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Par maplumefee le 21 Novembre 2020 à 09:12
En souvenir de Lady Marianne qui demeure, tendrement, dans nos pensées et maintenant, régi par Fardoise et Lilou.
https://lilousol.wordpress.com/category/tableau-du-samedi
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Pour les 21 et 28 novembre, le thème choisi est « La Musique, joie d'écouter ou de jouer d'un instrument ». Les participations sont sur le blog de LilouSoleil... Merci à Fardoise et à Lilou ??
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J'ai choisi cette semaine une Sirène jouant de la musique, œuvre de Sir Edward John Poynter (1836-1919), peintre et sculpteur britannique considéré comme un maître en son temps. La Sirène est une beauté qui exerce sur moi, depuis l'enfance, une fascination ardente. Elle est l'un de « mes » personnages fantasmagoriques préférés.
Réputée à la fois douce et vénéneuse, son étreinte suscitait, à l'époque Victorienne, de nombreux fantasmes. On racontait, dans les villes portuaires et pas seulement, des histoires mettant en scène des relations amoureuses torrides entre des jeunes femmes aux pouvoirs de sirènes et des pêcheurs ou des jeunes hommes attrapés par les dites sirènes alors qu'ils nageaient ou se promenaient au bord de l'eau.
La Sirène est profondément liée aux énergies de la musique et du chant. Celle que Sir Edward John Poynter (1836-1919) met en scène correspond aux canons esthétiques victoriens de la Beauté, Beauté qui s'enracine dans les grâces idéalisées des mondes antiques et se pare de détails élégants.
Les couleurs du tableau sont des plus remarquables. Les artistes victoriens appréciaient les nuances de pierres fines ou précieuses. Ici, se rencontrent l'aventurine, le saphir et le brun doré de l’œil de tigre, couleurs profondes, au charme mystérieux, réputées stimuler le potentiel artistique, attiser le feu bénéfique de la créativité et « affiner l'intelligence » aux dires de Léonard de Vinci (1452-1519).
Fils de l'architecte Ambrose Poynter, John Edward Poynter naquit à Paris et grandit en développant ses aptitudes pour les Arts (Peinture, Sculpture, Mosaïque) et en faisant des études internationales. Il voyagea à Londres puis à Rome où il se passionna pour les sculptures de Michel-Ange et il revint à Paris où il fut admis dans l'atelier du maître Charles Gleyre (1806-1874).
Fort connu et apprécié en son temps, il fut considéré comme un talentueux artiste en matière de peinture d'histoire. Doté de nombreuses récompenses, il occupa des postes prestigieux : Directeur du Royal College of Art de 1875 à 1881, Directeur de la National Gallery de 1894 à 1904, Académicien, Président de la Royal Academy en 1896. Il fut anobli, nommé Chevalier en 1896 et Baronnet en 1902. En 1898, il fut gratifié du Titre Honorifique de Personnalité de l'Université de Cambridge.
Ses œuvres sont visibles dans les plus grands musées et l'une de ses mosaïques pare le grand hall du Palais de Westminster.
Il aima peindre l'Antiquité comme un Âge d'Or, un monde idéal peuplé d'élégantes héroïnes aux formes voluptueuses et surtout, il mit en valeur la femme à travers différentes émanations de ses charmes et de ses vertus.
Les Sirènes de la mythologie grecque vivaient sur une île située au milieu du détroit de Sicile, entre le territoire d'Aea et les deux célèbres rochers-monstres Charybde et Scylla. Célèbres pour leurs chants mélodieux qui attiraient, de manière irrépressible, les marins, elles étaient représentées souvent en train de jouer d'un instrument de musique (harpe, lyre, flûte...) ou de coiffer leur longue chevelure qui pouvait être « naturelle » ou constellée de corail, de perles, de fleurs aquatiques, de coquillages voire de petits os.
On les disait filles du dieu fleuve Achéloos et en fonction des légendes et des récits, elles avaient pour mère Calliope, Melpomène ou Gaïa.
A l'époque romaine, on les considérait comme des femmes oiseaux que l'on croyait métamorphosées par la déesse Cérès pour ne pas être intervenues pendant l'enlèvement de la jeune déesse Proserpine, fille de Cérès, par Pluton, l'Hadès grec.
Au Moyen-Âge, on leur attribua peu à peu une queue de poisson et elles évoluèrent dans un monde féerique.
Le chant de la Sirène est une étendue musicale sauvage, une contrée infinie de fantasmes, une initiation par les sortilèges de l'eau. Ce chant était au départ l'attribut des Sirènes Ailées car les premières Sirènes, comme je l'évoquais ci-dessus, possédaient un corps d'oiseau, des ailes puissantes et un visage de jeune fille.
Particulièrement fières de la beauté de leurs voix, elles décidèrent un jour de défier les Muses, filles de Mnémosyne, la déesse de la Mémoire et de Zeus, le roi des dieux. Au terme d'un « affrontement » artistique d'une qualité des plus intenses, les Muses furent déclarées victorieuses et elles choisirent de recevoir pour trophée une couronne réalisée avec les plumes des Sirènes.
Privées de la possibilité de voler, les Sirènes s'installèrent alors sur les côtes tourmentées d'Italie Méridionale et leurs corps se transformèrent. Elles devinrent des femmes poissons et des esprits ambivalents des mouvements de l'eau.
On les retrouve, de par le monde, dans une infinité de légendes et de mythes. Ainsi, nombre de héros ont-ils dû, sur des mers hostiles, affronter les Sirènes et redoubler d'efforts afin de ne pas succomber à la tentation de leurs chants qui les auraient précipités dans les abysses de l'Océan.
Mais les Sirènes, trop souvent décriées à travers une vision patriarcale, sont aussi des Protectrices, des Matriarches que l'on invoque, depuis des temps très anciens, à l'instar de Yemanja ou de Lemanja, déesse afro-brésilienne qui veille sur les communautés de pêcheurs et leur apporte, outre un soutien sur les flots, la réalisation de leurs vœux. Yemanja est représentée soit comme une magnifique femme à la peau noire, soit comme une Sirène que l'on honore en lui offrant des fleurs blanches au cœur doré, des bougies, des petits gâteaux, des pièces de monnaie, des figurines en cire parfumée...
