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Cette église de style gothique flamboyant se situe rue des Prêtres-Saint Séverin, dans le Quartier Latin. Elle se dressait autrefois dans un lacis de rues et de ruelles tortueuses, peuplées de boutiques et de très vieilles maisons. Première étape du pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle, en partant de Notre-Dame, elle connut, au fil des époques, de nombreuses métamorphoses.
L'édifice que nous contemplons aujourd'hui date en majorité du XVe siècle mais il existait, au VIe siècle, un oratoire où priait l'ermite Saint-Séverin.Ce dernier fut le maître spirituel de Clodoald, petit-fils de Clovis et futur Saint-Cloud.
Une chapelle fut édifiée après sa mort mais les Normands la saccagèrent. Une église romane fut érigée à la fin du XIe siècle avant d'être remplacée, au XIIIe siècle, par une église gothique. Sur le bas-côté nord, s'élançait une tour-clocher.
Suite à un incendie, en 1448, des travaux de reconstruction furent engagés par Guillaume d'Estouteville, l'archiprêtre des lieux. Une grande tour (1487), un magnifique chevet (1489-1495) et une série de chapelles (1498-1520) virent le jour.
Le Portail Occidental (XIIIe siècle)
En 1837, le portail de l'ancienne église Saint-Pierre-aux-Boeufs fut inséré dans la façade occidentale de Saint-Séverin.
De part et d'autre, six colonnes sont décorées de guirlandes végétales. Au-dessus, dans le tympan, la Vierge à l'Enfant reçoit les honneurs de deux anges. Joseph-Marius Ramus (1805-1888) illustra, de cette manière, le thème de l'Espérance.
La Tour-Clocher du XVe siècle est la plus haute de Paris. Au sommet de la flèche, trône Macée, une cloche fondue en 1412. Pinacles, lucarnes et lanternon sommé d'une croix couronnent la partie supérieure de la tour.
Les flammèches de la verrière occidentale sont caractéristiques de l'art gothique flamboyant.
Un des masques joufflus, sentinelles de l'église contre les forces du mal.
Sous la forme de créatures chimériques, les gargouilles permettent l'évacuation des eaux de pluie. Nées au XIIIe siècle à Notre-Dame de Paris, elles cristallisent, au XIVe et au XVe siècle, l'imagination des tailleurs de pierre.
Elles incarnent, tout autour de l'édifice religieux, une armée de pierre contre les puissances diaboliques.
La Nef de Saint-Séverin
Depuis le choeur, on aperçoit les voûtes d'ogives et les grandes orgues qui masquent en partie la rose occidentale.
Dans cette nef spacieuse, dotée de doubles collatéraux, des vitraux du XIXe siècle composent un magnifique décor. Ils sont l'oeuvre du dessinateur et verrier Émile Hirsch (1832-1904).
Saint-Louis porte la couronne d'épines.
Dans les collatéraux, les vitraux ont été réalisés par Émile Hirsch et Édouard-Amédée Didron (1836-1902).
Sainte-Anne et la Sainte-Famille.
Dans les travées des étages supérieurs, les vitraux des XIVe et des XVe siècles décrivent des épisodes de la vie des Apôtres et des Saints Martyrs.
Cette clef de voûte, qui date peut-être du XVe siècle, représente un petit château dans lequel un homme et une femme semblent se disputer violemment.
Le buffet d'orgue que nous admirons date de 1745. Le menuisier François Dupré et le sculpteur Jacques-François Fichon l'exécutèrent dans un style Louis XV.Le facteur Alfred Kernde Strasbourg effectua sa restauration en 1960.
La qualité de ses ornements rocaille (têtes d'angelots, trophées d'instruments, vases et rinceaux) est remarquable.
La partie haute de la tribune est couronnée par le vitrail de la Vierge à l'Enfant, nimbée de rayons solaires. La verrière de la rose représente l'arbre de Jessé (1500).
Le Choeur
Reconstruit entre 1489 et 1495, il est entouré d'une « palmeraie »(forêt de voûtes et de colonnes) et abrite une prouesse architecturale: le « pilier tors ».
Cet arbre de pierre aimante le regard par la finesse de ses nervures et les jeux d'ombre qui serpentent à sa surface. Il trône au chevet de l'église comme une émanation de « l'arbre de vie », incarnant la force de la foi, la renaissance et la victoire de la lumière sur les ténèbres.
Tel Atlas, le géant de la mythologie grecque, qui soutient le monde sur ses épaules, le pilier tors équilibre la structure complexe des voûtes de l'abside. Ses nervures rayonnantes composent, dans un jeu de clair-obscur, une savante broderie. Adulé par le romancier et critique d'art Joris-Karl Huysmans,(1848-1907), il est un superbe exemple du savoir-faire des maîtres-bâtisseurs et des tailleurs de pierre du Moyen-âge.
Un double déambulatoire ceinture le choeur de l'édifice. Il est formé par deux rangées de hautes colonnes voûtées d'ogives.
En 1684, la duchesse Anne de Montpensier, cousine de Louis XIV, commanda pour le choeur un décor de marbre. Il fut sculpté par Jean-Baptiste Tuby (1635-1700) d'après un dessin de Charles Le Brun (1619-1690).
