pleine de charme, Lesbia est représentée avec un moineau familier, considéré comme un messager des pensées amoureuses, qu'elle nourrit avec du raisin. Dans le tableau de John Edward Poynter, elle est installée, parmi les roses, dans une exèdre, un lieu propice à la rêverie et à la conversation.

     

    Pour des renseignements concernant les exèdres, vous pouvez cliquer sur les liens suivants :

    http://maplumefeedansparis.eklablog.com/les-exedres-des-tuileries-a79008369

    http://maplumefeedansparis.eklablog.com/la-propriete-caillebotte-l-exedre-et-l-enfant-a-l-oie-a130536836

     

     

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    L'œuvre correspond aux canons esthétiques victoriens de la Beauté. Beauté qui s'enracine dans les grâces idéalisées des mondes antiques et se pare de détails élégants.

     

    Les couleurs du tableau sont remarquables. Les artistes victoriens appréciaient les teintes vives et les nuances de pierres fines ou précieuses. Ici, c'est l'améthyste qui est à l'honneur. Une couleur profonde, au charme mystérieux, émanant d'un quartz violet réputé stimuler le potentiel artistique, lutter contre l'ivresse délétère, attiser le feu bénéfique de la créativité et « affiner l'intelligence » aux dires de Léonard de Vinci (1452-1519).

     

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    Fils de l'architecte Ambrose Poynter, John Edward Poynter naquit à Paris et grandit en développant ses aptitudes pour les arts (peinture, sculpture, mosaïque) et en faisant des études internationales. Il voyagea à Londres puis à Rome où il se passionna pour les sculptures de Michel-Ange et il revint à Paris où il fut admis dans l'atelier du maître Charles Gleyre (1806-1874).

    Fort connu et apprécié en son temps, il fut considéré comme un artiste très talentueux en matière de peinture d'histoire. Doté de nombreuses récompenses, il occupa des postes prestigieux : Directeur du Royal College of Art de 1875 à 1881, Directeur de la National Gallery de 1894 à 1904, Académicien, Président de la Royal Academy en 1896. Il fut anobli, nommé Chevalier en 1896 et Baronnet en 1902. En 1898, il fut gratifié du Titre Honorifique de Personnalité de l'Université de Cambridge.

    Ses œuvres sont visibles dans les plus grands musées et l'une de ses mosaïques pare le grand hall du Palais de Westminster.

     

    Il aima peindre l'Antiquité comme un Âge d'Or, un monde idéal peuplé d'élégantes héroïnes. Il fut particulièrement remarqué en réalisant un nu voluptueux, une version très sensuelle du personnage d'Andromède qui faillit être censurée mais il fut défendu par le public... J'adore cette toile mais ne nous éloignons pas du thème du jour, revenons à Lesbia et à son moineau. Comme je l'écrivais plus haut, Lesbia garde une importante part de mystère ce qui plaisait aux artistes victoriens. Elle fut plusieurs fois représentée et demeure célèbre ainsi que le petit oiseau qui se pose sur d'elle.

     

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    Dans la Rome Antique, le moineau était consacré aux divinités protectrices du foyer. Petit oiseau vif et industrieux, il était considéré comme un porteur de nouvelles, un gentil chuchoteur... apportant la voix des dieux et des esprits aux humains susceptibles de les écouter.

     

    Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des Symboles, des Mythes et des Légendes publié chez Hachette Livre, en 2000 :

     

    « Il en existe plusieurs espèces, mais on rencontre plus fréquemment le moineau domestique - que l'on peut qualifier de métropolitain, tant il fait désormais partie intégrante du décor citadin - et le moineau dit friquet - qui tient son nom de l'ancien français frique, qui signifiait à la fois "avide" et "entreprenant". On trouve ce dernier dans les campagnes exclusivement car contrairement à son frère jumeau, il a besoin de verdure. Toutefois, d'aspect, l'un et l'autre se ressemblent comme deux gouttes d'eau, et leurs mœurs sont également semblables, si ce n'est que le premier niche sous les fenêtres ou les gouttières des maisons ou des édifices, dans les anfractuosités des murs, parfois même sur les cheminées, comme les cigognes, tandis que le second préfère les trous des arbres où le mâle et la femelle confectionnent un nid de paille et de racines. Leur nichée est composée de 4 à 6 œufs. Dans les villes comme dans les campagnes, le moineau, quelle que soit son espèce, est l'ami précieux des hommes, puisqu'il se nourrit exclusivement d'insectes.

     

    Ce petit oiseau familier, omniprésent dans nos villes et nos campagnes, l'était déjà chez les Romains, qui l'associèrent aux divinités protectrices et domestiques de leur foyer et de leur garde-manger, sans doute parce qu'il protégeait leur nourriture des insectes. »

     

    Dans le monde chrétien, le moineau, « moinnel » ou « moisnel », fut hélas imprégné d'une symbolique négative. Aimé dans l'ancienne Rome où il incarnait le messager des dieux Lares et Pénates, il fut perçu comme maléfique, accusé d'avoir été conçu par le Diable et désireux d'apporter la mort dans une habitation ! Le Christianisme accusa le moineau d'avoir été insensible lors de la Crucifixion de Jésus... Il aurait dit, avec une voix humaine, « il vit, il vit ! » Ainsi, le supplice du Christ aurait duré plus longtemps à cause du petit moineau !!!