La force nourricière et bienveillante de Yemanja se retrouve dans les célébrations du culte de Notre-Dame des Navigateurs, une Marie des Caraïbes dévolue aux « peuples des eaux ».
Sur La Chimère écarlate, j'ai choisi une œuvre du peintre anglais néo-classique John William Godward (1861-1922), intitulée La Joueuse de Tambourin.
« La musique... est la vapeur de l'art. Elle est à la poésie ce que la rêverie est à la pensée, ce que le fluide est au liquide, ce que l'océan des nuées est à l'océan des ondes. », Victor Hugo (1802-1885).
« Si la musique nous est si chère, c'est qu'elle est la parole la plus profonde de l'âme, le cri harmonieux de sa joie et de sa douleur. », Romain Rolland (1866-1944).
« La musique est la langue des émotions. », Emmanuel Kant (1724-1804).
« La musique est l'aliment de l'amour ! », William Shakespeare (1564-1616).
Je pense bien à vous chers Aminautes, prenez soin de vous, gros bisous !
24 commentaires -
Par maplumefee le 14 Novembre 2020 à 07:47
En souvenir de Lady Marianne qui demeure, tendrement, dans nos pensées et maintenant, régi par Fardoise et Lilou.
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Le thème est cette semaine également « Les Oiseaux Migrateurs ». Les participations sont sur le blog de LilouSoleil... Merci à Fardoise et à Lilou ??
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J'ai choisi, sur le thème des oiseaux, de laisser voyager mon imagination à travers une œuvre de Boris Vallejo, artiste péruvien né en 1941, s'imprégnant d'un épisode mythologique, celui des Amours de Léda et du Cygne, émanation de Zeus/Jupiter, le maître des Olympiens.
Le Cygne est dans l'Antiquité Gréco-Romaine l'oiseau familier de Léda qui fut considérée en son temps comme la plus belle femme de Grèce. Fille du roi Thestios d'Etolie, Léda épousa Tyndare, le roi de Sparte et fut désirée par un grand nombre d'hommes. On la disait descendante d'une très ancienne Déesse-Oiseau, protectrice des peuples du nord-ouest de la Grèce. Sa beauté allait de paire avec son intelligence.
Un jour, alors qu'elle se baignait dans un lac ou dans une rivière, selon les récits, elle reçut la visite d'un cygne magnifique. Séduite par l'audace de ses caresses, elle découvrit qu'il s'agissait du dieu Zeus et fit l'amour avec lui, donnant naissance aux Dioscures, les jumeaux Castor et Pollux, célèbres héros de la mythologie. Elle fut aussi la mère de la reine Clytemnestre et de la ravissante Hélène, princesse qui fut à l'origine de la Guerre de Troie.
La création de Boris Vallejo nous présente, à travers un cygne en majesté, le dieu qui vient charmer Léda.
Boris Vallejo est un artiste d'Heroic Fantasy (Sword and Sorcery), connu pour ses superbes représentations de dieux, de déesses, de princesses et de héros dénudés (comme Conan le Barbare...). Il peint des créatures fantastiques, des dragons, des êtres chimériques issus de mondes qualifiés d'ancestraux. Son épouse, Julie Bell, pratique aussi l'Art Fantasy.
Official Fantasy Art Website of Boris and Julie
Incarnation de la beauté, de la pureté, de l'élégance, le Cygne en sa blancheur glisse sur le miroir des eaux et représente l'harmonie pour de nombreuses civilisations. Il est également perçu comme un symbole d'amour éternel. En effet, le cygne est monogame et grâce à son long cou doté de 24 vertèbres souples, quand il s'approche d'un cygne aimé et que leurs becs se touchent, leurs silhouettes forment un cœur.
Le cygne est par excellence une créature du Sidh ou Sidhe, l'Autre Monde Celtique. Lié au Sidh de manière subtile, il est un enchanteur et le passager d'un univers magique qui se compose de territoires associés à la sylve et d'espaces aquatiques mystérieux.
Les habitants du Sidh se métamorphosent pour se rendre dans le monde humain ou pour en revenir et plusieurs d'entre eux choisissent, à cet égard, de revêtir l'apparence du cygne. Ainsi, les femmes cygnes des mondes celtiques et nordiques sont-elles de puissantes enchanteresses, des prophétesses et des gardiennes des secrets offerts par les dieux.
En Irlande, le thème magique du cygne est inhérent à la légende des filles du roi Llyr. En Scandinavie, dans la chanson mythique du forgeron Volund, le héros éponyme épouse une femme cygne et ses frères s'unissent à des femmes cygnes que l'on peut assimiler à des Walkyries.
Les Femmes Cygnes, les Bansidh (messagères du Sidh), les Walkyries sont des entités liées au Destin. Au service d'Odin, le seigneur des dieux nordiques, elles survolent les champs de bataille et attirent les âmes des guerriers les plus valeureux pour les emmener au Walhalla, la halle des héros afin qu'ils participent au Ragnarök, le Crépuscule des Puissances.
Les Walkyries (Valkyrja en vieux norrois), « celles qui désignent ceux qui sont occis », ont souvent un corps de cygne et peuvent reprendre à leur guise forme humaine. Ce corps se nomme âlptarhanni : « chemise de cygne ».
Souvent, dans les mondes du Nord, un héros rencontre un dieu ou une déesse qui a pris la forme d'un cygne. C'est le cas de Bran, héros voyageur irlandais qui, dans le Voyage ou l'Épopée de Bran, fait la connaissance du dieu de la mer Manannán Mac Lir, doté de plusieurs apparences animales. Il est tour à tour cygne blanc, dragon, loup, cerf aux cornes d'argent, phoque et saumon tacheté...
Dans l'Antiquité gréco-romaine, Léda, héritière, comme je l'écrivais plus haut, d'une Déesse-Oiseau des premiers Temps, incarne la Volupté et les possibilités alchimiques de la fusion amoureuse. Elle est liée au principe subtil d'Élévation.
Oiseau du Passage, le Cygne est associé aussi bien à la Lune qu'au Soleil. Il représente en Alchimie la puissance de transformation du Mercure Primordial.
Il est l'attribut de Zeus/Jupiter mais aussi des dieux Apollon et Balder.
Dans la mythologie gréco-romaine, Apollon est le Soleil, le dieu de la divination, de la musique, des arts et des archers, le frère jumeau de Diane/Artémis, la Lune.