Dans les chapelles rayonnantes, se dévoile une série de vitraux modernes, réalisés par le peintre Jean Bazaine(1904-2001). Installés en 1970, ils symbolisent les sept sacrements.L'artiste s'inspira d'un vieux puits réputé guérisseur,inséré dans l'église flamboyante. Du bleu (l'Eau), en passant par le jaune (la Lumière), son oeuvre nous fait cheminer vers le rouge (le Feu de l'Esprit), le pourpre et le violacé.
Entre 1852 et1865, des fresques furent exécutées dans les différentes chapelles par des artistes comme Hippolyte Flandrin (1809-1864), Alexandre Hesse (1806-1879), François-Joseph Heim (1787-1865) ou Jean-Léon Gérôme (1824-1904).
L'Arbre de Jessé, (arbre généalogique du Christ), 1859.
L'église est aussi un écrin pour des tableaux du XVIIe siècle. Au-dessus de la porte de la sacristie, on aperçoit un tableau de Claude Vignon (1593-1670), l'un des maîtres de la peinture d'époque Louis XIII.
Saint-Paul est en pleine méditation sur la parole qu'il vient d'écrire, appuyé sur une épée.
La faible lumière ambiante et les contrastes d'éclairage dans les tableaux ne m'ont pas permis d'obtenir des photos de meilleure qualité.
Saint-Luc écrit son évangile. Cette peinture qui évoque un éclairage à la chandelle est peut-être l'oeuvre de Trophime Bigot (1579-1650) ou d'un élève de l'atelier de Georges de la Tour (1593-1652).
Le Territoire des Morts
« Bonnes gens qui par ici passez
Priez Dieu pour les trépassés ».
Jusqu'au début du XXe siècle, on lisait cette inscription sous le porche de la tour-clocher.
Les fondations de Saint-Séverin reposent sur un ancien cimetière. Au XIIIe siècle, de nombreux ossements furent placés dans un charnier, situé au sud de l'église.
Des galeries à arcades étaient autrefois dévolues au culte des défunts. Elles abritaient des autels de dévotion, des ossuaires et des tombeaux pour les notables parisiens. Au centre de la cour, les déshérités étaient enterrés dans une fosse commune. Au XIXe siècle, on y exhuma des sarcophages mérovingiens.
Dans cet étrange univers, un condamné à mort qui souffrait de calculs rénaux subit une opération chirurgicale, en 1474. Après son rétablissement, il fut gracié.
Au XVIIe siècle, les anciens ossuaires furent transformés en lieux d'habitation pour les prêtres.
En 1663, l'architecte Jules-Hardouin Mansart (1646-1708) érigea une chapelle ovale sur une partie de l'ancien charnier attenant à la nef, la Chapelle de la Communion. Ce lieu est, de nos jours, réservé à la prière.
Dans ce jardin où le temps est comme suspendu, une forêt de gargouilles semble prête à s'élancer dans les airs. Il y règne une troublante atmosphère...
La dalle funéraire de Nicolas de Bomont.
De retour dans l'église, nous nous arrêtons devant cette pierre sculptée du XVIe siècle. Elle fut placée, en 1842, au-dessus de la porte de l'ancien trésor, à gauche de la sacristie.
Marchand parisien, Nicolas de Bomont se fit représenter, avec sa femme Robine de Cuyndel et leurs dix enfants, agenouillés devant Jésus, la Vierge et Saint-Jean.
De nombreuses pierres tombales ont été retirées des ossuaires de Saint-Séverin. Elles nous livrent un témoignage capital sur l'iconographie funéraire de la fin du Moyen-âge et de la Renaissance.
Outre la dévotion rendue aux défunts, l'église Saint-Séverin abritait deux cultes majeurs: ceux de la Vierge et de Saint-Martin.
Au XIIIe siècle, devant la statue de Notre-Dame de Bonne Espérance, les étudiants prêtaient serment de toujours bien se comporter. La Vierge de bois disparut au XVIIIe siècle et fut remplacée par une oeuvre en pierre monumentale, due au sculpteur Bridan.
Un puits creusé dans la chapelle de la Vierge était associé à ce culte marial. Son eau était réputée guérir la fièvre et les écrouelles.
Saint-Martin faisait aussi l'objet d'une importante vénération. Les voyageurs à cheval brûlaient des cierges en son honneur.
Saint-Martin partageant son manteau. Ce fronton, sculpté en 1853 par Jacques-Léonard Maillet(1823-1895), illustre le thème de la Charité.
L'église Saint-Séverin conservait une précieuse relique: une partie du manteau de Saint-Martin offerte par les chanoines de Saint-Martin de Champeaux, dans la Brie.
Une vieille coutume magico-religieuse consistait à faire marquer les chevaux avec « la clef de fer, rougie au feu, de la chapelle vouée à Saint-Martin ».
Les étudiants se plaçaient sous sa protection. « Ils fixaient, dès leur arrivée dans la ville, les fers de leur monture sur la porte qui s'ouvre, (…), là où la rue des Prêtres prend en écharpe la rue Saint-Séverin. » J-K Huysmans: La Bièvre et Saint-Séverin. 1898.
Autour de Saint-Séverin
La rue des Prêtres-Saint-Séverin porta d'abord les noms de ruelle de l'Archiprêtre et de rue aux Prêtres.
La rue Saint-Séverin est une ancienne voie gallo-romaine qui rejoignait la rue de la Harpe.