     

    Le moineau fut également accusé d'avoir révélé la présence du Christ dans le Jardin des Oliviers. Il serait donc un méchant délateur... Décidément, pauvre petit oiseau !

     

    Il est réputé sautiller car pour le punir, Dieu lui aurait attaché les pattes avec un lien invisible, l'empêchant de pouvoir se mouvoir aussi librement qu'il le voudrait. Dans une optique chrétienne, il fut donc perçu comme malveillant, portant malheur et insufflant la lubricité alors que dans une vision païenne, il apporte les bonnes nouvelles, préserve les secrets et se présente comme le messager de l'amour... Il offre aussi des connaissances à celles et ceux qui écoutent son chant.

     

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    Au Moyen-Âge, on aurait pu penser que vu son nom « moineau », il serait apprécié à l'instar d'un « petit moine » or ce fut le contraire. Si son plumage évoque, d'une certaine manière, le vêtement monacal, l'étymologie de son nom est plutôt liée au monde des moissons... « Moisnel » viendrait de « Muissun » : « monde agricole », « temps des moissons ». On évoquait jadis « la part des moineaux » au temps des semailles dans les champs. On lançait des grains de blé aux quatre coins cardinaux pour attirer la protection et favoriser de futures récoltes luxuriantes.

     

    Le moineau apparut bien souvent comme un compagnon des sorcières, un familier pour les jeunes femmes jugées trop « libres » et coupables de cultiver leur sensualité plutôt qu'un mode de vie vertueux. On retrouve à travers cette croyance le lien avec le personnage de Lesbia, jeune femme séduisante et dont l'esprit était riche de connaissances variées.

     

    En Bretagne mais aussi en Russie et dans d'autres contrées, le folklore prévient de ne pas tuer un moineau sous peine d'apporter le malheur dans le foyer, de ne plus recevoir de nouvelles d'un être cher et de détruire un arbre. Ainsi, l'esprit de l'arbre chercherait à obtenir vengeance et seul un sort puissant pourrait venir à bout d'un tel danger.

     

    Il ne faut pas non plus manger la chair du moineau sous peine de souffrir de fièvre luxurieuse.

     

    Le Moyen Âge chrétien et la Renaissance n'aimèrent pas le moineau... Il fut plus apprécié à partir du XVIIe siècle et surtout au XVIIIe siècle où il apparut comme l'un des symboles du désir amoureux. On croyait aussi qu'il pouvait refuser de prendre des miettes de pain dans la main d'un menteur ou d'un intrigant.

     

    Le moineau est associé au folklore de la Saint-Valentin. Déprécié par les uns, il fut apprécié par les amants et la proximité d'un nid de moineaux près de la maison de jeunes mariés était réputée leur apporter chance et bonheur.

     

    Comme on peut le constater, le moineau en Occident bénéficie d'une image ambivalente. En revanche, au Japon, le moineau est un oiseau symboliquement très positif. Il évoque le bonheur familial, les plaisirs de l'amitié. Il représente les instants joyeux que l'on partage avec ses proches. Gentil, sociable et gai, il apporte la prospérité, transporte les vœux dans les mondes célestes, il est considéré comme un guide protecteur à travers les méandres de l'existence.

     

    Les moineaux sont liés à des présages météorologiques :

    S'ils chantent la nuit, cela peut réveiller le vent du Nord.

    Quand ils se cachent dans les haies, cela annonce l'orage.

    S'ils leurs plumes se replient brusquement, la gelée du jour d'après sera forte.

    S'ils émettent des cris perçants en volant au-dessus des maisons, la pluie ne tardera pas à venir...

     

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    J'ai pris grand plaisir à vous parler de « Lesbia et de son moineau » et sur La Chimère écarlate j'ai choisi un autre familier à plumes, en l'occurrence une chouette avec un tableau de Val Prinsep (1838-1904) intitulé « The Owl ».

     

    http://chimereecarlate.over-blog.com/2020/06/le-tableau-du-samedi-valentine-cameron-prinsep-the-owl-la-chouette-1863.html

     

     

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    Je vous souhaite un excellent mois de Juin avec de belles pensées et de tendres bouquets pour nos Mamans...

     

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    Plume

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    27 commentaires
  • BLOGUEUSE EN PAUSE

     

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    Merci à tous pour votre gentillesse et votre soutien...

     

    Je pense bien à vous et vous souhaite d'aller le mieux possible ainsi que vos proches. Continuez à bien prendre soin de vous...

     

    Début d'une longue série de soins et de massages pour réparer mes blessures.

     

    Mon omoplate droite est replacée mais elle est encore fragile. Ma hanche droite est replacée aussi. Mes vertèbres donnent encore des signes de flottement. A voir dans les prochaines séances. Les ligaments autour de l'omoplate sont très enflammés et mon nerf sciatique aussi, alors je me répare, sur recommandation du praticien, en prenant une semaine par mois sans utiliser l'ordinateur.