Balder, fils d'Odin (seigneur des dieux) et de Frigg (maîtresse de la fécondité), est, dans la mythologie nordique, le dieu de la jeunesse et de la lumière.
Le Cygne nous emporte donc vers des contrées de Magie Pure où les Forces de l'Esprit se mêlent aux feux de l'Amour Sensuel...
Pour le plaisir, parce que j'adore les créations de Julie Bell et de Boris Vallejo, un couple plein de talent et de passion, je ne résiste pas à l'envie d'ajouter...
Forever Moments © Julie Bell et Boris Vallejo
©Boris Vallejo et Julie Bell, plus le beau toutou...
Sur La Chimère écarlate, j'ai choisi de charmantes Grives réalisées par l'ornithologue allemand Johann Friedrich Naumann (1780-1857).
Chers Aminautes, je vous adresse mes meilleures pensées !
35 commentaires -
Par maplumefee le 7 Novembre 2020 à 07:42
En souvenir de Lady Marianne qui demeure, tendrement, dans nos pensées et maintenant, régi par Fardoise et Lilou.
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Pour les 7 et 14 novembre, le thème choisi par Fardoise et Lilou est « Les Oiseaux Migrateurs ». Les participations sont sur le blog de LilouSoleil... Merci à Fardoise et à Lilou ??
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Nous avons besoin de nous échapper, au-dessus des contrariétés, de prendre le large tels des oiseaux migrateurs alors j'ai choisi de suivre cet Envol de Flamants roses, orchestré par le peintre Félix Ziem (1821-1911). Probablement réalisée entre 1890 et 1895 et conservée au Petit Palais, le musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, l'oeuvre fut acquise en 1905.
Au-dessus d'un étang, dans le magnifique territoire de Camargue, nous observons une colonie de flamants roses qui dessine dans l'air une nuée précieuse, couleur de tourmaline rose. Le regard évolue entre ciel et eau, attiré par le mouvement qui trouve un écho dans la vibration des roseaux bordant l'étendue aquatique.
Le Flamant rose (Phoenicopterus roseus) est un oiseau charmeur, doté d'une très riche symbolique. On le disait jadis Gardien de la Lumière de l'Aurore, la déesse Eôs aux doigts de rose. Dans la Grèce antique, on le nommait « phénicoptère », ce qui signifie « oiseau dont les ailes sont de flamme ». Sa gracilité, des plus remarquables, n'entre pas en contradiction avec la puissance de son bec, dit « en soc de charrue », un bec richement innervé et muni de lamelles lui permettant de filtrer avec intensité la vase des espaces dans lesquels il évolue. Il possède de longues pattes fines et très articulées, un cou aux lignes courbes, d'intenses yeux jaunes au regard perçant, souligné par un cercle rose clair. Il arbore des plumes d'une beauté inouïe qui le désignaient comme « Flambant » dans les anciens ouvrages d'Histoire Naturelle. « L'oiseau flambant », détenteur d'étincelles de lumière pure dans les croyances de nos ancêtres, est devenu un « flamant » qui montre fièrement son habit rose aux variantes de garance.
Ses couleurs superbes, il les doit à son alimentation constituée d'algues et de crustacés riches en pigments caroténoïdes. Il consomme des mollusques, des insectes, des invertébrés aquatiques, des petits poissons, des vers, des graines de plantes d'eau et aussi du riz. Il existe des flamants rosés et des flamants dont la robe est rouge intense. Il s'agit à ce moment-là de l'espèce Phoenicopterus ruber.
Les ailes vives et puissantes du flamant rose lui permettent de voler sur des centaines de kilomètres à environ 60 km par heure et comme je l'évoquais plus haut, sa symbolique est indissociable de celle de la Lumière. Il est lié au Phoenix ou Phénix, l'oiseau légendaire des Grimoires de Magie et d'Alchimie qui jouit du pouvoir de revenir à la vie après s'être consumé dans les flammes. A l'instar du Phoenix, le Flamant rose est considéré comme un « oiseau de feu », gardien des cycles de la Vie, de la Mort et de la Renaissance.
Emblème de la Camargue, le Flamant rose promène ses charmes dans les étendues sauvages, se dorant à la lumière du soleil dont il semble nourrir ses plumes.
Dans les temps anciens, il était hélas chassé pour sa chair considérée comme très goûteuse et des flûtes étaient fabriquées avec les os de ses jambes... Heureusement, les cuisiniers et les musiciens d'aujourd'hui le laissent tranquille !
Il peut s'ébattre donc... riche de l'intensité de ses symboles. On le trouve dans la littérature et notamment dans Alice au pays des merveilles où, sous la plume de Lewis Carroll, il « participe » à la célébrissime partie de croquet sous forme de maillet !
Appelé le « peintre voyageur », Félix Ziem (1821-1911) fut l'un des artistes emblématiques de l'École de Barbizon. Talentueux et reconnu pour la qualité de ses marines et de ses paysages, il fut lié au mouvement orientaliste et perçu comme un précurseur de l'Impressionnisme.
Dessinateur et peintre prolifique (il semble qu'il ait réalisé plus de dix mille oeuvres!) , il adora la Nature, la Mer, les splendeurs de Venise et de Constantinople, les beautés de la Russie et les panoramas variés de la Provence.
Ses œuvres furent des odes à la couleur, des déclarations d'amour à la volupté de la lumière qu'il célébra avec une passion toujours renouvelée. Il montra les tons précieux de la Sérénissime à travers une palette de teintes aux vibrations fascinantes. Le ciel et l'eau furent ses sujets de prédilection.
Sur La Chimère écarlate, j'ai choisi une toile du peintre Eugène Cartier (1861-1943) : Les Oies et l'Art, 1894.
Je vous dis merci pour votre fidélité et vous adresse de belles pensées !
Prenez bien soin de vous !
32 commentaires -
Par maplumefee le 31 Octobre 2020 à 07:56
Albert-Joseph Pénot (1862-1930), La Sorcière ou Départ pour le Sabbat, 1910
Je ne peux résister, aujourd'hui est un jour spécial... aussi je « déroge » amicalement au thème du train que j'ai traité la semaine dernière et j'ajoute une farandole d'illustrations que vous pouvez collecter si vous le désirez. Comme je le fais chaque 31 octobre et en dépit de tout ce qui nous accable cette année, j'ai voulu laisser palpiter mon inspiration...