Face à l'église, se dressait au XVIIIe siècle une maison à l'Enseigne de l'Ange. Une célèbre Imprimerie, celle de Jacques et Philippe Vincent (père et fils), y avait établi ses quartiers. Ces deux libraires éditèrent le Dictionnaire de Trévoux (1704-1771), un ouvrage charnière qui, sous la houlette des Jésuites, présentait une vision synthétique des dictionnaires des XVIe et des XVIIe siècle.
A la fin de l'année 1730, la rue fut le théâtre du « Massacre des Chats ». Dans un élan de rage collective, les ouvriers de l'Imprimerie traquèrent et tuèrent une grande quantité de chats.
A la Révolution, l'église fut transformée en dépôt de poudre et de salpêtre mais les vieux ossuaires, une partie du grand « livre de verre » et du mobilier ecclésiastique survécurent à cette période troublée.
Sainte Marie-Madeleine, 1876.
Grimoire esthétique et spirituel, Saint-Séverin nous offre son histoire complexe et tissée de croyances mystérieuses. Bien moins célèbre que Notre-Dame, elle mérite amplement d'être visitée. A travers elle, nous cheminons dans les arcanes de Paris, à la rencontre d'un patrimoine d'une surprenante richesse.
Bibliographie
Jacques-Antoine DULAURE: Histoire de Paris. Paris: Gabriel Roux, 1853.
Abbé A. GONDRET: Notice historique et descriptive sur l'église Saint-Séverin. Paris: P. Chéronnet, 1900.
Joris-Karl HUYSMANS: La Bièvre et Saint-Séverin. 1898.
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Ce monument d'un raffinement extrême fut construit à partir de 1897 et inauguré pour l'Exposition Universelle de 1900. Situé entre le 7e et le 8e arrondissement de Paris, dans l'axe de l'esplanade des Invalides, il offre sur la Seine un panorama remarquable.
Il dessine un arc très étiré qui chevauche la Seine sur une longueur de 107 mètres et conduit à deux prestigieux édifices: le Grand et le Petit Palais. L'ensemble mesure 160 mètres.
Cette prouesse technique et artistique fut orchestrée par les ingénieurs Jean Résal et Amédée Alby et les architectes Joseph Cassien-Bernard et Gaston Cousin, sous la direction d'Alfred Picard, commissaire général de l'Exposition Universelle de 1900, assisté de Joseph Bouvard, directeur de l'architecture.
Après le renforcement des berges de la Seine, l'importante poussée horizontale fut répartie entre les immenses fondations.
Le pont symbolise l'amitié franco-russe, initiée par le tsar Alexandre III. Ce dernier signa en 1893 l'Alliance franco-russe avec le Président français Sadi Carnot et l'entente se poursuivit après la mort des deux hommes en 1894.
Nicolas II, le fils d'Alexandre III, posa la première pierre de l'ouvrage, le 7 octobre 1896, en compagnie du Président Félix Faure.
Le 14 avril 1900, le Président Émile Loubet inaugura le pont et l'Exposition Universelle.
Quatre majestueux pylônes, couronnés par des statues dorées, se dressent aux extrémités de l'ouvrage.
Ils soutiennent des groupes sculptés qui représentent « la Renommée tenant Pégase. »
Pégase, le cheval ailé, naquit du sang de la gorgone Méduse, décapitée par le héros grec Persée. En frappant la terre d'un coup de sabot, il donna naissance à la source des Muses, appelée Hippocrène. Le héros Bellérophon le chevaucha pour décimer la Chimère, un monstre terrifiant.
Célébré par les poètes et représenté dans l'art depuis l'Antiquité, il est l'émanation d'une ancienne divinité du ciel et des orages. Quand il galope dans les nuages, il engendre les éclairs et le tonnerre ou dissipe le temps troublé.
Lié à la symbolique des sources et des eaux vives, il apparaît aussi comme la résurgence d'un dieu chthonien. Il tisse l'énergie tellurique et établit, à l'instar des chamanes, une communication subtile entre les mondes.
Il fut métamorphosé en constellation par Zeus, le seigneur de l'Olympe.
Invoqué par les poètes pour faire jaillir l'inspiration, il est le compagnon ou la monture de la Renommée.
Dans la Grèce ancienne, cette divinité ailée, fille de la déesse Gaïa, la Terre, était dotée d'une myriade d'yeux et de bouches et se présentait comme la messagère des dieux. Dans la Rome antique, elle devint une gracieuse jeune femme tenant une trompette.
La Renommée des Arts
Réalisée par Emmanuel Fremiet (1824-1910), sculpteur incontournable de la IIIe République, elle tient fièrement la bride de Pégase. Ses ailes de fée semblent pulser dans la lumière. Associée à la Victoire et à la Vertu, elle brandit parfois, en plus de la trompette, une corne d'abondance ou un rameau d'olivier.
La France de Charlemagne, oeuvre d'Alfred-Charles Lenoir, trône, appuyée sur des lions, à la base du pilier.
Elle tient dans la main gauche une pomme vermeille ou crucifère.
Ce globe surmonté d'une croix est un emblème de pouvoir terrestre, céleste et universel. Il évoque aussi l'abondance et la paix. Appelé Pomme d'Empire, il était le symbole du Saint-Empire romain germanique.