     

    J'ai promis de suivre scrupuleusement la recommandation en question. Une vingtaine de jours dans le mois avec l'ordinateur en faisant attention et en calant mon bras jusqu'à ce que ça aille vraiment mieux. Une semaine de repos complet chaque mois pour que la cicatrisation se fasse en profondeur.

     

    En espérant que mes futures crises d'épilepsie n'abîment pas les soins en cours.

     

    Les douleurs sont très violentes par moments, elles décroissent ensuite au gré de la journée avant de remonter en intensité la nuit.

     

    Je suis contente car j'ai pu tout de même me promener dans ma ville et faire quelques photos d'arbres. J'ai fait bien attention car je ne peux pas zoomer ou prendre certaines positions comme je le voudrais. Cela finira bien par revenir, je suis confiante.

     

    Gros bisous pour vous, les Amis, et à bientôt... Merci...

     

    Cendrine

     

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    65 commentaires
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    Je continue la tradition du Poème du Mardi, un rendez-vous que j'apprécie beaucoup, en souvenir de Lady Marianne, avec des pensées d'amitié...

     

    J'ai choisi pour ce mardi 19 mai un poème d'Anatole France, un de mes poètes préférés. Il est consacré aux Arbres, les Arbres qui m'ont tant manqué pendant le confinement... Je sais qu'ils ont manqué à une infinité de personnes... J'ai pu aller me promener en faisant attention à mon bras et j'ai pris un immense plaisir à ressentir cette énergie verte...

     

    Je partage donc ce poème, illustré par des photos réalisées lors d'une promenade dans ma ville de Sarcelles, lundi 18 mai. La Nature était en pleine émulsion de vie, les bâtiments se fondaient dans le vert... Je me suis régalée au bal des chênes, des charmes, des châtaigniers, des saules, des peupliers, des platanes, des bouleaux, des chèvrefeuilles, des hêtres... et je n'oublie pas les fleurs que je vous montrerai dans de prochains billets... J'espère que ces photos vous diront que je pense fort à vous !

     

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    « Ô vous qui, dans la paix et la grâce fleuris,

    Animez et les champs et vos forêts natales,

    Enfants silencieux des races végétales,

    Beaux arbres, de rosée et de soleil nourris,

     

    La Volupté par qui toute race animée

    Est conçue et se dresse à la clarté du jour,

    La mère aux flancs divins de qui sortit l'Amour,

    Exhale aussi sur vous son haleine embaumée.

     

    Fils des fleurs, vous naissez comme nous du Désir,

    Et le Désir, aux jours sacrés des fleurs écloses,

    Sait rassembler votre âme éparse dans les choses,

    Votre âme qui se cherche et ne se peut saisir.

     

    Et, tout enveloppés dans la sourde matière

    Au limon paternel retenus par les pieds,

    Vers la vie aspirant, vous la multipliez,

    Sans achever de naître en votre vie entière. »

     

    Anatole France (1844-1924)

     

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    Romancier, nouvelliste et critique littéraire, François-Anatole Thibault, dit Anatole France, était le fils d'un libraire apprécié par les frères Goncourt et de célèbres écrivains.

     

    En 1881, il connut le succès avec Le Crime de Sylvestre Bonnard, un roman où le héros est un érudit lové dans sa bibliothèque, « distrait, lunaire, aimable et souvent naïf ».

     

    Il écrivit une Tétralogie de l'Histoire Contemporaine, quatre romans dont le héros se nomme Bergeret et qui apparaît « comme un juste panorama de la France sous la IIIe République (1870-1940) et tout particulièrement pendant l'Affaire Dreyfus.

     

    En 1892, dans L'Île des Pingouins, Anatole France imagine un érudit qui se retrouve sur une île entièrement peuplée de pingouins. Il se met à les baptiser, « ce qui provoque un grand remue-ménage au Paradis Chrétien ».

     

    Élu à l'Académie Française en 1896, il fut romancier, chroniqueur, critique littéraire, collectionneur féru d’antiquités...

     

    En 1908, dans Les dieux ont soif, « il fit le procès des excès de la Terreur, qu'il imputa d'ailleurs non pas tant à la Révolution elle-même qu'à la nature humaine et en 1931, il reçut le Prix Nobel de Littérature pour l’ensemble de son œuvre.

     

    Il fut honoré, « en contradiction avec ses dispositions testamentaires » par des obsèques nationales à Paris, le 18 octobre 1924, puis inhumé à Neuilly-sur-Seine dans le caveau familial.

     

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    Il aima profondément la Nature et ses splendeurs, considérées comme des cadeaux offerts à l'Humanité...

     

    Prenons-en soin...

     

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    J'avais tant besoin de Vert ! Je me suis enivrée de cette promenade...

     

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    Le jardin public de Sarcelles est encore fermé (nous sommes en zone rouge) mais la ville est pleine d'arbres, heureusement...

     

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    La Nature est créative !

     

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    Si luxuriante et parfumée...

     

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    Gorgée de lumière, généreuse et artiste !

     

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    Merci de votre fidélité, prenez bien soin de vous, gros bisous !

    Plume

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