Pour les personnes qui le souhaitent, rendez-vous chez nos aminautes Fardoise et LilouSoleil pour la suite du thème du train. Vous ne m'en voudrez pas de ne pas poursuivre dans ce thème. Le 31 octobre je célèbre traditionnellement la période avec mon écriture.
Tableau du Samedi chez Fardoise et Lilou, en souvenir de Lady Marianne qui demeure, tendrement, dans nos pensées...
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Aujourd'hui, c'est ma fête préférée, le jour sacré de Samhain, la fascinante Samhain des Celtes, un territoire d'inspiration fabuleuse et tous les ans, je la célèbre tant elle fait partie de mon imaginaire et de ma réalité...
J'adore Samhain, j'adore Halloween, j'adore le thème des Sorcières et leur imagerie ambivalente et complexe. J'assume complètement la joie ressentie en me faisant traiter de Sorcière un jour par une personne qui croyait me blesser... Cendrine la Sorcière avec sa passion pour les potions, les plantes, la phytothérapie, avec sa drôle de pathologie et son épilepsie en a été réjouie !
Samhain déploie ses ailes membraneuses et les Sorcières vrombissent, excitées de s'envoler dans le ciel de tempête pour aller festoyer dans les lieux sacrés sous l'obédience des Anciens Dieux ! Tant d'histoires fascinantes sont à écrire... Je me sens emportée par cette énergie particulièrement forte, ce flux de sève rouge qui monte en vagues au creux du ventre !
Luis Ricardo Falero, Une Fée sous le ciel étoilé
Sorcières, Enchanteresses et Séductrices dans l’œuvre de Luis Ricardo Falero...
Dans le chant de Samhain, j'explore mon côté Dark Créatif, je me laisse porter par les vents étranges et voraces de la période. En étudiant le folklore, on perçoit la filiation entre Samhain, Halloween et nous... Dans Halloween, il y a plein de choses inhérentes à nos propres traditions.
J'insiste sur ce fait car tous les ans j'entends « ce n'est pas une fête à nous, elle n'a aucun rapport avec nous, elle est commerciale, importée, elle fait peur, elle est moche, je n'aime pas... »
Le texte qui suit, fruit d'un long travail de recherches, est un texte que j'ai écrit dans le cadre de mes études doctorales. J'étais déjà passionnée par Halloween et je n'ai cessé de l'être par la suite.
L'année celtique commence dans la nuit du 31 octobre, quand s'ouvrent les portes de Samain dont Halloween est la résurgence. Elle se divise en deux périodes: une période sombre qui s'écoule de Samain à Beltane, (du 31 octobre au 30 avril), et une période claire qui s'étend de Beltane à Samain, (du 30 avril au 31 octobre).
Célébrée dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, principalement aux États-Unis, au Canada et dans les pays anglo-saxons mais pas seulement, Halloween plonge ses racines complexes dans les croyances et la mythologie celtiques. Elle réveille aussi un code symbolique commun à plusieurs régions de France.
Bateau Fantôme, image Pinterest
Au XIXe siècle, ayant survécu à la christianisation sur le Vieux Continent, les traditions de Samain furent transportées en Amérique du Nord par les Irlandais, les Écossais et les Gallois. Les émigrants irlandais furent contraints par millions de quitter leur pays, en raison de la famine qui y sévissait. Leurs traditions s'implantèrent donc dans le Nouveau Monde et s'adaptèrent, avec certaines contradictions, aux contraintes de cette terre en friche, creuset de populations variées et de religions multiples.
Samain, qui signifie « réunion », désigne la nuit mystérieuse qui ouvrait les portes de l'année sombre. Appelée aussi Samhain, Soween ou Oiche Shamhna: « la nuit de la fin de l'été » en Irlande, Samhuinn en Écosse, Samon ou Samonios en Gaule, elle rassemblait les tribus celtes autour de grands brasiers.
Elle se ranimait, cycliquement, quand les puissances de l'obscurité déferlaient sur le monde humain. Très ancienne fête des récoltes émanant de rites agraires du Néolithique, elle célébrait, de manière flamboyante, l'entrée dans le monde de l'hiver.
Dans la pensée celtique, la nuit venait avant le jour. La lumière et la vie jaillissaient de profondes abysses sur lesquelles régnait un dieu des ténèbres nommé Orgos ou Dir Atir.
Dans la Guerre des Gaules, VI, 18, Jules César relate que les Celtes « placent les anniversaires, les commencements des mois et des années de telle façon que le jour fait suite à la nuit ».
Quand les Celtes s'implantèrent sur les territoires de l'Europe Centrale, ils associèrent aux croyances locales leurs conceptions religieuses. Ils divisèrent l'année en deux grandes périodes et en 12 mois lunaires de 28 jours. Un treizième mois intercalaire permettait la coïncidence des cycles lunaire et solaire et chaque mois « sélène » portait un nom particulier, réceptacle de magie et de mystère.
Le Calendrier de Coligny, grande table de bronze de la fin du IIe siècle après J.-C, fut retrouvé dans l'Ain, en novembre 1897.
Ce calendrier luni-solaire, qui couvre une période de cinq années, nous éclaire au sujet des connaissances astronomiques des Celtes et de leur conception particulière du temps.
D'après les anciennes croyances, à l'orée de Samhain, le voile entre le monde humain et le monde des esprits s'amoindrissait. Trois jours avant la nuit fatidique et trois jours après, les populations festoyaient autour de grands feux pour bannir les créatures dangereuses qui hantaient l'obscurité mais certaines célébrations pouvaient s'étendre sur une durée de 31 jours.
À la période de Samain, la communication avec le Sidh, l'Autre Monde de la tradition celtique, était favorisée. Intimement lié à la féerie, aux dieux et aux esprits, cet Autre Monde était accessible à des êtres porteurs d'étranges marques de naissance, détenteurs d'un don ou frappés d'épilepsie. Les héros et les êtres au sang vif étaient aussi happés sur ces mystérieux chemins.
Inversement, des êtres surnaturels et des créatures inquiétantes, venus du Sidh, pouvaient pénétrer dans le monde humain.