La Renommée de l'Agriculture
Elle fut réalisée par Gustave Michel, ainsi que la France Contemporaine ou Pacifique, située en dessous.
La Renommée porte des épis de blé et brandit une branche feuillue. L'arabesque de son bras accompagne le mouvement gracieux des ailes de Pégase. Dans les grimoires d'iconologie, elle est représentée avec une chaîne en or et un pendentif en forme de coeur.
Couronnée de feuilles de chêne, la France revêt une tenue finement parsemée de feuilles et de rinceaux. Son visage s'inspire de celui de la tsarine Alexandra Feodorovna.
La Renommée au Combat
Créée par Pierre Granet, elle souffle dans la trompette pour appeler les forces divines. Son bras droit levé reflète l'attitude de Pégase, cabré pour s'élancer dans les airs. On aperçoit la Toison d'Or à tête de bélier, emblème de conquête guerrière et de virilité.
Sur la colonne est appuyée la France de Louis XIV, de Laurent Honoré Marqueste.
La majestueuse allégorie soutient une petite Victoire dorée ou Nikê.
La Renommée de la Guerre
Réalisée par Clément Steiner, elle entraîne Pégase dans une charge héroïque.
La France Renaissante ou France de la Renaissance, oeuvre de Jules-Félix Coutan, se situe en dessous.
La draperie qui l'entoure dessine un mouvement sensuel et mystérieux. Sa grande épée d'or scintille dans la lumière. Une petite statue se love contre son côté gauche.
Les Génies des Eaux
L'enfant au poisson ou le génie au trident, sculpté par André Massoule. Il se situe en amont, sur le parapet gauche du pont, telle une vigie suspendue entre le ciel et l'onde.
La fillette à la coquille, sculptée par Léopold Morice.
On la rencontre en amont, sur la rive droite du pont. Elle nous attire avec douceur vers les secrets de la mer qui chuchote à son oreille.
L'enfant au poisson fantastique, sculpté par Léopold Morice. Il se situe en aval, sur la rive droite du pont.
La Néréide, sculptée par André Massoule. Elle se situe en aval, sur le parapet gauche du pont.
Le Bestiaire des lieux
Un monde luxuriant de créatures aquatiques.
Des poissons vigoureux qui ondoient dans la lumière.
Les cadenas que l'on aperçoit sont laissés par des amoureux qui les considèrent comme des amulettes de bonheur et de chance. Le Pont des Arts, situé face au Louvre, est, à cet égard, particulièrement apprécié.
Des grenouilles qui contemplent la Seine et d'autres cadenas.
Un lézard qui joue peut-être à cache-cache...
Des sirènes et des rostres de navires décorent la partie basse des piliers.
Le regard envoûté par les chatoiements de l'eau, laissons-nous envahir par un chant voluptueux mais gare à ne pas passer par-dessus bord!
Les Candélabres
Des angelots, réalisés par le sculpteur Henri Désiré Gauquié, forment une ronde gracieuse autour de ce candélabre à cinq branches.
La fée lumière règne avec poésie et magnificence, grâce aux 32 candélabres répartis le long de la promenade.
Les armes de la ville de Paris.
L'aigle bicéphale de la Russie des tsars.
Le coq gaulois, emblème du soleil et de la France.
Un des superbes vases qui se dressent au bord des escaliers.
Un dauphin fantastique appuyé sur des congélations, des guirlandes de coquillages et de flore aquatique, des mascarons...
De part et d'autre du pont, des Nymphes monumentales ont été réalisées par Georges Récipon, l'auteur des Quadriges du Grand Palais tout proche. On trouve en aval les Nymphes de la Seine et en amont, celles de la Néva, fleuve russe mythique.
Sur chaque rive, un lion et un enfant, réalisés par Georges Gardet (rive gauche) et Jules Dalou (rive droite), ornent l'extrémité de la balustrade.
L'ossature du pont se compose de puissants arcs d'acier et d'une forêt de poutrelles.
Élaboré dans les Usines du Creusot, le pont fut mis en place à partir d'éléments préfabriqués, ce qui constituait un procédé novateur pour l'époque.
Au crépuscule...
Tel un monde enchanté, peuplé de créatures mythologiques, le Pont Alexandre III nous dévoile sa riche iconographie consacrée au thème de la mer. Il nous invite à contempler la Seine où scintille l'âme de Paris. Depuis le dôme doré des Invalides, la perspective qui le traverse nous conduit vers les Champs-Élysées, contrée des héros antiques. Sa beauté romantique conjugue le souffle des légendes et les splendeurs théâtralisées d'une époque. Il incarne une féerie suspendue, entre ciel et eau, qui se mêle aux innovations techniques, caractéristiques d'une nouvelle ère.
Personnalités associées à la création du Pont Alexandre III
Le Tsar Alexandre III (1845-1894).
Le Président français Sadi Carnot (1837-1894).
Le Tsar Nicolas II (1868-1918).
Le Président Félix Faure (1841-1899).
Le Président Émile Loubet (1838-1929).
Alfred Picard (1844-1913): Ingénieur, administrateur public, polytechnicien, il fut aussi Ministre de la Marine et occupa de nombreux postes . Il dirigea d'importants travaux dans les domaines militaire et ferroviaire. Il fut le Commissaire Général de l'Exposition Universelle de 1900.
Joseph Bouvard (1840-1920): De 1897 à 1911, il dirigea les services d'Architecture, des Promenades, des Plantations, de la Voirie et du Plan de la Ville de Paris. Il organisa de nombreuses fêtes et des expositions publiques, comme les Expositions Universelles de 1889 et de 1900.
Jean Résal (1854-1919): Ingénieur.
Amédée Alby (1862-1942): Ingénieur.
Joseph Cassien-Bernard (1848-1926): architecte, élève de Charles Garnier (1825-1898), le constructeur de l'Opéra qui porte son nom.
Gaston Cousin : architecte.
Emmanuel Fremiet (1824-1910): sculpteur.
Alfred-Charles Lenoir (1850-1920): sculpteur.
Gustave Michel (1851-1924): sculpteur.
Pierre Granet (1843-1910): sculpteur.
Laurent Honoré Marqueste (1848-1920): sculpteur.
Clément Steiner (1853-1899): sculpteur.
Jules-Félix Coutan (1848-1939): sculpteur.
André Massoule(1851-1901): sculpteur.
Léopold Morice(1846-1920): sculpteur.
Henri Désiré Gauquié (1858-1927): sculpteur.
Georges Récipon (1860-1920): sculpteur.
Georges Gardet (1863-1939): Sculpteur animalier, il fut l'élève d'Emmanuel Fremiet.
Aimé-Jules Dalou (1838-1902).
Bibliographie
Emmanuel BÉNÉZIT: Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs.Édition de 1999. 14 volumes.
Félix LAZARE: Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments. Paris: Vindun, 1844-1849.
Gustave PASSARD: Nouveau Dictionnaire Historique de Paris. 1904.
Félix DE ROCHEGUDE: Promenades dans toutes les rues de Paris. Paris: Hachette, 1910.
Paul VIAL: L'Europe et le Monde de 1848 à 1914. Paris: Éditions de Gigord, 1968.
Au-delà des miroitements de la Seine, on aperçoit la splendide verrière du Grand Palais.
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Elle se dresse au numéro 129 de la rue Saint-Dominique, dans le 7e arrondissement de Paris. Située autrefois face à l'Hôpital Militaire du Gros Caillou, elle s'élève aujourd'hui au coeur d'une élégante petite place bordée d'arcades.
Elle fut édifiée en 1806 à partir des plans de François-Jean Bralle (1750-1831), ingénieur en chef des Ponts et Chaussées et maître d'oeuvre des travaux hydrauliques de la Ville de Paris. Son gracieux décor fut réalisé par Pierre-Nicolas Beauvallet (1750-1818).
Elle appartenait à un ensemble de quinze fontaines commandées par Napoléon Ier (1769-1821).
Ornée d'un bas-relief qui représente la déesse Hygie apportant ses soins au dieu Mars, elle se compose d'un édicule carré, souligné à chaque angle par un pilastre d'ordre dorique. Une frise de conques marines alternant avec des triglyphes court au sommet de l'édifice.
La proximité du Champ de Mars et la position stratégique de l'Hôpital Militaire du Gros Caillou ont déterminé le choix de l'iconographie.
Un vase au décor mythologique est sculpté sur chaque face latérale.
Des créatures chimériques viennent compléter l'ensemble.
Une sorte de « dragon des eaux », doté d'une queue bifide et de pattes palmées, semble jaillir des flots.
Un capricorne marin se pare de belles cornes de bélier. La lumière souligne les enroulements de sa queue et la finesse de ses écailles.
Des mascarons fantastiques versent l'eau dans des bassins en forme de demi-lune. L'eau venait jadis de la pompe du Gros-Caillou.
D'après Amaury Duval: « Le nom de Gros-Caillou, que porte aujourd'hui le faubourg, lui vient (…) de l'enseigne qu'avait prise une maison de débauche placée auprès d'un rocher. C'est au lieu où existait cette pierre et cette maison, qu'a été construite, dans le dernier siècle, l'église dite du Gros-Caillou, comme succursale de Saint-Sulpice. » Les Fontaines de Paris, anciennes et nouvelles. P.98.
Érigée en 1859 autour de la fontaine, la place bordée d'arcades s'inspire des loggias de la Renaissance italienne.
Les dieux de la fontaine
Déesse très honorée dans la Grèce antique, Hygie était la fille d'Asclépios, le dieu de la médecine. Protectrice de la santé, elle veillait à la propreté et à la bonne distribution des soins. De son nom dérive le mot « hygiène ».
Invoquée pour prévenir les maladies et apaiser la douleur, elle était également associée à des cultes lunaires.
Elle tient ici une coupe contenant le remède qu'elle offre au dieu Mars. Un serpent, emblème de purification et de vigilance, s'enroule autour de son bras.
Mars est figuré « à l'antique », dans la nudité du guerrier, mais il porte une moustache et d'impressionnants favoris, à l'instar des grognards de la première Grande Armée.
Il est appuyé contre un bouclier et accompagné d'un coq au torse fièrement bombé.
Depuis l'Antiquité, le coq est un emblème solaire qui annonce, par son cri si caractéristique, la venue du jour. Il était représenté sur les boucliers, les stèles et les camées et considéré comme une redoutable amulette contre les démons nocturnes.
Il apparaît sur des monnaies de Grèce et d'Asie Mineure, auréolé de flammes ou couronné par des spirales qui évoquent la course du soleil.