Enfants costumés pour Halloween, photo ancienne, trouvée sur Pinterest
La première nuit de l'année était accueillie avec la volonté de repousser les entités néfastes et d'attirer les faveurs des esprits en revêtant leur apparence par le biais de déguisements et de masques. Mais la nuit n'abritait pas que des forces maléfiques. Des êtres bienveillants et protecteurs, d'une sagesse intemporelle, y cheminaient aussi...
Samhain est le temps de l'Initiation...
Dans la « Nuit-Jour » du 31 octobre, on investissait jadis le Nouveau Roi de l'Année Hivernale. Il devait effectuer plusieurs épreuves dans un lieu sombre (réseau de galeries souterraines, caverne préhistorique, dolmen à couloir...) avant d'émerger dans la lumière purificatrice des flambeaux. Une fois « régénéré », il balayait un espace sacré avec un balai de bouleau (instrument magique consacré à la Déesse Blanche, maîtresse de la Lune, des esprits bienveillants, des sorcières et des chamanes.)
Devenu maître des rituels et des festivités de Samain, il arborait une armure en écorce de bouleau et célébrait l'année nouvelle en compagnie des ancêtres.
À cet égard, il sacrifiait un porc, animal psychopompe, consacré à la Déesse Mère et au dieu Mercurius Moccus. Rôtie et arrosée d'hydromel, la chair de l'animal lui permettait d'entrer en communication avec les esprits protecteurs et tutélaires de son clan.
Les hostilités guerrières cessaient pendant cette période sacrée. Des incantations de protection étaient prononcées au-dessus des armes afin d'éloigner « la rouille de Samain », une substance qui corrodait les métaux et que l'on croyait née de la sorcellerie.
Les prouesses viriles étaient récompensées. Les guerriers affrontaient les esprits du froid personnifiés par des mannequins d'écorce, couverts de terre et de cailloux, sous l'obédience d'une déesse protectrice, gardienne des forces calendaires.
Les anciens Germains et les anciens Scandinaves célébraient la Troisième Moisson, sous l'égide de Hel, la souveraine d'Helheim, royaume accueillant les défunts qui n'avaient pas trouvé la mort au combat.
Hel et ses frères, le loup Fenrir et le serpent de mer Jörmungand, 1905, par Émil Doepler (1855-1922).
Fille de Loki, le dieu trickster de la mythologie nordique, et de la géante Angrboda, Hel ou Hela est l'une des hypostases de la déesse mère Freyja. L'image de cette déesse des profondeurs fut dévoyée par les clercs du Moyen âge qui la transformèrent en une harpie ivre de sang, au visage à demi décharné.
Naglfar, le navire de Hel, est construit avec les ongles des défunts. Dans les civilisations anciennes, l'utilisation des ongles et des dents évoquait le passage vers d'autres mondes. Dans plusieurs régions de France, (Berry, Yonne, Morvan, etc...) on enterrait des rognures d'ongles sous certains arbres pour obtenir la guérison d'une maladie, apaiser la fièvre ou rendre hommage aux défunts.
Les Vikings érigèrent des tombes naviformes et donnèrent à certaines pierres levées une apparence de navire, en l'honneur de Hel.
Coutumes populaires et Magie de Samhain
Bien que considérées, par certains auteurs, comme des scories de l'Antiquité, les coutumes de Samain se sont perpétuées avec force dans l'Europe du Moyen âge, de la Renaissance et bien au-delà.
La tradition préconise d'allumer la « chandelle des âmes » pour montrer aux défunts « débonnaires » la voie souhaitée et de placer autour des lits des fèves, des graines de fenouil et des brins de lavande pour éloigner les présences non désirées.
On laisse également de la nourriture sur la table familiale, sur le seuil de la porte ou devant la cheminée, pour les esprits du lieu qui dansent à travers les flammes ou qui émergent de la terre glacée.
Il est fortement déconseillé de balayer après le coucher du soleil pendant les trois jours qui suivent le 31 octobre car, à cette période, le balai domestique détient le pouvoir d'absorber les esprits familiers, protecteurs du foyer. Seul le balai de sorcière, rituellement consacré à Aradia, Dame lunaire des croisées de chemins et avatar de la sombre Hécate, pouvait être utilisé.
On ne doit ni coudre, ni filer, ni laver le linge, de crainte que les couturières, les fileuses ou les lavandières de nuit (âmes errantes, damnées et carnassières) jettent des sorts aux vivants et sucent leur sang pendant le sommeil.
De nos jours, les anciens rituels se lovent dans les coutumes populaires. Les citrouilles ciselées, décorées avec de petites bougies et promenées dans les rues sont autant de visages protecteurs destinés à faire fuir les êtres maléfiques.
De Samhain à Halloween
Samhain survécut, malgré l'évangélisation croissante, dans les rituels et les croyances des « gens de la terre ». Elle vogua sur des eaux tumultueuses, rejoignit les côtes américaines et se répandit dans les villes où elle s'affirma comme un carnaval des âmes, à la croisée de l'automne et de l'hiver.
Halloween et la Toussaint
L'église Catholique institua la fête de la Toussaint pour lutter contre les célébrations païennes d'Halloween mais elle échoua dans sa tentative d'annihilation des anciennes croyances.
La Toussaint, par le peintre naturaliste Jules Bastien-Lepage (1848-1884), musée des Beaux-Arts de Budapest.
Originaire d'Orient, la Toussaint signifiait la commémoration de tous les martyrs et fut initialement célébrée le premier dimanche après la Pentecôte.
En 608, l'empereur byzantin Phocas céda au pape Boniface IV le Panthéon de Rome, temple païen dédié à tous les dieux, qui avait été saccagé par les barbares en 410. Le pape transforma les lieux en une église dédiée à la Vierge et aux saints martyrs et la tradition rapporte qu’il y fit transporter vingt huit chariots d’ossements saints collectés dans les cimetières et les catacombes de Rome. Le 13 Mai 609, jour de la dédicace de la nouvelle église, il institua la fête de la Toussaint, en l’honneur des saints martyrs, pour supplanter les Lemuria, fête romaine au cours de laquelle on honorait les Ancêtres.
Image Pinterest
En 835, Grégoire IV introduisit la Toussaint dans le calendrier liturgique à la date du premier novembre et l'empereur Louis le Pieux, fils de Charlemagne, instaura la fête dans tout l'empire carolingien, sur la requête du pape.