Gardien des forces de lumière, il était associé à de nombreuses divinités:
Lug/Mercureet Apollon/Belenosdit « le brillant » qui préside au lever du jour. Mars, le dieu de la guerre et du combat contre les puissances maléfiques. Asclépios, le dieu de la médecine, victorieux de la maladie et destructeur des miasmes.
D'après la croyance populaire, le coq pouvait éloigner les épidémies grâce à son sang, apaiser la fièvre et déceler l'emplacement des meilleures plantes médicinales. Il favorisait la cicatrisation des blessures. Son regard hypnotisait les malades et guérissait les problèmes oculaires.
Des troupeaux de coqs sacrés vivaient dans les sanctuaires d'Asclépios où ils symbolisaient les pouvoirs mêlés de la lumière et de l'hypnose, les vertus des racines et des herbes et l'exploration des rêves.
Sentinelle au sommet des tours et des clochers, le coq défend les villes contre les puissances infernales et les vents de tempête. Doté d'une nature farouche et belliqueuse, il est celui qui ressuscite l'aurore après la nuit.
Il se dévoile ici comme le compagnon de Mars et l'animal sacré d'Asclépios, le père d'Hygie.
La construction de la fontaine est emblématique des changements majeurs survenus dans Paris après l'arrivée de Napoléon au pouvoir.
Quand Napoléon devint Premier Consul (en 1799) après le Directoire, il trouva une France épuisée, affamée et insalubre. Les rues de Paris se noyaient dans une atmosphère médiévale et les vieilles fontaines ne pouvaient plus fournir de l'eau aux Parisiens qui devaient s'approvisionner dans la Seine.
Napoléon s'employa donc à moderniser et à assainir la capitale dont il fit démolir de nombreuses ruelles. Il fit construire un réseau d'égouts, des trottoirs et des caniveaux, éclairer les rues, édifier des ponts et des fontaines. Il fit aussi numéroter les maisons.
A partir de 1806, les chantiers fleurirent dans Paris qui se métamorphosa rapidement. Dans ce contexte, Mars et Hygie apparurent comme les divinités tutélaires de cette politique de conquête et d'embellissement.
Pour le promeneur contemporain, la rue Saint-Dominique constitue une fort agréable balade, le long des hôtels particuliers et des vitrines alléchantes, à la découverte d'un monument qui a contribué à offrir de l'eau et des perspectives nouvelles aux habitants de Paris.
Bibliographie
André CASTELOT: Napoléon. Paris: Tallandier, 1969.
Amaury DUVAL: Les Fontaines de Paris, anciennes et nouvelles. Nouvelle édition, Paris: Bance aîné, 1828.
Adolphe JOANNE: Paris illustré. Paris: Hachette, 1863.
Théophile LAVALLÉE: Histoire de Paris depuis le temps des Gaulois jusqu'en 1850.Paris: Hetzel, 1852.
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Soufflée par la tempête, dans les feuilles crépitantes, je déambule à travers Paris. La lumière est un carrousel qui redessine à l'infini le ciel, la végétation et la pierre.
Tapis et ronds de feuilles au pied des arbres composent des paysages oniriques.
Ombres d'or...
La magnifique lumière du soir au Jardin du Luxembourg.
Le grand mur emmitouflé de feuilles de l'Hôtel de Sully, dans le quartier du Marais.
Dans ce jardin, situé entre corps de logis et orangerie, l'automne invente un monde à la fois grandiose et propice à la rêverie. On aperçoit, à l'extrémité gauche de l'image, une petite porte qui permet d'accéder à la Place des Vosges.
Sur la pierre gorgée d'Histoire, les feuilles déferlent avec voracité.
Des sucres parfumés, des encres chatoyantes, les pigments d'automne dans toute leur splendeur... (Atmosphères d'automne).
Précieuse
Mystique
Jungle de Novembre
Luges à lutins...
Saturées en anthocyanines (de somptueux pigments rouges, pourpres, écarlates), les feuilles voltigent doucement avant d'échouer sur le sol et d'être chevauchées par le Petit Peuple.
En robe de framboise, de mûre ou de cassis...
Petites flammes enfiévrées
Qui forment rondes sur les prés
Cercles filants sur le bitume
Mues de serpent et noeuds de brume...
Lignes de vie...
Un nid se dévoile dans les feuilles papillons...
Les feuilles revêtent leurs plus beaux atours avant de connaître une mort grandiose.
Les arbres à feuilles caduques glissent dans le sommeil mais avant d'affronter l'hiver, ils se dénudent magnifiquement.
Saison féconde et luxuriante, l'automne engendre des fruits qui ressemblent à des bonbons suspendus.
Des gourmandises aux couleurs sublimes... de célèbres petites fraises qui titillent nos souvenirs d'enfance, peut-être...
Le généreux plaqueminier (Diospyros kaki) de la famille des Ébénacées, dans le verger du Luxembourg.
Les kakis, très appréciés au Japon et en Chine mais pas seulement, sont riches en vitamine C et en substances qui favorisent la prévention contre les maladies cardiovasculaires.
Magnificence
J'ai suivi le rire du vent
Mêlé de lumière et d'arômes
Au coeur d'un étrange royaume
Où sombrent les enchantements...
Une palette mordorée
De lumière et de sang...