Fête de tous les saints, connus ou inconnus, la Toussaint précède la Fête des Morts, initiée le 2 novembre 998, par l'abbé Odilon de Cluny. Héritière des festivités de Samain et du culte romain des défunts et des dieux familiers, la Fête des Morts est souvent confondue avec la Toussaint.
Noms et Étymologie d'Halloween
« Hall » est lié à la racine germanique « hel », qui a donné le mot anglais « hell » signifiant « enfer », mais ces termes ne doivent pas être interprétés dans un sens chrétien.
Halloween, que l'on appelle aussi Hallowmas, est la contraction des termes suivants:
« Hallowed Even » signifiant « Nuit Sacrée ».
« Alls-Souls-Eve » signifiant « Veille de toutes les âmes ».
« All Hallow's Eve ou Evening » signifiant « Veille de la Toussaint ».
Dans la nuit d'Halloween, la gourmandise, la joie et le partage s'entrelacent au cœur d'un étrange univers, celui des cauchemars nourris des peurs de l'enfance, cataclysmes émotionnels qui nous aident à grandir. Les peurs rôdent, personnifiées dans les ombres étranges, les bruits qui caracolent et les accessoires qui composent un autre nous-même, à la fois rebelle et monstrueux.
A l'instar des récits de veillée, elles favorisent la transmission des secrets et perpétuent une forme de connaissance orale traditionnelle qui nous prépare à affronter le monde de l'hiver.
Les peurs jaillissent mais dans la nuit « hantée » les flammes des bougies repoussent les créatures de l'obscurité. Crinières dansantes dont la chaleur ranime les feux d'antan, allumés à la limite des villages et des villes pour repousser ce qui venait des lieux sauvages, des terres inexplorées, peuplées de bêtes voraces et d'esprits tourmenteurs.
Dans les pays anglo-saxons, les enfants et les adultes, costumés et masqués, défilent dans les rues en brandissant des lanternes, des balais de sorcière et différents objets magiques. Les enfants frappent aux portes des maisons et prononcent la phrase consacrée « Trick or Treat » qui signifie « un bonbon ou un sort » ou « tu payes ou tu as un sort! » Messagers ludiques du monde des esprits, ils reçoivent des sucreries et de l'argent dans un sac ou dans un petit chaudron.
Des citrouilles évidées et sculptées, garnies de bougies, défient devant les maisons l'obscurité de la nuit. Ce sont les Fruits-Visages et les Lampes d'Halloween.
Citrouilles et Lanternes d'Halloween (avec la Légende de Jack O'Lantern)
http://maplumefeedansparis.eklablog.com/citrouilles-et-lanternes-d-halloween-a119157230
Sous l'obédience des ténèbres et des feux d'Halloween, la Sorcière de Pénot, initiatrice de cet article, me séduit au plus haut point, ainsi que la femme chauve-souris, du même artiste... Ces beautés gothiques me happent vers des mondes qui me plaisent infiniment...
Peintre français qualifié d'Académique, Albert-Joseph Pénot (1862-1930) a essentiellement peint des nus féminins et des scènes d’intérieur. Son art est méconnu car il a créé des personnages qui annoncent, avec grand talent, les représentations des Comics et des Romans Graphiques.
La femme chauve-souris, vers 1890, une allégorie de Nyx, la Déesse de la Nuit...
Imprégné d'une très puissante symbolique, le BALAI fait partie intégrante des ustensiles privilégiés de la Sorcière.
©Witch Tarot, La Lune... (J'adore l'image du chat noir qui se contemple dans l'eau lunaire et voit son reflet en panthère...)
Les Sorcières exercent en effet leurs pouvoirs par l'intermédiaire de certains objets, indissociables des activités domestiques et qui revêtent, dans la conscience collective, bien injustement, une connotation maléfique ou ambiguë. Catalyseurs des énergies complexes que les sorcières manipulent, ils sont associés, en fonction de leur nature et de leur utilisation, à l'eau (balai), à l'air (baguette), à la terre (bâton) ou au feu (chaudron).
©Lisa Parker
Ustensile de ménage, le BALAI est réputé depuis le XVe siècle accompagner les sorcières dans leurs déplacements nocturnes et transmettre maladies et maléfices. Brocardé par les inquisiteurs et les magistrats pontificaux, il devient la monture infernale par excellence voire le signe d'appartenance de la femme à une communauté de sorcières.
Accusée de le graisser d'un onguent magique confectionné par ses soins ou octroyé par le Diable au premier sabbat en guise de "cadeau de bienvenue", la sorcière dénudée ou parée d'un habit de circonstance, fixe sur le manche luisant de son balai une chandelle allumée, prononce un mot de passe magique ou une formule enchantée et s'échappe dans les airs par le conduit de la cheminée. Seule ou en horde, elle vole dans le ciel nocturne, traversant le temps et l'espace pour se rendre en un lieu isolé où doit se dérouler le sabbat.
Les populations d'autrefois se méfiaient des balais qui changent mystérieusement de place. Elles les croyaient habités par des démons ou par le Diable lui-même et redoutaient ceux que les sorcières placent auprès de leurs conjoints la nuit pour leur dissimuler leur absence.
Le balai de sorcière est généralement constitué d'un manche en frêne, de ramilles de bouleau et de liens de saule ou d'osier.
Ida Rentoul Outhwaite (1888-1960), La Sorcière des Contes
Plusieurs dates dans l'année sont propices à la création de balais magiques et cérémoniels. Vers le 15 avril, les sorcières attachent les ramures d'un jeune saule à une branche de prunellier...
Le balai est avant tout autre chose un accessoire purificateur, utilisé pour nettoyer l'espace avant d'y établir un cercle sacré. Il est réputé attirer la chance, lever le vent bienfaiteur, dissiper les tempêtes et refouler les esprits malfaisants. Il permet de contrer la malchance. Il est associé à la venue du printemps et à la protection du foyer. Les jeunes mariés, dans le folklore de plusieurs pays, sautent par-dessus un balai avant de rejoindre leur habitation.
Luis Falero, Le Sabbat des Sorcières, 1880.
Dans l'esprit des inquisiteurs, l'utilisation du balai ne pouvait être liée qu'à de basses tâches. Autrement dit, le balai était censé « river » la femme à une fonction de soubrette en son propre foyer. La femme qui décidait d'utiliser le balai sur un plan « autre » et se livrait à des activités spirituelles échappant aux dogmes de l'église était donc perçue comme une sorcière...