Une feuille rousse pour toi
Une feuille rouge pour moi
Une feuille orange et dorée
Pour y écrire nos secrets...
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Cet angelot regarde en direction de l'avenue de l'Observatoire.
La majestueuse promenade fut créée en 1866 et aménagée par Gabriel Davioud en 1867. Elle relie le Jardin du Luxembourg à l'Observatoire de Paris, en passant par le Jardin des Grands Explorateurs, la Fontaine de l'Observatoire, la Place Camille Jullian et la Maison des Fontainiers.
Depuis la Place André Honnorat, on aperçoit la rue Auguste Comte.
Au numéro 7, cet immeuble, érigé par l'architecte Henri Delormel en 1923, ressemble à un gigantesque navire.
Réalisé en belle pierre de taille, il se pare d'un étonnant bestiaire.
Des éléphants et des lions encadrent les fenêtres. Des guirlandes de fleurs et des têtes d'angelots, des putti aux chevelures délicatement bouclées, des rinceaux et de fines palmettes ornent la façade.
L'École Nationale d'Administration Publique, de style néo-mauresque, se dresse face à cet imposant bâtiment.
Ancienne École Coloniale, elle se situe à l'angle de l'avenue de l'Observatoire et de la rue Auguste Comte.
Elle fut édifiée, entre 1895 et 1911, par l'architecte Maurice-Adolphe Yvon (1857-1911).
De grandes fenêtres aux arcs outrepassés sont insérées dans des mosaïques décorées de rinceaux.
Un arc outrepassé désigne une variante de l'arc courant, dit en plein-cintre. Ses pointes s'accentuent et se rapprochent l'une de l'autre pour lui donner l'aspect d'un fer à cheval. Il est caractéristique de l'art hispano-mauresque et se retrouve aussi dans l'architecture préromane.
En 1902, la Manufacture de Sèvres réalisa, d'après des dessins de Charles Lameire, de fines mosaïques en grès cérame ressemblant à de la faïence.
Le grès cérame est constitué d'argile, de quartz et de feldspath. Il peut imiter la texture et la couleur de la pierre, du marbre, du bois, du métal et du cuir.
Charles Lameire (1832-1910) conçut plusieurs décors pour des bâtiments religieux et civils comme l'Église de la Madeleine, l'Hôtel de Ville et le Palais du Trocadéro à Paris.
La Faculté de Pharmacie se situe à côté de l'École Coloniale.
Ce monument tout en longueur, décoré par de nombreux médaillons, fut construit en 1876 par l'architecte Charles Laisné (1819-1891) sur l'ancienne pépinière de l'enclos des Chartreux.
Il se compose d'un bâtiment principal, d'une aile consacrée aux travaux pratiques et d'un jardin botanique.
L'Institut National d'Histoire de l'Art
Construit par l'architecte Paul Bigot (1870-1942), il se présente comme une sorte de synthèse des grands styles et des arts de l'Antiquité, du Moyen-âge et de la Renaissance. Il mêle des références à de prestigieux monuments comme le Palais des Doges à Venise, le Palais Pitti à Florence, l'Alhambra de Grenade ainsi que des influences mauresques.
Ses façades de briques rouges recréent « l'habillage » sobre et puissant de certaines demeures de la Renaissance Siennoise et Florentine et de l'Espagne Mudéjar (sous domination arabe).
On aperçoit de petites fenêtres géminées qui s'inspirent de l'architecture des églises romanes.
Une frise luxuriante décore chaque pan de l'édifice. Elle est constituée de bas-reliefs qui font renaître des chefs-d'oeuvre de l'Histoire de l'Art, de l'Égypte ancienne à la Renaissance italienne.
La silhouette du dieu Anubisse dessine parmi les effets colorés et plastiques de la façade.
Une jeune femme joue de la double flûte ou aulos, un instrument de musique caractéristique de la Grèce antique. D'après la légende, cette flûte fut créée par la déesse Athéna.
Les pittoresques bucranes
Ce sont des crânes de taureaux ou de boeufs. Leurs cornes sont attachées à des guirlandes végétales ou décorées de rubans et de couronnes de fleurs et de feuilles. Ils constituent des motifs récurrents dans les frises antiques et les décors de la Renaissance.
La Maison du Génie de la Sculpture Décorative
Au numéro 4 de la rue des Chartreux, cette belle maison est appuyée contre la façade de l'Institut d'art et d'archéologie. Le Génie ou l'Ange tient dans la main gauche une branche feuillue et dans la main droite une colonne ionique et une tête de statue.
Un lion gardien de porte
Le Jardin des Grands Explorateurs
Il était réuni, à l'origine, avec le Jardin du Luxembourg, dans une zone peuplée de pépinières et de vergers.
Comme je l'ai précédemment écrit, (voir l'article en question), quatre groupes sculptés en marbre blanc rythment la perspective qui se déroule vers l'Observatoire.
Le jardin s'étire vers le sud où se dresse, comme en apothéose, la Fontaine des Quatre Parties du Monde.
Conçue par Gabriel Davioud (1823-1881), elle se compose d'un bassin spacieux dans lequel se reflètent des chevaux marins, des dauphins et des tortues, oeuvres d'Emmanuel Fremiet (1824-1910).
Au sommet, quatre figures féminines réalisées par Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875) soutiennent un globe terrestre entouré par les signes du Zodiaque. Elles incarnent l'Europe, l'Afrique, l'Asie et l'Amérique.
Le Zodiaque de Pierre Legrain (1889-1929).
La Place Camille Jullian
Espace de respiration et carrefour de nombreuses voies, elle accueille le monument qui contient les cendres de Francis Garnier.
Ce groupe sculpté par Denys Puech (1854-1942) rend hommage au célèbre explorateur et officier de marine assassiné au Vietnam par les Pavillons Noirs.
La statue du Maréchal Michel Ney(1769-1815)
Figure historique du Premier Empire, il fut accusé de trahison pour s'être rallié à Napoléon, pendant l'épisode des Cent-Jours, alors qu'il devait exécuter les ordres du roi Louis XVIII. La statue qui lui rend hommage se dresse là où il fut fusillé, le 7 décembre 1815.
Le monument consacré à Stéphane Tarnier(1828-1897)
Il se situe au coin de l'avenue de l'Observatoire et de la rue d'Assas.
Ce professeur émérite était « le pionnier de l'obstétrique moderne. » Préoccupé par l'hygiène et le bien-être des mères et des nourrissons, il mit au point des moyens de lutter contre les infections puerpérales. Il inventa plusieurs instruments dont le forceps qui porte son nom. Il créa un modèle de couveuse et écrivit un Traité de l'art des accouchements.
Le monument dédié à Théophile Roussel
Il fut érigé en 1906 à l'angle de l'avenue de l'Observatoire et de l'avenue Denfert-Rochereau.
Les figures empreintes d'émotion, réalisées par le sculpteur Jean-Baptiste Champeil (1866-1913), rendent hommage à ce médecin, parlementaire et philanthrope, auteur de lois destinées à protéger les enfants abandonnés et victimes de maltraitance.
Son buste était représenté sur les diplômes des nourrices.
« Le mot d'ordre de toute vie c'est bienfaisance et bonté. Protéger l'enfance c'est aimer deux fois les hommes. » Ces mots, signés Théodore Tissier, décorent une des faces du monument.
Au fil de notre marche vers l'Observatoire, se révèle une succession de façades raffinées.
De puissants immeubles semblent naviguer...
Le mariage élégant de la brique et de la pierre de taille.
Frontons jumeaux, agrafes ciselées, mascaron gracieux, l'ensemble crée une véritable symphonie ornementale.
Le travail du bois et de la pierre, la qualité de la ferronnerie sont remarquables.
La Maison des Fontainiers (au numéro 42)
Entre 1619 et 1623, Marie de Médicis (1575-1642) fit construire un aqueduc pour approvisionner en eau le Palais et le Jardin du Luxembourg ainsi que les habitants de la rive gauche de Paris.
Au débouché du fameux aqueduc, un élégant bâtiment en pierre de taille fut érigé par les architectes Salomon de Brosse (1565 ou 1571-1626) et Louis Métezeau (1560-1615). L'ingénieur hydraulicien Thomas Francine (1571-1651) et ses héritiers y habitèrent et s'occupèrent, au XVIIe et au XVIIIe siècle, de la gestion des eaux de Paris, de Versailles et de Saint-Cloud.
L'Observatoire de Paris (au numéro 61)
Cette sobre construction fut réalisée, entre 1667 et 1671, d'après les plans de Claude Perrault (1613-1688) et de François d'Orbay (1634-1697), sous la direction de Colbert (1619-1683). Le 21 juin 1667, jour du solstice d'été, les mathématiciens de l'Académie marquèrent le tracé de l'Observatoire et du Méridien de Paris.
Les quatre faces du bâtiment sont orientées vers les points cardinaux. Une tour carrée s'élève au nord. Au sud, deux tours octogonales ornées de coupoles livrent la position du soleil au moment des solstices et des équinoxes.
Les plus prestigieux astronomes s'y succédèrent:
Les Cassini: une brillante dynastie de scientifiques qui « régnèrent » sur l'Observatoire de 1671 jusqu'à la Révolution. Ils effectuèrent le tracé de la première carte topographique de la France ou Carte Cassini.
François Arago (1786-1853): célèbre pour ses expériences sur l'optique, il fit placer en 1845 une coupole sur la tour orientale afin d'y installer une grande lunette astronomique.
Léon Foucault (1819-1868): inventeur du gyroscope, il est particulièrement connu pour son fameux pendule.
Urbain Le Verrier (1811-1877): il découvrit en 1846 la planète Neptune. Sa statue, réalisée par Henri Chapu, se dresse devant la façade nord de l'édifice.
Au terme de cette riche promenade, je n'ai qu'une envie: explorer davantage ces rues chargées d'histoire qui nous offrent tant de beauté à contempler...
Bibliographie
Emmanuel AMOUGOU: Architecture et ethnographie au XIXe siècle. Lecture des conférences de la Société centrale des architectes français. L'Harmattan: 2008.
Pierre Thomas Nicole HURTAUT: Dictionnaire historique de la ville de Paris et de ses environs. Moutard, 1779.
Antoine QUATREMÈRE DE QUINCY: Dictionnaire historique d'architecture.2 vol. Paris, 1832.
Henri SAUVAL: Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris.3 tomes. Paris: Charles Moette et Jacques Chardon, 1724. Réédité sous le titre: Paris ancien et moderne.
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