Les Sorcières évoluent dans les airs, juchées sur leur balai devenu instrument de pouvoir et monture privilégiée pour leur sensuelle féminité. Sur terre, elles pourraient se trouver près d'un chaudron...
Image trouvée sur Pinterest
LE CHAUDRON est un ustensile culinaire qui devient le lieu d'une transformation alchimique. Il est considéré comme l'Athanor des Sorcières.
Les chaudrons celtiques ont un rapport symbolique avec le chaudron de Dagda, le dieu père, l'Omniscient... Ce sont des récipients magiques, sacrificiels où plongent les initiés, où se régénèrent les corps et les âmes. Mais ce sont aussi des vortex ouverts sur une connaissance magique et mythologique. Les chaudrons permettent la communication entre le monde humain et celui du Sidhe ou Autre Monde Celtique.
Le chaudron divinatoire est un chaudron tripode rempli d'eau claire. Pendant la nuit de Samain/Halloween, on fait couler du blanc d'oeuf à la surface. Les gouttelettes qui se forment ont une fonction divinatoire. Ce procédé est appelé Ciromancie.
Pendant la nuit d'Halloween, on lit des présages dans de l'eau issue de trois sources ou de trois rivières, eau versée dans un chaudron de terre ou de métal noir, posé à un carrefour ou à une croisée de chemins et encadré par quatre chandelles rouges ou noires. On fait couler des gouttes de cire à la surface du liquide versé.
Dans le chaudron, la sorcière fait cuire ses potions et ses mixtures. Elle prépare ses philtres et ses élixirs, des "mélanges d'abondance" qu'elle remue grâce à une cuiller en bois de charme.
Les fonctions symboliques du Chaudron
Il sert à la Transmission des Secrets
Il est lié à la Régénération saisonnière des forces de Vie
Il agit comme un Miroir de Divination
Il favorise l'Inspiration, la Clairvoyance et la quête de Connaissance
Il est utilisé pour créer des potions et des philtres
Il permet de préparer la nourriture des Dieux
Il est associé à la Mort et à la Résurrection
Il agit comme une Porte entre les Mondes...
© Tarot Chrysalis
LE BÂTON
Le bâton permet à la sorcière de commander aux esprits et aux éléments, de chevaucher dans les airs jusqu'aux lieux de sabbat, de battre l'eau des chaudrons magiques, des sources, des mares, des fontaines pour faire venir orages, grêle, démons de l'air...
Le bâton protège les voyageurs, repousse les revenants (en bois de sureau), empêche les élémentaux de voler le lait et le beurre (en bois de sorbier), favorise la connaissance des choses secrètes (en bois de hêtre), attire la chance (en bois de pêcher), suscite la guérison et la prospérité (en bois de pommier), exerce une action bénéfique sur les cultures et le bétail (en bois de poirier)...
LA BAGUETTE
Associée à l'élément Air, elle est depuis l'Antiquité la plus ancienne, un objet de pouvoir et l'instrument d'invocation par excellence dans les rites magico-religieux.
Baguettes de prêtres, de magiciens, de sorcières ou de fées qui servent à dessiner sur la terre des cercles et des symboles magiques, à délimiter dans le ciel un espace sacré, à "attirer" l'énergie émanant d'un lieu ou d'un monument particulier: cromlech, bétyle, obélisque, allée couverte, dolmens, menhirs...
Dans l'Antiquité égyptienne et gréco-romaine, on trouvait des baguettes en forme de serpent.
Instrument fétiche des sorcières, la baguette est utilisée pour mélanger les potions à l'intérieur du chaudron.
Dans la culture populaire, des baguettes protectrices du bétail étaient utilisées par les bergers et les bergères. Elles étaient associées à des incantations proférées contre les loups, incantations appelées "gardes".
Dans le Berry, haute terre de sorcellerie, on trouvait des baguettes en coudrier que l'on cueillait le Vendredi Blanc, soit neuf jours avant Pâques. On enlevait leur écorce, on les associait en nombre impair et on les attachait en de petits faisceaux. Puis elles étaient apportées par les bergères à l'église pour être guisées, c'est à dire sculptées par leurs prétendants.
Les baguettes étaient coupées à certaines périodes de l'année et lors de certaines phases lunaires... En Nouvelle Lune, à la Pleine Lune, "au croissant de la Lune de Mars", en période de Lune Rousse, le dimanche des Rameaux, le dimanche de Pâques, le Vendredi-Saint, le 5 Février, jour de la Sainte-Agathe, le matin de la Saint-Jean... On récoltait les branches avec un couteau neuf, une lame d'or ou de cuivre, d'un coup vif après s'être "adressé" généralement à l'arbre concerné par le biais d'une incantation.
©Arcanum Tarot
Les branches collectées devenaient des baguettes investies de pouvoirs que les prêtresses et les prêtres de l'Antiquité, les sorcières et les magiciens réveillaient, grâce à des rituels et des charmes dont le souvenir demeure ancré dans les vieux grimoires...
LA JARRETIERE ET LES NOEUDS
Les Sorcières utilisaient des Jarretières et des Cordes à Noeuds pour créer des charmes d'amour. Les Cordes à Nœuds, associées aux voies secrètes du Destin, permettaient aussi de contrôler les éléments, de susciter les tempêtes ou de repousser les vents violents, de guérir des maladies fébriles, de faciliter l'accouchement, sous l'obédience de déesses anciennes, comme la déesse romaine Junon Licinia...
Le motif des nœuds est récurrent dans les grottes ornées, sur les reliefs rupestres de la Préhistoire, dans l'art Celte...
Le nœud d'Isis, déesse magicienne de l'Égypte ancienne est parvenu jusqu'à nous, symbole gravé, incrusté ou peint sur des sarcophages, des statues, de nombreux monuments... Précieuse amulette, souvent sculptée dans la cornaline ou le jaspe rouge, pierres liées au sang, qui forme une sorte de croix Ankh ou croix de vie.
L'Impératrice, ©David Higgins
« Que ce Nœud me relie à toi, Déesse
Par la vie qui est dans mon corps,
Par la profondeur de mon âme,
Par l’étendue de ma conscience
Par le feu de mon esprit
Qu’il m’unisse à toi avec amour »
Texte issu du livre Offering to Isis de M. Isidora Forrest.
The Magician, ©Tarot des Créatures Fantastiques
La Sorcière emploie des petites CLOCHES et des CLOCHETTES en cuivre, en laiton, en cristal, en verre, en bois... pour appeler les esprits au cours des rituels et des cérémonies et les renvoyer quand la magie est accomplie.
La clochette agit comme le carillon Feng-Shui dont la musique cristalline dissipe les ondes néfastes qui s'accumulent dans une pièce ou au-dessus de la porte d'entrée.
Elle coupe les herbes et les plantes qui serviront aux rituels avec des SERPES et des FAUCILLES de petite taille, des couteaux à manche blanc dotés d'une lame droite ou recourbée. La lame courbe représente le croissant de lune qui scintille dans le ciel nocturne. Le manche est généralement en os, ciselé de runes ou de glyphes de connaissance et de protection. Le fourreau est noir comme les ténèbres du secret, territoire magique des sorcières.
Les principales lames rituelles se nomment BOLLINE (manche blanc) et ATHAMÉ.
L'athamé sert à diriger vers un but donné l'énergie mobilisée pendant les rites et les incantations.
La Sorcière pratique également le SCRYING, l'art de la divination à travers un CRISTAL ou une surface réfléchissante. La forme ronde est emblématique du pouvoir de la LUNE qui régit les visions intérieures.
Le terme CRISTALLOMANCIE vient du grec CRYSTALLYUS qui signifie « glace » et de MANTEIA qui signifie « divination ». On regarde à travers une matière mystérieuse qui absorbe les différentes sortes de lumières. Ainsi, les couleurs, les formes et les mouvements dévoilent un langage subtil que la Sorcière interprète...
Je pourrais discuter de ce thème encore longtemps avec vous mais je vais être trop bavarde... sourires !
Je repars donc, en maraude, avec les chats de Minuit...
Merci beaucoup à mon Amie Laure pour ses magnifiques cartes d'Halloween, je suis très touchée...
http://laurefeerie.canalblog.com
Sur La Chimère écarlate, j'ai choisi La Sorcière d'Halloween, une œuvre du peintre et illustrateur américain Charles Wysocki (1928-2002).
Carpe Diem, les Amis ! Et vive la magie de Samhain/Halloween !
Je vous embrasse bien affectueusement !
Cendrine
29 commentaires -
Par maplumefee le 24 Octobre 2020 à 07:23
BLOG en SEMI-PAUSE...
En souvenir de Lady Marianne qui demeure, tendrement, dans nos pensées et maintenant, régi par Fardoise et Lilou.
https://lilousol.wordpress.com/category/tableau-du-samedi
http://entretoilesetpapiers.eklablog.com
Sur le blog de LilouSoleil pour les participations. https://lilousol.wordpress.com
Pour ce samedi, le thème est « TOUS EN TRAIN »...
Merci de vos charmants messages, les Amis ! Je suis ravie de vous retrouver, par intermittence avec les pauses dont j'ai nécessairement besoin. J'ai choisi pour ce samedi une œuvre qui me séduit profondément. Elle est emblématique de l'art et de la manière Romantique du peintre et poète allemand Carl Spitzweg (1808-1885).
Un gnome se tient à l'entrée d'une grotte, probablement sous une colline de féerie. Représentant du Petit Peuple et de l'élément Terre, il apparaît, vêtu d'un petit manteau à capuchon, assorti à son environnement, dans un monde de racines et de branches feuillues.
Croisant les bras dans son dos, il contemple le paysage, à l'orée de la lumière d'or que dessine le soleil devant son habitation. Son regard embrasse un magnifique point de vue. Le ciel, d'un bleu rythmé par de fins nuages blancs, un village que l'on devine au loin, une vallée, dans laquelle filent les wagons d'un train à vapeur...
Face à la modernité que représente le train, il est l'émanation de la Magie qui perdure, la force envoûtante de l'univers des légendes, des contes et des récits de folklore. Le cadrage de l’œuvre et sa composition sont particulièrement réussis.
Le talent de l'auteur, Carl Spitzweg s'est exprimé pendant ce que l'on a appelé « Le Style, l'Époque ou la Période Biedermeier ».
Entre 1815 et 1848 environ, naquit, en réaction à des temps politiques « compliqués », une forme d'art fondée sur des bonheurs simples et une manière de se moquer de la bien-pensance des membres de la bourgeoisie contemporaine. « Bieder » veut dire « simple, sans prétention » et « Meier » fait allusion à un nom de famille fort usité dans le monde allemand de l'époque. Il s'agissait en quelque sorte de parodier, avec de beaux effets, l'image idéalement harmonieuse d'une vie bourgeoise « comblée » au cœur d'un foyer répondant aux valeurs morales du patriarcat.
Dans le style Biedermeier, il y eut des pépites, des moments de bonheur et de grâce artistiques. Ainsi sous cette obédience, Carl Spitzweg (1808-1885), issu d'une famille de riches commerçants fruitiers, affûta-t-il ses pinceaux.
Grand voyageur et passionné de sciences, il étudia, de manière approfondie, la pharmacie, la chimie, la botanique. Il exerça pendant un temps le métier de pharmacien mais la passion qu'il nourrissait pour la peinture l'emporta sur ses activités. Il devint officiellement peintre à partir de 1833.
Il peignit de nombreuses saynètes de vie quotidienne, des promenades, des rencontres amoureuses, de belles architectures. Il aimait montrer l'enfance comme un éternel territoire de précieux petits bonheurs...
Je me suis laissée charmer par la vision qu'il nous propose : Ce petit gnome qui regarde passer le train... Deux univers et l'imagination en passerelle !
Sur La Chimère écarlate, j'ai choisi d'illustrer le thème du train avec un tableau du peintre paysagiste américain Jasper Francis Cropsey (1823-1900) : Le Viaduc de Starrucca, 1865.
Très affectée et écœurée au plus haut point par l'assassinat du professeur SAMUEL PATY, je veux lui dédier les billets parus sur mes blogs ce samedi. Je n'oublierai pas de penser à lui et à ses proches...
Merci à tous ceux qui propagent le savoir, avec cœur et intelligence, avec une foi sans faille en notre humanité... Respect pour eux et que vive, contre l'Obscurantisme, la Connaissance, à jamais !
Gros bisous pour vous ! Prenez bien soin de vous...
Espoir dans la Lumière d'Automne...
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